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BR79Q2 - 2e session de questions/réponses
Brockwood Park, Angleterre
30 août 1979



0:31 Nous avons jusque là 150 questions ! Je ne pense pas qu'il sera possible de répondre à toutes, ce matin. Il faudrait probablement un mois pour y répondre et alors, ni vous, ni moi ne serons plus là.
0:57 Avant que nous répondions à ces questions, rappelez-vous, s'il vous plaît, que nous partageons la question autant que la réponse. Il se peut que votre propre question ne reçoive pas de réponse, parce qu'avec tant de questions il est impossible d'examiner chacune d'entre elles. Mais je pense que nous avons plus ou moins choisi ou regroupé les plus représentatives d'entre ces 140 questions. J'espère donc que vous ne verrez pas d'inconvénient au fait que votre question ne soit pas spécifiquement abordée. La plupart d'entre nous, j'en ai peur, posons des questions en essayant de trouver les réponses chez les autres. Quand nous posons effectivement une question, nous devons découvrir pourquoi nous la posons. Est-ce une question sérieuse, sincère, adéquate? Ou une question fantaisiste, qui ne peut donc reçevoir de réponse correcte et vraie? Mais , comme nous l'avons dit, nous allons partager ensemble les questions et les réponses. Et j'espère que nous pourrons faire ça ce matin. J'espère que vous n'avez pas trop chaud.
3:13 L'orateur a dit qu'aller au bureau, chaque jour, de neuf heures à cinq heures, est une forme intolérable d'emprisonnement. Mais, quelle que soit la société, toutes sortes de tâches doivent être remplies. L'enseignement de K. est-il donc réservé au petit nombre?
3:38 Vous avez compris? Dois-je la relire? L'orateur a dit que la société humaine est ainsi construite, partout dans le monde, que la plutart des gens sont accaparés par leur travail, agréable ou non, de 9 à 17 heures, chaque jour de leur vie. Et il a dit aussi qu'il s'agit là d'une forme intolérable d'emprisonnement.
4:24 Je ne sais ce que vous ressentez à ce propos. Vous aimez probablement être en prison, vous aimez probablement vos emplois, travailler de 9 à 17 heures, vous précipitant, à l'aller comme au retour, et tout ce qui s'ensuit.
4:41 Qu'allons-nous faire? Quant à l'orateur, il ne tolèrerait pas cette situation une seule minute - il s'agit de l'orateur. Je préfèrerais faire quelque chose qui soit, à la fois, agréable utile et nécessaire, me permettant de gagner suffisament d'argent et ainsi de suite. Mais, pour la plupart, nous acceptons cette prison, cette routine - n'est-ce pas? Vous comprenez? Nous l'acceptons. Alors, qu'allons-nous faire? Personne - pour autant que l'on soit suffisamment capable d'observer efficacement - personne n'a mis cela en question. Nous disons que c'est normal, que c'est le fait de la société, qu'ainsi va la vie, que nous devons vivre avec ça. Mais, si nous voyons tous ensemble qu'un tel emprisonnement, - car ce n'est pas autre chose - est intolérable, si tous nous ressentons cela, pas seulement au niveau verbal, mais en agissant effectivement là-dessus, alors, nous créerons une nouvelle société - n'est-ce pas? Nous le ferons si, tous ensemble, nous disons que nous ne tolèrerons pas un seul jour cette routine, cette monstrueuse activité de 9 à 17 heures, aussi nécessaire, aussi plaisante et agréable qu'elle puisse être. Aors nous ferons advenir, non seulement une révolution psychologique, mais aussi une révolution extérieure. N'est-ce pas? Nous pouvons être d'accord là-dessus, mais le ferons-nous? Vous pourriez dire : 'Non, je ne peux pas, à cause de mes responsabilités, j'ai des enfants, une maison, un crédit, une assurance' - Dieu merci je n'ai rien de tout cela ! Et ainsi, vous pourriez dire : 'Il est facile pour vous de parler de tout ça.' Mais il est facile à l'orateur d'en parler parce qu'il refuse de se conformer à ce modèle. Depuis son enfance, il l'a refusé.
7:44 Maintenant, si nous envisagions tous une révolution psychologique autant que physique, telle que celle ci, non sanglante et tout ce qui s'ensuit, alors nous créerons une toute autre société, n'est-ce pas? Vous voulez que d'autres créent la société, un moule dans lequel vous pourrez alors vous glisser. C'est ce que tout le monde attend. Quelques uns luttent, travaillent, créent et refusent de participer à cette foire d'empoigne, et les autres disent : 'Oui, une fois que vous aurez construit ce que vous pensez être une société juste, alors nous vous rejoindrons' - mais nous ne le faisons pas ensemble. C'est tout le problème. N'est-ce pas? Si nous réalisions tous, non pas l'idée, mais le fait que notre vie s'écoule ainsi de 9 à 17 heures, - probablement encore plus tôt - chaque jour de notre vie, pendant 60 ans et plus, nous ferions quelque chose à ce sujet. C'est comme refuser les guerres, vous comprenez - les guerres, tuer d'autres gens, au nom de votre pays, de votre Dieu, quel que soit l'idéal, si vous refusiez tous de tuer un autre homme, il n'y aurait pas de guerres - n'est-ce pas? Mais nous avons construit une société, érigé une société fondée sur la violence, les armements, chaque nation se protégeant contre d'autres nations, et ainsi, nous perpétuons les guerres, qui tuent vos fils, vos filles, tout ce qui vit. Et nous apportons notre soutien à cela. De la même manière, nous soutenons, maintenons cet emprisonnement. C'est peut-être plaisant pour ceux qui ont un emploi agréable, mais ceux qui refusent d'entrer dans ce jeu, devront agir, faire quelque chose.
10:42 Ainsi le problème est : voyons-nous l'importance ou la nécéssité de ce changement? Après tout, l'esprit humain n'est pas voué, seulement, à occuper un emploi particulier, plaisant ou déplaisant. L'esprit humain a bien d'autres qualités que nous négligeons. Nous sommes concernés par la totalité de la vie, pas seulement par une carrière - de 9 à 17h - mais par notre façon de vivre, ce que nous faisons, ce que nous pensons, si tout cela comporte de l'affection, de l'attention, de l'amour, de la compassion. Toutes ces choses font partie de la vie. Mais nous sommes si conditionnés par cette idée que nous devons travailler que nous créons la stucture d'une société qui exige que l'on travaille du matin au soir. L'orateur refuse de participer à cette foire d'empoigne. Ce n'est pas qu'il ait des dons particuliers, ou qu'il soit assuré qu'on prendra soin de lui, mais il s'y refuse. Pas un seul jour, je ne voudrais de ce... 9 à 17h et je ne le ferai pour personne, ni pour rien au monde. Même si je devais en mourir. De la même manière, je me refuse à tuer un autre être humain, quelles que soient les circonstances. Je sais ce que vous allez dire : 'et si votre soeur est attaquée?' - vous connaissez la chanson. Parce que la violence génère toujours plus de violence. Voyez ce qui se passe en Irlande. Mais nous sommes tous à ce point timides, tous si nerveux, effrayés, anxieux, avides d'une sécurité que nous pensons avoir, mais que nous n'avons pas.
13:37 Alors, voulez-vous explorer cela, et découvrir si vous pouvez vous libérer de cette foire d'empoigne, et pour le découvrir, il faut mobiliser ses capacités, son intelligence, et non se borner à dire : 'je ne le ferai pas'. Vous ne le faites pas parce que vous êtes intelligent, et non parce qu'on vous l'impose, ou parce que vous êtes influencé par quelque livre ou philosophe. Je crois que c'est très clair.
14:25 Et l'auteur de la question demande aussi : les enseignements de K. sont-ils donc réservés à quelques uns? C'est une des questions qui revient encore et encore. Qu'en pensez-vous? Si c'est pour quelques uns, cela n'en vaut pas la peine. Un instant, allons doucement. L'orateur dit que cela s'adresse à tout le monde. Mais tout le monde n'est pas sérieux, n'a pas l'énergie nécessaire, parce qu'il la dissipe de diverses manières. De sorte qu'il finit par en rester très peu - vous suivez? Ainsi, voyant cela, vous dites : c'est seulement pour quelques uns. Alors qu'en fait, si vous vous y mettez, si vous l'approfondissez sérieusement, dans un esprit d'enquête, et animé du désir de vivre une vie différente, c'est pour tout le monde. Il n'y a rien de secret dans tout cela. Mais il y a un grand mystère si vous allez au delà des limites de la pensée. Mais nous ne faisons rien de tout cela, n'en faisons pas l'essai, ni ne le mettons en pratique, nous boudons cette nourriture qui est là devant nous. Et les quelques uns qui en mangent disent : 'nous sommes l'élite'. En fait, ils ne sont pas l'élite, ce sont seulement des gens sérieux qui s'y sont mis, ils y ont réfléchi, ils l'ont exploré, voyant que cela affecte leur vie quotidienne. C'est alors seulement, que l'on peut créer une autre sorte de société.
17:01 'L'insight' n'est-il pas l'intuition? Voudriez-vous discuter de cette clarté soudaine qu'éprouvent certains d'entre nous. Qu'entendez-vous par 'insight', et s'agit il d'un phénomène momentané, ou peut-il être continu?
17:23 Dois-je relire la question? Auditoire: Oui. L' 'insight' n'est-il pas l'intuition? Vous connaissez ces deux mots, bien sûr. Voudriez-vous discuter de cette clarté soudaine qu'éprouvent certains d'entre nous. Qu'entendez-vous par 'insight' et s'agit-il d'un phénomène momentané, ou peut-il être continu?
18:05 Au cours des nombreux entretiens qu'a donnés l'orateur, il a utilisé le mot 'insight', c'est-à-dire pénétrer le sens profond des choses, voir tout le mouvement de la pensée, tout le mouvement, par exemple, de la jalousie. Percevoir la nature de l'avidité, voir tout le contenu de la souffrance. Ce n'est ni de l'analyse, ni l'exercice de facultés intélectuelles ni le résultat du savoir, le savoir étant tout ce que l'on a accumulé à travers le passé en tant qu'expérience, emmagasiné dans le cerveau, si bien que le savoir va de concert avec l'ignorance. Il n'y a pas de savoir complet, et donc le savoir et l'ignorance vont toujours de pair, comme les 2 chevaux d'un même attelage.
19:39 Alors qu'est-ce que ' l'insight'? Comprenez-vous ma question? Vous suivez cela? S'il vous plaît, il fait chaud ce matin, mais c'est sans aucune importance. Si l'observation n'est pas fondée sur le savoir, ni sur la capacité intellectuelle de raisonnement, de réflection, d'analyse, alors de quoi s'agit-il? Voilà toute la question.
20:24 Et l'auteur de la question demande également : est-ce l'intuition? Ce mot 'intuition' est plutôt trompeur du fait que beaucoup d'entre nous l'utilisent à tous propos. Le contenu d'une intuition peut être le résultat du désir. Mettons que l'on désire quelque chose, et puis, quelques jours plus tard, on a une intuition à ce sujet. Ce qui fait penser que l'intuition revêt une importance extraordinaire. Mais, si l'on creuse plus profondément, on découvrira peut-être que celle-ci est fondée sur le désir, sur la peur, sur différentes formes de plaisir. C'est pourquoi nous nous méfions plutôt de ce mot qu'affectionnent particulièrement les gens de sensibilité plutôt romantique, des gens plutôt imaginatifs, sentimentaux, et en manque de quelque chose. Ceux-là ont sans aucun doute des intuitions, mais probablement fondées sur quelque désir, évidemment trompeur. Donc, pour le moment, nous pouvons écarter le mot intuition. J'espère ne blesser aucun de ceux qui sont prisonniers de leurs intuitions.
22:06 S'il ne s'agit pas de cela, alors, qu'est-ce que ' l'insight'? C'est-à-dire, percevoir une chose instantanément, qui soit vraie, logique, saine, rationnelle. Vous comprenez? Et cet 'insight' doit agir instantanément. Ce n'est pas que j'ai un 'insight' et n'en fait rien. Si j'ai un 'insight', si l'on a un 'insight', qui affecte la nature globale de la pensée... - vous comprenez? c'est-à-dire, je vais expliquer un peu ce qu'est la pensée. Penser est la réponse de la mémoire. La mémoire est le résultat de l'expérience, du savoir, accumulés dans le cerveau. Et la mémoire répond. Où habitez vous? Vous répondez. Quel est votre nom? La réponse est immédiate. Et ainsi de suite. La pensée est le résultat ou la réponse de l'expérience accumulée, du savoir en tant que mémoire. C'est simple. Ainsi, cette pensée basée sur... ou plutôt issue du savoir, cette pensée est limitée du fait que le savoir est limité. Donc la pensée ne peut jamais inclure le tout. Elle est forcément toujours partiale et limitée, fondée sur le savoir et l'ignorance. De sorte qu'elle est à jamais confinée, limitée, étroite - n'est-ce pas? Maintenant, il s'agit d'avoir un 'insight' là-dedans, c'est-à-dire, existe-t-il une action qui ne soit pas une simple répétition de la pensée? Suivez-vous tout cela? d'avoir un 'insight' dans, disons, la question des organisations, prenons cela. N'est-ce pas? Avoir un 'insight' de la chose c'est-à-dire que vous observez sans la mémoire, sans souvenirs, sans argumentation pour ou contre, en voyant simplement tout ce mouvement et l'exigence d'organisation. Vous en avez alors un 'insight' et vous agissez en fonction de cet'insight'. Et cette action est logique, saine, équilibrée. Ce n'est pas que vous avez un 'insight' puis agissez à l'opposé : ce n'est alors pas un 'insight'. Je me demande si vous saisissez tout cela? Je suis désolé d'être aussi pressant. C'est ma façon de faire.
26:00 Avoir un 'insight', par exemple, dans le problème des blessures, des humiliations que chacun a subies dans l'enfance. Vous comprenez ma question? Nous tous avons été blessés pour des raisons diverses, ce, depuis l'enfance jusqu'à notre mort; nous portons en nous cette blessure psychologique. Il s'agit maintenant d'avoir un 'insight' dans toute la nature et la structure de cette blessure. Comprenez-vous ce que je dis? Suivez-vous tout cela? Vous êtes blessés, n'est-ce pas messieurs, psychologiquement blessés. Vous aussi, entrez avec moi dans le jeu. La balle est dans votre camp. De toute évidence, vous êtes blessés. Vous pouvez aller consulter un psychologue, un analyste, un psychothérapeute, qui retrouve l'origine de cette blessure, datant de l'enfance : votre mère était comme ceci et votre père comme cela, ou bien on vous a mis sur le mauvais pot de chambre, ou l'inverse, et ainsi de suite. (Rires) Ne riez pas, s'il vous plaît. Creusez la chose. Et, pour avoir vu ou cherché la cause, la blessure ne va pas pour autant être résolue. N'est-ce pas? Elle est là. Et les conséquences de cette blessure sont l'isolement, la peur, des résistances, le désir de ne pas être blessé davantage, d'où le repli sur soi. Vous connaissez tout cela. Voilà tout le mouvement qui mène à la blessure. Ce qui est blessé, c'est l'image que vous-même avez créée de vous-même. Vous comprenez? N'est-ce pas? Et donc aussi longtemps que cette image demeure, vous serez blessé, c'est évident. Maintenant, il s'agit d'avoir un 'insight' dans tout cela, sans analyser, le voir instantanément, et la perception même de cet 'insight', qui mobilise toute votre attention et votre énergie, fait que la blessure est dissoute. Et donc, une fois dissoute, il n'y a plus d'autre blessure. Je me demande si vous saisissez tout cela?
29:02 Puis-je vous demander très poliment si, après avoir entendu cela, vous avez eu un 'insight' qui va dissoudre votre blessure complètement, sans laisser de cicatrice, et donc plus de blessure, personne ne peut vous blesser. Vous comprenez? Vous blesser. Car cette image que vous avez créée de vous-même n'a pas de réalité. Suivez-vous tout cela? Le faites-vous? Ou êtes-vous seulement attentif au niveau des mots, prêtant attention aux mots?
30:00 Q: Je ne comprends pas vraiment ce que vous entendez en disant que nous avons créé cette blessure.
30:25 K: Tout d'abord qui est blessé? Que voulez-vous dire par 'être blessé'? Monsieur, que voulez-vous dire par 'être blessé'? Vous dites : 'je suis blessé' - vous en êtes conscient ou pas. L'on est blessé. Maintenant, qu'est-ce qui est blessé? Comprenez-vous ma question? Comprenez-vous, monsieur? Quelle est cette chose qui est blessée? Vous dites : 'C'est moi'. Qu'est-ce que ce 'moi'? C'est l'image que vous avez de vous-même. Si j'ai de moi une merveilleuse image, spirituellement, et tout ce bla bla - Hein? et que vous veniez me dire : 'non, vous n'êtes qu'un imbécile', je suis blessé. (rires) C'est-à-dire que la pensée - s'il vous plaît, suivez ceci - la pensée a créé une image de soi, et cette image ne cesse de comparer : mon image est meilleure que votre image, et ainsi de suite. Ainsi, tant qu'on a cette image de soi, quelqu'un va venir la piétiner. Et c'est là qu'est la blessure ou les blessures, au plan psychologique.
32:12 Avoir un 'insight' de cela c'est voir la totalité du mouvement la cause et l'image, et donc cette perception met d'elle-même fin à l'image. Comprenez-vous cela? Non. Non?
32:39 Il fait tellement chaud. Désolé pour le peigne - j'ai oublié.
33:01 Vous dites que les organisations ne peuvent aider l'homme à trouver ce que nous, chrétiens, appelons le salut. Dès lors, pourquoi avez-vous votre propre organisation?
33:18 Vous dites que les organisations ne peuvent aider l'homme à trouver ce que nous, chrétiens, appelons le salut. Dès lors, pourquoi avez-vous votre propre organisation?
33:42 En 1925 - certains d'entre vous n'étaient peut-être même pas nés. En 1925, l'orateur était à la tête d'une très importante et vaste organisation. Il en était le leader, et on le considérait avec dévotion - vous savez... tout ce fatras, les cierges et tout cela ! (rires) Ne riez pas, s'il vous plaît, nous ne faisons qu'énoncer des faits. Et celle-ci était considérée comme une organisation spirituelle, une organisation religieuse. Et en 1925, ou était-ce en 28 ou 29, j'ai oublié... ce n'est pas important, cette organisation appelée 'L'ordre de l'Etoile', fut dissoute par l'orateur, après qu'il ait déclaré que les organisations religieuses, quelles qu'elles soient, n'étaient pas spirituelles. Et il dissout cette organisation, rendit les biens, toute cette organisation.
35:01 Maintenant il a - non, pas il a - il y a plusieurs fondations, une en Inde, une dans ce pays-ci, une en Amérique et au Canada En Inde, il ya cinq écoles dans différentes parties du pays, avec beaucoup de terrain. Et ce sont des écoles qui opèrent sous la tutelle de la fondation K., qui est responsable des terrains, et qui s'assure que les écoles gardent plus ou moins le bon cap plutôt moins que plus, peut-être ! Et ici aussi, il y a une fondation en charge d'une école, et nous espérons que l'école continuera dans la bonne direction. Et la Fondation a la responsabilité de rassembler toutes ces discussions enregistrements et publications, etc., etc. Et il en va de même en Amérique et au Canada. Il n'y a rien de spirituel dans tout cela. N'est-ce pas? Elles assurent seulement une fonction. Elles sont nécessaires et la loi l'exige. Publier les livres - vous savez, tout le reste, et d'assurer autant que possible la pureté des enseignements. C'est la seule la fonction de ces fondations. Elles n'ont pas d'autre fonction. Ce ne sont pas des organisations spirituelles dont vous pouvez devenir les adeptes, en vue d'atteindre le Nirvana, le Paradis ou ce que vous voudrez. C'est très simple, très clair. Est-ce bien ainsi? Alors, s'il vous plaît, la prochaine fois, ne demandez pas pourquoi nous avons ces organisations. C'est très simple : il y a des écoles, elles publient des livres, des enregistrements, organisent des causeries partout où je me rends, et certaines sont là pour veiller physiquement sur l'orateur, parce que celui-ci ne possède pas d'argent. Quand l'orateur est en Inde, elles veillent sur lui, quand il est ici, elles veillent sur lui, quand l'orateur est en Amérique, elles font de même. Un point c'est tout. Est-ce tout? Le sujet est clos, n'est-ce pas? Pouvons-nous passer à la question suivante?
38:02 La sexualité est-elle incompatible avec une vie religieuse? Quelle place a la relation humaine dans l'aventure spirituelle?
38:16 La sexualité est-elle incompatible avec une vie religieuse? Quelle place a la relation humaine dans l'aventure spirituelle?
38:52 Tout d'abord, pourquoi les êtres humains, partout dans le monde, ont-ils donné une telle importance à la sexualité? Comprenez-vous ma question? Pourquoi? De nos jours, dans l'Occident permissif, des garçons ou des filles de douze, treize ans, ont déja des rapports sexuels. Et l'on se demande, pourquoi les êtres humains, au cours de leurs activités, tout au long de leur vie, ont donné à cette chose une importance aussi colossale? Allons messieurs, répondez. Posez-vous la question. Nous partageons la question ensemble - oui? Vous n'êtes pas là simplement pour écouter l'Oracle de Delphes, mais pour que nous explorions ensemble. C'est votre vie que nous regardons.
40:14 Il y a ces gourous, et toute une philosophie appelée Tantrisme, dont une partie est basée sur la sexualité. Au travers de la sexualité vous pouvez atteindre Dieu, quel que soit ce Dieu. Et c'est très populaire. Et puis il y a ceux, tels les moines, les ascètes indiens et les prêtres bouddhistes, qui ont refusé la sexualité, parce qu'ils ont tous maintenu que c'est une perte d'énergie, et que pour servir Dieu, vous devez y consacrer toute votre énergie. Donc, refusez, réprimez : tous ces besoins vous consument intérieurement, mais réprimez les, maîtrisez les. Donc, d'un coté la permissivité, de l'autre l'ascétisme prétendûment religieux. Et entre deux, ceux, qui, profitant de tout, des deux aspects, épousent tantôt le premier, tantôt le second ! Ils peuvent alors parler de l'un et de l'autre et voir s'ils peuvent ou non trouver l'harmonie entre les deux, et trouver Dieu - ou ce qu'il vous plaira de trouver. Il est probable que vous finirez par trouver un ramassis de sottises !
42:11 Ainsi nous demandons : pourquoi l'homme et la femme ont fait de la sexualité une affaire d'une telle importance? N'est-ce pas? pourquoi ne donnez-vous pas la même importance à l'amour - Vous comprenez? A la compassion? Au fait de ne pas tuer? Pourquoi donnez-vous cette immense valeur à la sexualité seule? Suivez-vous ce que je dis? Vos guerres, la terreur, les divisions nationales, la totale immoralité de la société dans laquelle nous vivons, pourquoi ne donnez-vous pas une importance égale à tout cela, et à bien d'autres choses? Suivez-vous? Pourquoi? Est-ce parce que la sexualité est le plus grand plaisir de votre vie? Une vie par ailleurs ennuyeuse, laborieuse, faite de luttes, de conflits, une existence dépourvue de sens? Et celle-ci, au moins, vous procure quelque chose comme une impression de grande jouissance, une impression de bien-être, une impression d'avoir ce que vous appelez une relation ou encore ce que vous appelez l'amour. Est-ce la raison pour laquelle nous sommes si fous de sexualité? Allez messieurs, répondez vous-mêmes. Parce que nous ne sommes pas libres par ailleurs. Il nous faut aller au bureau de 9 à 17h, où vous êtes bousculés par ceux qui vous dirigent, vous savez tout ce qui se passe, au bureau ou à l'usine, ou dans quelqu'autre emploi, quand on se trouve dominé par quelqu'un d'autre. Et nos esprits sont devenus mécaniques, suivez-vous tout cela? Nous répétons, répétons, répétons. Nous tombons dans les rets d'une tradition, dans un sillon, dans une ornière. Nous pensons dans ces termes : Je suis un chrétien, je suis un bouddhiste, je suis un hindou. Je suis un catholique, je révère le Pape - vous savez - autant de routes clairement balisées que vous suivez. Ou bien vous rejetez tout ça, et organisez votre propre routine.
45:41 Ainsi, nos esprits sont devenus esclaves de différents modèles d'existence - n'est-ce pas? Il est donc devenu mécanique. Et la sexualité, pour jouissive qu'elle soit, elle aussi, devient peu à peu mécanique. Alors nous demandons, si nous voulons vraiment approfondir cela, nous demandons : l'amour se réduit-il à la sexualité? Allons, posez-vous la question? L'amour se réduit-il au plaisir? L'amour est-il désir? L'amour est-il souvenir d'une expérience répétée que vous appelez sexualité, faite d'imagination de fantasmes, de rumination mentale... Est-ce cela l'amour? Oh, pour l'amour de Dieu ! L'amour est-il un souvenir?
47:08 L'auteur de la question demande aussi : Oh, bon sang, où ai-je mis ce papier? Le voilà. L'auteur de la question demande : Quelle est la place de la relation humaine dans l'exploration spirituelle? Voyez-vous à quoi nous avons réduit cela? La relation humaine étant le plaisir, la sexualité, le conflit, les querelles, les divisions, va de ton côté et moi du mien... Vous suivez? Voilà ce qu'est notre relation, notre relation effective, dans notre vie de tous les jours. Et quelle est la place de la relation humaine dans l'exploration spirituelle? De toute évidence, la relation telle qu'elle est, n'y a aucune place, c'est l'évidence. Nous sommes jaloux les uns des autres, nous voulons nous posséder réciproquement, nous dominer réciproquement, et il y a donc de l'antagonisme entre nous... insatisfait sexuellement, vous cherchez ailleurs, et dans cette relation sexuelle, il y a la solitude. N'est-ce pas? Voilà le tableau, monsieur. Et rechercher toujours son propre plaisir. Est-ce cela l'amour?
49:15 Donc vous négligez, écartez cette chose appelée amour, qui est peut-être la chose la plus merveilleuse pour qui la possède, et ainsi vous êtes pris dans cette spirale de votre propre désir, de votre propre plaisir - n'est-ce pas? Et ainsi, nous recherchons toujours, non seulement la satisfaction sexuelle, mais une gratification tous azimuts fondée sur le plaisir. Et cela, nous l'appelons l'amour. Au nom de cet amour, nous sommes prêts à nous entre-tuer - n'est-ce pas? L'amour de la patrie. Oh, s'il vous plaît. Alors, quand vous en êtes arrivé là,
50:21 vous dites, pourquoi l'homme, la femme, ont-ils donné à cette chose une importance aussi extraordinaire? Tous ces magazines, vous savez tout ce qui se passe. Pourquoi? L'homme, la femme, ont-ils perdu leur capacité créative? Pas leur capacité sexuelle, vous comprenez? Leur capacité créative. Leur capacité à voir, à être leur propre lumière. Quand vous n'êtes plus le suiveur de personne, quand vous n'adorez plus aucune image, illusion ou croyance. Quand vous laissez tout ça de côté et avez compris ce que valent vos petits désirs mesquins, y compris vos exigences de gratifications, sexuelle et autres, alors quand vous avez vu tout cela et pénétré tout son contenu, survient, du même coup, la création. Ce qui ne se réduit pas à peindre un tableau, ou écrire un poème. Cette impression de fraîcheur omniprésente - vous comprenez? Avoir un esprit plein de fraîcheur, jeune, constamment innocent, clair, délivré du fardeau de tant de souvenirs, d'insatisfactions, de tant de peurs et d'anxiétés, vous savez, quand tout cela est oublié l'esprit a une qualité totalement différente. Alors la sexualité a sa juste place. Mais quand la sexualité devient un moyen au service de la quête religieuse - vous comprenez ce que je veux dire? - alors nous nous enlisons complètement.
52:48 Apparemment, nous n'avons pas cette qualité de scepticisme. Vous comprenez? Etre sceptique par rapport à ses propres exigences. Questionner, mettre en doute ces innombrables gourous. Mais le doute aussi devient assez dangereux, car si on lui lâche la bride, on doute alors de tout et c'est sans fin. C'est comme avoir un chien en laisse, il faut le lâcher de temps en temps, voire fréquemment, pour laisser le chien jouer et courir à sa guise. De la même façon, tenir le doute en laisse, tout en se permettant de détacher la laisse pour que l'esprit - vous savez... l'esprit, c'est-à-dire, votre coeur, votre cerveau, vos émotions, tous activement impliqués et non juste polarisés dans un seul sens, à savoir le sexe, le sexe, le sexe.
54:26 La pensée peut-elle prendre conscience d'elle-même sur le moment? Ou cette conscience suit-elle la pensée? la conscience peut-elle saisir la totalité de son contenu?
54:44 Je vais la lire encore une fois. La pensée peut-elle prendre conscience d'elle-même sur le moment? Ou cette conscience suit-elle la pensée? La conscience peut-elle saisir la totalité de son contenu?
55:17 La plupart d'entre nous ne sommes conscients qu'après l'événement - n'est-ce pas? - qu'après l'incident, qu'après l'action. C'est alors que nous disons : 'j'aurais dû faire ceci', 'je n'aurais pas dû faire cela'.
55:43 L'auteur de la question demande : la pensée peut-elle être consciente d'elle-même sur le coup? pas après coup, ce qui est assez simple et correspond à ce que nous faisons presque tous. Mais la question est celle-ci : peut-on être conscient de la pensée au moment où celle-ci survient? Comprenez-vous la question? Vous la comprenez, au moins? Pouvez-vous être conscient - s'il vous plaît, écoutez cela - de votre pensée? C'est-à-dire, la pensée peut-elle être consciente d'elle-même au moment où elle survient? Vous comprenez la question? C'est-à-dire que toute notre vie est fondée sur la pensée, la pensée reconnaissant l'émotion, le sentiment, les émois romanesques, les produits de l'imagination et ainsi de suite. La pensée reconnait tout cela - n'est-ce pas? 'Oh, je suis très émotif' et ainsi de suite. Maintenant, la pensée est notre seul instrument en regard de toute action - n'est-ce pas? Dès lors, il n'y a pas de spontanéité. Si vous vous examinez sérieusement, la spontanéité ne peut exister que quand il y a une liberté complète, totale sur le plan psychologique. Ainsi, votre esprit peut-il être conscient
57:54 de lui-même quand la pensée survient? C'est-à-dire, êtes-vous conscient quand vous commencez à vous mettre en colère? Vous suivez tout cela? Pouvez-vous être conscient de la jalousie quand celle-ci survient? Pouvez-vous être conscient de l'avidité quand elle survient, être conscient de cela? Est-ce possible? Ou êtes-vous conscient que vous avez été jaloux, ou que vous avez été cupide, ou que vous avez été en colère? C'est assez simple, nous le faisons presque tous. Mais il s'agit d'être attentivement conscient au point de voir soi-même pointer les premiers signes de la colère, la montée d'adrénaline et tout le processus, tout le mouvement de la colère. Vous pouvez voir apparaître la cupidité; vous voyez quelque chose que vous désirez et - vous suivez? - la réaction. Il faut être conscient de ces choses. Bien sûr qu'on le peut, dès leur apparition.
59:23 Maintenant, la question est un peu plus difficile, plus profonde. Est-ce-que la pensée - écoutez cela s'il vous plait - c'est-à-dire, vous pouvez être conscient de la colère dès qu'elle survient, c'est assez simple, mais la pensée peut-elle être consciente d'elle-même? Vous comprenez ce que je dis? Vous pensez maintenant, n'est-ce-pas? Ou avez-vous tous l'esprit vacant? Vous êtes bien en train de penser maintenant, n'est-ce-pas? Maintenant, tout en pensant, découvrez si cette pensée peut prendre conscience d'elle-même. Non pas vous, conscient de penser - comprenez-vous le problème? Je me demande si vous voyez cela? C'est vraiment très amusant d'y aller voir. Pas seulement amusant, mais très, très sérieux, parce que l'on peut aller très, très à fond dans tout cela. Autrement dit, vous êtes en train de penser à quelque chose, à votre robe ou à votre apparence, à ce que les gens ont dit, à ce qui vous attend, à ceci ou cela... la pensée est là. Maintenant, prenez une pensée, et voyez si cette pensée peut se connaître elle-même. Ah, oui monsieur, cela demande une formidable attention, c'est contraire à vos habitudes. Vous pensez à cette robe que vous aviez ou que vous allez acheter. La pensée qui survient, cette pensée peut-elle dire : 'Oui, je suis éveillée' - vous comprenez? Elle se voit elle-même, ce n'est pas vous qui l'observez, parce que vous êtes aussi la pensée. Comprenez-vous? Vous n'êtes donc pas conscient quand survient la pensée, mais c'est la pensée elle-même qui est consciente au moment où elle fait irruption. Je me demande si vous voyez cela. Non. N'est-ce pas? C'est une des questions.
1:02:06 Celle qui suit est : la conscience peut-elle appréhender la totalité de son contenu? Comprenez-vous? La conscience, pour aller très vite, est son contenu, n'est-ce-pas? Votre croyance, votre nom, votre nationalité, vos préjugés, vos opinions, vos conclusions, vos espoirs, vos désespoirs, votre dépression, vos inquiétudes à votre sujet, vous croyez et vous ne croyez pas, vous croyez dans le fait d'être Anglais ou pas Anglais - vous suivez - en Dieu ou pas en Dieu. Tout ça - vos anxiétés, vos peurs, tout ça est votre contenu - n'est-ce pas? Vos exigences sexuelles, vos pulsions, vos plaisirs, tout ça est votre concience, et cette conscience peut-elle - s'il vous plaît, écoutez cela - prendre conscience de son propre contenu en totalité, pas seulement en partie. Vous saisissez? Non? Vous ne pouvez pas. Vous ne le faites pas.
1:03:23 C'est de la vraie méditation, vous comprenez? Pas toutes ces sottises en vogue. Parce qu'il s'agit de voir la totalité de votre être, pas seulement vos exigences sexuelles, la sexualité n'est pas toute votre vie : il y a les peurs, la mort, l'anxiété, la culpabilité, le désespoir, la dépression - vous suivez? - la souffrance, tout ça fait partie de votre vie. Tout ça, c'est votre conscience. Maintenant, l'auteur de la question demande : votre conscience peut-elle voir la totalité de son contenu? Ce qui veut dire, pouvez-vous observer - non, pas vous - peut-il y avoir une observation de tout ce contenu? Il faut examiner cela très en profondeur. Nous n'en avons pas le temps, mais nous allons en parler brièvement.
1:04:40 Cette conscience est une construction liée au temps, résultant du temps, que nous appelons l'évolution. Vous avez eu des incidents, des accidents, des souvenirs, raciaux, nationaux, familiaux, et ainsi de suite, tout ça est un mouvement intériorisé dans la conscience. N'est-ce pas? Et est-il jamais possible d'être complètement libre de ce contenu? Comprenez-vous? Non, rien de tout cela ne vous intéresse. C'est vraiment très important, car sinon, nous agissons toujours dans le champ du connu, le connu étant aussi l'inconnu, l'ignorance. Il n'y a jamais de liberté. A savoir que vous vivez toujours dans le passé, ce qui est un fait. Vous pouvez projeter ce passé dans l'avenir, dans un idéal, un espoir et ainsi de suite, mais c'est encore le mouvement du passé modifié à travers le présent - n'est-ce pas? Ainsi, celui qui vit plus ou moins dans le passé, quelle sorte d'esprit est le sien, vous comprenez? Il peut disposer de nouvelles technologies, avoir l'occasion d'acquérir d'autres savoirs, mais essentiellement, au dedans de lui même, sa conscience n'est que le mouvement du passé. N'est-ce pas? Alors, quand un homme vit dans le passé, ou une femme, qu'arrive-t-il à son cerveau, à son esprit? Celui-ci ne peut jamais être libre.
1:07:06 C'est pourquoi un homme qui explore tout ceci très sérieusement doit découvrir si cette conscience avec tout son contenu peut être vu d'un coup, c'est en dire en avoir un 'insight' total. Je ne sais pas si vous avez jamais essayé de regarder quoi que ce soit complètement, de regarder votre femme, ou votre fille, ou votre mari, peu importe, complètement, pas seulement leur visage ou telle particularité, mais dans leur entière qualité d'être humain. Et cela n'est possible que si votre 'moi' est absent. Comprenez-vous? Quand vous n'êtes pas centré sur vous-même. Le 'moi', est très petit, très mesquin car il est l'accumulation de tout ceci.
1:08:20 Alors, quand vous commencez à étudier tout ceci, pour savoir s'il est possible de voir tout le contenu, le mouvement de la conscience, - ce qui veut dire toute la structure du 'moi' - cela demande une observation pure - vous comprenez? - pas dirigée par vos préjugés, vos attirances et répulsions, et tout le reste : il s'agit simplement d'observer cette structure vaste et très complexe. En raison de sa complexité même, il vous faut l'aborder très simplement. N'est-ce pas?
1:09:20 Puis-je continuer avec une dernière question? J'espère que vous n'êtes pas...
1:09:37 J'ai essayé de méditer de bien des façons, jeûnant et menant une vie solitaire, mais il n'en est rien résulté. Y a-t-il une chose ou une qualité qui mettra fin à ma quête et à ma confusion, et, si elle existe, que dois-je faire?
1:10:12 Puis-je relire la question? J'ai essayé de méditer de bien des façons, jeûnant et menant une vie solitaire, mais il n'en est rien résulté. Y a-t-il une chose ou une qualité qui mettra fin à ma quête et à ma confusion, et, si elle existe, que dois-je faire?
1:10:51 Vous comprenez cette question? Etes-vous dans cette situation? Vous comprenez la question? C'est-à-dire, on va au Japon : il y a le bouddhisme, la méditation Zen, les diverses formes de méditation, tibétaine, hindoue, chrétienne - toutes ces innombrables méditations que l'homme a inventées. Et l'auteur de la question dit : 'Je suis passé par tout ça, j'ai pratiqué toutes sortes de Yoga, j'ai jeûné et mené une vie solitaire, m'efforçant de trouver ce qu'est la vérité. Et au bout de tout ça, je n'ai rien trouvé'. Comprenez-vous? Vous autres, ne comprenez pas. Ce n'est pas une tragédie pour vous, n'est-ce-pas?
1:12:08 Y a-t-il une chose, une qualité qui mettra fin à ma quête et à ma confusion? Si elle existe, dites moi ce que je dois faire? Vous comprenez tout le sens de cette question?
1:12:43 J'ai rencontré une fois un homme, c'était un homme très âgé - J'étais assez jeune - avec des cheveux gris, proche de la mort. Il avait assisté à l'une des discussions, et vint me voir par la suite. Il dit : 'j'ai passé 25 ans de ma vie dans la solitude, en méditation. J'étais marrié et ainsi de suite, mais j'ai quitté tout ça, et pendant 25 ans j'ai médité. Et je vois maintenant, après vous avoir écouté, que j'ai vécu dans une illusion' - Vous comprenez? 25 ans ! Vous autres ne comprenez rien. Et de se dire 'j'ai vécu une illusion, je me suis illusionné'. Vous comprenez? Au bout de 25 ans, dire une telle chose. Ce qui veut dire une vie gâchée, c'est ce que vous faites, de toutes façons, sans pour autant avoir médité 25 ans.
1:14:08 Et il demande, quelle est la seule chose, la seule action, la seule mesure qui dissoudra ma confusion, qui sera la fin de ma recherche. Vous comprenez la question? L'un d'entre vous est-il dans cette situation? Excepté l'auteur de la question? Vous comprenez, vous êtes arrivé au bout de votre longe. Vous avez lu, marché, vous avez entendu, vous avez pleuré, médité, désiré, sacrifié - vous comprenez? Vous n'avez probablement rien fait de tout cela. Mais, si vous l'avez fait, alors quelle est la seule chose qui puisse résoudre tout ceci?
1:15:25 Premièrement, ne cherchez pas. Comprenez-vous ce que cela veut dire? Car si vous cherchez, vous trouverez, et ce que vous trouvez, vous l'avez déja cherché. Je me demande si vous voyez tout cela? Ce que vous trouverez au cours de votre recherche, est ce que vous avez projeté, vous, c'est-à-dire, vos prêtres, vos dieux, votre professeur, votre gourou, votre philosophie, votre expérience. C'est cela, projeté dans le futur, que vous trouverez, par conséquent, un sage ne cherche pas. Et l'auteur de la question dit : quelle est cette seule chose? Pour que cette seule chose soit, il faut être totalement libre de tout attachement, à votre corps, à vos exercices, à votre yoga, à votre opinion, à vos jugements, et aux personnes et croyances, totalement libre de tout attachement. N'est-ce pas? N'en faites pas quelque chose de triste, ce ne l'est pas. Il ne doit y avoir aucune peur, attendez : absolument aucune peur psychologique, et donc, en cas de peur physique, vous faites face à la situation. Comprenez-vous ce que je dis? Quand quelqu'un vous attaque, vous faites face à la situation, mais psychologiquement, il n'y a pas de peur, ce qui veut dire pas de temps, de demain. Oh, vous ne saisissez pas tout cela.
1:18:26 Ainsi, ayant compris la nature de la souffrance, l'esprit est, par conséquent, libéré de la souffrance, ce qui n'implique pas que vous soyez indifférent, et tout cela - libre de la souffrance. N'est-ce pas? Ce ne sont que des indications, non la chose ultime. Mais sans celles-ci, l'autre chose, la chose ultime, ne peut être. Comprenez-vous ce point? Je ne le crois pas. Regardez monsieur, prenez un homme ou une femme, un homme qui a passé des années et des années en recherche, cherchant, demandant, exigeant, se sacrifiant, comme on dit, faisant voeu de célibat, de pauvreté - vous suivez? et, à la fin de tout ça, il dit : Mon Dieu, je n'ai rien, je n'ai amassé que des cendres'. Même quand ils pensent avoir saisi ce qu'ont dit le Christ, Jésus ou Bouddha, ce n'est encore que des cendres. Je me demande si vous voyez tout cela? Et un homme tel que celui-là demande : quelle est dans ma vie l'action juste, l'action qui sera juste en toutes circonstances? Qui ne varie pas de temps en temps, en fonction de la culture, de l'appartenance à une nation, de l'éducation, mais qui soit juste, précise, effective.
1:20:33 Quand tout cela est clair, que votre esprit est totalement détaché de lui-même, comprenez-vous? - de son propre corps, quand il n'a plus peur et qu'il a mis fin à la souffrance, alors, si cela est clair, la chose ultime, c'est la compassion. Vous comprenez? Vous ne comprenez pas. De tout cela émane la compassion, c'est alors la compassion et non de la cendre que vous avez dans la main. Ce n'est pas la compassion des réformes et du travail social, ni la compassion des saints, ni la compassion de ceux qui, à la guerre, soignent les blessés, les médecins et ainsi de suite. Ce n'est rien de tout ça. C'est la seule réponse qui soit vraie en toutes circonstances, et de là, donc, émane l'action juste, parce que la compassion va de pair avec l'intelligence. Si il n'y a pas cette intelligence née de la compassion - vous comprenez? - alors vous voilà égaré dans des choses triviales. Et le monde prend alors ces choses triviales pour des actes extraordinaires de compassion. Ils deviennent des saints, des héros, objets de toutes sortes de représentations idiotes de la part de gens idiots. Ainsi, il y a une action, une qualité suprême et c'est la compassion avec son intelligence. Et cette intelligence donne naissance à l'action juste en toutes circonstances. Cela suffit.