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BR79T3 - Peut-on se connaître complètement?
3e causerie
Brockwood Park, Angleterre
26 août 1979



0:51 May we continue with what we were talking about last Sunday and go on further into it? Pouvons-nous poursuivre ce dont nous parlions dimanche dernier, et l'approfondir davantage?
1:17 We were saying, weren't we, that the human mind and our way of living is so fragmented, broken up, and because human beings are so, thus we make the world into what it is: a chaotic, cruel, confused, frightened world. And we were also saying that self-awareness, that is, to know all about oneself, both the conscious as well as the unconscious, the deep down and the open mind, so that in knowing oneself, completely, - and it is possible to know oneself completely - then we can approach the world and ourselves as a whole. Our life, as it is now lived, of which we know very little about ourselves, and perhaps the psychologists, the therapists and the psychoanalysts tell us what we are, but to find out what we are we can't listen to them, because they are like us, equally confused, equally uncertain, equally frightened in various different ways. So one has to rely completely on oneself and not look to another to tell us what to do, including the speaker, naturally. Nous disions, n'est-ce pas, que l'esprit humain et notre façon de vivre sont si fragmentés, si morcelés, et que, du fait que les êtres humains sont ainsi, nous faisons du monde ce qu'il est, un monde chaotique, cruel, confus, apeuré. Et nous disions aussi que la conscience de soi, c'est connaître tout de soi-même, tant le conscient que l'inconscient, tout au fond et à la surface de l'esprit, de sorte qu'en se connaissant complètement - et est-il possible de se connaître complètement - on peut alors aborder le monde et soi-même comme un tout. Telle qu'elle est vécue actuellement, notre vie fait que nous savons très peu de choses sur nous-mêmes, et peut-être que les psychologues, les thérapeutes et les psychanalystes nous disent ce que nous sommes, mais pour découvrir ce que nous sommes, nous n'avons pas à les écouter, car ils sont comme nous, tout aussi confus, tout aussi incertains, tout aussi effrayés d'une manière ou d'une autre. Nous ne pouvons donc que compter complètement sur nous-mêmes, et ne pas attendre d'un autre qu'il nous dise quoi faire, y compris l'orateur, naturellement.
4:13 Can we know ourselves so completely? The wounds, the fears, the anxieties, the uncertainties, the very complex network of pleasures, death, love, and if there is a continuity after we die. Peut-on se connaître si complètement? Les blessures, les peurs, les anxiétés, les incertitudes, la trame complexe des plaisirs, la mort, l'amour et l'éventualité d'une continuité après la mort.
4:50 And also we should be aware, and know, and understand what is meditation. All that is our life: our education, our jobs, our way of thinking, our beliefs, our experiences, deep strong opinions, and so on. All that is our life, with all its struggles, with all its escapes, miseries, and so on. Can we know ourselves completely - all that? Then perhaps it would be possible to approach all our life as a whole, not as fragmented human beings. Et nous devrions aussi savoir et comprendre ce qu'est la méditation. Tout cela est notre vie, notre éducation, nos métiers, notre façon de penser, nos croyances, nos expériences, nos opinions bien ancrées, etc. Tout cela est notre vie, avec tous ses combats, ses fuites, malheurs, etc. Pouvons-nous nous connaître complètement - tout cela? Alors peut-être serait-il possible d'aborder l'ensemble de notre vie comme un tout, pas comme des êtres humains fragmentés.
6:06 So we are going to talk over together this morning whether it is possible, without any guidance from outside, because they have all led us up the garden path, they have all led us to this present state of the world - the politician, the economist, the religious people, and the gurus, and all the rest of the gang. And it becomes more and more imperative and necessary to find out for ourselves what is right action irrespective of circumstances? Such action which will not bring about further confusion, regrets, sorrow, more misery, and so on. Nous allons donc discuter ensemble ce matin, voir si c'est possible, sans la moindre directive extérieure - car ils nous ont tous dupés, ils nous ont tous conduits à l'état actuel du monde, les politiciens, les économistes, les religieux, les gourous et le reste de la bande. Et il devient de plus en plus impératif et nécessaire de découvrir par soi-même qu'est-ce que l'action juste, indépendamment des circonstances, une action qui n'amènera pas davantage de confusion, de regrets, de souffrance, de malheur, etc.
7:21 So, can one, each one know oneself so completely? Or must we be guided, be prepared to investigate, explore with the help of others? The others, however erudite, however knowledgeable, experienced, are just like us, psychologically they have more skill, greater capacity to express themselves, and so on. But we are, each one, as we pointed out the other day, like the rest of the world, with their sorrows, miseries, confusions, insecurities, intolerable fear, and so on. Can one know oneself, so completely, so that there is not a spot which is not being explored, understood, gone beyond? That is what we are going to talk about together this morning. Alors, chacun peut-il se connaître si complètement? Ou nous faut-il être guidés, préparés à la recherche, explorer avec l'aide d'autrui? Les autres, si érudits, si savants, si expérimentés soient-ils, sont exactement comme nous, psychologiquement; ils sont plus habiles, ont une plus grande aptitude à s'exprimer, etc. Mais, comme nous l'avons montré l'autre jour, chacun de nous est comme le reste du monde, avec ses souffrances, malheurs, confusions, insécurités, peurs intolérables, et ainsi de suite. Peut-on se connaître si complètement qu'aucune parcelle ne reste inexplorée, incomprise, non dépassée? Voilà de quoi nous allons parler ensemble ce matin.
9:05 Which is: to know oneself, all the movements of thought, the fears, hidden and open, all the pursuits of pleasure, sexual and otherwise. And find out for ourselves what love is. And understand the full significance of not only personal sorrow, but also the sorrow of mankind. And also, is it possible to understand the final event of our life which is death? All that is our living. And if we are not clear in ourselves, whatever we do will bring about further confusion. So it behooves us, it seems to us, so absolutely necessary to find out if we can know ourselves, right? We are going to begin. C'est-à-dire : se connaître soi-même, connaître tous les mouvements de la pensée, les peurs, cachées et évidentes, toutes les quêtes de plaisir, sexuel ou autre. Et découvrir par soi-même ce qu'est l'amour. Et comprendre toute la signification de la souffrance personnelle, mais aussi celle de l'humanité. Et est-il aussi possible de comprendre l'événement ultime de notre vie qu'est la mort? Tout cela est notre vie. Et si l'on n'est pas clair en soi-même, quoiqu'on fasse, cela n'apportera que plus de confusion. Il nous incombe donc - cela nous semble une nécessité absolue - de découvrir si l'on peut se connaître - n'est-ce pas? Nous allons commencer.
10:49 Which is: the speaker is not going to investigate, and you just merely listen, accepting or denying, but together. Together, think together, if it is possible, because no two people apparently seem to think together. And without pressure, without any form of compulsion, together go into this matter. That demands, first of all, certain attention, not concentration, but a certain quality of deep interest, a mind that is committed to find out, therefore care, freedom to observe. Right? That is absolutely obviously necessary. If one has certain prejudices, experiences which one clings to, then we cannot possibly think together, investigate together, or find out. So one must be somewhat free, at least for this morning, so that one begins to explore. Right? We are going first to explore, as we did the other day, the psychological wounds that one has received from childhood. We went into that the other day. A savoir : l'orateur ne va pas se mettre à examiner alors que vous vous contentez d'écouter, d'accepter ou de rejeter, mais pensant ensemble, nous allons voir si c'est possible, car il semble qu'il n'y ait pas deux personnes qui pensent ensemble. Et, sans pression, sans la moindre contrainte, nous allons ensemble pénétrer cette question. Ceci demande avant tout une certaine attention, pas de la concentration, mais une certaine qualité de profond intérêt, un esprit qui s'engage dans la découverte, et qui est donc attentif et libre d'observer. N'est-ce pas? Ceci est évidemment absolument nécessaire. Si l'on a certains préjugés, des expériences auxquelles on tient, il est alors impossible de penser ensemble, de chercher ensemble, ou de trouver. Il faut donc être tant soit peut libre, tout au moins ce matin, afin de commencer à explorer - n'est-ce pas? Nous allons d'abord explorer, comme nous l'avons fait l'autre jour, les blessures psychologiques que l'on a reçues depuis l'enfance. Nous avons vu cela l'autre jour.
13:00 And this morning we will first begin with fear. The fears that are deeply hidden, of which you are not conscious, know, or aware, and those obvious both psychological and physical fears. Right? We are following each other? Please, we are together, walking together. The speaker is not walking by himself, talking to himself. Together we are going along the road which might help us, if you are interested, if you are serious, if you want to go to the very end of it, investigate this enormous problem of fear. Et nous allons, ce matin, commencer par la peur. Les peurs profondément cachées, dont vous n'avez pas conscience, que vous ne connaissez pas, et celles, psychologiques et physiques, qui sont évidentes. N'est-ce pas? Suivons-nous? Je vous en prie, nous marchons ensemble. L'orateur ne marche pas tout seul, ne parle pas tout seul. Ensemble, nous allons cheminer le long de la route - ce qui pourra nous aider, si vous êtes intéressés, sérieux, si vous voulez aller jusqu'au bout du chemin - et étudier cet énorme problème de la peur.
14:09 There is both fear of insecurity, physically, not having jobs, or having jobs, frightened to lose them, the various forms of strikes that are going on in this country, and so on, so on. So most of us are rather nervous, frightened of not being physically completely secure. Obviously. Why? Is it because we are always isolating ourselves as a nation, as a family, as a group? And so this slow process of isolation - the French isolating themselves, the Germans, and so on, so on, so on - is gradually bringing about insecurity for all of us, which is obvious. So can we observe this, not only outwardly? By observing what is happening outwardly, knowing what exactly is going on, then from there we can begin to investigate in ourselves, because otherwise you have no criteria, otherwise one can deceive oneself. Il y a la peur de l'insécurité, physiquement, peur de ne pas avoir d'emploi, ou si l'on en a un, peur de le perdre, peur des grèves, comme il y en a tant dans ce pays, etc., etc. Donc nous sommes, pour la plupart, assez anxieux, craignant de ne pas être en complète sécurité, physiquement. C'est évident. Pourquoi? Est-ce parce que nous sommes toujours en train de nous isoler, en tant que nation, que famille, que groupe? De sorte que ce lent processus d'isolement - les Français qui s'isolent, les Allemands, etc., etc. - engendre progressivement une insécurité qui nous affecte tous, ce qui est évident. Alors pouvons-nous observer cela, pas seulement extérieurement? En observant ce qui se passe extérieurement, sachant exactement ce qui a lieu, on peut commencer, à partir de là, à chercher en soi-même. Autrement, en l'absence de tout critère, on peut se tromper.
15:51 So we must begin from the outer and work towards the inner. Right? It is like a tide that is going out and coming in. It is not a fixed tide, it is moving, out and in, all the time. I hope you are all following this. Il faut donc commencer par l'extérieur et oeuvrer en direction de l'intérieur. N'est-ce pas? C'est comme la marée qui avance et se retire. Ce n'est pas une marée statique, elle est constamment en flux et reflux. J'espère que vous suivez tous.
16:15 And this isolation, which has been the tribal expression of every human being, is bringing about this physical lack of security. Right? If one sees the truth of it, not the verbal explanation, or the intellectual acceptance of an idea, but if one actually sees this, as a fact, then one doesn't belong to any group, to any nation, to any culture, to any organised religion, because they are also separative, the Catholic, the Protestant, the Hindu, and so on, so on, so on. Et cet isolement, qui fut l'expression tribale de chaque être humain, engendre ce manque de sécurité physique. N'est-ce pas? Si l'on en voit la vérité, pas l'explication verbale ou l'acceptation intellectuelle d'une idée, mais si on le voit concrètement comme un fait, on n'appartient alors à aucun groupe, à aucune nation, à aucune culture, à aucune religion organisée car celles-ci sont toutes facteurs de séparation - le catholique, le protestant, l'hindou, etc., etc.
17:17 Will you do that, as we are discussing, walking together, drop the things which are false, which are not factual, which have no value whatsoever? Though we think they have value. Actually when you observe, nationality breeds wars, and all the rest of it. So can we drop that, so that physically we can bring about a unity of man? You understand, sirs? And this unity of man can only come about through religion, not the phoney religions that we have - sorry, I hope I am not offending anybody, either the Catholic, the Protestant, the Hindu, the Muslim, the Arab - you know, all those religions are based on thought, put together by thought. And that which thought has created is not sacred; it is just thought, it is just an idea. And you project an idea, symbolise it, then worship it; and in that symbol, or in that image, or in that ritual there is absolutely nothing sacred. And if one actually observes this, then one is free from all that to find out what is true religion, because that may bring us together. Le ferez-vous pendant que nous discutons, marchant ensemble, laisserez-vous tomber ces choses fausses, non factuelles, qui n'ont aucune valeur? Bien qu'on puisse leur attribuer une valeur, l'observation montre que le nationalisme engendre les guerres et tout le reste. Alors, peut-on laisser tomber cela afin que physiquement on puisse engendrer une unité chez l'homme? Vous comprenez, Messieurs? Et cette unité de l'homme ne peut venir que de la religion, pas des religions factices que nous connaissons - pardon, j'espère n'offenser personne. Qu'il s'agisse de la religion catholique, protestante, hindoue, ou musulmane - vous savez, l'arabe - toutes ces religions se fondent sur la pensée, sont élaborées par la pensée, et ce que la pensée a créé n'est pas sacré, ce n'est que de la pensée, qu'une idée. Et vous projetez une idée, la symbolisez, puis l'adorez, et ce symbole, cette image, ou ce rituel, ne comportent absolument rien de sacré. Et si l'on observe effectivement tout ceci, on en est alors délivré, libre de découvrir ce qu'est la vraie religion, car cela pourrait tous nous réunir. Il faudrait donc aller aux niveaux les plus profonds de la peur,
19:12 So, if we can go into much deeper levels of fear, which is: psychological fears. Right? Psychological fears in relationship, one with the other, psychological fears with regard to the future, fears of the past, that is fears of time, right? You are following this, please? We have got a lot to cover this morning. Please, I'm not a professor, a scholar, delivering a sermon and going back to his rotten life. But this is something very, very serious which affects all our lives, so please give your attention and care. So there are fears in relationship, fears of uncertainty, fears of the past and the future, fears of not knowing, fears of death, fear of loneliness. Right? Look at yourselves please, not at the speaker and the words. The agonising sense of solitude; you may be related to others, you may have a great many friends, you may be married, children, but there is this sense of deep isolation, sense of loneliness. That is one of the factors of fear. c'est-à-dire : les peurs psychologiques - n'est-ce pas? Peurs psychologiques dans nos relations mutuelles, peurs psychologiques à l'égard de l'avenir, peurs du passé, c'est-à-dire du temps, n'est-ce pas? Vous suivez ceci? Nous avons beaucoup à couvrir ce matin. Je ne suis pas un professeur, un érudit qui prononce un sermon et retourne à sa vie déplorable. C'est une chose très, très sérieuse, qui affecte la vie de tous, alors veuillez y consacrer toute votre attention, tous vos soins. Il y a donc des peurs liées à la relation, peurs de l'incertitude, peurs du passé et de l'avenir, peurs de ne pas savoir, peurs de la mort, peur de la solitude. N'est-ce pas? Observez-vous, je vous prie, pas l'orateur et ses paroles. L'angoissante sensation de solitude : vous aurez beau être relié aux autres, avoir beaucoup d'amis, être marié, avoir des enfants, et pourtant ressentir ce profond isolement, ce sentiment de solitude. C'est là un des facteurs de la peur.
21:38 There is also the fear of not being able to fulfil. I don't know whatever that may mean. And the desire to fulfil brings with it the sense of frustration, and in that there is fear. There is fear of not being able to be absolutely clear about everything. Right? So there are many, many, many forms of fear. You can observe your own particular fear, if you are interested, if you are serious. Because a mind that is frightened, knowingly or unknowingly, can try to meditate. Right? And that meditation only leads to further misery, further corruption, because a mind that is frightened can never see what is truth. Right? So we are going to find out, together, if it is possible to be totally, completely free of fear in all its depth, right? Il y a aussi la peur de ne pouvoir accomplir. J'ignore ce que cela veut dire. Et le désir d'accomplir s'accompagne d'un sentiment de frustration, et il y a en cela de la peur. Il y a la peur de ne pouvoir être absolument clair sur tout - n'est-ce pas? La peur revêt donc beaucoup, beaucoup de formes. Vous pouvez observer votre propre peur, si cela vous intéresse, si vous êtes sérieux. Car un esprit qui éprouve la peur, consciemment ou inconsciemment, peut essayer de méditer - n'est-ce pas? et cette méditation ne peut que mener à davantage de malheur, à plus de corruption, car un esprit apeuré ne peut jamais voir la vérité. N'est-ce pas? Nous allons donc découvrir ensemble s'il est possible d'être complètement délivré de la peur, dans toute sa profondeur - n'est-ce pas?
23:30 You know, we are undertaking a job which demands a very careful observation: to observe one's own fear. And how you observe that fear is all important. Right? Can we go on? How do you observe the fear? Is it a fear that you have remembered, and so recall it, and then look at it? Or is it a fear that you have had no time to observe and therefore it is still there? Or the mind is unwilling to look at fear? You are following? I wonder if you coming to it. So which is it that is actually happening? Unwilling to look? Unwilling to observe one's own fears, because most of us do not know how to resolve them? Either we escape, run away, or - you know all the things - analyse, thinking thereby we will get rid of it, but the fear is still there. So it is important to find out how you look at that fear. Right? How do you observe fear? Right. Now you are finished with him, now let's come back. Vous savez, nous entreprenons une tâche qui demande une observation très attentive : observer sa propre peur. Et la façon d'observer cette peur revêt une importance extrême. Pouvons-nous poursuivre? Comment observez-vous la peur? Est-ce une peur dont vous vous êtes souvenu, et vous vous la remémorez, puis l'observez? Ou est-ce une peur que vous n'avez pas eu le temps d'observer, et par conséquent, elle est toujours présente? Ou l'esprit n'est-il pas désireux de regarder la peur? Vous suivez? Je me le demande. Alors, qu'en est-il réellement? Pas désireux de regarder? Pas désireux d'observer ses propres peurs, parce que, pour la plupart, nous ignorons comment les résoudre? Soit nous nous dérobons - vous connaissez tout cela - ou analysons, pensant par là nous en débarrasser, mais la peur est toujours là. Il importe donc de découvrir comment regarder cette peur - n'est-ce pas? Comment observez-vous la peur? Bien. Ce problème étant réglé, revenons à nos moutons.
26:10 How do you observe fear? This is not a silly question, because either you observe it after it has happened, or you observe it as it is happening. Right? For most of us the observation takes place after it has happened. Right? Now we are asking whether it is possible to observe fear as it arises. Right? That is, you are threatened by another belief, a belief that you hold very strongly, you are frightened about it, there is fear in that, right? Now, I am challenging you now. You have certain beliefs, certain experiences, certain opinions, judgements, evaluations, and so on. When one is challenging them, there is either resistance, building a wall against it, or you are doubtful whether you are going to be attacked, and so fear arises. Now, can you observe that fear as it arises? Right? Come on, sirs. Right? You are following what I am saying? Will you do it? Are you doing it? Now, how do you observe that fear? The word, the recognition of the response which you call fear, because you have had that fear previously, the memory of it is stored up, and when the fear arises you recognise it. Right? So you are not observing but recognising. I wonder if you see this? Comment observez-vous la peur? Ce n'est pas une question idiote, car soit vous l'observez après qu'elle se soit manifestée, soit vous l'observez pendant qu'elle se manifeste. N'est-ce pas? Pour la plupart d'entre nous, l'observation se fait après qu'elle ait eu lieu. Nous demandons à présent s'il est possible d'observer la peur pendant qu'elle surgit - n'est-ce pas? Par exemple, vous vous sentez menacé par une autre croyance, vous avez une croyance à laquelle vous tenez très fortement; vous avez peur, il y a de la peur là, n'est-ce pas? Je vous lance maintenant un défi. Vous avez certaines croyances, expériences, opinions, jugements, évaluations, etc. Quand on vient les bousculer, il y a soit résistance, soit construction d'un mur de protection, ou vous vous demandez si vous allez être attaqué, et donc la peur surgit. Pouvez-vous maintenant observer cette peur pendant qu'elle surgit? Allons, Messieurs. Bien? Vous suivez? Le faites-vous? Alors, comment observez-vous cette peur? Le mot, en reconnaissant la réaction que vous appelez peur du fait que vous avez déjà éprouvé cette peur, le souvenir de cette peur est emmagasiné, et quand la peur survient, vous la reconnaissez - n'est-ce pas? Donc, vous n'êtes pas en train d'observer, mais de reconnaître. Je me demande si vous voyez cela?
28:55 So, recognition doesn't free the mind from fear. It only strengthens the fear. Whereas if you are able to observe as it arises, then there are two factors taking place in it. One, that you are different from that fear. Right? And so you can operate on that fear, control it, chase it away, rationalise it, and so on. That is, you doing something about that fear. Right? That is the way we generally observe. In that there is a division: the me and the fear, so there is conflict in that division. Right? Whereas if you observe that fear is you, you are not different from that fear. I wonder if you get this. If you once grasp the principle of this that the observer is the observed, that the person who says, 'I am observing,' then he is separating himself from that which he is observing, whereas the fact is the observer is that fear. Therefore there is no division between the observer and the fear. Right? That is a fact. Le fait de reconnaître ne libère donc pas l'esprit de la peur. Cela ne fait que renforcer la peur. Tandis que si vous êtes capable de l'observer pendant qu'elle surgit, alors, deux facteurs se présentent. L'un est que vous êtes distinct de cette peur, n'est-ce pas? Et ainsi, vous pouvez agir sur cette peur, la maîtriser, la chasser, la rationnaliser, et ainsi de suite. C'est-à-dire que vous faites quelque chose à propos de cette peur. C'est ainsi que nous observons généralement. Il y a là une division : le moi et la peur, et cette division comporte le conflit. N'est-ce pas? Tandis que si vous observez que cette peur est vous, vous n'êtes pas distinct de cette peur. Je me demande si vous le saisissez. Une fois pour toutes, saisissez le principe que l'observateur est l'observé, que la personne qui dit 'j'observe' se sépare alors de ce qu'elle observe, tandis que le fait est que l'observateur est cette peur. Il n'y a donc aucune division entre l'observateur et cette peur - n'est-ce pas? C'est là un fait.
31:00 Then what takes place? Let's first hold it for a minute. Are you all following all this? As we said, are we observing fear through the process of memory, which is recognition, the naming? Right? From that the tradition says, 'Control it,' the tradition says, 'Run away from it,' the tradition says, 'Do something about it so that you are not frightened.' So the tradition has educated us to say that we, the 'me,' is different from fear. Right? So can you be free of that tradition and observe that fear? That is, observe without the thought that has remembered, that reaction which has been called fear in the past. It requires great attention. You understand? It requires skill in observation. Que se passe-t-il alors? Restons un instant là-dessus. Suivez-vous tous ceci? Comme nous l'avons dit, sommes-nous en train d'observer la peur par le biais de la mémoire, qui reconnait, qui nomme? Se fondant sur cela, la tradition dit 'maîtrisez-la', la tradition dit 'fuyez-la', la tradition dit 'faites quelque chose à ce sujet pour ne pas avoir peur'. La tradition nous a donc appris que le 'moi' est distinct de la peur. N'est-ce pas? Pouvez-vous alors vous affranchir de cette tradition et observer cette peur? C'est-à-dire, observer sans la pensée qui se souvient de cette réaction que, dans le passé, on a appelé la peur. Ceci demande une grande attention. Vous comprenez? Ceci demande une grande habileté dans l'observation.
32:39 That is also part of yoga. You understand? It is not merely doing exercises which is not yoga at all, but the skill in observation. That is, in observing there is only pure perception, not the interpretation of that perception by thought. You understand all this? Please do it as we are talking about it. Cela fait aussi partie du yoga. Vous comprenez? Il ne s'agit pas de se contenter d'exercices, ce qui n'est pas du tout du yoga, mais l'habileté dans l'observation. C'est-à-dire que là, l'observation n'est que pure perception, et non pas l'interprétation de cette perception par la pensée. Vous comprenez tout ceci? Faites-le je vous prie, pendant que nous en parlons.
33:16 Then what is fear? You understand? Now I have observed someone threatening, the belief that I hold, the experience that I cling to, the saying 'I have achieved,' and someone threatens it, and therefore the fear arises. In observing that fear, we have explained it, we have come to the point when you observe without the division, right? Qu'est-ce alors que la peur? Vous comprenez? J'observe à présent quelqu'un qui met en péril ma croyance, ma chère expérience qui me fait dire 'j'ai accompli' et quelqu'un met cela en péril, et la peur survient. Ayant observé cette peur, nous l'avons expliqué, nous en sommes venus au point où vous observez sans la division - n'est-ce pas?
33:54 Now, the next question is: what is fear? You are following this? What is fear? Fear of the dark, fear of husband, wife, girl, or whatever it is, fear, artificial and actual, and so on. What is fear, apart from the word? The word is not the thing, right? Please, one must recognise this very deeply: the word is not the thing. Right? May we go on? La question qui suit est celle-ci : qu'est-ce que la peur? Vous suivez? Qu'est-ce que la peur? Peur de l'obscurité, peur du mari, de l'épouse, de l'amie, ou de qui vous voudrez, peur artificielle ou réelle, etc. Qu'est-ce que la peur, hormis le mot? Le mot n'est pas la chose. N'est-ce pas? Je vous en prie, il faut reconnaître cela en profondeur, le mot n'est pas la chose. N'est-ce pas? Pouvons-nous poursuivre?
34:44 So, what is that which we call fear, without the word? Or the word creates the fear? Are you interested in all this? Because if the word creates the fear, the word being the recognition of something that has happened before, which means a word has been given to something that has happened before, which we have called fear, so the word becomes important. Right? Like the Englishman, the Frenchman, the Russian, the word is tremendously important for most of us. But the word is not the thing, right? So what is fear? Apart from the various expressions of fear, the root of it? Because then if we can find the root of it, then unconscious and conscious fears can be understood. The root, the moment you have a perception of the root, the conscious mind and the unconscious mind have no importance, there is the perception of it, right? What is the root of fear? Fear of yesterday, of a thousand yesterdays, fear of tomorrow, right? Tomorrow, death - not for you. Or the fear of something that has happened in the past. There is no actual fear now. Please understand this carefully. If suddenly death strikes one, it is finished. It is over. You have a heart attack and it is finished. But the idea that a heart attack might happen in the future, right? So is fear - please follow this carefully - is fear, the root of it, time? You understand? Time. Time being a movement of the past, modified in the present, and going on in the future. This whole movement, is that the cause of fear, the root of it? Alors, qu'est-ce que cette chose que nous appelons peur, sans le mot? Ou c'est le mot qui crée la peur. Tout ceci vous intéresse-t-il? Car si le mot crée la peur, le mot étant la reconnaissance de quelque chose qui a eu lieu auparavant, cela signifie qu'un mot a été donné à quelque chose qui a eu lieu auparavant, que nous avons appelé la peur. Le mot devient donc important - n'est-ce pas? Comme [les mots] Anglais, Français, Russes le mot revêt pour la plupart d'entre nous une énorme importance. Mais le mot n'est pas la chose. Qu'est-ce alors que la peur, hormis les diverses expressions de la peur, sa racine? Car si nous pouvons en découvrir la racine, les peurs inconscientes et conscientes peuvent être comprises. Dès l'instant où vous avez une perception de la racine, l'esprit conscient et l'esprit inconscient n'ont plus d'importance - n'est-ce pas? Quelle est la racine de la peur? Peur d'hier, d'un millier d'hiers, peur de demain. N'est-ce-pas? Demain, la mort - pas pour vous. Ou peur d'une chose qui a eu lieu dans le passé. Il n'y a pas de peur réelle en ce moment. Comprenez bien ceci, je vous prie. Si la mort frappe subitement, c'est fini. Terminé. Vous avez une crise cardiaque, et c'est fini. Mais l'idée qu'une crise cardiaque pourrait se produire dans le futur... n'est-ce pas? Donc la peur - suivez bien, la peur a-t-elle pour racine le temps? Vous comprenez? Le temps. Le temps étant un mouvement du passé qui se modifie dans le présent, et se poursuit dans le futur. Tout ce mouvement est-il la cause, la racine de la peur?
38:09 We are asking: is thought, which is time, the root of fear? Thought is movement. Right? Any movement is time. So I was asking: is the root of fear time, thought? And if we can understand the whole movement of time - right? - the time psychologically as well as physically, the time that it takes for you to go from here back home, physical time to cover the distance, and the psychological time, which is the tomorrow. Right? So, is tomorrow the root of fear? Right? Which means, can one live - please, we are talking about daily living, not just theories - can one live without tomorrow? You are following this? Do it. That is, if you have had a pain yesterday, physical pain, to finish with that pain yesterday, not carry it over to today and to tomorrow. You understand the question? It is the carrying over, which is the time, that brings fear. I wonder if you can do all this? Nous demandons ceci : la pensée, qui est le temps, est-elle la racine de la peur? Pensée égale mouvement. N'est-ce pas? Tout mouvement est du temps. Alors, nous demandons ceci : la racine de la peur est-elle le temps? La pensée? Et si l'on peut comprendre tout le mouvement du temps, - n'est-ce pas? - le temps, à la fois psychologiquement, et physiquement, le temps qu'il faut pour vous rendre d'ici à chez vous, le temps physique pour parcourir une distance, et le temps psychologique, c'est-à-dire demain. N'est-ce pas? Demain est-il la racine de la peur? N'est-ce pas? Ce qui signifie, peut-on vivre - c'est de la vie quotitidienne qu'il s'agit, pas de simples théories - peut-on vivre sans lendemain? Vous suivez? Faites-le. Ainsi, hier vous avez ressenti une douleur physique; Il s'agit d'en finir avec cette douleur d'hier, ne pas la reporter à aujourd'hui et à demain. Vous comprenez la question? C'est le report, c'est-à-dire le temps, qui engendre la peur. Je me demande si vous pouvez faire tout cela.
40:39 So, it is totally possible, and absolutely possible, that fear, psychological fear can end, if you apply what is being said. The cook can make a marvellous dish, but if you are not hungry, if you don't eat it, then it remains merely on the menu and of no value. But whereas if you eat it, apply it, go into it by yourself, you will see that fear can absolutely psychologically come to an end, so the mind is free from this terrible burden man has carried. Right? Il est donc tout à fait possible, absolument possible que la peur psychologique puisse cesser, pour peu que vous appliquiez ce qui est dit. Le cuisinier peut préparer un plat merveilleux, mais si vous n'avez pas faim, vous ne le mangez pas, il ne fait que figurer sur le menu et n'a aucune valeur. Tandis que si vous le mangez, en faites usage, l'approfondissez par vous-même, vous verrez que la peur peut absolument prendre fin psychologiquement, et l'esprit est libéré de ce terrible fardeau qui a pesé sur l'homme. N'est-ce pas?
41:46 Then the next question is, which is part of our life, which is pleasure. Right? Are you afraid to tackle it? Because for most of us pleasure is an extraordinarily important thing. Pleasure of possession, pleasure of achievement, pleasure of fame, pleasure of doing something skilfully, and so on - pleasure. Sexual, sensory, and intellectual. A man who has a great deal of knowledge, he delights in that knowledge. But as we pointed out, with that knowledge goes also ignorance, because knowledge is never complete, but he forgets that part and only remembers the knowledge which he has acquired. And in that there is great pleasure, - right? - sensory, sexual, romantic, sentimental, intellectual, having experiences, which are sensory. So this whole combination of various elements brings this extraordinary feeling of pleasure, right? Le sujet suivant, qui fait partie de notre vie, concerne le plaisir. N'est-ce pas? Avez-vous peur de l'aborder? Car pour la plupart d'entre nous, le plaisir revêt une importance extrême. Plaisir de la possession, plaisir de l'accomplissement, plaisir de la renommée, plaisir de faire une chose avec habileté, et ainsi de suite. Plaisir sexuel, sensoriel et intellectuel. Celui qui dispose d'un grand savoir, en éprouve de la jouissance. Cependant, comme nous l'avons indiqué, ce savoir s'accompagne aussi d'ignorance, car le savoir n'est jamais complet, mais il oublie cet aspect et ne se souvient que du savoir qu'il a acquis. Et il y a en cela un grand plaisir, sensoriel, sexuel, romantique, sentimental, intellectuel - avoir des expériences qui sont sensorielles. Donc tout cet ensemble d'éléments divers procure cette extraordinaire sensation de plaisir - n'est-ce pas?
43:41 Why shouldn't we have pleasure? You understand? Religions throughout the world have said, 'Don't, only have the pleasure to serve God.' You understand? All your senses, sexual - all that must be dissipated, put away. This is what the organised religions throughout the world have said. We are not saying that. We are saying, investigate it, why man, human being, demands, pursues this thing, pleasure. Why? Go on, sirs. There is the pleasure, physical pleasure, sexual, seeing a lovely sunset, seeing the beauty of a mountain, the calm waters of a lovely lake, to observe it. But having observed it, having seen it, and enjoyed it, the mind has a remembrance of that enjoyment and pursues that enjoyment, right? That is, the continuation of pleasure: having seen the sunset, taken delight in it, not end it, but remember it, and that demand of the previous pleasure to be continued. Pourquoi ne faudrait-il pas avoir du plaisir? Vous comprenez? Les religions du monde ont dit 'il ne faut pas... n'ayez d'autre plaisir que celui de servir Dieu'. Vous comprenez? Tous vos sens, sexuels, tout cela doit être dissipé, écarté. Voilà ce qu'ont dit toutes les religions organisées du monde. Ce n'est pas ce que nous disons. Nous disons, étudiez cela, pourquoi l'homme, l'être humain, demande-il, recherche-t-il le plaisir? Pourquoi? Allons, Messieurs. Il y a le plaisir physique, sexuel. Voir un merveilleux coucher de soleil, voir la beauté d'une montagne, les eaux calmes d'un lac merveilleux, observer cela. Mais, après l'avoir observé, l'avoir vu, en avoir joui, l'esprit se souvient de cet émerveillement, et poursuit cet émerveillement - n'est-ce pas? C'est la continuation du plaisir : avoir vu le coucher de soleil, en avoir joui, ne pas y avoir mis fin, mais s'en être souvenu, avec ce besoin d'une continuité du plaisir passé.
45:54 So thought - right, you are following? - thought interferes with that moment of perception, then remembers it, then wants more of it. You have seen all this - sex, you know all about it. The remembrance of it, the picture, the excitement, the whole mechanism of thought operating, and pursuing that. Right? Why does thought do this? You are following my question? Why does thought take over an incident that is over, remember it, and pursue it? Donc la pensée - n'est-ce pas, vous suivez? - la pensée intervient sur cet instant de perception, s'en souvient, et en veut davantage. Vous avez vu tout cela - sexe - vous connaissez tout cela, le souvenir de la chose, l'image, l'excitation, tout le mécanisme du fonctionnement de la pensée qui poursuit cela - n'est-ce pas? Pourquoi la pensée fait-elle cela? Vous suivez ma question? Pourquoi la pensée s'empare-t-elle d'un incident terminé, s'en souvient et le poursuit?
47:00 The pursuit is the pleasure. You are following this? Why? Why does thought do this? Is it part of our education, part of our tradition, part of our habit? Every man does this - better include the woman, too, because otherwise... Every human being does this, why? Go into it, sirs, don't look at me. Why do you pursue pleasure? Is it that that creates isolation? You are following this? Is that what makes for the so-called individual? My pleasure, and it is private. All pleasure is private, unless you go to football, and all that kind of stuff. Pleasure is private. Is that one of the reasons why human beings secretly pursue this pleasure? Because it gives them importance to themselves? You are following all this? Therefore pleasure may be the cause of this tremendous isolation, as a group, as a family, as a tribe, as a nation. I wonder if you see all this? La poursuite est le plaisir. Vous suivez tout ceci? Pourquoi? Pourquoi la pensée fait-elle cela? Cela fait-il partie de notre éducation, de notre tradition, de notre habitude? Chaque homme le fait - mieux vaut y inclure la femme, sinon !... Chaque être humain le fait; pourquoi? Approfondissez, Messieurs, ne me regardez pas. Pourquoi recherchez-vous le plaisir? Est-ce cela qui crée l'isolement? Vous suivez? Est-ce cela qui constitue le soi-disant individu? Mon plaisir, et il m'est personnel. Tout plaisir est personnel, à moins de s'adonner au football, et tout cela. Le plaisir est personnel; serait-ce là une des raisons pour laquelle les êtres humains poursuivent secrètement ce plaisir? Du fait que cela leur donne de l'importance? Vous suivez? Le plaisir pourrait donc être la cause de ce terrible isolement, en tant que groupe, que famille, que tribu, que nation. Je me demande si vous voyez tout ceci?
49:05 So when one sees the truth of it, the truth, not the words, not the intellectual concept, then will thought take over and make it a remembrance? You understand? Or just see the sunset - finish. Experiment with this, you will see for yourself, if you do it, that thought, as in the case of fear, is the origin, the beginning of this conflict, both of fear and the pursuit of pleasure, right? Alors, quand on en voit la vérité, la vérité, pas les mots, pas le concept intellectuel, la pensée s'en emparera-t-elle alors pour en faire un souvenir? Vous comprenez? Ou l'on voit simplement le coucher de soleil - point final. Mettez cela à l'épreuve, et vous verrez par vous-même, que, comme pour la peur, la pensée est à l'origine de ce conflit; cela vaut pour la peur comme pour la poursuite du plaisir.
50:01 Then there is the question - we are dealing with the whole of our life - then there is the question, why human beings throughout the world suffer. We are not talking about the physical suffering - that can be dealt with also, if the mind is not continually attached, always concerned with itself, you understand? You have had a pain, disease, infirmity of some kind or other. Thought then becomes so concerned. Right? And so it identifies itself with that, and so the mind itself becomes crippled. Right? So can the mind, thought, see the infirmity, the disease, the pain... Yes, you follow? Try it, do it, you will find out. When you are sitting in the dentist's chair - the speaker has done for four hours - when you sit down on the dentist's chair and the drill is going on, observe it. You will see, find out. Or look out of the window and see the beauty of the tree, so that the mind is capable of observing itself with a detachment - you understand? Oh, you can't do all this. Puis vient la question - nous traitons de l'ensemble de notre vie - puis vient la question suivante : pourquoi les êtres humains souffrent-ils partout dans le monde? Nous ne parlons pas de la souffrance physique, cela aussi peut être traité si l'esprit n'est pas continuellement attaché, continuellement préoccupé par lui-même - vous comprenez? Vous avez éprouvé une douleur, une maladie, une infirmité quelconque. La pensée devient alors très soucieuse - n'est-ce pas? Et elle s'identifie alors à cela, et l'esprit lui-même devient infirme - n'est-ce pas? Alors, l'esprit, la pensée peut-elle voir l'infirmité, la maladie, la douleur? - 'Oui' - vous suivez? Essayez, faites-le, vous le découvrirez. Quand vous êtes chez le dentiste, - l'orateur y a passé quatre heures - quand vous êtes dans le fauteuil du dentiste, et que la fraise fonctionne, observez la chose. Vous verrez, découvrirez. Ou regardez par la fenêtre et voyez la beauté des arbres, de sorte que l'esprit puisse s'observer avec détachement - vous comprenez? Oh, vous n'y parvenez pas.
52:19 So we are asking: why do human beings throughout the world suffer, accept suffering, and live with it? There have been two wars, terrible. Think of the tears that human beings have shed. And their children, their grandchildren will support war. You understand? So sorrow doesn't teach man apparently. Right? They worship sorrow, the Christians do. The Hindus have different explanations for sorrow, for what you have done in the past, past life, and so on. I won't go into all that. Nous demandons donc : pourquoi les êtres humains, partout dans le monde, souffrent-ils, acceptant la souffrance et vivant avec? Il y a eu deux terribles guerres, pensez aux larmes qu'ils ont versées. Et leurs enfants, leurs petits-enfants vont soutenir la guerre. Il semble donc que la souffrance n'apprenne rien à l'homme. Ils vénèrent la souffrance - les chrétiens le font. Les hindous expliquent la souffrance différemment, par nos actions passées, dans la dernière vie, etc. Je ne vais pas aborder tout cela.
53:26 So we are asking: what is sorrow? And why man lives with sorrow? You understand? Find out, sirs, give your minds to this. As you give your minds to sex, to jobs, to this or that, give your mind and heart to find out whether man can ever be free from sorrow. Is sorrow part of the egotistic attitude towards life? That is, my son is dead, or my wife has run away, or something, or other, to which I am greatly attached, and it is taken away for various reasons, and I suffer. There's grief, there're tears, there's antagonism there's bitterness, cynicism. Why? You understand? Is it I am so caught up in my own problems, I am so self-centred, my son is me. Right? Or my daughter is me. I am attached. I hold on. And when that is gone, there is a great sense of emptiness, great sense of loneliness, great sense of lack of relationship. Right? Is that the reason that one suffers? That is, the son being taken away - death or whatever it is - has revealed to me what I am: my loneliness, my isolation, my lack of real relationship. I thought I was related, but it is my son - you follow? So, the taking away of the son reveals my condition. Go carefully into this. And I suddenly realise my loneliness, my sense of loss, the deprivation of something to which I am greatly attached. The death of the son has revealed to me, right? But that revelation, an awareness of the self, of the 'me,' has revealed before the incident. I wonder if you see this? Right? You are seeing this? Nous demandons donc : qu'est-ce que la souffrance? Et pourquoi l'homme vit-il dans la souffrance? Vous comprenez? Découvrez-le Messieurs, appliquez-y vos esprits, comme vous le faites pour la sexualité, vos emplois, pour ceci ou cela, appliquez votre esprit et votre coeur à découvrir si l'homme peut jamais être libre de la souffrance. La souffrance fait-elle partie de l'attitude égoïste à l'égard de la vie? Ainsi, mon fils est mort, ou ma femme est partie, ou une chose ou l'autre à laquelle je suis très attaché, et cela m'est retiré pour des raisons diverses, et je souffre. D'où chagrin, larmes, antagonisme, amertume, cynisme. Pourquoi? Vous comprenez? Serait-ce que je suis tellement pris par mes propres problèmes, tellement égocentrique : mon fils est moi - n'est-ce pas? - ou ma fille est moi. Je suis attaché. Je m'accroche, et quand tout cela est parti, il y a un grand vide, la sensation d'une grande solitude, d'un manque de relation. Est-ce la raison pour laquelle on souffre? C'est-à-dire, le fils m'a été retiré; la mort ou quelqu'autre cause m'a révélé ce que je suis, ma solitude, mon isolement, mon manque de véritable relation. Je me pensais relié, mais c'est mon fils, vous suivez? Ainsi, l'enlèvement de mon fils révèle mon état. Abordez ceci avec prudence. Et brusquement, je réalise ma solitude, ma sensation d'avoir perdu, d'avoir été privé de ce à quoi je suis très attaché. La mort du fils a été révélatrice pour moi. Mais cette révélation, une conscience de soi, du 'moi', l'aurait révélée avant l'incident. Je me demande si vous le voyez? Oui? Vous le voyez?
57:21 As we said at the beginning of the talk, self-awareness. Self-awareness is to know one's self, one's attachments, one's loneliness, one's sense of isolation - all that, to know the totality of oneself. The incident of the son reveals that, right? That is, reveals after the incident. But if there is self-awareness from the very beginning, taking away the son, the son dying, is what? It is no longer the sorrow which is brought about through attachment. Right, you have understood? My mind now accepts it. It is no longer caught in self-pity, in the struggle to be free from isolation, taking comfort in a belief, or in this, or that. Right? So one sees sorrow exists so long as the self is there. I wonder if you see this? So, the total abandonment of the self is the ending of sorrow. Are you following all this? Will you abandon yourselves? No, sirs. Therefore we worship sorrow, or run away from it. Comme nous l'avons dit au début de la causerie, la conscience de soi consiste à se connaître, à connaître ses attachements, sa solitude, sa sensation d'isolement et tout cela, connaître la totalité de soi. L'incident du fils le révèle - n'est-ce pas? c'est-à-dire, le révèle après l'incident. Mais s'il y a dès le début une conscience de soi, la perte du fils, sa mort est... quoi donc? Elle n'est plus cette souffrance qu'entraîne l'attachement. Avez-vous compris? Désormais mon esprit l'accepte. Il n'est plus captif de la pitié de soi, de la lutte pour se défaire de l'isolement en cherchant le réconfort dans une croyance, ou dans autre chose. On voit donc que la souffrance existe tant que le moi est présent. Je me demande si vous le voyez? Donc l'abandon total du 'moi' est la fin de la souffrance. Suivez-vous tout ceci? Abandonnerez-vous vos individualités? Non, Messieurs. Par conséquent, nous vénérons la souffrance, ou la fuyons.
59:32 And also we should go together, investigate this whole question of death. Not just for the old people like us, but also for everyone in the world - young, old, or middle-aged - death is one of the most extraordinary things that happens in life. Right? What do you think of it? What is your instinctual response to the word and to the fact? What is death? Death is an ending. Right? Please follow this carefully. Ending. Ending voluntarily, you can't argue with death, you can't say, 'Please, give me another week,' you can't discuss; it is there, finished. Et nous devrions également, ensemble, étudier toute cette question de la mort. Cela s'adresse non seulement aux personnes âgées comme nous, mais à tout le monde, jeunes, vieux ou d'âge moyen - la mort est une des choses les plus extraordinaires de la vie - n'est-ce pas? Qu'en pensez-vous? Quelle est votre réponse instinctive au mot et au fait? Qu'est-ce que la mort? La mort est une fin. N'est-ce pas? Suivez attentivement, je vous prie. Une fin. Finir volontairement, on ne peut discuter avec la mort, on ne peut dire, 'je vous en prie, donnez-moi encore une semaine'. impossible de discuter, elle est là, point final.
1:01:10 So, can you voluntarily end your attachment, which is death? You understand? Ending is something like death. The ending of a particular habit, - not struggle, fight, wrangle - end it! If you smoke, if you take drugs, if you drink, that is what is going to happen when you pop off! (Laughter) Pouvez-vous donc volontairement mettre fin à votre attachement, ce qui est la mort? Vous comprenez? Mettre fin, c'est un peu comme la mort. La fin d'une certaine habitude, y mettre fin sans lutter, sans chipoter. Si vous fumez, si vous prenez de la drogue, si vous buvez, c'est bien ce qui va se passer quand vous tirerez votre révérence !
1:01:58 So can we voluntarily end - do you understand? - your experience, your opinions, your attitudes, your beliefs, your gods - end. We are afraid to end. Right? To end anything voluntarily. If you say, 'What is there if I end?' That is, then you are looking for a reward. You consider then ending as a punishment. So, the ending being considered as pain, then you will naturally demand a reward. If I give up, then what? You don't ask that of death. Peut-on finir volontairement? Comprenez-vous? - vos expériences, vos opinions, vos attitudes, vos croyances, vos dieux - finir. Nous avons peur de finir - n'est-ce pas? - de mettre fin volontairement à quoi que ce soit. Si vous dites : 'si je finis, qu'y a-t-il?' c'est que vous cherchez alors une récompense. Vous prenez la fin pour une punitition. La fin étant prise pour une épreuve douloureuse, vous exigerez naturellement une récompense. Si je renonce, alors quoi? Vous n'exigez pas cela de la mort.
1:03:25 So, can you end and see in that very ending there is the beginning of something new? You understand? That is, one ends attachment, attachment to furniture, people, ideas, beliefs, gods - the whole thing, ends. And you end it voluntarily, because it is intelligent to end. Right? So in that ending a new... - this isn't a promise, you understand? - a new thing takes place. Try it, sirs. That is, while living, inviting death, which is the ending. You understand? Ending to one's incredible complex way of living. So that the mind, because it has ended everything - you understand? Do it and you will discover it for yourself. Therefore it is always new. New in the sense - fresh. You know, when you climb a mountain, you have to leave all your furniture behind, all your problems, because you can't carry all the furniture that you have collected up the hill. So you let go, and you'll discover for yourself that there is a quality of mind, that being absolutely free, is able to perceive that which is eternal. The word 'eternal' is not an idea, you follow? Eternal means out of time. Death is time. I wonder if you see this? Pouvez-vous donc finir et voir que cette fin même comporte le commencement de quelque chose de nouveau? Vous comprenez? Par exemple, on met fin à l'attachement - attachement au mobilier, aux gens, aux idées, aux croyances, aux dieux, tout cet ensemble prend fin. Et vous y mettez fin volontairement, car finir est un acte d'intelligence. N'est-ce pas? Donc dans cette fin, un nouveau... - ceci n'est pas une promesse, vous comprenez - quelque chose de nouveau a lieu. Faites-en l'essai, Messieurs. C'est-à-dire, pendant que l'on vit, inviter la mort, c'est-à-dire finir. Vous comprenez? Mettre fin à l'incroyable compléxité dans laquelle on vit. De sorte que l'esprit ayant mis fin à tout - vous comprenez, faites-le et vous le découvrirez par vous-même - il est par conséquent toujours neuf. Neuf dans le sens de 'frais'. Vous savez, quand vous gravissez une montagne, il faut laisser derrière vous tout votre mobilier, tous vos problèmes, car vous ne pouvez emporter avec vous tous les meubles que vous avez accumulés. Donc vous lâchez prise, et vous découvrirez par vous-même qu'il existe une qualité d'esprit qui, étant tout à fait libre, est capable de découvrir ce qui est éternel. Le mot 'éternel' n'est pas une idée, vous suivez? 'Eternel' signifie hors du temps. La mort est le temps. Je me demande si vous le voyez?
1:06:16 So the mind that understands this extraordinary mystery - it is a mystery - because what we are clinging to is our problems, our furniture, our ideas - all that, we are clinging to that, which is put together by time, and with the ending of that there is something totally new dimension. Now it's up to you. Right. Right, sirs. Donc l'esprit qui comprend cet extraordinaire mystère - c'est bien un mystère, car ce à quoi nous nous cramponnons, ce sont nos problèmes, notre mobilier, nos idées, c'est à tout cela que nous nous accrochons, qui a été rassemblé dans le temps, et quand tout cela finit, une toute nouvelle dimension apparaît. Désormais, cela dépend de vous. Bien. Bien, Messieurs.