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BR79T2 - La pensée est-elle l’instrument de l’action juste?
2e causerie
Brockwood Park, Angleterre
26 août 1979



1:11 If one may remind you, this is not an entertainment. You are not being converted to anything. It is not a meeting of propaganda. We are met for a serious purpose, at least the speaker is, so I hope you are also very serious. Puis-je vous rappeler que ceci n'est pas un divertissement. Il ne s'agit pas de vous convertir à quoi que ce soit. Cette réunion n'est pas de la propagande. Le propos de cette réunion est sérieux, - du moins l'orateur l'est-il, nous espérons donc que vous l'êtes aussi.
1:51 What we were saying yesterday I think should be repeated briefly, for there may be new people here this morning. We were saying that self-awareness being conscious of oneself, one's reactions, one's inward thoughts and ambitions, various forms of suffering, pleasure, and all the travail of human beings, to be aware of all that. Aware without any choice, just to be aware, without direction, without any kind of pressure, just to be conscious of all the inward and outward activities that are going on, specially the psychological activity of the human mind. That demands certain serious attention, not analysis, but pure observation: to observe without any choice, without any direction, without any sense of pressure, that needs quite a deep attention. Je pense qu'il faudrait brièvement répéter ce que nous disions hier, car il semble y avoir beaucoup de nouveaux auditeurs ce matin. Nous parlions de la conscience de soi : être conscient de soi-même, de ses réactions, de ses pensées et ambitions intimes, des diverses formes de souffrance, de plaisir, et de tout le labeur des êtres humains, être conscient de tout cela. Conscient sans aucun choix, simplement conscient, sans orientation, sans aucune pression, être simplement conscient de toutes les activités qui se déroulent intérieurement et extérieurement, tout spécialement des activités psychologiques de l'esprit humain. Cela demande une attention sérieuse, pas une analyse, mais une pure observation, afin d'observer sans aucun choix, sans aucune orientation, sans ressentir la moindre pression; cela nécessite une profonde attention.
3:56 And we were also saying that religion is the only factor that might bring all humanity together - East, West, North, South. But as religions are at present in their very nature destructive, disruptive, divisive, based on belief, dogma, ritual, and tradition, hierarchical outlook - all that organised religion is not religion at all. It is a vast sense of superstition, desire playing a tremendous part in it, and so leading to a great deal of illusion. Et nous disions aussi que la religion est le seul facteur qui pourrait rassembler toute l'humanité, d'orient, d'occident, du nord, du sud. Mais dans leur état actuel, les religions sont de nature destructrice, perturbatrice, entraînant la division, basée sur la croyance, le dogme, les rituels, la tradition et la notion de hiérarchie. Toute cette religion organisée n'a rien à voir avec la religion. C'est un vaste tissu de superstitions dans lequel le désir joue un rôle considérable menant ainsi à beaucoup d'illusion.
5:06 Religion can only come about through meditation, which we shall go into as we go along in these four talks and answering questions. And we said too that if we could think together - because for most of us our career demands all our thinking, if you are an architect, engineer, scientist, and so on. All our thinking is directed in one particular direction, our whole life depends on it; and so we are conditioned to one strata of thinking, or one form of thinking. And it becomes very difficult for those who are caught in a particular groove of thought to be able to think not about something, but the whole movement of thinking itself. That is what we were saying yesterday. And it becomes so extraordinarily important now - as always probably - that human beings should come together not based on a belief, on an ideal, or on some authority, but have the capacity, the intention, the seriousness to think together. Think not about something, which is comparatively easy, but have the affection, care, attention and perhaps love, so that we are able to communicate with each other without any barrier, so that your thinking and the speaker's thinking are together. La religion ne peut naître que de la méditation, ce que nous allons examiner au fur et à mesure de ces quatre causeries et questions et réponses. Et nous disions aussi qu'il faudrait penser ensemble. Car, chez la plupart d'entre nous, la carrière mobilise tout notre mode de penser : si l'on est architecte, ingénieur, scientifique, etc., tout notre mode de penser s'oriente dans une seule direction. Toute notre vie en dépend, et nous sommes ainsi conditionnés à un seul mode de penser. Et il devient très difficile pour ceux qui sont pris dans une certaine ornière de pensée de pouvoir s'extraire d'une pensée particulière pour voir le mouvement global de la pensée. Voilà ce que nous disions hier. Et il devient désormais extraordinairement important, - cela l'a probablement toujours été - que les êtres humains se rassemblent non pas autour d'une croyance, d'un idéal, ou d'une quelconque autorité, mais qu'ils aient l'aptitude, l'intention, le sérieux de penser ensemble. De penser non pas à quelque chose, ce qui est relativement facile, mais qu'ils aient l'affection, la sollicitude, l'attention et peut-être l'amour nécessaires pour pouvoir communiquer les uns avec les autres, sans aucune barrière, de sorte que votre pensée et celle de l'orateur soient réunies.
7:57 Then we were saying we should be able to bring about a good society. The ancient Greeks, and the ancient Hindus, and others have talked about bringing about a good society, somewhere in the future, based on some ideals, concepts, intellectual conclusions, and perhaps rarely upon their own experiences, that there must be in the world a number of people who will create a society essentially good, so that humanity can live on this earth happily, without conflict, without wars, without slaughtering each other. And that society doesn't exist in spite of 2, or 3, or 5, 10 million years of human existence. Religions have tried to bring this about, but in their very nature, by their very organisation they are separative, they are based on belief, dogma, ritual, authority, and all the rest of that; it becomes really quite meaningless. Though organisations of such kind bring about a certain quality of security, that security itself becomes insecurity when it is based on illusion. I think this is all very clear, if one has gone into this matter at all. Dès lors, disions-nous, il devrait être possible de faire naître une bonne société. Les anciens Grecs, les anciens Hindous, et d'autres, ont parlé de faire naître une bonne société dans un futur indéfini, basée sur des idéaux, des concepts, des conclusions intellectuelles, et peut-être, plus rarement, sur leurs propres expériences, à savoir qu'il doit se trouver dans le monde quelques personnes qui créeront une société essentiellement bonne, afin que l'humanité puisse vivre sur cette terre avec bonheur, sans conflit, sans guerres, sans se massacrer. Et cette société n'existe pas, en dépit des 2, ou 3, ou 5 ou 10 millions d'années d'existence humaine. Les religions ont essayé de faire naître cela, mais de par leur nature même, en raison même de leur organisation, elles sont séparatrices, elles reposent sur la croyance, les dogmes, les rituels, l'autorité, et tout ce qui s'ensuit, ce qui les prive de toute signification. Bien que de telles organisations engendrent une certaine qualité de sécurité, cette sécurité même devient de l'insécurité quand elle repose sur l'illusion. Je pense que tout cela est assez clair, pour peu que l'on examine le moins du monde la question.
10:12 And is it possible while we are living on this earth, which is not the British, or the English, or the British, or the French, or all the rest of it - it is our earth. And can we live there peacefully now? Which implies not some future idealistic society based on goodness, but actually, in our daily life, now bring about such a good society? Which means to have right relationship with each other. A relationship not based on some past images, put together by thought, but a relationship, in which that which is actually happening, in this relationship of reaction, to be aware of those reactions and not build out of those reactions various forms of images which prevent actual relationship with others, however intimate or impersonal. Is that possible? Which means can the human mind, which has been so conditioned for millennia, can such a conditioned mind be aware of itself, know all the intricacies, and the complexities, and the reactions of the human mind, based upon the senses, and becoming aware of itself, bring about a deep transformation, a mutation in itself? That is the real problem. I hope we are communicating with each other. Or am I going too fast? Alors est-il possible, tout en vivant sur cette terre qui n'est ni britannique, ni française, ni quoi que ce soit d'autre, - c'est notre terre - pouvons-nous y vivre en paix, maintenant? Ce qui implique non pas une quelconque future société idéale reposant sur la bonté, mais que soit effectivement créée maintenant, dans notre vie quotidienne, une bonne société de cette nature? Ce qui implique qu'il y ait entre nous une relation juste. Une relation qui ne repose pas sur quelqu'image passée, fabriquée par la pensée, mais sur ce qui se passe effectivement. Dans cette sorte de relation faite de réactions, il faut être conscient de ces réactions, et ne pas bâtir à partir de celles-ci diverses images qui empêchent la vraie relation avec autrui, si intime ou impersonnelle soit-elle. Est-ce possible? En d'autres termes, l'esprit humain, qui a été ainsi conditionné pendant des millénaires, peut-il être conscient de lui-même, connaître toutes ses complexités et réactions issues des sens et, prenant conscience de soi, peut-il susciter en lui-même une transformation profonde, une mutation? Tel est le vrai problème. J'espère que nous communiquons les uns avec les autres. Ou est-ce que je vais trop vite?
13:02 Perhaps most of us are not used to this kind of thinking, or this kind of explanation. Explanations are not actualities. You can describe the mountain, but to be close to the mountain, see actually the beauty of it, the dignity of it, the majesty of it, is quite different from the description of that mountain. But most of us are satisfied, sitting in our armchairs, to be comforted or made to feel romantic about the mountain, through explanations, paintings, and so on. But we are actually dealing not with the mountains, but with actual daily life of our life. Can that life, which is now a travail, a great deal of effort, struggle, competition, brutality, terror, you know, all the things that are going on in our daily life, can that be transformed? Not in some future, idealistic, when the environment is completely changed to bring this about, which is impossible. The totalitarians tried this: change the environment, and they say then the human mind can become transformed, which has been proved nonsensical. And also there are the others who say human conditioning, the condition of the human mind can never be changed, you must accept it, live with it, modify it, refine it and make it much more pleasant. But what we are saying is quite the contrary of these two: that the human mind can be transformed, not to fall into another conditioning, not into another set of beliefs and dogmas and all that nonsense, but actually bring about in itself a religious quality, which is the only factor of bringing about unity among all human beings. All organisations have failed, and we never apparently see such organisations can never do this, but yet we are addicted to organisations, like drugs, like whiskey, and so on. We think if we could organise, everything would be all right. La majorité d'entre nous n'est peut-être pas habituée à ce genre de pensée, ou à ce genre d'explication. Les explications ne sont pas des faits réels. On peut décrire la montagne, mais être proche de la montagne, en voir vraiment la beauté, la dignité, la majesté, est tout autre chose que la description de cette montagne. Mais beaucoup d'entre nous, restant assis dans leur fauteuil, se contentent d'être réconfortés ou charmés par le côté romantique de la montagne, à l'aide d'explications, de tableaux, etc. Toutefois, ce n'est pas de montagnes que nous nous occupons, mais de la réalité de notre vie quotidienne. Cette vie, qui se compose actuellement de labeur, de beaucoup d'effort, de lutte, de compétition, de brutalité, de terreur, vous savez tout ce qui compose notre vie quotidienne, cela peut-il être transformé? Non dans quelque idéal futur, quand un changement complet de l'environnement le permettra, ce qui est impossible. Les totalitarismes ont essayé de changer l'environnement, affirmant que l'esprit humain peut être transformé, ce qui s'est avéré être insensé. Et il y a aussi d'autres qui disent que le conditionnement humain, la condition de l'esprit humain ne peut jamais être changée, qu'il faut l'accepter, vivre avec, la modifier, la raffiner et la rendre plus agréable. Mais nous disons tout au contraire, que l'esprit humain peut être transformé, sans tomber pour autant dans un autre conditionnement, une autre série de croyances, de dogmes et autres absurdités, qu'il peut en fait amener en lui-même une qualité religieuse, c'est-à-dire le seul facteur capable d'amener l'unité chez tous les êtres humains. Toutes les organisations ont échoué, et l'on ne voit apparemment pas comment de telles organisations peuvent jamais y parvenir, mais nous sommes pourtant sous la dépendance d'organisations, comme de la drogue, du whisky, etc. On pense que tout irait bien si l'on pouvait tout organiser.
16:35 Perhaps some of you have heard that story which I have often repeated. There were two friends walking along the road, and as they were walking along one of them picks up from the pavement, and looks at it, and his whole face changes, lightens, delighted, and he puts it in his pocket. And the other fellow says, 'What have you got? Why are you so happy about it?' 'Oh,' he says, 'I have picked up part of truth, it is so extraordinarily beautiful.' And the other fellow says, 'Now let's organise it.' And we think through organisations, however highly regarded, patronised, plenty of money, and so on, blessed by all the big cannons of the world. Such organisations have never produced a unity of human mind, for in their very structure and nature they must be divisive, separative, based on some form of idealism, or belief, and so they are essentially destructive, to bring about this unity of the mind, of the human mind, which requires love, affection, care, attention, responsibility. I hope we are meeting each other, are we? Or am I talking to myself? Certains ont peut-être déjà entendu cette histoire que j'ai souvent citée : deux amis marchent dans la rue, et l'un d'eux se baisse, ramasse quelque chose, l'observe, et son visage s'illumine; tout heureux il met l'objet dans sa poche. Son compagnon lui dit 'qu'avez-vous trouvé? Qu'est-ce qui vous rend si heureux?' 'Oh', répond-il, 'j'ai ramassé un morceau de vérité, et c'est d'une beauté extraordinaire'. Et l'autre dit 'alors, organisons-la'. Et nous pensons en termes d'organisations. Elles ont beau être prisées, protégées, nanties, et ainsi de suite, bénies par tous les grands de ce monde, de telles organisations n'ont jamais réalisé l'unité de l'esprit humain, car de par leur structure et leur nature mêmes, elles sont forcément génératrices de division, de séparation. Reposant sur certains idéaux ou croyances, elles détruisent donc par essence toute possibilité d'engendrer cette unité de l'esprit humain qui demande amour, affection, égard, attention, responsabilité. J'espère que nous communiquons ensemble, n'est-ce pas? Ou est-ce que je parle tout seul?
18:34 Q:May I ask you a question, sir? Q: Puis-je poser une question, Monsieur?
18:37 K:We will do it the day after tomorrow, sir. If you are still here, if you are still interested. K: Nous ferons cela après-demain Monsieur. Si vous êtes encore là, et toujours intéressé.
18:49 So our question is, and has always been: can the human mind, human consciousness, with all its content - the grief, the sorrow, the anxiety, the loneliness, the sense of despair, the desire to fulfil and frustration; the whole of human struggle is that consciousness, with its images of God and, you know, all that. Can that consciousness be transformed? Otherwise we will always be separative - please do pay attention a little bit - separative, destructive, self-centred, perpetuating wars and maintaining this everlasting division of nationalities, races, colour, and all the rest of it. So if one is serious and deeply concerned with humanity, with man with all his problems, economic, social, religious - all that... Can that mind be completely changed? Notre question est et a toujours été : l'esprit humain, la conscience humaine, avec tout son contenu, chagrins, souffrance, anxiété, solitude, sentiment de désespoir, désir d'accomplir et frustration, - tout le combat de l'homme - cette conscience, avec ses images de Dieu, vous connaissez tout cela, cette conscience peut-elle être transformée? Sinon, nous serons toujours sources de séparation - un peu d'attention s'il vous plaît - séparant, détruisant, centrés sur soi, perpétuant la guerre, et entretenant cette éternelle division en nationalitiés, races, couleurs, etc. Alors, si l'on est sérieux et profondément soucieux de l'humanité, de l'homme avec tous ses problèmes, économiques, sociaux, religieux, tout cela, [on demande :] cet esprit peut-il être complètement changé?
20:53 And the speaker says it can be, it must be. And then the question arises: in what manner can this be brought about? Does it demand discipline? All right, sir? We are communicating with each other, you are following? Not verbally, not intellectually, but actually becoming aware of one's own conditioning, the number of beliefs, the experiences, dogmas - you know, the whole human existence. Becoming aware of it, would you ask whether it is possible to transform this enormous past, with all the knowledge it has acquired, can that be transformed? Where there is knowledge, whether the past or the present, acquiring knowledge, knowledge is always incomplete. There is no knowledge as a whole. So with knowledge goes ignorance. Please understand, this is really quite important for you to understand this. As knowledge can never be complete, therefore knowledge always goes with ignorance. Part of knowledge is part of ignorance. And when we rely entirely on knowledge as a means of advance, as a means of ascent of man, we are also maintaining ignorance. And so there is always this battle between ignorance and knowledge. Et l'orateur dit : c'est possible, il le faut. Et alors se pose la question suivante : comment cela peut-il se faire? Cela demande-t-il une discipline? Bien Monsieur? Communiquons-nous ensemble, vous suivez? Pas verbalement, pas intellectuellement, mais en devenant réellement conscient de son propre conditionnement, de ses nombreuses croyances, expériences, dogmes, - vous savez ce qui fait toute l'existence humaine - en devenant conscient de cela. Demanderiez-vous s'il est possible de transformer cet énorme passé, avec tout le savoir qu'il a acquis, cela peut-il être transformé? Le savoir, - qu'il soit du passé ou qu'il vienne d'être acquis - le savoir est toujours incomplet. Il n'y a pas de savoir en tant que tout. Le savoir va donc de pair avec l'ignorance. Comprenez bien cela, je vous prie, c'est vraiment très important. Et comme le savoir ne peut jamais être complet, le savoir va donc toujours de pair avec l'ignorance. Le savoir fait partie de l'ignorance, et quand nous comptons entièrement sur le savoir comme moyen d'avancement, comme moyen d'ascension de l'homme, nous entretenons aussi l'ignorance. Et il y a donc toujours cette lutte entre l'ignorance et le savoir.
23:28 And we are saying, as human beings live their lives in the past, their whole life is a movement of the past. If you observe it for yourself you can see how we live - in the thousand yesterdays, our memories, our experiences, our hurts, our failures - you know, the whole movement of time which is the past. And can that movement come to an end, so that the mind is fresh, young, alive, new? Knowledge is necessary at a certain level. If you are a doctor you must have knowledge; a surgeon must have knowledge. If you are a good carpenter you must have a great deal of knowledge of wood, and the implements, and so on. But knowledge is the result of experience accumulated through thousands and thousands of people through millennia. That knowledge is stored up in our brain from childhood, genetics, and so on, so on, so on. And that knowledge, based on experience, is memory. You follow? This is all very simple, this is not highly intellectual, or anything. And thought is the result of that movement of memory. As knowledge is always with ignorance, our memory is always limited. And therefore thought is always limited. Thought can imagine that it can perceive, or see, or experience the limitless, but thought in itself is the outcome of knowledge with its ignorance and therefore it is essentially, basically limited, fragmented and never can possibly percieve the whole. This again becomes very simple and clear, if you go into the whole question of thinking, and our whole nature, our whole civilisation, all the cathedrals, all the things in the cathedrals, the rituals, the whole circus of all this is based on thought. And so thought can never be sacred. Though it can create an image and call it sacred, but that thing which it has created is not sacred, because thought itself is limited. And we are caught in the images created by thought. So thought - please follow - thought can never bring about a complete transformation of the human mind. Right? Because all the things that thought has put together as consciousness... Are you interested in all this? Et nous disons que, comme les êtres humains vivent dans le passé, toute leur vie est un mouvement du passé. Si vous l'observez en vous-même, vous pouvez voir à quel point nous vivons dans des milliers d'hiers, nos souvenirs, nos expériences, nos blessures, nos échecs, vous savez, tout le mouvement du temps, c'est-à-dire le passé. Et ce mouvement peut-il prendre fin, de sorte que l'esprit soit frais, jeune, vivant, neuf? Le savoir est nécessaire à un certain niveau. Si vous êtes médecin, il vous faut du savoir, si vous êtes chirurgien, il vous faut du savoir. Si vous êtes un bon menuisier, il vous faut très bien connaître le bois, l'outillage, etc. Mais le savoir résulte de l'expérience accumulée par des milliers et des milliers de gens, au cours des millénaires. Dès l'enfance, ce savoir est stocké dans notre cerveau, la génétique, etc., etc. Et ce savoir, qui repose sur l'expérience, est la mémoire. Vous suivez? Tout ceci est très simple, cela n'a rien de très intellectuel. Et la pensée est le produit de ce mouvement de mémoire. Comme le savoir va toujours de pair avec l'ignorance, notre mémoire est toujours limitée. Et par conséquent, la pensée est toujours limitée. La pensée peut imaginer qu'elle perçoit, ou voit, ou expérimente l'illimité, mais la pensée est elle-même issue du savoir, lui-même entaché d'ignorance, et par conséquent elle est d'essence fondamentalement limitée, fragmentée, et ne peut jamais concevoir la totalité. Ici aussi, cela devient très simple et clair : si vous approfondissez tout le processus de l'acte de penser, et toute notre nature, toute notre civilisation, toutes les cathédrales et tout ce qui s'y trouve, les rituels, tout le cirque qui s'y déroule, tout cela repose sur la pensée. Et donc la pensée ne peut jamais être sacrée. Elle peut bien créer une image et la qualifier de sacrée, mais ce qu'elle a créé n'est pas sacré, car la pensée est elle-même limitée. Et nous sommes pris au piège des images créées par la pensée. Ainsi, la pensée - suivez je vous prie - la pensée ne peut donc jamais engendrer une transformation complète de l'esprit humain. N'est-ce pas? Parce que tout ce qui a été assemblé par la pensée sous forme de conscience... tout ceci vous intéresse-t-il?
27:43 Q:Go on, go on.

K:No?
Auditoire: Poursuivez.

K: Non?
27:47 Q:Go on, go on, please. Auditoire: Poursuivez s'il vous plaît.
27:50 K:If you are not, sirs, don't bother to listen, because this is really very, very serious. You have taken the trouble to come here, in rather rotten weather, and you want to find out what the other fellow, what the speaker is trying to say, so you have to listen, you have to find out. And in the very finding it out you test it. You don't accept anything the speaker says. Though he is sitting on a higher platform, it doesn't give him any authority. We are investigating into the whole nature of man and whether that can be transformed. Because the way we are living is terrible, destructive, meaningless, going to the office everyday, or to the factory - you know, all this. From the moment you pass your school examination, or whatever it is, for the rest of your life going to the office, struggling, struggling, struggling. And so life becomes utterly meaningless. K: Si ce n'est pas le cas, Messieurs, ne prenez pas la peine d'écouter, car ceci est vraiment très, très sérieux. Vous avez pris la peine de venir ici, par ce mauvais temps, et vous voulez découvrir ce que l'autre individu, ce que l'orateur essaie de dire, il vous faut donc écouter, découvrir. Et tout en le découvrant, vous le mettez à l'épreuve. Vous n'admettez rien de ce que dit l'orateur. Le fait d'être assis sur une estrade ne lui confère aucune autorité. Nous examinons la nature toute entière de l'homme, et voyons si celle-ci peut être transformée. Car la façon dont nous vivons est terrible, destructrice, dénuée de sens : se rendre tous les jours au bureau ou à l'usine, vous connaissez tout cela. Dès l'instant où vous avez réussi vos examens scolaires, ou peu importe, vous devrez pour le reste de votre vie aller au bureau, lutter, lutter, lutter. Et la vie devient ainsi absolument vide de tout sens.
29:19 So we are saying, thought has created the most beautiful architecture, both in the East and in the West. And the things that have been put in it, in all the various churches - don't get angry, please, we are just describing this, the fact. Don't resist, just look at it, just listen, and if you don't want to listen, shut your ears, or if you don't want to be impolite, quietly slip out. Because what we are saying is totally contrary to everything that is going on in the world. We are asking for a psychological revolution, which means the transformation of the human mind, with all the things that thought has put in there. Nous disons donc ceci : la pensée a créé la splendide architecture, tant en Orient qu'en Occident; et les choses qui ont été placées dans toutes les diverses églises - ne vous fâchez pas, je vous prie, nous ne faisons que décrire le fait. Ne résistez pas, contentez-vous de le regarder, d'écouter, et si vous ne voulez pas écouter, bouchez-vous les oreilles, ou si vous ne voulez pas être impoli, sortez discrètement. Car ce que nous disons est tout le contraire de tout ce qui a lieu dans le monde. Ce que nous demandons, c'est une révolution psychologique, c'est-à-dire la transformation de l'esprit humain, avec tout ce que la pensée y a mis.
30:42 So we are saying that thought, do what it will, because in itself it is partial, limited, narrow, based on knowledge, and knowledge goes with ignorance, therefore thought, whatever it does - it may write the most beautiful, romantic heaven, theories of God, theories of what society should be, and so on - whatever it does, it cannot possibly bring about a radical change. But thought has its own place. You cannot go home without knowing, without thinking. If you had total amnesia, you would be lost. So thought has its right place, but thought cannot bring this change. If you once see that and grant it, even intellectually, then what is one to do? You understand my question? Nous disons donc que, quoi qu'elle fasse, la pensée étant par nature partielle, limitée, étroite, basée sur le savoir, et le savoir allant de pair avec l'ignorance, quoi que fasse la pensée, elle aura beau décrire les plus merveilleux paradis, les plus belles théories sur Dieu, ou sur ce que devrait être la société, et ainsi de suite, il ne lui est pas possible, quoi qu'elle fasse, d'engendrer un changement radical. Mais la pensée a sa propre place : vous ne pouvez rentrer chez vous sans penser. Si vous étiez complètement amnésique, vous seriez perdu. La pensée a donc sa juste place, mais elle ne peut amener ce changement. Une fois que vous avez vu cela et l'avez admis, ne fût-ce qu'intellectuellement, que faut-il faire alors? Vous comprenez ma question?
32:14 Please understand this very deeply, otherwise you will miss the whole point. Man has tried, in the East and in the West, depending on thought - the ancient Greeks, the ancient Hindus, and the ancient Chinese - depending on thought and saying that will help man to change, to bring about a different culture, a different society, and thought has not brought it about. If one actually, deeply realises that fact, not a theory, not something you come to through argument, through opposing opinions, but an actual fact. Then the next question is: what is the factor that will bring about this change? If thought cannot, what will? You follow? If a good carpenter has an instrument which is useless, he throws it away. But we don't. We keep it. We hope somehow that it will operate, through some miracle. We don't throw it away and therefore have the capacity to look in another direction, because we are frightened that if thought is not the solution for all our problems, including political, religious, economic, if thought is not the solution, and if you say, 'All right, I will put thought aside, because thought has its place.' Then our minds are free of the useless instrument, which has its own place. Then it has a capacity to look in other directions. I wonder if you are following all this? I hope you are doing all this and not merely listening to a lot of words, and consider it as useless and go away. Comprenez ceci très profondément, autrement l'essentiel vous échappera. L'homme s'y est essayé, tant en Orient qu'en Occident, se fiant à la pensée, - les anciens Grecs, anciens Hindous et anciens Chinois, se fiant à la pensée, disaient qu'elle aiderait l'homme à changer, à amener une culture différente, une autre société, et la pensée n'y a pas réussi. Si l'on se rend compte effectivement, profondément de ce fait, - ce n'est pas une théorie, ni un argument issu d'une discussion, d'une confrontation d'opinions, mais un fait réel - la question qui en découle est celle-ci : quel est le facteur qui amènera ce changement? Quoi d'autre que la pensée pourra le faire? Vous suivez? Un bon menuisier disposant d'un instrument hors d'usage, s'en débarrasse. Mais nous ne le faisons pas. Nous le conservons. Nous espérons qu'il pourra fonctionner par quelque miracle. Nous ne le jetons pas, et par conséquent ne pouvons pas chercher dans une autre direction, car nous avons peur que la pensée ne soit pas la solution à tous nos problèmes politiques, religieux, économiques. Si la pensée n'est pas la solution, et vous dites : 'très bien, je vais écarter la pensée, car la pensée a sa place', nos esprits sont alors délivrés de cet instrument inutile - qui a sa propre place - et ont alors l'aptitude de chercher dans d'autres directions. Je me demande si vous suivez tout ceci. J'espère que oui, et que vous ne vous contentez pas d'écouter un tas de mots, et trouvant cela inutile, vous vous en allez.
35:06 So what is there... If thought is not the instrument of right action, then what is the instrument, right? Are we together in all this? What do you say? Our senses partially make up our whole mind, obviously. But we use our senses partially. Right? One or two senses highly awakened, highly developed, the others are dormant. Right? And is it possible to observe with all our senses, not with one or two senses, with all the senses highly observant? Do you understand the question? Which means, is there an observation which is not the instrument of thought? You are following this? May I go on with it? Not for your entertainment, but you are doing it with the speaker. We are doing it together. Which means we are doing it together with care, with attention, with affection, with love - together. Otherwise it is meaningless. You accept a lot of words and go away; it will just be ashes in your hands. Alors, qu'en est-il? Si la pensée n'est pas l'instrument de l'action juste, quel est alors cet instrument? Sommes-nous ensemble dans tout cela? Que dites-vous? Nos sens forment en partie notre esprit, évidemment. Mais nous n'utilisons que partiellement nos sens. Un ou deux d'entre eux sont pleinement éveillés, développés, les autres sommeillent, n'est-ce pas? Est-il possible d'observer avec tous nos sens, pas seulement avec un ou deux d'entre eux, mais avec tous nos sens en alerte maximum? Vous comprenez la question? Autrement dit, y a-t-il une observation qui ne soit pas l'instrument de la pensée? Vous suivez ceci? Puis-je poursuivre là-dessus? Pas pour vous divertir, mais pour que vous le fassiez avec l'orateur. Nous le faisons ensemble. Ce qui signifie que nous le faisons avec soin, avec attention, affection, avec amour - ensemble. Autrement, cela n'a pas de sens : vous admettez un tas de mots, puis vous vous en allez, il ne vous restera en main qu'une poignée de cendres.
37:30 So, is there an observation, not partial, but with all the senses observe? Which means, is there an observation without the past? Senses have no past, they are acting. You understand this? This is marvellous. I am discovering something myself. The senses are responding, according to every challenge, and the senses, when they are functioning completely, there is pure observation. Isn't it? I wonder if you see this. And that observation is not induced by thought. Right? In that observation there is no centre from which to observe. There is only observation, pure and simple, without all the pressure and the volume of the past. Right? Which implies that one has to go into this whole question of discipline, because we are used to it. We are used to making an effort. To learn is an effort. A language, or anything - one has to make a tremendous effort. And is there a possibility of living - please listen to this - is there a possibility of living without a single shadow of effort? Ask yourself, please, find out the answer, because we have made effort in every direction, and we have not brought about a good society where people can live happily, without fear, without terror, without uncertainty - you follow? - all that is going on in the present world. And we say through organisation, making an effort to create an organisation we will solve that. Alors, y a-t-il une observation qui ne soit pas partielle, mais qui implique tous les sens? Autrement dit, y a-t-il une observation affranchie du passé? Les sens n'ont pas de passé, ils sont agissant. Vous comprenez ceci? C'est merveilleux, je suis moi-même en train de découvrir quelque chose. Les sens réagissent à chaque défi, et quand les sens fonctionnent complètement, il y a pure observation. N'est-ce pas? Je me demande si vous le voyez. Et cette observation n'est pas induite par la pensée. N'est-ce pas? Il n'y a dans cette observation aucun centre à partir duquel on observe. Il n'y a qu'observation, pure et simple, sans toute la pression et le poids du passé, n'est-ce pas? Ceci implique qu'il faut aborder toute cette question de la discipline, car nous y sommes habitués. Nous avons l'habitude de faire un effort : apprendre est un effort, l'apprentissage d'une langue ou de quoi que ce soit demande un énorme effort. Et est-il possible de vivre... - écoutez bien je vous prie - est-il possible de vivre sans l'ombre d'un effort? Posez-vous cette question je vous prie, trouvez la réponse, car nous avons fait des efforts dans tous les sens, et n'avons pas engendré une bonne société, où les gens peuvent vivre heureux, sans peur, sans terreur, sans incertitude, - vous suivez, tout cela a lieu dans le monde d'aujourd'hui. Et quant à l'organisation, nous disons que s'efforcer de créer une organisation va tout résoudre.
40:44 So we are questioning the whole movement of effort, effort to reach God, if there is a God, effort to be noble, effort to have good responsibility in our relationship. And so effort implies the action of will. You are following? Will is desire, and there are multiple forms of desires. And desire in its activity must create effort. If I want a good suit, I must make an effort. If I want to be good, in quotes, I must make an effort to be good. If I want to reach God - we won't discuss God - either I must fast, be a celibate, take vows, burn in myself, struggle, struggle, struggle, great efforts to reach the ideal, the highest principle. We are questioning that effort, because we are saying that in pure observation, which I have explained a little bit, there is no effort, there is only observation and action. I wonder if you get all this. I'll go into it presently in more detail. Nous mettons donc en question tout le mouvement de l'effort : effort pour atteindre Dieu - pour autant qu'il y en ait un - effort pour s'élever, effort pour avoir une relation responsable. Et l'effort implique un acte de volonté. Vous suivez? Volonté égale désir, et il y a de multiples formes de désirs. Et l'activité du désir crée inévitablement l'effort. Si je veux un bon constume, je dois faire un effort. Si je veux être 'bon' entre guillemets, je dois faire un effort pour l'être. Si je veux atteindre Dieu - nous ne discuterons pas de Dieu - je dois jeûner, être célibataire, prononcer des voeux, brûler intérieurement, lutter, lutter, lutter, faire de grands efforts pour atteindre l'idéal, le principe suprême. Cet effort, nous le mettons en doute, car nous disons que dans l'observation pure, comme je l'ai un peu expliqué, il n'y a pas d'effort, il n'y a qu'observation et action. Je me demande si vous saisissez tout cela. Nous allons le voir plus en détails dans un instant.
43:08 That is why one has to understand the whole nature of desire, because we are driven by desire, whether sexual, whether ambitious - you know, all the rest of it. Desire becomes the basis of our existence. So we have to go into this whole question of desire. Various monks throughout the world have said, 'No desire.' If you would reach God, the highest principle, desire must be suppressed - you know all this. Look at all the monks throughout the world - they are ordinary human beings, taken a vow to serve God and concentrate all your energy on that, which means desire must be held low, suppressed, or transmuted, and so on, so on. So one has to investigate desire. Observe desire, not control, suppress, transform, just to observe desire. You understand? Pure observation of desire. In that, if you go into it deeply, thought doesn't enter at all, as we explained just now, I hope. Need I go back to it again? Voilà pourquoi il faut comprendre toute la nature du désir, car nous sommes menés par le désir, qu'il s'agisse de désir sexuel, d'ambition, vous savez, tout ce qui s'ensuit, le désir devient la base de notre existence. Il nous faut donc approfondir toute cette question du désir. Les moines du monde entier ont dit : pas de désir. Si vous voulez atteindre Dieu, le principe suprême, le désir doit être réprimé. Vous savez tout cela. Voyez les moines partout dans le monde : des êtres humains ordinaires ayant prononcé des voeux pour servir Dieu, qui concentrent toute leur énergie là-dessus, ce qui signifie que le désir doit être mis en sourdine, réprimé, transcendé, etc., etc. Il faut donc étudier le désir, observer le désir, pas le maîtriser, le réprimer, le transformer, seulement l'observer. Vous comprenez? Une pure observation du désir. Une observation en profondeur montre que la pensée n'y joue aucun rôle, comme nous venons de l'expliquer. Dois-je revenir là-dessus?
45:00 So we are saying, as one of the major factors of life is desire, one has to understand what is desire, how does it dominate our lives, why? Whether it is desire for heaven or illumination, whether it is desire for a house - you know, all the rest of it - desire. How does it come into being? What is the relationship - please just follow it slowly, we will go into it carefully - what is the relationship between the senses and desire? You understand my question? The senses: seeing something in the shop window - a dress, a shirt, whatever it is, a nice piece of furniture, or a beautiful car - that is, seeing and desire. You understand my question? What is the relationship between the two? How would you find out? Read a book? Go to a psychologist? A professor? A guru? A man who says it is so? How will you find out? Because we are so dependent on another's explanation. Right? We want to be told. The speaker refuses to be told, by the books, by the professors, by all the hierarchical beings in knowledge. So how is one to find out? If we discard all that, you are left with yourself. How will you find out what is the relationship between the activities of the senses and desire? Or must they all go always together? Do you understand my question? Are you following all this? That interests you, all this? Gosh! Please bear in mind, if you don't mind, that we are not converting you to anything, to new aspects of desire, or this or that - nothing. We are investigating together. Nous disons donc ceci : une des principales composantes de la vie étant le désir, il faut comprendre ce qu'est le désir, comment il domine nos vies, et pourquoi? Qu'il s'agisse du désir de paradis ou d'illumination, du désir de posséder une maison, vous savez tout ce qu'il en est, le désir. Comment prend-il naissance? Quel rapport y a-t-il - suivez pas à pas, nous allons aborder cela prudemment - quel rapport y a-t-il entre les sens et le désir? Vous comprenez ma question? Les sens : voir quelque chose dans une vitrine, une robe, une chemise, peu importe, un joli meuble, ou une belle voiture - c'est-à-dire, vision et désir. Vous comprenez ma question? Quel rapport y a-t-il entre les deux? Comment le découvririez-vous? En lisant un livre? En allant voir un psychologue? Un professeur? Un gourou? Une personne qui dit 'il en est ainsi'? Comment le découvrirez-vous? Car nous sommes tellement dépendant des explications d'autrui. N'est-ce pas? Nous voulons des directives. L'orateur refuse les directives venant de livres, de professeurs, ou de toute la hiérarchie savante. Alors comment peut-on le découvrir? Si l'on écarte tout cela, on se retrouve seul avec soi-même. Comment allez-vous découvrir le rapport qui existe entre les activités des sens et le désir? Ou doivent-ils toujours aller de pair? Comprenez-vous ma question? Suivez-vous tout ceci? Cela vous intéresse-t-il? Ciel ! Veuillez garder à l'esprit que nous ne cherchons pas à vous convertir à quoi que ce soit, à de nouveaux aspects du désir, à ceci ou cela - à rien. Nous faisons ensemble une recherche.
48:58 If you observe very closely the movement of desire: you see something in the window - a dress, a shirt, a trouser, whatever it is - the senses are awakened by that perception, by the seeing of that shirt, of that dress, right? The senses are awakened. Then you touch the material, which is contact, and then sensation, right? Please follow this step by step. Seeing, contact, sensation. Right? Then - observe it closely, you will see it for yourself. Then thought comes and makes an image, and says how nice it would be for me to have that blue shirt on. Right? So when thought makes the image of you having that robe, that dress, and creating the image of you in that dress and how nice you look, then desire begins. You follow this? Do please, it is very interesting, if you go into it very deeply. Seeing, contact, sensation - that is perfectly normal, it is so. Then thought comes along and creates the image of you sitting in the car and driving it, and the excitement of the speed, and all the rest of it. You have created the image. So, thought when it dominates the senses and creates the image, then desire begins. Observez très attentivement le mouvement du désir : vous voyez quelque chose dans la vitrine, une robe, une chemise, un pantalon, ce que vous voudrez. Les sens sont éveillés par cette perception, par la vision de cette chemise, ou de cette robe - n'est-ce pas? Les sens sont éveillés. Puis vous palpez le tissu, d'où contact et sensation - n'est-ce pas? Suivez cela pas à pas. Vision, contact, sensation. N'est-ce pas? Puis - observez cela attentivement et vous le verrez de vous-même - puis la pensée survient et fabrique une image, et dit : comme il me serait agréable de porter cette chemise bleue. N'est-ce pas? Ainsi, quand la pensée fabrique l'image de vous possédant ce vêtement, qu'elle crée l'image de vous revêtu de cet habit qui vous va si bien, alors commence le désir. Vous suivezi? Faites-le, je vous prie, il est très intéressant de bien l'approfondir. Vision, contact, sensation, tout cela est parfaitement normal, c'est ainsi. Puis la pensée survient et crée l'image de vous assis dans la voiture et la conduisant, et l'excitation de la vitesse, et tout le reste. Vous avez créé l'image. Ainsi, quand la pensée domine les sens et crée l'image, le désir commence.
51:37 So the next question is, if that is so, the next question is: why does thought create the image? You understand? It is perfectly right to see a beautiful car, look at it, touch it, the sensations of it. Then thought slips in: you are sitting behind the wheel and driving it. I hope it is a fast car, in spite of the energy trouble! So, thought has created this. If one understands this, not verbally, not intellectually, but factually, then thought has no relationship with the sensation - you understand? I wonder if you see that. So then there is no question of making an effort to discipline desire, to suppress desire, to transform desire. Because we are accustomed, trained to make an effort: right desire, wrong desire, noble desire, ignoble desire, according to the pattern of each civilisation, which civilisation is put together by thought. Right? La question qui suit est celle-ci : pourquoi la pensée crée-t-elle l'image? Vous comprenez? Il est parfaitement raisonnable de contempler une belle voiture, de la regarder, la toucher, avec la sensation qui en découle. Puis la pensée s'introduit : vous êtes assis au volant et la conduisez; j'espère que c'est une voiture rapide, en dépit des problèmes d'énergie ! Ainsi, c'est la pensée qui a créé cela. Si on le comprend, pas verbalement, pas intellectuellement, mais concrètement, on voit alors que la pensée n'a aucun lien avec la sensation - vous comprenez? Je me demande si vous le voyez? Dès lors, pas question de faire un effort, de discipliner le désir, de réprimer le désir, de transformer le désir. Car nous sommes habitués, entraînés à faire un effort, bon désir, mauvais désir, noble désir, ignoble désir, d'après le modèle de chaque civilisation, laquelle civilisation est élaborée par la pensé, n'est-ce pas?
53:22 So discipline then has quite a different meaning. Discipline now means to control. Right? To struggle to be what is demanded, either Victorian, or modern, permissive, or not permissive. Discipline ourselves to be something, control ourselves - you follow? All that is based on an effort to be, to become, to achieve, psychologically we are talking about. So when you understand the nature of desire, what place has effort? You understand? Psychological effort. What place has discipline? Discipline actually means to learn. It comes from the word 'disciple' - one who is willing to learn from the teacher. To learn. The actual meaning is to learn. We have learnt. You understand? We have learnt together the nature of desire. So, where is the whole movement of a civilisation, which says 'discipline'? Which means conform, imitate, compare - you follow? All that is implied in discipline, and much more, naturally. La discipline prend alors un tout autre sens. Aujourd'hui, discipliner signifie maîtriser, n'est-ce pas? Lutter pour se conformer à la demande du moment : victorienne ou moderne, permissive ou non permissive, se discipliner à être quelque chose, se maîtriser - vous suivez? Tout cela repose sur un effort pour être, pour devenir, pour accomplir - psychologiquement parlant. Quand on comprend la nature du désir, quelle est la place de l'effort? Vous comprenez? De l'effort psychologique. Quelle est la place de la discipline? En fait, discipline signifie apprendre. Ce mot vient de 'disciple', celui qui est désireux d'apprendre d'un maître - d'apprendre. Le vrai sens est 'apprendre'. Nous avons appris. Vous comprenez? Nous avons appris ensemble la nature du désir. Alors, quel est le mouvement global d'une civilisation qui enjoint de se discipliner? Dans le sens de se conformer, imiter, comparer - vous suivez? La discipline comprend tout cela, et bien plus, naturellement.
55:28 So, is it possible to live a daily life without a single effort? You understand? Without a single sense of control. Please, this is very dangerous, especially in a permissive society. We are not advocating permissiveness, or the opposite of it. We are examining the whole structure of human mind, which has been trained to control, and the reaction is: let go, do what you want, do the thing you want. On the contrary, we are saying: understand, look, observe, be aware of your whole existence, not just one part of it - be permissive when you are twenty. But from the beginning of life to the end, look at it, because all religions, organised religions, with their dogmas, and so on, have always demanded this - discipline; to serve God - discipline, make effort. You can't love with effort, can you? Thought can make an effort and says, 'I will try to love,' but it is not love; it is still the movement of thought, based upon knowledge with its ignorance, and thought can never have that quality of love which is whole. Est-il possible de mener sa vie quotidienne sans le moindre effort? Vous comprenez? Sans maîtrise d'aucune sorte. Attention, c'est très dangereux, surtout dans une société permissive. Nous ne préconisons pas la permissivité, ou son opposé. Nous examinons toute la structure de l'esprit humain à qui l'on a appris à maîtriser, la réaction à cela étant : laissez aller, faites tout ce qui vous plaît, ne vous refusez rien. Nous disons au contraire ceci : comprenez, regardez, observez, soyez conscient de toute votre existence et non d'un seul de ses aspects - va pour être permissif à 20 ans. Mais du début à la fin de votre vie, observez-la, car toutes les religions organisées, avec leurs dogmes, et ainsi de suite, ont toujours exigé la discipline; disciplinez-vous pour servir Dieu, faites un effort. On ne peut aimer avec effort, n'est-ce pas? La pensée peut faire un effort et dire 'je vais essayer d'aimer', mais ce n'est pas l'amour, c'est encore le mouvement de la pensée qui repose sur le savoir, avec son ignorance, et la pensée ne peut jamais avoir cette qualité d'amour, qui est totalité.
57:46 So, we are saying that the human condition, which is the human consciousness, not only the particular consciousness, that consciousness is part of the whole of consciousness. I wonder if you see this? Your consciousness - living in a town, living in a village, living with a husband, wife, or a girl, or boy, that little consciousness, with all its problems, whether you live in a happy community or not a community, whether you are living happily with your wife, with your girl or whatever it is - happily in quotes - that small particular consciousness is the consciousness of the rest of mankind, because they are all particular little consciousnesses. I wonder if you see this. So your consciousness is not separate. I know one likes to think it is all special, but our consciousness and its content is put there by thought. Right? Thought has brought about this limited consciousness. Now to observe this consciousness, however limited, to observe its activity without any direction, just to observe, not choosing 'I will keep this part and let the other part go,' just to observe the whole content. When you so observe, which means there is no observer who is the past, then that consciousness has no centre. I wonder if you see this? Our consciousness now is self-centred, right? Me and my activities, me and my problems, me and my job, me and my wife, me and my other wife, other girl, me and so on, so on, so on. This consciousness is the movement of thought. Thought has put in this consciousness various activities: belief, dogmas, rituals, on the one hand - you know, all that is going on, called religion - and the business activity, the activity of personal relationship - grief, sorrow, pain, anxiety, guilt - you know, all that. All that is our consciousness. And that consciousness is the consciousness of those people living in Russia, or India, or China, or America. So, if one realises this that we are part of the whole of humanity, not English, British - you follow? - all that kind goes away. Then we become extraordinarily responsible. Not to my little family, but to all human beings. After all, that is love, isn't it? To feel totally responsible for my children who must be educated rightly, not be conditioned to a particular form of British outlook, or French outlook, whether Russian, or totalitarian, or whatever it is, educated, so that they become religious human beings. Because in that religion there is unity, which is not to be organised. And right education implies that sense of freedom from fear, from this terrible anxiety to fulfil, and so on. This is not the moment to go into right education. Nous disons donc que la condition humaine, c'est-à-dire la conscience humaine, - pas seulement la conscience individuelle - cette conscience fait partie de la conscience totale. Je me demande si vous le voyez? Votre conscience, que vous viviez en ville, ou dans un village, avec votre mari, votre femme, ou votre ami(e), cette petite conscience avec tous ses problèmes, que vous viviez dans une communauté heureuse ou hors d'une communauté, que vous viviez 'heureux' avec votre femme ou qui que ce soit, - heureux entre guillemets - cette petite conscience individuelle est la conscience du reste de l'humanité, laquelle est la somme de toutes les petites consciences individuelles. Je me demande si vous le voyez. Donc votre conscience n'est pas séparée. Je sais qu'on aime se croire tout à fait distinct, mais notre conscience et son contenu sont mis là par la pensée. N'est-ce pas? La pensée a créé cette conscience limitée. Alors, pour observer cette conscience, si limitée soit-elle, pour observer son activité sans aucune orientation, il faut simplement observer, sans choisir, [sans dire] 'je conserve cette partie-ci et abandonne l'autre', observer simplement la totalité du contenu. Quand vous observez de la sorte, - ce qui signifie qu'il n'y a pas d'observateur, qui est le passé - cette conscience n'a alors pas de centre. Je me demande si vous le voyez. Notre conscience est actuellement centrée sur elle-même, n'est-ce pas? Moi et mes activités, moi et mes problèmes, moi et mon travail, moi et mon épouse, moi et une autre femme, moi, etc., etc., etc. Cette conscience est le mouvement de la pensée. La pensée a mis dans cette conscience diverses activités, croyances, dogmes, rituels d'une part, vous savez, tout ce qu'on appelle la religion, et aussi l'activité professionnelle, l'activité des rapports personnels, chagrin, peine, douleur, anxiété, culpabilité, tout cela est notre conscience. Et cette conscience est la conscience de ceux qui vivent en Russie, en Inde, en Chine ou en Amérique. Alors, si l'on se rend compte qu'on fait partie de la totalité de l'humanité, on n'est pas Anglais, Britannique - vous suivez? - tout cela disparaît. On devient alors extraordinairement responsable, non pas de ma petite famille, mais de tous les êtres humains. Après tout, c'est cela l'amour, n'est-ce pas? Se sentir totalement responsable de mes enfants qui doivent être éduqués avec justesse - ne pas être conditionnés à se positionner en tant que Britanniques, en tant que Français, Russes, totalitaires ou autre - être éduqués afin qu'ils deviennent des êtres humains religieux. Car cette religion comporte l'unité, elle ne doit pas être organisée. Et une éducation juste implique un sentiment de liberté à l'égard de la peur, de cette terrible angoisse de devoir accomplir, et ainsi de suite. Ce n'est pas le moment de parler de l'éducation juste.
1:03:13 So when one feels that one is representative of all humanity, then you become extraordinarily responsible to the whole of mankind, therefore there will be no wars. Oh, you don't see all this. There will be no nationalities. That is actual - you understand? - this is not a theory, but when you feel that your consciousness is the rest of mankind, because they suffer in India, as well as you do here, in America, and so on, so on. So, our consciousness is the consciousness of mankind, and in the freeing of that consciousness of its content we have responsibility to the whole. And that is essentially the nature of love and compassion. Alors, quand on sent que l'on représente toute l'humanité, on devient alors extraordinairement responsable à l'égard de toute l'humanité, ce qui exclut donc toute guerre. Ah, vous ne voyez pas tout ceci. Il n'y aura plus de nationalités. C'est une réalité, vous comprenez, pas une théorie, dès lors que vous sentez que votre conscience est celle du reste de l'humanité, car en Inde on souffre autant qu'ici, qu'en Amérique, et ainsi de suite. Notre conscience est la conscience de l'humanité, et en délivrant cette conscience de son contenu, on est responsable du tout. Et telle est essentiellement la nature de l'amour et de la compassion.
1:04:34 We are going to meet the day after tomorrow. Instead of having dialogues, or discussions, which we have tried all over the world at different times, we thought it would be a good idea to have questions. Whatever question you want to ask, then we will try to answer each question. That's on Tuesday morning. Nous nous retrouverons après-demain. Au lieu d'avoir des dialogues ou des discussions, - ce qui a été essayé un peu partout dans le monde - nous avons pensé que ce serait une bonne idée d'avoir des questions. Toute question que vous aimeriez poser sera bienvenue, et nous tâcherons d'y répondre une à une. Ce sera pour mardi matin.