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BR83T1 - Comment le cerveau peut-il se transformer lui-même?
1re causerie
Brockwood Park, Angleterre
27 août 1983



0:54 Krishnamurti: I suppose, I must talk. I am glad we are having such good weather, and I hope it’ll continue the whole week. First of all, if one may remind you, this is not an entertainment, this is not an intellectual feast, or intellectual stimulation, or some kind of romantic, sentimental nonsense. We are going to deal with the very, very complex problem of living together in this world, this world that has gone almost mad; there is such chaos and misery, the threat of war. And religions have played very little part in all this, in our daily life. And I think we ought to go together together, not that the speaker will talk about various things, but together we ought to go into these matters, not that you listen and the speaker talks, but together. And so, if we are going to work together, think together, perceive together and act together, one must, it appears, listen very carefully, not only to what is being said, but also to listen to our own reactions to what is being said, our reactions of approval or disapproval, our sense of restrictions, our resistances, our fears, and all the complexity of our reactions to any form of stimulation. And so the act of listening is very important if we are going together to explore, to think together into the whole problem of our present day existence. Je suppose qu'il me faut parler. Je suis heureux qu'il fasse si beau et j'espère que cela continuera toute la semaine. Tout d'abord, s'il est permis de le rappeler, ceci n'est pas un divertissement ce n'est pas une fête, ni une stimutation intellectuelle ni quelque ineptie romanesque ou sentimentale. Nous allons traiter du problème très, très complexe qui consiste à vivre ensemble dans ce monde - ce monde devenu presque fou; il y règne un tel chaos, une telle misère, la guerre qui menace. Et les religions ont joué un rôle très réduit dans tout cela, dans notre vie quotidienne. Et je pense que nous devrions ensemble... - ensemble, non que l'orateur parle de choses et d'autres - mais qu'ensemble nous pénétrions ces sujets non que vous écoutiez et que l'orateur parle de son côté, mais ensemble. Et donc, pour pouvoir travailler ensemble, penser ensemble percevoir ensemble et agir ensemble, il faut, semble-t-il écouter très attentivement, non seulement ce qui est dit mais encore écouter nos propres réactions à ce qui est dit nos réactions d'approbation ou de désapprobation nos impressions de restrictions, nos résistances, nos peurs et toute la complexité de nos réactions à toute forme de stimulation. L'acte d'écouter est donc très important dans la mesure où nous allons explorer ensemble, penser ensemble à tout le problème de notre existence quotidienne actuelle.
4:30 We are very circumscribed, limited. Our brains have been so programmed and conditioned, so limited that most of us are unaware of this. We are conditioned linguistically, whether we are or not, that’s a very serious subject into which we will go into if we have time. We are conditioned, shaped, moulded by the environment, by tradition, by religion, by the solitude of our own illusions, our own imaginations, the solitude of our own aspirations, circumscribed, limited. So our brain – not that the speaker is an expert at it, but having listened to a great many people talk about the brain, specialists and others, one perceives that through this long process of evolution our brains are very, very limited. Apparently only a very small part of it acts or thinks or lives, the rest is in abeyance. That is what some of the specialists, who have studied the quality of the brain and the workings of the brain, have said. Nous sommes très circonscrits, limités. Nos cerveaux ont été tellement programmés et conditionnés tellement limités que nous sommes, pour la plupart, inconscients de ceci. Nous sommes conditionnés linguistiquement, que ce soit ou non le cas c'est là un sujet très sérieux sur lequel nous devrons nous pencher, si nous en avons le temps. Nous sommes conditionnés, façonnés par l'environnement, par la tradition par la religion, par la solitude de nos propres illusions, imaginations la solitude de nos propres aspirations, circonscrits, limités. Donc nos cerveaux - non que l'orateur soit un expert en la matière mais ayant écouté un grand nombre de personnes parler du cerveau spécialistes et autres on perçoit que tout au long de ce long processus d'évolution nos cerveaux sont très, très limités. Il semble que seule une toute petite partie de l'organe agisse, pense ou vive le reste demeurant en suspens. C'est ce que certains spécialistes ayant étudié la qualité du cerveau ainsi que son mode de fonctionnement ont énoncé.
6:24 And also we can see for ourselves without relying on the experts, that our life is very small. We are so concerned with ourselves, with our success, with our miseries and all the turmoil of one’s own limited life, the sorrow, the pain, the anxiety, the various forms of reactions which arise from our prejudices, our bias, our tendencies. All this does condition our brain, and so we never have the awareness of the whole of life, the whole of existence which is vast, immeasurable and tremendously potent. Et l'on peut aussi voir par soi-même sans se reposer sur les experts, que notre vie est de bien faible portée. Nous nous préoccupons tant de nous-mêmes, de notre réussite des malheurs et de tout le désordre de notre propre existence limitée de la souffrance, la douleur, l'anxiété, des réactions diverses et variées qui découlent de nos préjugés, parti-pris, tendances. Tout cela conditionne en effet notre cerveau et nous n'avons donc jamais conscience de la totalité de la vie de la totalité de l'existence, si vaste, incommensurable et surpuissante.
7:50 And if we could together, this morning, go easily and happily, and enquire into the quality of our own life – if you are willing – into the nature of our behaviour, into the whole process of our thought, if we could enquire together into all this. And not only enquire, but through the very enquiry, apply. Enquiry by itself has very little meaning. Enquiring into ourselves, into our environment, into the state of the world, mere enquiry, either intellectual or the enquiry of curiosity, of information, and so on, has very little effect on our lives. But if we enquire into ourselves, into the way of our thinking, why we think this way, why human beings who have lived on this beautiful earth for so many millennia are still what they are – unhappy, violent, ready to kill each other for some idiotic reasons. If we could go together into all this – and in the process of going together on this path, on this road which has no end and no beginning, then perhaps our meeting here will be worthwhile. But to merely listen, year after year, or read, and not apply, has very little meaning. It is a waste of time and energy. Et si nous pouvions ensemble, ce matin, nous lancer facilement et joyeusement dans l'étude de la qualité de notre propre vie - si vous le voulez bien de la nature de notre comportement, et de tout le processus de notre pensée si nous pouvions nous pencher ensemble sur tout ceci. Et non seulement étudier, mais mettre en pratique l'objet même de cette étude. L'étude en elle-même a bien peu de sens. S'étudier soi-même, son environnement, l'état dans lequel se trouve le monde l'étude en soi, qu'elle procède d'une curiosité intellectuelle ou d'une quête d'informations, etc., a bien peu d'impact sur nos vies Mais si nous nous penchons sur nous-mêmes, sur notre façon de penser pourquoi nous pensons de telle façon, pourquoi les êtres humains qui vivent sur cette belle terre depuis tant de millénaires en sont toujours au même point: malheureux, violents, prêts à s'entre tuer pour quelque stupide raison. Si nous pouvions aborder ensemble tout ceci, et en procédant ensemble sur ce chemin, sur cette route qui n'a ni fin ni commencement alors, peut-être, notre rencontre ici sera-t-elle valable. Mais se contenter d'écouter année après année ou de lire sans mettre la chose en pratique, a bien peu de sens. C'est un gaspillage de temps et d'énergie.
10:30 So could we, this morning, be serious enough for at least an hour to look at this whole world in which we live, the world which we have created. This society is the result of our own complex life. You are conditioned by health, by environment, by our culture, by nationalism, and so on. Unless we break through all this conditioning, we will go on as we have been going on for thousands of years. And so violence will go on, corruption, each one seeking his own fulfilment and pursuing his own ambitions, isolated, and where there is isolation there must be conflict. And so could we this morning go into all this? One is asking this seriously because you have taken the trouble to come here. And it’s no good merely talking about the ideas, the expressions, the reactions, but go into this with tremendous energy, vitality and see if it is possible to break down this conditioning, so that the brain will have immense capacity. Donc, si nous pouvions ce matin être assez sérieux, ne fut-ce qu'une heure pour regarder la totalité de ce monde dans lequel nous vivons, que nous avons créé. Cette société résulte de notre propre vie, si complexe. Vous êtes conditionnés par la santé, par l'environnement par notre culture, par le nationalisme, etc. Si nous ne rompons pas tout ce conditionnement nous continuerons à faire ce que nous faisons depuis des millénaires. Et donc la violence continuera, la corruption chacun à la recherche de sa propre réalisation, de ses propres ambitions isolé - et là où il y a isolement, il y a inévitablement conflit. Alors, pourrions-ous approfondir tout ceci, ce matin? Cette question est posée avec sérieux, car vous avez pris la peine de venir ici. Et il serait vain de se contenter de parler d'idées, d'expressions, de réactions alors qu'il s'agit d'approfondir ceci avec une formidable énergie, vitalité et de voir s'il est possible de briser ce conditionnement en sorte que le cerveau puisse disposer d'une immense capacité.
12:59 It has the capacity now, extraordinary capacity in the technological world – the computers, the biological chemistry, genetic engineering and various forms of other activities from the outside to affect the brain. I don’t know if you are aware of all this. Scientists of the various disciplines are trying desperately to bring about a change in man. And such change has been from the outside – I hope we understand each other. They’re trying through genetic engineering, to change the very genes themselves, so that the human being is something entirely different. And the computer is taking over, perhaps a great deal of our activity – again, from the outside. The Communists have tried that, tried to control, changed the environment hoping man will change, through authority, through discipline, through complete obedience, and they have not succeeded. On the contrary, they are creating great misery in the world. So we are asking a most fundamental question, whether it is possible not to be affected from the outside. I hope we understand when I use the word ‘outside’, whether the outside be god, music, art, or the external laws that are established by governments, and so on. All these outside agencies in various forms and disciplines are trying to force man to conform, to bring about a radical change in their behaviour, so that man will live without wars, and so on. Il a déjà une capacité extraordinaire dans le domaine technologique celui des ordinateurs, de la biochimie, du génie génétique et de diverses autre activités destinées à affecter le cerveau de l'extérieur. Je ne sais si vous êtes au courant de tout cela. Les scientifiques de diverses disciplines tentent désespérément d'amener un changement dans l'homme. Et un tel changement a eu lieu de l'extérieur j'espère que nous nous comprenons. Ils s'efforcent par génie génétique de changer les gènes eux-mêmes pour faire de l'être humain tout autre chose que ce qu'il est. Et l'ordinateur est en train de prendre en charge peut-être, une grande part, de notre activité - là encore de l'extérieur. Les communistes s'y sont essayé, pour contrôler, changer l'environnement espérant changer l'homme par l'autorité, par la discipline par l'obéissance absolue, et ils n'y sont pas parvenus. Au contraire, il sont à la source d'une grande détresse dans le monde. Nous posons donc une question des plus fondamentales: est-il possible de ne pas être affecté par l'extérieur j'espère que nous comprenons cet usage du mot "extérieur" que cet extérieur soit dieu, la musique, l'art ou les lois extérieures promulguées par les gouvernements, etc tous ces agents extérieurs, sous divers modes et disciplines s'efforcent de contraindre l'homme à se conformer, à modifier radicalement ses comportements, afin que l'homme vive sans guerres, etc.
16:44 And also, on the other side, they are preparing for wars. Every government throughout the world is armed, ready to kill and be killed. So this is going on all the time around us. I am sure most of us are aware of all this. Alors que de l'autre côté ils se préparent à la guerre. Chaque gouvernement de par le monde est armé, prêt à tuer et se faire tuer. Ceci se déroule donc sans cesse autour de nous. Je suis sûr que nous sommes, pour la plupart, conscients de tout ceci.
17:16 We are asking a totally different question. Religions have tried to change man, to tame him down through fear, heaven and hell, and all the rest of it. And they have not succeeded either. These are all facts. It is not the speaker’s imagination or bias. This is what is going on in the world around us, affecting through propaganda, through various forms of chemical engineering, and so on, to force man. And they have never succeeded, and they will never succeed because the psyche is far too strong, far too cunning, extraordinarily capable. So we are asking – you and the speaker are asking, I am not asking you, you are asking this question: since all outside influences including the idea of god and ideologies, various forms of historical dialectical conclusions have not changed man – whether it is possible for human beings to change radically, fundamentally, without the external influence at all. You understand? Gurus throughout the world have not succeeded. They are all pretentious and seeking money. They can be put aside completely. They are not important. But what is important and essential to ask is: what will make each one of us, intellectuals, whether we’re scientists, whether we are artists or various forms of activities, whether we are capable, fundamentally, deeply, to bring about a mutation in the very brain cells themselves? Have I made this question clear? Nous posons une toute autre question. Les religions ont essayé de changer l'homme, de l'adoucir par la peur, par la notion du paradis et de l'enfer, etc. Et elles n'y ont pas davantage réussi. Ce sont là des faits. Et non les fruits de l'imagination ou d'un parti pris de l'orateur. C'est bien ce qui se passe dans le monde qui nous entoure, où par propagande par divers procédés de biochimie, etc., on cherche à contraindre l'homme. Et cela n'a jamais réussi, et ne réussira jamais, car le psychisme est bien trop fort, bien trop rusé, extraordinairement capable. Donc vous et l'orateur demandez - ce n'est pas moi qui vous le demande vous posez cette question: étant donné qu'aucune influence extérieure y compris l'idée de dieu et les idéologies les conclusions dialectiques historiques de toutes sortes, n'ont changé l'homme est-il possible que les êtres humains changent radicalement fondamentalement, sans la moindre influence extérieure. Vous comprenez? Les gourous du monde entier n'y sont pas parvenus. Ils sont tous prétentieux et en quête d'argent. Ils peuvent être complètement écartés. Ils sont sans importance. Mais ce qui importe et qu'il est essentiel de demander est ceci: qu'est-ce qui fera que chacun de nous, qu'il soit intellectuel, scientifique artiste, ou qu'il ait d'autres formes d'activité puisse être fondamentalement, profondément capable d'amener une mutation dans les cellules cérébrales elles-mêmes? Ai-je clairement énoncé cette question?
20:21 We were talking the other day in New York to some scientists. After a great deal of discussion – it lasted over two hours nearly – I asked them what would bring about a mutation in the very brain cells themselves, not from the outside, genetic engineering, biochemistry – you follow? – all that. What will change the brain cells themselves which have been conditioned for thousands of years? I hope you are putting this question to yourselves. What would be your answer? If you are serious and earnest and passionate enough to put this question, what would be your answer? If you have thought a great deal about all this, either you would say it is not possible, and so close the door for your further enquiry, or you would say, I really don’t know, is it possible? We are in that position. We are not closing the door by saying, it is not possible – it’s impossible. How can man, who’s been so conditioned for 1000’s and 1000’s of years through vast knowledge, experience, how can that brain transform itself? It’s not possible! If you are serious and answer that way – ‘It’s not possible’, then you have closed completely the avenue of enquiry. But if you are enquiring into it – that is, whether the brain, which has such extraordinary capacity in one direction and so utterly limited, circumscribed, conditioned, programmed to be a Catholic, Protestant, to be British, French and English – you know, and all the rest of it – whether that brain can be totally free, not free to do what you like. We’re all doing that anyhow pursuing our own pleasures, our own solitary ambitions, our own salvation if you are at all religiously minded, our own isolated pleasures and illusions. That we do every day of our life. That’s a common occurrence for all of humanity, pursuing their own isolated, solitary illusions, stimulations, aspirations and ideologies. And that is what they call freedom. Surely, that is not freedom. Freedom requires a great deal of discipline. Please understand what we mean by that word. We will go into it in a minute. Freedom implies great humility, innate inward discipline and work. We’ll go into those three. L'autre jour, à New York, nous parlions à quelques scientifiques. Après une longue discussion - elle dura plus de deux heures je leur demandai: qu'est-ce qui amènerait une mutation dans les cellules cérébrales elles-mêmes, non de l'extérieur par génie génétique, biochimie, - vous suivez? - tout cela. Qu'est-ce qui changera les cellules cérébrales elles-mêmes qui ont été conditionnées pendant des millénaires? J'espère que vous vous posez cette question. Quelle serait votre réponse? Si vous êtes sérieux et convaincu et assez passionné pour poser cette question, quelle serait votre réponse? Si vous y aviez beaucoup réfléchi, vous diriez soit que c'est impossible, fermant ainsi la porte à toute recherche ultérieure ou bien vous diriez: je n'en sais vraiment rien, est-ce possible? Nous nous trouvons dans cette situation là. Nous ne fermons pas la porte en disant que c'est impossible: comment l'homme peut-il, lui qui a été si conditionné pendant des milliers et des milliers d'années par un savoir, une expérience immenses comment ce cerveau peut-il se transformer? Ce n'est pas possible! Si vous êtes sérieux et répondez: "ce n'est pas possible" vous avez alors complètement barré l'avenue de la recherche. Mais si vous approfondissez la question suivante: le cerveau qui a des aptitudes si extraordinaires dans une certaine direction et se trouve tellement limité, circonscrit, conditionné, programmé en tant que catholique, protestant, britannique, français et anglais vous savez bien, etc., ce cerveau peut-il être totalement libre pas libre de faire tout ce que vous voulez. C'est d'ailleurs ce que nous faisons en poursuivant nos propres plaisirs nos propres ambitions solitaires notre propre salut (pour ceux qui ont la tournure d'esprit religieuse) nos propres plaisirs et illusions solitaires. Cela, nous le faisons chaque jour de notre vie. C'est là un trait commun à toute l'humanité, qui poursuit ses propres illusions solitaires, ses stimulations, aspirations et idéologies. Et voilà ce qu'ils appellent la liberté. Assurémment, la liberté ce n'est pas cela. La liberté demande énormément de discipline. Comprenez bien, je vous prie, ce que nous entendons par ce mot. Nous allons le voir dans un instant la liberté implique une grande humilité une discipline intérieure innée, et du travail. Nous allons voir ces trois choses.
25:29 Most of us are so arrogant because we rely so much on our knowledge. We are certain; our beliefs, our conclusions, our desires are so strong that we have lost all sense of deep, natural humility, which, again, it is a fact; how strong – when a Frenchman says, ‘I’m a Frenchman’, or when you say, ‘I’m British’. I don’t know if you have noticed – God-given race, and everyone feels this in every country. The other day an Indian was talking to us. He said, ‘We have the greatest culture in the world. We are the most highly civilised people’. I said, ‘Yes, you are corrupt. You’re superstitious. Your beliefs have no value at all. Your ideals, your religion are just a stack of words’. He said, ‘No, but we are still the highest culture’. I said, ‘All right.’ No, no. Please don’t laugh. This applies to you too. Nous sommes, pour la plupart, tellement arrogants car nous comptons tant sur notre savoir. Nous avons des certitudes; nos croyances nos conclusions, nos désirs sont si forts que nous avons perdu tout sentiment d'humilité profonde et naturelle ce qui, là encore, est un fait: avec quelle force un Français dit "je suis Français", ou quand vous dites "je suis Anglais". J'ignore si vous l'avez remarqué: "la race bénie des dieux" et chacun le ressent ainsi, quel que soit le pays. Un Indien nous parlait l'autre jour. Il disait: "notre culture est la première au monde". Nous sommes le peuple le plus civilisé. J'ai répondu: "Oui, vous êtes corrompus. Vous êtes superstitieux. Vos croyances n'ont pas la moindre valeur. Vos idéaux, votre religion ne sont qu'un tas de mots". Il dit "mais notre culture est quand même supérieure". J'ai répondu: "très bien". Non, non, ne riez pas, je vous prie. Ceci s'applique aussi à vous.
27:26 So, when we identify ourselves with a country, with certain ideologies, with conclusions, concepts, then we are incapable of being humble. Because then only, when you’re enquiring in humility, you learn, you find out. And humility is necessary. Then you see things as they are, around you and in yourself. And discipline is constant watching, watching your own reactions, continual observation, seeing what the source of your thought is, why you react in certain ways, what your biases are, your prejudices, your hurts, and so on. Constant watching brings its own natural discipline, order. That’s what we mean by discipline. Not conformity, not following a certain pattern, either established by society or by yourself, but the eternal watching of the world and of yourself. Then you see there is no difference between the world and yourself. That brings about naturally a sense of order. Therefore order is discipline, not the other way round. And work, not only physical work, which unfortunately most of us have to do, not if you are unemployed in this country – but also work in the sense, apply what you see to be true and apply it, not give an interval of time between perception and action. If one sees, as the speaker has seen many, many years ago, as a boy, that nationalism was a poison – I hope you don’t mind my saying all this – that he was no longer a Hindu, he just walked, he was no longer a Hindu, finished with all their superstitions, and you know, all that rubbish that goes on with every nationality. Ainsi, quand nous nous identifions à un pays, à certaines idéologies à des conclusions, des concepts, nous sommes alors incapables d'être humbles. Car ce n'est qu'en cherchant dans l'humilité que vous apprenez, découvrez. Et l'humilité est nécessaire. Vous voyez alors les choses telles qu'elles sont autour de vous, et en vous. Et la discipline consiste à observer continuellement à observer vos propres réactions, une observation continue en voyant la nature de la source de votre pensée... pourquoi vous réagissez de telle ou telle façon quels sont vos parti pris, vos préjugés, vos blessures, etc. L'observation continue amène sa propre displine naturelle, son ordre. Voilà ce que nous entendons par discipline. Il ne s'agit pas de conformité, de suivre un certain schéma que celui-ci émane de la société ou de vous-même mais de l'observation éternelle du monde et de vous-même. Vous voyez alors qu'il n'y a aucune différence entre le monde et vous-même. Ceci amène naturellement un sens de l'ordre. Par conséquent, l'ordre est discipline, et non l'inverse. Et le travail, non seulement le travail physique que nous devons malheureusement presque tous accomplir... - à l'exception des chômeurs dans ce pays-ci - mais encore le travail consistant à appliquer ce que vous avez vu de vrai à l'appliquer, sans laisser d'intervalle de temps entre perception et action. Si l'on voit, ainsi que l'orateur l'a vu il y a bien longtemps, comme enfant que le nationalisme était un poison... - j'espère que vous ne m'en voudrez pas de dire tout ceci - qu'il n'était plus un Hindou, il fonctionnait mais n'était plus un Hindou terminé toutes ces superstitions et tout ce fatra qui accompagne toute nationalité.
31:31 So, to live on this earth peacefully, in spite of the governments, requires a great deal of enquiry. To live peacefully, demands great intelligence. Right, sir? Can we go on like this? It’s easy for the speaker to talk about these things because that’s his life. But merely listening to what is being said seems so futile. But the moment you apply, if you see something to be true – instant application, then that removes conflict altogether. Il faut donc, pour vivre en paix sur cette terre en dépit des gouvernements, faire beaucoup de recherche. Vivre en paix demande une grande intelligence. Bien Monsieur? Pouvons-nous continuer ainsi? Il est facile pour l'orateur de parler de ces choses, car il s'agit de sa vie. Mais se borner à écouter ce qui est dit paraît si futile. Mais dès l'instant où vous mettez en pratique ce que vous avez pu voir de vrai - une mise en pratique immédiate - cela élimine alors tout conflit.
32:45 Conflict exists only when there is a gap, a division between what you see to be actual, to be true, and all the implications of fear of your action. So there is an interval, a gap, a hiatus which brings about conflict. I hope you understand all this. May I go on? Or am I going on for myself? Are we following each other a little bit? We are not doing any kind of propaganda. We are not trying to convince you of anything. On the contrary, one must have doubt, scepticism, question, not only what the speaker is saying, but question your own life, question, doubt your own beliefs. If you begin to doubt, it gives certain clarity. It doesn’t give you a feeling of great importance to yourself. Doubt is necessary in our exploration, in our enquiry into this whole problem of existence. And the question whether it is possible for human beings, who are perhaps somewhat neurotic, whether that neuroticism can be wiped away, become sane, rational, with such a brain, enquire. Le conflit n'existe qu'en présence d'un intervalle d'une division entre ce que vous voyez de vrai et tout ce qu'implique votre peur d'agir. Il y a alors un intervalle, un espace, un hiatus qui engendre le conflit. J'espère que vous comprenez tout ceci. Puis-je poursuivre? Ou est-ce que j'avance tout seul? Nous suivons-nous tant soit peu? Nous ne nous livrons à aucune propagande. Nous ne cherchons pas à vous convaincre de quoi que ce soit au contraire, il faut faire preuve de doute, de scepticisme, questionner non seulement ce que dit l'orateur mais mettre en question votre propre vie, vos propres croyances. Si vous commencez à douter, cela donne une certaine clarté. Cela ne vous procure pas un sentiment de grande importance de soi. Le doute est nécessaire à notre exploration à notre étude de tout le problème de l'existence. Et la question est de savoir s'il est possible aux êtres humains quelque peu névrosés, peut-être de voir si cette névrose peut être balayée s'ils peuvent devenir sensés, rationnels, et étudier avec un tel cerveau.
35:16 We’re enquiring if the brain cells can, without any influence from outside – governmental, environmental, religious and all the rest of it – can bring about a mutation in the brain cells? Is this question clear? Are we putting this question to ourselves? This is a serious problem. This cannot be answered by yes or no, affirmative or negative. One must look at this whole question as a whole; not as British, French or some kind of religious, superstitious nonsense or according to your own particular discipline or profession. You must look at the whole of life as one unitary movement. You understand all this? If we do, then we can begin to ask – is it possible? And if we do ask that question, what difference does it make if a few of us bring about, perhaps, a mutation? What effect has it on the world? You know, that’s the usual question. Right? I may change and you may change. A few of us may bring about a mutation, but what effect has that on the mass of people, on governments – will they stop wars, and so on? Nous cherchons à savoir si les cellules cérébrales peuvent, sans aucune influence extérieure... - ni gouvernementale, ni environnementale, ni religieuse etc. - peuvent amener une mutation dans les cellules du cerveau. Cette question est-elle claire? Nous posons-nous cette question? C'est là un problème sérieux. Il ne peut y être répondu par oui ou par non, par l'affirmative ou la négative. Il faut traiter cette question comme un tout; pas en tant qu'Anglais, que Français, ou au titre d'une stupide superstition religieuse ou selon votre propre discipline ou profession particulière. Il faut voir la vie comme un seul mouvement unitaire. Vous comprenez tout ceci? Si on fait cela, on commence alors par demander: est-ce possible? Et si l'on pose en effet cette question quelle différence cela ferait-il si quelques uns d'entre nous suscitaient en eux-mêmes une mutation? Quel effet cela aurait-il sur le monde? Vous savez, c'est la question courante. N'est-ce pas? Je pourrais changer, et vous pourriez changer. Quelques uns d'entre nous pourraient susciter une mutation mais quel effet cela aurait-il sur la masse des gens, sur les gouvernements arrêteront-ils les guerres, etc?
37:36 I think that’s a wrong question to put – what effect has it on others? That’s a wrong question. Because then you are not doing the thing for itself, but for how it will affect others. After all, beauty has no cause. Right? I won’t go into it. To do something for itself, for the love of itself, then it has an extraordinary effect – may or may not have. For example, we have talked for the last sixty years, unfortunately or fortunately. Need I answer the question any further? One might ask, ‘How has it affected the world? You go to various parts of the world, has it changed anybody at all?’ I think that is rather a foolish question. We might ask, ‘Why does a flower bloom?’ ‘Why is there a solitary star in the heavens in the evening?’ The man who has freed himself from his conditioning never asks that question. For in it there is compassion; it is great intelligence. Je pense que c'est une fausse question qu'on pose là. C'est une fausse question. Car alors, vous ne faites pas la chose pour elle-même mais pour l'effet produit sur les autres. Après tout, la beauté n'a pas de cause. D'accord? Je ne m'y étendrai pas. Faire une chose pour elle-même, pour l'amour de la chose pourrait ou non avoir un effet extraordinaire. . Par exemple, nous parlons depuis une bonne soixantaine d'années malheureusement ou heureusement faut-il m'étendre davantage sur cette question? On pourrait demander: "comment cela a-t-il affecté le monde. Vous parcourez ce monde, cela a-t-il changé qui que ce soit?" Je pense que c'est là une question assez stupide. On pourrait demander: "pourquoi une fleur fleurit-elle?" "Pourquoi y a-t-il une étoile solitaire dans le ciel du soir?" Celui qui s'est libéré de son conditionnement ne pose jamais cette question. Car il y a en cela de la compassion; il y a là une grande intelligence.
40:01 So let us proceed. Can we proceed? You are not too tired? Poursuivons donc. Pouvons-nous avancer, vous n'êtes pas trop fatigués?
40:22 First of all, do we realise that we are conditioned, aware without any choice, aware that my brain is conditioned? Or you accept what another says and therefore say, ‘My brain is conditioned’. You see the difference? If I’m aware that my brain is conditioned, that has a totally different quality. But if you tell me that I am conditioned, and then I realise I am conditioned, then it becomes very, very superficial. I hope you are following all this. So are we aware that we are conditioned as a British, by our experiences – we are not saying that it is right or wrong, we are going to find out – by our culture, by our tradition, by our environment, by all the religious propaganda for 2000 years as Christianity, or as Buddhism 2,500 years ago, or Hinduism, perhaps longer? Are we aware? If you are aware, then you ask, why? Tout d'abord, sommes-nous conscients d'être conditionnés conscients, sans aucun choix, de ce que mon cerveau est conditionné? Ou admettez-vous ce qu'un autre avance, et dites ainsi: "mon cerveau est conditionné". Vous voyez la différence? Si je me rends compte que mon cerveau est conditionné c'est d'une toute autre qualité. Mais si vous me dites que je suis conditionné et qu'alors seulement je m'en rends compte cela prend un caractère très, très superficiel. J'espère que vous suivez tout ceci. Sommes-nous donc conscients d'être conditionnés... - en tant que Britannique, par nos expériences... - nous ne disons pas que c'est juste ou faux, nous allons le découvrir - par notre culture, par notre tradition, par notre environnement par toute la propagande religieuse: depuis 2000 ans pour la chrétienté ou 2500 ans pour le bouddhisme, peut-être plus longtemps pour l'hindouisme? En sommes-nous conscients? Si vous en êtes conscient, vous demandez alors: pourquoi?
42:26 Why is the brain conditioned? What is the nature of this conditioning? Is it essentially experience and knowledge? Please go slowly with this. Experience conditions the brain. Right? Obviously. Do we meet each other there? And experience means knowledge – right? To learn to drive a car you need experience. You get into a car, drive it, and gather through that experience knowledge, how to drive a car. Please listen carefully, if you will, kindly: is knowledge the basic factor of our conditioning? Knowledge being the repetition of certain tradition – right? – and so on. Knowledge is necessary. Otherwise you couldn’t go home, you couldn’t drive a car, you couldn’t go back to your job, if you have a job. So knowledge in one area, physical knowledge is necessary. But knowledge also conditions our brain, knowledge being tradition, the being programmed as we are, by newspapers, by magazines, by constant repetition that you are British, British, British. Or when you go to France, it’s the same old thing – French, French. And when you go to India, again – Indian – this constant repetition. So the brain becomes dull, repetitive, mechanical. And perhaps that’s a safe way of living, but it’s got tremendous danger. This repetition of various cultures, countries is an isolating process and therefore division, therefore war – that’s only one of the reasons for war. So are we aware that our brain is being programmed? Pourquoi le cerveau est-il conditionné? De quelle nature est ce conditionnement? Est-ce essentiellement de l'expérience et du savoir? Avancez lentement ici, je vous prie. L'expérience conditionne le cerveau, n'est-ce pas? Evidemment. Nous rencontrons-nous là? Expérience signifie savoir, n'est-ce pas? L'expérience est nécessaire à l'appentissage de la conduite. Vous entrez dans la voiture, la conduisez et acquérez par cette expérience un savoir, celui de la conduite automobile. Ecoutez attentivement s'il vous plaît: le savoir est-il le facteur fondamental de notre contitionnement? Le savoir étant la répétition d'une certaine tradition - d'accord? ...etc. Le savoir est nécessaire. Autrement, vous ne pourriez rentrer chez vous, ou conduire une voiture vous ne pourriez retourner à votre travail, si vous en avez un. Ainsi, le savoir dans le domaine physique est nécessaire. Mais le savoir conditionne aussi notre cerveau, le savoir étant la tradition le fait d'être programmé, comme c'est le cas, par les journaux, les magazines par la répétition continuelle que vous êtes Britannique, Britannique. Ou si vous vous rendez en France, c'est la même chose, Français, Français. Et si vous allez en Inde, là encore: Indien - cette répétition continuelle. Ainsi, le cerveau s'émousse, devient répétitif, mécanique. C'est peut-être là une façon sûre de vivre, mais elle comporte un énorme danger. Cette répétition de cultures, de pays divers est un processus qui isole, d'où la division d'où la guerre - ce n'est là qu'une des raisons de la guerre. Alors, nous rendons-nous compte de la programmation que subit notre cerveau?
46:28 Please don’t look at others: look at yourself. If one is aware that one is programmed, conditioned, then one asks, ‘Is it knowledge?’ And apparently it is knowledge. Then why do we live, psychologically, why is the structure of the psyche essentially based on knowledge? You understand? Have I made the question clear? The psyche, the ‘me’, the self, is essentially a movement in knowledge, a series of knowledge which is a series of memories. Right? So we are a series of memories – right? – so we are memory. Would you acknowledge? Do you see that fact? Not that we are divine and, you know, all that blah that is trotted out by religions. But the actual fact is that we are nothing but memories. Most unpleasant discovery, isn’t it! Or do you say, ‘No, there is part of me which is not memory’. The moment when you say that, it’s already memory. I don’t know if you see that. When I say I am not wholly the result of memories, that very statement implies that there is part of me which is not. And that part of me when I look at it, is also memory. So memories are the past, projected perhaps in the future, but it is still memory. Those memories are modified by the present and continue into the future, but is still a series of memories. Ne regardez pas les autres s.v.p., (rires) regardez-vous vous-même. Si l'on est conscient d'être programmé, conditionné, on demande alors "Est-ce le savoir?" Et apparemment, c'est bien le savoir. Alors, pourquoi vit-on ainsi psychologiquement pourquoi la structure du psychisme repose-t-elle essentiellement sur le savoir? Vous comprenez? Ai-je clairement énoncé la question? La psyché, le "moi", la personne est essentiellement un mouvement dans le savoir une série de savoirs, c'est-à-dire de souvenirs. D'accord? Nous sommes donc une série de souvenirs, n'est-ce-pas? Nous sommes donc mémoire. Cela vous agrée-t-il... Voyez-vous ce fait? Il ne s'agit pas d'être divin et, vous savez tout ce bla bla bla émis par les religions. Mais en réalité, il est un fait que nous ne sommes que des souvenirs. Quelle désagréable découverte, n'est-ce pas! (rires) Ou direz-vous: "non, il y a une partie de moi qui n'est pas la mémoire". Dès l'instant où vous dites cela, c'est déjà de la mémoire. Je ne sais si vous le voyez. Quand je dis: je ne résulte pas totalement de souvenirs cet énoncé même implique qu'il y a une partie de moi qui ne l'est pas. Et cette partie de moi, quand je la regarde, est aussi du souvenir. Les souvenirs sont le passé, se projetant peut-être dans le futur mais c'est toujours la mémoire. Ces souvenirs sont modifiés par le présent et se poursuivent dans le futur mais c'est encore une série de souvenirs.
49:37 Please don’t let’s become sentimental about all this because that’s so meaningless or romantic. These are facts. What are you without memories, without all the remembrances of your achievement, of your wife, of your son, of your brother, family, memories of your travels, what you have done, what you have achieved? Right? They are all in the past. So memories are dead things. On those dead things we live. Right? Do see all this. Please, we are not trying to persuade you to look at it, we are not trying to persuade you or convince you of anything. The speaker is not your guru. So don’t follow anybody including the speaker. But look at these facts. Ne devenons pas sentimentaux à cet égard, je vous prie ce serait par trop insignifiant, ou romantique. Ce sont là des faits. Qu'êtes-vous sans souvenirs? sans tous les souvenirs de vos réussites, de votre femme de votre fils, votre frère, votre famille, de vos souvenirs de voyage de ce que vous avez fait, accompli? N'est-ce pas? Ils se situent tous dans le passé. Les souvenirs sont donc des choses mortes. C'est sur ces choses mortes que nous vivons. N'est-ce pas? Voyez tout cela. Je vous en prie, nous n'essayons pas de vous persuader de le regarder... Nous ne cherchons ni à vous persuader, ni a vous convaincre de quoi que ce soit. L'orateur n'est pas votre gourou. Alors, ne suivez personne, pas même l'orateur. Mais regardez ces faits.
51:26 Then the question arises: is it possible to live psychologically without a single memory? You understand? Put this question, please, to yourself. My brother, son, wife, husband, is dead. I remember all the incidents, happiness, you know, all the rest of it, intimate relationships. It is a vast remnant of the past, memory. And I live on that. I have a picture, photographs, and there is this constant stimulation from the photograph. So the ‘me’, the self, the ego is a movement of identification with memory. Right? I am a Christian, I am a Hindu, a Buddhist, whatever you like to call it, an American, and so on. How tremendously attached we are to our identifications. That’s our conditioning. And when you see that, not verbally, not as an idea, but actually see the fact, then there is action. Like when you have a violent toothache, there is action because it’s there. But if you imagine you have a toothache, then that’s quite a different process. La question qui se pose alors est celle-ci: est-il possible de vivre psychologiquement sans le moindre souvenir? Vous comprenez? Posez-vous cette question, s'il vous plaît. Mon frère, mon fils, ma femme, mon mari, est mort. Je me souviens de tous les incidents, des joies et tout ce qui s'en suit, la relation intime. C'est une vaste remémoration du passé, de la mémoire. Et je vis là-dessus. J'ai un portrait, des photos et il y a cette stimulation qui émane continuellement de la photo. Donc le "moi", la personne, l'ego est un mouvement d'identification au souvenir. N'est-ce pas? Je suis un Chrétien, un Hindou, un Bouddhiste... Nous sommes si terriblement attachés à nos identifications. C'est là notre conditionnement. Et quand vous voyez cela, pas verbalement, pas en tant qu'idée mais quand vous voyez le fait tel qu'il est, il y a alors action. Comme quand vous avez un violent mal de dent, l'action découle de sa présence. Mais si vous imaginez avoir mal aux dents, c'est alors un tout autre processus.
54:03 So do we see clearly, without being persuaded, without being pushed into a corner, do we see very clearly for ourselves what we are, which is our conditioning, which is our consciousness. And seeing that, what is one to do? Clear? Can we go on from there? We’ve got another ten minutes. Have we reached that point? Please, have we all of us, or at least some of us, reached that point when we realise completely that we are conditioned and that conditioning is a vast series of movements of memories. And memories are always the past, remembrance of things past which then are projected into the future, modified by the present, but still it is a movement of memories. Right? And these memories we call knowledge. Right? Voyons-nous donc clairement, sans persuasion sans y être acculés voyons-nous très clairement, par nous-mêmes, ce que nous sommes c'est-à-dire notre conditionnement, qui est notre conscience. Et voyant cela, que doit-on faire? Est-ce clair? Pouvons-nous poursuivre à partir de là? Il nous reste dix minutes. Avons-nous atteint ce stade? S'il vous plaît, avons-nous tous - ou quelques uns d'entre nous ont-ils atteint ce stade où l'on se rend pleinement compte que l'on est .conditionné, et que ce conditionnement est une vaste série de mouvements de souvenirs. Et les souvenirs relèvent toujours du passé la remémoration de choses du passé, projetées ensuite dans le futur modifiées par le présent, mais restant néanmoins un mouvement de souvenirs. N'est-ce pas? Et nous donnons à ces souvenirs le nom de savoir. N'est-ce-pas?
55:55 Then how does one look at these memories? You understand my question? How does one observe these memories? We have thousands of memories. Right? From childhood we have gathered them – pleasant, unpleasant – memories that are... of our aspirations, memories of achievements, memories of pain, fear, great sorrow. These are all memories. Ensuite, comment examine-t-on ces souvenirs? Vous comprenez ma question? Comment observe-t-on ces souvenirs? Nous avons des milliers de souvenirs. N'est-ce pas? Nous les accumulons depuis l'enfance souvenirs agréables, désagréables, ceux de nos aspirations de nos réalisations, souvenirs de douleur, de peur, de grande souffrance. Tout cela est du souvenir. Et voyez-vous ces souvenirs comme étant distincts de l'observateur?
57:05 And do you see these memories as different from the observer? You understand my question? We are observing. I am observing that I am a long series of memories. I’ve stated that – that I am memories; but there is in me the feeling that I’m not all that, there’s something else that’s observing. Right? Are you following? Are we together in this? So is the observer different from the observed? This is an old theme. Many of you probably have heard of it. ‘Ah, you say, well, you’re trotting that out’. But when you realise this fact, something extraordinary happens, not something mysterious, not parapsychological, and so on, something which ends conflict, which is far more important than anything else. Comprenez-vous ma question? Nous observons. J'observe que je suis une longue série de souvenirs. Je l'ai affirmé, je suis souvenirs; mais il y a en moi le sentiment que je ne suis pas que cela qu'il y a autre chose qui observe. N'est-ce pas? Suivez-vous? Sommes-nous ensemble, ici? Alors, l'observateur est-il distinct de l'observé? C'est un vieux thème. Vous êtes probablement nombreux à en avoir entendu parler. Vous dites "ah, voilà que vous nous ressortez cela". (rires) Mais quand vous prenez conscience de ce fait il se passe quelque chose d'extraordinaire rien de mystérieux, de parapsychologique, etc quelque chose qui met fin au conflit et qui importe plus que tout au monde.
58:52 As long as there is division between the memories and the observer, this division creates conflict. Right? Division between the Arab and the Jews, between the British and the Falklands – may I mention the Falklands? Right. Between the Hindu and the Islamic world. Wherever there is division there must be conflict. Right? No, no, pursue that please. Wherever there is isolated action, isolated solitary pleasure, solitary aspirations, that very solitude is an act of separation. Therefore, that very person who pursues his particular ambition, his particular fulfilment, his aspirations, and so on, must inevitably create conflict, not only for himself but for others. Tant qu'existe cette division entre les souvenirs et l'observateur, cette division crée le conflit. N'est-ce pas? La division entre Arabes et Juifs entre les Britanniques et les Maldives - puis-je mentionner les Maldives? Bien. (Rires) Entre les Hindous et le monde Islamique. Là ou il y a division il y a nécessairement conflit. N'est-ce pas? Non, non, poursuivez ce sujet, je vous prie. Là ou règne l'action isolée, le plaisir solitaire isolé les aspirations solitaires, cette solitude est en elle-même un acte séparateur. Par conséquent, la personne même qui poursuit sa propre ambition son accomplissement personnel, ses aspirations, etc crée inévitablement le conflit, non seulement pour elle, mais pour les autres. De là découle la question suivante:
1:00:17 So from this arises the question whether conflict of every kind, in our very being, can end. Because we live with conflict. You might say, ‘Well, all nature is in conflict. A single tree in a forest is fighting to achieve light, is struggling, fighting, squeezing out others. And human beings, born from nature, are doing the same thing’. If you accept that, then you accept all the consequences of conflict – wars, confusion, brutality, ugliness, the nastiness of war. As long as you are British, French or an Indian, you are inevitably going to create wars. But you see this, and we don’t do anything about it. tout conflit niché au sein même de notre être, peut-il prendre fin? Car nous vivons avec le conflit. Vous direz peut-être: "Eh bien, toute la nature est en conflit. Le moindre arbre dans la forêt lutte pour trouver la lumière il lutte, force le passage en excluant les autres. Et les être humain, nés de la nature, en font de même". Si vous admettez cela, vous admettez du même coup toutes les conséquences du conflit les guerres, la confusion, la brutalité, la laideur de la guerre. Tant que vous serez un Britannique, un Français ou un Indien vous créerez inévitablement des guerres. N'est-ce pas? Mais nous voyons cela et ne faisons rien à ce sujet. Ainsi, mettre fin au conflit, c'est-à-dire
1:01:44 So, to end conflict, which means to live with that peace, which requires tremendous intelligence, is to understand the nature of conflict. I must stop for now. We will continue tomorrow morning, may we? Sorry to stop at this point. Not that it is an enticement for you to come tomorrow. vivre avec cette paix, ce qui nécessite énormément d'intelligence revient à comprendre la nature du conflit. Je dois m'arrêter maintenant. Nous continuerons demain matin, vous voulez-bien? Excusez-moi d'arrêter ici. Ce n'est pas pour vous inciter à revenir demain. Q. Pouvez-vous dire quelque chose au sujet de l'apparition d'un souvenir
1:02:26 Q: Can you just say something about when a memory comes; it seems to come from outside and then you react. Say, you are embarrassed, then you remember something – at least I do. Do you understand? il semble venir de l'extérieur et alors vous réagissez. On se sent embarrassé, puis la mémoire revient, tout au moins chez moi. Vous comprenez? K. Ce Monsieur demande si la mémoire est extérieure, si elle vient de dehors.
1:02:39 K: The gentleman asks – memory is outside, comes from outside. Q. Il faut bien qu'il y ait un observateur pour réagir à ce souvenir...
1:02:48 Q: Well, there must be an observer to react to that memory. K. Vous réagissez à ce souvenir et vous le renforcez
1:02:53 K: You react to that memory and you strengthen that memory or you put aside that memory. Are you different from memory? You see, that’s the whole point. We are the result of this movement from the outer to the inner. Right? From the inner to the outer. Right? Have you not noticed – like the sea going out and coming in. We have created this monstrous society, and that society controls us. Right? And we try to change that society, through law, through governments, through all kinds of strikes, all the rest of it, and then react to that. So it’s a constant movement from the outer to the inner, from the inner to the outer. Right? It is one movement. It’s not separate movement – water is water. It goes out and comes in. It’s salt water. ou vous écartez ce souvenir. N'est-ce pas? Etes-vous distinct de la mémoire? Voyez-vous, c'est toute la question. Nous résultons de ce mouvement du dehors vers le dedans. D'accord? De l'intérieur vers l'extérieur. N'est-ce pas? N'avez-vous pas remarqué: c'est comme la mer qui se retire et puis revient. Nous avons créé cette société monstrueuse, et celle-ci nous contrôle. D'accord? Et nous essayons de changer cette société, par la loi, par les gouvernements par toutes sortes de grèves, etc., puis nous réagissons à cela. C'est donc un mouvement continu de l'extérieur vers l'intérieur de l'intérieur vers l'extérieur. N'est-ce pas? C'est un seul mouvement. Ce n'est pas un mouvement distinct - l'eau, c'est de l'eau. Elle se retire et revient. C'est de l'eau salée. Dès lors, la question qui découle de cela
1:04:26 Now, the question arises from that, whether this movement can stop – action and reaction. You follow? You hit me and I hit you back. You hate me, I hate you back. I own this particular piece of land and you fight for it. And I defend and I attack. You follow? This has been going on for millions of years – the ebb and flow of reaction. If you will kindly put the question whether this movement can end. If that wasp stings me, I react, naturally. But why should I react if you flatter me, or insult me? est de savoir si ce mouvement peut arrêter l'action et la réaction. Vous suivez? Vous me frappez, et je vous rends le coup. Vous me haïssez, et je vous hais en retour. Je suis propriétaire de ce terrain et vous vous battez pour l'avoir. Et je me défends et contre attaque. Vous suivez? Cela fait des millions d'années que cela dure: le flux et le reflux de la réaction. S'il vous plaît, posez vous la question de savoir si ce mouvement peut cesser. Si cette guêpe me pique, je réagis, c'est naturel. Mais pourquoi devrais-je réagir si vous me flattez ou m'insultez? Donc, pour poser cette question..
1:05:46 So to ask this question whether this movement of action and reaction can stop, to find an answer to that, one has to go a great deal into it. de savoir si ce mouvement d'action réaction peut cesser pour y apporter une réponse, il faut l'approfondir énormément. Cela suffit-t-il pour ce matin?
1:06:01 Is that enough for this morning? May we get up? Pouvons-nous nous lever?