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BR83T4 - Quel genre de cerveau faut-il pour méditer?
4e causerie
Brockwood Park, Angleterre
4 septembre 1983



0:36 Le fait de sortir par un temps pareil doit bien signifier quelque chose. D'être tous assis ici par ce temps épouvantable!
1:00 C'est notre dernier dialogue ensemble. Nous avons commencé cette série de causeries en posant la question: pourquoi les êtres humains qui vivent sur cette terre cette terre si belle, sauf par une journée de pluie comme celle-ci pourquoi ne peuvent-ils vivre en paix les uns avec les autres, pourquoi faut-il des guerres des différences économiques, raciales, sociales et pourquoi ne pouvons-nous vivre ensemble, intimement ou pas tranquillement, avec une certaine qualité de sérénité? Et il semble que ce ne soit pas possible parce qu'en grande majorité, les gens de par le monde sont très violents. Ils ne veulent pas de la paix, pas plus que les gouvernements. Et les religions n'ont pas davantage apporté la paix à l'homme. tout cela a empêché - ou plutôt, nous avons créé tout ceci et par conséquent il n'y a pas de paix sur terre. "Pacem in terris".
3:12 Et nous avons discuté ensemble, pour voir s'il est nous possible dans notre vie quotidienne, de mettre fin au conflit qui nous habite d'être délivré de toute trace de peur de mettre fin à la souffrance, de s'écarter totalement de l'activité égocentrique laquelle est peut-être la principale cause de conflit tant extérieurement qu'intérieurement. Et il semble que bien peu d'entre nous aient tout le sérieux qu'il faut pour approfondir ceci et peut-être prendre acte de ce qu'il existe une façon totalement différente de vivre. Et si tel est notre voeu, nous allons ce matin aborder ensemble la question non seulement de la paix, mais encore, comme nous l'avons dit celle de l'origine, du commencement de toute existence. Pourquoi l'homme est-il devenu ce qu'il est? Pourquoi, après tant de millénaires, sommes-nous toujours psychologiquement très, très primitifs, barbares? Et technologiquement, nous sommes terriblement développés et cette technologie même va peut-être aussi nous détruire. Et ensemble, nous devrions ce matin, aborder sérieusement la question suivante: cette manière de vivre est-elle le lot inévitable de l'homme? Ou quelque chose a-t-il mal tourné au cours de l'évolution humaine? Ou y aurait-il un facteur externe, dépassant la mesure humaine qui, s'il était compris, approfondi, ouvrirait peut-être la porte nous ouvrirait les yeux, et peut-être aussi le coeur en sorte que, tout naturellement facilement, nous menions une vie heureuse, sereine? Voilà ce que nous allons étudier ensemble ce matin.
6:57 Il nous faut, avant toute chose, comprendre le mot "expérience". L'expérience est un processus permettant d'acquérir du savoir de se familiariser avec quelque chose. Et ce savoir pourrait être une des raisons fondamentales de notre conflit, de notre ignorance. Pas le savoir extérieur, technique, le savoir scientifique médical et ainsi de suite, mais le savoir accumulé de l'humanité c'est-à-dire, tout le fardeau du passé. Ce pourrait être là une des causes fondamentales de conflit. Nous en avons parlé un peu, et nous allons l'approfondir davantage.
8:19 Nous devrions chercher ensemble s'il existe un agent extérieur au delà de la mesure humaine, de l'homme lui-même pris comme mesure un agent extérieur que nous pouvons implorer, prier, prendre pour conseil ou si nous sommes si fondamentalement en présence de cela qu'il n'y a pas d'agent extérieur. J'espère que nous sommes ensemble ici. Comme nous l'avons dit l'autre jour, et répété si souvent ceci n'est ni une conférence, ni un sermon du dimanche matin - dieu préserve! ni une tentative de vous instruire, de vous convaincre ou de se livrer à quelque stupide propagande. Pourrions-nous, vous et moi, voyager ensemble marcher ensemble, voir les choses telles qu'elles sont, et les dépasser. L'homme est-il la mesure de toutes choses? L'homme étant sa conscience, ses réactions, ses souvenirs, est-il la mesure? Ou existe-t-il quelque chose d'extérieur à lui qui nous aiderait si un contact pouvait s'établir? N'est-ce pas? Telle a été l'action de la religion. Partout dans le monde, depuis la nuit des temps l'homme a cherché quelque chose d'extérieur à lui, ou a dit: il y a quelque chose de divin en moi dans l'humain, mais cette chose est recouverte par son avidité, son envie ses ambitions, sa cruauté, sa bestialité, lesquelles peuvent être arrachées de sorte que prévale le caractère immuable d'une conduite vertueuse. N'est-ce pas? Sommes-nous ensemble ici, nous suivons-nous les uns les autres? Et pour arracher toutes les couches de notre vie si laide, brutale, anxieuse, ambitieuse agressive, on a eu recours à bien des systèmes à bien des incantations, des rituels magiques. On a essayé toutes sortes de tortures physiques jeûnant, refusant toute réaction sensorielle, pour parvenir au point où l'homme peut comprendre et vivre un mode de vie différent.
13:33 Les scientifiques aussi essaient par génie génétique par la chimie, par diverses substances, de changer l'homme. Extérieurement, l'homme s'est tourné dans toutes les directions extérieurement, et peut-être jamais intérieurement. Il pourrait avoir gratté superficiellement la surface de son existence. Mais l'homme n'est peut-être jamais entré en lui-même à l'exception de quelques personnes très impliquées car il est à la fois matière et mouvement de pensée, qui est aussi matière. Et l'instrument de la recherche a été la pensée, pour entrer en soi. Et la pensée n'est pas le bon instrument, car elle est elle-même limitée. N'est-ce pas? Donc, où que ce soit dans le monde, les religions organisées ou pas, ou des groupes d'individus séparés ont tout tenté pour atteindre l'illumination si je puis me permettre ce mot tellement corrompu par les gourous. Si nous pouvions écarter toutes religions, tous dogmes, fois, symboles, images rituels et toutes ces incantations qui n'ont plus grande signification (peut-être n'en ont elles jamais eu) peut-on complètement écarter tout cela pour n'appartenir à aucun groupe, à aucune autorité spirituelle ces deux mots "autorité spirituelle" sont un déni de spiritualité. Si nous pouvions donc rejeter tout cela, ce qui revient à être capable d'être complètement libre, sans peur afin de pouvoir étudier le réel voir s'il existe une dimension qui ne soit pas le produit de la pensée. Dès lors, qu'est-ce que la religion? N'est-ce pas? Nous allons nous pencher sur tout ceci.
17:30 Quelle est l'origine et le commencement de toute existence de la plus minuscule cellule au cerveau le plus complexe? Y a-t-il jamais eu un commencement, et y a-t-il une fin à tout ceci? Et nous allons aussi demander ensemble: qu'est-ce que la création? Alors, pour comprendre, pour dévoiler tout ceci de quel sorte de cerveau faut-il disposer? Vous comprenez? Quelle aptitude, quelle sorte d'énergie quelle passion faut-il avoir pour réellement sonder tout ceci? Vous comprenez? Pour pouvoir sonder quelque chose de totalement inconnu, de non préconçu sans être pris dans la moindre illusion sentimentale, romantique il faut pouvoir disposer d'une qualité de cerveau totalement libre. N'est-ce pas? Libre de tout son conditionnement, de sa programmation, de toute influence et par conséquent extrêmement sensible et formidablement actif. N'est-ce pas? Est-ce possible? Disposez-vous d'un tel cerveau pour prendre part à un dialogue? Ou est-il léthargique, paresseux, vivant dans son auto-suffisance? Qu'en est-il? Car nous allons nous pencher sur une chose qui demande un esprit un cerveau extraordinairement vivant qui ne soit ni mécanique, ni pris dans une forme quelconque de routine. Est-ce possible? Avons-nous un tel cerveau, qui ne comporte aucune peur aucun intérêt pour soi, aucune activité égocentrique? Sinon, il vit tout le temps dans sa propre ombre. N'est-ce pas? Il vit dans son propre environnement son champ tribal, limité. Il est comme un animal attaché à un pieu: la laisse peut être très longue ou très courte, mais il est attaché au pieu et son autonomie est donc limitée. Vous aurez beau lui donner une très, très longue corde la longueur indique en elle-même la limite.
22:32 Un cerveau a besoin d'espace. Qu'est-ce alors que l'espace? Pas seulement l'espace entre ici et là l'espace implique l'absence de centre. N'est-ce pas? Si vous avez un centre, et vous vous en écartez vers la périphérie si éloignée, si étendue que soit la périphérie, elle est toujours limitée. N'est-ce pas? Nous suivons-nous l'un l'autre? Donc l'espace indique, n'est-ce pas, que là où il n'y a pas de centre et pas de périphérie, il n'y a pas de frontière. A-t-on un tel cerveau, de sorte que l'on n'appartient à rien n'est attaché à rien, ni à ses expériences, ni a ses conclusions ses espoirs, idéaux, etc., afin que le cerveau soit vraiment, complètement libre? N'est-ce pas? S'il est chargé, vous ne pouvez aller bien loin. S'il est fruste, vulgaire, égocentrique, il ne peut avoir d'espace illimité. Et l'espace indique (on se sert avec grande prudence de ce mot): la vacuité. Suivez-vous? Tout ceci vous intéresse-t-il? En êtes-vous sûrs, étant venus ici malgré cette affreuse météo communiquons-nous ensemble?
25:32 Nous essayons de découvrir, n'est-ce pas, s'il est possible de vivre en ce monde sans la moindre peur, le moindre conflit, avec un formidable sens de compassion, ce qui demande énormément d'intelligence. Il est impossible d'avoir de la compassion sans intelligence. Et cette intelligence là ne découle pas de l'activité de la pensée. On ne peut éprouver la compassion si l'on est attaché à une idéologie a un tribalisme étroit ou à un quelconque concept religieux, car cela limite. Et la compassion ne peut se manifester que lorsque la souffrance à pris fin. ce qui équivaut à la fin du mouvement egocentrique. N'est-ce pas?
27:10 Donc l'espace dénote la vacuité, le néant. Et du fait qu'il n'incorpore rien de ce que produit la pensée cet espace comporte une formidable énergie. C'est ce que disent aussi les savants seulement ce n'est chez eux qu'une conclusion cela ne découle pas de la vie que mène le savant, car le savant comme quiconque, comme chaque être humain, est avide, en quête de réussite ou bien il représente un gouvernement, ou encore il est ambitieux, etc. Il est exactement comme tout un chacun, mais il a une aptitude extraordinaire à accumuler du savoir dans un certain domaine.
28:29 Il faut donc que le cerveau ait cette qualité de liberté totale et d'espace. C'est-à-dire qu'il faut n'être rien. Alors que nous sommes tous quelque chose psychanalystes, psychothérapeutes, médecins; tout cela est très bien. Mais quand nous sommes thérapeutes, biologistes, techniciens cette identification elle-même limite la globalité du cerveau. N'est-ce pas? Pouvons-nous procéder à partir de là? Et alors seulement peut-on demander: qu'est-ce que la méditation?
29:58 Parce que si vous posez cette question ou essayez de méditer tout en suivant tous les systèmes, qu'il s'agisse de la méditation Zen ou de la forme bouddhiste, tibétaine, ou hindoue de méditation ou de la forme chrétienne, assez limitée, et de celle des derniers gourous avec leurs invitations spéciales à de mystérieuses méditations... ..moyennant, toutefois, le paiement d'une bonne somme d'argent. Il y a donc toutes ces formes de méditation. Toutes reposent sur la nécessité de faire taire la pensée de calmer la pensée: pas de pensée débridée. N'est-ce pas? C'est-à-dire qu'il y a un censeur qui va la contrôler au moyen de systèmes de pratiques, avec quotidiennement des moments alloués à la tranquillité, etc. Il y a toujours le censeur qui observe. Et ce censeur ressort lui-même de l'activité de la pensée. N'est-ce pas? Il tourne donc en rond, comme un chat courant après sa queue. Et cela s'appelle la méditation.
31:58 Mais la méditation est toute autre chose. Faute d'avoir posé les fondements de l'ordre dans notre vie, vous comprenez, l'ordre il ne peut y avoir ordre en présence de la peur, il ne peut y avoir ordre s'il y a le moindre conflit, si notre maison (pas la maison extérieure) si notre maison intérieure n'est pas parfaitement en ordre. Il y a alors une grande stabilité sans discours inutiles, une grande force dans cette stabilité elle-même donc dans cet ordre - alors seulement peut-on demander ce qu'est la vraie méditation.
33:30 Si la maison n'est pas en ordre, votre méditation a bien peu de sens. N'est-ce pas? Vous pouvez inventer n'importe quelle illusion, n'importe quelle illumination n'importe quelle discipline, tout cela sera encore limité, illusoire parce que né du désordre. N'est-ce pas? Tout ceci est logique, sain, rationnel. Ce n'est pas une invention de l'orateur créée à votre intention. Faute de cette sorte de - permettez-moi d'user des mots "ordre non discipliné"... (c'est là une bonne expression, je suis heureux d'y avoir pensé à l'instant!) faute d'un ordre non discipliné la méditation devient superficielle et dépourvue de sens.
34:58 Qu'est-ce alors que l'ordre? La pensée ne peut créer l'ordre, parce que la pensée est en elle-même désordre. Admettriez-vous cela? Le voyez-vous? Car la pensée se basant sur le savoir lequel repose sur l'expérience, tout savoir est limité. N'est-ce pas? C'est un fait. Et quand la pensée essaie de créer l'ordre, cela amène le désordre. N'est-ce pas? Voyons-nous la réalité de ce fait? Pas en tant que théorie.
36:06 La pensée a créé le désordre, c'est-à-dire qu'elle a créé le désordre à partir du conflit existant entre "ce qui est" et "ce qui devrait être". N'est-ce pas? Le réel et le théorique; il n'y a que le réel et non le théorique. Et la pensée regarde le réel à partir d'un point de vue limité. N'est-ce pas? Et par conséquent son action ne peut que créer le désordre, inévitablement. Voyons-nous ceci comme une vérité, une loi, ou seulement comme une idée? Vous comprenez? Supposons que je sois avide, envieux: c'est "ce qui est"; l'opposé ne l'est pas. Mais l'opposé a été créé par les êtres humains, par la pensée comme moyen de comprendre "ce qui est" et aussi comme moyen de fuir "ce qui est". N'est-ce pas? Marchons-nous ensemble, communiquons-nous les uns avec les autres? Il y a donc seulement "ce qui est". Et quand vous percevez "ce qui est" sans son opposé alors cette perception même engendre l'ordre. Sommes-nous ensemble?
38:08 Comme nous le disions, notre maison doit être en ordre. Et cet ordre ne peut être amené par la pensée. La pensée crée sa propre discipline: faites ceci, pas cela, suivez ceci ne suivez pas cela, soyez traditionnel, ne le soyez pas, etc. La pensée est le guide. On espère amener l'ordre, mais la pensée est elle-même limitée et par conséquent elle crée nécessairement le désordre. Si je persiste à répéter toute ma vie: je suis Britannique, Britannique ou Français, Français ou toute autre nationalité si vous préférez ou Hindou, ou Bouddhiste, peu importe, ce tribalisme est très limité. Et ce tribalisme fait de grands ravages dans le monde. N'est-ce pas? Nous n'allons pas à la racine de la chose, à savoir mettre fin au tribalisme, et non comment créer de meilleures guerres.
39:40 De même, nous disons que l'ordre ne peut naître que lorsque la pensée nécessaire dans certains domaines, est exclue du monde psychologique. Et par conséquent ce monde lui-même est en ordre quand la pensée est absente. Nous rencontrons-nous?
40:20 Donc la méditation - ce mot signifie en lui-même mesurer mesurer "ce qui est" par rapport à "ce qui devrait être", "ce que je suis" par rapport à "ce que je serai". Ainsi, tant en Sanskrit qu'en Latin etc., la méditation est la qualité de la mesure, n'est-ce pas, autrement dit la comparaison. Et la comparaison est le désordre. C'est juste? Vous faut-il une explication à cela? Quand je me compare à vous, c'est-à-dire que je suis en compétition avec vous j'essaie d'être meilleur que vous, d'où ce conflit continuel, n'est-ce pas? Alors est-il possible de vivre sans comparaison, non seulement biologiquement physiquement, mais bien davantage psychologiquement, intérieurement sans jamais se comparer à quoi que ce soit, à quiconque, afin que l'esprit le cerveau, soit libre de ce conflit d'arrogance. N'est-ce pas? Nous pouvons alors demander: qu'est-ce que la méditation?
42:33 Car il est nécessaire d'avoir un cerveau absolument tranquille. Le cerveau a son propre rythme - je vous en prie je ne suis pas un scientifique, un spécialiste du cerveau mais il faut observer tout cela en soi-même ce qui ne veut pas dire pour autant que l'orateur est extraordinaire. Ne devenons-pas sentimental et personnel.
43:18 Le cerveau est continuellement actif, bavardant, passant d'un sujet à l'autre d'une pensée à l'autre, d'une association à l'autre d'un état à un autre, il est continuellement occupé. En général, on n'en est pas conscient. Mais quand on est conscient sans choix de ce mouvement cette conscience sans choix met alors d'elle-même fin à ce bavardage. Faites-le s'il vous plaît, et vous verrez comme c'est simple.
44:25 La qualité du cerveau est donc liée au besoin de liberté, d'espace et de silence. Silence, psychologiquement. Nous parlons en ce moment. Nous nous écoutons, vous et moi, parlons l'un à l'autre. Là, la pensée est utilisée, car nous parlons tous l'anglais. Mais il s'agit de parler à partir du silence - vous comprenez ce que je dis? Ne vous laissez pas envahir par une fantaisie imaginative, je vous prie.
45:41 Ici intervient la question du langage. Le langage conditionne-il le cerveau? Avez-vous jamais réfléchi à tout ceci? Ou est-ce totalement nouveau pour vous? L'anglais, le français, peu importe, le russe ou le chinois l'usage même de ces mots modèle-t-il le cerveau de sorte que celui-ci se conditionne? Le langage conditionne en effet le cerveau. N'est-ce pas? Si vous parlez à un Russe ou à un Français... - et bien sûr, si vous parlez à un Britannique ou un Américain anglophone - vous observerez que le regard qu'ils portent sur les choses est limité par la langue dont ils se servent. N'est-ce pas? Ne l'avez-vous pas remarqué? Il faut donc être libéré du réseau des mots! N'est-ce pas Monsieur? Il s'agit de se servir d'une langue, comme l'anglais en ne permettant pas à celle-ci de façonner le regard que nous portons sur toute l'existence. N'est-ce pas?
47:47 Je vois que vous n'avez rien fait de tout cela, ce n'est donc que pure fantaisie. Il ne faut donc pas se laisser prendre dans le réseau des mots, ce qui est aussi très compliqué. Quand vous dites "je suis un communiste", tout votre comportement est différent. Comme vous avez récemment été en guerre dans les Malouines quand vous parlez des Argentins, l'étiquette importe plus que la personne. Il faut donc être libre du mot. Le cerveau est alors absolument tranquille, bien qu'il ait son propre rythme. N'est-ce pas? Dès lors, qu'est-ce que la création, quel est le commencement de tout ceci?
49:12 N'est-ce pas? C'est ce que nous cherchons: l'origine, le commencement de toute vie pas seulement de la vôtre, mais de celle de tout ce qui vit: les baleines dans les profondeurs, les dauphins, le petit poisson les minuscules cellules, la vaste nature, la beauté d'un tigre. Avez-vous jamais vu un tigre dans une forêt? Bien sûr que non, vous ne le verriez pas. C'est vraiment l'animal le plus extraordinaire qui soit. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, pas cette fois-ci. Je l'ai presque touché, c'est sauvage. Et la vie, de la plus minuscule cellule à l'extrême complexité de l'homme avec toutes ses inventions, toutes ses illusions, ses superstitions ses disputes, ses guerres, son arrogance, sa vulgarité... ..avec ses formidables aspirations et ses grandes dépressions quelle est l'origine de tout ceci? N'est-ce pas?
51:13 La méditation consiste à venir à la rencontre de cela (pas de votre fait) dans ce silence, dans cette quiétude, dans cette transquillité absolue. Le commencement: y a-t-il un commencement? Et s'il y a un commencement, il y a forcément une fin. N'est-ce pas? Je me demande si vous... Ce qui a une cause doit forcément finir. Si j'ai un cancer, la cause en est la maladie je devrais être opéré, et cela y mettrait fin, ou cela me tuerait. N'est-ce pas? Là où il y a une cause, il y a nécessairement une fin. C'est une loi, c'est naturel. Y a-t-il la moindre causalité à la création de l'homme à la création de tout son mode de vie? Comprenez-vous ma question? Y a-t-il un commencement à tout ceci? Comment allons-nous le découvrir?
52:58 Les religions se réfèrent à dieu, dieu est au début et à la fin de toutes choses. C'est là une façon bien facile de résoudre le problème. Les Hindous l'ont défini à leur manière peut-être aussi les Bouddhiste, et pour la chrétienté, c'est dieu. Seulement, la croyance fondamentale que l'homme a été créé il y a 4.500 ans... - n'est-ce pas - semble assez absurde, car il y a 4.500 ans, les Egyptiens inventaient le calendrier, et ils devaient donc déjà être extraordinairement avancés, etc. Et si vous êtes fondamentaliste, tout ce qui vient d'être dit vous met en colère. Et j'espère qu'aucun de nous n'est le moins du monde fondamentaliste.
54:17 Qu'est-ce donc que la création? Il ne s'agit pas du peintre créant le tableau ni du poète, ni de celui qui sculpte le marbre. Ce sont là toutes des choses manifestées. N'est-ce pas? Existe-t-il quoi que ce soit de non manifesté? Existe-t-il quelque chose qui, ne relevant pas du manifesté n'a ni commencement ni fin? Ce qui est manifesté a un commencement, a une fin. N'est-ce pas? Nous sommes les manifestations, n'est-ce pas? N'étant ni divin, ni autre chose de cet ordre, nous sommes l'aboutissement. Nous résultons de milliers d'années de prétendue évolution de croissance, de développement, et nous aboutissons aussi à une fin. Ce qui est manifesté peut toujours être détruit. Mais ce qui ne l'est pas, ne relève pas du temps. N'est-ce pas?
56:23 Alors nous demandons s'il existe quelque chose au delà du temps? Ceci a été l'objet de recherches de philosophes de scientifiques et de religieux désireux de découvrir ce qui se trouve au delà de la mesure de l'homme, c'est-à-dire au delà du temps. Car si l'on peut trouver, découvrir, ou voir cela, c'est l'immortalité. N'est-ce pas? C'est au delà de la mort. Je me demande si vous comprenez tout ceci? Suivez-vous tout ceci? Tant soit peu? Essayez de m'encourager s'il vous plaît. Je ne veux pas de vos encouragements, mais voyez-vous, cet homme a vraiment cherché, de différentes façons dans différentes parties du monde, à travers diverses croyances. Car lorsqu'on découvre cela, ou qu'on en prend conscience la vie n'a alors ni commencement, ni fin. Elle est par conséquent au delà de tout concept, de tout espoir. Suivez-vous? C'est quelque chose d'immense.
58:38 Revenons maintenant sur terre: voyez-vous, nous ne considérons jamais la vie comme un formidable mouvement notre propre vie comme quelque chose d'immensément étendu, profond, vaste. Nous avons réduit notre vie à bien peu de chose. Et la vie est ce qu'il y a de plus sacré dans l'existence. Tuer quelqu'un est la pire des horreurs irreligieuses. Se mettre en colère, être violent avec quelqu'un. L'orateur ne s'est mis en colère qu'une fois, et l'individu avec lequel il s'était fâché le lui a rappelé, de sorte qu'il porte encore la colère. Vous comprenez? Vraiment...
1:00:19 Nous ne voyons jamais le monde comme un tout, car nous sommes si fragmentés si terriblement limités, si mesquins. Et nous n'avons jamais ce sentiment de plénitude, vous suivez où les choses de la mer, les choses de la terre la nature et le ciel, l'univers, font partie de nous. Ce n'est pas de l'imagination; vous pouvez toujours vous laisser aller à quelque fantasme chimérique et imaginer que nous sommes l'univers, alors vous en devenez maboule! Mais il s'agit de démolir ce petit intérêt pour soi d'en être débarrassé, et dès lors vous pouvez vous mouvoir indéfiniment.
1:01:49 Et la méditation, c'est cela. Ce n'est pas se contenter de rester assis jambes croisées ou se tenir debout sur la tête, ou faire n'importe quoi mais c'est avoir ce sentiment de totale plénitude et d'unité de la vie. Et cela n'arrive que quand il y a amour et compassion.
1:02:28 Vous savez, une de nos difficulés est que nous avons associé l'amour au plaisir, à la sexualité. Et pour la plupart d'entre nous, l'amour signifie jalousie, anxiété, possessivité, attachement. C'est ce qu'on appelle l'amour. Alors, l'amour est-il attachement? L'amour est-il plaisir? L'amour est-il désir? L'amour est-il l'opposé de la haine? S'il est l'opposé de la haine, alors ce n'est pas l'amour. N'est-ce pas? Le voyez-vous? Tout opposé comporte son propre opposé. N'est-ce pas? Quand j'essaie d'être courageux, ce courage est né de la peur. N'est-ce pas? Je me demande si vous le comprenez. Non? Donc l'amour ne peut pas avoir d'opposé. L'amour ne peut exister là où il y a jalousie, ambition, agressivité.
1:04:36 Et quand cette qualité est présente, il en émane la compassion; là où il y a cette compassion, il y a intelligence. Pas l'intelligence de l'intérêt pour soi, pas l'intelligence de la pensée pas l'intelligence liée à un grand savoir mais la compassion qui n'a rien à voir avec le savoir. Alors seulement cette intelligence est présente qui donne à l'humanité la sécurité, la stabilité, un vaste sentiment de force. Nous voilà donc arrivés au terme de notre dialogue
1:05:51 et nous espérons que l'on se reverra l'année prochaine. - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit - - Sous-titre non traduit -