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BR84T3 - Mettre fin à toute souffrance, est-ce possible?
3e causerie
Brockwood Park, Angleterre
1er septembre 1984



1:58 Pouvons-nous reprendre là où nous en étions restés dimanche dernier? Nous parlions de divers problèmes de la vie non pas de problèmes technologiques mais de problèmes humains. Nos blessures psychologiques les blessures que l'on reçoit depuis l'enfance que nous portons tout au long de la vie; et ces blessures nous empêchent. d'avoir une véritable relation avec les autres. Et ces blessures engendrent la peur. Nous résistons à toute autre forme de blessure et construisons par conséquent un mur autour de nous devenant par là de plus en plus isolés, névrosés et ainsi de suite. Nous en avons parlé, à savoir que nous nous sommes créé une image de nous mêmes, et ces images, qu'elles soient politiques, religieuses ou simplement nos propres images psychologiques, images subjectives sont la cause de ces blessures. Ce sont ces images qui sont blessées.
3:54 Et nous avons parlé de la relation de combien il importe que celle-ci soit réellement bonne saine, rationnelle, dépourvue de tout conflit entre homme et femme, etc et nous avons vu cela assez profondément.
4:21 Dimanche dernier nous avons parlé de la peur et de tout le problème du temps. Nous avons dit que le temps est un mouvement du passé se modifiant dans le présent, et que le futur est ce qui existe maintenant. Nous avons donc dit que tout temps est contenu dans le présent. Si nous pouvions réellement pénétrer en profondeur cette question de la nature du temps, de la pensée et voir que le temps est la pensée ce dont nous avons déjà parlé de façon assez exhaustive. Et si tout le présent, si tout le temps est contenu dans le maintenant qu'est-ce alors que le changement y a-t-il alors un quelconque changement? Et qu'est-ce que l'action? En qu'est-ce aussi que la relation quand il n'y a pas de demain? Demain et les milliers de demains qui se succèdent sont inclus dans le présent. Et en l'absence de changement radical dans le présent le futur est ce que nous sommes maintenant. Comme nous l'avons dit, nous sommes toute une accumulation de souvenirs, nous sommes les souvenirs accumulés à travers des milliers d'expériences le savoir découlant de l'expérience et ce savoir est limité, par conséquent tout savoir. qu'il se situe dans le passé, le présent ou le futur, est toujours limité. Et la pensée, qui est aussi réponse de la mémoire, est également limitée. Nous allons donc nous pencher ce matin sur plusieurs choses, telles que la moralité la justice, et voir s'il est possible de mettre totalement fin à la souffrance. Et, si nous en avons le temps, nous parlerons également ensemble de la nature, de ce que mourir signifie. Et nous voudrions également souligner que ceci n'est pas un divertissement intellectuel, romantique, sentimental. Ce n'est pas de la propagande diffusée par l'orateur. Il ne vous invite pas à partager une quelconque théorie une quelconque idéologie, une quelconque forme de persuasion. Et nous aimerions également souligner qu'il n'est pas un gourou, et toutes ces bêtises.
8:43 Nous devrions donc discuter ensemble, c'est-à-dire chercher ensemble, vous et l'orateur. Et par conséquent, quand cette recherche est vraie profonde et continue elle vous appartient, elle n'a alors rien à voir avec l'orateur. Comme nous l'avons assez souvent indiqué, l'orateur n'est qu'un téléphone et ce qu'il dit est important, dans le sens où cela recouvre l'ensemble de notre existence humaine psychologiquement, subjectivement, intérieurement et par conséquent si nous pouvions penser ensemble, explorer ensemble entreprendre un long voyage ensemble, alors ce voyage cette investigation vous appartient et relève conséquent de votre propre compréhension il ne s'agit donc pas d'une compréhension de ce que dit K. C'est très clair.
10:07 Ceci dit, nous devrions parler de la moralité. Le mot "moralité" ...signifie comportement manière, habitude découlant d'une certaine culture, d'un environnement, et existe-t-il une moralité qui ne nous rende pas tributaire du temps? Pouvons-nous avancer là-dessus ensemble? Une moralité qui ne relève pas du temps. Notre moralité est relative. Notre moralité est habitude coutume, manières, comportement. Ou tout cela est né de la pensée, et la pensée étant limitée la moralité est donc limitée, relative ou c'est engendré par diverses cultures par l'environnement et ainsi de suite. Tout cela est relatif et se situe donc dans le champ d'action du temps et de la pensée. Somme-nous ensemble ici? Et nous demandons: existe-t-il une moralité c'est-à-dire l'action, la manière qui ne relève pas du temps et de la pensée? Nous pensons qu'il est important de découvrir cela, car c'est là dessus que repose la liberté liberté "per se", en soi, et non liberté à l'égard de quelque chose.
12:26 C'est donc peut-être de cela qu'il faudrait d'abord parler. Qu'est-ce que la liberté? La liberté est-elle une réaction à l'égard d'une servitude de la solitude, de toutes les formes de dépression, d'anxiété, de solitude, de désespoir, etc.? S'il y a réaction à l'égard de ces choses et que vous appelez cela la liberté alors cela n'est pas la liberté, ce n'est qu'une réponse à un état. Dans son acception actuelle, la liberté implique également le choix. Nous pouvons choisir de venir ici, ou de nous rendre là-bas de choisir entre divers emplois, fonctions et vocations. Choisir qui vous épouserez ou n'épouserez pas et ainsi de suite. Le choix implique la confusion. Et le choix n'est pas la liberté. La liberté n'est pas une réaction à un état. Alors une telle liberté existe-t-elle? Sommes-nous ensemble ici? J'espère qu'il ne fait pas trop chaud dans la tente ou que vous avez raisonnablement chaud. (rires)
14:26 C'est donc là une question vraiment très sérieuse, qu'il faut se poser: Y a-t-il liberté à l'égard d'une servitude ou de la prison que nous nous sommes créée, loin de la prison et par conséquent elle relève toujours de la prison. Si l’on est dans une prison, tant physiquement qu'intérieurement, subjectivement le champ d'action physique étant alors circonscrit à un certain domaine on donne le nom de liberté au fait de s'en être échappé. Et psychologiquement, on s'est bâti une prison par ses propres désirs par ses propres anxiétés, sa solitude et ainsi de suite. Et la liberté à l'égard de cela se situe encore dans la zône de cette prison une prison psychologique. Sommes-nous ensemble? Par conséquent, ce n'est nullement la liberté. Alors existe-t-il une liberté qui ne soit pas une réaction une liberté "per se", en soi, non à l'écart ou par rapport à quelque chose?
16:15 Il faut donc comprendre par soi-même pourquoi l'on cherche toujours à fuir ou à rationaliser, ou à dépasser "ce qui est". Si l'on comprend "ce qui est", non seulement intellectuellement verbalement, mais en en voyant la profondeur, la vérité la substance, la vitalité, et puis en observant en percevant la chose et en demeurant avec elle, creusant ce mouvement en apprenant sans mémoriser si l'on creuse très profondément, on voit la liberté "per se".
17:27 Actuellement, la moralité se situe encore dans le domaine du temps et de la pensée. Je pense que nous serons d'accord là-dessus. Selon les pays, les cultures le conditionnement religieux, les contraintes nationales etc. C'est donc là une moralité relative. Existe-t-il une moralité qui soit totalement libre de tout temps et de toute pensée? Suivons-nous ceci? Ou l'orateur parle-t-il tout seul? Et pour découvrir cela, ou pour vivre avec cette sensation de moralité intemporelle, de moralité non induite par la pensée donc limitée, relative, éphémère, pour pénétrer cela très à fond il faut, comme nous l'avons dit, que la nature du temps soit comprise. Le temps est une série d'événements et de mouvements. Mais le temps est aussi toute l'accumulation de 40 ou 50.000 ans d'existence humaine sur cette terre avec tout ce que cela comporte d'expériences, raciales tribales, de peurs religieuses etc., tout cela est le passé, la tradition. Et ce passé agit, travaille actuellement, c'est le passé qui nous conditionne. Et le futur - les lendemains - est la continuation du passé modifié, mais qui a toujours ses racines dans le passé. Et si aucun changement radical, fondamental, ne se produit maintenant les demains ne différeront pas du maintenant. Donc demain est maintenant. Le futur est maintenant, d'accord? Je pense que ceci est assez simple à comprendre. D'après les biologistes et les scientifiques, nous existons sur cette terre depuis 50.000 ans, plus ou moins. Nous sommes supposés avoir évolué pendant ce temps au cours de ce long laps de temps, tant physiquement biologiquement, que sur le plan de tout le contenu de notre conscience. Et malgré ce long laps de temps nous demeurons toujours très primitifs barbares, cruels, destructeurs (les guerres). Donc nous avons très, très peu changé parce que nous sommes encore violents affreusement violents - les terroristes, les guerres toutes ces choses qui ont lieu dans le monde d'aujourd'hui. Et cela fait 50.000 ans, plus ou moins, que cela dure. Peut-être ne tuait-on pas un million de personnes avec une seule bombe. On s'entretuait avec un gourdin, une flèche, mais l'instinct meurtrier est toujours en nous. Donc au terme de cette longue évolution, nous sommes toujours des barbares. Et nous demeurerons des barbares, et je me sers de ce mot nous nous servons de ce mot dans son sens réel et non dans son sens romain. Dans la Rome antique, il s'appliquait à ceux qui étaient mauvais qui ne relevaient pas de l'empire romain ou ne parlaient pas le latin et ainsi de suite. Nous nous servons du mot "barbare" pour signifier que nous sommes extraordinairement primitifs centrés sur soi étonnamment violents incroyablement violents et brutaux dans nos gestes, nos paroles et ainsi de suite. Nous sommes toujours tribaux: le Britannique, le Français l'Indien avec sa propre division en Sikh, et tout le reste. Et si nous sommes actuellement ainsi après des siècles d'évolution nos lendemains nous verront encore ainsi. Donc le futur est maintenant. N'est-ce pas?
23:53 Alors, est-il possible de changer maintenant, complètement sans le concept, l'idée de demain? Et s'il se produit un tel changement fondamental et intemporel, c'est là la véritable liberté. Et quand existe une liberté de cette sorte, il n'y a pas de peur, et donc toutes ces inventions de dieux et de rituels, tout cela disparaît.
24:43 Et nous devrions également parler ensemble de ce qu'est la souffrance. Pourquoi les êtres humains, si avancés techniquement, si capables à la fois intellectuellement et physiquement après tant d'années, tant de siècles de souffrance pourquoi n'ont-ils pas mis fin à la souffrance? Nous souffrons tous, de l'individu extrêmemement sophistiqué à la personne la plus primitive, privée de culture etc. Nous souffrons tous pour diverses raisons souffrance par manque de nourriture par manque de vêtements et ainsi de suite, sur le plan physique. Et il y a des milliers, des millions de gens, en Inde et ailleurs, qui ont très peu à manger. Il y a également la souffrance de millions de gens due aux guerres: voyez ce qui se passe en Irlande du Nord, au Liban en Afghanistan, en Inde. Et cette souffrance due aux guerres remonte à des milliers et des milliers d'années, et les guerres continuent. Et ces guerres ont été pour l'humanité cause d'une immense souffrance. Et il y a également la souffrance de celui qui perd son ami quelqu'un avec qui il a vécu de nombreuses années. Et il y a la souffrance due à ce qu'on ne peut accomplir, réaliser devenir et ainsi de suite. Il y a donc la vaste souffrance humaine dont nous faisons partie. Cette souffrance existe depuis des milliers d'années. Il y a aussi la souffrance personnelle, la souffrance limitée. Nous ne pensons pas que c'est là une souffrance limitée
28:15 parce que c'est la nôtre: ma souffrance. Quelle est donc la cause de la souffrance? Pourquoi ne l'avons-nous pas résolue après un si long laps de temps? Sommes-nous tant soit peu conscients de cette grande souffrance de l'humanité? Et également de la souffrance de chacun d'entre-nous? Et quand on en prend conscience, on en ressent un grand choc on en est presque paralysé. Toute souffrance rétrécit notre regard sur les choses le rend mesquin, très destructeur. Et pourquoi n'avons-nous pas résolu cette question?
29:25 Les Chrétiens ont évité cette question. Les Hindous, y compris les Sikhs, et toutes ces divisions tribales ou divisions religieuses, expliquent cela par le karma c'est-à-dire que ce que vous faites vous le semez et ainsi de suite. Chacun a sa propre explication de la souffrance. Mais les explications, les causes de la souffrance si nous nous contentons de les expliquer de les mettre en paroles, comme nous allons le faire sachant que les mots ne sont pas le sentiment, la réalité de la douleur, donc le mot n'est pas la chose. L'explication, la description ne sont pas le réel. Donc si nous sommes pris dans les mots, alors nous ne serons pas capables de comprendre la substance, la qualité, la profondeur de la souffrance. Alors, peut-on d'abord être libéré des mots? C'est important, parce que les mots conditionnent notre façon de penser. Des mots tels que "communiste" ou "socialiste" et ainsi de suite revêtent déjà une certaine signification et nous admettons celle-ci et ainsi sommes conditionnés par les mots. (Interruption par un auditeur)

K: Monsieur voudriez-vous bien me laisser terminer la causerie. Mardi et jeudi derniers nous avons répondu à de nombreuses questions qui ont été posées, non pas à toutes, parce que cela aurait été impossible. Il y avait 2 ou 300 questions. Cela nous aurait probablement pris plusieurs semaines. Nous ne pouvons rester ici pendant plusieurs semaines. En tous cas...pas nous. (rires)
32:15 Auditeur: mais vous parliez de la souffrance et du fait d'être irrité. C'est bien de la souffrance, n'est-ce pas?

K: Comment Monsieur?
32:22 Auditeur: Il s'agit de la souffrance et du fait d'être agacé irrité à propos de la souffrance.

K: Permettez Monsieur vous auriez dû poser cette question l'autre jour. Donc si vous voulez bien m'excuser, je vais poursuivre ce que j'ai à dire. J'espère que cela ne vous fait rien. Il y a cette souffrance.
32:54 Le mot "peur" engendre-t-il la peur? Le mot lui-même. Ou bien la peur est-elle libre par rapport au mot? De même pour "amour". C'est un mot. Mais ce mot n'est pas la réalité. Alors le mot souffrance façonne-t-il notre manière de penser? Par conséquent, s'il m'est permis, il faut prendre bien garde à ne pas être esclave des mots, ce qui est difficile. Père, mère, femme, mari. Ces mots ont une puissante signification. Ces mots façonnent notre pensée. Les mots ont un pouvoir immense, soit destructeur soit que ces mots doivent être compris, leur profondeur leur signification, leur qualité, leur tonalité.
34:32 Nous ne nous occupons donc pas d'explication, de description ni de mots susceptibles de nous embrouiller. Nous essayons... non, en fait nous nous efforçons d'approfondir ce qu'est la souffrance.
35:07 Quand nous souffrons, il y a une douleur intense non seulement physique, mais subjective, psychique, intérieure. Cette douleur agit sur les nerfs, tout notre processus de penser se contracte. Et cela éveille en nous un sentiment de solitude désespérée. Il s'agit de faits et non de déclarations imaginaires, de faits. Ce qui est. Et ce sentiment de choc, ce sentiment de solitude suscite un ardent besoin de réconfort un désir d'être aidé. N'éprouvez-vous pas tout cela? Et le désir d'être aidé est une des cause de souffrance. Comprenez-vous? Nous cherchons continuellement de l'aide. C'est probablement pourquoi la plupart d'entre vous êtes ici. Nous voulons être aidés avec nos problèmes, nos désirs secrets conflictuels nos aspirations secrètes et ainsi de suite, ce qui cause douleur inconfort, agacement et ainsi de suite. Et nous voulons être aidés. Quand on veut être aidé par un autre, qu'il s'agisse du prêtre du psychiatre et ainsi de suite, on devient alors dépendant on devient alors attaché à cette dépendance. Et c'est là une des causes fondamentales de la souffrance. N'est-ce pas? S’il vous plaît, il est important de comprendre cela, car tous nos dieux nos prières et ainsi de suite résultent des exigences de chaque être humain de par le monde qui cherche de l'aide. Et par conséquent, quand on reçoit de l'aide, on s'affaiblit. Si vous dépendez continuellement d'un certain médicament, d'une pilule pour échapper à la souffrance, à la douleur vous devenez alors de plus en plus dépendants de ces médicaments, de ces pilules, de ces médecins. J'espère qu'il n'y a pas de médecins ici. (Rires) S'il y en a, nous avons bien besoin de médecins, mais c'est de la dépendance qu'il s'agit. Et nous disons que là où il y a dépendance, il y a attachement. Et l'attachement est une des causes de la souffrance. Quand je suis attaché à ma femme à un bâtiment, à un certain concept idéologique j'y suis attaché et ne puis vivre sans ces choses. Elles représentent tant pour moi. Mon Dieu, ma foi, ma croyance, mon rituel. Si je dépends de toutes ces choses et qu'elles sont mises en doute comme elles devraient l'être lorsque quelqu'un devient sceptique à leur sujet, alors vous souffrez. Alors, peut-il y avoir une liberté totale qui ne soit pas une réaction, à l'égard de toute forme d'attachement? Attachement aux souvenir du plaisir, suivez-vous? Attachement au plaisir sexuel, auquell on se cramponne. Et au plaisir du pouvoir, au plaisir du savoir, et y être attaché s'y accrocher comme s'il s'agissait là de choses concrètes. Et là où il y a cet attachement, il y a inévitablement souffrance. Et pourquoi sommes-nous attachés?
41:09 Nous posons une question. Nous entreprenons une recherche à ce sujet. Il n'y a pas de "il faut", ou de "il ne faut pas". L'orateur exclut les mots "il faut" ou "il ne faut pas". C'est votre affaire. Et nous demandons: l'attachement comportant le désir, qu'est-ce que le désir dans tout cela? Nous aborderons peut-être cela si nous en avons le temps. Alors, connaissant la nature du temps à savoir que le demain est maintenant s'il n'est pas mis fin à l'attachement, demain nous serons toujours attachés et par conséquent nous souffrirons toujours, vous comprenez? Alors, l'attachement peut-il connaître une fin instantanée?
42:31 Sans que le temps puisse intervenir dans ce processus? Le temps est la continuité. N'est-ce pas? Et le processus graduel du temps, c'est: "je me débarrasserai graduellement de l'attachement je deviendrai graduellement non violent"; tout cela est absurde. Donc la souffrance est synonyme de l'attachement. Et nous sommes attachés parce que nous sommes dans une telle solitude; nous ne sommes rien en nous-mêmes. Nous dépendons de livres, de peintures, du savoir des autres. Le monde religieux tout entier est basé sur l'expérience des autres et l'expérience est toujours limitée, mais tout cela est devenu sacré. On ne sait pas pourquoi, mais c'est devenu sacré. La chose imprimée n'est jamais sacrée! inutile d'aborder tout cela. Et la souffrance vient aussi quand il y a recherche centrée sur soi, d'accord?
44:31 car l'égocentrisme, l'égoïsme, c'est très, très limité. C'est le fait de toujours vivre dans une très petite zone de son cerveau. Le cerveau a une aptitude extraordinaire comme cela se voit dans le monde technologique. Une aptitude immense, une capacité sans limite. Et quand on se soucie de soi-même comme c'est le cas chez la plupart des gens... (quinte de toux) pardon ce souci de soi est très limité, et donc source de conflit. Tout ce qui est limité engendre inévitablement le conflit. Quand on dit "Britannique, Français, Indien,... Américain, Russe", tout cela est très limité sur le plan géographique national, c'est une forme de tribalisme. Et une des causes de la guerre est cette limitation. Donc l'attachement à une personne, à un concept à une image, à un savoir quelconque est inévitablement source de perturbation de souffrance avec la douleur qui en résulte. En outre, quand il y a ce regard égocentrique sur la vie vie si extraordinairement vaste, ce regard limité cette façon limitée de vivre ne peut qu'engendrer inévitablement la souffrance. Et y a-t-il une fin à la souffrance? Une fin totale. Car il n'y a pas d'amour sans la fin de la souffrance. Nous devrions donc examiner, voir ce que finir signifie. La finalité, la fin de quelque chose pas la continuation sous une forme différente de ce qui a été ou de ce qui est.
47:44 Qu'est ce donc que finir? Finir immédiatement une habitude, une manière, y mettre fin. Et non "si je mets fin à ceci, qu'est-ce que j'en retirerai", vous comprenez? Tout ceci vous intéresse-t-il? Vraiment? Ou n’est-ce qu’une forme d’amusement?
48:26 Vous êtes-vous jamais demandé ce que finir signifie? Avez-vous vraiment approfondi cette question: terminer quelque chose et découvrir ce qui se passe si vous y mettez fin? N'est-ce pas là la mort? Nous y viendrons dans un instant.
49:08 Donc nous disons que là où il y a souffrance, il n'y a point d'amour. Et est-il possible de mettre fin à toute souffrance? Vous pourriez demander: quel effet produit cette fin de la souffrance si l'on est complètement délivré de cette souffrance alors quel en sera l'effet sur le monde, sur la majorité des gens? C'est la question que l'on pose habituellement. N'est-ce pas là une question plutôt déraisonnable? Finissez d'abord et voyez ce qui se passe. Ne dîtes pas: "si je fais ceci quel effet cela aura-t-il?" On a le sentiment que c'est une forme de fuite. Une personne a pu affecter le monde. N'est-ce pas? Un seul leader d'une guerre a depuis des temps les plus anciens jusqu'à nos jours affecté le monde. Un ou deux missionnaires de la chrétienté ont affecté le monde: Pierre et Paul. Une personne telle que le Bouddha a affecté l'ensemble du monde asiatique. Elle ne s'est pas posé la question: "si je fais ceci, cela affectera-t-il l'humanité?" Quelle question absurde! Excusez-moi de me servir de ce mot. Ainsi, quand il y a fin de la souffrance, il y a amour. Et nous devons alors demander: qu'est-ce que l'amour? Comme tout bon mot, ce mot a été abîmé. L'amour est-il désir? L'amour est-il plaisir, L'amour est-il un mouvement de la pensée? Et de temps? On peut poser ces questions, l'orateur pose celle-ci mais...si l'on ne s'arrête pas au niveau de la question des mots, on peut alors pénétrer celle-ci très profondément. Nous avons demandé si l'amour est désir? Pour nous il l’est, l'amour est plaisir l'amour est quelque chose de possessif un pouvoir, une situation, un statut. Nous devrions donc d'abord examiner ensemble ce qu'est le désir. Ceux d'entre vous qui sont disposés à admettre ce que dit l'orateur ont peut-être entendu ce mot, l'explication de ce qu'est le désir et peut-être diront-ils: "Oui, poursuivez". Mais il s'agit d'abord de découvrir par soi-même, très en profondeur la nature et la structure du désir, et voir quel est son rapport à la vie et découvrir pourquoi les êtres humains de par le monde sont menés par cela de diverses manières, visant le pouvoir, la situation, et tout le reste. Le désir, cette énergie extraordinaire. Le désir de se rendre sur la lune et la façon dont ils y ont travaillé! 300,000 personnes ont probablement travaillé sur ce seul projet de se rendre sur la lune. Et pour y planter un stupide drapeau. (Rires) Non, Monsieur. Si les Britanniques avaient planté leur drapeau là-haut, ce serait tout aussi stupide.
54:48 Qu'est-ce donc que le désir? Examinez cela vous-mêmes. Nous sommes esclaves du désir. Les diverses religions du monde ont dit que le désir doit être éliminé ou doit être transcendé ou que le désir doit être concentré sur un personnage, sur un symbole. Réprimez tout désir autre que celui d'une quête de Dieu. Les moines font cela depuis des siècles. Mais le désir est une flamme. Il ne peut être consumé. Il ne peut être éteint, il est là. On peut avoir le désir de quelque chose de noble et ainsi de suite. C'est encore le désir. Et le désir fait des ravages dans le monde. Chacun désire sa propre façon de vivre sa propre façon de penser et ainsi de suite. C'est tellement évident.
56:44 Il faut donc comprendre très en profondeur pas intellectuellement, mais profondément, ce qu'est le désir. Sans le fuir, sans le rationaliser sans lui trouver de substitut, mais voir ce qu'est le désir. Le désir est né de la sensation. La sensation physique. La sensation de la perception, de la vision optique de l'ouie, du goût; ce sont là toutes des réactions nées de sensations. Ce sont là des sensations normales, saines. Et nous avons essayé de réprimer ces sensations naturelles par le jeûne par la discipline, en attribuant tout cela ou plutôt en dirigeant toute cette énergie sur un objet particulier, etc. Le désir émane donc de la sensation. C'est évident. Ceci ne demande pas davantage d'explications. On voit une chose dans la vitrine, une chemise bleue, ou une belle robe; il y a perception, on entre dans le magasin et on la palpe d'où sensation, puis désir de la posséder ou ne pas la posséder. N'est-ce pas? C'est aussi simple que cela. Et... comment ce désir émane-t-il de la sensation? Vous comprenez? Vous voyez quelque chose de beau, une femme ou un homme ou une belle robe, ou une voiture, ou autre chose, et il y a sensation. Que se passe-t-il alors? Alors, à partir de cette sensation la pensée crée l'image de vous possédant cette voiture ou cette chemise. Quand la pensée crée l'image à partir de la sensation à cet instant même le désir est né. N'est-ce pas? Pouvons-nous être d’accord là-dessus? Le réfutez-vous? Ainsi je vois quelque chose de beau un beau tableau, une statue, une femme, ou ce que vous voudrez. Nous ne discutons pas de ce qu'est la beauté, c'est là un autre sujet. Et il se produit aussitôt une sensation. La pensée dit alors: "Si je pouvais avoir cela". Ensuite la pensée dit: "je vais entrer dans l'auto et la conduire", vous comprenez? Ainsi naît le désir.
1:00:45 Maintenant, un instant. La question est donc celle-ci: la... pensée peut-elle ne pas immédiatement donner forme à la sensation? Vous comprenez? Comprenons-nous à quoi cela revient? A avoir un intervalle. Si l'on a, mettons, un intervalle de temps entre la sensation et la pensée qui crée une image de cette sensation, s'il y a un petit espace entre les deux, le désir prend alors un tout autre caractère. Vous comprenez? Mais ceci demande une attention extraordinaire une conscience aiguë de la sensation et de l'image qui se forme aussitôt, pour qu'il y ait un intervalle. Et l'on peut alors prolonger l'intervalle sans réprimer, ni chercher à transcender, ou à fuir la chose. Quand on comprend quelque chose très à fond, elle devient très simple. Pour un mécanicien, un moteur est une chose très simple alors que pour nous, c'est assez compliqué. Mais si nous voyons ceci, la chose devient extraordinairement simple. Il n'y a alors aucun conflit entre les désirs, n'est-ce pas?
1:02:53 Nous demandons à présent: l'amour est-il désir? Répondez à cette question vous-mêmes. Le désir, nous l'avons dit, est sensation et la pensée qui donne forme à cette sensation. Le souvenir du plaisir et le fait d'exiger ce plaisir encore, encore et toujours. Alors l'amour est-il plaisir? L'amour est-il jalousie? Possessivité, attachement, peur? Ou bien l'amour est-il une chose absolument... - contentez-vous d'écouter - absolument extérieure au cerveau. Le cerveau est la réponse ou plutôt le centre de toute réponse nerveuse: pensées, émotions, réactions. Inutile de se rendre chez le spécialiste du cerveau. C'est tellement évident. Et à supposer que l'amour se trouve au centre de cela c'est-à-dire du conflit, de la douleur, du désir, de l'anxiété de toutes les réponses nerveuses dès lors comment l'amour peut-il exister à ce niveau? Et si c'est si tout cela est libre, vous ne poseriez même pas la question de savoir si c'est extérieur ou intérieur. Vous comprenez? Et quelle est la nature de la compassion? Le mot lui-même: passion pour toute chose, et tout cela. Qu'est-ce que la compassion? La compassion, est-ce la pitié, la sympathie? La compassion, venir en aide aux pauvres? Nous examinons le mot le sens, la signification de ce mot extraordinaire. Là ou il y a souffrance, la fin de cette souffrance est la passion. Vous comprenez? La passion. Et la fin de cette souffrance s'accompagne de passion. Et cette passion fait-elle partie de la compassion? Vous comprenez? Peut-il y avoir compassion si l'on est attaché à sa religion, à son gourou à ses croyances, si l'on est ancré dans une certaine secte, une certaine croyance? Vous comprenez? Je pose la question. Ou la compassion est-elle totalement "per se" (en soi) par elle-même, libre de tout cela? Et étant libre de tout cela, elle est donc intelligence suprême. Et là où il y a compassion, amour et intelligence, alors l'action le comportement, la moralité sont de nature totalement différente, non liée au temps. Et il s'agit de vivre avec cela, et ne pas se contenter de mots. De vivre avec cet extraordinaire sentiment de profondeur et de passion avec cette intelligence.
1:07:31 Et nous devrions également parler ensemble de la mort. Etes-vous fatigués après tout ceci?
1:07:48 L'auditoire: Non.

K: Non? Pourquoi?
1:08:01 Vous dites non, mais pourquoi? Serait-ce que vous n'avez pas dépensé d'énergie? Votre énergie, pas celle de l'orateur. Votre énergie, en allant au tréfond de tout ceci. Il faut aller jusqu'au bout, sans s'arrêter en chemin. Cela demande une énorme énergie. Et nous gaspillons notre énergie. Et il s'agit d'approfondir la question suivante qui nécessite énormément d'énergie, au sujet de la nature de la mort. Le fait de mettre complètement fin à quelque chose. Il s'agit en fait de le découvrir, sans se borner à être d'accord ou pas ou dire: c'est sans espoir, ou encore: comment mettre fin à toutes choses en ce monde moderne, etc., etc. Mais si nous comprenons au plus profond la nature et la fin de quelque chose cela suscite une fantastique vitalité et énergie. Et il vous faut cette énergie pour méditer pour découvrir ce qu'est la vérité, ce qui est sacré et s'il existe quelque chose de permanent, d'intemporel, etc. Cela demande non seulement de l'énergie physique mais encore l'énergie de l'intelligence. L'intelligence n'est pas, comme nous l'avons souvent répété, l'énergie de la pensée. La pensée a été formidablement intelligente créant un ordinateur, construisant cette télévision ou le micro, les outils de guerre, de chirurgie et ainsi de suite. La pensée a été extraordinairement intelligente... Mais du fait qu'elle est née de la pensée, cette intelligence là est limitée. De même que tout tableau, toute sculpture, tout livre tout les poèmes, tous les dieux rassemblés sont encore limités. Et cette limitation est cause de conflit de guerre, de conflit entre nous, chacun de nous. Il s'agit donc de chercher, d'explorer la nature de la mort de voir son immensité, non seulement de la mort personnelle ou de celle d'un d'autre, mais de l'immensité de la mort, c'est-à-dire le fait de finir. Et si une telle fin a lieu, qu'y a-t-il alors? Et ainsi de suite.
1:12:16 Nous poursuivrons donc cela demain matin, si vous le voulez bien. Puis je me lever?