Krishnamurti Subtitles home


BR84T4 - Nature, profondeur et beauté de la mort
4e causerie
Brockwood Park, Angleterre
2 septembre 1984



1:11 L'année prochaine il nous faudra une plus grande tente! (rires)
1:32 On espère que vous avez eu une semaine agréable, instructive apprenant, explorant en soi l'immense profondeur et l'ampleur de la vie. Nous allons poser plusieurs questions fondamentales, ce matin. Certains d'entre vous n'ont peut-être pas posé ces questions et ceci pourrait paraître assez extravagant ou n'avoir aucun rapport avec notre vie quotidienne ou n'être que théorique. L'orateur ne s'adonne nullement à des théories à des idéologies, pour lui les croyances n'ont aucun sens pas plus que les dogmes et toute cette affaire.
3:03 Tout d'abord, qu'est-ce qu'être honnête? Vraiment, profondément honnête. Ce que nous appelons honnêteté est en fait la conformité à l'égard d'une croyance fictive, d'une foi ou d'idéologies. Mais l'honnêteté semble être là où il y a intégrité absolue. Cette intégrité là n'est pas la médiocrité. La médiocrité - le sens de ce mot d'après le dictionnaire s'applique à celui qui gravit à mi-pente la colline sans jamais aller jusqu'en haut. Peut-être allons-nous en haut de la colline en science dans tout le monde technologique, mais nous n'allons jamais tout en haut tout au bout de notre recherche, de notre propre compréhension afin de découvrir par nous-mêmes la profondeur et la beauté de nos vies. Là où il y a intégrité, il y a plénitude, pas dans le sens d'être complêt, mais dans le sens d'un mode de vie non fragmenté d'où découle une grande honnêteté, inflexible qui ne se laisse pas facilement persuader ou dissuader une vie quotidienne dans laquelle il y a ce comportement holistique, la moralité, et tout cela. Nous allons discuter ensemble, ce matin comme nous l'avons fait à propos de plusieurs autres facteurs de la vie, tel le conflit et voir si le conflit peut jamais prendre fin dans notre vie quotidienne. Et nous avons aussi parlé de la peur, de la souffrance hier matin, et de la nature la profondeur et la force de l'amour, de la compassion et de l'intelligence. Nous devrions discuter ensemble ce matin de ce qu'est la mort de ce qu'est l'immortalité, et de ce qu'est la continuité. Pour comprendre tout cela il nous faut creuser très profondément la nature du temps et de la pensée ce à quoi nous nous sommes attelés depuis le début de ces causeries.
7:05 Nous l'avons dit, le temps est le passé qui se modifie dans le présent, et le futur est le présent qui a ses racines dans le passé qui continue, constituant le futur. N'est-ce pas? Donc le futur est maintenant. Ainsi, selon les les biologistes, les savants, nous avons évolué nous sommes sur cette terre en tant qu'êtres humains évoluant depuis 40 ou 50.000 ans. Tout au long de ce laps de temps, de cette durée nous avons accumulé énormément d'informations, de savoir d'expérience, et techniquement nous avons avancé de la façon la plus extraordinaire, mais intérieurement, psychologiquement, subjectivement nous sommes très primitifs, barbares et n'avons pas fondamentalement changé; nous sommes violents, brutaux, compétitifs, terriblement agressifs, etc. Et il s'agit de comprendre en profondeur pas seulement théoriquement, la nature du temps, ce qu'est le temps.
9:17 Le temps est-il une continutité? Je suis ceci, je serai cela. Quand le temps se manifeste-t-il? Vous comprenez? Le temps est-t-il présent dans l'acte même de faire? Le temps est-il présent dans l'acte même de la vie? Vous semez une graine dans le sol et elle pousse, fleurit, donne des fruits et meurt et pendant que cette graine pousse, se développe vit, il n'y a pas de concept de temps. Seuls les être humains ont le concept du temps. Et quand nous faisons une chose complètement, holistiquement sans y projeter un regard ou un comportement fragmenté cet acte même, cette action s'accomplit hors du temps. Ne l'avez-vous pas remarqué? Alors que vous êtes assis ici, écoutant l'orateur, heureusement ou malheureusement, l'écoutant très attentivement ce que j'espère de votre part, cette attention est exempte de temps. N'est-ce pas? Le temps n'entre en jeu que lorsque vous dites "de quoi parle-t-il? Je ne comprend pas très bien" ou quand on fait un énorme effort pour comprendre, alors le temps entre en jeu. Mais lors d'une réelle écoute d'une vision très claire, le temps est alors totalement absent. Une fois ceci compris, nous allons étudier ensemble l'orateur entend bien ensemble tous ensemble, la nature, la profondeur et la beauté de la mort.
12:25 Dans quel sens se sert-on du mot "beauté"? Pour vous, qu'est-ce que la beauté? Car nous disons que la beauté est vérité, de même que l'amour. Qu'est-ce que la beauté? Une belle personne, un beau tableau, une haute montagne, immuable couverte de neige, les vallées, les ombres et le bleu profond d'une immense vallée. La grande peinture, les antiques sculptures et en les contemplant nous disons que tout cela est merveilleusement beau. La beauté réside-t-elle chez celui qui l'éprouve, l'observe, la voit? Ou la beauté existe-t-elle quand l'observateur est absent? Vous comprenez? Nous rencontrons-nous? En avez-vous tous (rires) eu assez? Assez, c'est assez? Car il y a si peu de beauté dans notre vie quotidienne. Nous voulons un beau corps, un beau visage, et vous faites tout un tas de choses pour susciter cette beauté: de l'exercice physique, du soi-disant yoga! Pouvons-nous arrêter un peu sur ce mot?
15:00 Dans les temps anciens, le yoga était enseigné à un très petit nombre et d'autre facteurs entraient en jeu dans cette pratique, une méditation. Dans les temps anciens, (je ne parle pas de ce que le yoga représente aujourd'hui) c'était un acte consacré à la découverte de la vérité d'une façon de vivre selon cette vérité, etc. Mais à présent le yoga est devenu une affaire commerciale et faute de mieux, vous allez enseigner le yoga. (rires) Ceux qui sont experts en la matière accumulent de l'argent vous connaissez tout ce processus commercial. Le yoga demande donc énormément d'attention (autrefois) énormément d'observation de soi, de lucidité intérieure, etc. Il ne s'agit pas seulement d'avoir un beau corps. Nous demandons donc: qu'est-ce que la beauté?
16:55 Quand vous comparez deux grands tableaux comparez deux peintres, un poème à un autre ce livre-ci à un autre, que se passe-t-il en fait dans le cerveau? Vous comparez, jugez, évaluez. Certains prétendent que Keats est le plus grand poète qui ait jamais existé que s'il avait vécu plus longtemps il aurais surpassé Shakespeare, etc. Et quand vous écartez tous les tableaux du monde dans les musées, chez vous, etc et que vous voyez les hautes montagnes couvertes de neige se découpant sur le ciel bleu dans la lumière du matin il y a là une certaine qualité de silence une certaine qualité d'adoration à vous couper le souffle et une perception de l'immuable: les profondes vallées les lacs, les rivières et les forêts; quand vous voyez tout cela la grandeur même du spectacle balaye la mesquinerie de notre vie ne fut-ce que l'espace d'un instant: quand le moi est absent, la beauté est là. Vous comprenez? Sommes-nous ensemble ici? Quand vous contemplez ces montagnes les rivières et la belle architecture ou que vous lisez un poème, un texte de littérature ancienne l'Ancien Testament, ou les Upanishads, etc... ..si vous observez tout cela sans pensée sans qu'intervienne le "moi" dans votre perception, alors cette qualité d'une beauté immense se manifeste hors du champ de la pensée. Et l'éventualité d'une rencontre avec cette beauté là requiert que l'on examine si le "moi" la "persona", toutes les caractéristiques les tendances et toutes les peines douleurs, anxiétés et solitudes, si tout cela peut être écarté sans attendre de la grandeur qu'elle vous fasse tout écarter sinon cette grandeur devient un simple jouet. Mais si l'on peut écarter tout cela la nature même du "moi", de la psyché alors cette immense beauté est présente: en réalité, c'est là l'existence intemporelle. Passons maintenant à autre chose.
21:35 Qu'est-ce que la mort? Nous allons chercher ensemble ce qu'est la mort. Et nous allons aussi voir ensemble qu'est-ce qui continue. Et la continuité est-elle un mouvement de temps? N'est-ce pas? Suivez-vous? Il faut donc aussi demander: y a-t-il en nous quoi que ce soit de permanent? Y a-t-il dans le monde qui nous entoure quelque chose d'impérissable? d'indestructible, d'indéfiniment permanent? L'homme se pose cette question depuis la nuit des temps car il voit qu'autour de lui tout est en flux, que tout change gagnant, perdant, étant détruit puis reconstruit. Et nous nous voyons également changer tant biologiquement, que psychologiquement nous bougeons tous un petit peu peu à peu, bougeant, changeant, pas fondamentalement, mais un peu. Au vu de tout cela, de ce changement continu mourant, renaissant, on pose la question: y a-t-il quoi que ce soit de permanent de durable, et qu'est-ce qui dure? Est-ce une continuité de ce que nous sommes? Vous comprenez? Cela vous intéresse-t-il? Ne vous contentez pas de dire "OUI", ce n'est pas amusant! Mais si l'on s'intéresse réellement à ceci qui concerne sa vie quotidienne on demande: y a-t-il quoique ce soit de permanent dans sa vie quotidienne... Au bout de cette prétendue continuité, il y a toujours la mort. On a vécu 90 ans, ou 50 ans, ou 10 ans, et durant toutes ces années il y a eu une longue continuité de mémoire, une continuité d'activité de labeur, d'effort, aspirant, espérant toujours plus exceller dans une compétence ou une autre, ou intérieurement psychologiquement, afin de découvrir quelque chose d'intangible. On voit tout ceci: un vieux chêne meurt, tout semble parvenir à une fin mourir, et en observant tout ceci, on se demande comme j'espère que vous le faites: y a-t-il quelque chose de permanent de durable, qui ait ses racines quelque part qui grandira toujours, sera toujours immense, permanent? N'est-ce pas? Ne posez-vous pas toutes ces questions? Ou est-ce moi qui les pose pour vous? Nous demandons donc: qu'est-ce que la continuité? Qu'est-ce qui continue dans notre vie? N'est-ce pas la mémoire, une série d'associations. Et il existe aussi une continuité entre une pensée silencieuse pour l'instant, et une autre qui surgit. Il y a un intervalle entre ces deux pensées, et dans cet intervalle on observe pendant un instant une sensation d'existence intemporelle mais cet intervalle entre deux pensées est encore de la pensée, en suspens. La pensée est alors absente entre ces intervalles, mais c'est toujours deux pensées. Nous allons approfondir tout ceci. Est-ce trop compliqué? Ce l'est probablement.
28:44 La continuité est-elle l'immortalité? En effet, une des quêtes de l'homme est l'immortalité, ce qui est au delà de la mort. Et les livres anciens, comme les Upanishads les Vedas et l'ancienne littérature hébraïque, ainsi que la Bible Shakespeare, Keats, sont en quelque sorte immortels, ils vont durer ils seront là quand vous et moi aurons tiré notre révérence est-ce cela l'immortalité? Le nom, et tout ce qui s'y associe? Qu'est-ce donc que l'immortalité? La mortalité, nous savons ce que c'est: l'homme qui meurt, les êtres humains qui finissent. Et les êtres humains ont posé cette question: l'immortalité existe-t-elle un état dans lequel la mort n'a pas sa place? Pas une continuité car la continuité implique le temps, et là où il y a temps, il y a mort là où il y a immortalité, pour autant qu'une telle chose existe il n'y a alors ni mort, ni fin, ni commencement. Etes-vous en train d'approfondir tout ceci? Je vais l'approfondir, si cela vous intéresse nous allons entreprendre le voyage sinon, peu importe. J'espère que vous êtes assis confortablement. (rires)
31:26 Qu'est-ce que la mort, que signifie mourir? Et c'est là une certitude absolue a savoir que nous allons tous mourir; Et qu'est-ce que cela signifie? Nous avons vécu une continuité de l'enfance à la mort avons continué par nos pensées, nos idées, ou de nouvelle série d'idées pensées, tourment, douleur, anxiété solitude et tout le labeur de la vie voilà ce qu'on appelle la continuité. Et le temps entre en jeu dans ce processus. Et quand nous mourons, pour tout ou une partie du monde asiatique pour la majorité, y compris l'Inde, etc., cette continuité va se poursuivre après la mort; cela s'appelle renaissance, réincarnation. C'est là une idée très réconfortante! Vous récoltez ce que vous avez semé. Si vous n'êtes pas bon dans cette vie-ci vous le paierez dans la prochaine ou vous le payez maintenant. N'est-ce pas? La cause et l'effet. La causalité étant séparée, comme si elle était distincte de l'effet. Nous, nous disons que la causalité est inhérente à l'effet. Ce ne sont pas deux choses distinctes. Je me demande si vous saisissez tout ceci. Ce n'est pas de la philosophie, ni une quelconque ineptie exotique. On peut le voir dans sa propre vie: si l'on fait une vilaine chose, celle-ci comporte. sa propre récompense ou sa propre peine. Si l'on fait correctement une chose, sans la personne cela amène alors sa propre bonté. La continuité est donc une forme de causalité l'effet, qui devient la cause, et c'est donc une chaîne. Et nous demandons: qu'est-ce que la mort? Biologiquement, quand le cerveau n'a pas assez de sang, de souffle, etc. il dépérit très rapidement et c'est ce que l'on appelle la mort physique. Ceci se produit soit à la suite d'une maladie quelconque soit naturellement par veillesse ou par accident. Nous acceptons cela, car c'est inévitable, mais nous disons: j'ai accumulé toute cette expérience, j'ai travaillé toute ma vie .toute ma vie j'ai essayé de faire telle ou telle chose et à quoi bon si tout cela doit finir? Ne posez-vous pas ces questions? Il faut donc demander: qu'est-ce que finir? mettre fin à une chose qui n'a pas de continuité. Vous comprenez? Mettre fin. Très bien. On est attaché.
36:48 Cela ne fait aucun doute. Attaché à une idée, à un livre, à une parole à votre argent, à votre femme, ou à un idéal quelconque, etc. On est profondément attaché. Nous ne disons pas que c'est juste ou non. On est attaché. La mort arrive et dit: je regrette! Elle coupe cet attachement et nous voulons que cet attachement continue, et quand il est absent quand il y a liberté à l'égard de l'attachement, nous nous sentons un peu perdu. Nous avons donc peur de la mort car elle pourrait mettre fin à tout ce que nous avons. Suivez? Et l'on demande: qu'avez-vous? Au terme de 90 années, je me le demande et il faut se le demander: qu'est-ce que vous avez? une maison, un compte en banque si vous avez assez de chance ou de malchance .une épouse, un mari, le plaisir sexuel et tout le conflit de la vie? Qu'a-t-on effectivement dans sa vie? Qu'avez-vous? Et très, très honnêtement, il vous faut une maison il vous faut un abri, de la nourriture des vêtements, cela, c'est naturel, normal; hormis cela, qu'avez-vous? Une série de souvenirs, n'est-ce pas? Un paquet de souvenirs et rien d'autre. Ce paquet de souvenirs contient toutes les aspirations: vouloir, ne pas vouloir chercher Dieu, vous savez bien, ou ne pas chercher Dieu ou bien dire: "il n'y a que cela": le plaisir, l'argent, le pouvoir les activités terre à terre de sa vie. c'est là tout ce qu'on possède, et la mort survient et dit "tu ne peux l'emporter avec toi, tout cela doit finir". La fin de tout cela, de tout vos souvenirs, de toutes vos expériences de toutes les choses accumulées tout au long de la vie. Quand un scientifique, un de ces grands savants non tributaires du gouvernement mais libres à cet l'égard, ayant accumulé une somme énorme de savoir de compétence, une vision aiguë de la matière creusant la nature de la matière, de l'énergie et ainsi de suite eux aussi meurent, comme nous, et qu'ont-ils à la fin de leur vie? Et les tyrans, les dictateurs totalitaires... - il n'y qu'à voir ce qui se passe en Russie tous les dictateurs du monde, qu'ont-ils? Vous comprenez? Nous voulons que ce que nous avons c'est-à-dire des souvenirs, que cela continue, n'est-ce pas? Et quand ces souvenirs prennent fin, ce qui est le fait de la vie c'est-à-dire la mort, sachant tout cela, on prend peur. Vous voulez savoir ce qui se passe après, et vous voulez que cela soit conforme au savoir que vous possédez déjà. N'est-ce pas? Vous comprenez? Vous suivez ceci? Vous y ajoutez encore davantage de savoir en demander ce qui se passe quand on meurt. Tout ce que l'on veut, c'est davantage de savoir davantage de cette certitude que donne le savoir. Et le savoir est limité. Vous comprenez? Car le savoir repose sur l'expérience, laquelle est limitée et le savoir étant mémoire, la pensée est donc limitée. Nous continuons ainsi à touner en rond. Et y a-t-il une fin à tout ceci? Et la mort, c'est cela. Et l'on demande donc: est-il possible de vivre avec la mort sans pour autant recourir au suicide, et toutes ces bêtises mais vivre avec une chose qui est un fait absolu. Le fait absolu est que l'on va mourir et cette mort signifie la fin du savoir, des souvenirs. Alors peut-on vivre avec la mort et ne pas la séparer du reste? Vous comprenez? Vous suivez tout ceci? Vivre avec la mort, qu'est-ce que cela signifie? Que signifie ne rien posséder? Vous pouvez avoir de l'argent, une épouse des enfants, y tenir et vouloir que ce à quoi vous tenez continue et la mort signifie que vous ne tenez rien.
45:18 Peut-on mener en ce monde une vie où vivre et mourir vont de pair? Ce qui veut dire vivre et mourir chaque jour. Oh, allons Messieurs! Ce qui signifie donc: ne jamais devenir quelque chose, devenir psychologiquement quelque chose, cette soi-disant évolution psychologique. En cela, il y a le temps une continuité, et la mémoire retenue dans le cerveau. Bien sûr! Et vivre avec la mort signifie que tout ce qui a été accumulé amassé psychologiquement, doit être terminé chaque jour, pas à la fin du jour, mais à son début, et au milieu, et tout le temps. Vous comprenez ce que cela veut dire? Ne jamais avoir de racines nulle part, ne jamais avoir de sentiment de possession, d'attachement, de sorte que le cerveau devienne extraordinairement vivant, libre, et donc sans peur.
47:36 Nous avons dit que nous parlerions aussi de la méditation: de religion, de méditation, et de ce qu'est la création. Cela vous intéresse-t-il?
47:53 Qu'est-ce que la religion? Qu'est-ce que l'esprit religieux? Qu'est-ce que l'esprit? Il faut faire la différence. Le cerveau est l'entrepôt de tous souvenirs. Il est le siège de toute réaction et action, tant neurologiquement que psychologiquement, subjectivement; c'est logé dans le cerveau en tant que conscience. N'est-ce pas? Peu importe. Je vais poursuivre, contentez-vous de jouer avec moi, d'accord? Et donc le cerveau est limité, bien qu'ayant une capacité infinie en effet, voyez ce qui se fait dans le monde technologique. Et psychologiquement, subjectivement, nous sommes très limités. Cela fait partie du cerveau. L'esprit est tout autre chose. L'esprit se situe en dehors du cerveau. Ceci requiert énormément de recherche mais il ne pouvons peut-être pas poursuivre là dessus faute de temps. (rires)
49:52 De même que l'amour ne se situe pas dans le cerveau. Il y est extérieur. S'il est dans le cerveau, c'est un processus de pensée, mémoire, souvenir remémoration, plaisir, douleur et tout cela. Ainsi, le cerveau contient toute la conscience. Notre conscience est son contenu. Sans ce contenu, point de conscience telle que nous la connaissons. N'est-ce pas? Le contenu est notre douleur, notre solitude nos croyances, fois, aspirations anxiétés, tout cela est notre conscience. Et tout cela se trouve dans le crâne. Donc l'amour n'est certainement pas cela. L'amour n'est ni un champ de bataille, ni une réaction, ni un souvenir et quand il y a réaction, remémoration etc... ..tout cela se situe encore dans le cerveau, et l'amour... ..si cet amour là fait encore partie du cerveau, c'est une réaction, et ce n'est alors évidemment pas l'amour.
51:43 Nous allons donc édudier ensemble ce qu'est la religion. Pourquoi l'homme a-t-il dépensé tant d'énergie se livrant à de grandes recherches, souffrant, jeûnant se torturant pour découvrir la vérité, l'intemporel? Chaque religion a fait cela. C'est-à-dire, chaque religion dit: pour découvrir l'immensité, l'immesurable il faut faire certaines choses, renier la chair, maîtriser, discipliner faire don de sa vie, la consacrer à cela et alors seulement pourra-t-on le découvrir. Elles proclament cette affirmation très simple en la compliquant, mais c'est bien cela qu'ont affirmé les religions. Et dans le monde chrétien, comme dans le monde bouddhiste et le monde islamique, un personnage, un symbole placé dans un endroit mystérieux, pas trop éclairé, les cathédrales et églises avec tous leurs rituels acceptant, obeissant, tout cela s'appèle la religion, d'accord? Est-ce là la religion? Ou la religion est-elle tout autre chose. Actuellement, nous avons les intermédiaires, le prêtre s'interposant entre ce suprème et le soi-disant inférieur; il est l'interprête comme le psychiatre, et le prêtre a joué un grand rôle dans l'histoire depuis les Egyptiens, et avant eux, les Sumériens, etc les prêtres étaient les érudits, etc. Ils ont établi certaines lois et règlements, et si vous êtes sceptique et j'espère que vous l'êtes, que vous doutez, mettez en question n'admettant jamais rien psychologiquement, sauf le policier (rires) et les lois fiscales; à part cela, il faut mettre en question, en doute ne jamais obéir psychologiquement à quoi que ce soit sans l'avoir approfondi n'appartenir à aucune secte, à aucun gourou à aucune religion organisée telle que la Chrétienté, l'Islam ou l'Hindouisme moins organisé et plutôt désordonné, etc. Si vous écartez tout cela, si vous le pouvez car nous sommes lourdement conditionnés par une propagande vieille de 2000 ans par une lourde propagande qui a programmé votre cerveau sur 3 à 5000 ans comme en Inde, etc., si vous pouvez écarter tout cela, comme il faut le faire pour découvrir l'indiscible, qu'est-ce alors que la religion? Quelle est la qualité d'un esprit ou d'un cerveau qui a totalement écarté toutes les tentatives de l'homme, et qui découvre que tous ses systèmes méthodes de méditation, respirant correctement .assis en tailleur, vous savez tout cela que toutes ces choses sont dénuées de sens. Calmer le cerveau, bien respirer, tranquillement, assis en silence dans une pièce ou sous un arbre, n'amènera pas cette immensité. Quelle est donc la qualité d'un esprit d'un cerveau qui a écarté tout cela? Il est désentravé; il n'a plus de frontière il est libre, complètement libre. Ce mot "liberté" a la même racine étymologique que "amour". Liberté signifie aussi amour, pas l'amour sexuel, l'amour. Alors, est-ce possible, tandis que le monde entier hurle
58:32 que le monde entier se fait divertir par les religions? Est-il possible de vivre en ce monde quotidiennement dans une liberté aussi totale à l'égard de toute tradition, de tout savoir sauf là où le savoir nécessaire? Nous posons là une question vraiment très, très difficile car le savoir empêche la vraie perception. Il en découle ceci: qu'est-ce que la méditation? (pas comment méditer). Ce mot "méditation" et tout ce qu'il implique hormis la contemplation des Chrétiens, etc cette méditation a été importée dans ce pays-ci par les gourous qui la répandent dans toute l'Amérique, etc. Ils ont leurs systèmes, leurs pratiques, leurs disciplines et les gourous retirent beaucoup d'argent de toute cette affaire. Il y a les méditations Hindoues, Tibétaines les écoles de méditation, n'est-ce pas? Le Zen, tout cet ensemble. Qu'offrent-t-elles? Qu'est-ce que la méditation? Pas comment méditer, ni quel système suivre c'est trop immature, trop puéril mais il s'agit de demander en profondeur: qu'est-ce que méditer, pourquoi faudrait-il méditer? Le sens étymologique du mot "méditation" (comme en Sanscrit) est "mesurer" pas seulement peser, réfléchir, ce qui fait partie de la méditation mais aussi: comprendre la mesure. Mesure signifie comparaison. A présent, l'orateur dit: là où il y a comparaison, il n'y a pas de méditation. Vous comprenez? Oh, allons, suivons-nous un petit peu? Nous sommes toujours en train de mesurer: le plus, le moins, le meilleur. Tout ce mouvement de mesure c'est-à-dire de comparaison, peut-il complètement cesser? tant psychologiquement qu'extérieurement ceci fait partie de la méditation. Ainsi, quand vous vous mettez à étudier ce qu'est la méditation cela signifie que non seulement vous réflechissez pesez, regardez et observez mais encore que vous mettez complètement fin à toute comparaison: petit, grand, large ample, beau, pas beau, tout cela est un modèle du moi. Là où il y a mesure il y a le moi, n'est-ce pas? Est-il donc possible de vivre quotidiennement sans aucune forme de comparaison? Vous constaterez alors par vous-même l'extraordinaire qualité du cerveau. Dès lors, le cerveau même a son propre mouvement; à part son propre mouvement, il a une autre qualité: il est alors extraordinairement stable, ferme ce qui ne veut pas dire qu'il ne cède jamais mais il cède dans la fermeté, dans la force. Et la méditation signifie aussi la liberté à l'égard du réseau des mots et de la pensée. N'est-ce pas? Le cerveau n'est donc pas empêtré dans les mots dans les schémas, les systèmes, la mesure. Il y a alors silence absolu. Et ce silence est nécessaire. Le silence a son propre son. Avez-vous jamais écouté un arbre? Ce n'est pas là une question inepte. Avec-vous jamais écouté un arbre, un vieil arbre quand le vent et la brise sont tombés, et que l'arbre est absolument silencieux que pas la moindre feuille ne frémit et vous écoutez alors le son de l'arbre. Un scientifique nous a posé cette question. Il a accepté cela, et vous devriez donc aussi l'accepter (rires) car vous aimez les scientifiques, ces gens qui accumulent le savoir. Mais il s'agit de découvrir le son dans le silence quand il y a un silence complêt, absolu, non relatif. Le silence relatif peut être suscité par la pensée par la volonté, en disant: je dois être silencieux. Cela n'est pas du tout le silence. Il n'y a silence qu'en présence de liberté à l'égard de ce que l'homme a accumulé. Il y a dans ce silence là une puissante sensation de grandeur et d'immensité vous ne posez plus jamais de questions. C'est.
1:06:47 Dès lors, nous devrions aussi poser la question suivante: qu'est-ce que la création? Si vous dites: "Dieu a créé le monde", il n'y a rien d'autre à ajouter. C'est là une des affirmation commodes que l'on trouve dans des livres. Ce n'est pas une réponse. Mais si l'on commençait par la question: "qu'est-ce que la création? Comment tout ceci est-il apparu le tigre, le cerf, l'arbre magnifique, les montagnes majestueuses et les grands fleuves du monde et cette vaste population, comment tout cela advient-il?" Il faut faire la distinction entre création et invention. La création diffère totalement de l'invention. L'invention se situe encore dans le domaine du savoir. Celui qui a inventé l'avion à réaction a progressé de savoir en savoir. Il a inventé. Toutes les nouvelles inventions du monde technique reposent sur le savoir. Il se pourrait qu'un bref arrêt de la pensée ait été suivi d'un surgissement, mais cela relève encore du domaine du savoir. La création n'est pas l'invention. La création n'apparaît que lorsque le savoir a pris fin. Comprenez-vous tout ceci? La création est alors, si l'on peut se permettre ce mot, "rien". "Nothing" - rien - signifie "not a thing" - pas une chose. Une chose, en Latin, est une pensée. Quand règne le silence absolu de la pensée il y a alors une dimension totalement différente.
1:10:02 Pouvons-nous nous lever?