Krishnamurti Subtitles home


BR83T3 - Libéré de soi-même
3e causerie
Brockwood Park, Angleterre
3 septembre 1983



1:06 Je regrette qu'il fasse si mauvais temps. J'aurais souhaité que nous attendions encore deux jours.
1:42 Pouvons-nous reprendre là où nous en sommes restés dimanche dernier? Pour commencer, rappelons-nous que ceci n'est pas une conférence sur un sujet particulier, destinée à informer, à instruire. Ce n'est pas une conférence. Nous discutons ensemble de nos problèmes humains non seulement des problèmes quotidiens de notre vie avec tout le labeur de l'existence mais nous devrions aussi aller bien plus à fond si possible ensemble, dans l'étude de ce qu'il y a au-delà de tout temps de la source, de l'origine de toute création. Et pour pénétrer tout ce domaine il faut assurément commencer par tous les constituants de notre conscience, par ce que nous sommes nos réactions, nos anxiétés, notre solitude dépression, exaltation, peurs, continuité du plaisir. Et également voir s'il est possible de mettre fin à toute souffrance.
4:20 Et nous devrions aussi nous demander ce matin, et peut-être demain matin qu'est-ce que mourir, qu'est-ce que la religion la méditation, et tout le caractère limité du temps. Il nous reste beaucoup à couvrir au cours de ces deux causeries. Il nous faut donc aller très à fond dans ce sujet car on peut toujours gratter la surface, comme cela se fait en général, et ne pas trouver grand chose. Mais il s'agit pour nous de pénétrer très, très à fond toute la question de savoir si le contenu de notre conscience peut jamais prendre fin; ce qui signifie la cessation de toutes nos blessures de nos maux psychologiques, de nos peurs au delà de tous les souvenirs auxquels nous tenons, de la douleur, du plaisir de l'énorme amas de chagrin et de souffrance tout cela constitue notre conscience, c'est-à-dire ce que nous sommes.
6:21 Comme la plupart d'entre nous se soucie de soi-même, de ses réalisations personnelles de ses propres réussites et échecs, accordant une grande importance à ses petites oeuvres, nous demandons: tout cela peut-il prendre fin avec découverte de quelque chose de totalement neuf. Non seulement la découverte, mais aussi l'expérience. Il faut prendre garde à l'usage que l'on fait de ce mot "expérience". Il n'y a en fait rien à expérimenter. Si l'on va au delà du temps, dans la mesure où c'est possible et au delà de la peur, etc. y a-t-il quoi que ce soit à expérimenter? Nous allons aborder tout ceci ensemble, ce matin et demain matin. Vous ne vous contentez pas d'écouter l'orateur, un tas de mots un tas de mots rassemblés dans une phrase et des idées mais ensemble, nous allons étudier tout ceci et voir si nos cerveaux qui ont été si lourdement conditionnés, programmés voir si ces programmes peuvent prendre fin et si le cerveau peut ne plus jamais être programmé.
8:26 Tout ceci demande une très sérieuse détermination et énormément d'attention. Et si, ce matin et demain, nous voulons bien nous y intéresser.. pas seulement superficiellement, mais y prêter notre attention profonde peut-être pouvons-nous pénétrer ensemble tout ceci et voir s'il existe quelque chose d'infini, au delà de tout temps. Pouvons-nous le faire ce matin et demain?
9:18 Tout d'abord nous rendons-nous compte que la pensée est un processus matériel, donc limité? Et que toute action basée sur cette limitation crée inévitablement le conflit. Et que la pensée est donc un processus matériel. La matière est de l'énergie limitée. Et le contenu tout entier de notre conscience résulte du processus matériel de la pensée. N'est-ce pas? Nous répétons sans cesse d'année en année que la pensée est un processus matériel. Et le contenu de notre conscience avec toutes les réactions, réponses, etc. sont générés par le processus matériel de la pensée qui est limité. Donc notre conscience, qui est faite de que nous sommes quoique nous puissions en penser, est toujours limitée.
11:24 Quand on se préoccupe de soi, de ses propres problèmes de ses relations, de son statut social, et ainsi de suite ce souci de soi a bien peu d'importance, est bien limité. N'est-ce pas? Voyons-nous réellement cela, ou n'est-ce qu'une idée à suivre à approfondir, pour aboutir à une conclusion conclusion que l'on admettra, disant: "je suis cela". Ou voit-on immédiatement, instantanément que toute l'activité égocentrique est très, très limitée? Qu'elle s'exerce au nom de la religion au nom de la paix, en vue de mener une bonne vie, et ainsi de suite cette activité centrée sur soi est toujours limitée et par conséquent cause de conflit. Nous rendons-nous vraiment compte de cela? Ou n'est-ce qu'une idée? Voyons-nous la différence qu'il y a entre la réalité et l'idée?
13:32 Si l'on poursuit l'idée, on se soumet alors à une forme d'illusion. Mais si l'on se rend effectivement compte que l'activité égocentrique est d'une portée très, très réduite et constitue un facteur de division on voit que l'ego est donc la cause essentielle du conflit. Combien d'entre-nous entendent et prennent vraiment conscience de ceci? Et le moi, la psychée, la personne est tout le contenu de notre conscience, c'est-à-dire notre conditionnement lequel résulte du fait d'avoir été programmé de millénaire en millénaire ce qui constitue toute la structure du savoir.
15:02 Sommes-nous ensemble ici? Ou est-ce du russe ou du chinois? Si l'orateur ne se complait pas à s'exprimer en chinois ou dans une quelconque langue exotique sans quoi toute communication serait impossible entre nous clarté et communication devraient prévaloir quand vous et moi examinons ces problèmes énormes et compliqués que comporte notre vie quotidienne monotone, ennuyeuse, excitante, complaisante à la recherche de plaisirs divers pour aboutir, que l'on ait vécu une très bonne ou très malheureuse vie en fin de compte à la mort. N'est-ce pas?
16:23 Notre vie est donc en général assez superficielle. Nous essayons de donner un sens à cette superficialité, mais ce sens cette signification est encore superficielle. Alors, au vu de ceci, pourrions-nous ce matin aller découvrir par nous-mêmes sans être informés par l'orateur, sans être instruits par l'orateur explorer ensemble ce que nous sommes réellement et briser cette limitation, et si possible aller plus loin? Voyons-nous clairement ce que nous avons à faire ce matin et demain, ensemble?
17:55 Le contenu de notre conscience - un de ses facteurs est la peur. Et la plupart d'entre nous connaît la peur, qu'elle soit superficielle ou profondément enfouie dans les replis de notre cerveau. Nous avons tous peur de quelque chose. N'est-ce pas? Alors cette peur peut-elle prendre fin psychologiquement? Commençons par celà. Nous pouvons alors nous demander s'il existe aussi des peurs physiques et quel rapport celles-ci ont-elles avec le psychique, les peurs psychologiques. Nous sommes donc en train de nous enquérir de la nature de la peur non des diverses formes que revêt la peur. On peut avoir peur de la mort, on peut avoir peur de sa femme ou de son mari on peut avoir peur de diverses choses. Mais ce qui nous intéresse est la peur en elle-même pas la peur de quelque chose, la peur du passé ou de l'avenir mais la réaction elle-même que l'on nomme la peur.
19:49 Sommes-nous ensemble au moins ici?
19:59 Alors quelle est la cause, la racine de la peur? Est-ce la pensée, et est-ce le temps? Nous avons beaucoup à couvrir, il faut donc être bref. La pensée. Est-ce penser à l'avenir ou penser au passé? Et la pensée est-elle par conséquent une des causes de la peur? Le temps est-il aussi la cause de la peur de vieillir que nous éprouvons pour la plupart. Dès l'instant de notre naissance, nous vieillissons déjà. Et le temps en tant que futur - pas celui de la montre, le jour ou l'année mais le temps comme mouvement de "ce qui est" à "ce qui devrait être" "ce qui pourrait être", "ce qui a été" nous l'avons dit: tout le mouvement du temps le processus psychologique du temps est-il une des causes de la peur? Le souvenir d'une douleur, tant physique que psychologique qui aurait pu survenir il y a quelques semaines et le fait de s'en souvenir, et craindre que cela ne se répète c'est-à-dire le mouvement du temps et de la pensée.
22:28 Donc le temps et la pensée sont-ils la cause de la peur? N'est-ce pas? Et ce temps est la pensée, car, comme nous l'avons dit c'est la réponse de la mémoire, laquelle est savoir et expérience donc le savoir relève du temps, et pourrait être une des causes de la peur. Je me demande si vous suivez. N'est-ce pas? Nous disons donc que le temps, le savoir, lesquels ne sont pas distincts
23:31 sont un véritable mouvement unitaire qui pourrait être la cause de la peur. Et c'est bien là la cause de la peur. N'est-ce pas? Alors, s'étant rendu compte de cela, même intellectuellement, verbalement peut-on mettre fin à cette peur? D'accord? C'est-à-dire, la pensée le peut-elle? Quelle est votre réponse? Vous attendez de moi que je vous instruise. Par conséquent, nous ne travaillons pas, ne cherchons pas ensemble. N'est-ce pas? Vous attendez de l'orateur qu'il réponde à cette question. Ce qui signifie que nos cerveaux ont été conditionnés, formés éduqués à apprendre d'autrui, à être instruits par autrui. Et ici, nous refusons de vous instruire ou de vous dire quoi faire. Nous n'avons aucune autorité pour vous dire ce qu'il faut faire. contrairement à ces affreux, à ces diables de gourous.
25:22 Nous sommes donc ensemble. Je vous en prie, il est important de comprendre le sens du mot "ensemble" Vous et moi ne travaillons pas séparément, nous regardons ensemble. Afin de voir ensemble tout le mouvement de la peur, ce qu'il implique. Pourquoi l'humanité a-t-elle porté cette peur pendant des milliers d'années et ne l'a pas résolue? Elle a été transmise et admise comme une norme de vie, une façon de vivre. Mais si, comme nous le faisons maintenant, vous commencez à poser la question de savoir si la peur peut prendre fin psychologiquement il est indispensable d'en comprendre la cause. Et là où il y a une cause, il y a une fin. Si l'on a une certaine maladie et si le diagnostic permet d'en découvrir la cause, il peut y être mis fin. De même, si l'on peut en découvrir la cause la cause fondamentale, la peur peut alors prendre fin. N'est-ce pas?
27:34 Ensemble, donc, nous disons que le temps et la pensée sont ou plutôt que le temps-pensée (ils ne sont pas distincts) est la racine de la peur. N'est-ce pas?

Q: la peur n'est-elle pas toujours précédée du désir?
28:00 Monsieur, je vous prie de ne pas poser des questions maintenant
28:08 c'était avant hier, et mardi dernier. Le désir fait aussi partie de la peur. L'autre jour, nous avons approfondi avec soin la nature du désir. Voulez-vous que j'y revienne?

Q: non.
28:33 Pourquoi dites-vous non? Avons-nous compris la nature et tout le mouvement du désir? Voyez-vous, nous ne nous écoutons pas (il ne s'agit pas d'écouter l'orateur). Nous ne disons jamais: "qu'est-ce que le désir? Pourquoi en sommes-nous esclaves?" Nous avons dit que le désir est une sensation. Cette sensation (vision, contact, sensation) est suivie du désir. C'est-à-dire que la pensée crée l'image à partir de cette sensation et alors, à cet instant, à la seconde même, le désir est né. Est-ce clair? Non. Je ne vais pas revenir là-dessus, car nous l'avons approfondi l'autre jour très, très attentivement et profondément - toute la nature du désir. Et le désir est aussi un des facteurs de la peur.
30:08 Le désir est la pensée avec son image. Un désir ne peut exister sans image. Le fait de voir une chemise bleue, une jupe ou quoi que ce soit dans la vitrine et entrer dans le magasin, toucher la chose, donne naissance à la sensation. Ensuite la pensée crée l'image de vous portant cette chemise et alors, à cet instant le désir est né. La pensée est donc essentiellement le mouvement du désir et le temps-pensée est la racine de la peur.
31:05 A-t-on maintenant conscience de la réalité de ce fait? Dès lors, comment observe-t-on ce fait? Je me rends compte, supposons-le, que la pensée avec toute sa complexité, et le temps aussi, sont à la racine de la peur. Dès lors, comment puis-je m'en rendre compte, le ressentir, en être conscient? Comprenez-vous ma question? Est-ce que je vois la chose comme étant distincte de moi le temps-pensée est-il distinct de moi, ou suis-je cela? Tout ceci devient-il trop compliqué?
32:30 Je suis la colère, n'est-ce pas? La colère n'est pas une chose distincte, séparée de moi. Je suis l'avidité, l'envie, l'anxiété. N'est-ce pas? J'aime à me penser distinct d'une chose sur laquelle j'exerce un contrôle. Mais en réalité, le fait est que je suis tout cela, y compris celui qui contrôle. N'est-ce pas? Il n'y a donc aucune division entre l'avidité, la colère, la jalousie, etc tout cela est moi, est l'observateur. N'est-ce pas? Alors, comment est-ce que j'observe comment observe-t-on ce fait que le temps-pensée est la peur? Comment l'observez-vous? Vous comprenez? Comment le regardez-vous? Comme quelque chose de distinct de vous, ou êtes-vous cela? Si vous êtes bien la chose et qu'elle n'est pas distincte de vous toute action cesse, n'est-ce pas? Au paravant, je contrôlais, réprimais, essayais de rationaliser la peur. N'est-ce pas? Désormais, on voit que l'on est tout cela et par conséquent tout le mouvement de temps et de pensée cesse. Je dois poursuivre. Sommes-nous ensemble, ne serait-ce qu'un ou deux d'entre-nous?
35:08 Vous êtes tous si désireux d'agir. Il faut agir, mais ici, vous devez observer tout le processus sans aucun sentiment de faire quoi que ce soit. N'est-ce pas? Se contenter d'observer sans aucune réaction ou réponse à ce que vous observez. Bien.
35:54 Nous devrions ensuite aborder la question de savoir pourquoi l'homme a souffert? Et existe-t-il une fin à la souffrance non seulement la souffrance personnelle mais encore celle d'une grande partie de l'humanité. N'est-ce pas? Ne devenons pas sentimentaux à ce propos mais il est un fait que nous souffrons tous d'une manière ou d'une autre. Du simple d'esprit à l'intellectuel accompli, à l'artiste cultivé chaque être humain sur cette terre, y compris les leaders de Russie chaque être humain souffre. Et nous posons une question très sérieuse: cette souffrance peut-elle prendre fin? Ou certains d'entre-nous aiment-ils la souffrance, ce qui relève de la névrose. Ne nous préoccupons donc pas de ceux qui aiment souffrir pensant que la souffrance nous aidera d'une façon ou d'une autre à comprendre cet univers, à comprendre la vie, etc. N'est-ce pas?
37:54 Donc, on souffre. Mon fils est mort, parti. Mais son souvenir demeure, le souvenir de sa présence de mon affection, de mon amour pour lui, etc. Le souvenir demeure. N'est-ce pas? Et ce souvenir est-il souffrance? Cherchons ensemble je vous prie. J'ai perdu ma femme, ou je ne suis pas aussi malin que vous je ne suis pas aussi vif, sensible que vous, et j'en souffre. Ou je souffre de dix façons différentes. Et la souffrance, les larmes, sont-elles dues à la perte à la perte elle-même, ou aux divers souvenirs ravivés par la perte? Vous suivez tout ceci?
39:54 Est-ce là une des causes, ou peut-être la cause essentielle de la souffrance? L'homme, y compris la femme, l'homme, depuis son origine a subi des guerres, a tué des gens. N'est-ce pas? Tel a été le schéma de notre existence guerre après guerre, tuant des milliers de personnes. L'humanité a souffert. Et nous suivons encore ce sentier de la guerre qui a causé à l'humanité une immense souffrance. N'est-ce pas? Et nous avons notre propre souffrance. Qu'elle soit vôtre ou mienne, c'est la même souffrance. Nous aimons nous identifier à "ma souffrance" et vous aimez vous identifier à votre souffrance. Mais votre souffrance et ma souffrance sont identiques. Les objets de la souffrance peuvent varier, mais c'est toujours la souffrance par conséquent elle n'est pas personnelle. Je me demande si vous vous en rendez compte? N'est-ce pas? Non, il nous est très difficile de voir la vérité de tout ceci.
42:09 Si vous et moi souffrons, vous souffrez pour une raison et je souffre pour une autre, et nous nous identifions moi avec ma propre souffrance, et vous avec la vôtre, nous nous divisons et trouvons alors des moyens de la réprimer, la rationaliser, etc. Mais si nous constatons que la souffrance est celle de toute l'humanité et nous sommes le reste de l'humanité car nous connaissons la peur, la souffrance, le plaisir l'anxiété, comme le reste de l'humanité si nous prenons conscience que la souffrance n'est pas ma souffrance cela devient tellement insignifiant. C'est-à-dire que nous sommes l'ensemble de l'humanité, le reste de l'humanité et quand il y a souffrance, c'est la souffrance de l'homme. Vous abordez alors le problème d'une façon totalement différente. Vous comprenez? Ce n'est pas ma souffrance, "mon dieu aide moi à la surmonter, à la comprendre". Je prie, et tout cela devient tellement personnel, sans consistance. N'est-ce pas? Mais quand la souffrance concerne toute l'humanité, elle devient alors une chose extraordinaire qu'il faut observer très attentivement. Et si un être humain comprend la nature de la souffrance et la dépasse, il aide alors le reste de l'humanité. N'est-pas? Maintenant, la souffrance est-elle liée au souvenir?
45:03 La mère ou le père dont le fils a été tué... ..à votre récente petite guerre des Malouines; il y a été tué. Et la mère et le père se souviennent de toutes les choses qu'il a faites la mort, la naissance, les portraits, les photos, tous les incidents et accidents, les rires, les larmes, les gronderies - vous suivez? Nous demandons donc, découvrez cela par vous-mêmes s'il vous plaît si la souffrance fait partie de ce continuum de mémoire. Et si c'est la mémoire, ne réduisez pas la mémoire, le souvenir à quelques mots. Le contenu en est immense. Et si c'est le souvenir, ce souvenir - non seulement celui de mon propre fils mais le souvenir de la souffrance humaine - souvenir qui est souffrance ce souvenir peut-il prendre fin? Vous comprenez?
46:52 Il faut donc examiner non pas un souvenir particulier mais tout le mouvement de la mémoire. N'est-ce pas? Nous vivons de souvenirs, nous sommes souvenirs. Nous sommes le mot, la réaction à ce mot, le plaisir qui découle de ce mot la remémoration de tout ce qui s'est produit, tel symbole, tel incident tel accident a été archivé dans le cerveau qui se réveille quand un incident a lieu. N'est-ce pas? Et la mémoire est le passé. N'est-ce pas? Nous sommes donc le passé. Tout ce mouvement du passé, c'est-à-dire le temps, la pensée, peut-il finir? Pas la pensée dans notre vie quotidienne, nous ne parlons pas de cela nous ne parlons pas de la pensée qui sert à conduire une voiture à écrire une lettre, un poème, une chose ou une autre. Là, la pensée, le savoir, sont absolument nécessaires. Nous parlons de tout ce mouvement psychologique basé sur la mémoire.
49:08 Nous posons donc une question bien plus profonde, qui est la suivante: la personne, le "moi", l'ego, toute cette activité centrée sur soi qui est le mouvement de la mémoire, ce moi peut-il prendre fin? Non par la discipline, la maîtrise, la répression ou l'identification à quelque chose de plus grand ce qui relève encore du mouvement du moi. Ce moi peut-il prendre fin? Vous pourriez alors demander: "si le moi finit, quelle est ma place dans la société? Que vais-je devenir?" N'est-ce pas? D'accord Monsieur? Commencez par y mettre fin et vous verrez bien, non l'inverse.
50:29 C'est là une question très, très sérieuse. Personne au monde, ni même au delà, ne peut vous répondre il se pourrait que la plupart d'entre nous cherche à obtenir des instructions d'au delà du monde. Personne au monde ne peut vous dire comment y mettre fin. Mais si l'on observe tous ces faits sans aucune réaction j'observe le fait que je suis blessé psychologiquement, car ma fille mon fils, mon père a commis quelque chose qui me fait mal si je suis capable d'observer cette blessure sans la moindre résistance sans aucune réaction visant à m'éviter la blessure, ou à retenir celle-ci comme le fait la plupart des gens, ils portent leurs blessures toute leur vie. Mais si l'on observe cette blessure psychologique sans aucune réaction on voit alors celle-ci disparaître complètement. N'est-ce pas? De la même façon, il faut se contenter d'observer le souvenir quand il surgit d'en voir la nature, comment il évolue. Toute la nature de l'activité de notre vie quotidienne repose là-dessus. Et la mémoire est très, très limitée. La pensée peut bien inventer l'infini, mais la pensée étant elle-même limitée son infini est aussi limité, fini, bien qu'elle puisse se prétendre infinie. Tout ceci implique donc une liberté totale.
53:27 N'est-ce pas? Non seulement la liberté à l'égard de quelque chose, mais une qualité de liberté qui ne dépend d'aucune réaction, récompense ou punition. Pour étudier cela, il faut aussi comprendre la nature de la mort, du fait de mourir. Tout ceci vous intéresse-t-il? Cela vous amuserait-il même? Voyez-vous, il faut étudier très calmement sans frénésie, ce problème extrêmement complexe. Mourir ou finir, c'est de cela que nous nous préoccupons c'est de cela que nous parlons, car ces choses font partie de notre vie. La vie, c'est non seulement la naissance, l'éducation et toutes les difficultés les anxiétés, etc., mais la mort qui fait aussi partie de notre vie elle est là, que cela vous plaise ou non; que vous soyez Britannique ou Français elle est là; que vous soyez jeune, d'âge moyen ou vieux malade, accidenté, elle est là. Et il faut comprendre sa nature, comme il faut comprendre la vie avant la mort. Nous avons essayé de comprendre ensemble ce qu'il y a avant la mort la peur, les blessures, la souffrance, la douleur, l'anxiété, la peine se rendre au bureau du matin jusqu'au soir. Tout cela fait partie de notre vie, du vivre, de même que la fin de tout cela. J'espère que cette mouche vous rendra visite. Elle semble beaucoup m'aimer.
57:03 On peut avoir eu une très bonne vie, agréable réussie, avoir été quelqu'un ici bas avoir eu pouvoir, argent, mais au bout du compte la chose est là. Nous aimons la différer, l'éloigner autant que possible, l'écarter.
57:34 Nous allons donc chercher ensemble. L'organisme meurt, naturellement. Il vivra aussi longtemps que possible s'il est convenablement traité. Nous n'aborderons pas la question de la santé. Je sais que vous êtes tous intéressés par la santé, mais nous n'aborderons pas cela maintenant.
58:03 Qu'est-ce que mourir? Il ne s'agit pas de sauter du pont, ni de tenter de se supprimer mais en étant bien vivant, assis sous cette tente, qu'est-ce que la mort? Mis à part tout l'organisme physique le cerveau qui manque d'oxygène, dépérit et la mort qui survient. Mais nous demandons ceci: la mort est-elle une fin? N'est-ce pas? Une fin de tout ce que j'avais ma femme, mes enfants, mes livres, mon statut social, pouvoir, situation vous savez, tout cela va prendre fin. Et nous devons aussi nous pencher sur la question qui intéresse l'Orient, à savoir la réincarnation, renaître à nouveau. Donc une série de vies jusqu'à ce que vous parveniez à vous savez, au principe suprême, et ainsi de suite. Ils y croient très fortement mais ils ne se demandent pas profondément qu'est-ce qui continue. N'est-ce pas?
1:00:13 Est-ce le "moi" qui va continuer ou y a-t-il quelque chose au delà du "moi" qui se perpétue? N'est-ce pas? Et y a-t-il quelque chose au-delà du "moi", de mes idées, mes opinions mes conclusions, etc., dont nous avons parlé hier. Le "moi", le mot, le nom, les souvenirs, est-ce tout cela qui va continuer? N'est-ce pas? Ou existe-t-il une entité spirituelle l'âme dans le monde chrétien, alors que dans le monde bouddhiste le monde hindou, on se sert de mots différents, est-ce cela qui va continuer? Alors cette chose qui est au delà de moi ou en moi, le "moi" la dissimule. Dès lors, s'il s'agit là d'une entité spirituelle elle se situe nécessairement au delà du temps et au delà de la mort. N'est-ce pas? Par conséquent, cette chose ne peut se réincarner. N'est-ce pas? Les gens aiment croire à tout cela, car c'est d'un grand réconfort. Je renaîtrai dans une prochaine vie. J'ai eu une vie malheureuse; dans la prochaine, j'aurai une plus belle maison. Dans une autre vie, je vivrai dans une plus grande maison, ou je serai un roi ou toute autre baliverne de cette nature.
1:02:12 Nous écartons donc toutes ces poursuites illusoires et confrontons le fait que psychologiquement il y a une fin, une fin totale. Le "moi", avec tous ses souvenirs, est parvenu à son terme: mourir, c'est cela. Et nous n'aimons pas cela. Et donc nous recherchons diverses formes de réconfort, de croyances de foi, de résurrection et... vous savez, tout cela. Maintenant, alors que nous sommes en vie, pouvons-nous mettre fin à quelque chose sans aucune cause sans aucun futur: mettre fin à quelque chose? Comprenez-vous ma question? Par exemple: mettrez-vous fin à tout attachement, à votre nom à votre mobilier, à votre femme, à votre mari à votre jardin, l'attachement à vos idées, vos préjugés mettrez vous fin à tous les attachements pendant que vous êtes en vie? C'est ce qui va se passer quand vous mourrez réellement. N'est-ce pas? Alors faites-le maintenant et voyez ce que cela signifie. Cette fin est formidable, une formidable qualité la sous-tend. Il n'y a plus d'attachement à quoi que ce soit. C'est la liberté, et dans cette liberté là, il n'y a pas de peur de la mort. Vous comprenez? Car vous vivez déjà avec la mort. Les deux vont de pair, vivre et mourir. Vous voyez? Non, vous ne voyez pas. Comprenez-vous la beauté de la chose? La qualité d'une totale liberté à l'égard de toute peur. Car là où il y a attachement, il y a jalousie, anxiété, haine. Et plus vous êtes attaché, plus il y a de douleur. Vous connaissez tous cela. Si vous alliez dire à votre femme ou mari "je ne te suis plus attaché", que se passerait-il? Est-ce un déni d'amour? Est-ce un déni de relation? L'attachement est-il amour? Allons, creusez tout ceci, et plus vous approfondissez plus vous avez de vitalité, de sécurité et de force. Et cela ne découle pas de quelque drogue ou de quelque stimulation que ce soit.
1:07:00 Nous ferions mieux d'arrêter maintenant, et poursuivrons demain matin. Veuillez noter que demain matin nous discuterons de façon approfondie de l'origine, du commencement de tout ceci. Pourquoi l'homme devrait-il passer par tout ce malheur cette confusion, d'occasionnels moments de plaisir et de joie. Tout commence par la compréhension de la création et cette compréhension donne lieu à ce puissant sentiment d'absence de temps, sans commencement ni fin. Puis-je me lever? - Sous-titre non traduit -