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BO84T4 - L’amour, la liberté, le bien et la beauté ne sont qu’un
4e causerie
Bombay, Inde
12 février 1984



2:04 This is the last talk. C'est la dernière causerie.
2:16 We were talking about the art of living yesterday. I think we ought to go much more into it. Most of us have given very little thought to that, we have hardly enquired into the nature of what life is, and how to live it. Our daily life, with all its ugly turmoil, passing pleasures, and a great deal of entertainment, both religious and otherwise. We have studied almost all the academic subjects, spent years to become a doctor, a surgeon, or an engineer, and the engineer never asks 'how'. He has studied, perhaps five or six years, has learnt a great deal of information, stresses, strains, and the material, and so on, he never asks how to build a bridge, because that is his job. But we, ordinary people like us, we are always asking 'how'. How am I to live a life without any conflict, without any of the problems that are involved in our daily unfortunate lives. We are always striving, reaching out, getting somewhere, and when a question, a challenge is put before you, like : is it possible to live a life in which there is no problem, in which there is no conflict, when you hear that question, you say, 'Yes, sounds good, but tell me how to do it', what is the method, what is the system, so that we can live a life of great tranquillity, great inward sense of wonder, a sense of great beauty. Then we say, 'Tell me how'. I think we ought to banish from our minds, not in the academic subjects, but in the psychological world we should never ask, – if one may most respectfully point out – 'how'. Never ask anybody 'how' ! They only can offer you a system, a method, which then becomes another bondage, another trap in which you are caught. Hier, nous avons parlé de l'art de vivre. Je pense que nous devrions développer un peu. Nous y pensons assez peu, généralement. Il est rare que nous nous intéressions à ce qu'est la vie comment la vivre, notre vie quotidienne, cette hideuse agitation, les plaisirs fugaces et tout un lot de distractions, religieuses ou autres. Nous avons étudié à peu près tous les sujets académiques, consacré des années à devenir médecin, chirurgien ou ingénieur, et un ingénieur ne demande jamais 'comment'. Il a étudié, probablement cinq ou six ans, il a acquis un tas d'informations sur les contraintes, les forces, les matériaux, etc., il ne demande pas comment construire un pont, c'est son métier. Mais nous, gens ordinaires, nous demandons toujours 'comment'. Comment puis-je vivre une vie sans aucun conflit, sans aucun des problèmes qui sont au menu de nos misérables vies quotidiennes. Nous sommes là à faire des efforts, à tendre les bras, à vouloir arriver, et, quand une question provocante vous est posée, comme celle-ci : 'Peut-on vivre une vie sans aucun problème, sans aucun conflit?' vous entendez la question, et vous répondez : 'Oui, c'est intéressant, mais dites-moi comment faire', quelle est la méthode quel est le système, pour vivre une vie d'une profonde tranquillité, avec un profond sentiment d'émerveillement, un sentiment d'infinie beauté. Donc, nous demandons : 'dites-moi comment'. Nous devrions bannir 'comment' de nos esprits – en psychologie, pas pour la recherche scientifique – ne jamais demander, permettez-moi de le souligner très respectueusement, 'comment'. Ne demandez jamais 'comment' à qui que ce soit. Ils n'ont à vous offrir qu'un système, une méthode qui va devenir une nouvelle servitude, une autre cage dans laquelle vous serez enfermé.
6:33 So we ought to, this evening, go into this question. We have talked about wars, we have talked about human beings psychologically hurt from their childhood, hurt by their parents, by their schools, colleges and universities, by their families, and so on – we are wounded people. And that wound inevitably breeds fear. We talked about fear a great deal. And we also talked about time. Not only the chronological time, by the watch, but also time as a psychological means of achievement : I am this, but I will be that, I am violent, I will one day be non-violent. This constant becoming from 'what is' to 'what should be' is also the element of time. Because time is very important for us, not only the physical time – to get from here to there – but also the ideal which thought has invented : to achieve an ideal also requires time. So we are bound to time. And writers and some other people have asked, is there an end to time, is there a stop to time. Donc nous devrions ce soir aborder cette question. Nous avons parlé des guerres, nous avons parlé des êtres humains blessés psychologiquement dès l'enfance, blessés par leurs parents, à l'école, au collège, à l'université, par leur famille, etc. – nous sommes des gens blessés. Et cette blessure engendre la peur, inévitablement. Nous avons beaucoup parlé de la peur. Et aussi du temps. le temps de l'horloge, le temps chronologique, mais aussi le temps comme moyen d'accomplissement psychologique, je suis ceci, mais je vais être cela, je suis violent, un jour je serai non-violent. Ce perpétuel devenir, de 'ce qui est' à 'ce qui devrait être' c'est aussi un élément du temps. Nous donnons une grande importance au temps, le temps physique – aller d'ici à là – mais aussi l'idéal, inventé par la pensée – atteindre un idéal exige aussi du temps. Donc, nous sommes liés au temps. Des écrivains et d'autres personnes ont demandé : le temps peut-il s'arrêter, le temps peut-il finir?
8:59 And as we said yesterday, and during all the other talks here, we are sharing this together. This is not – I'll repeat it ten times – this is not a lecture. Please kindly pay attention to that. This is not in any way to inform you, to instruct you about various academic subjects, which is what a lecture is. But this is a conversation between you and the speaker, a conversation about life, about the extraordinary complexity of life, the great sense of travail, anxiety, desperate loneliness, and innumerable tears that human beings have shed, wanting to be loved and never finding it, or if one loves you, there's always the danger and the pain of his leaving. Nous l'avons dit hier, et au cours des autres causeries, nos partageons ceci ensemble. Ce n'est pas – je vais le répéter cent fois – ce n'est pas un cours. Faites-y bien attention, je vous en prie. Ce n'est en aucun cas de l'information, de l'instruction sur des sujets académiques – ce qu'est un cours. C'est une conversation entre vous et l'orateur, un entretien sur la vie, sur l'incroyable complexité de la vie, ce sentiment d'intense labeur, d'anxiété, de solitude désespérée, les larmes innombrables versées par les êtres humains qui veulent être aimés et ne le sont jamais, ou, si quelqu'un vous aime, le danger constant et le chagrin d'être quitté.
10:37 So we have talked about all this. And if some of us, perhaps a few, even ten, who are really serious – in the sense honest, an honesty that is unshakeable, an integrity that can never be broken under any circumstances – if there were such people, a few at least, then we could bring about a radical change in society. We talked about society. Society is what we are. We have made this society, this ugly, brutal, venomous – you know what this modern society is. We are responsible for it, each one of us. And to bring about a radical, fundamental mutation in the structure and the nature of society, we have to undergo a tremendous examination into ourselves, not theoretical, not problematical or philosophical, but to see what actually we are. And face that fact, not escape from it, go into it very deeply. And then perhaps a few of us could really bring about a different culture. Nous avons donc parlé de tout cela. Et si certains d'entre nous – ne serait-ce que dix – sont vraiment sérieux – c'est-à-dire honnêtes, d'une honnêteté inébranlable, d'une intégrité sans faille quelles que soient les circonstances – si de telles gens existent, au moins quelques-uns, nous pourrions provoquer un changement radical dans la société. Nous avons parlé de la société. Elle est ce que nous sommes. Nous l'avons créée, cette société laide, brutale, venimeuse – vous savez bien ce qu'est cette société moderne. Nous en sommes responsables, chacun d'entre nous. Et pour provoquer une mutation radicale et fondamentale de la structure et de la nature de la société, nous devons procéder à un monumental examen de nous-même, pas théorique, problématique ou philosophique, mais voir ce que nous sommes en réalité. Et affronter ce fait, ne pas le fuir, y pénétrer profondément. Alors peut-être certains d'entre nous pourraient effectivement créer une nouvelle culture.
12:57 And, as we said yesterday, for at least this evening, let us be serious, honest. That is, the word is not the thing, the explanation is not the actual, the description of a mountain, however beautifully put, writing a great poem about a mountain in the blue sky and the lovely shadows, all those descriptions and the painting is not the actual mountain. But most of us are satisfied with the description, with the explanation, then we make of that explanation into an ideal, and then strive to live up to that ideal, which then again becomes a series of conflicts. We went into all this during the last few years, and in the last three talks here. So please kindly remember that you and the speaker are investigating together deeply, seriously, and with great honesty, how to live a life which is really a great art. Et – nous l'avons déjà dit hier – ce soir au moins soyons sérieux, soyons honnêtes. Car le mot n'est pas la chose, l'explication n'est pas la réalité, la description d'une montagne, même joliment faite, un grand poème sur la montagne contre le ciel bleu, avec les ombres exquises, toutes ces descriptions, ce tableau, ne sont pas la montagne. Mais nous nous satisfaisons généralement de la description, de l'explication, nous transformons cette explication en un idéal, et puis nous luttons pour vivre à la hauteur de cet idéal, ce qui aboutit à nouveau à une série de conflits. Nous avons abordé cela ces dernières années et aussi ces trois dernières causeries. Donc, je vous prie, rappelez-vous que vous et l'orateur étudient ensemble, en profondeur, avec sérieux, avec une grande honnêteté, comment vivre une vie qui soit réellement un grand art.
14:55 So let's begin to enquire more. Humility is necessary, isn't it, to learn. Humility. Not humbleness, not a sense of remote acceptance, but one needs a great deal of humility to learn. But most of us have not that quality of humility – not to somebody whom you respect, that's not humility, that's merely acceptance of authority, and you worship the authority. You saw what is happening this morning. So, humility is one of the factors in life, not arrogance, not vanity. A man who knows a great deal, that gives him a sense of self-importance, and he is a vain man, a man who has achieved a position, a status, power, money, and then that vanity tries to become humility. Don't you know all this? And humility is not born out of vanity. Humility is necessary to understand the extraordinary complexity of living. And humility... with freedom. Allons plus loin. On a besoin d'humilité, n'est-ce pas, pour apprendre. L'humilité. Pas l'effacement, pas une sorte de vague consentement, mais il faut une grande humilité pour apprendre. En général, nous n'avons pas cette qualité d'humilité – le respect envers quelqu'un, ce n'est pas l'humilité, ce n'est que l'acceptation de l'autorité, et vous idolâtrez l'autorité. Vous avez vu ce qui s'est passé ce matin. Donc, l'humilité est une des composantes de la vie, pas l'arrogance ou la vanité. Un homme qui sait beaucoup de choses en tire le sentiment de sa propre importance, c'est un homme vaniteux, un homme qui a réussi, la situation, le statut, le pouvoir, l'argent, et toute cette vanité tente de devenir de l'humilité. Vous ne connaissez pas tout cela? Et l'humilité ne naît pas de la vanité. L'humilité est nécessaire pour comprendre l'extraordinaire complexité de ce qu'est vivre. Et l'humilité va avec la liberté.
17:34 We think we are all very free to do what we want to do, what we want, our desire, to fulfil our desires – this is one of the structures of society, each one of us is free to do exactly what he wants to do. Right? You are all doing that. You want to be rich, you want to express yourself, you want to have your own particular way, you are very strong on your opinions, your conclusions. You are free to choose. And we call this freedom. And if you observe what that freedom has done in the world, brought about great confusion, brought about havoc in the world, each one expressing his own particular desire – competitive. And we call this freedom. So we ought to enquire what is freedom. Please ask this question of yourself. Is freedom a matter of choice? You are free to choose, free to go from here to there, free to have different kinds of job – if you don't like one you go to the other. Freedom to express yourself, free to think what you want, to express it – perhaps in a democratic society, not in the totalitarian states, there freedom is denied. Nous nous croyons tous très libres, de faire ce que nous voulons faire, ce que nous désirons, d'accomplir nos désirs – c'est une des structures de la société, que chacun soit libre de faire exactement ce qu'il veut faire, non? C'est ce que vous faites tous. Vous voulez être riche, vous voulez vous exprimer, vous voulez tracer votre propre route, vous être très affirmés dans vos opinions, vos conclusions. Vous avez la liberté de choix. Et nous appelons cela la liberté. Et si vous regardez ce que la liberté a produit dans le monde, elle a produit une énorme confusion, elle a opéré des ravages en ce monde, chacun exprimant son désir propre – en compétition. Et c'est ce que nous appelons la liberté. Donc, il faut examiner ce qu'est la liberté. Je vous en prie, posez-vous cette question. La liberté est-elle une affaire de choix? Vous êtes libre de choisir, d'aller d'ici à là-bas, libre d'avoir plusieurs sortes de métiers, si vous n'aimez pas l'un vous changez pour l'autre. La liberté de vous exprimer, de penser ce que vous voulez et de le dire – en tout cas dans une société démocratique, pas sous un régime totalitaire, où la liberté est refusée.
20:03 So what is freedom? Because that is part of our life. As we talked yesterday, death is part of our life. The living and the dying. We went into it very carefully, whether the two, death and life, live together. That requires, as we pointed out yesterday, a great deal of attention, a great deal of enquiry and great intelligence – the art of living with death. We talked about that. And in the same way we ought to talk over together what is freedom. Does it really exist? The word 'freedom', also, some of its root meaning, is love. And is love a matter of choice? And so we ought to find out for ourselves what is actual freedom. Freedom from something – from pain, from anxiety. Freedom 'from'. And is there freedom? Not 'from' something, you understand? If it is freedom from something it is merely a reaction. It is like a man in prison saying 'I must get out of my prison.' We live psychologically in a prison, and when it is painful, ugly, not satisfactory, then you want freedom from that. So we are saying freedom from something is the same thing as being in prison, of another kind. Do we meet each other, or am I talking to myself? Alors, qu'est-ce que la liberté? Car elle fait partie de la vie. Nous l'avons dit hier, la mort aussi fait partie de la vie. Le vivre et le mourir. Nous avons examiné, avec grand soin, si les deux, la vie et la mort, peuvent vivre ensemble. Cela exige, nous l'avons dit hier, une attention très soutenue, une enquête approfondie, beaucoup d'intelligence – l'art de vivre avec la mort. Nous en avons parlé. De la même façon nous devons parler ensemble de ce qu'est la liberté. Existe-t-elle vraiment? L'une des racines du mot 'liberté' est l'amour. Et l'amour est-il une affaire de choix? Donc, à nous de découvrir ce qu'est la véritable liberté. Être libre 'de' quelque chose – de la douleur, de l'anxiété. La liberté de. La liberté existe-t-elle? Pas liberté 'de', vous comprenez? Être libre 'de' quelque chose n'est qu'une réaction. C'est comme un prisonnier qui dit : 'je veux m'évader de ma prison'. Psychologiquement, nous sommes en prison et quand elle est pénible, laide, qu'elle ne nous satisfait pas, on veut s'en libérer. Nous disons donc que la liberté 'de' quelque chose c'est une autre façon d'être en prison, c'est la même chose. Nous comprenons-nous, ou est-ce que je parle tout seul?
23:15 So what is freedom? This sense of inward authentic, deep sense of unshakeable freedom – not from something. What is that freedom? Can we together enquire into this, not accept what the speaker is saying, because we went into that. If you accept what the speaker is saying, then you are back again to the old pattern of following an authority. The speaker then becomes your guru, and the speaker abhors all gurus. In the world of, – if one can use the word 'spiritual' – authority is a sin. So, together let's enquire what is freedom. Donc, qu'est-ce que la liberté? Ce sentiment intérieur authentique, ce sentiment profond d'inébranlable liberté – et pas 'de' quelque chose. Qu'est-ce que cette liberté? Peut-on examiner ceci, ensemble, sans accepter ce que dit l'orateur, nous avons vu cela. Si vous acceptez ce que dit l'orateur, vous retombez dans la vieille habitude de suivre une autorité. Alors, l'orateur devient votre gourou, et l'orateur a tous les gourous en horreur. Dans le monde dit 'spirituel' – si l'on peut employer ce mot – l'autorité est un péché. Voyons donc tous ensemble ce qu'est la liberté.
24:50 Probably you have never asked that question. You all want to escape from something. I am lonely – and most people are very, very lonely, they want to escape from it through various forms of entertainment, religious and otherwise. But is there a freedom which is not a reaction? And to find out that, one has to enquire what is love. Is love a reaction? Is love attraction, whether it be sexual or otherwise? Please ask these questions of yourself to find out the right answer. How do you find the right answer to a question? The speaker asked the question, you naturally reply to that question, if you are at all thinking, going along with the question, then you respond to that question. The speaker then answers to your response. This is real dialogue. Answers to your response, then you respond to my response. Right? Are we following this a little bit? So that there is both question and answer, answer and question. If we maintain this answer-question, question-answer seriously, intensely, then in that process you disappear and the speaker disappears, only the question remains, you understand? Then that very question has vitality. Don't agree please, test it out for yourself. It's like a bud, a rose bud. If the question is left in the air, as it were, then it is like a bud which gradually unfolds and shows its nature, the depth of that question, it has its own vitality, energy, drive. That is a dialogue, not just accepting what the other fellow is saying. Vous ne vous êtes probablement jamais posé la question. Tout ce que vous voulez c'est vous soustraire à quelque chose. Je suis seul, vraiment tout seul, comme la plupart des gens qui trouvent une échappatoire dans diverses formes de distraction, religieuse ou autre. Mais y a-t-il une liberté qui ne soit pas une réaction? Pour découvrir cela, il faut examiner ce qu'est l'amour. L'amour est-il une réaction? L'amour est-il une attraction, sexuelle ou autre? Je vous en prie, posez-vous cette question à vous-même et trouvez la bonne réponse. Comment trouver la bonne réponse à une question? L'orateur pose la question, vous y répondez naturellement, si vous êtes en train de penser, de suivre la question – vous répondez à la question. Ensuite l'orateur répond à votre réponse. C'est cela un vrai dialogue. Il répond à votre réponse, puis vous répondez à ma réponse, d'accord? Vous suivez? Un petit peu? De sorte qu'il y a question-réponse, et réponse-question. Si nous soutenons ce va-et-vient de questions et réponses très sérieusement, avec intensité, alors, au sein de ce mouvement vous disparaissez et l'orateur aussi disparaît – seule demeure la question, vous comprenez? Alors, la question elle-même a sa propre vitalité. N'acquiescez pas, je vous en prie, testez-le vous-même. C'est comme un bouton de rose. Si la question reste en suspension, elle est comme un bouton de rose qui petit à petit se déploie et montre sa substance, sa profondeur – elle a sa propre vitalité, son énergie, sa fougue. Voilà ce qu'est un dialogue, pas simplement adopter ce que le bonhomme raconte.
28:44 So we are asking, is freedom – not from something – is it love? And is love a reaction? That is, I see a beautiful woman, or a man, or a marvellous statue – I'd love to have it, I'd love to have it on my wall, look at it day after day, and each time I look at it, it is different, that's a great masterpiece. And, for most of us, love perhaps may not exist. Please, I am just asking this, I am not saying it does not exist. For most of us perhaps we don't know what it is. We know attraction, we know tenderness, we know pity, we know guilt, remorse, and jealousy. The crows are making an awful lot of noise – I am sorry. Is all that love? Do you understand my question? If it is not love, then love has no reaction. Then that is freedom, which is not born out of a reaction. You may be a Christian, and being intellectual, you might become a Buddhist. You have chosen, you are free to become a Buddhist, because Buddhism is much more intellectually active, interesting, it has got great depth in it, and all the rest of it. And you are free from one and trapped in the other. And you may love the Buddha, rejecting your own particular deity. And this is called freedom. The crows are free ! This is very important to understand, not intellectually, not verbally, but the depth and the beauty of it. Donc, la question est : la liberté – pas 'de' quelque chose – est-ce l'amour? Et l'amour est-il une réaction? Je vois une belle femme, ou un homme, ou une merveilleuse sculpture – j'adorerais l'avoir, j'adorerais l'accrocher à mon mur, la regarder jour après jour, chaque fois que je la regarde, elle est différente, c'est une grande oeuvre d'art. Pour la majorité d'entre nous, il est probable que l'amour n'existe pas. S'il vous plaît, ce n'est qu'une question, je ne suis pas en train de dire qu'il n'existe pas. Mais, pour la plupart peut-être, nous ne savons pas ce que c'est. Nous connaissons l'attirance, la tendresse, la pitié, nous connaissons la culpabilité, le remords et la jalousie. – les corbeaux font un tapage infernal, je suis désolé – mais est-ce que tout cela est l'amour? Vous comprenez la question? Si cela n'est pas l'amour, alors l'amour est sans réaction. Et cela, c'est la liberté, qui n'est pas née d'une réaction. Disons que vous êtes chrétien, un intellectuel, et que vous deveniez bouddhiste. C'est votre choix, vous êtes libre de devenir bouddhiste, et le bouddhisme est bien plus actif intellectuellement, plus intéressant, il a une grande profondeur, etc. Vous voilà donc libre de l'un et piègé dans l'autre. Vous aimez le Bouddha, disons, donc vous répudiez votre divinité personnelle. Et on appelle cela 'liberté'. Les corbeaux sont libres! Ceci est très important à comprendre, pas au niveau verbal ou intellectuel, mais dans sa profondeur et dans sa beauté.
32:28 And we also should ask when we are talking about the art of living, what is beauty? The great architecture, the cathedrals of Europe, the great temples and the mosques of the world, constructed with great architects, the great painters, the great sculptors – Michelangelo, ah ! When you see all that, that's beautiful. So is beauty manmade? Please exercise your brains to find out. A tiger is not manmade, thank the Lord ! A tree in a field alone, solitary, with all the dignity of a marvellous old tree – that's not manmade. But the moment you paint that tree, it's manmade, and you admire, you go to a museum to see that tree painted by a great artist. So in our life, which is part of the art of living, is to understand the depth and the beauty of freedom, and the goodness of it. And beauty – not the picture, the poem, the marvellous writer – but what is beauty? A beautiful man, a beautiful woman, a face that has depth. And without that aesthetic quality in life, which is born of sensitivity, which is born out of all the senses in action, not one particular, or two, or three senses, but the whole movement of the senses. Surely beauty is when the self is not. You understand? When I am not, beauty is. When the self is not, love is. And so love, freedom, goodness, beauty, are one. Not something separate, not something pursued, one pursues what is beauty and spends the rest of his life on that. But they are all interrelated. Goodness, that word, though it is very old-fashioned, that very word has an extraordinary depth. To feel the depth of goodness, and that can only be when there is freedom, when there is love, beauty. Et nous devrions aussi demander, puisque nous parlons de l'art de vivre, qu'est-ce que la beauté? La grande architecture – les cathédrales d'Europe, les grands temples et les mosquées du monde bâties par de grands architectes – les grands peintres, les grands sculpteurs, ah... Michel-Ange! Quand vous voyez tout cela, cela est beau. Alors, la beauté est-elle créée par l'homme? Faites marcher vos cerveaux, je vous prie. Un tigre n'est pas fait de la main de l'homme, Dieu merci! Un arbre seul dans un champ, solitaire, un merveilleux vieil arbre dans toute sa dignité, il n'est pas de la main de l'homme. Dès l'instant où vous peignez cet arbre, c'est la main de l'homme, et vous admirez, vous allez dans un musée pour voir cet arbre peint par un grand artiste. Donc dans notre vie, l'art de vivre c'est saisir la profondeur et la beauté de la liberté. et le bien qu'elle porte en elle. Et la beauté – pas le tableau, le poème, le merveilleux écrivain. Qu'est-ce que la beauté? Un homme beau, une femme belle, un visage qui a de l'intériorité, cette qualité esthétique de la vie, née de la sensibilité, qui naît quand tous les sens sont en action, pas un seul sens, ou deux, ou trois, le mouvement total des sens. La beauté, c'est certain, existe quand le moi n'existe pas. Vous comprenez? Quand je ne suis pas, la beauté est. Quand le 'moi' n'est pas, l'amour est. Donc l'amour, la liberté, le bien, la beauté ne sont qu'un. Ils ne sont pas séparés, on ne peut les poursuivre – on court après la beauté, et on y consume toute sa vie. Pourtant, ils sont tous reliés. Le bien, un mot pourtant si démodé, rien que ce mot a une profondeur incomparable. Sentir la profondeur du bien n'est possible que dans la liberté, quand il y a l'amour, la beauté.
37:01 And we ought to also talk over together this extraordinary problem, as we dealt with yesterday about death and suffering, we ought to enquire together what is religion, because that is part of our life. And to find out what is true religion – not all this phoney stuff that is going on in the world – sorry if you are Christians, don't be upset by what the speaker is saying, nor the Hindus, please don't get upset, or get angry – it is all a network of superstition, a network of beliefs, hopes born out of fear. You invent God. All that, the ceremonies, all the things that are in the churches, in the cathedrals, in the temples and mosques, are put together by thought. Nobody can deny that. And thought, as we pointed out, is a material process, because thought is based on experience, knowledge, memory, stored in the brain and contained in the cells, therefore it is a material process. That which thought creates has nothing to do with sacredness. You may worship the things that thought has invented, you may worship your guru and your scriptures – the Bible, the Koran, whatever books you read, so-called religious literature – but they are all the product of thought, not straight from God's mouth, or the horse's mouth. All that is not religion. Right? It is very difficult for most people to see this clearly because we always have hope in our heart for something which will give us strength, which will free us from our mortal travail. We want somebody to comfort us, the great Father, up there. I'd love to tell you a good joke, but I won't – it's not the moment. Nous devrions parler ensemble de ce problème immense, tout comme nous avons parlé hier de la mort et de la souffrance, nous devrions examiner ensemble ce qu'est la religion, car elle fait partie de notre vie. Et pour découvrir la vraie religion – pas tous ces trucs bidon qui ont cours dans le monde, désolé pour les chrétiens, ne vous froissez pas de ce que l'orateur est en train de dire, les hindous non plus, ne soyez pas froissés, ou irrités – tout cela n'est qu'un tissu de superstitions, un tissu de croyances, d'espérances toutes nées de la peur. Vous inventez Dieu Toutes les cérémonies, tous les objets que contiennent les églises, les cathédrales, les temples et les mosquées, sont fabriqués par la pensée. Personne ne peut discuter cela. Et, comme nous l'avons dit, la pensée est un processus matériel, car elle est fondée sur l'expérience, le savoir, la mémoire, stockés dans le cerveau, contenus dans les cellules, donc c'est un processus matériel. Ce que la pensée engendre n'a rien à voir avec le sacré. Vous pouvez toujours adorer ces choses inventées par la pensée, vous pouvez bien vénérer votre gourou, vos Écritures – la Bible, le Coran, n'importe quel livre, la prétendue littérature religieuse – mais tout cela, c'est le produit de la pensée, cela ne tombe pas de la bouche de Dieu, de la bouche du cheval, tout cela n'est pas la religion. D'accord? Nous avons presque tous bien du mal à voir cela clairement, car nous avons tous au coeur l'espoir de quelque chose qui nous donnera de la force, qui nous libèrera de notre mortelle affliction. Nous voulons le réconfort de quelqu'un, du Père Éternel, là-haut. Je vous raconterais bien une bonne histoire, mais ce n'est pas le moment.
40:26 So we want somebody to comfort us, somebody to tell us what to do, somebody to worship, somebody to cling to in our loneliness and despair. When we are shedding tears we want somebody to hold our hand. And so thought invents all these extraordinary illusions, like God, all the rituals, all the things you worship in temples, and mosques, and churches – it's all the product of thought. And so we are saying, all that is not religion. Would you see that? Not just intellectually, then it becomes a game, rather a stupid game, but if you actually see that it has no meaning, it is a sense of deception, hypocrisy, because that has nothing to do with our daily living. You have had every kind of god from the most ancient of times, pre-history, and these gods, and their goddesses, and their rituals have not changed the human brain, human brutality, human wars. You may worship your gurus, follow them, but you are not going to stop any war, you are not going to change your whole being. Donc, nous voulons quelqu'un qui nous soutienne, quelqu'un qui nous dise quoi faire, quelqu'un à adorer, quelqu'un à qui nous attacher, dans notre solitude et notre désespoir. Quand on pleure, on veut quelqu'un pour nous tenir la main. Alors la pensée invente toutes ces incroyables illusions, Dieu, les rituels, tout ce que vous adorez dans les temples, les mosquées, les églises – tout cela, est le produit de la pensée. Et nous disons donc, tout ceci n'est pas la religion. Vous le voyez? Pas intellectuellement, cela devient un jeu, un jeu assez stupide – voir que cela n'a aucun sens, vraiment, que c'est un genre de tromperie, d'hypocrisie, car cela n'a rien à faire avec notre vie quotidienne. Vous avez eu toutes sortes de dieux, depuis la nuit des temps, depuis la préhistoire, et ces dieux, et leurs déesses, et leurs rituels n'ont pas changé le cerveau humain, la brutalité humaine, les guerres des hommes. Vous pouvez bien révérer vos gourous et les suivre, mais cela ne vous fera pas stopper une seule guerre, cela ne vous fera pas changer votre être tout entier.
42:46 So we ought to enquire what is religion. To enquire one must be free of all superstitions, naturally, from all authority. Will you do that? The authority of the book, the authority of tradition, the authority which you create for yourself, based on your own experience. You understand all this? So that your mind, your brain is free from every kind of illusion. Is that possible? Because the brain invents illusions, myths. All the mythology of Greece, of ancient Egypt, and your own Christian and Hindu mythology – all the inventions of thought, super-star, and so on. Can the brain be actually free of all that? And the brain has been conditioned, for century upon century, through propaganda, through tradition, through books – what religion is. Will you be free of that? Not become an atheist, which is another reaction, but to have a brain that's completely free. That requires a great deal of investigation into oneself, a great deal of attention to every thought, every movement of action, so that your whole being is completely denuded of every kind of illusion, which is not easy because we don't understand the nature of desire. It is the desire for comfort, for some help – you understand? – that creates illusions. To desire illumination, that's what you all want. Donc, il nous faut examiner ce qu'est la religion. Pour examiner, il faut être libre de toute superstition, naturellement, et de toute autorité. Êtes-vous prêts à cela? L'autorité du Livre, l'autorité de la tradition, l'autorité que vous vous êtes fabriquée tout seul, à partir de votre propre expérience. Vous comprenez tout ceci? Avoir un esprit, un cerveau libéré de toute espèce d'illusion. Est-ce possible? Car le cerveau invente des illusions, des mythes. Toute la mythologie de la Grèce, de l'ancienne Egypte, votre mythologie personnelle, chrétienne, hindoue – tout cela est l'invention de la pensée, super-star et tout ça. L'esprit peut-il vraiment se défaire de tout cela? Le cerveau a été conditionné, siècle après siècle, par la propagande, par la tradition, par les livres – c'est cela la religion. Allez-vous vous libérer de tout cela? Sans devenir athée, c'est encore une réaction – avoir un cerveau complètement libre. Cela demande beaucoup de recherche sur soi, une grande attention à chaque pensée, au moindre mouvement de l'action, pour que tout votre être soit entièrement dépouillé de toute forme d'illusion, et cela n'est pas facile, car nous ne comprenons pas la nature du désir : c'est le désir de réconfort, d'assistance – vous comprenez – qui crée les illusions, le désir d'atteindre l'éveil – c'est ça que vous voulez tous.
46:26 So we ought to investigate what is desire. You understand this? We ought to enquire seriously, honestly – at least for this hour – honestly find out for yourself what is desire, why desire has made us what we are, fighting each other, competitive, hating each other, the desire for power. Power, whether it is political power or the power of a priest, or the power of the image in the temple, the power of a husband over his wife, over his daughter-in-laws – you follow? – power. A man having great knowledge, it gives him great power. Power in any form is evil, ugly, brutal. And we all want power – power means money. Money means freedom to do what you want to do. So one has to have a brain that is free from all authority and power. Will you do it? Will you study this? Will you go into it? Or you are just listening, spending an hour listening to something that is true and then forget it as you leave this place. That's what you are going to do. And therefore you shouldn't be here if you are going to do that, because that will act as a poison – hearing something true and not living it. Then you have a conflict, and conflict destroys, degenerates the brain So either don't listen, or listen with all your heart and mind so that the word is the action. The two are not separate. So can you have a brain that is totally free from all tradition, all authority – including your own authority, which is having confidence in yourself, which gives you an authority. You understand, this is a very complex problem. The authority of the policeman, the authority of the government, the law – which you apparently disregard totally – the authority of taxes. Is that all right, may I… Alors il faut examiner ce qu'est le désir. Vous comprenez cela? Il faut examiner avec sérieux, avec honnêteté – au moins pour cette heure – trouver nous-mêmes, honnêtement, ce qu'est le désir, pourquoi le désir nous a rendus ainsi, querelleurs, en rivalité, nous haïssant mutuellement – le désir de pouvoir. Le pouvoir en politique ou le pouvoir du prêtre, le pouvoir de l'image à l'intérieur du temple, le pouvoir du mari sur sa femme, sur sa bru – vous suivez? – le pouvoir. Un homme de grand savoir jouit d'un grand pouvoir. Le pouvoir sous toutes ses formes est maléfique, laid, brutal. Et nous voulons tous le pouvoir, le pouvoir c'est l'argent, l'argent c'est la liberté de faire ce que vous voulez. Donc, il nous faut un cerveau affranchi de toute autorité et de tout pouvoir. Êtes-vous prêts à celà? Allez-vous y réfléchir? Allez-vous l'approfondir? Ou vous êtes là à écouter, vous allez passer une heure à écouter une chose qui est vraie, et l'oublier dès que vous partirez. C'est ça que vous allez faire. Si c'est ça que vous allez faire, vous ne devriez pas être ici, car cela va agir sur vous comme un poison – d'entendre la vérité et de ne pas la vivre. Vous allez être en conflit, et le conflit détruit, détériore le cerveau. Donc n'écoutez pas. Ou alors mettez-y tout votre coeur, tout votre esprit, alors le mot est l'action, les deux ne sont pas distincts. Y a-t-il un cerveau entièrement libre de toute tradition et de toute autorité, – y compris de votre propre autorité, de cette confiance en vous, qui vous confère une autorité? C'est un problème très complexe, vous comprenez? L'autorité de la police, du gouvernement, de la loi – que vous semblez royalement ignorer – l'autorité des impôts... Ça va? Je peux?
50:48 So, can your brain be free from all this, and that freedom is not a reaction, because you understand the nature of authority, you understand the nature of tradition – that is mere following, mechanically accepting, which degenerates the brain. You see that, and therefore you put it away, it is not a reaction. If you react, then you are back again into the old pattern. Donc votre cerveau peut-il être libre de tout cela – cette liberté n'est pas une réaction, car vous comprenez la nature de l'autorité, vous comprenez la nature de la tradition qui consiste à suivre, à accepter machinalement, et qui fusille le cerveau. Le voir, c'est le rejeter, ce n'est pas une réaction. Réagir c'est retomber dans la bonne vieille ornière.
51:38 So then one can ask, what is religion. You understand? Only then you can find out. And that implies meditation. May I use that word? Because that word has been used by every kind of guru, and the money-makers of gurus, with their power, position, they teach you. There are many schools in different parts of the world, teaching you meditation, Tibetan meditation. – oh God, it all sounds so silly, all this – Tibetan, the Buddhist, the Hindu, Zen, and your own guru invents a particular form of meditation, and you are caught in it. But you never enquire, – because you are too greedy to get something – you never enquire what is meditation. What does it mean? Not how to meditate. If you ask how to meditate, then it is very simple : do this and don't do that, sit for ten hours on your head… stand on your head, sit in a certain posture, breathe in a certain way, control your mind, thought. And who is the controller to control the thought? Have you asked that? Who is the controller when you want to control your thought in meditation, or when you are in business, or anywhere else – who is the controller? Isn't he also part of thought? Right? Isn't he? So, controller, who is also thought, controls thought. You understand the game we play? Après, on peut demander ce qu'est la religion. Vous comprenez? C'est à partir de là qu'on peut découvrir. Et cela implique la méditation. Puis-je employer ce mot? Ce mot utilisé par les gourous de tous acabits, les gourous faiseurs d'argent, du haut de leur pouvoir, de leur statut, ils vous enseignent. Il y a beaucoup d'écoles dans le monde pour vous apprendre la méditation. la méditation thibétaine – Seigneur, c'est tellement idiot, tout cela – la bouddhiste, l'hindoue, la zen, et votre propre gourou invente une forme particulière de méditation et vous vous y faites piéger. Mais vous ne cherchez jamais à savoir – vous êtes bien trop avides d'obtenir quelque chose – à savoir ce qu'est la méditation. Qu'est-ce que cela veut dire? Pas 'comment méditer', si vous demandez comment méditer, c'est simple : 'Faites ceci, ne faites pas cela, dix heures sur votre tête, posé sur votre tête, prenez telle posture assise, respirez de telle façon, contrôlez vos pensées'... Et qui est le contrôleur qui contrôle la pensée? Vous avez posé cette question? Qui est le contrôleur lorsque vous voulez contrôler votre pensée en méditant, où dans votre travail, ou ailleurs – qui est le contrôleur? Ne fait-il pas partie de la pensée, lui aussi? D'accord? N'est-ce pas? Donc le contrôleur, qui est aussi de la pensée, contrôle la pensée. Vous voyez le jeu auquel nous jouons?
54:25 So, what is meditation? The meditation that we do is born of desire. No? We want to achieve peace of mind – I don't know whatever that may mean. We want to achieve illumination, we want to reach nirvana, we want to become something. Right? We're always… That's part of meditation – climb the ladder, ladder to heaven – which is climbing the ladder of success, same thing, not much different. The man who is born a clerk wants to become the manager; you meditate in order to become God knows what. So you meditate. So if you can put all that aside, what is meditation? To find that out let's go briefly into what is desire. Alors, qu'est-ce que la méditation? La méditation que nous pratiquons est née du désir. Non? Nous voulons atteindre la paix de l'esprit – je ne sais pas ce que cela peut vouloir dire. Nous voulons atteindre l'éveil, nous voulons trouver le Nirvana, nous voulons devenir quelque chose, non? Cela fait partie de notre méditation de s'élever dans l'échelle, l'échelle qui mène au ciel – donc s'élever dans l'échelle du succés, c'est la même chose, il n'y a pas grande différence. L'homme qui est né employé veut devenir directeur, et vous méditez pour devenir Dieu sait quoi. Donc, vous méditez. Maintenant, si vous pouvez mettre tout cela de côté, qu'est-ce que la méditation? Pour le découvrir, il faut revenir brièvement au désir.
56:13 What is desire? What is the source of desire? How does the desire spring from? Is desire born from the object perceived? I see a beautiful car, the seeing creates the desire. Right? Please, careful, don't agree what I'm saying. We are going to contradict all that presently, so don't be caught in a trap. Does the object create desire? I see a beautiful house and I want it. I see an extraordinarily intelligent, beautiful depth of (inaudible), and say, 'My God, I wish I had that.' So we ought to enquire very carefully into what is desire. Not suppress desire. We are not saying suppress desire, or give in to desire. Like the monks suppress desire, and the others indulge in desire. So we ought together find out for ourselves – for ourselves, not be told, and the speaker is not telling you, for God's sake, he is not telling you ! Find out what is desire. The object – a car, or a woman, or a beautiful tree, all that which you see in a lovely garden, the green lawn, the border of flowers, the scent of early morning, spring in a garden, you see all that and you say, 'My God, I wish I had a garden like that.' Don't you all know that kind of desire? Yes, sirs. So, we are not suppressing or indulging, we are enquiring into what is desire. If one can understand the nature and the structure of desire then you can deal with it. You see the car – I am taking that silly example, you can take your own particular example – you see something mechanical – a car, a good watch. Seeing, that is visual, seeing, then from that seeing, sensation – right? – from that sensation what takes place? Contact is part of sensation – right? – then – just a minute – then what takes place? Don't repeat – if you have heard this before from the speaker, don't repeat it, because then that means nothing. Repetition. I saw a parrot once, beautiful parrot, lovely plumes, it was chattering away what the master had been talking about. And that's what you generally do – repeat, repeat, repeat… So please don't repeat, then you become second-hand human beings, without dignity. So, seeing, contact, sensation. Now, what takes place after that? Go very slowly, find out. I see this very good watch a friend gave, I see this in the window. I go inside, examine it, touch it, feel it, see the weight of it, who made it – and then what happens? Then thought comes in, creates an image, and says, 'I wish I had it.' That is, seeing, contact, sensation, then thought immediately creates the image and then that very second when thought creates the image of you in the car, or you having that watch, at that second desire is born. Right? Are we clear on this matter? At least intellectually. Qu'est-ce que le désir? Quelle est la source du désir? Comment le désir... D'où surgit-il? Est-ce qu'il prend naissance dans l'objet perçu? Je vois une belle voiture, cette vue fait naître le désir, n'est-ce pas? Attention, je vous prie, ne soyez pas d'accord, car on va dire tout le contraire sous peu, ne vous faites pas piéger. Est-ce l'objet qui crée le désir? Je vois une belle maison, je la veux. Je vois une extraordinaire intelligence, la beauté... la profondeur d'un homme et je dis : 'Mon Dieu, comme je voudrais avoir cela!' Donc il nous faut examiner de très près ce qu'est le désir, pas le réprimer. Nous ne disons ni de réprimer le désir, ni de l'accomplir. Les moines répriment le désir et les autres se livrent au désir. Il nous faut donc trouver nous-mêmes – trouver nous-mêmes, pas selon des instructions, l'orateur ne vous dit pas quoi faire, pour l'amour du ciel, il ne vous impose rien! Découvrez ce qu'est le désir. L'objet – une voiture, une femme, ou un bel arbre, tout ce qu'on voit dans un joli jardin, la pelouse verte, les bordures fleuries, l'odeur du petit matin, le printemps dans un jardin, en voyant tout cela, vous dites : 'Mon Dieu, j'aimerais un jardin comme celui-là.' Ne connaissez-vous pas tous ce genre de désir? Oui, Messieurs. Donc, nous ne réprimons pas, nous n'y cédons pas, nous enquêtons sur le désir. Si l'on peut comprendre la nature et la structure du désir, on est capable de le traiter. Vous voyez une voiture – pour prendre cet exemple simplet, vous pouvez prendre un exemple personnel – vous voyez une chose mécanique, une voiture, une belle montre. On le voit, c'est visuel, voir, puis, à partir de la vision, une sensation, n'est-ce pas? Et qu'est-ce qui se passe à partir de cette sensation? Le contact fait partie de la sensation, d'accord? Ensuite – une minute – qu'est-ce qui arrive? Si vous avez déjà entendu l'orateur le dire, ne répétez pas, ne répétez pas! Car cela ne veut plus rien dire, la répétition. Un jour j'ai vu un perroquet, un beau perroquet, avec de belles plumes, et il bavassait sans arrêt tout ce que son maître avait dit. C'est cela que vous faites en général, répéter, répéter, répéter... Donc, je vous en prie, ne répétez pas, cela fait de vous des êtres de seconde main, sans dignité. Donc, vision, contact, sensation. Qu'est-ce qui se passe ensuite? Doucement, cherchez. Je vois cette très belle montre donnée par un ami, dans une vitrine. J'entre, je l'examine, je la sens, je la touche, son poids, sa facture – ensuite, qu'est-ce qui arrive? Ensuite la pensée entre en scène, crée une image, et dit : 'je voudrais l'avoir'. Donc, vision, contact, sensation, puis la pensée crée instantanément une image, alors, à la seconde même où la pensée crée l'image de vous dans la voiture, ou de vous avec cette montre, à cette seconde, le désir est né. D'accord? Sommes-nous au clair sur ce sujet? Au moins intellectuellement.
1:02:45 Now, if you see that, can there be an interval between seeing, contact, sensation? An interval before thought makes a shape of it. You understand? Do you understand what I am talking about? Do you understand? An interval. Can you do it? It's all so rapid. So when you slow it down, like a motion picture, slow it down, then you see everything in detail. And that's desire. So extend the gap. Because you are desire, you are the very structure of thought and desire. So if you understand, if you look into the nature of thought and your reactions, you can slow the whole mechanism down, very quietly, slowly. Or you understand this instantly. That requires attention, passion to find out. Alors, si vous le voyez, peut-il y avoir un intervalle, entre voir-contact-sensation, un intervalle avant que la pensée ne lui donne forme. Vous comprenez? Vous voyez de quoi je parle? Vous comprenez? Un intervalle. Pouvez-vous le faire? Tout cela est si rapide. Quand vous le ralentissez, comme le ralenti dans un film, vous voyez toutes les choses en détail. C'est cela le désir. Alors, augmentez l'intervalle. Parce que vous êtes désir, vous êtes la structure même de la pensée et du désir. Si on comprend, si on pénètre la nature de la pensée, vos réactions, on peut ralentir tout le mécanisme, calmement, doucement. On peut aussi le comprendre instantanément. Cela exige de l'attention, la passion de découvrir.
1:04:44 So, let's go back to meditation. That is, if you have understood, not verbally, if you understand the nature and the structure of desire, then we can go back and find out what is meditation. Is conscious meditation meditation? You understand my question? Is it? Obviously not. If I consciously sit down for ten minutes a day, or twenty minutes in the morning, twenty minutes in the afternoon, twenty minutes in the evening, then it becomes a relaxation, siesta, nice comfortable, enjoyable 'go to bed' – that's what is called, I won't name it, you know all that business. So what is meditation? If you consciously meditate it has a direction, a motive, a desire to achieve. Surely that is not meditation, is it? That's like a clerk becoming a manager – he is working, working, working. The two things are the same. You call that business, the other calls it religious achievement. Both are exactly the same thing. Do we see that? Gentlemen, do you see it, who meditate? Of course not. That means giving up your pet enjoyment, pet entertainment. So we are saying conscious meditation is no meditation because it is born of desire. Therefore it is born out of a desire to achieve, to become something, which is the self becoming something. The self, the 'me' becoming God. It sounds so silly. Forgive me for using that word. Then what is meditation? If it is not conscious meditation, then what is meditation? You understand? Revenons à la méditation. Ou plutôt, si vous avez compris, sans l'aide des mots, la nature et la structure du désir, nous pouvons reprendre l'enquête sur la méditation. La méditation consciente est-elle la méditation? Vous comprenez la question? Évidemment non. Si je m'assieds délibérément dix minutes par jour, ou vingt minutes le matin, vingt minutes l'après-midi et vingt minutes le soir, cela devient de la relaxation, une sieste, un agréable, confortable, délicieux petit somme. C'est ce qu'on appelle je ne vais pas le nommer, vous connaissez tout ça. Alors, la méditation, qu'est-ce que c'est? Si vous méditez délibérément, c'est orienté, il y a un motif, un désir d'accomplissement. Cela ne peut pas être la méditation, n'est-ce pas? C'est l'employé qui devient directeur à force de travailler, travailler, travailler. C'est la même chose dans les deux cas. L'un on l'appellera business, l'autre réalisation spirituelle, mais c'est exactement la même chose, est-ce que vous le voyez? Messieurs, vous qui méditez, le voyez-vous? Bien sûr que non. Cela suppose de lâcher votre plaisir préféré, votre distraction préférée. Nous disons donc que la méditation consciente n'est pas la méditation parce qu'elle a pris naissance dans le désir. Elle a pris naissance dans le désir de réussir, de devenir quelque chose, c'est-à-dire le 'moi' qui devient quelque chose. Le 'moi' le 'je' qui va devenir Dieu. C'est tellement bête! Pardonnez-moi le terme. Alors, qu'est-ce que la méditation? Si elle n'est pas consciente, qu'est-ce que la méditation? Vous comprenez?
1:07:53 The word 'meditation' means also to ponder, to think over, and also measure – to measure. That's part of the meaning, the root meaning of that word 'meditation', both in Sanskrit, and so on. Now, can your brain stop measuring? You understand? I am this, I will be that. I am comparing myself with you, you are so beautiful, you have grace, you have brains, you have got quality, depth, you are aesthetically... wearing something extraordinary – I want that. You are measuring, which is comparison. Right? Can you stop comparing? Don't agree – stop comparing, find out what it means to live without a movement of comparison. Le mot 'méditation' signifie aussi peser les choses, réfléchir, et aussi mesurer. Cela est, en partie, le sens du mot 'méditation', son sens originel en sanscrit, etc. Alors, votre cerveau peut-il cesser de mesurer? Vous saisissez? Je suis ceci, je serai cela. Je me compare à vous, vous êtes tellement beau, vous avez de la grâce, vous avez un bon cerveau, une qualité, une profondeur, vous êtes un esthète, vous portez un habit merveilleux – je veux ça. Vous êtes en train de mesurer, c'est cela la comparaison. D'accord? Pouvez-vous cesser de comparer? Ne dites pas 'd'accord', arrêtez de comparer, découvrez ce que cela veut dire, vivre sans la moindre comparaison.
1:09:12 So you understand? Love is not a reaction, therefore it is free – not to express what you want, that's a reaction. And freedom is part of that love. Where there is love there is intelligence, not born out of thought. Intelligence is something outside the brain – I won't go into all this, it's too complicated. Like compassion. Compassion, love, freedom is outside the brain. I know, I could go into it – there is no time. Because the brain is conditioned, it can't contain this. Donc vous comprenez? L'amour n'est pas une réaction, donc il est libre – pas libre d'exprimer ce qui vous chante, cela c'est une réaction. Et la liberté fait partie de cet amour. Où est l'amour, est l'intelligence, pas celle issue de la pensée. L'intelligence est en dehors du cerveau – je ne veux pas entrer là-dedans, c'est trop compliqué. Comme la compassion. La compassion, l'amour, la liberté – en dehors du cerveau. Je sais, je pourrais développer, mais le temps manque. Le cerveau est conditionné, il ne peut pas contenir cela.
1:10:20 So, meditation is not conscious deliberate act. There is a totally different kind of meditation which has nothing whatsoever to do with thought and desire. And that means a brain that is really, if I may use the word, empty. Empty of all the things that thought of man is made. And where there is space – because freedom means that, love means that, space, vast, limitless space – and where there is space there is silence and energy. If you are thinking about yourself all day long, which most of us are, then you have reduced the extraordinary capacity of the brain to such a small issue about yourself, therefore you have no space. And so the brain, though it has its own rhythm – not that the speaker is a specialist on brains, but he has lived a long time, studied time in himself, watched others – the brain has its own rhythm that can be left alone. But when the brain is silent, not chattering, quiet, utterly… then there is that which is not measurable by words, that which is eternal, nameless. Donc, la méditation n'est pas un acte conscient et délibéré. Il existe une forme de méditation totalement diférente qui n'a strictement rien à voir avec la pensée et le désir. Cela veut dire un cerveau qui est, véritablement, si je peux employer ce mot, vide. Vide de toutes les choses qui ont fait la pensée de l'homme. Et quand il y a l'espace – c'est cela le sens de la liberté, le sens de l'amour, c'est l'espace, un vaste espace, sans limites – et quand il y a l'espace, il y a le silence et l'énergie. Si vous pensez à vous toute la journée, comme la plupart d'entre nous, vous réduisez l'extraordinaire capacité du cerveau à cette toute petite chose que vous êtes, et bien sûr vous n'avez pas d'espace. Donc le cerveau, qui a son propre rythme – l'orateur n'est pas spécialiste du cerveau, mais il a vécu longtemps, il a vu le temps en lui-même, et observé les autres – le cerveau a son propre rythme, on n'a pas à s'en occuper. Mais quand le cerveau est silencieux, ne bavarde pas, calme, tout à fait... alors il y a ce qui n'est pas mesurable par les mots, ce qui est éternel, ce qui n'a pas de nom.