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BR83Q2 - 2e session de questions-réponses
Brockwood Park, Angleterre
1 septembre 1983



0:56 K:plusieurs questions sont posées ici et j'espère que nous pourrons toutes les parcourir ce matin. Ces questions traitent de vrais problèmes. Et pour résoudre des problèmes, l'esprit - ou plutôt le cerveau s'il n'est pas lui-même libre de problèmes ne peut résoudre les problèmes sans en soulever d'autres. N'est-ce pas? C'est ce que font les politiciens du monde entier. Ils sont face à d'innombrables problèmes: guerres, bombes atomiques, etc leur situation personnelle, leur ambition, ils représentent l'électeur etc., etc., leurs cerveaux sont pleins de problèmes. Et un tel cerveau est encombré de tant de problèmes, de même que les nôtres. Résoudre de nouveaux problèmes comment faire cela si votre cerveau n'est pas libre de problèmes? J'espère être clair là-dessus. Si mon cerveau est obscurci par plusieurs problèmes, scientifiques médicaux, de santé, sexuels - les êtres humains ont tant de problèmes et d'autres problèmes surgissent - comment puis-je y répondre... Je ne les aborde qu'avec un cerveau non seulement entraîné à résoudre des problèmes, mais déjà chargé de problèmes. Alors, ne faudrait-il pas examiner s'il est possible d'être libre de problèmes? De sorte que tout problème qui se pose puisse être affronté en toute liberté. Est-ce possible? Vous comprenez ma question?
4:06 Supposons que j'ai plusieurs problèmes personnels et que mon cerveau est soucieux, préoccupé, qu'il y pense tout le temps et que d'autres problèmes m'assaillent, qui m'ont été lancés à la figure je ne puis les aborder qu'en fonction de l'état de mon cerveau lequel est déjà chargé de problèmes. N'est-ce pas? N'est-il pas important (je pose simplement la question) d'avoir un esprit, un cerveau vraiment libre de problèmes? Alors les problèmes de la vie, vous pouvez les aborder librement. Est-ce que je m'exprime clairement? Comme nous l'avons dit l'autre jour, nous sommes engagés dans un dialogue pas un monologue, mais un dialogue où vous et moi discutons de choses sans chercher à impressionner ou à convaincre l'autre ni à subtilement le persuader, mais devisant ensemble comme deux amis. Et j'espère que c'est ce que nous faisons, en regardant ensemble ces problèmes. Si notre cerveau n'est pas libre, alors quels que soient les problèmes rencontrés nous les aborderons avec les problèmes que nous avons déjà. Nous demandons donc: un cerveau peut-il être libre de problèmes? C'est juste? Est-ce que je pose une fausse question? Alors, comment un cerveau peut-il être libre de problèmes afin d'être capable de répondre aux problèmes? Comment y répondez-vous? Comment faire face à des problèmes avec un esprit, un cerveau libre? S'il vous plaît, parlons ensemble de cela.
7:05 Dès l'enfance, nous sommes entraînés à avoir des problèmes toute l'éducation n'est qu'une série de problèmes mathématiques, relationnels, le maître et l'élève, les examens vous savez, tout le système éducatif devient un problème. Et nous sommes entraînés à résoudre les problèmes. Notre cerveau est ainsi entraîné, éduqué. Dès lors, peut-on déconditionner le cerveau qui a été entraîné à résoudre les problèmes et n'est donc jamais libre? Ma question est-elle claire, de sorte que nous nous comprenons mutuellement? N'est-ce pas? Est-ce possible? Je vous en prie...
8:20 Q:ne faut-il pas commencer par se libérer de ses très forts attachements?
8:29 K:Monsieur, il ne s'agit pas pour l'instant de nos attachements. Je demande simplement ceci: dès l'enfance, mon cerveau et le vôtre est entraîné à avoir et à résoudre des problèmes. C'est un fait. Un tel cerveau, quand il rencontre des problèmes les abordera toujours avec un cerveau encombré. N'est-ce pas? Ne devrait-il pas être libre pour faire face aux problèmes? Non? Maintenant, comment proposez-vous d'être libre? Que ferez-vous?
9:21 Q:Ne faudrait-il pas commencer par reconnaître qu'en posant cette question nous créons encore un problème?
9:29 K:Vous la posez non à cette personne, mais à vous-même. Mon cerveau peut-il n'avoir aucun problème en sorte qu'il puisse librement aborder les problèmes de la vie? Ceci est vraiment une question très, très sérieuse.
10:02 Q:Oui
10:04 K:Oui? Est-ce si facile que cela?
10:10 Q:il faut regarder, voir si c'est possible.
10:14 K:Votre cerveau est-il libre de problèmes?
10:19 Etes-vous libre de problèmes: problèmes de santé, de mathématiques si vous êtes un technicien, vous savez, tout le monde de la technologie avec ses problèmes, personnels, relationnels politiques, faut-il un démocrate, un républicain un communiste ou un socialiste, croyez-vous en dieu ou n'y croyez-vous pas, ou encore... vous suivez, notre cerveau est si chargé. Plus vous êtes sérieux, plus la charge est lourde. Donc, de quelle manière le cerveau peut-il être entièrement libre de problèmes?
11:21 Voyez-vous, nous n'avons absolument pas pensé à tout ceci. Exige-t-on du cerveau qu'il soit libre de problèmes en sorte qu'il puisse aborder les problèmes?
11:42 Q:J'y ai pensé, mais cela semble créer un nouveau problème.
11:48 K:C'est précisemment cela. Vous y avez pensé et le fait même d'y penser crée un autre problème.

Q:Il faut se demander si la pensée peut résoudre les problèmes.
12:10 K:Si la pensée contrôle le problème, etc.
12:15 Ceci a-t-il un sens pour chacun de nous? Ou est-ce une chose à laquelle vous ne vous êtes pas vraiment colletés.
12:32 Q:Beaucoup de gens aiment leurs problèmes et la vie leur paraîtrait bien monotone sans problèmes.
12:51 K:Oh, eh bien cela c'est autre chose. Si vous aimez vos problèmes, bonne chance à vous! (rires) Cela ressort de la névrose.
13:09 Faut-il approfondir cela avant de répondre à toutes les questions nous en avons ici environ huit? Les problèmes ont conditionné notre cerveau. N'est-ce pas? Ont limité le cerveau. Et voit-on l'importance du fait qu'un cerveau ayant travaillé sur des problèmes problème sur problème, est incapable d'aborder quelque problème que ce soit? Sommes-nous clairs sur ce point, ne fut-ce que verbalement, intellectuellement?
14:07 Q:Je n'en suis pas sûr. Le cerveau a un tas de problèmes, vous dites qu'il est incapable d'aborder un autre problème à neuf, de venir à sa rencontre.
14:21 K:Si le cerveau a des problèmes et en rencontre un nouveau, que se passe-t-il?
14:31 Q:Il s'en charge comme il peut plus ou moins mal, ou mieux ou pire.
14:37 K:c'est ce qui a lieu dans le monde.
14:39 Q:C'est en effet le cas. Vous ne pouvez donc dire que le cerveau ne peut traiter les problèmes du seul fait qu'il a des problèmes
14:49 K:Non, il ne peut les traiter que partiellement, de façon limitée.
14:53 Q:Oui, je suis d'accord.

K:D'où davantage de problèmes.
14:58 Q:Oui, tout à fait.

K:C'est tout ce que nous disons. Regardez tous les politiciens du monde, voilà un parfait exemple. Ils créent un problème après l'autre... Sans presque jamais en résoudre. Vous avez là de parfaits exemples.
15:27 Q:Oui, mais que désirons-nous quand nous souhaitons une sorte de solution absolue?
15:32 K:Monsieur, nous allons découvrir s'il en existe une ou pas.
15:36 Q:Oh, très bien, ça me va. (rires)
15:44 K:Ou nous faut-il vivre avec toujours plus de problèmes, en les multipliant? Alors, le cerveau peut-il être conscient de lui-même... - c'est là une question très sérieuse, si vous voulez bien vous y atteler - le cerveau peut-il être conscient qu'il a des problèmes, personnels, de santé scientifiques, etc., de multiples problèmes, tant et tant de problèmes. Et pouvons nous écarter et regarder ces problèmes, d'abord objectivement de façon non émotionnelle, sans prendre parti, sans préjugés? Pouvons-nous faire cela?

Q:En ce qui concerne le vieil esprit, je l'ignore, quelque chose a lieu sur lequel on ne peut rien, et l'on en fait un problème de pensée.
17:06 K:Excusez moi Monsieur, vous ne répondez pas à ma question.
17:13 Q:Le problème concerne uniquement notre ego.
17:29 K:L'existence des problèmes est liée au maintien de notre ego. Très bien. Mais qu'allez-vous en faire? Oh, je vois que ceci vous dépasse. Bien, occupons-nous de nos questions.
17:53 Q:Non, non.
17:54 K:Nous y reviendrons, peut-être à la fin. Vous voulez bien? Y revenir?
18:11 Q:Se pourrait-il que notre problème soit que nous voulons toujours répondre aux questions? Tandis que nous sommes assis ici, vous posez une question à l'auditoire et un nombre de personnes créent aussitôt une dualité en exigeant une réponse, c'est toujours ainsi que nous fonctionnons.

Q:Le problème, Monsieur, est que nous voulons une réponse à la question
18:52 K:Très bien. Vous allez les avoir.
19:04 1ère QUESTION: Quel rapport y a-t-il entre la conscience l'esprit, le cerveau, la pensée, l'intellect la méditation et l'intelligence? L'état conscient, l'attention, est-il encore là en l'absence de pensée? L'état conscient est-il intemporel?
19:58 Alors, comment abordez-vous ce problème? C'est bien un problème, n'est-ce pas? C'est une question; comment l'abordez-vous? Car c'est une question que l'on pose tous, si l'on est tant soit peu sérieux si l'on a approfondi tout ceci, à savoir: quel rapport y a-t-il entre l'intellect, le cerveau, l'esprit, l'intelligence, la conscience, etc? Comment abordez-vous ce problème? Quelle est votre approche à ce problème, à ces questions? D'accord? Quelle est votre approche? Ou vous dites que rien ne les relie, qu'ils sont distincts les uns des autres ou qu'ils sont tous liés les uns aux autres. Cela demeure une simple affirmation verbale. Or il faut découvrir ce qu'il en est effectivement; quelle est votre réponse? Comment répondez-vous à cette question?
21:13 Q:Qu'il faut observer notre propre conditionnement.
21:24 K:Oui, ce qui veut dire quoi? Qu'il faut s'interroger sur la nature de l'observateur est-il distinct de ce qu'il observe? Alors commençons.
21:42 L'état conscienct est-il intemporel? C'est la question. Est-on conscient du rapport existant entre la conscience, l'intellect, l'intelligence, le cerveau, etc.? Qu'est-ce que l'état conscient? Tout en étant assis ici, est-on conscient de la tente? du nombre de piquets soutenant la tente conscient de la personne assise à côté de nous de la couleur de sa chemise, de sa jupe, peu importe? Sommes-nous conscients de tout cela? Ou n'en sommes-nous pas simultanément conscient? Vous en êtes partiellement conscients, de temps en temps. L'état conscient, est-ce cela? Ou considérez-vous l'ensemble, observez-vous la tente dans sa totalité? en voyant le nombre de piquets qu'elle comporte etc., tout l'ensemble observant les diverses couleurs? Alors, l'état conscient ne commence-t-il pas tout près? N'est-ce pas? Je suis conscient de la pièce ou de l'appartement dans lequel je vis de la pièce unique, conscient des arbres, du ciel, des oiseaux de l'herbe, de la beauté de la terre, etc. Sommes-nous conscients de tout ceci? Ou sommes-nous très, très rarement conscients? N'avons-nous qu'une conscience partielle, ne voyant qu'une seule chose? Ou dans cet état conscient vous voyez la causalité, les conséquences et la cessation de la cause? Suivez-vous tout ceci? Etre conscient n'implique-t-il pas tout cela? Je suis conscient de ma femme ou de mon mari. Mieux vaut revenir à cela. Nous commençons à bien mieux comprendre à ce niveau là. Je suis conscient de ma femme. Cette conscience est-elle le souvenir de ma femme? Répondez, je vous prie. Vous comprenez? Je suis conscient de ma femme c'est à dire de toutes les images que je me suis faites d'elle. N'est-ce pas? Des divers incidents, flatteries, liens sexuels, compagnie, etc. tout cela est une continuité de souvenirs qui s'accroît tout le temps. Suis-je conscient de ces souvenirs? Ou ces souvenirs sont-ils si forts, si enracinés que l'on n'en a pas objectivement conscience? Comprenez-vous ma question? Avançons-nous ensemble? Est-ce trop complexe? Non. Très bien. Suis-je donc conscient des souvenirs qui brouillent
26:10 bloquent la conscience que j'ai de ma femme? Alors, je demande naturellement: ce blocage peut-il être écarté balayé, afin que je puisse être conscient avec sensibilité de ma femme? De sorte que les souvenirs ne brouillent pas tout le temps la chose. Peut-on voir le fait que si la mémoire est active dans cet état de conscience je ne suis en fait pas du tout conscient? La mémoire est constamment active. Si je suis conscient que les souvenirs sont continuellement agissants je vois alors comment ils bloquent ma relation avec ma femme, et donc si j'aime le blocage parce que c'est bien mieux comme cela parce que la vie est plus facile ainsi, alors je le conserve mais si l'on voit que c'est inutile, que c'est dangereux pour la relation le fait même du danger écarte alors le blocage, la barrière. Est-ce clair?
27:50 Alors, procédons à partir de là. Quel rapport y a-t-il entre la conscience, l'esprit, le cerveau la pensée et ainsi de suite, l'intelligence, l'intellect? Qu'est-ce que la relation: être relié à quelque chose? Est-ce de l'indentification? Je suis relié à mon mari. Est-ce là de l'identification, ou de la relation? Je vous en prie. Si c'est de l'identification, ce n'est pas de la relation. Si je suis identifié en tant qu'Hindou, il n'y a pas en cela de relation. Si je suis identifié à une certaine île nommée Grande Bretagne je n'ai là pas de relation. Il nous faut donc distinguer, ou séparer l'identification de la relation.
29:11 N'est-ce pas? Etes-vous en train de le faire? Il faut donc découvrir ce qu'est une relation sans identification c'est très sérieux. Vous comprenez? Est-ce possible? Je me suis identifié à ma femme, ou à certaines idées et conclusions et il est presque impossible de rompre cette identification. Je suis cette idée, je suis ce concept, et poser une question telle que celle-ci: quelle relation y a-t-il entre la conscience, l'esprit, le cerveau, etc. revient nécessairement à aborder la question: qu'est-ce que la relation? Si ce n'est pas l'identification, quel rapport y a-t-il entre la conscience la vôtre, la mienne, ou celle de quelqu'un d'autre quelle relation y a-t-il entre la conscience, l'esprit, etc.? Tous d'abord, nous devons nous interroger sur: qu'est ce que la conscience? Etre conscient, non seulement de ce qui se passe autour de moi mais encore intérieurement conscient de mes réactions, de mes croyances des peurs, des fois, des espoirs, des diverses formes d'identification. N'est-ce pas? De la souffrance, la douleur, la mauvaise santé, etc. Tout cela est ma conscience. Bien Messieurs? Seriez-vous d'accord là-dessus? Pas d'accord, avançons-nous ensemble? Votre conscience, ma conscience ou la conscience de quelqu'un d'autre, est tout son contenu. Sans son contenu, la conscience telle que nous la connaissons ne peut exister. N'est-ce pas? D'accord? Nous admettons cela?
31:49 Nous demandons ensuite: qu'est-ce que le contenu? Si je suis un Hindou, un Chrétien, ou un Britannique, ma conscience est constituée de tradition britannique, l'empire, les reines et les rois. N'est-ce pas? Il y a des traditions diverses, la culture, la maîtrise linguistique et je crois, j'ai la foi, et ainsi de suite. N'est-ce pas? Tel est le contenu de ma conscience si je suis un Britannique, un Français, etc. Si je ne suis pas du monde occidental, ma conscience est aussi faite de foi de croyance, de souffrance, de douleur, d'anxiété, comme le reste du monde. La question est donc celle-ci: ma conscience diffère-t-elle de la vôtre? Si je souffre, si je ressens de l'anxiété, si je crois en quelque chose... - il se peut que j'aie une croyance particulière, et que vous en tant que Chrétien, en ayez une autre, - mais la croyance nous est commune. N'est-ce pas? La souffrance, nous la partageons tous. Il ne s'agit pas que de ma souffrance, car vous aussi souffrez, etc. Ainsi, mises à part les impressions environnementales physiques lesquelles font aussi partie de notre conscience... - vous pouvez être grand de taille, et moi petit ma peau est peut-être plus claire que la vôtre, ou vice versa c'est là un revêtement superficiel, mais à l'intérieur, nous sommes semblables. N'est-ce pas? Je sais que ceci ne vous plaira pas, mais c'est un fait. N'est-ce pas? Allons-nous jusque là? Non.
34:27 Q:Oui, oui.
34:30 K:Vous y allez verbalement.
34:34 Q:Non, au delà du verbal.

K:Vous en voyez intellectuellement la raison, la logique mais il faut le ressentir, en voir la vérité.

Q:Il faut nous faire davantage confiance.
34:54 K:Il ne s'agit pas que vous ou moi nous fassions confiance
34:59 c'est une question - vous voyez comme nous...

Q:Vous dites que nous ne le voyons pas.
35:07 Peut-être le voyons-nous. Comment pouvez-vous affirmer que nous ne le voyons qu'intellectuellement?
35:15 K:Je ne sais pas. Je pose la question, Monsieur.
35:17 Q:Eh bien, je sens que ce n'est pas qu'intellectuel.
35:20 K:Alors Monsieur, cela signifie que l'idée d'une séparation individuelle psychologiquement, n'existe pas. Cela signifie que vous avez une formidable responsabilité à l'égard du tout. Si je me sens formidablement responsable, je n'irai pas tuer un Brésilien ou un Arabe, car il fait partie de moi. Je ne sais si vous allez aussi loin que cela. Et ce n'est pas là du pacifisme - ce ne serait là qu'une autre conclusion. Le fait est que notre conscience est partagée par toute l'humanité.
36:17 Maintenant, quel rapport y a-t-il entre la conscience l'esprit, le cerveau, et tout le reste - méditation comprise... ..très bien, tout compris - qu'est-ce qui relie tous ces facteurs? Le lien qui les relie est-il la pensée? De même que les perles sont liées ensemble par un fil ténu de nylon la conscience, l'esprit, le cerveau etc. sont-ils liés ensemble par la pensée? La pensée est-elle le lien ténu, la fibre ténue qui lie tout cela ensemble? Je vous en prie. Il faut donc aller au noeud de la question: pourquoi la pensée est-elle devenue si extraordinairement vibrante, vivante et pleine d'activité? N'est-ce pas? Pourquoi? La pensée est-elle sentiment? La pensée est-elle émotion? Bien sûr que oui. Si je ne reconnais pas une émotion l'activité de la pensée étant de reconnaître, cette émotion n'a alors pas lieu. Vous comprenez tout ceci? La pensée semble donc être le lien principal qui tient le tout ensemble. En est-il ainsi?
38:34 Qu'est-ce alors que l'esprit? C'est là une question vraiment très, très sérieuse: qu'est-ce que l'esprit? Fait-il partie du cerveau? Ou bien se situe-t-il en dehors du cerveau?

Q:Serait-ce les deux à la fois?
39:05 K:Non.
39:06 Monsieur, ne soyez pas si prompt. C'est une question bien trop sérieuse pour dire oui, les deux, ceci ou cela. Comment le découvrir?
39:22 Q:Eh bien, quand vous conduisez une automobile le parcours de l'automobile tout au long d'une route la distance qu'elle couvre, dites-vous "tout cela est-t-il dans le moteur"?
39:36 K:Oui, M. Quand vous conduisez une automobile, vous devez être conscient non seulement de l'auto qui approche, mais encore des routes adjacentes vous êtes conscient, votre regard se porte trois ou quatre cents mètres à l'avant.
39:51 Q:Monsieur, ce n'est pas du tout ce que je dis. Ce que je dis est cela dévie un peu ici, je regrette de vous avoir fait perdre le fil. Mais je vous ai interrompu pour dire que quand vous conduisez une automobile sur la route, le parcours effectif de l'auto tout au long de la route, les kilomètres réellement couverts nous n'en parlons normalement pas comme d'une chose se situant dans le moteur. Pourtant, quand nous discutons, comme nous le faisons maintenant, de diverses fonctions de l'esprit, du corps, du cerveau, de l'organisme, etc nous essayons de les visualiser, bien que normalement ils fonctionnent d'une façon quasi automatique, comme une automobile qui avance...
40:27 K:Oui, Monsieur, je sais, c'est automatique, tout fonctionne ensemble. Alors, je veux comprendre qu'en se servant du mot "esprit" qu'en se servant du mot "cerveau", qu'en se servant du mot 'conscience" comme pour un moteur, ils fonctionnent tous ensemble?
40:49 Q:Oui, à des degrés divers. Parfois, ils fonctionnent très mal à d'autres moments de la vie ils fonctionnent très bien.
40:59 K:Avec tout le respect que je vous dois, j'aimerais demander sommes-nous d'abord conscients qu'il n'y a dans tout cela aucune séparation? Comme dans une automobile dont le moteur fonctionne et vous emmène.
41:19 Q:Est-il possible d'être conscient de l'absence de séparation?
41:22 K:Oui Monsieur, c'est-ce que je demande, tout cela est-il un mouvement unique un mouvement unitaire dans lequel il n'y a aucune séparation? Vous voyez, vous ne pouvez pas répondre à ces questions.
41:47 Q:La séparation n'existe que dans la pensée. Elle n'est pas réelle.
41:59 K:J'aimerais découvrir par moi-même, qu'est-ce que l'esprit? Fait-il partie du cerveau? Comment le découvrir? Je ne puis le découvrir tant que mon cerveau n'est pas déconditionné. N'est-ce pas? Je ne puis rien découvrir sans liberté de regarder. Or je ne suis pas libre. Mon cerveau est conditionné en tant que catholique protestant, communiste, socialiste démocrate, ou religieusement, etc., etc., par l'environnement. Tant qu'il est conditionné, je ne puis jamais découvrir ce qu'est l'esprit. Je puis affirmer que l'esprit fait partie du cerveau, ou qu'il en est séparé. Nous avons discuté de ce sujet avec divers soi-disant scientifiques. Certains d'entre eux sont d'accord qu'il se situe en dehors du cerveau. Comprenez-vous tout ceci?

Q:Oui.

K:Non, Monsieur.
43:19 Je vous en prie, Monsieur ne... Verbalement, oui. Mais les conséquences découlant du fait qu'il est extérieur au cerveau le cerveau ne peut les comprendre que quand il est lui-même totalement libre. Je ne me soucie donc pas qu'il soit extérieur, intérieur, loin ou proche mon principal souci est de savoir si le cerveau peut se libérer de son conditionnement. Il y aura alors une découverte de ce qui est vrai, et non une simple invention. Nous demandons donc: qu'est-ce qui relie tous ces éléments?
44:20 Tout cela est-il un mouvement unique? Il faut, pour le découvrir, commencer très près, c'est-à-dire par ce que je suis. N'est-ce pas? Ce que sont mes pensées. Qu'êtes-vous? Me permettez-vous de poser cette simple question, qui est très complexe mais nous commencerons très simplement: qu'êtes-vous?
44:56 Q:Des esclaves.

K:cela, c'est entendu.
45:05 Non, Monsieur. Plus sérieusement: qu'êtes-vous? Vous êtes votre nom. N'est-ce pas? Vous êtes votre tradition, vos souvenirs. N'est-ce pas? Et ainsi de suite. Vous êtes donc tout cela. N'est-ce pas? Ainsi, vous êtes votre conscience. D'accord? Vous croyez, vous ne croyez pas, vous avez la foi, vos dieux, vos peurs vos plaisirs, votre souffrance, votre douleur votre émotivité, etc., etc., vous êtes tout cela. N'est-ce pas? Sommes-nous d'accord? Ou pensons-nous être toute autre chose?

Q:Voilà ce que nous sommes. C'est un fait.
46:12 K:C'est un fait. Alors, qu'est-ce que cela veut dire?
46:22 Quand je dis que mon nom est K que je suis un ressortissant indien ou britannique ou ceci ou cela, que j'ai la foi et ainsi de suite, que signifie tout cela? Tout cela relève-t-il de la mémoire?
46:55 Q:De la conscience.
46:59 K:Que vous le voyiez ou pas, cela signifie que nous sommes le passé. N'est-ce pas? M'accompagneriez-vous là-dessus, ne serait-ce que verbalement? Nous sommes le passé. Le passé est le savoir. N'est-ce pas? Le passé est mémoire. N'est-ce pas?

Q:Oui.

K:Vous n'apprenez rien de moi, je vous prie. Je ne fais qu'indiquer. Nous sommes donc des séries de mouvements dans la mémoire. N'est-ce pas?

Q:Oui.

K:Voyez ce que cela implique. Que les êtres humains que nous sommes ne vivent pas activement leur existence. Vous aurez beau aller tous les jours au bureau pendant les dix ans ou les 50 ans qui viennent, ou à l'usine, ou faire une chose ou l'autre. Vous êtes aussi tout cela. Si je suis un savant, j'ai accumulé du savoir au moyens de livres d'expériences, de discussions d'hypothèses variées et de conclusions, toutes ces choses sont le passé. Je suis donc le passé. D'accord, Monsieur? Je suis mémoire. Je suis une entité morte, psychologiquement. Je me demande si vous le voyez?
49:04 Q:Dès l'instant où je le vois...

K:Attendez.
49:07 Le voyons-nous simplement, ou n'est-ce qu'une idée?
49:15 Monsieur, ceci demande énormément de travail, énormément d'observation de patience, observant les choses très, très attentivement, impartialement objectivement, sans en ressentir la moindre réaction subjective. En sorte que dès que je constate que je suis tout le mouvement du passé non seulement cela me donne un choc mais cela m'amène aussi à la constatation qu'il n'y a rien de neuf en moi.
50:10 Q:Cependant, vous ne l'avez pas encore prouvé, n'est-ce pas?
50:21 K:J'ai l'impression d'explorer, vous n'êtes pas en train d'explorer.
50:26 Q:Monsieur, s'il y a longtemps que vous avez vu cela comment se fait-il que vous en ressentiez un tel choc?
50:31 K:J'ai dit "supposons", Monsieur - excusez-moi. D'accord?
50:48 Q:Le champ ne se rétrécit-il pas quand vous faites quoi que ce soit? Vous parlez d'être conscient de toute la tente et de toutes choses mais si je dois passer le tapis à l'aspirateur je dois commencer par réduir ma perception et peu à peu tout en agissant je me laisse envelopper par tout ce que je fais, de sorte que ce processus de réduction a continuellement lieu.
51:19 K:Nous le réduisons donc le Monsieur demande "pourquoi vous, K, réduisez-vous tout ceci"? Cela revient au même, Monsieur, peu importe. Monsieur, projeter un puissant éclairage sur une petite chose permet de la voir très clairement, d'accord, et de procéder à partir de là. Mais si vous en restez là, cela demeure très, très petit.
52:02 2ème QUESTION: nous pouvons plus apprendre les uns des autres qu'en écoutant K. Pourquoi n'encouragez-vous pas les gens à tenir des discussions de groupe sur des sujets particuliers et à organiser des activités destinées à faciliter le dialogue et la relation?
52:25 Q:Excusez-moi, nous n'en avons pas tout à fait fini avec la dernière question. Car vous disiez que nous sommes le passé et nous sommes toutes ces choses mais qu'est-ce que c'est? C'est comme un tas de camelote sur une table. Quel en est le fondement? C'est cela que nous devrions viser. Pas toute cette mémoire, ces choses mortes.
52:44 K:Monsieur, si j'admets que je suis mémoire, n'est-ce pas je reste alors avec cette mémoire, pas seulement un souvenir particulier mais tout le mouvement de la mémoire, n'est-ce pas? Il y a alors dans cette observation une perception qui nous fait demander: est-il possible de vivre une vie sans souvenirs, sauf là où c'est nécessaire?
53:17 Q:En effet, oui. J'en étais conscient même comme enfant.
53:22 K:Comment?
53:24 Q:il est en effet possible d'être simplement sans souvenirs. J'en ai été conscient.
53:33 K:En est-il ainsi?

Q:Oui, à certains moments.
53:36 K:Très bien Monsieur, nous avons alors résolu le problème.
53:40 Q:Bien, bien. Passez à la question suivante.
53:46 K:Nous avons alors résolu le problème relatif au fait que le cerveau qui a été conditionné par la mémoire pendant un million ou quarante ou cinquante mille ans, peut vivre, fonctionner, agir dans toute relation de la vie sans faire intervenir ce terrible passé. Si vous pouvez vivre ainsi, c'est la chose la plus extraordinaire qui soit. N'est-ce pas?
54:31 2ème QUESTION: nous pouvons plus apprendre les uns des autres qu'en écoutant K. Pourquoi n'encouragez-vous pas les gens à tenir des discussions de groupe sur des sujets particuliers et à organiser des activités destinées à faciliter le dialogue et la relation?
55:02 Ecoutez-vous K? Ou vous écoutez-vous vous-mêmes? K souligne ceci: écoutez vous vous-mêmes, voyez combien vous êtes conditionné mon propos n'est pas de vous dire que vous êtes conditionné mais que vous apprenez infiniment plus en vous écoutant vous-même qu'en écoutant un tas d'autres gens, y compris K. Mais quand vous écoutez K, il ne vous instruit pas. Il place devant vous un miroir pour que vous vous y voyiez. N'est-ce pas? Et une fois que vous vous voyez très clairement, vous pouvez briser le miroir et aussi celui qui tient le miroir. N'est-ce pas? Alors, nous voyons-nous clairement? Si nous dépendons de la relation, ou dépendons d'un dialogue ou d'associations et d'institutions, pour être instruits, aidés pour clarifier les choses, ce que nous sommes, alors nous sommes dépendants. Et quand nous dépendons d'autrui, qu'il s'agisse d'institutions de groupes de rencontre, de petits groupes, etc., qu'apprenez-vous? Et qu'entendez-vous par apprendre? Je vous en prie, c'est là encore une question très sérieuse. Comme nous le savons, apprendre consiste à accumuler du savoir. J'ai appris sur moi - que je suis tout ceci, la douleur, le malheur la confusion, le labeur extraordinaire de la vie - je suis tout cela. Je l'ai appris. C'est-à-dire que quelqu'un me l'a dit, ou que je l'ai appris tout seul. Donc apprendre, comme on l'entend actuellement, apprendre à l'école apprendre sur soi, c'est accumuler du savoir sur soi-même. N'est-ce pas? Et K dit que le savoir est la racine même du désordre. Avançons lentement.
58:27 Le savoir est nécessaire dans le domaine technique, dans la vie quotidienne mais psychologiquement, le savoir est la racine même du désordre car le savoir est le passé. N'est-ce pas? Qu'il se situe dans le futur ou dans le passé, le savoir est toujours limité, même situé dans le futur infini, toujours. N'est-ce pas? Car il repose sur l'expérience, l'hypothèse, les conclusions, un enchaînement une addition continuelle sans aucun retrait, donc c'est très limité. Alors, puis-je m'observer sans savoir préalable ni conclusion après m'être observé? Comprenez-vous ma question? Je me suis observé hier, toute la journée ou quelques heures et je découvre que je suis ceci, cela, ou autre chose; cela me déprime ou me transporte. Tout cela a bien lieu. Cela devient le savoir d'hier. Et je m'observe à nouveau à partir de ce savoir. N'est-ce pas? Nous faisons cela. N'est-ce pas? Le savoir entraîne donc une répétition continuelle mécanique, psychologiquement. De plus, si vous approfondissez très attentivement le sujet avec les scientifiques, ils commencent également à découvrir que le savoir constitue un obstacle dans certains domaines de la découverte. N'est-ce pas? Donc vous n'apprenez rien ni ne découvrez quoi que ce soit de K.
1:00:50 Vous êtes l'entrepôt de l'histoire passée. C'est là un fait. Vous êtes l'histoire de l'humanité. N'est-ce pas? Et si vous savez lire ce livre vous n'avez à dépendre de personne, ni de discussions, ni de relation ni de groupes organisés et toutes ces choses. N'est-ce pas? Je ne dis pas que vous ne devriez pas discuter que vous ne devriez pas avoir des rapports humains, ne pas avoir ceci ou cela. Tout ce que nous voulons dire est que tant que vous dépendez d'autrui pour vous comprendre vous-même, vous êtes perdu. Vous avez eu des leaders, n'est-ce pas? Des leaders religieux, politiques, des spécialistes de tout acabit qui vous diront quoi faire, comment élever vos enfants, comment se comporter sexuellement vous avez eu toutes sortes de leaders, depuis 100.000 ans ou davantage. Et où en êtes-vous en fin de compte? Posez ces question, je vous prie. Nous sommes ce que nous sommes, parce que nous avons dépendu d'autrui de quelqu'un qui nous dit quoi faire, que penser ce qui signifie que nous sommes tout le temps programmés. Et nous avons toutes les occasions de nous comprendre par la relation par les discussions, mais si vous en dépendez, vous êtes perdus. Cette question est-elle clarifiée? Il ne s'agit pas d'être d'accord avec l'orateur. Mais de voir ce que dépendre des autres a comme conséquences dépendre des gouvernements pour amener l'ordre dans ce monde chaotique dépendre d'un gourou, dépendre du prêtre... qu'il s'agisse du pape ou du prêtre local. Vous comprenez?
1:03:53 La vraie question est donc celle-ci: on est l'entrepôt de toute l'humanité. N'est-ce pas? On est le reste de l'humanité, et si l'on regarde cela de très près avec énormément d'hésitation, d'affection on commence alors à lire ce que l'on est, et c'est un épanouissement. Mais si vous êtes dépendant, vous vivez alors dans la douleur, l'anxiété et la peur.
1:04:55 3ème QUESTION: Tout en comprenant ce qui est dit et voulant vivre différemment, comment faut-il aborder le problème du gagne-pain dans ce monde de chômage et d'opportunités restreintes?
1:05:43 Avoir d'autres gouvernements c'est-à-dire un gouvernement qui ne se limite pas à un groupe particulier. N'est-ce pas? Gouvernements français, anglais, chacun se préoccupant de sa propre limitation de sorte qu'il y a... Monsieur qu'est-ce qui nous empèche de travailler tous ensemble vous comprenez, comme un seul être humain? Nous sommes divisés par les nationalités, par la religion par la tradition, et nous y tenons. Il n'y a pas d'économie mondiale. Vous comprenez, Monsieur? Je me demande si vous avez réfléchi à tout ceci? Il n'y a pas d'économie mondiale. Chaque pays se préoccupe de sa propre économie, de ses propres lois de sa propre identification à un lopin de terre particulier. Il ne pourra jamais y avoir d'Europe unie. N'est-ce pas? Car chaque nation souffrira d'une chose ou d'une autre. Par conséquent, tant que prévaudra un type de gouvernement local, insulaire n'est-ce pas, il y aura du chômage, un manque d'opportunités, etc. Mais un autre facteur entre aussi en jeu, celui de l'ordinateur. L'ordinateur se situe au-delà de toutes nationalités, de tous gouvernements. Il peut nous surpasser en pensée. Il peut créer son propre dieu que nous vénérerons. Il existe un bon mot à ce propos, mais qui ne vaut pas la peine d'être redit. Dois-je le redire?

Q:Oui.

K:Un homme dit à l'ordinateur: dieu n'existe pas, je n'y ai jamais cru. L'ordinateur répond: "désormais vous l'avez"! Tant que nous sommes Américains, Britanniques, Français, Italiens, Hindous
1:08:51 communistes et socialistes, nous n'aurons jamais la paix dans le monde. Il y aura toujours du chômage, il y aura toujours des guerres. Je vous en conjure, voyez tout ceci. Quand vous en voyez la vérité, vous n'êtes plus identifié à aucun pays, à aucun groupe, à aucune religion. Mais il faut de la passion là derrière, non de simples concepts intellectuels. Ainsi, dans le contexte actuel, gagner sa vie devient de plus en plus difficile. Les choses étant ce qu'elles sont, vous aurez encore des guerres. Je ne sais si vous l'avez entendu (on m'en a parlé l'autre jour) en Russie une certaine bombe atomique a explosé et pendant 25.000 ans une zone de plusieurs centaines de milles ne peut plus jamais être cultivée vous ne pouvez plus jamais vous en approcher. Comprenez-vous ce que je dis? Voilà ce qu'est l'humanité. Et personne ne s'en préoccupe. Vous pouvez avoir des manifestations mais les politiciens savent utiliser ces manifestations. Mais, si aucun de ceux d'entre nous qui écoutent ne voit réellement le danger de la séparation, comme entre le Juif, l'Arabe, l'Hindou, le Musulman le Britannique, nous allons vivre en perpétuelle insécurité, en guerres perpétuelles.
1:11:15 Q:Quelle différence y a-t-il entre une université et un asile de fous?
1:11:44 K:Je ne sais pas, vous devriez le découvrir. Les professeurs ne seront pas d'accord là-dessus.
1:11:52 Q:Un professeur est quelqu'un qui prétent savoir.
1:11:55 K:Monsieur, ne nous égarons pas dans les universités, et tout cela. Nous avons un problème sérieux.
1:12:01 Q:Ce sont eux qui fabriquent la bombe atomique.
1:12:04 Q:Voulez-vous vous taire et ne plus dire de bêtises?
1:12:07 Q:Les bombes atomiques sont-elles des bêtises?
1:12:10 Q:Il est en train d'en parler, nous faisons le chemin avec lui. J'en suis malade à force de tant m'en préoccuper. Taisez-vous. Découvrez où nous allons les entreposer, car elles existent.
1:12:25 K:Puis-je à nouveau vous rappeler, si vous le permettez puis-je rappeler que nous parlons de la division, de la séparation entre nations, entre groupes, entre religions, entre individus. Tant qu'existe cette séparation il y aura toujours plus de chômage, pas moins. Davantage de guerres. Tant que nous nous accrochons à nos idéologies, nos séparations, etc. Si vous voulez vivre de cette façon là, vivez comme cela.
1:13:12 Q:Mais même sans identité séparée il nous faut assurément une certaine forme de gouvernement?
1:13:23 K:Bien sûr, Monsieur. J'ai parlé d'une forme de gouvernement qui ne se base par sur la séparation.

Q:Qui vont être les politiciens?
1:13:46 K:Oh M.onsieur, commencez par... Vous voyez, nous voulons aussitôt l'organiser.
1:13:57 Vous savez, il y a une histoire...C'est probablement une invention de l'orateur. Je vais la redire. Deux personnes marchaient sur la route, c'était des amis. Ils parlaient de l'état du monde, etc., et comme tout était triste comme tout était devenu ennuyeux, fatigant, dépravé. Alors qu'ils avançaient en parlant de choses et d'autres l'un d'eux voit quelque chose sur le trottoir, et le ramasse. Et le fait même de regarder l'objet le transforme. Il exprime une vitalité extraordinaire, ressent une joie, une formidable énergie. Et l'autre lui demande: "qu'avez-vous trouvé? Qu'est-ce qui vous a subitement rendu si extraordinairement beau?" Il répondit "j'ai ramassé la vérité". Et l'autre dit: "Merveilleux. Allons l'organiser".
1:15:18 Monsieur, commençons par nous-mêmes, non par ce que seront les gouvernements qui sera premier ministre et qui sera ministre des finances combien de parlementaires. Vous suivez? Commençons d'abord par nous-mêmes. Si tous ceux d'entre nous, réunis ici sous cette tente ressentaient vraiment ceci dans leur coeur dans leurs veines, nous aurions d'autres gouvernements dans le monde. Nous mettrions fin aux guerres, nous ne nous préparerions pas aux guerres.
1:16:16 Voyez, je ne proclame rien nous ne faisons qu'indiquer ceci: nos cerveaux sont conditionnés. Tout ce qui est conditionné est limité. Tout ce qui est conditionné est séparé, et cette séparation ce conditionnement font des ravages dans le monde, c'est un fait. Et pour arrêter ces ravages dans le monde, il faut commencer par soi-même pas en se demandant comment organiser un nouveau gouvernement. Suis-je conditionné? Est-ce que je pense sans cesse à moi, du matin jusqu'au soir? Pratiquant la méditation, des exercices, vous suivez, toutes sortes de choses. N'est-ce pas? Je suis plus important que quiconque. Je veux satisfaire tous mes désirs. Je veux être quelqu'un, être reconnu, alors je m'occupe de moi-même. Le savant peut bien s'occuper de ses expériences mais c'est de lui-même qu'il s'occupe. N'est-ce pas? Lui aussi est ambitieux, veut avoir une situation merveilleuse veut être reconnu dans le monde, le prix Nobel. J'en connais quelques uns, je les ai rencontrés. L'un d'eux n'a pas eu le prix Nobel et l'autre l'a obtenu vous auriez vu la tête de celui qui ne l'a pas eu. Comme il était déçu, amère, fâché. Vous savez, tout comme vous et moi, comme tout le monde. N'est-ce pas?
1:18:43 Donc Messieurs et Mesdames, si vous voulez vraiment vivre sur cette terre en paix il faut commencer tout près, c'est dire par vous-mêmes. 4ème QUESTION: Vous parlez de violence et de liberté.
1:19:08 Mais vous dites très peu de choses sur la loi. Pourquoi donc? Aucune société civilisée ne peut exister sans lois. Et les lois doivent parfois être appuyées par la force, autrement dit la violence. Que faire quand des terroristes retiennent des otages? Les laisse-t-on être tués, ou faut-il investir le bâtiment? Où se situe la liberté dans tout ceci?
1:20:02 K:Les lois. Qu'est-ce que la loi? La loi ne signifie-t-elle pas l'ordre, fondamentalement? Une société édicte certaines lois destinées à amener l'ordre ces mêmes lois sont violées par des gens rusés, des criminels des criminels qui emploient d'excellents avocats. Vous savez tout ceci, n'est-ce pas? Alors, où commence la loi, l'ordre? Aux tribunaux, avec l'aide de la police avec les préfets, et les services spéciaux? Où commence l'ordre? Posez la question, je vous prie. La société est en désordre. N'est-ce pas? C'est un fait. Corrompue, immorale et quasiment chaotique. Et les gouvernements s'efforcent d'amener de l'ordre dans tout cela. Nous, vous et un autre, vivons dans le désordre - d'accord? - confus, incertains à la recherche de notre propre sécurité, pas seulement celle-ci mais la sécurité de sa famille, et ainsi de suite. Chacun crée le désordre par l'isolement, non?
1:22:27 Et où se situe la loi? Chez l'officier de police? Chez les avocats? J'en ai rencontré plusieurs. Ils protègeront le meurtrier, c'est leur métier. Un criminel leur paie des sommes énormes. Vous comprenez tout ceci, Messieurs, n'est-ce pas? Où est l'ordre dans tout ceci? Ne faudrait-il pas commencer par faire face au désordre? Cela, c'est un fait, à savoir que nous vivons dans le désordre et la société est en désordre, les gouvernements sont en désordre, non? Si vous avez parlé à quelques politiciens, premiers ministres en haut de la hiérarchie gouvernementale, ils sont tous en quête de pouvoir n'est-ce pas Monsieur? Et de situation, s'accrochant à certains concepts s'identifiant à ces concepts, ces idéologies, et tout le reste. Nous travaillons tous séparément, chacun pour soi. Il nous arrive de nous rassembler lors d'une crise grave, comme la guerre. Mais dès que la crise est passée, nous revenons à nos vieux schémas. N'est-ce pas? Alors, ne faudrait-il pas - c'est une simple suggestion ne faudrait-il pas d'abord découvrir si la loi, qui signifie l'ordre complet si l'on peut vivre complètement en ordre, sans aucune confusion. Posez-vous cette question, Messieurs. Il n'y a ainsi aucune contradiction, comme dire une chose et en faire une autre penser d'une façon, et agir d'une autre. Aussi longtemps que nous vivrons en désordre, la société les gouvernements, seront en désordre.
1:25:32 La loi implique la justice. N'est-ce pas? Y a-t-il une justice dans le monde? Vous êtes riche, je suis pauvre. Vous avez des esprits brillants, vous pouvez voyager, aller à l'étranger. Vous pouvez faire toutes sortes de choses, et moi pas. N'est-ce pas? Vous êtes né dans l'opulence, deviendrez prince d'un pays et vous êtes en sécurité pour le restant de votre vie. Et le pauvre bougre de la banlieue Est ou Ouest, il est pauvre, vous savez. Alors, où est la justice? Y a-t-il une justice en ce monde? Examinez cela. La justice sous-entend l'égalité. Nous prônons tous l'égalité devant la loi. Mais l'égalité est déniée par le recours à l'avocat le plus cher et je ne puis m'offrir les services de l'avocat le plus cher il y a donc dès l'abord une inégalité. Où se trouve donc la justice, la loi et l'ordre?
1:27:32 Surgit alors une question très complexe, à savoir: étant donné le fait qu'il n'y a pas de justice en ce monde vous êtes bien placé, bonne réputation, automobiles, maisons, maîtresses et tout le reste, un merveilleux mobilier, et je vis dans une petite hutte il n'y a pas d'égalité aussi, voyant ce fait, on demande: où pourrait-elle exister? Vous posez cette question. Je ne vous pose pas cette question, c'est vous qui la posez. Là où il y a compassion, il y a égalité, il y a justice. La compassion sous-entend l'intelligence. Quand existe cette merveilleuse flamme il n'y a alors aucune différence entre le riche et le pauvre entre les nantis et ceux qui n'ont rien sur cette terre bénie.
1:29:29 Q:Ayant posé la question, puis-je y ajouter un complément? Si l'on a cette compassion, dites-vous, il faut alors aussi accepter le fait que vous serez tué pour cette compassion.
1:29:42 K:Je serai tué. Très bien. Je serai tué. Quel mal y a-t-il à être tué?
1:29:52 Q:Mais la plupart des gens diraient que quand vous êtes mort vous n'êtes pas en situation de faire quoi que ce soit.
1:30:01 K:Sommes-nous actuellement en situation de faire quelque chose?
1:30:06 Q:Oui.

K:Quoi? D'arrêter cette menace de guerre d'empêcher l'explosion de la bombe à neutrons dans un coin du pays dont vous ne pourrez vous approcher pendant les prochains 25.000 ans?
1:30:34 Q:Les pacifistes et ceux qui ont cette compassion sont, semble-t-il, les premiers à être éradiqués.
1:30:43 K:Je n'en suis pas certain. L'orateur a été souvent menacé.
1:30:55 Q:Mais vous ne vivez pas en Amérique Centrale.
1:31:00 K:En effet. Je m'y suis rendu il y a de nombreuses années. Mais je n'y suis pas, ni au Honduras, ni au Nicaragua, ni au San Salvadore. Je ne peux rien faire là-bas. Mais je peux faire quelque chose ici. Monsieur, vous allez... J'ai dit que la compassion sous-entend une grande intelligence. La compassion ne peut exister si vous êtes identifié à un groupe a une quelconque forme de culte ou organisation religieuse si vous vous rendez en Inde et vous livrez à un travail social en étant attaché à une église. Cela n'est pas de la compassion. C'est de la pitié, de la solidarité. Cela a lieu, Monsieur.
1:32:16 Découvrons donc si l'on peut être compatissant. Pour en arriver là, il faut être extraordinairement éveillé à toutes les fragilités humaines, à toutes les limitations humaines c'est-à-dire à nos propres limitations car vous n'êtes pas distincts du restant de l'humanité. Une fois que vous voyez la vérité que ceci comporte, toute votre attitude envers la vie et en matière d'action et d'emploi change alors complètement. Encore une question. Il est une heure passée.
1:33:18 4ème QUESTION: Vous traitez les cathédrales bâties par l'homme de fruits de la pensée, donc sans valeur pour la compréhension. Mais pour moi, elles semblent inspirées par une sorte d'énergie universelle liant les deux facteurs essentiels de la vie humaine: matière et esprit. Cette unité est le noyau et le mouvement de l'humanité. Les oeuvres inspirées de l'homme n'ont-elle aucune valeur spirituelle? Que répondez-vous à cette question?
1:34:05 D'après l'auteur de la question, la création des cathédrales découle d'une grande inspiration et énergie. Et l'homme a créé tout cela à partir de cette aspiration. La vie humaine comporte deux facteurs essentiels: la matière et l'esprit. Cette unité est le noyau et le mouvement de l'humanité. Les oeuvres inspirées de l'homme n'ont-elle aucune valeur spirituelle? Qu'est-ce que la matière, Monsieur? Et qu'est-ce que la... "non matière"? - Pardon! Qu'est-ce que la matière, et qu'est-ce que l'esprit? Je ne vais pas aborder cela... C'est une question très complexe. Nous pourrons en discuter lors de la causerie de samedi ou dimanche prochains. Matière et esprit. Qu'est-ce que l'esprit? L'esprit saint? Des Chrétiens? Quand vous parlez de l'esprit, qu'entendez-vous par ce mot? L'esprit de l'homme. L'esprit de l'homme a tué, n'est-ce pas? Des milliers de gens. L'esprit de l'homme a créé le désordre dans le monde. Il faut donc se servir de ces mots avec précaution. Qu'entendez-vous par tout ceci? Que les oeuvres inspirées de l'homme, des temps anciens de Babylone de Sumère, etc., aux anciens Egyptiens... Ils ont créé de merveilleux temples. Ils ont été inspirés par un concept. Vous ne serez peut-être pas d'accord avec moi, mais veuillez suivre ceci. Par un concept, par l'imagination, par un espoir par une sorte d'aspiration à ce qu'il y a de plus élevé. N'est-ce pas? C'est-à-dire qu'ils ont créé ceci à partir de cette inspiration. Cette église normande, si belle, si tranquille et les grandes cathédrales du monde. Les mosquées islamiques, Sainte Sophie à Constantinople. De merveilleux objets. Et les temples antiques en Inde. Alors, l'auteur de la question demande: N'ont-ils aucune valeur spirituelle? La valeur spirituelle des oeuvres inspirées de l'homme. Qu'en dites-vous? Dès l'instant où vous dépendez d'une chose extérieure à vous qu'il s'agisse de la plus noble architecture des plus nobles mosquées ou temples, lesquels ont tous été inspirés. C'est-ce qu'ils disent. Supposont qu'ils soient inspirés. Et j'attends d'eux qu'ils m'inspirent. N'est-ce pas? Je lis un des merveilleux poèmes de Keats, une de ses anciennes odes ce sont vraiment d'extraordinaires, de merveilleux poèmes, et ils m'inspirent. Je dépends donc de quelque chose qui va m'inspirer, n'est-ce pas? Et je prête une valeur spirituelle à cette inspiration, d'accord? Voilà un des aspects. Ensuite, je prend de la drogue, supposons-le... - pas moi, je n'ai jamais touché à ces choses diaboliques. supposons que l'on se drogue, cela provoque une ivresse extraordinaire, non? Et c'est pour vous une formidable inspiration, vous vous sentez au sommet. Vous dépendez donc de drogues, n'est-ce pas? Vous allez à la messe chaque dimanche ou chaque jour, et la répétition, la beauté la couleur, le rythme, l'encens, vous savez, tout cela... vous inspire. Mais une fois reparti, vous êtes ce que vous êtes. N'est-ce pas? Peut-être avez-vous un peu changé, mais à la base, vous êtes ce que vous êtes. Et l'on dépend de quelque chose d'extérieur à soi. Qu'il s'agisse d'un poème de Keats ou de Shakespeare ou de l'oeuvre inspirée d'un homme, ou plutôt de gens anonymes qui ont bâti les cathédrales, les temples et les mosquées. Quand vous cherchez extérieurement l'inspiration ou êtes en quête d'inspiration, vous êtes alors vraiment perdus. Est-il permis d'insister sur le fait que nous ne semblons pas réaliser que dépendre des autres, si spirituels si inspirés soient-ils, est aussi une sorte de drogue. Ceci peut paraître dur, mais l'humanité a été inspirée par les guerres, d'accord? Par de grandes religions, lesquelles, en retour, ont tué des gens. N'est-ce pas? Réfléchissez à ce qu'ont fait les Chrétiens.
1:42:38 Q:N'est-ce dû qu'à notre conditionnement?
1:42:44 K:Oui, Madame, c'est ce que j'ai dit toute ma vie. Et nous dépendons des autres pour déconditionner le cerveau lequel est si lourdement conditionné, programmé. Et l'orateur dit: veuillez regardez cela, observez ce que fait la dépendance que je dépende de ma femme, d'un prêtre, d'un livre, d'une église, de tout. Je deviens un esclave, irréfléchi, romantique, émotionnel. Et si vous désirez vivre de cette façon là, libre à vous de le faire. Cette façon mène à la destruction sans fin voyez ce qui se passe actuellement dans le monde, une iéologie celle des Russes, s'opposant aux idéologies des autre peuples. Et ces idéologies font partie de nous. Si nous voulons conserver ces idéologies, ces conclusions ces inspirations, ces activités de masse, etc., gardons les. Mais si vous voulez briser tout ce conditionnement il vous faut commencer par vous-même. Et personne au monde va vous y aider. Vous pouvez écouter l'orateur, lire ses livres, et ainsi de suite mais le fait est qu'il vous faut être votre propre lumière. Et vous ne pouvez dépendre de la lumière des autres. Si vous en dépendez, leur lumière n'est pas juste, elle n'est pas allumée. Vous suivez vos propres illusions. Cela fait presque deux heures que nous parlons! Puis-je me lever maintenant?