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BO84T2 - Le cycle perpétuel action-réaction
2e causerie
Bombay, Inde
5 février 1984



0:50 On attend un peu, que ce bruit s'arrête ? Bon, nous pouvons commencer.
2:41 Nous allions discuter n'est-ce pas, s'il est possible de vivre en ce monde – ce monde plutôt malade – s'il est possible d'y vivre sans conflit. Nous avons pris l'habitude de faire toutes sortes d'efforts pour 'arriver' à quelque chose, sur le plan physique mais aussi dans le monde. Notre société est tellement structurée qu'il nous faut faire d'incroyables efforts pour nous vouer... à l'imitation. Discutons-en tranquillement. Nous disons que notre société est ainsi faite que chacun de nous doit faire des efforts considérables pour obtenir un emploi, faire carrière, amasser assez d'argent pour sa sécurité, etc. L'effort requis est considérable, école, collège, université et le reste. En plus, nous avons cette idée qu'il faut faire d'énormes efforts sur soi-même. L'effort implique le contrôle, l'effort implique le conflit, psychologiquement, intérieurement et à l'extérieur. Nous nous sommes habitués à cet état de choses, les religieux, les hommes d'affaires, tous doivent faire des efforts. Ces efforts demandent une énergie considérable, créent du conflit et tout ce qui s'ensuit.
5:47 Nous allons discuter ensemble – c'est vraiment bruyant, n'est-ce pas ? – nous allons discuter ensemble cette question, pourquoi vivons-nous dans le conflit, pourquoi nous sommes-nous habitués à vivre de cette façon, pourquoi les hommes, dans le monde entier, n'ont-ils pas trouvé un moyen de vivre au quotidien sans toute cette fébrilité, ces inquiétudes, ces peines. Par notre formation, nous sommes voués à imiter. On peut comprendre pourquoi faire des efforts dans le monde extérieur dans un pays surpeuplé comme celui-ci, avec une mauvaise gouvernance et tout le reste, nous devons faire un effort pour vivre, pour avoir un emploi. C'est compréhensible. Mais nous demandons pourquoi, nous, êtres humains, nous devons faire des efforts sur nous-mêmes qui supposent le contrôle, le conflit, diverses formes de lutte, d'inquiétude, etc. Nous nous demandons pourquoi les hommes devraient faire un seul effort sur eux-mêmes, devraient vivre le moindre conflit intérieur, psychologique. La question est-elle claire ?
8:12 Nous demandons, est-ce bien nécessaire aux êtres humains dans leurs relations interpersonnelles ? On ne peut vivre seul, même si vous vivez en ermite, vous êtes toujours relié à quelqu'un. Nous demandons donc : peut-on vivre en ce monde infiniment troublé, infiniment complexe, peut-on y vivre sans le moindre conflit. Bien ? Voilà la question que nous allons poser. Ce n'est pas l'orateur qui la pose, c'est vous, car nous entreprenons ce voyage ensemble. Si ceci est bien clair, nous allons, l'un et l'autre, approfondir soigneusement cette question. Comme nous le disions hier soir, nous ne donnons pas un cours, Dieu merci ! Un cours vous fournit des données sur un certain sujet, vous instruit, vous documente, ou vous endoctrine. Nous ne pratiquons aucune forme d'endoctrinement, nous ne cherchons à vous convaincre de rien du tout, d'accord ? Nous ne cherchons pas à vous instruire. Nous sommes pour la plupart dressés à obéir, dressés à suivre, dressés à accepter. Si votre cerveau est conditionné de cette façon, vous ne serez pas capable d'explorer cette question très complexe : peut-on vivre en ce monde sans aucun sentiment de conflit. C'est bon ?
10:49 Vous vous posez cette question à vous-mêmes, s'il vous plaît, l'orateur n'est qu'un miroir dans lequel vous vous voyez. Quand vous voyez dans ce miroir votre reflet avec exactitude. alors vous pouvez jeter le miroir, détruire le miroir, car vous vous êtes vu vous-même très clairement, plus besoin de miroir, d'interprète, de quelqu'un qui explique, qui analyse, d'accord ? Maintenant, comprenons-nous bien : nous ne faisons aucune sorte de propagande, nous ne tentons pas de vous convaincre de quoi que ce soit. Au contraire, nous disons que vous devez douter, faire preuve d'un grand scepticisme, car le doute libère l'esprit de toutes les traditions superposées, de l'amoncellement d'absurdités qu'on appelle religion. La religion c'est tout autre chose – nous aborderons ce sujet un peu plus tard. Comprendre ce problème : peut-on vivre en ce monde sans un soupçon de conflit. C'est une question que vous n'avez probablement jamais posée. Vous allez sans doute dire qu'il est impossible de vivre en ce monde sans conflit. Dire que c'est impossible, c'est fermer la porte, n'est-ce pas ? Mais dire que c'est possible, c'est aussi fermer la porte, vous comprenez ? Mais si vous dites qu'on va réfléchir à ce problème infiniment complexe, car notre vie entière, de l'enfance à la mort, n'est qu'une suite de luttes, une suite de conflits, une douleur permanente, un tourment, une confusion – n'est-ce pas ? – c'est vous qui posez la question, s'il vous plaît. Examinons-la avec soin.
14:11 Pourquoi ce conflit dans nos vies ? On peut comprendre le conflit, la lutte pour la survie dans une société telle qu'elle est structurée actuellement, en laquelle chaque homme est seul à se débrouiller. N'est-ce pas ? N'est-ce pas votre cas ? Dans vos affaires, dans vos histoires de religion, dans ce concept que vous avez, le Salut, l'illumination chacun pense qu'il est séparé. Et cette séparation interne et externe est l'un des facteurs prédominants du conflit, non ? Cela a été évoqué hier rapidement. Sommes-nous ensemble ? Ou est-ce que vous dormez tous en ce dimanche après-midi ? C'est agréable, une journée de repos, vous êtes peut-être venus ici chercher une distraction. Nous sommes esclaves des distractions, le cinéma, les magazines, les perpétuelles cérémonies religieuses qui sont une forme de distraction, de stimulation. Alors peut-être ce dimanche soir est-il une autre sorte de distraction. Mais il ne s'agit pas de distraction. C'est un sujet très grave qui exige non seulement une grande capacité intellectuelle, mais une aptitude du cerveau à enquêter, à pousser, à pénètrer.
16:31 Pour vivre en paix dans ce monde, il vous faut énormément d'intelligence. Vivre une vie religieuse exige bien plus d'intelligence encore. Le sens de ce mot n'est pas seulement celui du dictionnaire, lire entre les lignes pour recueillir de l'information. Cela c'est la fonction de l'intellect, de lire entre les lignes, de recueillir de l'information, de la stocker pour l'utiliser, utiliser ce savoir avec perspicacité, n'est-ce pas ? L'habileté intellectuelle n'est pas suffisante pour comprendre en profondeur, pour scruter, observer clairement, pour discerner ce qui est un fait de ce qui n'est pas un fait. Le fait est ce qui est arrivé, c'est donc le passé – c'est cela un fait. Et aussi ce qui arrive maintenant, c'est aussi un fait. Vous êtes assis là, l'orateur est assis ici – c'est un fait. Il y a eu un beau coucher de soleil hier, et vous l'avez vu, c'est un fait. Mais le futur n'est pas un fait. Le futur est 'ce qui est', maintenant. C'est un petit peu complexe, je vais l'approfondir.
18:42 Nous sommes le passé, notre mémoire, nos souvenirs, notre savoir accumulé, tout ceci est arrivé dans le passé. Et ce passé rencontre le présent se modifie et se poursuit dans le futur. Donc le futur est le présent, n'est-ce pas ? Vous avez compris ? Le présent contient à la fois le passé, mais aussi le présent et aussi le futur. Est-ce que vous le voyez ? Cela veut dire que le présent est le temps tout entier. Je ne veux pas compliquer, nous allons poursuivre, lentement. Donc, comme vous l'observez, nous vivons dans le passé. Notre mémoire, notre savoir, nos souvenirs sont le passé. Et le présent est le passé qui se modifie et se poursuit dans le futur, d'accord ? La culture, la soi-disant culture de ce pays, a disparu – l'ancienne culture. Elle s'est adaptée aux conditions modernes – l'argent, le pouvoir et tout ça – elle s'est adaptée et elle se perpétue dans le futur. Donc le futur est le passé modifié. N'est-ce pas ? Non ? L'ensemble de ce mouvement c'est le temps, c'est-à-dire l'évolution.
21:02 Je me demande si vous saisissez tout ceci. Cela n'est pas de la subtilité, un commentaire habile, ne vous égarez pas à penser : 'tiens, c'est astucieux'. Voyez plutôt le fait dans votre vie quotidienne. Notre vie quotidienne est faite de passé – les incidents du passé, les accidents du passé, les blessures du passé, les cicatrices psychologiques, et même le souvenir d'avoir eu mal aux dents – tout cela est le passé, c'est dans ce passé que nous vivons. N'est-ce pas ? Ce passé est constamment en remaniement car de nouveaux incidents se produisent, de nouveaux accidents, de nouvelles impressions, donc il s'adapte. Mais ce mouvement est toujours le passé, enraciné dans le passé. D'accord ? Vous le voyez ? Faut-il que j'explique un peu plus ? Je vais le faire, c'est très compliqué.
22:24 Donc, notre vie est le passé qui rencontre le présent, et le fait que le passé rencontre le présent est l'un des facteurs du conflit. Vous comprenez ? Observez vous-mêmes l'état actuel du monde, en particulier le monde de l'Inde, votre pays. Ce n'est pas mon pays. Mon pays n'est pas l'Europe ou l'Amérique, je n'ai pas de pays. C'est bon d'être ainsi. Bien sûr on a un passeport, mais cela ne fait pas de vous un Indien, c'est un bout de papier. Donc, regardez ce qui se passe dans ce pays. Une ancienne culture, vieille de trois à cinq mille ans, a totalement disparu. Que ce soit bien ou mal n'est pas le sujet. La culture brahmanique – ne vous énervez pas – a disparu. Et la civilisation occidentale, avec sa culture, son esthétique et sa technologie, a envahi ce pays. Donc vous vous êtes adaptés à ce modèle, n'est-ce pas ? Vous le voyez bien. Donc le passé est en continuel remaniement et la division entre passé et présent est l'un des facteurs du conflit. Vous saisissez ? Je vous en prie. Par conséquent, est-il possible de vivre une vie de chaque jour... Pas en théorie, les mots et les actes sont deux choses différentes, pour nous le mot compte plus que l'acte. Vous écoutez tout ceci et cela se transforme en mots, cela devient théorique et vous poursuivez votre train-train quotidien, en complet divorce avec ce que vous avez entendu, lu, ou théorisé. Donc il y a division entre le mot et l'action, l'acte. Et c'est également l'un des facteurs de conflit, n'est-ce pas ? Vous comprenez ? Seigneur, que quelqu'un dise oui, vous avez tous l'air si endormis !
25:41 Donc, est-il possible de vivre la vie courante – comprenez s'il vous plaît, une vie de tous les jours – sans aucune division entre le passé, le futur et le présent ? Disons que le cerveau enregistre comme ce magnétophone, chaque incident, chaque accident, chaque tendance, les impressions, les blessures physiques et psychologiques, tout cela est gravé. Le cerveau est une machine à enregistrer. Tant qu'il enregistre – ce qui est le passé – cet enregistrement vous empêche de regarder ce qui est neuf. Bien ? Je me demande si vous comprenez tout ça. Bon, prenez un exemple tout simple. Vous êtes blessé psychologiquement. Depuis l'enfance, en famille, à l'école, au collège, à l'université, vous êtes blessé psychologiquement. Vous n'êtes pas aussi bien que votre frère, vous ne réussissez pas aux examens, etc. Tout ce parcours produit des blessures psychologiques. Cette blessure, c'est le passé, d'accord ? Regardez en vous-même si vous êtes blessé. Il est évident que vous êtes blessé. Chaque être humain est blessé, psychologiquement, par un mot trop dur d'un père, d'une mère, d'un mari, d'une femme, cela crée une blessure. Alors, autour de cette blessure psychologique vous bâtissez un mur de résistance, naturellement, n'est-ce pas ? Donc plus tard cette blessure vous fait éviter les autres car vous ne voulez plus jamais être blessé. Vous n'avez pas remarqué tout cela ? Si ? Ou voilà des êtres extraordinaires qui n'ont jamais été blessés ?
28:58 Donc, cette blessure est le passé. Cette blessure a été enregistrée dans le cerveau. Tant que cet enregistrement est là, il y a fatalement de la peur. Vous saisissez ? Donc du conflit. Alors, pouvons-nous ne pas enregistrer ? Je dois enregistrer pour conduire, pour apprendre une langue, pour faire des affaires malhonnêtes. J'ai besoin d'un tas de connaissances pour vivre dans le monde physique. Là, le cerveau doit enregistrer, bien ? Nous voulons savoir pourquoi le cerveau enregistre la blessure. Vous comprenez ? Car, tant qu'il y a un enregistrement, il doit se traduire en peur d'être à nouveau blessé.
30:22 Donc, nous posons cette question – complexe, qui demande un examen attentif – peut-on ne pas enregistrer psychologiquement, intérieurement ? Vous comprenez ? Posez-vous cette question, je vous en prie, trouvez. On vous flatte, on vous dit quelle admirable personne vous êtes – pourquoi l'enregistrer ? Un autre vient me dire : 'vous êtes un crétin' et vous enregistrez immédiatement. Cet enregistrement est l'un des facteurs du conflit, n'est-ce pas ? Une fois que cela est compris, vous allez voir s'il est possible de ne rien enregistrer du tout. Parce que le 'moi', l'égo, le 'je', est la collection de tous les enregistrements de l'humanité. Non ? Non, Monsieur ? Oh, vous autres ! Le cerveau a deux fonctions, l'une est d'enregistrer, quand cela est nécessaire, l'autre de ne pas enregistrer quand cela n'est pas nécessaire. Ainsi le cerveau n'est plus encombré, il est libre, et désormais vous ne vivez plus dans le passé. Donc, il n'y a aucun conflit, n'est-ce pas ? Vous comprenez ? Monsieur, n'acceptez pas ce que dit l'orateur, pour l'amour du ciel, pour l'amour de vous. Comprenez ce fait de vous-même. Le fait n'est pas ce que vous pensez, le fait est 'ce qui est'. Vous pouvez y penser, mais ce que vous en pensez n'est pas le fait, d'accord ? le fait est 'ce qui est'.
33:15 Donc, si vous percevez comment vivre une vie remplie d'une énergie hors du commun, et par conséquent sans aucun conflit – conflit qui existe tant que cet enregistrement fonctionne – vous demanderez, inévitablement, comment est-ce possible ? N'est-ce pas ? Cela semble excellent en théorie, mais comment faire pour que cela se produise, d'accord ? Cette question vous vient tout naturellement. Mais, quand vous demandez 'comment', qu'implique cette question, ce mot 'comment' ? Vous voulez un système, vous voulez un modèle, vous voulez une méthode, et ça, c'est le passé. Vous saisissez ? Je me le demande. Vous voyez, nous demandons toujours : 'Dites-moi comment faire?' Si je suis apprenti menuisier, c'est normal que j'aille voir un maître qui m'enseigne comment faire – observer le droit fil du bois, choisir le bois adapté, etc. Mais demander 'comment' pour ce qui est intérieur c'est vouloir un modèle à suivre, non ? Une méthode à copier. Ainsi, la méthode, le système, la pratique sont enregistrés dans le cerveau. Non ? Vous suivez ? Donc, ne demandez jamais 'comment'. C'est une des découvertes essentielles : en psychologie, ne jamais demander 'comment', à personne. Bien sûr, je demanderai comment aller d'ici à ma chambre, je dirai : 's'il vous plaît, expliquez-moi'. C'est une tout autre chose. Mais demander à un gourou... Tiens, vous les voyez ici, plusieurs personnes avec leurs vêtements bizarres, il y a des gourous ici. On demande au gourou comment atteindre l'illumination et le pauvre diable vous dit comment ! Vous ne faites que répéter, pour que votre cerveau enregistre, vous me suivez ? Et cet enregistrement vous empêche de voir clair, non ?
36:35 À présent, si vous ne demandez pas 'comment', si vous extirpez ce mot totalement de votre conscience, que reste-t-il ? Il reste que vous vous regardez vous-même, que vous regardez en vous l'activité du passé qui opère dans le présent, se modifie et se perpétue. Ce cycle, d'accord ? Le cycle d'action-réaction, et de réaction-action. Bien ? C'est le cycle dans lequel nous vivons. La mer se retire, et c'est la même eau qui revient, n'est-ce pas ? C'est notre vie. À présent, nous allons poser une autre question, qui est... – est-ce que je vous bouscule trop ? À vous de voir. Donc, notre vie est action et réaction, n'est-ce pas ? C'est la mer qui s'en va, la mer qui revient, challenge – réponse, question – réponse. Maintenant, alors que la mer va et vient, le cerveau peut-il se trouver dans un état de non-action et de non-réaction ? Cela exige une intense observation de vous-même. Je ne vais pas développer, cela est trop complexe pour l'instant.
38:36 Donc, est-il possible de ne pas enregistrer ? De ne pas enregistrer l'insulte ou la flatterie. Ne pas enregistrer. On vous dit : vous êtes un âne, ou un idiot, alors que vous vous croyez très malin – ne pas enregistrer. On ne peut le faire que lorsqu'on voit les effets de l'enregistrement dans l'existence. Bien ? Supposons que vous soyez marié – ou que vous viviez avec une compagne – au moindre incident dans cette relation, d'ordre sexuel ou autre, à chaque incident, le mot est enregistré, gravé. D'accord ? C'est comme cela, n'est-ce pas. Et cet enregistrement – vous aussi avez le vôtre, de votre mari – ces deux enregistrements sont des souvenirs, non ? Donc vous vivez dans le passé – c'est évident. Alors, que se passe-t-il ? Vous ne vous rencontrez jamais comme la première fois. N'est-ce pas ? Vous ne voyez jamais rien à neuf. Et c'est là que réside le conflit. C'est toujours le vieux qui aborde le neuf, et il transforme le neuf pour le conformer au passé. Et obliger le neuf à se conformer ou à s'assimiler au passé est un mécanisme de conflit. Je me demande si vous comprenez tout cela. Activons-nous nos méninges ou nous ne faisons qu'écouter ? Faites-vous usage des capacités de votre cerveau ? Bien, revenons.
41:12 À enregistrer sans cesse, vous gaspillez de l'énergie : je me rappelle ce que vous m'avez dit et cela me met en colère, vous me suivez ? Vous voyez que tout enregistrement est un gâchis d'énergie, d'accord ? Et vous avez besoin d'énergie. Les grands érudits, ceux qui ont tant lu, qui connaissent tant de choses – vous en avez rencontré ? – c'est incroyable, tout cela stocké dans le cerveau. Pourquoi porter tout cela dans votre cerveau ? C'est dans les livres, il n'y a qu'à lire, pourquoi le garder là ? Non, réfléchissez, pensez-y, vous verrez. Vous le gardez là-dedans parce que cela vous donne du pouvoir, un rang, vous êtes un érudit, un grand 'pandit'. N'est-ce pas ? Donc votre cerveau est surchargé de savoir et le savoir est l'ennemi de l'amour. Oh, pour l'amour du ciel ! Si vous le comprenez avec votre coeur, pas avec votre intellect, alors le savoir a sa juste place, et il n'en a strictement aucune psychologiquement. D'accord ? Pouvez-vous vivre ainsi ? Pouvez-vous vivre une vie de tous les jours sans jamais enregistrer psychologiquement ? Allez-vous essayer ? Allez-vous le faire maintenant, assis ici, ou allez-vous retourner chez vous pour mieux y penser ? Je sais que vous allez y penser, c'est probablement ce que vous faites, vous êtes en train d'y penser. Et ce fait de penser, qui est issu du savoir, va empêcher... l'amour. Non ?
44:05 Nous allons aborder une autre question : quand vous pensez à quelque chose, qu'appelez-vous 'penser' ? Je pense à vous, je pense à ma femme, à mon mari, je pense à mes affaires – je pense. Qu'est-ce que penser ? Penser à une chose, et penser tout court, pas 'à', vous voyez la différence ? Oh, Seigneur ! On peut continuer ? Vous n'êtes pas trop fatigués ? Dimanche après-midi. Vous allez tous reprendre lundi matin, le bureau, la routine recommence. Au moins ce soir, vous êtes plus ou moins libres, vous pouvez vous amuser à écouter toutes ces bêtises. Mais ce ne sont pas des bêtises, c'est quelque chose d'extrêmement sérieux, car l'homme est en voie de se détruire lui-même. Et le savoir est l'un des facteurs de destruction, et là où est l'amour il n'y a pas de destruction.
46:05 Nous devons comprendre une chose : ce qu'est penser, et ce qu'est penser à quelque chose, d'accord ? Penser à quelque chose est un fait, et penser tout court est un autre fait – penser. Je peux penser à l'Europe, ou au Liban, la destruction, le meurtre, les horribles choses qui se passent, ou je réfléchis à ce qu'est penser. Vous comprenez ? Vous voulez jouer avec moi ? Nous allons découvrir cela ensemble. Je ne le fais pas pour m'amuser, nous allons le faire ensemble. Qu'est-ce que penser ? Quand vous dites : 'je vais penser à ce que vous avez dit' vous allez penser – à ce que j'ai dit. Ou allez-vous penser sans objet ?
47:30 Donc, qu'est-ce que penser ? La pensée a créé les choses les plus extraordinaires de la vie, les grands temples, et les mosquées, et les merveilleuses cathédrales, la splendeur de ces structures sublimes s'élançant vers le ciel, la grande peinture, la sculpture, les grands poèmes. Et la pensée a créé aussi les incroyables instruments de guerre. La pensée a aussi créé toutes les choses qui sont dans les temples, dans les mosquées, dans les églises. N'est-ce pas ? Ce sont les faits. Vous pouvez dire : 'non, elles ont été révélées directement par Dieu', dire cela, c'est aussi de la pensée, non ? Donc la pensée a produit les choses les plus fabuleuses, et elle a aussi produit les choses les plus épouvantables. La pensée a brûlé des gens, les a appelés hérétiques et les a brûlés. La pensée dit : il faut suivre Marx, Engels et le reste. La pensée a pris une place extraordinaire dans notre vie. D'accord ? Vous le comprenez ?
49:16 À présent, qu'est-ce que la pensée ? Qu'est-ce que penser ? Regardez, cherchez, voyez-le, étudiez votre façon de penser. Vous pensez à votre femme – supposons, si cela vous arrive – vous pensez à votre femme, ou à votre mari. Quand vous pensez à elle ou à lui, qu'est-ce que cette pensée ? Vous avez l'expérience de cette personne, l'image de cette personne, sa nature, son aspect, sa conformation, son apparence, tout cela est de la mémoire. N'est-ce pas, Messieurs ? Et cette mémoire est basée sur ce qu'on sait de cette personne, n'est-ce pas ? Ce qu'on sait est basé sur notre expérience de cette personne. D'accord ? Vous le voyez ? Donc, le fait de penser naît de l'expérience, du savoir acquis par expérience, mis en mémoire dans le cerveau, et la réaction de la mémoire est la pensée, d'accord ? Donc la pensée est un processus physique. Oui ? Vous voyez cela ? Bien, Monsieur ? Donc la pensée n'est pas sacrée. Et rien de ce qu'elle produit n'est sacré : vos Upanishads, votre Gita, votre Bible, votre Coran ne sont pas sacrés. Voyez ce que vous assumez en disant que la pensée est un processus physique. C'est un mécanisme physique car les cellules cérébrales renferment les souvenirs du passé, le savoir passé, l'expérience passée, c'est de là que la pensée surgit. Sans expérience, sans savoir, sans mémoire, il n'y a pas de pensée, n'est-ce pas ? Examinez-le attentivement, vous allez le voir vous-même. Donc, la pensée est un phénomène matériel. D'accord ? Vous voyez cela ? La pensée a d'abord créé Dieu, et ensuite la pensée adore Dieu. Oui, Monsieur ! Vous vous êtes fait avoir ! C'est très important, regardez, je vous en prie.
52:42 Et, si la pensée est un processus matériel, que sommes-nous ? Vous comprenez ma question ? Que sommes-nous, psychologiquement ? La pensée dit que vous êtes Hindou, la pensée dit que vous êtes un grand homme, la pensée dit que vous devez atteindre l'illumination, non ? La pensée dit que vous devez méditer. La pensée dit : obéis, adhère, deviens comme l'autre. Donc la pensée dit : deviens, deviens dans le monde extérieur – si vous êtes l'employé, devenez le chef, si vous êtes le chef, devenez le directeur, si vous êtes directeur, devenez président. De même la pensée dit, vous êtes un disciple, vous finirez par devenir le maître, et en dernier lieu le gourou, et, encore plus fort, illuminé. C'est tout, c'est la pensée qui échafaude tout cela. Je me demande si vous réalisez tout ceci.
54:19 La pensée, donc – nous vivons de la pensée. Et, l'expérience étant limitée, le savoir est toujours limité, que ce soit le savoir en science, le savoir en biologie, en arithmétique, etc., le savoir est toujours limité, et à jamais. Le futur savoir est limité, n'est-ce pas ? Vous voyez cela ? Non, vous ne le voyez pas. D'accord, Monsieur ? Le savoir est limité car il se fonde sur l'expérience. Et, en tant qu'expérience, elle est limitée, par conséquent la pensée est limitée. La pensée peut imaginer l'illimité, et vous imaginer, vous, atteignant l'illimité. Oui ? Est-ce que vous suivez ? La pensée est le mot, non ? La pensée est le symbole. Donc 'l'illumination', 'l'immensurable', ce sont des mots. Et le mot n'est pas la réalité. Vous comprenez tout ça ? Alors, le cerveau peut-il se libérer du réseau des mots ? Oui, Monsieur... Et le moi, le 'je', l'égo, c'est du savoir, N'est-ce pas, Monsieur ? Vous, les experts religieux, vous êtes d'accord ? Que le 'je', le moi, est l'essence du savoir, non ?
56:47 Très bien, prenons-le autrement, qu'est-ce que le moi ? Qu'êtes-vous ? Allez, allez, Monsieur, qu'êtes-vous ? Votre nom, votre forme – d'accord ? – les vêtements que vous portez, si vous êtes un sannyasin d'une certaine sorte, vous avez un compte en banque, vous êtes un homme d'affaires, vous êtes plein d'expérience, vous avez connu beaucoup de plaisir, beaucoup de peine, d'inquiétude, de solitude, de souffrance – non ? Vous êtes cela, n'est-ce pas ? Vous l'admettez ? Ou vous dites : 'je suis atman, bien au-dessus de cela'. Oh oui, vous dites tous ça. Dire : 'je suis bien au-dessus', c'est encore l'invention de la pensée. Non ? Vous avez lu ça quelque part : 'tiens, Il existe un soi supérieur'. Ou un gourou quelconque passe par là et dit : ' il existe une superconscience et vous devez l'attirer à vous', non ? Donc tout ce processus est le mouvement de la pensée – et la pensée, c'est le temps, n'est-ce pas ? Car acquérir du savoir demande du temps. Apprendre, disons, le russe, l'anglais, l'espagnol ou le français exige beaucoup de temps. Qu'on y mette trois mois ou un an, c'est du temps. Donc, acquérir un savoir, extérieur ou intérieur, exige du temps. Pour apprendre sur vous-même, il vous faut du temps, n'est-ce pas ? Vous comprenez ?
59:17 Regardez à quel jeu vous jouez avec vous-même. Je veux apprendre sur moi-même – la connaissance de soi dont j'ai abondamment parlé – la connaissance de soi, me connaître moi-même. Pour me connaître, je dois investiguer, je dois observer, je dois analyser, m'introspecter – vous suivez ?– être à l'affût, apprendre, observer, être recueilli, être conscient, tout cela prend du temps. Bien ? Êtes-vous d'accord ? Le voyez-vous ? Tout cela demande du temps. Comprendre ce qu'est la lune demande du temps. C'est tout simple. De même, nous l'avons dit, pour se connaître, il faut du temps. Non ? Ce qui veut dire quoi ? Oh, vous ne captez rien, qu'est-ce qui ne va pas ?
1:00:33 Le temps est l'ennemi de l'homme. L'illumination n'est pas un éveil qui s'instaure avec le temps. Ce n'est pas progressif, de succès en succès. Si vous voyez que la pensée est le temps, c'est évident, la pensée est un mouvement, et le temps est un mouvement. Est-ce clair ? Donc, la pensée et le temps vont ensemble. Ils ne sont pas séparés. La pensée est le temps et le temps, c'est la pensée. Et la pensée dit : 'je dois devenir illuminée'. 'de ce que je suis, je dois devenir ce que je devrais être'. D'accord ? Donc... Bonté divine, faut-il que j'explique tout ça ? Je suis violent, les humains sont violents. Vous êtes violents, n'est-ce pas ? Vous dites : 'je ne dois pas être violent, ou devenir non-violent'. Mais devenir non-violent prend du temps. Dans cet intervalle, vous êtes toujours violent. Donc la non-violence est une absurdité, d'accord ? Le seul fait est la violence. Nos cerveaux sont exercés à devenir. Comme vous devenez un employé en grimpant à l'échelle, vous appliquez cela au domaine psychologique. Vous suivez ? On dit : 'je suis ignorant, je dois acquérir du savoir sur moi-même', 'je suis violent, je dois devenir non-violent ', 'je suis en colère, je dois être sans colère'.
1:03:10 Maintenant, regardez attentivement. Vous êtes violent, la violence n'est pas indépendante de vous. Seriez-vous d'accord avec ça ? Oui ? Les Hindous sont très malins, ils sont d'accord, jusqu'à un certain point. Je le vois sur ces visages. Mais ils ont derrière la tête l'idée que le 'moi' est différent de celui qui observe, que la personne qui est témoin est différente. N'est-ce pas ? Voyez le jeu que vous jouez ! Est-ce un fait ? L'observateur différent de la colère, est-ce un fait ? Attention, ne répondez pas, regardez attentivement. La colère est moi. Je ne suis pas différent de la colère. D'accord ? La violence est moi. La non-violence n'est pas moi, ce n'est qu'une idée. Le fait est que je suis violent. C'est un fait. La non-violence est un non-fait. Mais nous poursuivons le non-fait parce que nous ne savons pas comment affronter 'ce qui est'. Vous suivez ? Donc, l'observateur n'est rien d'autre que l'observé. D'accord ? Non, c'est difficile. Seigneur ! Je reprends.
1:05:17 Vous voyez cet arbre là-bas – si jamais vous regardez les arbres. Cet arbre que vous regardez est évidemment différent de vous. D'accord ? Le nuage d'un soir, plein de lumière et de beauté, est différent de vous. Mais, quand vous regardez cet arbre, que se passe-t-il ? Regardez-le ! Que se passe-t-il ? Vous employez le mot, immédiatement, n'est-ce pas ? Donc le mot interfère avec la vision de l'arbre. C'est 'ma femme', c'est 'mon mari', – c'est fichu ! Vous ne savez pas tout cela ? Donc le mot vous empêche d'observer, non ? De plus, le mot n'est pas la chose. Le mot arbre n'est pas l'arbre. Le mort 'ma femme' n'est pas ma femme. Je me demande si vous voyez ! Si vous réalisez ceci, votre relation à votre femme va changer radicalement. Oh, vous autres ! Donc, le temps est la pensée. Et la pensée dit : 'je suis ceci, je dois devenir cela', par conséquent, le devenir implique le temps. Et qu'est-ce que vous allez 'devenir' ? Vous les experts, répondez, qu'allez-vous 'devenir' ? Plus éclairés ? Des êtres meilleurs ? Vous n'êtes pas bon, mais vous dites : 'je vais devenir bon'. Si vous devenez bon, vous ne serez jamais bon ! Je me demande si vous voyez ça. Le devenir n'existe pas, c'est l'un des facteurs de conflit. Mais si vous dites : 'très bien, le fait est que la violence c'est moi, la violence n'est pas indépendante de moi'. C'est un fait. Le 'moi' c'est mon visage, le 'moi' c'est mon caractère, etc. Mais nous avons séparé le 'moi' de la chose qui se passe, d'accord ? La pensée a séparé la violence du penseur. N'est-ce pas ? Commencez-vous à être fatigués ? Oh non... vous devriez être fatigués ! Mais vous ne coopérez pas, vous ne travaillez pas, donc vous dites : 'je ne suis pas fatigué'. Si vous coopérez, si vous travaillez, vous verrez quelle chose étonnante arrive à votre cerveau.
1:09:11 Écoutez, la violence est moi, l'avidité est moi, la colère est moi. Je dis après : 'j'étais en colère' mais le fait est la colère, la jalousie, la haine, l'anxiété... c'est moi. Donc l'observateur est l'observé, n'est-ce pas ? Oui, Monsieur ? Vous le voyez ? Oh non, vous ne voyez pas. Un des facteurs de conflit est d'avoir séparé le penseur de la pensée. Sans pensée, pas de penseur, d'accord ? Mais nous avons séparé le penseur, l'expérimentateur de l'expérience, séparé l'analyseur de la chose analysée, non ? Vous ne l'avez pas remarqué ? D'où conflit et division permanents. Donc l'observateur est l'observé. L'expérimentateur est l'expérience. Réfléchissez à cette question... Oh, je n'ai pas le temps.
1:10:54 Vous voulez tous des expériences, n'est-ce pas ? Le Nirvana ou un autre moyen, le sexe ou autre chose – vous voulez des expériences. Qu'est-ce que l"expérience ? Comment savez-vous qu'il s'agit d'une expérience ? Pour le savoir, il faut la reconnaître, d'accord ? Alors regardez ce qui se passe : quand je la reconnais, elle n'est plus neuve. Et pourtant vous dites : 'je veux une expérience neuve'. Alors que toute expérience, dès qu'elle est reconnue, n'est que le souvenir du passé. Oui, Monsieur, faites le couler dans vos veines, et vous verrez. Alors, votre cerveau est si conscient, en alerte, attentif, qu'il n'y a pas expérience du tout. Vous ne comprenez pas.
1:11:59 Bien. Nous examinons la cause du conflit. L'une des causes du conflit est la dualité, n'est-ce pas ? La violence et la non-violence, c'est ça la dualité. le Bien et le Mal, l'amour et la haine. Pourquoi cette dualité ? Ne le traduisez pas en advaita ou un autre mot sanscrit pour vous en débarrasser. Pourquoi cette dualité ? Qu'est-ce que la dualité ? Vous êtes une femme, je suis un homme, vous êtes grand, je suis petit, vous êtes blond un autre est plus blond, etc... D'accord ? La dualité n'existe que dans la comparaison. Vous suivez tout cela ? En me comparant à vous, j'ai créé la dualité. N'est-ce pas, Monsieur ? Donc, si je ne compare pas, il n'y a pas de dualité.
1:13:23 Par exemple, j'ai inventé la non-violence – ce pays en est rempli, de non-violence, tout au moins en paroles. Mais le fait est que vous êtes violent. Le fait. Dans un fait il n'y a pas de dualité. Ah, c'est cela, je viens juste de le découvrir. Vous comprenez ? Le fait n'a pas d'opposé. Je suis en colère, c'est un fait. Mais dire 'je ne dois pas être en colère' fait surgir la dualité. C'est vraiment intéressant, faites marcher vos cerveaux, réfléchissez à tout cela. Donc, je suis en colère, c'est un fait. Que puis-je faire ? Je ne vais pas dire : 'je ne dois pas être en colère' parce qu'alors je suis en conflit, vous comprenez ? Je ne vais pas la réprimer, ni répression, ni évasion, ni sublimation, alors qu'arrive-t-il ? Allez, que se passe-t-il si on ne fait aucun geste pour s'écarter du fait ? Allez ! C'est le geste de s'écarter qui crée le conflit, crée la dualité. Les astucieux Indiens ont écrit des volumes sur la dualité. L'orateur a dit dès le premier jour qu'il n'y a pas de dualité, parce que seul existe le fait. Mais, en voulant surmonter le fait, je crée la dualité. D'accord, Monsieur ? Voyez-le. Alors que se passe-t-il ? Comment rester avec le fait ? Vous comprenez ? Ne pas bouger du fait. Tout mouvement pour s'éloigner du fait et c'est le conflit et la dualité.
1:16:07 Donc, si vous demeurez avec le fait, que se passe-t-il ? Trouvez la solution. Je la trouve, vous aussi trouvez-là. Que se passe-t-il quand vous demeurez avec le fait ? Cela veut dire... Ah, si j'explique, vous allez dire 'oui, oui' et vous vous en irez. Vous ne mettez pas en pratique ! Voyez, Monsieur, en m'écartant du fait, j'ai perdu de l'énergie, d'accord, vous voyez cela ? M'écarter du fait est un gâchis d'énergie, n'est-ce pas ? Donc, quand il n'y a aucun mouvement pour éviter un fait, toute l'énergie est là. Toute l'attention est là, avec le fait. Et, quand l'attention est totale, elle agit comme la lumière, un puissant faisceau de lumière projeté sur le fait. Alors le fait révèle tout son contenu. Alors le fait n'a aucune importance. Vous comprenez ?
1:17:55 A présent, nous avons dit que le savoir est l'ennemi de l'amour, et l'amour n'a pas d'opposé. Mais nous avons créé un opposé, la haine.
1:18:25 Désolé, une petite crampe. Je travaille trop dur pour vous, voilà ce que c'est.
1:18:45 Donc, nous avons examiné un problème vraiment très complexe. Nous l'avons examiné ensemble. Ce n'est pas l'orateur, c'est vous qui avez examiné. L'orateur n'est que votre voix, l'orateur montre simplement 'ce qui est'. Et vous vous vous regardez vous-mêmes. Et si vous vous considérez attentivement, vous n'êtes rien d'autre que le passé, les souvenirs, la mémoire, les plaisirs du passé. Et quand vous souffrez – hélas, comme pour la plupart des humains – vous vous évadez, comme d'habitude. Donc, demeurer avec un fait, c'est comme regarder un bouton, regarder un bouton de rose. Vous verrez le bouton s'ouvrir, son parfum, sa beauté, sa qualité, sa douceur, sa tendresse. Si vous observez le fait, il s'évanouit.
1:20:35 Nous allons continuer le prochain week-end, nous parlerons de la peur, de la souffrance, de la religion, de la méditation, de la mort, car tout cela fait partie de notre vie, vous ne pouvez pas les séparer. Vous ne pouvez pas être un imbécile et dire 'je vais méditer'. Pour comprendre la vie, cet ensemble complexe qu'est la vie, vous devez être très patient. Pas la patience temporelle – la patience. Il vous faut un cerveau vivant, qui interroge, qui demande, qui doute, alors vous trouverez tout seul, sans le mot, ce qui n'est pas évalué par les mots.
1:21:48 Pardon de vous avoir retenus.