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BR84T3 - Mettre fin à toute souffrance, est-ce possible?
3e causerie
Brockwood Park, Angleterre
1er septembre 1984



1:59 Krishnamurti: May we go on where we left off last Sunday? We were talking about various problems of life, not technological problems, but human problems. Our psychological hurts, the wounds that one receives from childhood, which we carry throughout life; and these hurts prevent us from having real relationship with others. And these hurts bring about fear. We resist every form of further hurts, therefore we have to build a wall round ourselves, and thereby become more and more isolated, neurotic, and so on. We talked about that; that we have created an image for ourselves, about ourselves and these images, whether they are political, religious, or one’s own psychological images, that is subjective images, are the cause of these hurts. Those are the images that are hurt. Pouvons-nous reprendre là où nous en étions restés dimanche dernier? Nous parlions de divers problèmes de la vie non pas de problèmes technologiques mais de problèmes humains. Nos blessures psychologiques les blessures que l'on reçoit depuis l'enfance que nous portons tout au long de la vie; et ces blessures nous empêchent. d'avoir une véritable relation avec les autres. Et ces blessures engendrent la peur. Nous résistons à toute autre forme de blessure et construisons par conséquent un mur autour de nous devenant par là de plus en plus isolés, névrosés et ainsi de suite. Nous en avons parlé, à savoir que nous nous sommes créé une image de nous mêmes, et ces images, qu'elles soient politiques, religieuses ou simplement nos propres images psychologiques, images subjectives sont la cause de ces blessures. Ce sont ces images qui sont blessées.
3:54 And we talked about relationship – how important it is to have really good, healthy, rational, without any conflict between man and woman, and so on, and we went into that fairly deeply. Et nous avons parlé de la relation de combien il importe que celle-ci soit réellement bonne saine, rationnelle, dépourvue de tout conflit entre homme et femme, etc et nous avons vu cela assez profondément.
4:21 We talked about fear last Sunday and the whole problem of time. We said time is the movement of the past modifying itself in the present, and the future is what is now. So we said all time is contained in the present. If one could really deeply go into that question – the nature of time, the nature of thought and time is thought – we talked about that quite considerably. And if all the present, if all time is contained in the now, then what is change, is there any change then at all? And what is action? And what is also relationship when there is no tomorrow? Tomorrow and the further thousand tomorrows are contained in the present. And if there is no radical change in the present, the future is what we are now. We are, as we said, a whole accumulation of memories, we are memories gathered through thousands of experiences, knowledge from experience, and that knowledge is limited and therefore all knowledge, whether in the past, the present, or in the future, is always limited. And thought, which is also the response of memory, that thought is also limited. So we are going to enquire this morning several things like morality, justice, whether it is possible completely to end sorrow. And if there is time, we will also talk over together what is the nature, what does it mean to die? And also we would like to point out this is not an entertainment, intellectual, romantic, sentimental. This is not a propaganda by the speaker. He is not inviting you to any theory, to any ideology, to any form of persuasion. And also we would like to point out that he is not a guru and all that nonsense. Dimanche dernier nous avons parlé de la peur et de tout le problème du temps. Nous avons dit que le temps est un mouvement du passé se modifiant dans le présent, et que le futur est ce qui existe maintenant. Nous avons donc dit que tout temps est contenu dans le présent. Si nous pouvions réellement pénétrer en profondeur cette question de la nature du temps, de la pensée et voir que le temps est la pensée ce dont nous avons déjà parlé de façon assez exhaustive. Et si tout le présent, si tout le temps est contenu dans le maintenant qu'est-ce alors que le changement y a-t-il alors un quelconque changement? Et qu'est-ce que l'action? En qu'est-ce aussi que la relation quand il n'y a pas de demain? Demain et les milliers de demains qui se succèdent sont inclus dans le présent. Et en l'absence de changement radical dans le présent le futur est ce que nous sommes maintenant. Comme nous l'avons dit, nous sommes toute une accumulation de souvenirs, nous sommes les souvenirs accumulés à travers des milliers d'expériences le savoir découlant de l'expérience et ce savoir est limité, par conséquent tout savoir. qu'il se situe dans le passé, le présent ou le futur, est toujours limité. Et la pensée, qui est aussi réponse de la mémoire, est également limitée. Nous allons donc nous pencher ce matin sur plusieurs choses, telles que la moralité la justice, et voir s'il est possible de mettre totalement fin à la souffrance. Et, si nous en avons le temps, nous parlerons également ensemble de la nature, de ce que mourir signifie. Et nous voudrions également souligner que ceci n'est pas un divertissement intellectuel, romantique, sentimental. Ce n'est pas de la propagande diffusée par l'orateur. Il ne vous invite pas à partager une quelconque théorie une quelconque idéologie, une quelconque forme de persuasion. Et nous aimerions également souligner qu'il n'est pas un gourou, et toutes ces bêtises.
8:43 So we should talk over together, that is, you and the speaker, investigate together. And therefore when that investigation is true, deep and continuous, then it is your own, then it is nothing to do with the speaker. As we pointed out quite often, the speaker is merely a telephone and what he says is important – important in the sense that it covers the whole of our human existence, psychologically, subjectively, inwardly, and therefore if we could think together, explore together, take a long journey together, then that journey, that investigation is yours, therefore it is your own understanding, not the understanding of what K is talking about. That is very clear. Nous devrions donc discuter ensemble, c'est-à-dire chercher ensemble, vous et l'orateur. Et par conséquent, quand cette recherche est vraie profonde et continue elle vous appartient, elle n'a alors rien à voir avec l'orateur. Comme nous l'avons assez souvent indiqué, l'orateur n'est qu'un téléphone et ce qu'il dit est important, dans le sens où cela recouvre l'ensemble de notre existence humaine psychologiquement, subjectivement, intérieurement et par conséquent si nous pouvions penser ensemble, explorer ensemble entreprendre un long voyage ensemble, alors ce voyage cette investigation vous appartient et relève conséquent de votre propre compréhension il ne s'agit donc pas d'une compréhension de ce que dit K. C'est très clair.
10:08 Then we should talk about morality. The word ‘morality’ means behaviour, manner, habit according to any kind of culture, environment, and is there a morality that is not time-binding? Can we go along with this together? A morality that is not within the field of time. Our morality is relative. Our morality, which is habit, custom, manners, behaviour, all that is either born of thought, and thought being limited, therefore morality is limited, relative, or it is brought about through various cultures, environment, and so on. All that is relative and therefore in the field of time and thought. Are we together in this? And we are asking: is there a morality – which is action, manner, that is not within the area of time and thought? One thinks this is important to discover because on that is freedom. Freedom per se, for itself, not freedom from something. Ceci dit, nous devrions parler de la moralité. Le mot "moralité" ...signifie comportement manière, habitude découlant d'une certaine culture, d'un environnement, et existe-t-il une moralité qui ne nous rende pas tributaire du temps? Pouvons-nous avancer là-dessus ensemble? Une moralité qui ne relève pas du temps. Notre moralité est relative. Notre moralité est habitude coutume, manières, comportement. Ou tout cela est né de la pensée, et la pensée étant limitée la moralité est donc limitée, relative ou c'est engendré par diverses cultures par l'environnement et ainsi de suite. Tout cela est relatif et se situe donc dans le champ d'action du temps et de la pensée. Somme-nous ensemble ici? Et nous demandons: existe-t-il une moralité c'est-à-dire l'action, la manière qui ne relève pas du temps et de la pensée? Nous pensons qu'il est important de découvrir cela, car c'est là dessus que repose la liberté liberté "per se", en soi, et non liberté à l'égard de quelque chose.
12:26 So we ought to talk over that first, perhaps. What is freedom? Is freedom a reaction from bondage, from loneliness, from every form of depression, anxiety, loneliness, despair, and so on? If there is a reaction from those and you call that freedom, then that is not freedom, it is merely a response to a condition. Freedom implies also, as we understand it now, choice. We can choose to come here, or go there, choose between various jobs, functions and vocations. Choose whom you will marry, or not marry, and so on. Choice implies confusion. And choice is not freedom. Freedom is not a reaction to a condition. So is there such freedom? Are we together in this? I hope the tent is not too hot, or you are comfortably hot. C'est donc peut-être de cela qu'il faudrait d'abord parler. Qu'est-ce que la liberté? La liberté est-elle une réaction à l'égard d'une servitude de la solitude, de toutes les formes de dépression, d'anxiété, de solitude, de désespoir, etc.? S'il y a réaction à l'égard de ces choses et que vous appelez cela la liberté alors cela n'est pas la liberté, ce n'est qu'une réponse à un état. Dans son acception actuelle, la liberté implique également le choix. Nous pouvons choisir de venir ici, ou de nous rendre là-bas de choisir entre divers emplois, fonctions et vocations. Choisir qui vous épouserez ou n'épouserez pas et ainsi de suite. Le choix implique la confusion. Et le choix n'est pas la liberté. La liberté n'est pas une réaction à un état. Alors une telle liberté existe-t-elle? Sommes-nous ensemble ici? J'espère qu'il ne fait pas trop chaud dans la tente ou que vous avez raisonnablement chaud. (rires)
14:26 So this is really a very serious question one must ask of oneself: whether freedom is from bondage, or from the prison, which we have created for ourselves, away from the prison, and therefore it is still within the area of the prison. If one is in a prison, both physically and inwardly, subjectively, then the physical control, being enclosed within a certain area, and to escape from that one calls freedom. And psychologically, one has built a prison for oneself by one’s own desires, by one’s own anxieties, loneliness, and so on. And freedom from that is still within the area of that prison, psychological prison. Are we together? Therefore it is not freedom at all. So is there a freedom that is not a reaction, a freedom per se, for itself, not away from something, or from something? C'est donc là une question vraiment très sérieuse, qu'il faut se poser: Y a-t-il liberté à l'égard d'une servitude ou de la prison que nous nous sommes créée, loin de la prison et par conséquent elle relève toujours de la prison. Si l’on est dans une prison, tant physiquement qu'intérieurement, subjectivement le champ d'action physique étant alors circonscrit à un certain domaine on donne le nom de liberté au fait de s'en être échappé. Et psychologiquement, on s'est bâti une prison par ses propres désirs par ses propres anxiétés, sa solitude et ainsi de suite. Et la liberté à l'égard de cela se situe encore dans la zône de cette prison une prison psychologique. Sommes-nous ensemble? Par conséquent, ce n'est nullement la liberté. Alors existe-t-il une liberté qui ne soit pas une réaction une liberté "per se", en soi, non à l'écart ou par rapport à quelque chose?
16:15 So one must understand for oneself why we are always trying to escape or to rationalise, or to go beyond that which is. If one understands that which is, understand not merely intellectually, verbally, but see the depth of it, see the truth of it, the substance of it, the vitality of it, then observe, perceiving that and remaining with that, and explore into that movement, learning, not memorising – from that, if one goes very deeply, then there is freedom per se. Il faut donc comprendre par soi-même pourquoi l'on cherche toujours à fuir ou à rationaliser, ou à dépasser "ce qui est". Si l'on comprend "ce qui est", non seulement intellectuellement verbalement, mais en en voyant la profondeur, la vérité la substance, la vitalité, et puis en observant en percevant la chose et en demeurant avec elle, creusant ce mouvement en apprenant sans mémoriser si l'on creuse très profondément, on voit la liberté "per se".
17:27 Now, morality is still within the area of time and thought. I think we will agree to that. Depending on the countries, cultures, religious conditioning, national bondage, and so on. So that is a relative morality. Is there a morality that is totally free from all time and thought? Are we following this? Or is the speaker talking to himself? And to find such – or to discover it, or to live with that sense of timeless morality, morality not put together by thought and therefore limited, relative, passing, and to go into that very deeply, as we said, time must be understood, the nature of time. Time is a series of events and movements. Now time is also the whole accumulation of 40,000 years, or 50,000 years of human existence on this earth with all their experiences – racial, tribal, religious, fears and so on, all that is the past, the tradition. And that past is now operating, working, which is the past is conditioning us. And the future, the tomorrows, is the continuation of the past, modified, but it still has its roots in the past. And if there is no radical, fundamental change now, the tomorrows will still be what is now. So the tomorrow is now. The future is now – right? I think it is fairly simple to understand this. We have lived on this earth, according to the biologists and scientists, for 50,000 years, more or less. We are supposed to have evolved through that time, through that long duration of time, both physically, biologically, and also all the content of our consciousness. And during this long period of time we still remain very primitive, barbarous, cruel, destructive, wars. So we have changed very, very little because we are still violent, appallingly violent – terrorists, wars, all the things that are going on in the world today. And this has been going on for 50,000 years, more or less. Perhaps we didn’t kill a million people with one bomb. We killed another with a cudgel, an arrow, but still, the killing instinct of other human beings is still with us. So we are, after all this long evolution, we are still barbarians. And we shall remain barbarians – I am using that word, one is using that word in the real sense, not in the Roman sense. The Roman sense was, anybody in the ancient Rome was no good, who does not belong to the Roman Empire, or who didn’t speak Latin, and so on. We are using that word ‘barbarous’ in the sense that we are extraordinarily primitive, self-centred, amazingly violent, incredibly violent and brutal – in our gesture, in our words, and so on. We are still tribalists – the British, the French, the Indian with their divisions of Sikh and all the rest of it. And if we are that now after centuries of evolution, we will be still that in the tomorrows. So the future is now. Right? Actuellement, la moralité se situe encore dans le domaine du temps et de la pensée. Je pense que nous serons d'accord là-dessus. Selon les pays, les cultures le conditionnement religieux, les contraintes nationales etc. C'est donc là une moralité relative. Existe-t-il une moralité qui soit totalement libre de tout temps et de toute pensée? Suivons-nous ceci? Ou l'orateur parle-t-il tout seul? Et pour découvrir cela, ou pour vivre avec cette sensation de moralité intemporelle, de moralité non induite par la pensée donc limitée, relative, éphémère, pour pénétrer cela très à fond il faut, comme nous l'avons dit, que la nature du temps soit comprise. Le temps est une série d'événements et de mouvements. Mais le temps est aussi toute l'accumulation de 40 ou 50.000 ans d'existence humaine sur cette terre avec tout ce que cela comporte d'expériences, raciales tribales, de peurs religieuses etc., tout cela est le passé, la tradition. Et ce passé agit, travaille actuellement, c'est le passé qui nous conditionne. Et le futur - les lendemains - est la continuation du passé modifié, mais qui a toujours ses racines dans le passé. Et si aucun changement radical, fondamental, ne se produit maintenant les demains ne différeront pas du maintenant. Donc demain est maintenant. Le futur est maintenant, d'accord? Je pense que ceci est assez simple à comprendre. D'après les biologistes et les scientifiques, nous existons sur cette terre depuis 50.000 ans, plus ou moins. Nous sommes supposés avoir évolué pendant ce temps au cours de ce long laps de temps, tant physiquement biologiquement, que sur le plan de tout le contenu de notre conscience. Et malgré ce long laps de temps nous demeurons toujours très primitifs barbares, cruels, destructeurs (les guerres). Donc nous avons très, très peu changé parce que nous sommes encore violents affreusement violents - les terroristes, les guerres toutes ces choses qui ont lieu dans le monde d'aujourd'hui. Et cela fait 50.000 ans, plus ou moins, que cela dure. Peut-être ne tuait-on pas un million de personnes avec une seule bombe. On s'entretuait avec un gourdin, une flèche, mais l'instinct meurtrier est toujours en nous. Donc au terme de cette longue évolution, nous sommes toujours des barbares. Et nous demeurerons des barbares, et je me sers de ce mot nous nous servons de ce mot dans son sens réel et non dans son sens romain. Dans la Rome antique, il s'appliquait à ceux qui étaient mauvais qui ne relevaient pas de l'empire romain ou ne parlaient pas le latin et ainsi de suite. Nous nous servons du mot "barbare" pour signifier que nous sommes extraordinairement primitifs centrés sur soi étonnamment violents incroyablement violents et brutaux dans nos gestes, nos paroles et ainsi de suite. Nous sommes toujours tribaux: le Britannique, le Français l'Indien avec sa propre division en Sikh, et tout le reste. Et si nous sommes actuellement ainsi après des siècles d'évolution nos lendemains nous verront encore ainsi. Donc le futur est maintenant. N'est-ce pas?
23:53 And is it possible to change now, completely, without the concept, the idea of tomorrow? And if there is such fundamental timeless change, that is true freedom. And when there is freedom of such a kind there is no fear and therefore there is no... all the invention of gods and rituals and all that disappears. Alors, est-il possible de changer maintenant, complètement sans le concept, l'idée de demain? Et s'il se produit un tel changement fondamental et intemporel, c'est là la véritable liberté. Et quand existe une liberté de cette sorte, il n'y a pas de peur, et donc toutes ces inventions de dieux et de rituels, tout cela disparaît.
24:43 And we ought also to talk over together: what is suffering? Why human beings, who are technologically so vastly advanced, so capable, both intellectually and physically, why after all these years and centuries, why we have not ended sorrow. We all suffer – from the most highly sophisticated individual to the most primitive person, uneducated, and so on. We all suffer for various reasons – suffering from lack of food, from lack of clothes, and so on, in that physical sense. And there are thousands and millions of people in India and elsewhere who have very little to eat. And also there is the suffering of millions of people through wars: what is happening in North Ireland, Lebanon, and so on, Afghanistan and India. And that suffering of wars, of thousands and thousands of years ago, wars continue. And those wars have created immense suffering for mankind. And also there is suffering if one loses one’s friend, one's... with whom one has lived for many years. And also there is suffering of not fulfilling, not achieving, not becoming, and so on. So there is the vast human suffering of which we are. That suffering has existed for thousands of years. And also there is personal suffering, the limited suffering. We don’t think that is limited suffering Et nous devrions également parler ensemble de ce qu'est la souffrance. Pourquoi les êtres humains, si avancés techniquement, si capables à la fois intellectuellement et physiquement après tant d'années, tant de siècles de souffrance pourquoi n'ont-ils pas mis fin à la souffrance? Nous souffrons tous, de l'individu extrêmemement sophistiqué à la personne la plus primitive, privée de culture etc. Nous souffrons tous pour diverses raisons souffrance par manque de nourriture par manque de vêtements et ainsi de suite, sur le plan physique. Et il y a des milliers, des millions de gens, en Inde et ailleurs, qui ont très peu à manger. Il y a également la souffrance de millions de gens due aux guerres: voyez ce qui se passe en Irlande du Nord, au Liban en Afghanistan, en Inde. Et cette souffrance due aux guerres remonte à des milliers et des milliers d'années, et les guerres continuent. Et ces guerres ont été pour l'humanité cause d'une immense souffrance. Et il y a également la souffrance de celui qui perd son ami quelqu'un avec qui il a vécu de nombreuses années. Et il y a la souffrance due à ce qu'on ne peut accomplir, réaliser devenir et ainsi de suite. Il y a donc la vaste souffrance humaine dont nous faisons partie. Cette souffrance existe depuis des milliers d'années. Il y a aussi la souffrance personnelle, la souffrance limitée. Nous ne pensons pas que c'est là une souffrance limitée
28:16 because it is ours: my suffering. So what is the cause of suffering? Why haven’t we resolved it after such a long duration of time? Are we at all aware of this great suffering of humanity? And also this suffering of each one of us? And when we become aware it is a great shock, something that nearly paralyses one. All suffering makes one’s own outlook narrow, petty, very destructive. And why is it that we have not solved this question? parce que c'est la nôtre: ma souffrance. Quelle est donc la cause de la souffrance? Pourquoi ne l'avons-nous pas résolue après un si long laps de temps? Sommes-nous tant soit peu conscients de cette grande souffrance de l'humanité? Et également de la souffrance de chacun d'entre-nous? Et quand on en prend conscience, on en ressent un grand choc on en est presque paralysé. Toute souffrance rétrécit notre regard sur les choses le rend mesquin, très destructeur. Et pourquoi n'avons-nous pas résolu cette question?
29:25 Christians have avoided this question. The Hindus, including the Sikhs and all those tribal divisions, or religious divisions, they have explanations as Karma, that is, what you do you sow, and so on. Everyone has some kind of explanation for suffering. But the explanations, the causes of suffering, if we merely explain it, put it into words, as we shall presently, knowing that the words are not this feeling, the actuality of pain, so the word is not the thing. The explanation, the description are not the actual. So if we are caught in the words, then we shall not be able to understand the substance, the quality, the depth of suffering. So first, can we be free of words? This is important because words condition our thinking. Words like Communist, or Socialist, and so on, they have already... those words have certain significance, and we accept those significances, and thus we are conditioned by words. Sir, please, would you kindly let me finish the talk. We asked last Tuesday and Thursday, we answered many of the questions that have been given, not all the questions because that would be impossible. There were two or three hundred questions. That would take perhaps several weeks. We can’t sit here for several weeks at least. We can’t. Les Chrétiens ont évité cette question. Les Hindous, y compris les Sikhs, et toutes ces divisions tribales ou divisions religieuses, expliquent cela par le karma c'est-à-dire que ce que vous faites vous le semez et ainsi de suite. Chacun a sa propre explication de la souffrance. Mais les explications, les causes de la souffrance si nous nous contentons de les expliquer de les mettre en paroles, comme nous allons le faire sachant que les mots ne sont pas le sentiment, la réalité de la douleur, donc le mot n'est pas la chose. L'explication, la description ne sont pas le réel. Donc si nous sommes pris dans les mots, alors nous ne serons pas capables de comprendre la substance, la qualité, la profondeur de la souffrance. Alors, peut-on d'abord être libéré des mots? C'est important, parce que les mots conditionnent notre façon de penser. Des mots tels que "communiste" ou "socialiste" et ainsi de suite revêtent déjà une certaine signification et nous admettons celle-ci et ainsi sommes conditionnés par les mots. (Interruption par un auditeur)

K: Monsieur voudriez-vous bien me laisser terminer la causerie. Mardi et jeudi derniers nous avons répondu à de nombreuses questions qui ont été posées, non pas à toutes, parce que cela aurait été impossible. Il y avait 2 ou 300 questions. Cela nous aurait probablement pris plusieurs semaines. Nous ne pouvons rester ici pendant plusieurs semaines. En tous cas...pas nous. (rires)
32:14 Q: But you were talking about suffering and being irritated. It is suffering, isn’t it?

K: What, sir?
Auditeur: mais vous parliez de la souffrance et du fait d'être irrité. C'est bien de la souffrance, n'est-ce pas?

K: Comment Monsieur?
32:22 Q: Talking about suffering and getting annoyed, irritated about suffering.

K: Sir, would you mind, you ought to have put this question the other day. So if you will kindly forgive me, I will go on with what I want to say. I hope you don’t mind.
Auditeur: Il s'agit de la souffrance et du fait d'être agacé irrité à propos de la souffrance.

K: Permettez Monsieur vous auriez dû poser cette question l'autre jour. Donc si vous voulez bien m'excuser, je vais poursuivre ce que j'ai à dire. J'espère que cela ne vous fait rien. Il y a cette souffrance.
32:47 There is this suffering. Does the word like ‘fear’ bring fear? The word itself. Or is fear free from the word? Like love. That is a word, but that word is not the actual. So the word ‘suffering’, does it shape our thinking? Therefore one has to be very careful, if one may point out, that we are not a slave to words, which is quite difficult. Father, mother, wife, husband. Those words have tremendous significance. And we are – those words shape our thinking. Words have immense power, either destructive, or words that have to be understood, the depth of it, the meaning of it, the quality of it, the tonality of it. Le mot "peur" engendre-t-il la peur? Le mot lui-même. Ou bien la peur est-elle libre par rapport au mot? De même pour "amour". C'est un mot. Mais ce mot n'est pas la réalité. Alors le mot souffrance façonne-t-il notre manière de penser? Par conséquent, s'il m'est permis, il faut prendre bien garde à ne pas être esclave des mots, ce qui est difficile. Père, mère, femme, mari. Ces mots ont une puissante signification. Ces mots façonnent notre pensée. Les mots ont un pouvoir immense, soit destructeur soit que ces mots doivent être compris, leur profondeur leur signification, leur qualité, leur tonalité.
34:32 So we are not dealing with explanations, descriptions, or the words that can entangle us. We are trying – we are, not trying, actually – we are endeavouring, going into the question of what is suffering. Nous ne nous occupons donc pas d'explication, de description ni de mots susceptibles de nous embrouiller. Nous essayons... non, en fait nous nous efforçons d'approfondir ce qu'est la souffrance.
35:07 When we suffer there is intense pain, not only physical pain, but the subjective, psychic, inward pain. That pain acts on the nerves, our whole thinking is a process of shrinking. And it awakens us to a sense of desperate loneliness. We are saying facts, not imaginative statements: facts. What is. And that sense of shock, sense of loneliness, brings the urge to find some comfort, a sense of wanting to be helped. Don’t you go through all this? And the desire to be helped is one of the causes of suffering. You understand? We are always seeking help. That is why most of you probably are here. We want to be helped with our problems, with our secret desires conflicting, with our secret longings, and so on, which causes pain, discomfort, a sense of annoyance, and so on. And we want to be helped. When we want to be helped from another, whether it be the priest, the psychiatrist, and so on, we then become dependent, we then become attached to that dependence. And that is one of the basic causes of suffering. Right? Please, this is important to understand because all our gods, our prayers, and so on, are the demands of every human being throughout the world, seeking help. And therefore when one is being helped one becomes weak. If you are constantly depending on some kind of drug, pill to escape from suffering, pain, then you become more and more and more dependent on those drugs, pills, doctors. I hope there are no doctors here. If there are, we need doctors, but we are talking about dependence. And we are saying that where there is dependence there is attachment. And attachment is one of the causes of sorrow. When I am attached to my wife, to a building, to some ideological concepts, I am attached to it, I cannot live without them. They mean so much to me. My God, my faith, my belief, my ritual. If I depend on all those, and when they are questioned, like they should be questioned, when somebody becomes sceptical about all that, then you suffer. So can there be total freedom, not a reaction, from all kinds of attachments? Attachment is to the memories of pleasure – are you following? – sexual pleasure, attachment to it, holding on to it. And the pleasure of power, the pleasure of knowledge, and being attached, holding on to that as though there were something concrete. And where there is this attachment there must be sorrow. Quand nous souffrons, il y a une douleur intense non seulement physique, mais subjective, psychique, intérieure. Cette douleur agit sur les nerfs, tout notre processus de penser se contracte. Et cela éveille en nous un sentiment de solitude désespérée. Il s'agit de faits et non de déclarations imaginaires, de faits. Ce qui est. Et ce sentiment de choc, ce sentiment de solitude suscite un ardent besoin de réconfort un désir d'être aidé. N'éprouvez-vous pas tout cela? Et le désir d'être aidé est une des cause de souffrance. Comprenez-vous? Nous cherchons continuellement de l'aide. C'est probablement pourquoi la plupart d'entre vous êtes ici. Nous voulons être aidés avec nos problèmes, nos désirs secrets conflictuels nos aspirations secrètes et ainsi de suite, ce qui cause douleur inconfort, agacement et ainsi de suite. Et nous voulons être aidés. Quand on veut être aidé par un autre, qu'il s'agisse du prêtre du psychiatre et ainsi de suite, on devient alors dépendant on devient alors attaché à cette dépendance. Et c'est là une des causes fondamentales de la souffrance. N'est-ce pas? S’il vous plaît, il est important de comprendre cela, car tous nos dieux nos prières et ainsi de suite résultent des exigences de chaque être humain de par le monde qui cherche de l'aide. Et par conséquent, quand on reçoit de l'aide, on s'affaiblit. Si vous dépendez continuellement d'un certain médicament, d'une pilule pour échapper à la souffrance, à la douleur vous devenez alors de plus en plus dépendants de ces médicaments, de ces pilules, de ces médecins. J'espère qu'il n'y a pas de médecins ici. (Rires) S'il y en a, nous avons bien besoin de médecins, mais c'est de la dépendance qu'il s'agit. Et nous disons que là où il y a dépendance, il y a attachement. Et l'attachement est une des causes de la souffrance. Quand je suis attaché à ma femme à un bâtiment, à un certain concept idéologique j'y suis attaché et ne puis vivre sans ces choses. Elles représentent tant pour moi. Mon Dieu, ma foi, ma croyance, mon rituel. Si je dépends de toutes ces choses et qu'elles sont mises en doute comme elles devraient l'être lorsque quelqu'un devient sceptique à leur sujet, alors vous souffrez. Alors, peut-il y avoir une liberté totale qui ne soit pas une réaction, à l'égard de toute forme d'attachement? Attachement aux souvenir du plaisir, suivez-vous? Attachement au plaisir sexuel, auquell on se cramponne. Et au plaisir du pouvoir, au plaisir du savoir, et y être attaché s'y accrocher comme s'il s'agissait là de choses concrètes. Et là où il y a cet attachement, il y a inévitablement souffrance. Et pourquoi sommes-nous attachés?
41:04 And why are we attached? We are questioning. We are enquiring into this. We are not saying you must not, or you must. The speaker has no ‘must’ or ‘don’t’ – it is up to you. And we are asking: in attachment there is desire, and what is desire in all that? Perhaps if we have time we will go into it. So can we, knowing the nature of time, that is tomorrow is now, and if we... there is no ending of attachment, tomorrow will be still – we will still be attached, therefore we will still be suffering – you understand? Nous posons une question. Nous entreprenons une recherche à ce sujet. Il n'y a pas de "il faut", ou de "il ne faut pas". L'orateur exclut les mots "il faut" ou "il ne faut pas". C'est votre affaire. Et nous demandons: l'attachement comportant le désir, qu'est-ce que le désir dans tout cela? Nous aborderons peut-être cela si nous en avons le temps. Alors, connaissant la nature du temps à savoir que le demain est maintenant s'il n'est pas mis fin à l'attachement, demain nous serons toujours attachés et par conséquent nous souffrirons toujours, vous comprenez? Alors, l'attachement peut-il connaître une fin instantanée?
42:20 So is there an instant ending of attachment? Not allowing time to enter into the ending of it. Time is continuity. Right? And the gradual process of time is, ‘I will gradually get rid of attachment, gradually become non-violent’, because all that stuff is nonsense. So suffering is synonymous with attachment. And we are attached because we are so lonely; we are nothing in ourselves. We depend on books, paintings, on other people’s knowledge. The whole religious world is based on other people’s experience and experience is always limited, but they have become sacred. One doesn’t know why but they have become sacred. A printed thing is never sacred! What you – one hasn’t got to go into all that. Sans que le temps puisse intervenir dans ce processus? Le temps est la continuité. N'est-ce pas? Et le processus graduel du temps, c'est: "je me débarrasserai graduellement de l'attachement je deviendrai graduellement non violent"; tout cela est absurde. Donc la souffrance est synonyme de l'attachement. Et nous sommes attachés parce que nous sommes dans une telle solitude; nous ne sommes rien en nous-mêmes. Nous dépendons de livres, de peintures, du savoir des autres. Le monde religieux tout entier est basé sur l'expérience des autres et l'expérience est toujours limitée, mais tout cela est devenu sacré. On ne sait pas pourquoi, mais c'est devenu sacré. La chose imprimée n'est jamais sacrée! inutile d'aborder tout cela. Et la souffrance vient aussi quand il y a recherche centrée sur soi, d'accord?
44:15 And suffering also, suffering comes when there is self-centred pursuit – right? – because self-centredness, egotism, selfishness, is very, very limited. It is always living in a small little area of one’s brain. The brain has extraordinary capacity, as you see it in the technological world. Immense capacity, limitless capacity. And when we are self-concerned, as most people are, – sorry – the self-concern is very limited and therefore it brings conflict. Anything that is limited must inevitably bring conflict. When we say, British, French, Indian, American, Russian, it is all just very limited geographically, nationally, it is a form of tribalism. And that is why wars – one of the reasons of war is this limitation. So attachment to a person, a concept, an image, to some form of knowledge must inevitably bring trouble, disturbance, sorrow with its pain. And also where there is this self-centred outlook on life, life being so extraordinarily vast, that limited outlook, that limited way of living must inevitably bring sorrow. And is there an ending to sorrow? Completely ending. Because without ending sorrow there is no love. So we should consider, go into the question of what is to end. The finality, the ending of something, not the continuation in a modified form of what has been, or what is. car l'égocentrisme, l'égoïsme, c'est très, très limité. C'est le fait de toujours vivre dans une très petite zone de son cerveau. Le cerveau a une aptitude extraordinaire comme cela se voit dans le monde technologique. Une aptitude immense, une capacité sans limite. Et quand on se soucie de soi-même comme c'est le cas chez la plupart des gens... (quinte de toux) pardon ce souci de soi est très limité, et donc source de conflit. Tout ce qui est limité engendre inévitablement le conflit. Quand on dit "Britannique, Français, Indien,... Américain, Russe", tout cela est très limité sur le plan géographique national, c'est une forme de tribalisme. Et une des causes de la guerre est cette limitation. Donc l'attachement à une personne, à un concept à une image, à un savoir quelconque est inévitablement source de perturbation de souffrance avec la douleur qui en résulte. En outre, quand il y a ce regard égocentrique sur la vie vie si extraordinairement vaste, ce regard limité cette façon limitée de vivre ne peut qu'engendrer inévitablement la souffrance. Et y a-t-il une fin à la souffrance? Une fin totale. Car il n'y a pas d'amour sans la fin de la souffrance. Nous devrions donc examiner, voir ce que finir signifie. La finalité, la fin de quelque chose pas la continuation sous une forme différente de ce qui a été ou de ce qui est.
47:44 So what is ending? Ending immediately a habit, a manner – ending. Not, ‘If I end this, what will I get from that?’ – you understand? Are you interested in all this? Really? Or is it just a form of amusement? Qu'est ce donc que finir? Finir immédiatement une habitude, une manière, y mettre fin. Et non "si je mets fin à ceci, qu'est-ce que j'en retirerai", vous comprenez? Tout ceci vous intéresse-t-il? Vraiment? Ou n’est-ce qu’une forme d’amusement?
48:26 Have you ever really enquired what it is to end? Have you gone into that question of terminating something and discovering what happens after if you end? Isn’t that death? We will come to that presently. Vous êtes-vous jamais demandé ce que finir signifie? Avez-vous vraiment approfondi cette question: terminer quelque chose et découvrir ce qui se passe si vous y mettez fin? N'est-ce pas là la mort? Nous y viendrons dans un instant.
49:08 So we are saying, where there is suffering there is no love. And is it possible to end all sorrow? You might say what effect has that ending of sorrow; if one is free from that sorrow completely, then what effect has that on the world, on the majority of people? That is the usual question one asks. Isn’t that a rather unreasonable question? First, end it and see what happens. Not say, ‘If I do this, what effect will it bring about?’ One feels that is a way of escape. One person has affected the world. Right? One leader in a war, from the most ancient of times till now, they have affected the world. One or two propagandists in Christianity have affected the world – Peter and Paul. One person, like the Buddha, has affected the whole of the Asiatic world. He didn’t ask the question: ‘If I do this will it affect mankind?’ – that’s such an absurd question! Forgive me if I use that word. So when there is an ending of sorrow there is love. And then we have to ask: what is love? That word, like every other good word, has been spoilt. Is love desire? Is love pleasure? Is love a movement of thought? And time? One can ask these questions, the speaker is asking that question, but the asking of that question... if one doesn’t remain with the question, with the words, then we can go into it very deeply. We asked if love is desire. To us it is, love is pleasure, love is something possessive, power, position, status. So we ought to consider together, first, what is desire. Perhaps some of you, if you will kindly accept what the speaker is saying, have heard this word, the explanation of what is desire, and perhaps you say, ‘Yes, get on with it’. But to find out for oneself very deeply the nature and the structure of desire, and see its relationship in life, and find out why human beings throughout the world are driven by that, in various ways, for power, for position, you know, all the rest of it. Desire, that extraordinary energy. The desire to go to the moon and how they worked at it! 300,000 people probably worked at that one project, to go to the moon. And then put a silly flag up there. No, sir, if the British put their flag up there, it would be still silly. Donc nous disons que là où il y a souffrance, il n'y a point d'amour. Et est-il possible de mettre fin à toute souffrance? Vous pourriez demander: quel effet produit cette fin de la souffrance si l'on est complètement délivré de cette souffrance alors quel en sera l'effet sur le monde, sur la majorité des gens? C'est la question que l'on pose habituellement. N'est-ce pas là une question plutôt déraisonnable? Finissez d'abord et voyez ce qui se passe. Ne dîtes pas: "si je fais ceci quel effet cela aura-t-il?" On a le sentiment que c'est une forme de fuite. Une personne a pu affecter le monde. N'est-ce pas? Un seul leader d'une guerre a depuis des temps les plus anciens jusqu'à nos jours affecté le monde. Un ou deux missionnaires de la chrétienté ont affecté le monde: Pierre et Paul. Une personne telle que le Bouddha a affecté l'ensemble du monde asiatique. Elle ne s'est pas posé la question: "si je fais ceci, cela affectera-t-il l'humanité?" Quelle question absurde! Excusez-moi de me servir de ce mot. Ainsi, quand il y a fin de la souffrance, il y a amour. Et nous devons alors demander: qu'est-ce que l'amour? Comme tout bon mot, ce mot a été abîmé. L'amour est-il désir? L'amour est-il plaisir, L'amour est-il un mouvement de la pensée? Et de temps? On peut poser ces questions, l'orateur pose celle-ci mais...si l'on ne s'arrête pas au niveau de la question des mots, on peut alors pénétrer celle-ci très profondément. Nous avons demandé si l'amour est désir? Pour nous il l’est, l'amour est plaisir l'amour est quelque chose de possessif un pouvoir, une situation, un statut. Nous devrions donc d'abord examiner ensemble ce qu'est le désir. Ceux d'entre vous qui sont disposés à admettre ce que dit l'orateur ont peut-être entendu ce mot, l'explication de ce qu'est le désir et peut-être diront-ils: "Oui, poursuivez". Mais il s'agit d'abord de découvrir par soi-même, très en profondeur la nature et la structure du désir, et voir quel est son rapport à la vie et découvrir pourquoi les êtres humains de par le monde sont menés par cela de diverses manières, visant le pouvoir, la situation, et tout le reste. Le désir, cette énergie extraordinaire. Le désir de se rendre sur la lune et la façon dont ils y ont travaillé! 300,000 personnes ont probablement travaillé sur ce seul projet de se rendre sur la lune. Et pour y planter un stupide drapeau. (Rires) Non, Monsieur. Si les Britanniques avaient planté leur drapeau là-haut, ce serait tout aussi stupide.
54:48 So what is desire? Look at it yourself. Why is it that we are so – we are slaves to desire. The various religions in the world have said desire must be eliminated, or one must transcend it, or that desire must be concentrated on a figure, on a symbol. Suppress every other desire except the search for God. The monks have been doing this for centuries. But desire is a flame. You can’t burn it out. You can’t put it out. It is there. You can have desire for something noble, and so on. It is still desire. And desire is causing havoc in the world. Each person desires his own way of living, his own way of thinking, and so on. That is so obvious. Qu'est-ce donc que le désir? Examinez cela vous-mêmes. Nous sommes esclaves du désir. Les diverses religions du monde ont dit que le désir doit être éliminé ou doit être transcendé ou que le désir doit être concentré sur un personnage, sur un symbole. Réprimez tout désir autre que celui d'une quête de Dieu. Les moines font cela depuis des siècles. Mais le désir est une flamme. Il ne peut être consumé. Il ne peut être éteint, il est là. On peut avoir le désir de quelque chose de noble et ainsi de suite. C'est encore le désir. Et le désir fait des ravages dans le monde. Chacun désire sa propre façon de vivre sa propre façon de penser et ainsi de suite. C'est tellement évident.
56:43 So we must understand very deeply, not intellectually, but profoundly, what is desire. Not escape from it, not rationalise it, not find a substitute for it, but what is desire? Desire is born out of sensation. Physical sensation. Sensation of perception, seeing, visual seeing, the hearing, the tasting – those are all the reactions from any sensation. Those are normal healthy sensations. And we have tried to suppress those natural sensations by fasting, discipline, by attributing – all that, or turning all that energy towards a particular object, and so on. So out of desire – out of sensation there is desire. That’s obvious. That doesn’t need further explanation. One sees a thing in the window, a blue shirt, or a nice dress; the perception – going inside and touching it, and sensation and then desire to own it, or not to own it. Right? It is as simple as that. And what makes – how does that desire arise out of sensation? You understand? You see something beautiful, a woman or a man, or some beautiful dress or a car, or something, and there is sensation. Then what takes place? Then thought creates out of that sensation the image of you owning that car or that shirt. When thought creates the image out of sensation, at that second desire is born – right? Can we go along with this? Do you refute that? That is, I see a beautiful thing, a beautiful picture, or a statue, or a woman, or whatever it is. We are not discussing what is beauty, that is a different matter. And there is sensation immediately. Then thought says, ‘I wish I had that’. Thought then says, ‘I will get into the car and drive’ – you understand? Then desire is born. Il faut donc comprendre très en profondeur pas intellectuellement, mais profondément, ce qu'est le désir. Sans le fuir, sans le rationaliser sans lui trouver de substitut, mais voir ce qu'est le désir. Le désir est né de la sensation. La sensation physique. La sensation de la perception, de la vision optique de l'ouie, du goût; ce sont là toutes des réactions nées de sensations. Ce sont là des sensations normales, saines. Et nous avons essayé de réprimer ces sensations naturelles par le jeûne par la discipline, en attribuant tout cela ou plutôt en dirigeant toute cette énergie sur un objet particulier, etc. Le désir émane donc de la sensation. C'est évident. Ceci ne demande pas davantage d'explications. On voit une chose dans la vitrine, une chemise bleue, ou une belle robe; il y a perception, on entre dans le magasin et on la palpe d'où sensation, puis désir de la posséder ou ne pas la posséder. N'est-ce pas? C'est aussi simple que cela. Et... comment ce désir émane-t-il de la sensation? Vous comprenez? Vous voyez quelque chose de beau, une femme ou un homme ou une belle robe, ou une voiture, ou autre chose, et il y a sensation. Que se passe-t-il alors? Alors, à partir de cette sensation la pensée crée l'image de vous possédant cette voiture ou cette chemise. Quand la pensée crée l'image à partir de la sensation à cet instant même le désir est né. N'est-ce pas? Pouvons-nous être d’accord là-dessus? Le réfutez-vous? Ainsi je vois quelque chose de beau un beau tableau, une statue, une femme, ou ce que vous voudrez. Nous ne discutons pas de ce qu'est la beauté, c'est là un autre sujet. Et il se produit aussitôt une sensation. La pensée dit alors: "Si je pouvais avoir cela". Ensuite la pensée dit: "je vais entrer dans l'auto et la conduire", vous comprenez? Ainsi naît le désir.
1:00:45 Now, just a minute. So the question is: is it possible for sensation and thought, not to immediately – for thought to immediately give shape to sensation? You understand? Do we understand what it is? That is, to have a gap. If one has – we will use the word ‘time interval’ between sensation and thought creating an image out of that sensation, if there is a little space between the two, then desire becomes something entirely different. You understand? So that requires extraordinary attention, extraordinary awareness of the sensation, and the image immediately being formed, so that there is an interval. And you can then extend the interval, not suppress it, not try to transcend it, not try to escape from it. When you understand something very deeply it becomes very simple. A mechanic, to him it is very simple, the whole motor, but to us it is rather complicated. But if we see this, it becomes extraordinarily simple. Then there is no conflict between desires. Right? Maintenant, un instant. La question est donc celle-ci: la... pensée peut-elle ne pas immédiatement donner forme à la sensation? Vous comprenez? Comprenons-nous à quoi cela revient? A avoir un intervalle. Si l'on a, mettons, un intervalle de temps entre la sensation et la pensée qui crée une image de cette sensation, s'il y a un petit espace entre les deux, le désir prend alors un tout autre caractère. Vous comprenez? Mais ceci demande une attention extraordinaire une conscience aiguë de la sensation et de l'image qui se forme aussitôt, pour qu'il y ait un intervalle. Et l'on peut alors prolonger l'intervalle sans réprimer, ni chercher à transcender, ou à fuir la chose. Quand on comprend quelque chose très à fond, elle devient très simple. Pour un mécanicien, un moteur est une chose très simple alors que pour nous, c'est assez compliqué. Mais si nous voyons ceci, la chose devient extraordinairement simple. Il n'y a alors aucun conflit entre les désirs, n'est-ce pas?
1:02:53 So we are saying, asking: is love desire? You answer that question for yourself. Desire, we said, is sensation, and thought giving shape to that sensation. The remembrance of pleasure, and the demand for that pleasure, more and more and more. So is love pleasure? Is love jealousy? Possessiveness, attachment, fear? Or is love something totally – please just listen to it – totally outside the brain? The brain is the response, is the centre of all response of nerves, thought, emotions, reactions. One doesn’t have to go to the brain specialist. This is so obvious. And if love is within the centre of that, which is conflict, pain, desire, anxiety, all the nervous responses, then how can love exist there? And if it – if all that is free, you wouldn’t even ask whether it is outside or inside. You understand? And what is the nature of compassion? The word itself – passion for all, and all that business. What is compassion? Is compassion pity, sympathy? Compassion, helping the poor? We are examining the word, the meaning, the significance of that extraordinary word. Where there is suffering and the ending of that suffering is passion. You understand? Passion. And with the ending of that suffering there is passion. And is that passion part of compassion? You understand? Can there be compassion if one is attached to one’s religion, one’s guru, one’s beliefs, anchored in a particular sect, in a particular belief? You understand? I am asking. Or is compassion something that is entirely per se, for itself, free from all that? And being free from all that, therefore it is supreme intelligence. And where there is compassion, love and intelligence then action, behaviour, morality, is entirely different, it is not then time-binding. And to live with that, not just words. To live with that extraordinary sense of depth and passion, with that intelligence. Nous demandons à présent: l'amour est-il désir? Répondez à cette question vous-mêmes. Le désir, nous l'avons dit, est sensation et la pensée qui donne forme à cette sensation. Le souvenir du plaisir et le fait d'exiger ce plaisir encore, encore et toujours. Alors l'amour est-il plaisir? L'amour est-il jalousie? Possessivité, attachement, peur? Ou bien l'amour est-il une chose absolument... - contentez-vous d'écouter - absolument extérieure au cerveau. Le cerveau est la réponse ou plutôt le centre de toute réponse nerveuse: pensées, émotions, réactions. Inutile de se rendre chez le spécialiste du cerveau. C'est tellement évident. Et à supposer que l'amour se trouve au centre de cela c'est-à-dire du conflit, de la douleur, du désir, de l'anxiété de toutes les réponses nerveuses dès lors comment l'amour peut-il exister à ce niveau? Et si c'est si tout cela est libre, vous ne poseriez même pas la question de savoir si c'est extérieur ou intérieur. Vous comprenez? Et quelle est la nature de la compassion? Le mot lui-même: passion pour toute chose, et tout cela. Qu'est-ce que la compassion? La compassion, est-ce la pitié, la sympathie? La compassion, venir en aide aux pauvres? Nous examinons le mot le sens, la signification de ce mot extraordinaire. Là ou il y a souffrance, la fin de cette souffrance est la passion. Vous comprenez? La passion. Et la fin de cette souffrance s'accompagne de passion. Et cette passion fait-elle partie de la compassion? Vous comprenez? Peut-il y avoir compassion si l'on est attaché à sa religion, à son gourou à ses croyances, si l'on est ancré dans une certaine secte, une certaine croyance? Vous comprenez? Je pose la question. Ou la compassion est-elle totalement "per se" (en soi) par elle-même, libre de tout cela? Et étant libre de tout cela, elle est donc intelligence suprême. Et là où il y a compassion, amour et intelligence, alors l'action le comportement, la moralité sont de nature totalement différente, non liée au temps. Et il s'agit de vivre avec cela, et ne pas se contenter de mots. De vivre avec cet extraordinaire sentiment de profondeur et de passion avec cette intelligence.
1:07:31 We also ought to talk over together – death. Are you tired at the end of this? Et nous devrions également parler ensemble de la mort. Etes-vous fatigués après tout ceci?
1:07:48 Q: No. L'auditoire: Non.

K: Non? Pourquoi?
1:07:50 K: No? Why? Please, you say, no, but why? Is it that you have not expended energy? Your energy, not the speaker’s energy. Your energy. Going into this so deeply. So pursue it to the very end, not stop in the middle of it. That requires tremendous energy. And we waste our energy. And to enquire into this question, which demands a great deal of energy to go into it, the nature of death. The total ending of something. Actually to find out, not just agree or disagree, or say that is hopeless, or saying how can I end everything in the modern world, and so on, so on, so on. But if we understand at its greatest depth the nature and the ending of something, that brings tremendous vitality, energy. And that you need that energy to meditate, to find out what is truth, what is sacred. if there is something permanent, something that is timeless and so on. It requires not only physical energy but the energy of intelligence. Intelligence is not, as we have often repeated, the energy of thought. Thought has been tremendously intelligent, creating a computer, in putting this television, or the microphone, or the implements of war, surgery, and so on. It has been... thought has been extraordinarily intelligent, but that intelligence, because it is born of thought, it is limited. As all painting, all sculpture, all books, all poems, and all the gods put together, that is still limited. And that limitation causes conflict, war, conflict between us, each one. So to enquire, to explore into the nature of death, see the immensity of it, not just personal dying or someone else dying, the immensity of death, which is the ending. And if there is an ending, what is there? And so on. Vous dites non, mais pourquoi? Serait-ce que vous n'avez pas dépensé d'énergie? Votre énergie, pas celle de l'orateur. Votre énergie, en allant au tréfond de tout ceci. Il faut aller jusqu'au bout, sans s'arrêter en chemin. Cela demande une énorme énergie. Et nous gaspillons notre énergie. Et il s'agit d'approfondir la question suivante qui nécessite énormément d'énergie, au sujet de la nature de la mort. Le fait de mettre complètement fin à quelque chose. Il s'agit en fait de le découvrir, sans se borner à être d'accord ou pas ou dire: c'est sans espoir, ou encore: comment mettre fin à toutes choses en ce monde moderne, etc., etc. Mais si nous comprenons au plus profond la nature et la fin de quelque chose cela suscite une fantastique vitalité et énergie. Et il vous faut cette énergie pour méditer pour découvrir ce qu'est la vérité, ce qui est sacré et s'il existe quelque chose de permanent, d'intemporel, etc. Cela demande non seulement de l'énergie physique mais encore l'énergie de l'intelligence. L'intelligence n'est pas, comme nous l'avons souvent répété, l'énergie de la pensée. La pensée a été formidablement intelligente créant un ordinateur, construisant cette télévision ou le micro, les outils de guerre, de chirurgie et ainsi de suite. La pensée a été extraordinairement intelligente... Mais du fait qu'elle est née de la pensée, cette intelligence là est limitée. De même que tout tableau, toute sculpture, tout livre tout les poèmes, tous les dieux rassemblés sont encore limités. Et cette limitation est cause de conflit de guerre, de conflit entre nous, chacun de nous. Il s'agit donc de chercher, d'explorer la nature de la mort de voir son immensité, non seulement de la mort personnelle ou de celle d'un d'autre, mais de l'immensité de la mort, c'est-à-dire le fait de finir. Et si une telle fin a lieu, qu'y a-t-il alors? Et ainsi de suite.
1:12:16 So we will continue with this tomorrow morning, if you don’t mind. May I get up please? Nous poursuivrons donc cela demain matin, si vous le voulez bien. Puis je me lever?