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BR84Q1 - 1re session de questions-réponses
Brockwood Park, Angleterre
28 août 1984



1:10 Un grand nombre de questions a été posé, il y en a une feuille entière. Certaines d'entre elles sont des lettres et d'autres sont très courtes. Et nous ne pouvons répondre à toutes. Ce serait impossible. Cela prendrait des jours et des jours. Et certaines questions ont été choisies dans ce lot.
1:48 Avant d'aborder ces questions, nous devrions voir ensemble si nous pouvons poser une question à partir d'un état d'esprit ou d'un cerveau holistique qui voit, saisit ou perçoit l'ensemble du problème humain. Pas seulement un problème particulier, car tous les problèmes se recoupent.
2:38 Il n'y a pas de problème distinct, dissocié des autres. S'il en est ainsi, il s'agit alors de poser une question ou de confronter un problème d'un point de vue intégré. Vous comprenez ce que je veux dire? Nous sommes, pour la plupart, fragmentés, morcelés: les affaires, la religion la vie de famille, la vie sexuelle, la vie religieuse, etc., etc. Nous ne sommes pas des êtres humains holistiques, complets, c'est un fait. Nous regardons la vie d'un point de vue particulier à partir d'une conclusion ou de quelques concepts idéalistes. Tout cela est fragmentation - une vision fragmentée de la vie - d'accord? Nous parlons de ces choses ensemble. Et pouvons-nous confronter un problème d'un point de vue totalement différent qui soit nullement fragmenté? Comprenez-vous? Nous rencontrons-nous là-dessus? Nous venons d'y penser en traversant la pelouse pour venir ici: à savoir s'il nous arrive jamais de poser une question ou de confronter un problème holistiquement. J'espère que cela ne vous ennuie pas que je me serve de ce mot. La pensée est un mot soi-disant scientifique j'espère que les savants nous excuseront de l'utiliser d'un point de vue d'intégration totale d'intégrité, pour poser des questions. Il est assez intéressant d'approfondir cela.
5:53 Reconnaissant que nous sommes fragmentés, morcelés divisés en nous-mêmes, contradictoires, opposant un désir à un autre désir et ainsi de suite, sachant tout cela nous est-il possible de confronter un problème d'un point de vue différent? Pourquoi avons-nous des problèmes? Nous avons tant de problèmes politiques, religieux, sexuels, et ainsi de suite nous avons de multiples problèmes dans la vie. Et les problèmes augmentent dans une société aussi sophistiquée aussi complexe, surpeuplée, mal gouvernée, etc. Et la solution d'un problème semble faire croître d'autres problèmes. Pourquoi? Le fait de répondre à ces questions va soulever ou plutôt la réponse va éveiller des problèmes de même nature. Pourquoi avons-nous des problèmes, et est-il possible d'affronter un problème sans un cerveau déjà conditionné à résoudre des problèmes? Comprenez-vous ma question? Hein? Vous ne la comprenez pas. Moi non plus pour l'instant! (Rires)
8:19 Alors examinons la. Nous allons à l'école, très jeunes, dès 5 ou 7 ans, etc... Et les enfants sont confrontés à un problème: un problème de mathématiques ou l'apprentissage de la lecture, des mathématiques cela devient un problème. Donc, dès l'enfance notre cerveau est conditionné à résoudre des problèmes. N'est-ce pas? C'est un fait. Ce n'est pas une quelconque théorie fantastique inventée par l'orateur. Puis on prépare l'entrée à l'université: là encore, des problèmes. Puis l'université, les métiers, les fonctions diverses, les vocations etc problème après problème. Notre cerveau est plein de problèmes, n'est-ce pas? Et nous cherchons toujours, à partir d'un cerveau conditionné, à résoudre les problèmes nous cherchons toujours une solution aux problèmes, d'accord? Est-ce clair? Sommes-nous ensemble ici? Dès lors, comment le cerveau peut-il résoudre des problèmes s'il n'est pas libre de problèmes? N'est-ce pas? Sommes-nous ensemble, un petit peu? Cette question est assez intéressante alors approfondissons-la s'il vous plaît.
10:12 Nos cerveaux sont conditionnés à résoudre les problèmes et ce, depuis l'enfance. Et comme le cerveau est conditionné à résoudre les problèmes, il est toujours à la recherche d'une solution, sans comprendre le problème lui-même mais seulement sa solution, n'est-ce pas? Sommes-nous un peu ensemble ici? Oui? Bien! Et est-il possible de ne pas avoir ou plutôt d'avoir un cerveau qui ne soit pas conditionné aux problèmes? Vous comprenez ma question? Je vous la pose, Messieurs et Mesdames: votre cerveau est actuellement conditionné à la solution de problèmes, et nous n'avons jamais résolu les problèmes. Ils augmentent toujours plus, pourquoi? Est-ce parce qu'un cerveau conditionné enlisé dans des problèmes ne peut jamais résoudre ceux-ci? N'est-ce pas? Vous avez compris ceci? Ai-je bien posé la question? Allons Messieurs! Est-il possible d'avoir un cerveau qui ne soit pas conditionné à la solution de problèmes, mais à la compréhension de problèmes? N'y a-t-il pas une différence entre.. la solution d'un problème et la compréhension de ce problème? La compréhension du problème peut en faire apparaître la solution sans s'éloigner du problème, n'est-ce pas?
12:45 Prenons un exemple très ordinaire: nous n'avons jamais mis fin aux guerres. Depuis leur apparition sur cette terre les êtres humains ont subi des guerres et nous n'avons jamais résolu le problème de la guerre. Mais nous avons essayé de réorganiser la meilleure façon de tuer l'homme. Et cette réorganisation s'appelle le progrès. Je ne sais si vous suivez tout cela. Ce n'est pas une plaisanterie. Ainsi nous nous déplaçons d'une organisation à l'autre. Nous avons commencé par la Société des Nations et nous avons maintenant les Nations Unies, mais les guerres continuent. Ils ont diverses organisations, vous comprenez? Nous passons ainsi d'une organisation à l'autre, espérant par là résoudre les problèmes et multiplions ceux-ci. Nous n'arrêtons donc jamais les guerres. Et la cause en est le nationalisme la division économique, la division locale et ainsi de suite et ainsi de suite - la division: divisions linguistiques, raciales, religieuses économiques, culturelles, et ainsi de suite. Celles-ci divisent l'homme. Nous sommes tous des êtres humains, nous souffrons tous éprouvons tous douleur anxiété, ennui, solitude, désespoir. Nous ne nous attaquons pas à cela, mais voulons résoudre les problèmes qui semblent avoir des causes extérieures? N'est-ce pas?
14:59 Donc nous demandons ceci: le cerveau, reconnaissant voyant qu'il est conditionné depuis l'enfance à résoudre des problèmes peut-il en être délivré et alors faire face aux problèmes? N'est-ce pas? D'accord, Messieurs? Le ferez-vous? C'est bien la question. Il s'agit d'être conscient de ce que notre cerveau, de ce que nous, en tant qu'êtres humains luttons toujours, depuis le début de notre vie, avec des problèmes essayant d'y trouver la réponse juste. Il ne peut y avoir de réponse juste que quand nous reconnaissons que le cerveau est conditionné et aussi longtemps que le cerveau est conditionné à résoudre des problèmes nous ne trouverons jamais la réponse juste, est-ce clair? Alors, est-ce que je reconnais ce fait, pas l'idée, mais le fait?
16:31 Il y a une différence entre l'idée et le fait, n'est-ce pas? J'entends cette déclaration, dont je tire une conclusion: "très juste, c'est ainsi", et de cette déclaration je tire une idée, et poursuis alors l'idée et non le fait que mon cerveau est conditionné à résoudre des problèmes. Le fait est-là, et non dans le présupposé que je devrais être libre de ce conditionnement lequel est un non fait. Vous comprenez? Donc le cerveau est conditionné, et tant qu'existe ce conditionnement la multiplication des problèmes se poursuivra, leur réorganisation se poursuivra, et le fait de passer d'une société capitaliste à une société totalitaire ou à autre chose engendrera toujours d'énormes problèmes, n'est-ce-pas? Vous et moi pouvons-nous être délivrés du cerveau conditionné? C'est-à-dire en être conscients et en voir la profondeur la vérité, la logique, le bon sens, la raison et ne pas s'en écarter, ne pas y trouver des explications abstraites.
18:31 N'est-ce pas? Est-ce juste? Je demande si c'est juste, peut-être est-ce tout faux! (rires) Non, ce n'est pas tout faux. C'est un fait. Si l'on ne peut s'entendre avec sa femme les disputes, oppositions, vous savez tout ce qui s'ensuit, et l'on divorce, puis on choisit quelqu'un d'autre et le scénario se répète, n'est-ce pas? Si l'on a assez d'argent! (rires) Si l'on a plein de temps et d'énergie c'est le jeu qui se poursuit dans le monde à plus ou moins grande échelle. Mais le problème n'est pas le divorce et/ou toutes les complications de la relation mais de comprendre la profondeur, la signification de la relation. Comme nous l'avons indiqué, la relation est une des choses plus importantes de la vie. Non ses expressions émotionnelles, les énervements les névroses dues à la relation mais ce qui importe, ce qui est signifiant est ce qui de profond dans la relation. Et nous ne nous posons jamais cette question. Nous voulons résoudre les problèmes de la relation. N'est-ce pas? Et ainsi nous ne les résolvons jamais. Psychiatres, psychothérapeutes et ainsi de suite se multiplient dans le monde comme des champignons. Et ils ne résolvent pas les problèmes. Ils ne résolvent pas la profondeur de tout cela.
21:03 Nous devrions donc examiner ensemble ce qu'est l'art de vivre. Vous comprenez? Oh, allons Messieurs. C'est une belle matinée.
21:21 Auditrice: Voulez-vous dire que si nous avons un système pour résoudre les problèmes chaque fois que nous abordons un problème
21:29 nous nous servons alors de notre système au lieu de comprendre?

K: C'est exact. Cette dame dit que si nous avons un système un schéma pour résoudre un problème c'est alors le système qui fonctionne, et non la compréhension et la profondeur du problème. C'est la même chose. Nous parlions de l'art de vivre pardon, voici les questions, les voilà (rires) vous voulez bien? Nous y arrivons. Il y en a beaucoup, aussi nous en avons choisi six. Cela suffira pour ce matin. Mais nous demandons ceci: qu'est-ce que l'art de vivre? Nous avons l'art de la poésie, de la peinture, il y en a tellement l'art de la cuisine, spécialement aujourd' hui, et ainsi de suite. Mais nous ne nous sommes jamais demandés ce que serait peut-être le plus grand art, qu'est-ce que l'art de vivre? L'art existe-t-il? Ou tout cela n'est-il que le hasard ou n'est-ce que de la génétique, un hasard biologique, etc.? Qu'est-ce que le véritable art de vivre? Attendez-vous que j'y réponde? Si vous y répondez, n'en faites pas un problème. Car l'art est alors jeté par la fenêtre.
23:49 Voyons donc cela ensemble, afin de découvrir ce qu'est l'art de vivre l'art dans l'acception la plus large du terme et non simplement le contenu d'un musée. Si l'on vous posait cette question qu'est-ce que l'art de vivre, quelle serait votre réponse? Pas une réponse calculée, une réponse personnelle émotionnelle ou romantique, ce qui n'aurait pas de sens, n'est-ce pas? Si je réponds à cette question émotionnellement... "Oh, l'art de vivre c'est l'aspiration suprême" (rires) - cela n'a aucun sens. "L'art de vivre est l'activité intellectuelle la plus exaltée", n'est-ce pas? Ce n'est que très partiel. Ou "l'art de vivre, c'est avoir une vision holistique de la vie". Cela paraît excellent, mais en fait ça ne l'est pas. Qu'est-ce donc que l'art de vivre? De toute évidence, l'absence de conflit, n'est-ce pas? Un cerveau tout le temps en conflit, sans cesse en proie aux problèmes à cette terrible préoccupation pour soi un tel cerveau ne peut être que limité, n'est-ce pas? Si l'on pense à soi, à comment méditer, s'il est possible de et tout le reste, votre méditation est de nature egocentrique. Donc l'art de vivre, semble-t-il (on peut y surajouter), c'est vivre sans conflit. Est-ce le moins du monde possible? A savoir, comprendre les éléments opposés de notre vie, n'est-ce pas? Désirer une chose, opposant autre chose à ce désir. Vous connaissez ce corridor des dualités. Et l'égocentrisme: aussi longtemps qu'existe cet égocentrisme il y a nécessairement conflit car l'égocentrisme est limité, petit, mesquin. Mais vous entendez tout ceci, et poursuivez votre chemin. (Rires) N'est-ce pas? Et vous dites qu'il n'est pas possible, dans la société moderne de vivre sans égocentrisme, ne fut-ce qu'un petit peu. Avez-vous jamais essayé? Avez-vous jamais vécu sans égocentrisme, ne fut-ce qu'un jour, sans penser à soi? Ne fut-ce même qu'une heure! (Rires) Pour voir ce qui se passe. Vous ne vous êtes jamais engagés sur quoi que ce soit! Vous pouvez retourner à votre égoïsme, votre égocentrisme personne ne va vous dire si c'est faux ou si c'est juste... Il s'agit donc d'essayer pendant une heure de le faire vraiment, pas d'essayer mais de le faire, et voir ce qui se passe. Et si vous le faites pendant une heure vous pouvez prolonger la chose. (Rires) Cela vous donne une formidable énergie. Cela vous donne un grand sentiment de passion, pas de luxure et tout cela mais la passion de poursuivre une chose, profondément, jusqu'au bout. Bien. Cela suffit-il pour ce matin? Revenons à nos moutons.
29:36 Je n'ai pas lu ces questions à l'avance. Je ne l'ai pas fait, c'est la première fois que je les examine. Donc vous aussi les examinez pour la première fois.
29:51 1ère QUESTION : Qu'est-ce que l'attention si elle n'a rien à voir avec la pensée? Est-ce une activité du cerveau? Est-ce un processus physique? Comment naît-elle? Vous dites qu'on ne peut éveiller l'attention par un acte de volonté. Que faut-il ne pas faire afin de permettre à l'attention d'exister?
30:24 Ne faites rien! Pardon, je dois y répondre. (Rires)
30:38 Qu'est-ce que l'attention si elle n'a rien à voir avec la pensée? Est-ce une activité du cerveau? Est-ce un processus physique? Comment naît-elle? Vous dites qu'on ne peut éveiller l'attention par un acte de volonté. Que faut-il ne pas faire afin de permettre à l'attention d'exister? Bien? Avez-vous saisi la question?
31:11 Il demande: qu'est-ce que l'attention, est-ce un acte physique? Est-ce le mouvement de la pensée? Est-ce un acte de désir, lequel est l'essence de la volonté? Le désir est l'essence de la volonté, n'est-ce pas? Comment cette attention naît-elle? C'est-à-dire, peut-elle naître naturellement facilement, sans effort considérable sans passer par des écoles, sans suivre quelque gourou ni suivre un entraînement, cette attention peut-elle naître naturellement? Nous allons discuter de cela ensemble, d'accord? Nous allons examiner la question, pas la réponse. La question est celle-ci: qu'est-ce que l'attention? Laquelle implique non seulement l'écoute par l'oreille, mais l'écoute sans l'oreille. Vous comprenez? Et l'attention implique aussi le fait de voir, de percevoir, n'est-ce pas? De voir visuellement, mais aussi de voir avec l'oeil intérieur, si l'on peut dire, n'est-ce pas? Et l'attention signifie également apprendre, n'est-ce pas? D'accord? Voir, entendre et apprendre. Cela implique ces trois choses. Ainsi, qu'est-ce qu'apprendre? Est-ce mémoriser? Suivez-vous ceci? Que quelqu'un dise "oui" (rires) Je ne veux pas continuer à parler tout seul. Cela consiste-t-il à mémoriser, comme nous le faisons .quand nous allons à l'école, à l'Université mémorisant, accumulant le savoir à partir de livres de professeurs, d'enseignants, de directeurs d'études, etc, etc.? C'est-à-dire toujours accumuler du savoir et utiliser ce savoir habilement ou pas. N'est-ce pas? Un menuisier, un apprenti chez un maître ébéniste apprend à connaitre la nature du bois, sa qualité, son grain sa beauté, la sensation du bois ainsi que les outils qu'il utilise, etc., il apprend. Et cet apprentissage se fait au travers de l'expérience jour après jour, mois après mois accumulant du savoir sur l'ébénisterie produisant un chef d'oeuvre, n'est-ce pas? Voilà ce que nous appelons apprendre. Cet apprentissage là est évidemment limité, car tout savoir est limité, qu'il se situe maintenant, dans le passé ou dans le futur. Car tous les scientifiques, les biologistes, et ainsi de suite, accumulent. Jadis, on tuait un homme d'une flèche ou d'un coup de massue aujourd'hui on peut pulvériser des milliers et des milliers d'êtres humains d'un seul coup. Il faut une énorme accumulation de savoir pour faire cela. Pour un bien ou pour un mal.
36:02 Et ce savoir est toujours limité, n'est-ce pas? Alors existe-t-il un apprentissage qui ne soit pas limité? C'est amusant, poursuivons. Je suis moi-même en train de découvrir quelque chose. Y a-t-il un apprentissage qui ne soit pas un processus d'accumulation? Un apprentissage qui implique non seulement une écoute des mots de la signification des mots, de vos réactions aux mots de vos réponses à certains mots favoris, tels que amour et haine et tout ce qui s'ensuit, mais aussi le fait de voir sans aucun préjugé de voir sans le mot, vous comprenez? Pouvez-vous regarder un arbre sans le mot? Vous comprenez? Avez-vous jamais fait tout ceci? C'est-à-dire voir sans direction, sans motif sans qu'aucun faisceau de pensées ne bloque la vision. Et un apprentissage qui soit un processus illimité. L'attention implique donc tout cela et pour commencer, il faut être conscient, n'est-ce pas? Sommes-nous conscients, tout en étant assis ici de l'étendue de cette tente du grand nombre de personnes rassemblées ici et du nombre de mâts qu'elle comporte (rires) en regardant tout cela sans dire un mot. Etre conscient. Mais dans cet état conscient vous commencez à choisir. Je préfère cette chemise bleue à celle que je porte, n'est-ce pas? Je préfère votre coiffure à la mienne. N'est-ce pas? Vous êtes toujours en train de comparer, de juger, d'évaluer c'est le choix, et il faut être conscient sans choix, vous comprenez? Ferez-vous tout ceci pendant que nous parlons? Ou vous contentez vous d'écouter des mots? Si c'est ce que nous faisons, on commence alors à découvrir que l'état de conscience est tout autre chose que la concentration. La concentration impique une focalisation de toute la pensée sur un objet particulier sur une certaine page ou sur un mot particulier. Ce qui implique d'éliminer toute autre pensée, d'opposer une résistance .à toute autre pensée de ce fait rétrécissant, limitant d'autant l'action, n'est-ce pas? La concentration est donc limitée. Il faut évidemment se concentrer pour faire la vaisselle, par exemple. Il faut laver les assiettes avec beaucoup de soin en se servant d'un savon et d'une eau appropriés. Tout cela, vous le savez. Et l'état de conscience sans choix, c'est-à-dire sans concentration c'est être conscient de tout ceci sans juger, sans évaluer, sans condamner ni comparer et procéder à partir de là ce qui est attention, ce qui est naturel. Autrement dit, je veux écouter l'histoire que vous me racontez un roman vraiment très passionnant. Et je vous écoute très attentivement. Ou vous me racontez quelque chose de très très sérieux, et j'ai tellement soif de comprendre ce que vous dites que je suis attentif. Je comprends ce que j'en pense est sans importance mais je suis terriblement préoccupé par ce que vous dites. Par conséquent je suis toute attention, tous mes nerfs tout mon être sont tendus, cherchant à comprendre ce que vous dites. Il n'y a pas de moi dans cette attention, n'est-ce pas? Vous saisissez? Quand il y a cette formidable attention cela signifie que toute votre énergie s'applique à comprendre ce qui est dit, je ne pense pas à moi-même par conséquent il n'y a en moi aucun centre qui dise: "je dois prêter attention", n'est-ce pas? Je me demande si vous saisissez tout ceci?
42:35 Auditeur: Est-ce là la bonne question?

K: Comment Monsieur?
42:42 Auditeur: Est-ce là la bonne question ?
42:45 K: Quelle est la bonne question ici
42:49 demande ce Monsieur, si j'ai bien compris. Je vous prie de m'excuser, mais si des questions sont posées par l'auditoire, nous n'en finirons jamais. Non que nous ayons l'obligation d'en finir mais il y a trop de monde, si cela ne vous fait rien. Quelle est la bonne question ici, et quelle est la bonne réponse? Si c'est la bonne question, vous ne la poserez jamais! (rires) Ceci n'est pas seulement un bon mot. En posant une bonne question, vous avez la réponse. Mais la bonne question n'est pas posée, parce que vous voulez une réponse vous êtes préoccupés, en soucis, vous avez un parti pris, vous suivez? Quand vous la posez, la question juste est la réponse juste. Pouvons-nous passer à la question suivante?
44:05 2ème QUESTION: Dans la mesure où la vie toute entière est un seul mouvement comportant son propre ordre, pourquoi l'homme est-il si désordonné?
44:16 Dans la mesure où la vie toute entière est un seul mouvement comportant son propre ordre, pourquoi l'homme est-il si désordonné?
44:27 Pourquoi présumons nous que l'ensemble de la vie est un seul mouvement comportant son propre ordre? Nous commençons par définir un fait ou un fait supposé, puis nous nous interrogeons sur la raison du désordre. Comprenez-vous? On commence par présumer que la vie est un vaste mouvement et que ce vaste mouvement lui-même est ordre Vous commencez par déclarer cela et ensuite vous dites: "pourquoi l'homme est-il si désordonné"? N'est-ce pas? Vous comprenez? La question juste ne serait-elle pas: "pourquoi l'homme est-il désordonné"? Sans présumer que la vie est ordre parfait, n'est-ce pas? Le fait est que nous vivons de façon désordonnée; pourquoi? Voilà la question. Pourquoi vivons nous de façon désordonnée? Qu'est-ce que le désordre? Qu'est-ce pour vous que le désordre? Le désordre est l'activité de la pensée, laquelle est en soi limitée . N'est-ce pas? Quelle que soit l'activité limitée de la pensée celle-ci engendrera le désordre. Parce que la pensée est en soi limitée car la pensée est née du savoir, et le savoir est limité. N'est-ce pas? Mon Dieu! Ceci n'est pas un énoncé épigrammatique. J'ai été trop vite... Qu'est-ce que l'ordre, et qu'est-ce que le désordre? Comment trouverez-vous l'ordre? L'ordre est-il un schéma particulier que vous... que la pensée a établi? Vous dites: "je dois me lever à 6 heures du matin, faire ceci et cela me rendre au bureau, ou à l'usine" ce programme prédéterminé, planifié jour après jour, est-ce cela l'ordre? Il faut donc d'abord demander, non pas ce qu'est l'ordre mais quelle est la cause du désordre, d'accord?
47:46 Quelle est la cause du désordre dans notre vie? Que cela nous plaise ou non, il nous faut tout d'abord admettre que nous menons une vie très, très désordonnée. C'est là un fait, n'est-ce pas? Serez vous au moins d'accord là_dessus?
48:10 Auditeur: Non.

K : Non? (Rires) Qu'est-ce que le désordre? Et vous devez alors demander: si c'est un manque d'ordre, qu'est-ce alors que l'ordre? Comment un esprit, un cerveau aussi désordonné peut-il découvrir ce qu'est l'ordre? Pourquoi ne sommes-nous pas un peu logiques, rationnels bien que la raison et la logique soient limitées, il faut commencer par là et ensuite le dépasser. Mais si vous dites "ceci est l'ordre", cela devient militaire, n'est-ce pas? Cela devient une formidable discipline, d'accord? Tout ceci est si simple. Très bien.
49:27 Il nous faut donc aborder cela avec prudence. Cherchons d'abord ce qu'est la discipline. Les soldats sont entraînés jour après jour mois après mois; ne les avez-vous pas vus? Le battement du tambour, le sergent et tout cela: ordre, discipline, obéissez. Et l'obéissance à un abbé, à un pape, à... et ainsi de suite, s'appelle l'ordre. Et il y a l'ordre du policier. En Europe, vous conduisez à droite et à gauche dans ce pays-ci. Cela, c'est de l'ordre. Et celui qui est habitué à conduire à gauche .va là-bas et dit que c'est le désordre. Suivez tout ceci, je vous prie. Quelle est donc la cause du désordre? Si je puis comprendre cela et être libre de cette cause, il y a alors naturellement l'ordre. Je n'ai pas besoin de découvrir ce qu'est l'ordre. Je dois donc d'abord chercher pourquoi on accorde une telle importance à la discipline, dans les écoles, dans toute notre façon de vivre. Qu'est-ce que la discipline? Le mot "discipline" vient de la racine disciple. Un disciple est celui qui apprend du maitre, n'est-ce pas? Si vous apprenez dans le sens où nous l'entendons n'accumulant pas de savoir, apprenant sans accumulation l'apprentissage même est alors sa propre discipline, vous comprenez? Je me demande si vous comprenez tout ceci?
51:57 Auditeur: Je ne comprends toujours pas ce que vous entendez par apprendre.
52:02 K: Comment?
52:04 Auditeur: Je ne comprends toujours pas ce qu'est l'apprentissage parce que si l'on observe ses propres pensées, on observe forcément avec ses pensées. Donc je ne comprends pas tout-à-fait votre usage du mot apprendre.
52:22 K: J'ai essayé de l'expliquer. Dois-je y revenir? Tout d'abord, sommes-nous conscients, ou voyons-nous le fait qu'accumuler du savoir toute notre vie est très limité. C'est là un fait parce que le savoir est limité qu'il se situe maintenant ou dans un futur éternel, il est toujours limité. Et par conséquent si nous agissons sur ce savoir notre action sera toujours limitée. Et c'est donc là une des causes du désordre, n'est-ce pas? Si j'agis toujours à partir du savoir que j'ai précédemment accumulé et sachant que ce savoir est limité, tout ce que je fais est limité et toute limitation ne peut que produire le désordre. Ainsi, l'Arabe et le Juif, l'Hindou et le Musulman le Bouddhiste et le Catholique, vous suivez, sont tous limités. Ils fonctionnent tous dans le champ du savoir lequel est limité, ou de la tradition. N'est-ce pas? Suivons-nous tout ceci? Donc leur activité limitée créera forcément le désordre. Dans le cas de la femme ou du mari, de la fille ou du garçon, si l'un d'eux pense à soi à ses ambitions, son progrès, sa réalisation et l'autre, homme ou femme pense également à son progrès, ils sont évidemment en conflit. Ils ont beau parler d'amour, ils ont beau parler de toutes sortes de choses chaque femme, chaque homme suit sa propre direction sa propre ambition, tout cela étant très centré sur soi, très limité. N'est-ce pas? Ainsi, cette limitation crée le désordre dans la relation. Naturellement. Y sommes-nous?
54:45 Donc nous commençons à découvrir que le désordre survient là où il y a limitation. N'est-ce pas? Là où je pense à moi-même, et vous pensez à vous-même tout en ayant une merveilleuse relation! Nous nous tenons par la main, dormons ensemble nous marchons ensemble, mais allons tous deux dans des directions différentes. N'est-ce pas? Et par conséquent ces directions sont déterminées par la pensée, par le désir. Avons-nous le temps d'aborder ici le désir, maintenant? Non, c'est trop compliqué, nous le ferons une autre fois.
55:37 Donc nous commençons à apprendre à voir à avoir un insight - nous nous servons du mot "insight", lequel signifie observer quelque chose sans temps, sans motif. Avoir un insight, ce n'est pas se souvenir, calculer etc., c'est avoir une vision pénétrante instantanée du désordre c'est-à-dire, en fin de compte, de toute action limitée. Sommes-nous tant soit peu ensemble, ici? Pour une part? Et si c'est une part, conservez-la, et avancez avec elle, et alors vous verrez que la chose commence à casser ce processus de vie égocentrique.
56:59 Puis-je poser une question? Etes-vous, sommes-nous tous ici en train de déployer autant d'énergie que le fait l'orateur? (rires) ou vous contentez-vous d'être assis et d'écouter, d'écouter l'avion et d'écouter le déroulement de vos propres pensées ou bien - vous comprenez - vous êtes passionné pas cette découverte.
57:39 3ème QUESTION: Comment notre écoute peut-elle adéquatement nous permettre d'accéder à la profondeur de ce que vous dites? Quelle qualité d'esprit permettra à la plénitude de ce que vous dites d'agir en nous.
57:57 K: Je crains que ceci ne soit pas une bonne question, mais je vais la relire.
58:02 Comment notre écoute peut-elle adéquatement nous permettre d'accéder à la profondeur de ce que vous dites? Quelle qualité d'esprit permettra à la plénitude de ce que vous dites d'agir en nous.
58:29 L'orateur dit quelque chose que vous-mêmes n'avez pas découvert. Il ne parle pas de ce qu'il a découvert, c'est totalement sans objet. Mais les paroles, ce que dit le téléphone les mots, le contenu des mots, c'est tout cela que vous écoutez. Et cette écoute consiste en l'observation de vos propres pensées de vos propres sentiments, de vos propres réactions, n'est-ce pas? L'orateur se contente d'agir comme un miroir dans lequel vous êtes en train de vous découvrir en écoutant. Vous comprenez ce que je dis? L'orateur, en tant que personne, ainsi qu'il l'a souvent répété n'a pas la moindre importance. Et il l'entend bien ainsi. Et ce qu'il dit n'est pas quelque chose d'étranger qu'il vous faut comprendre, qui doit agir sur vous. S'il en était ainsi, c'est-à-dire si c'était quelque chose d'étranger qui devait agir sur vous, vous pourriez aussi bien prendre une drogue! Mais si vous écoutez ce qu'il dit en vous demandant "qu'est-ce que je ressens en entendant cela, quelle est ma réaction à ce qu'il dit" vous suivez, il y a alors communication entre ce qu'il dit et vous-mêmes. N'est-ce pas? La communication cesse quand vous vous contentez d'écouter ce qu'il dit. Mais étant à l'écoute de ce qu'il dit et de votre relation vis-à-vis de cela il s'agit de découvrir votre réaction à ce qu'il dit, et vos réponses à ses subtilités, stupidités ou intelligence et vous êtes alors ensemble en mouvement. La chose est alors à vous, pas à lui. Je me demande si vous comprenez.
1:01:15 Auditrice: Non, vous...
1:01:17 K: Je vous en prie Madame, comprenez seulement. Consacrez un peu de temps à ce que je dis. Avec tout le respect que je vous dois, ne répondez pas immédiatement. Mais voyez ce qu'il dit.
1:01:34 Il dit tout d'abord qu'il n'est pas votre gourou, absolument pas. Ce serait pour lui un anathème. Et vous n'êtes pas ses disciples, n'est-ce pas? Et vous n'êtes pas obligés de vivre ce qu'il dit. Ce qu'il dit concerne la profondeur ignorée de votre propre vie c'est tout, d'accord? C'est de vous qu'il parle, pas de lui-même. Il parle de votre vie quotidienne, monotone ennuyeuse, fatigante, craintive, triste, solitaire. La violence, les chicaneries, la malhonnêteté, le manque d'intégrité. Là où il y a intégrité, il y a force. Mais cela, c'est une autre affaire. Vous pouvez alors vous suffire à vous-même. Alors rien ne vous atteint, vous n'êtes dès lors influencé par personne parce que vous découvrez alors ce qui est vrai pour vous-même. La vérité, pas selon vous, ni qui que ce soit d'autre la vérité qui n'est ni à lui, ni à vous est une chose qui se situe totalement en dehors de l'activité du cerveau. Je ne vais pas aborder cela pour l'instant. Nous sommes donc, ensemble, en train découvrir ce qu'est la vérité.
1:03:52 Ensemble, nous sommes en train de découvrir l'art de vivre la façon d'écouter, la manière d'apprendre, la manière de voir. Et si vous voyez, cela vous appartient vous n'avez alors besoin d'aucun gourou d'aucun leader, d'aucun livre, vous comprenez? Nous vivons sur le savoir des autres. Nous n'avons pas d'insight en nous- mêmes, en notre propre existence. N'est-ce pas? Puis-je passer à la question suivante?
1:04:34 4ème QUESTION: y a-t-il rien de tel dans le monde que le bien et le mal je m'excuse, je dois la relire.
1:04:52 Y a-t-il rien de tel dans le monde que le bien et le mal ou ces choses sont-elles des concepts humains, des valeurs, des projections?
1:05:04 Y a-t-il rien de tel dans le monde que le bien et le mal? ou ces choses sont-elles des concepts humains, des valeurs, des projections?
1:05:23 Qu'est-ce que le bien? Et qu'est-ce qui est soi-disant pas bien? Si nous nous servons du mot "mal", celui-ci a de telles connotations! Oublions le mot "mal" pour l'instant. Le bon et le mauvais. Les méchants et les gentils! Comme au cinéma (rires) Qu'est-ce qui est bon? Alors, s'il vous plaît, essayez de regarder cela pendant un instant. L'orateur pose la question: qu'est-ce que le bon? Comment écoutez-vous le mot? Comment recevez-vous ce mot? Peu importe qui le dit. Comment l'écoutez-vous, le recevez-vous? Quel goût ce mot a-t-il pour vous? Quel sentiment instinctif vous inspire-t-il? Par instinct, j'entends le sentiment immédiat que vous inspire ce mot. Et quand vous dites "le mauvais", quelle est votre réponse à cela? De la répulsion? Une chose qui se voit, une mauvaise action? Il s'agit donc de découvrir par soi-même sa réaction à ces deux mots. Pas ce qu'en disent les philosophes. Pas ce qu'en disent d'autres personnes, évêques, prêtres, papes par papes, j'entends non seulement le pape romain, mais les papes des diverses religions, partout dans le monde avec leurs coiffes, leurs traînes, et tout le reste. Quand on écoute ces deux mots, ils ont eu un énorme effet sur l'humanité, historiquement parlant, dès le commencement. Les chrétiens ont dit: "voici le bien si vous vous y opposez, nous vous brûlerons". Et les hérétiques, ils les ont torturés, brûlés pour ce qu'ils ont fait! Et ceci est considéré comme le bien. Et allez en Inde où le fait d'être brûlé pour votre croyance est une horreur. Vous comprenez? Donc, hormis tout ceci, qu'est-ce qui est bon et qu'est-ce qui est mauvais?
1:08:41 Je vais poursuivre, vous voulez bien? Le bon est-il lié au mauvais? Et le bon est-il en conflit avec le mauvais? Des romans ont été écrits là-dessus. Le bon finissant toujours par vaincre! Même dans les romans policiers! Et le mauvais est toujours détruit et revient sans cesse. Et la bataille continue. Vous le voyez à Lascaux et dans d'autres grottes du sud de la France et ailleurs dans le monde, cette lutte, n'est-ce pas? Le bon et le mauvais. Le mal. Je n'aime pas ce mot, il pue! (rires) Pardonnez-moi d'user de ce terme. (rires) Pardon! (rires) Alors, qu'est-ce qui est bon et qu'est ce qui est mauvais? Les deux choses sont-elles liées l'une à l'autre? La bonté est-elle née de ce qui est mauvais? Car je sais ce qui est mauvais: la tradition, le conditionnement, ce que les gens ont dit, écrit et ce mal, ce mauvais, ce qui est mauvais lutte contre ce qui est bon. Et ce bon lutte contre ce qui est mauvais, n'est-ce pas? Donc je demande si ce qui est bon est né de ce qui est mauvais? Vous comprenez ma question? C'est une question toute simple. Si la bonté est née de ce qui est mauvais, elle n'est pas bonne, n'est-ce pas? Les deux choses sont alors liées l'une à l'autre. Par conséquent elle n'est pas bonne. Suivez-vous? Ce sont donc deux choses totalement distinctes, l'une ne peut devenir l'autre. Si elle peut le devenir, c'est qu'elle est déjà reconnue par l'autre vous comprenez tout ceci? Par conséquent elle n'est pas bonne. La bonté est totalement distincte de ce qui est mauvais, n'est-ce pas? Mais nous avons mélangé les deux choses et nous disons qu'il faut combattre: chaque chose doit être combattue. Il faut résister, combattre, écarter le mal, le mauvais afin d'être bon, vous comprenez? Le bon s'exprime donc toujours en termes du mauvais. Et nous, nous disons tout autre chose. La bonté n'a pas le moindre lien avec ce qui est mauvais. Pour que la bonté puisse exister, le mauvais doit cesser. C'est tout. Il n'y a pas de combat entre les deux. C'est de la simple logique, du bon sens.
1:12:51 Maintenant, pour en revenir à ce qui nous touche de près: en nous coexistent ces deux éléments opposés, cette dualité. La dualité de vouloir, d'aspirer à ... non, aspiration n'est pas le bon mot. L'aspiration est quelque chose de romantique d'idéaliste, et de plutôt stupide. Pardonnez-moi si je me sers de ce mot. Nous aspirons tous à quelque chose. Vous aspirez à devenir le directeur d'une bonne entreprise. Et vous aspirez aussi à Dieu. C'est la même chose. Vous comprenez? Dieu est une autre forme de bonne entreprise! Sans vouloir être blasphématoire, tout ceci est tellement évident. Donc la bonté ne peut coexister avec ce qui est mauvais. Il est impossible d'accéder au bon à partir du mauvais. Ce n'est pas un mouvement de ceci à cela. Ce n'est pas un processus de temps partant de ce qui est mauvais pour réaliser ce qui est bon, n'est-ce pas?
1:14:32 Maintenant la question qui en découle est celle-ci: qu'est-ce qui est mauvais? Vous comprenez? Je ne connaîtrai ce qui est bon qu'en l'absence du mauvais. Ecartons donc le bon et ne disons pas "dites-moi en secret ce que c'est, ou dites le moi ouvertement. Alors je suivrai cela". Il s'agit plutôt de comprendre ce qui est mauvais. Est-il mauvais d'être nationaliste? Allons Messieurs, répondez y. Dire que je suis un Français un Britannique un Hindou, un Sikh ou un Musulman, vous savez, est-ce mauvais?
1:15:36 Auditeur: Peut-être pas pour tous, mais pour nous.
1:15:41 K: Pour d'autres personnes, c'est évident nous incluons tout le monde, Monsieur... Mais plutôt... nous demandons ceci: qu'est-ce qui est mauvais, non d'après moi ou quelqu'un d'autre. Aussi longtemps qu'il y a division division raciale, division de classes, division religieuse - n'est-ce-pas - divisions politiques, économiques et ainsi de suite ces divisions créent le conflit d'où, en fin de compte, la guerre où l'on s'entretue. Vous comprenez? N'est-ce pas mauvais?
1:16:34 Non? L'auditoire: Oui, oui.

K: Oh, bien, j'en suis heureux. (rires) Et pourtant, les religions ont soutenu cela vous-mêmes le soutenez. Vous comprenez? Mais pourtant... et tout ce qui s'ensuit. Pouvons-nous d'abord être libre de tout cela? N'appartenir à aucun pays, à aucun groupe, à aucun gourou... ..à aucune organisation religieuse, car tous sont facteurs de division. Ceci entraîne une autre question: celle de l'autorité. L'autorité politique, l'autorité religieuse l'autorité totalitaire. Vous comprenez? L'autorité est-elle le mal? Non que l'autorité détenue par les sages soit bonne. Vous comprenez? Il a été dit que l'autorité des sages est le salut des imbéciles! (rires).
1:18:06 Il y a donc l'autorité du policier, l'autorité de la loi. Vous devez payer des impôts - pas moi mais (rires) vous devez en payer. Faute de quoi vous êtes pénalisés d'une manière ou d'une autre. Donc extérieurement, il y a l'autorité, n'est-ce pas? L'autorité qui impose de rouler à gauche (en Angleterre) ou de rouler à droite en France et en Europe. Et il faut de l'autorité dans une école dans une université, sinon... vous suivez? Mais nous parlons de l'autorité dans le sens du sentiment d'autorité, le pouvoir de l'autorité, le pouvoir de massacrer les gens. Ainsi, l'autorité spirituelle l'autorité dans le sens le plus profond du terme, est mauvaise, est le mal. La question est alors la suivante: le mauvais.
1:19:39 Nous l'avons dit, toute division quelle qu'elle soit est mauvaise. Ne vous méprenez pas. La division religieuse, N'est-ce pas? La division qui dit: "nous sommes fermés on n'entre pas ici", psychologiquement parlant. Mais la porte est ouverte si vous voulez entrer. Vous comprenez? Cela, ce n'est pas fermé. Approfondissez donc tout ceci. Cela s'applique à toute forme de division psychologique, individualiste l'Arabe, le Juif, le Musulman, et ainsi de suite. Dans le sens de toute division psychologique organisationnelle. Cela, c'est mauvais. N'est-ce pas? Et peut-on être libre de tout cela? Et ne pas se contenter de dire "oui, je vois votre argument il est très juste, mais nous allons poursuivre notre guerre. C'est joli. Nous sommes des gens violents, cela fait partie de l'expression de la violence l'expression ultime de cette violence étant de tuer un million de personnes d'un coup. Ou bien mettons-nous fin à tout cela en nous-mêmes? En nous-mêmes d'abord, et non en la chose organisée. Connaissez-vous cette histoire inventée par l'orateur? Deux hommes marchaient ensemble certains d'entre vous l'ont-ils déjà entendue? Si c'est le cas, excusez moi. Ne succombez pas à l'ennui. Deux hommes marchaient ensemble dans une rue, parlant des choses de la vie. L'un d'eux aperçoit un objet sur le trottoir et le ramasse. Au moment où il regarde la chose, son visage change quelque chose de formidable s'est passé en lui. Il met la chose avec grand soin dans sa poche intérieure. Et son ami lui dit: qu'avez vous ramassé? Pourquoi votre visage a-t-il subi une telle transformation? L'autre répond: "j'ai ramassé la vérité". Et son ami lui dit: "Ciel en est-il vraiment ainsi? Je le vois sur votre visage. Alors, qu'allons-nous en faire? Et l'ami répond: "allons l'organiser" (rires) C'est une vieille histoire que l'orateur a inventée il y a 40 ou 50 ans. Alors, chacun de nous peut-il
1:22:56 s'abstenir d'adhérer à une organisation qui nous aiderait à nous libérer de la guerre. C'est là une autre forme d'organisation. Vous suivez? Nous ne commençons pas d'abord par nous-mêmes. Chacun de nous peut-il mettre fin à cette division en soi-même? Ensuite, vous pouvez vous servir d'organisations, vous comprenez? Mais si vous vous servez d'organisations pour changer l'intérieur, vous ne réussirez jamais.
1:23:32 Alors, chacun de nous peut-il écarter tout ce qui nous sépare de l'autre? Bien sûr, il vous faut votre propre maison votre propre jardin, votre propre... vous suivez? Pas psychologiquement, intérieurement, subjectivement. Alors, vous n'avez pas besoin d'être en quête du bien. Alors le bien fleurit. Alors la bonté fleurit. Et la beauté de tout cela est infinie. Rien ne peut jamais la détruire.
1:24:23 Un auditeur: Monsieur, dans le monde animal...
1:24:26 K: Excusez moi, je dois m'arrêter maintenant. L'auditeur: Dans le monde animal, le tigre mange la gazelle.
1:24:35 La gazelle ne considère-t-elle pas le tigre comme un méchant?
1:24:40 K: Bien sûr que non. Le tigre tue le magnifique daim . Et le tigre aussi est magnifique. L'un de vous ne s'est-il jamais trouvé très près d'un tigre? Bien sûr que non. Vous en avez vu au jardin zoologique. Je me suis trouvé très près, à environ 3 mètres d'un tigre. Ne vous en faites pas: Je ne vous invite pas à en rencontrer. (rires) Le tigre mange le daim. Les grandes choses mangent les petites. Et les plus grandes mangent les grandes, vous suivez? Jusqu'en haut de l'échelle. Est-ce là le mal? Le fait que le tigre tue le daim? Bien sûr que non. Vous suivez? C'est la nature. Pourquoi disons-nous que le tigre est cruel? Le chat qui joue avec la souris, vous comprenez? Avez-vous jamais vu cela? Ce n'est pas très beau. Toute notre civilisation est si monstrueuse, n'est-ce pas? Commençons donc par nous-mêmes non par les tigres, les éléphants, les rats et les serpents. Je crains que ce soit ce que nous faisons tous. Nous voulons nous fuir nous-mêmes. Et ce qui importe le plus c'est nous-mêmes. Il s'agit de pénétrer cette enveloppe cette apparence extérieure, ce spectacle extérieur cette chose extérieure, d'y pénétrer profondément ce voyage est infini, il comporte une beauté tout à fait extraordinaire.
1:26:51 Nous allons maintenant nous arrêter. Nous y reviendrons une autre fois.