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BR83T2 - L’esprit humain n’est libre que dans la paix
2e causerie
Brockwood Park, Angleterre
28 août 1983



1:15 Krishnamurti: May we go on where we left off yesterday? We were talking about conflict, not only in ourselves, but in the society in which we live – conflict between nations, between groups, between the various gurus, between ideologies – the communist ideology and the so-called democratic ideology. Apparently man has lived throughout these centuries in a state of constant conflict, struggle, fighting each other, killing each other, destroying that which he has created and then rebuilding it again. This has been the historical process for the last 5,000 or 6,000 years or more. Religions have also, except perhaps Buddhism and Hinduism, have created wars, hunted heretics, burnt them, destroyed them. And so man has lived on this earth without any peace. And to live in peace appears to be almost impossible, to live without conflict, without aggression, not only in personal relationships, but also with those with whom we don’t agree or have not the same belief, the same concepts, the same culture. There is this constant, endless struggle, conflict. And one asks whether it is possible to live in this world utterly peacefully. Because it is only in peace that one can flower. It’s only in peace that the human mind, the human brain can really be free. And why has man, who has learned so much, who has acquired such extraordinary knowledge, experience, doing his best, why can he not live in peace? Pouvons-nous reprendre là où nous en étions restés hier? Nous parlions du conflit, non seulement en nous-mêmes mais encore au niveau de la société dans laquelle nous vivons du conflit entre nations entre groupes, entre les divers gourous, entre les idéologies l'idéologie communiste et l'idéologie dite démocratique. Il semble que l'homme ait vécu pendant ces siècles continuellement en conflit, en lutte, combattant ses semblables s'entretuant, détruisant ce qu'il a créé pour ensuite le reconstruire. Tel a été le processus historique des derniers 5 ou 6000 ans, ou plus. A l'exception, peut-être, du Bouddhisme et de l'Hindouisme, les religions sont à l'origine de guerres - les 100 hérétiques, brûlés, détruits. Et l'homme a donc vécu sur cette terre sans connaître la paix. Et il semble presque impossible de vivre en paix de vivre sans conflit, sans agression non seulement dans nos relations personnelles mais encore avec les gens avec qui nous sommes en désaccord ou dont nous ne partageons pas les croyances, les concepts, la culture. Il y a donc cette lutte, ce conflit perpetuels, infinis. Et l'on demande s'il est possible de vivre en ce monde dans une paix absolue. Car ce n'est que dans la paix que l'on peut fleurir. Seule la paix permet à l'esprit humain, au cerveau humain d'être vraiment libre. Et pourquoi l'homme, qui a tant appris qui a acquis un savoir, une expérience si extraordinaires faisant de son mieux, pourquoi ne peut-il vivre en paix?
5:02 As we said yesterday, this is not a talk, a lecture on a particular subject, to be informed, to be instructed. But we are together exploring this question. Not that the speaker explores, and you listen, but together, you and the speaker investigate, sanely, without any bias, without any definite conclusions, to find out why we human beings cannot live on this beautiful earth with peace and without conflict. That is where we left off yesterday. Comme nous le disions hier, ceci n'est pas une causerie une conférence traitant d'un sujet particulier avec pour objet d'informer, d'instruire. Mais plutôt, nous allons ensemble explorer cette question. Il ne s'agit pas que l'orateur explore et que vous écoutiez, mais qu'ensemble vous et l'orateur cherchiez, sainement, sans aucun parti pris sans aucune conclusion définitive, à découvrir pourquoi les êtres humains ne peuvent vivre sur cette terre magnifique en paix et sans conflit. Voilà où nous en étions restés hier.
6:18 There are various forms of chemical injections to make man peaceful. They are doing it now: in the totalitarian states, they send them to hospitals, psychotherapeutic hospitals where they are drugged, kept peaceful. And also belief has also drugged us, tremendously, to be peaceful. We all believe, if you are Christians, in some form of saviour. And that belief has kept us somewhat tamed. Il existe divers types d'injections chimiques capables d'apaiser l'homme. Cela se pratique actuellement: dans les pays totalitaires, on les interne dans des hôpitaux psychiatriques où ils sont drogués, tranquillisés. Et nous aussi, la croyance nous a puissamment drogués pour nous apaiser. Ceux d'entre-vous qui sont Chrétiens croient tous en un certain sauveur. Et cette croyance nous a en quelque sorte soumis.
7:10 There have been attempts of every kind, throughout the world, to help man to live peacefully. They have said: meditate, follow, obey, conform, don’t hurt, love another, the whole religious instructions throughout the world. And yet, in spite of all that, and perhaps because of all that, man has not lived at peace with himself, or created a society that’s peaceful. Why? We are asking, you are also asking the question, not only me. Il y a eu de par le monde toutes sortes de tentatives visant à aider l'homme à vivre paisiblement. Ils ont dit: méditez, suivez, obéissez... conformez-vous, ne faites pas de mal, aimez votre prochain c'est l'enseignement religieux qui prévaut partout dans le monde. Et pourtant, en dépit de tout cela, peut-être même à cause de tout cela l'homme n'a pas vécu en paix avec lui-même ni créé une société paisible. Pourquoi? Nous demandons - vous aussi posez la question, pas seulement moi - sommes-nous, vous et moi, distincts du monde extérieur?
8:24 Are we different, each one of us, from the world outside of us? Are you, as British, French or American, Russian or whatever nationality group to which one belongs, or Indian, are we the rest of humanity or separate individuals, struggling separate souls, each one seeking his own fulfilment, his own happiness, his own salvation, identifying himself with something – noble, illusory, imaginary, and so on? Are we living in isolation on this earth, each one of us isolated, separate from the rest of mankind? And this separation, this so-called ‘individualism’ may be one of the causes why human beings do not live at peace, either in their relationships or with his neighbour who might be next door or a thousand miles away. En tant que Britannique, Français, Américain ou Russe, peu importe le groupe auquel on appartient, ou Indien sommes-nous le restant de l'humanité ou plutôt des individus séparés, luttant des âmes distinctes, individuellement en quête de leur propre accomplissement, de leur propre bonheur de leur propre salut, s'identifiant à quelque chose de noble d'illusoire, d'imaginaire, et ainsi de suite? Vivons-nous sur cette terre dans l'isolement tous isolés, distincts du reste de l'humanité? Et cette séparation, ce soi-disant "individualisme" pourrait être une des causes de ce que les êtres humains ne vivent pas en paix ni avec leurs proches ni avec leur voisin, que celui-ci loge la porte à côté où à des milliers de kilomètres d'ici.
10:25 Please, you and the speaker are putting these questions. The speaker is not putting the question for you to answer. This is a question which all of us has to face. Either we face it intelligently, rationally, sanely or escape into some form of illusory peace. Je vous en prie, c'est vous et l'orateur qui posez ces questions. L'orateur ne pose pas la question pour que vous y répondiez. C'est une question à laquelle nous devons tous faire face. Ou nous y faisons face intelligemment rationnellement, sainement ou nous cherchons à fuir dans quelque forme de paix illusoire.
11:01 Peace can only exist if we have complete security, both outwardly and inwardly, psychologically and environmentally. We all want security, even the greatest scientist and the poorest very uneducated villager – all of us want security. Like every animal, every living thing needs security. And apparently we don’t have security. We have sought it in religions, in beliefs, in ideologies, in some form of authority; followed them, and yet we remain separate. We are asking, is that one of the basic causes why human beings, thinking they are separate, isolated entities, each one seeking his own particular form of security, must inevitably come into conflict with others, who are also seeking their own particular form of security? La paix ne peut exister qu'en présence d'une sécurité totale qu'il s'agisse de l'extérieur, de l'intérieur du psychologique et de l'environnemental. Nous avons tous besoin de sécurité du plus éminent scientifique au plus pauvre villageois pratiquement inculte; nous avons tous besoin de sécurité. Comme tout animal, chaque être vivant a besoin de sécurité. Et il semble que nous n'ayons pas la sécurité. Nous l'avons cherchée dans les religions, dans les croyances, les idéologies dans une certaine autorité; les avons suivies et néanmoins demeurons séparés. Nous demandons: est-ce là une des causes premières de ce que les êtres humains se pensant des entités séparées, isolées chacun en quête de sa propre forme de sécurité ne peuvent qu'entrer inévitablement en conflit avec les autres qui, eux aussi, sont en quête de leur propre forme de sécurité?
12:58 So we’re asking a question, which is, are we separate from the rest of humanity? You understand my question? Are you separate? Are you an individual, so that you as an individual are seeking your own happiness, your own pleasures, solitary in your illusions, in your particular form of imaginative hope? So this is a question that must be answered very carefully, gone into, by both of us. Because if that is the cause of it, it is either the cause is rational, real, actual, and then we have to deal with that, or it’s really illusory. Each one of us has been brought up to think that we are individuals, separate. Is that a fact? Is our consciousness – which contains our behaviour, our reactions, our pleasures, fears, anxieties, sorrow, and all the experiences, knowledge – all that is our consciousness, is what you are, what each one of us is, is that consciousness different from the rest of humanity? You understand my question? Nous posons donc la question suivante: sommes-nous distincts du reste de l'humanité? Comprenez-vous ma question? Etes-vous distincts? Etes-vous un individu, ce qui vous conduit à rechercher votre propre bonheur, vos propres plaisirs, solitaire dans vos illusions dans votre propre forme d'espoir imaginaire? C'est là une question... ..qui demande une réponse très scrupuleuse, que vous et moi devons approfondir. Car si telle en est la cause, ou cette cause est rationnelle concrète, pertinente, et il faut alors la traiter, ou bien elle est vraiment illusoire. Chacun de nous a été élevé dans la croyance que nous sommes des individus distincts. Est-ce là un fait? Notre conscience, qui incorpore notre comportement, nos réactions nos plaisirs, nos peurs, anxiétés, souffrances et toutes les expériences le savoir, tout cela est notre conscience, c'est ce que vous êtes ce qu'est chacun de nous cette conscience est-elle distincte du reste de l'humanité? Vous comprenez ma question?
15:44 When you travel around, when you observe without even travelling around, when you observe the world, all humanity goes through more or less the same forms of suffering, anxiety, insecurity, they believe in some kind of illusory nonsense, full of superstitions, fears, and all the rest of it. Everywhere, every human being goes through all this. Right? Insecure, uncertain, fearful, constantly in conflict, burdened with great sorrow, like those who live in this country. Right? This is a fact. So is your consciousness different from the rest of mankind? Quand vous voyagez dans le monde, quand vous observez sans même voyager quand vous observez le monde, vous voyez que toute l'humanité passe par plus ou moins les mêmes formes de souffrance, d'anxiété, d'insécurité ils croient en une sorte d'absurdité illusoire sont plein de superstitions, de peurs, et tout le reste. Où que ce soit, chaque être humain passe par tout cela. N'est-ce pas? Manquant de sécurité, dans l'incertitude, la peur, constamment en conflit chargé d'une grande souffrance, comme ceux qui vivent dans ce pays-ci. D'accord? C'est un fait. Alors, votre conscience est-elle distincte de celle du reste de l'humanité?
17:15 I may be an Arab, with my peculiar Islamic tradition, and, as a human being, apart from the label as an Arab, I go through all the turmoil of life, like you do: pain, sorrow, jealousy, hate. So is there a difference, apart from labels, apart from culture, between you and me, as an Arab? Please consider all this. As we said yesterday, we are not trying to convince you of anything, doing any kind of propaganda, any kind of persuasion or stimulation. Because if you are capable of being persuaded, then another will come and persuade you differently. If you depend on propaganda – the same thing – another type of propaganda will show you. So one must be clear for oneself, absolutely, about this matter. It is your psyche, and the psyche is the content of its own consciousness. And that consciousness is shared by all human beings, though outwardly you may have a different culture, different environment, different food, different clothes, more affluent, but essentially, deeply, most profoundly, we are the rest of the world, and the world is us. Right? Be quite clear on this point. You may not like it because we have been brought up from childhood, perhaps right before childhood, in the very genes, that we are separate individuals. We are questioning that very thing, not only subjectively, but objectively. Je pourrais être un Arabe, avec ma propre tradition islamique et en tant qu'être humain, hormis mon étiquette d'Arabe je passe, comme vous, par toute l'agitation de la vie: douleur, chagrin, jalousie, haine. Alors, y a-t-il une différence, en dehors des étiquettes en dehors de la culture, entre vous et moi, en tant qu'Arabe? Prêtez attention à tout ceci, je vous prie. Comme nous le disions hier, nous ne cherchons pas à vous convaincre de quoi que ce soit en nous livrant à une quelconque propagande, persuasion ou stimulation. Car si vous êtes capable d'être persuadé quelqu'un d'autre surviendra et vous persuadera d'autre chose. De même, si vous dépendez de la propagande un autre mode de propagande vous convaincra. Il faut donc être absolument clair avec soi-même à ce sujet. Il s'agit de votre psychisme, et celui-ci est le contenu de cette conscience. Et cette conscience est partagée par tous les êtres humains bien qu'extérieurement vous puissiez avoir une culture différente un environnement, une nourriture, des habits différents, être plus nantis mais pour l'essentiel, profondément, au tréfonds nous sommes le reste du monde, et le monde est nous. N'est-ce pas? Soyez tout à fait clair là-dessus. Cela ne vous plaira peut-être pas, car dès l'enfance nous avons été élevés peut-être même avant l'enfance, dans les gênes eux-mêmes à nous considérer comme des individus distincts. Nous mettons cela même en cause, tant subjectivement qu'objectivement.
20:52 If you examine without any bias, without any tradition, if your brain is eager to find out whether it is possible to live in this world with complete freedom and peace, and therefore with order. One has to put this question. You may be a great scientist, a great painter, a marvellous poet, like Keats, but the scientist, the poet, the painter have their own sorrow, pain, anxiety like the rest of us. And as long as we think we are separate, conflict must exist, between the Arab and the Jew, as is happening in Beirut, between the black and the white, between the Muslim and the rest of the world. So please, consider this question seriously – exercise our brains, not accept. Si vous examinez sans aucun préjugé, sans aucune tradition si votre cerveau est avide de découvrir s'il est possible de vivre en ce monde dans une liberté et une paix totales, et donc dans l'ordre. Il faut poser cette question. Vous auriez beau être un grand scientifique, un grand peintre un merveilleux poète, comme Keats mais le scientifique, le poète, le peintre ont leur propre souffrance, douleur, anxiété, comme le reste d'entre nous. Tant que nous nous pensons séparés, le conflit est inévitable entre l'Arabe et le Juif, comme à Beyrouth entre le noir et le blanc entre le Musulman et le reste du monde. Veuillez donc examiner sérieusement cette question faites travailler vos cerveaux, sans rien admettre.
22:51 And if that is one of the causes of war, one of the causes of conflict between human beings, this fallacy that each one of us is entirely different, we are questioning that very thing. And if we are not, then we are the rest of mankind. You are the rest of mankind. With that goes tremendous responsibility which you may not like to have. We like to avoid responsibility. Et si c'est là une des causes de la guerre une des causes de conflit entre les êtres humains ce faux raisonnement selon lequel chacun de nous est complètement distinct c'est précisemment cela que nous mettons en question. Et si ce n'est pas le cas, nous sommes alors le reste de l'humanité. Vous êtes le reste de l'humanité. Ceci implique une énorme responsabilité que vous n'aimerez peut-être pas assumer. Nous aimons éviter la responsabilité.
23:50 As long as one is violent, aggressive, you contribute to the rest of the world, to the rest of mankind’s aggression, violence. This is natural, all this. So the question is, if you are the rest of mankind, you are mankind, not part of mankind, you are the entire world. If you have that feeling, that truth of that, then your whole outlook is entirely different. Then you have totally abolished all division. Right? I wonder if you see the truth of this? Not the sentimentality of it, not a romantic Utopian concept, but the actuality of it, the fact of it. Tant qu'on est violent, agressif, on contribue à l'agressivité, à la violence du reste du monde, de l'humanité. Tout ceci est naturel. La question est donc celle-ci: si vous êtes le reste de l'humanité vous êtes l'humanité, pas une partie de l'humanité, vous êtes le monde entier. Si vous ressentez ainsi cette vérité alors toute votre façon de voir en est complètement changée. Vous avez alors totalement aboli toute division. N'est-ce pas? Je me demande si vous percevez cette vérité? Pas son côté sentimental, pas en tant que concept romantique, utopique, mais la réalité du fait.
25:33 So let us examine it much more closely. Conflict exists as long as, we said, there is separation: between me and you, we and they, conflict must exist in our relationships, between man and woman, of which we all know. Right? Between you and your wife, the wife and the husband, the family against the community, the community against the larger community and so on and on. Examinons donc cela de bien plus près. Comme nous l'avons dit, le conflit existe tant qu'il y a séparation: entre moi et vous, nous et eux le conflit dans nos relations est inévitable entre l'homme et la femme, comme nous le savons tous. N'est-ce pas? Entre vous et votre femme, entre la femme et le mari la famille s'opposant à la communauté la communauté s'opposant à la communauté élargie, etc. etc.
26:52 So why is there conflict in our relationships? Please answer these questions. One is married, with children, or unmarried, and all the human relationships, conflict exists as long as the husband or the wife or the man is pursuing his own particular goal, his own particular ambition, his own sense of fulfilment, both sexually and in the world. Right? This is a fact, isn’t it? The wife pursues her own particular form of pleasure, and the man pursues his own, so actually they never meet, except perhaps in bed. That’s a fact. Alors pourquoi le conflit existe-t-il dans notre relation? Répondez à ces questions s'il vous plaît. Marié, avec enfants, ou célibataire, dans toute relation humaine le conflit existe tant que le mari ou la femme, l'être humain poursuit son propre but, sa propre ambition son propre désir de réalisation, tant sexuellement que dans le monde. N'est-ce pas? C'est là un fait, n'est-ce pas? La femme recherche son propre plaisir, et l'homme poursuit le sien, et ils ne se rencontrent donc jamais, sauf peut-être au lit. C'est un fait.
28:31 Now is it possible to be free of this separation? Then one begins to enquire into the nature of what is called affection, into the nature of what is love – if you are interested in all this. If it bores you, you can always get up and go. But if you are serious, as we must be, considering what the world has become: insane, disorderly, corrupt, heaven knows all the ugly things that are going on. If you are at all serious, looking at all this, one must inevitably ask: why in close relationship, where there is a sense of affection, tolerance, acceptance, there is conflict, divorce, hate – you know, the whole field of turmoil? Is it possible to live with another completely at peace? You are all married probably, aren’t you, or have girlfriends. What do you say to all this? It’s your life; not the life of the speaker. It’s your life, and you have to answer these really serious questions, not evade them. Maintenant, est-il possible d'être délivré de cette séparation? On commence alors à se pencher sur la nature de ce qu'on nomme l'affection sur la nature de l'amour - pour autant que tout ceci vous intéresse. Si cela vous ennuie, vous pouvez toujours vous lever et vous en aller. Mais si vous êtes sérieux, comme il faut l'être au vu de ce que le monde est devenu: insensé, désordonné, corrompu le ciel est témoin de toutes les horreurs qui ont lieu. Si l'on est tant soit peu sérieux, au vu de tout ceci, on ne peut que demander: pourquoi se fait-il que dans une relation intime, où prévaut l'affection la tolérance, l'acceptation, il y a conflit, divorce, haine vous savez, tout cet immense désordre? Est-il possible de vivre totalement en paix avec autrui? Vous êtes probablement tous mariés, n'est-ce pas, ou avez des petites amies. Que dites-vous de tout ceci? Il s'agit de votre vie, non de celle de l'orateur. C'est votre vie et il faut répondre à ces questions vraiment sérieuses, sans les esquiver.
31:16 As long as we are caught in this illusion of individuality, however close our relationship with another, however intimate, however personal, companionship, escape from loneliness, this question must be answered. Because all life is relationship, with nature, with the universe, and with the tiniest little flower in the field; and also relationship with another human being. We cannot live without relationship. Even the monk, who has taken various forms of vows, is also related. And in this relationship, conflict seems to be all-pervasive. Therefore we must start very near to go very far. We must start where we are, with our family, with ourselves, whether we can live without conflict and therefore with peace. Tant que nous sommes pris dans cette illusion de l'individualité, si proche si intime, si personnelle que soit notre relation, notre camaraderie notre fuite devant la solitude, il faut répondre à cette question. Car la vie est relation, avec la nature, avec l'univers et avec la plus petite fleur des champs et aussi avec un autre être humain... Nous ne pouvons vivre sans relation. Même le moine qui a prononcé des voeux divers et variés est relié. Et il semble que le conflit se répande partout dans cette relation. Pour aller très loin, il faut donc commencer par ce qui est très proche. Il faut commencer là où nous sommes, avec notre famille, avec nous-mêmes pour voir si l'on peut vivre sans conflit, et par conséquent en paix.
33:20 From this arises the question: how do you observe all this? How do you observe – when I say ‘you’, I’m not being personal – how do you observe this conflict, the present state of the world, the present relationship with each other – – how do you observe it? It is very important to understand the nature and the structure of the observer. Right? May we go on with this? Are we together in all this, or am I talking to myself? I really would like to know. Are we going along the same path, along the same lane, taking a journey together, or you are ahead or I am far behind? Or are we walking together, perhaps hand-in-hand. If we are walking together, with the same step, looking at the world together, looking at our relationship together, and as friends, we can question each other, we can doubt what we’re saying without hurting each other because we’re friends. And out of this friendship, we can understand the depth and the beauty of relationship in which there is no conflict. De là découle la question suivante: comment observer tout ceci? Comment observez-vous (quand je dis "vous", ce n'est pas à titre personnel) comment observez-vous ce conflit, l'état actuel du monde la relation mutuelle telle qu'elle existe, comment l'observez-vous? Il est très important de comprendre la nature et la structure de l'observateur. D'accord? Pouvons-nous continuer sur ce sujet? Sommes-nous ensemble ici, ou est-ce que je parle tout seul? J'aimerais vraiment le savoir. Avançons-nous sur le même chemin, sur la même voie accomplissant ensemble le voyage, ou suis-je en tête et vous loin derrière? Ou marchons-nous ensemble, main dans la main, peut-être. Si nous marchons ensemble, d'un même pas en observant ensemble le monde, observant notre relation mutuelle nous pouvons, en tant qu'amis, nous mettre en cause, mettre en doute ce que nous disons, sans blesser l'autre, car nous sommes des amis. Et cette amitié nous permet de comprendre la profondeur et la beauté de la relation dans laquelle n'entre aucun conflit.
35:50 So relationship is extraordinarily important. It’s our life. And as long as there is conflict, relationship becomes most destructive. Suppose I realise that – I am married (I’m not) – suppose I realise that I am living with a woman, and actually we are separate human beings, following parallel lines but never meeting inwardly, psychologically. Now, how do I observe that – the fact that we two are separate, each with his own ambition, his own greed, his own particular form of irritation, you know, all the rest of it – how do I observe it? Because in my observation I may be biased, prejudiced. And so it is very important for me to find out the nature of the observer. Right? If I am not clear how to observe, in what manner to look, I may distort the whole thing. So I must enquire into the nature of the observer. Right? La relation revêt donc une importance extraordinaire. C'est notre vie. Et tant qu'il y a conflit, la relation devient terriblement destructrice. Une supposition: je me rends compte que je suis marié (je ne le suis pas) je me rends compte, supposons le, que je vis avec une femme... ..et le fait est que nous sommes des êtres humains distincts qui suivent des lignes parallèles, sans jamais se rencontrer intérieurement, psychologiquement... Alors, comment puis-je observer ce fait que nous sommes tous deux séparés chacun ayant sa propre ambition, sa propre avidité son propre mode d'irritation, n'est-ce pas, et tout le reste comment dois-je observer cela? Car mon observation pourrait-être influencée par mes préjugés. Et il est donc très important que je découvre la nature de l'observateur. N'est-ce pas? Si je ne suis pas clair sur la façon d'observer sur la façon de regarder, je pourrais tout déformer. Je dois donc me pencher sur la nature de l'observateur. N'est-ce pas?
37:58 A great scientist – they all think they are great – a scientist, unless he is very clear, both subjectively and objectively, when he looks through a microscope and all the rest of it, if he is observing without any bias, without any prejudice, the self doesn’t enter into his observation, otherwise his observation will be distorted, untrue, not factual. Right? So similarly, we have to be very clear of the nature of observation, who is the observer? Are we together in this? Who is the observer? You look at those trees, a field full of cows or sheep, you see the horizon lit up by the morning sun. How do you observe all that? If you ever do. When you look at a tree or a house, your very perception of looking is blocked by the word you use. Right? You understand? I can look at a Frenchman and say, ‘Oh, he is a Frenchman’. That means that all my prejudices, all my knowledge of the French comes in between me and observing a man who calls himself French. Right? So can I look at him without all the prejudices, antagonism? Can you? Un grand scientifique - ils se prennent tous pour des grands - un scientifique s'il n'est pas très clair, tant subjectivement qu'objectivement quand il observe à travers un microscope, etc. s'il observe sans aucune déformation, sans aucun préjugé le moi n'intervient pas dans son observation autrement, son observation serait déformée, fausse, non factuelle. N'est-ce pas? De la même façon, nous devons être très clairs sur la nature de l'observation qui est l'observateur? Sommes-nous ensemble ici? Qui est l'observateur? Vous regardez ces arbres, une prairie pleine de vaches ou de moutons vous voyez l'horizon illuminé par le soleil du matin. Comment observez-vous tout cela? Pour autant que vous le fassiez. Quand vous regardez un arbre ou une maison la perception même de votre regard est bloquée par le mot que vous utilisez. D'accord, vous comprenez? Je puis regarder un Français et dire, "oh c'est un Français". Ce qui signifie que tous mes préjugés, tout mon savoir sur les Français s'interposent entre moi et l'observation d'un homme qui se dit français. N'est-ce pas? Alors, puis-je le regarder sans tous les préjugés, les oppositions? Le pouvez-vous?
40:48 So the observer is the past. Right? Are you following this? So the observer is full of his past knowledge, whether that knowledge is absurd, silly, or actual, that knowledge is blocking my observation. Right? Are we following this? L'observateur est donc le passé. N'est-ce pas? Vous suivez ceci? L'observateur est donc empli de son savoir passé que ce savoir soit absurde, stupide ou réel ce savoir bloque mon observation. N'est-ce pas? Suivons-nous ceci?
41:21 Now, to observe my relationship with my wife or husband, I must observe without any previous accumulated incidents, knowledge – all that. Is that possible? You understand my question? Otherwise, I never see my wife for the first time. You understand? I’m always looking at her with all the memories of a thousand days. Now, is that a fact, that I am looking at another from the past knowledge; a living thing can never be observed with a limited knowledge. And knowledge is always limited. You understand? A living thing must be observed freely, without all the accumulation, experiences, knowledge. So is it possible for me to look at my wife or husband, or the girlfriend or whatever you like, without the previous remembrances? Alors, pour observer ma relation avec ma femme ou mon mari, je dois observer sans la moindre accumulation d'incidents, de savoir passés et tout cela. Est-ce possible? Comprenez-vous ma question? Autrement, je ne vois jamais ma femme pour la première fois. Vous comprenez? Je la regarde toujours avec tous les souvenirs des mille et un jours écoulés. Alors, est-il un fait que je regarde autrui à partir du savoir passé une chose vivante ne peut jamais être observée avec un savoir limité. Et le savoir est toujours limité. Vous comprenez? Une chose vivante doit être observée librement sans toute l'accumulation, les expériences, le savoir. M'est-il donc possible de regarder ma femme ou mon mari ma petite amie, ou qui vous voudrez, sans les souvenirs passés?
43:09 Have you ever tried? Have you ever tried to look at a tree without the word ‘tree’, to look at a flower without the label, so that you are actually observing what actually is, in which there is no subjective reaction? You are following all this? Are you? Or is this Greek or Chinese – better still? Avez-vous jamais essayé? Avez-vous jamais essayé de regarder un arbre sans le mot "arbre" de regarder une fleur sans l'étiquette, afin d'observer concrétement la réalité de ce qui est, qui ne comporte aucune réaction subjective? Vous suivez tout ceci? Le faites-vous? Ou n'est-ce que du chinois, ou mieux encore?
44:08 You see, our brain is a network of words, a network of remembrances. It is never free to look because it has been conditioned through identification. To us, identity is very important. I am Hindu, whatever that silly word may be, but it gives me a sense of assurance, a sense of security. I have roots in that – like you the British, like the French, German – you know, the rest of the world. And can we look, observe, without any identity? You understand? Are you doing it now? Or are you going to try and do it when you go home? If, when you are listening to this and doing it now – perhaps you’re sitting next to your wife or husband – – if you do it now, the very action of perception is to destroy that division. Right? If you do it now, which means, action is not of time. You follow this? Look, sir, I’ve heard this. I have paid attention to what I have heard. I am sitting next to my wife. I’m a serious person, and I hope she is too. And I see that I am not looking at her freely, without any past incidents and all the rest of it. And to me it is important to have a relationship with her, or with him in which there is no conflict, because if I can live that way, I have peace in my heart and brain. So the very moment I hear this, the actual perception that I am in conflict and I am looking at her, or him, with all the accumulated memories which are all dead anyhow; and so I am looking at her. Voyez-vous, notre cerveau est un réseau de mots, un réseau de souvenirs. Il n'est jamais libre de regarder, car il a été conditionné par l'identification. L'identité revêt pour nous une grande importance. Je suis un Hindou, quel que soit le sens donné à ce mot stupide mais cela me donne un sentiment d'assurance, de sécurité. J'y ai des racines - comme pour vous, le Britannique comme pour le Français, l'Allemand, vous savez, le reste du monde. Et pouvons-nous regarder, observer sans la moindre identité? Comprenez-vous? Le faites-vous en ce moment? Ou allez-vous essayer de le faire une fois rentrés chez vous? Si, tout en écoutant, vous le faites en ce moment peut-être êtes-vous assis à côté de votre femme ou de votre mari, si vous le faites maintenant l'acte même de perception revient à détruire cette division. N'est-ce pas? Si vous le faites maintenant, c'est que l'action ne relève pas du temps. Vous suivez ceci? Regardez Monsieur, j'ai entendu ce qui a été dit. J'y ai prété mon attention. Je suis assis à côté de ma femme. Je suis quelqu'un de sérieux et j'espère qu'elle l'est aussi. Et je vois que je ne la regarde pas librement sans la présence d'incidents passés et tout le reste. Et pour moi il est important d'être en relation avec elle, ou avec lui hors de tout conflit car si j'arrive à vivre de cette façon, mon coeur et mon cerveau sont en paix. Ainsi, dès l'instant où j'entends ceci, je perçois que je suis en conflit et que je la ou le regarde avec toute l'accumulation de souvenirs lesquels sont d'ailleurs tous morts; et donc je la regarde.
48:01 Action is the moment of perception of the fact and not allowing time to interfere with action. You understand? Am I conveying something? So for most of us, action implies conflict. I have to do something. I don’t want to go to the office today from nine to five, god knows why you go anyhow. See, sir, what we’re doing, how we are giving up an extraordinary life, life that is immense, that is extraordinarily beautiful, that has great depth, unfathomable depth, and we spend our lives from nine to five. And our society demands that, governments demand it, and our wives demand it, because to be at home is rather a bore. So the whole structure of society is that our ethos is to work, and we miss the great width and the depth of life. L'action est l'instant de la perception du fait sans permettre au temps d'intervenir dans l'action. Vous comprenez? Ce que je dis a-t-il un sens? Donc, pour la plupart d'entre nous, l'action implique le conflit. Je dois faire quelque chose. Je n'ai pas envie d'aller au bureau aujourd'hui, de 9 à 17 heures dieu seul sait pourquoi vous y allez quand même. Voyez Monsieur ce que nous faisons comment nous renonçons à une vie extraordinaire cette vie immense, d'une beauté extraordinaire d'une grande profondeur, d'une profondeur insondable et notre vie se passe de 9 à 17 heures. Et notre société l'exige, les gouvernements l'exigent et nos épouses l'exigent, car rester à la maison...est plutôt ennuyeux. Donc toute la structure de la société nous soumet à une éthique de travail et nous passons à côté de l'amplitude et de la profondeur de la vie.
50:12 So can I look at her, or him, without any past remembrances? Will you do it now? See what it entails – do it and you will find out how tremendously we are bound to the past. Our life is the past, that is, past memories. And apparently they have such a strong hold on our brain. And we say, ‘It’s impossible to look without the knowledge of yesterday’. And so we give up and pursue the old way – quarrelling, nagging, fighting, miserable, unhappy – you know, the whole business of it. Whereas, if one actually sees the fact that conflict must exist between two human beings, and therefore with the rest of humanity, as long as there is this concept of ‘individual’, with his own particular memories. And seeing that is to act, not postpone action. When you postpone action, time is involved. Right? And during that postponement, other things take place; other complexities arise. I wonder if you are following all this? So action is perception and instant action, so that your brain is not cluttered with problems. Alors, puis-je la ou le regarder sans aucun souvenir passé? Le ferez-vous maintenant? Voyez ce que cela implique: faites-le et vous découvrirez à quel point nous sommes terriblement liés au passé. Notre vie est le passé, c'est-à-dire les souvenirs passés. Et combien leur emprise sur notre cerveau paraît forte! Et nous disons: "il est impossible de regarder sans le savoir d'hier". Et donc nous y renonçons pour poursuivre notre ancienne façon d'agir avec ses disputes, ses querelles, ses harcèlements, ses luttes étant tristes, malheureux - vous connaissez toute cette affaire. Tandis qu'il s'agit de voir le fait que le conflit est inévitable entre deux êtres humains, et par conséquent avec le reste de l'humanité tant qu'existe ce concept de l'individu, avec ses propres souvenirs. Et le fait de voir cela, c'est agir, au lieu de différer l'action. Le fait de différer l'action introduit le temps. N'est-ce pas? Et pendant cet ajournement, d'autres chose ont lieu d'autres complexités surviennent. Je me demande si vous suivez tout ceci? L'action est donc perception et action instantanés de sorte que votre cerveau n'est pas encombré de problèmes.
52:58 I do not know if you have gone into the question of problems. Why human beings have problems at all? The word ‘problem’ means something thrown at you. That’s the actual meaning, the etymological meaning of that word, something thrown at you, which is a challenge. Our brains, from childhood, are trained to solve problems. Right? Poor child, at the age of two now they are teaching babies to count, how to learn a language. I don’t know if you have followed all that. From childhood through school, college, university, business, family, everything has become problems which must be solved. So we treat life as a vast problem, because our brain is trained that way. I don’t know if you see all this. We never meet anything easily, happily, but it becomes a dreadful problem to be solved. So relationship has become a problem. You understand, sir? Are we together in all this? For god’s sake, tell me, yes. And when we try to solve a problem – because our brains are trained that way, to solve problems – in the solution of that problem, we have other problems from that very solution. I don’t know if you have noticed all this. Politically, that is what is happening. You have the Falklands war and innumerable problems arising from it. Je ne sais si vous avez abordé la question des problèmes. Pourquoi les êtres humains ont-ils des problèmes, quels qu'ils soient? Le mot "problème" signifie quelque chose qui vous est lancé. C'est là le véritable sens, l'étymologie de ce mot quelque chose qui vous est lancé, c'est-à-dire un défi. Depuis l'enfance, nos cerveaux sont entraînés à résoudre des problèmes. N'est-ce pas? Pauvre enfant: dès l'âge de 2 ans, on apprend aux bébés à compter à apprendre une langue. Je ne sais si vous avez suivi tout cela. Dès l'enfance à l'école, au collège puis à l'université, les affaires, la famille tout est devenu problèmes qu'il faut résoudre. Nous traitons donc la vie comme un vaste problème car notre cerveau est entraîné de la sorte. Je ne sais si vous voyez tout cela. Nous n'abordons jamais rien avec facilité, bonheur tout devient un redoutable problème qu'il faut résoudre. Ainsi la relation est devenue un problème. Vous comprenez Monsieur? Sommes-nous ensemble dans tout ceci? Pour l'amour du ciel dites moi oui. Et quand nous essayons de résoudre un problème, nos cerveaux étant entraînés à résoudre des problèmes, la solution de ce problème donne elle-même lieu à d'autres problèmes. je me demande si vous avez remarqué tout ceci. C'est ce qui a lieu politiquement. Vous avez la guerre des Malouines et tous les problèmes qui en découlent.
55:37 So can you look at life, not as a problem, though problems exist, but have a mind that is free from problems? You understand the difference? Problems exist. I have a toothache, I have to go to the doctor. Problems of tax, follow? Problems exist. But if my brain is free of problems, then I can deal with those problems easily. But if my brain is trained, conditioned to deal with problems, I increase problems. Right? I wonder if you see this? Alors peut-on regarder la vie non comme un problème, bien que ceux-ci existent à partir d'un esprit libre de problèmes? Vous comprenez la différence? Les problèmes existent. J'ai mal aux dents, je dois aller chez le médecin. Des problèmes d'impôts, vous suivez? Les problèmes existent. Mais si mon cerveau n'est pas encombré de problèmes je puis alors facilement résoudre ceux qui se présentent. Alors que si mon cerveau est formé conditionné à traiter les problèmes, je multiplie ceux-ci. N'est-ce pas? Je me demande si vous le voyez?
56:38 There is a question, for example, about god. It’s a problem, whether god exists or not. Most Christians believe that there is god. And Buddhists have no idea of god. He doesn’t exist in their religious philosophy, and all the rest of it. But they make Buddha into a god, that’s a different matter. Now, that’s a problem. You believe and suppose I don’t believe. Are you willing to look why god exists, if he does exist? Because I have no belief, one way or the other – suppose – actually I have no belief about it. Can you look at that question and find out why, throughout the ages, man has invented god – invented, I’m using that word purposely. I hope you won’t get hurt. Man has invented it because he is frightened. He wants somebody, an outside agency to protect him, to give him security, to feel somebody out there is looking after you. That concept gives you great comfort. Whether that is an illusion or an actuality, it doesn’t matter. But as long as you have that kind of belief, it gives you great comfort. Now, if you strongly believe in all that, would you doubt it, question it, find out? Or are you so frightened, you won’t even think about it? You understand? Par exemple, il existe une question à propos de dieu. C'est un problème, à savoir: dieu existe-t-il ou non. La plupart des Chrétiens croient en dieu. Et les Bouddhistes n'ont aucune idée de dieu. Il n'existe pas dans leur philosophie religieuse, et tout le reste. Mais ils font de Bouddha un dieu, ce qui est autre chose. C'est désormais un problème. Vous croyez, et supposons que je ne crois pas. Etes-vous disposés à voir pourquoi dieu existe, pour autant qu'il existe. C'est une supposition, car je n'ai aucune croyance, quelle qu'elle soit je n'ai effectivement aucune croyance à cet égard. Pouvez-vous examiner cette question et découvrir pourquoi, à travers l'histoire l'homme a-t-il inventé dieu - inventé, je me sers à dessein de ce mot. J'espère que vous n'en serez pas blessés. L'homme l'a inventé parce qu'il a peur. Il a besoin de quelqu'un, d'un agent extérieur, pour le protéger lui donner la sécurité, pour sentir que quelqu'un là-bas s'occupe de vous. Ce concept vous donne un grand réconfort. Qu'il s'agisse d'une illusion ou d'une réalité, peu importe. Mais tant que vous avez cette croyance, celle-ci vous donne un grand réconfort. Maintenant, si vous croyez fermement à tout cela le mettrez-vous en doute, en question, pour savoir ce qu'il en est? Ou avez-vous si peur que vous ne voudrez même pas y réfléchir? Vous comprenez? Donc, pour découvrir s'il existe quelque chose au delà de la mesure humaine
59:19 So, to find out whether there is something beyond man’s measure, one must be free to enquire. As we enquired into relationship, one must be free to enquire, to observe. And if the observer, the enquirer is prejudiced, is convinced deeply, though he may pretend outwardly to examine, then his examination will be according to his conviction. So can the brain be free to look – to look at my wife, husband, to look at all the governments, my guru, the whole world around me, so carefully, without the background of my tradition, values, judgements? The brain then is active wholly, not in fragments. You understand? il faut être libre de chercher. De même que pour étudier la relation, il faut être libre de chercher, d'observer. Et si l'observateur, le chercheur a un préjugé, s'il est profondément convaincu bien qu'il puisse extérieurement prétendre examiner la chose l'issue de son examen sera alors conforme à sa conviction. Le cerveau peut-il donc être libre de regarder: regarder ma femme, mon mari regarder tous les gouvernements, mon gourou, le monde entier qui m'entoure avec tant de soin que l'arrière plan de ma tradition, valeurs, jugements est absent? Le cerveau est alors totalement actif, non fragmenté. Vous comprenez?
1:00:58 Scientists are saying, probably you know all this – if you know it, please forgive me for repeating it – only one very small part of the brain is functioning, with most people, and therefore this outlook on life is fragmentary. You understand? Only one part of my brain is actively sharing or actively operating throughout my life, only a part. And therefore the brain is not functioning wholly. Right? You understand the question? If it interests you, you want to find out whether the brain can operate holistically, completely, not just a part. Are you interested in that kind of question? Why? Is it curiosity, or just to argue about it? Or are you serious to say, I want to find out, whether the brain which is now very limited – because all knowledge is limited. Right? You must be quite sure of that – all knowledge, whether the knowledge of the past or the knowledge of the future, knowledge is everlastingly limited. They are discovering more and more and more in the scientific world. No scientist can ever say, ‘My knowledge is complete’. Right? Les scientifiques disent - vous le savez probablement déjà si vous le savez, excusez moi de le répéter - que chez la plupart des gens seule une très petite part du cerveau opère et que, par conséquent, son regard sur la vie est fragmentaire. Vous comprenez? Seule une partie de mon cerveau partage activement ou plutôt fonctionne activement tout au long de ma vie, une partie seulement. Et par conséquent, le cerveau ne fonctionne pas globalement. N'est-ce pas? Vous comprenez la question? Si elle vous intéresse, c'est que vous voulez découvrir si le cerveau peut fonctionner de façon holistique, globalement, non partiellement. Cette question vous intéresse-t-elle? Pourquoi? Est-ce par curiosité, ou seulement par goût de la discussion? Ou êtes-vous sérieux au point de dire: je veux découvrir si le cerveau est à présent très limité - car tout savoir est limité. N'est-ce pas? Il faut en être tout à fait certain: tout savoir qu'il s'agisse du savoir du passé ou du savoir du futur... ..est éternellement limité. On fait toujours plus de découvertes dans le monde scientifique. Aucun scientifique ne peut jamais dire: "mon savoir est complet". N'est-ce pas?
1:03:20 So knowledge is always incomplete. And knowledge being incomplete, thought is incomplete. Because thought is born out of knowledge as memory and thought is limited. Right? Without memory you have no thought, without knowledge there is no existence as thought. And we only function, now, with the limited thought. Right? You understand? I wonder if you are following all this? Le savoir est donc toujours incomplet. Et le savoir étant incomplet, la pensée est incomplète. Car la pensée est née du savoir logé dans la mémoire, et la pensée est limitée. N'est-ce pas? Sans mémoire, pas de pensée et sans savoir, pas d'existence en tant que pensée. Et nous ne fonctionnons pour l'instant qu'avec la pensée limitée. N'est-ce pas? Comprenez-vous? Je me demande si vous suivez tout ceci?
1:04:14 My thought and your thought, the thought of the great scientist, or the uneducated individual, his thinking is similar. Thinking is similar. They may express it differently, but that thought is limited. Right? So as long as our thinking is the basis of our action, the basis of our life, the brain can never function as a whole. Right? Logically see this, please. Our lives are fragmentary: I’m a businessman, I’m a scientist, I am a painter – right? – and so on and so on. We are all put in categories. Therefore our life is fragmentary because our thinking is limited, and therefore it must inevitably be fragmentary. Would you accept this? Not accept, to see the fact of it, would you? You are all so doubtful, aren’t you? Because we are cutting at the very root of our life, which is thinking. And we have built marvellous cathedrals, great architecture, great implements of war, the computers and so on – all the product of thought. And all the things in the cathedrals and the parish church are the product of thought. Right? Nobody can deny this – all the vestments, all the robes the priests put on are copied, or part of it, from the Egyptians – thought has produced all this. And thought has also invented god. Ma pensée et votre pensée, la pensée du grand savant ou celle de l'individu inculte sont de même nature. Le mode de penser est identique. Ils peuvent l'exprimer différemment, mais cette pensée est limitée. N'est-ce pas? Alors, tant que notre mode de penser détermine notre action détermine notre vie, le cerveau ne peut jamais fonctionner comme un tout. N'est-ce pas? Voyez cela logiquement s'il vous plaît. Nos vies sont fragmentées: je suis un homme d'affaires, un scientifique je suis un peintre et ainsi de suite, n'est-ce pas? Nous sommes tous logés dans des catégories. Notre vie est donc fragmentée, car notre mode de penser est limité et c'est pourquoi elle ne peut être que fragmentée. Vous voulez bien admettre ceci? Pas l'admettre, mais en voir le fait; le voulez-vous? Vous êtes tous si dubitatifs, n'est-ce pas? Car nous nous attaquons à la racine même de notre vie, c'est-à-dire la pensée. Et nous avons construit de merveilleuses cathédrales, la grande architecture les grandes machines de guerre, les ordinateurs etc., tous produits par la pensée. Et tous les objets placés dans les cathédrales, dans l'église paroissiale sont des produits de la pensée. N'est-ce pas? C'est incontestable - tous les habits sacerdotaux, les robes des prêtres sont inspirés en tout ou en partie des Egyptiens - la pensée a produit tout cela. Et la pensée a aussi inventé dieu. Dès lors, la question est de savoir si la pensée peut être totalement éliminée.
1:07:20 Now, the question is whether to eliminate thought altogether. And who is the entity who is going to eliminate all thought? It is still thought. Right? I wonder if you see that? Your meditation, if any of you indulge in that kind of stuff, is to eliminate thinking. But you never examine who is the eliminator, who is saying, ‘I mustn’t think’? It’s still thought who says, ‘By Jove, if I don’t think, I might get something’. And yet, thought is necessary, knowledge is necessary, in certain areas, otherwise you can’t get home, you can’t write letters, you couldn’t speak English, and so on and so on. Et qui est l'entité qui va éliminer toute pensée? C'est encore la pensée. N'est-ce pas? Je me demande si vous voyez cela? Votre méditation pour ceux d'entre vous qui s'adonnent à ces choses, a pour but d'éliminer la pensée. Mais vous n'examinez jamais qui est celui qui élimine, qui dit "je ne dois pas penser"? C'est encore la pensée qui dit "parbleu si je ne pense pas, j'en tirerai peut-être quelque chose". Et pourtant la pensée, le savoir sont nécessaires, dans certains domaines autrement vous ne pourriez rentrer chez vous, ni écrire des lettres vous ne pourriez parler l'anglais, et ainsi de suite.
1:08:41 So thought has been the instrument of our fragmentation. And to so observe that, not say, ‘How to get rid of thought’, but to observe the fact that thought is necessary in certain areas, and thought in the psychological world may not be necessary at all. In our relationship with each other, if thought is the instrument, which it is, then that very thought is the factor of divisiveness. To see it, not what to do about it. To see the danger of this, then you move away from danger. Like a precipice, like a dangerous animal, you run away. Similarly, thought is dangerous in the psychological world. I wonder if you see this? Though it is necessary in certain areas. Then, if you observe this very carefully, without any bias, then thought begins to realise its own place. Sorry, I’ve talked 10 minutes longer. We will meet next Saturday and Sunday for talks, Tuesday and Thursday – innumerable questions. We’ll deal with those questions day after tomorrow morning. Donc la pensée a été l'instrument de notre fragmentation. Il s'agit donc d'observer cela, sans dire "comment se débarrasser de la pensée" mais d'observer le fait que la pensée est nécessaire dans certains domaines et que dans le domaine psychologique elle pourrait n'être d'aucune utilité. Si dans notre relation mutuelle la pensée est l'instrument qu'elle est, cette pensée est alors elle-même facteur de division. Il s'agit de le voir, sans se demander ce qu'il y a lieu d'en faire. Le fait d'en voir le danger vous écarte alors de ce danger. C'est comme pour un précipice, un animal dangereux: vous vous enfuyez. Il en va de même pour la pensée qui est dangereuse dans le monde psychologique. Je me demande si le vous voyez? La pensée est nécessaire dans certains domaines. Si vous observez attentivement ceci, sans le moindre préjugé la pensée commence alors à prendre conscience de la place qui lui incombe. Pardon, j'ai parlé 10 minutes de trop. Nous nous retrouverons samedi et dimanche prochains pour des causeries mardi et jeudi pour d'innombrables questions. Nous traiterons ces questions après demain matin.