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BR85T4 - La nature du cerveau qui vit religieusement
4e causerie
Brockwood Park, Angleterre
1er septembre 1985



0:55 Krishnamurti: The speaker also would like to make an announcement and I hope you will take it seriously. This is not a resort. There is a swimming pool, tennis court, and it is becoming too popular, too large. There are people trying to interpret what K is talking about, and he has always been saying, please, don’t interrupt – interpret, not interrupt. So please, bear in mind, we are going to make it much more orderly, strict and not make it into another resort for amusement, please. Though it has been announced several times, that music that goes on, what is called music – bong is it? – thumping on the drums, and so on, went on until half past ten last night. So please be courteous, careful of others, and also, if one may point out, wherever K goes he is a guest, whether he is India, in America or here, so one must behave like a guest – respecting others, considering others, having some kind of order and not let it become much too big as it is becoming. We are going to do something about all this next year. L'orateur aimerait aussi faire une annonce et j'espère que vous la prendrez sérieusement. Ceci n'est pas une station estivale. Il y a bien une piscine, un cours de tennis et cela devient trop à la mode, trop important. Il y a des gens qui essaient d'interpréter ce dont parle K, et il a toujours dit: s'il vous plaît, n'interprétez pas. Alors veuillez considérer que nous allons mettre de l'ordre là-dedans de la rigueur, de façon à ne pas en faire un lieu de vacances de plus. En dépit de plusieurs annonces, cette musique continue comment l'appelle-t-on? Bong? Ces battements de tambour, etc. ont continué jusqu'à 10 h 1/2 hier soir. Alors je vous en prie, soyez courtois, attentifs aux autres et, faut-il le souligner où que K aille, il est un invité que ce soit en Inde en Amérique, ou ici. Il faut donc se comporter en invité faire preuve de respect, d'égards pour les autres faire preuve d'un certain ordre et ne pas trop laisser la chose trop grandir comme elle tend à le faire. Nous allons faire quelque chose à ce sujet l'année prochaine.
3:33 May we go on with other things? We were talking about various problems of life, of our daily, monotonous, rather pleasurable lives that are full of fear, anxiety, antagonism, and so on. We went into the question of time-thought. And yesterday – was it yesterday morning? Yes, by Jove, sorry – yesterday morning we talked about the ending of sorrow, what it implies, what is the nature of sorrow, and all the pain, the anxiety, the loneliness, the depression, the uncertainty – all that is implied in sorrow. And in certain parts of the world they worship sorrow, pain. And we have never been able to end sorrow, not only the sorrow of one’s own life in different ways, but also the sorrow of the world as a whole. All the terrible wars that are going on, what is happening in Lebanon and South Africa, and the Communist world, total totalitarianism where you are forced to think along a certain line, preparing on both sides war, the atom bomb ultimately. And that is what is going on. And millions and millions have been slaughtered in the name of God, peace, country, some ideological concept, theories. This has been our lot and we have endured all this for millions of years. And we are, through long evolution, we were barbarous once, savages, and when one looks at it, what is happening now, we are still barbarians, we are still inwardly violent, inwardly concerned with ourselves and nobody else, concerned with our own pleasures, problems, and so on. We never seem to realise that we are the world, and the world is us. This is not a theory, this is not something that you think about and come to a conclusion, ideologically, or as a Utopian idea, but it is an actuality in daily life. You are the world, and the world is you. One wonders how many of us realise this fact, actually realise as we realise physical pain, as we feel when we are affectionate, tender, quiet. This is an obvious fact that you suffer and the rest of mankind suffers. You are violent, the rest of mankind is violent. When you intend to do something for yourself and you want to fulfil that, you are becoming violent like the rest of the world. We went into all this during all these talks, not only during the past 70 years – I am sorry to point this out – but also now. We actually don’t feel, realise in our heart and brain that we are the rest of mankind. When one actually realises this fact, not a theory, not an idea, but the actual, daily fact, then there is totally a different way of living. You don’t belong to any country, no religious group, no spiritual authority, or those who want to interpret what K is talking about. And when you really feel that you are, you are actually the rest of mankind, you will never kill another, you will never psychologically, consciously or unconsciously, or deliberately want to hurt another. Pouvons-nous passer à autre chose? Nous parlions de divers problèmes de la vie, de nos vies quotidiennes, monotones, parfois agréables, en proie à la peur à l'anxiété, l'antagonisme et ainsi de suite. Nous avons vu la question du temps/pensée. Et hier, était-ce bien hier matin? Oui parbleu, excusez-moi. Hier matin nous avons parlé de la fin de la souffrance, de ce que cela implique de la nature de la souffrance et de toute la douleur, l'anxiété la solitude, la dépression, l'incertitude tout cela se retrouve dans a souffrance. Et dans certaines parties du monde on s'adonne au culte de la souffrance, de la douleur. Et l'on n'a jamais pu mettre fin à la souffrance non seulement à la souffrance découlant de la vie de chacun sous ses diverses formes, mais encore à la souffrance du monde en tant que tout. Voyez les terribles guerres qui ont lieu, ce qui se passe au Liban, en Afrique du Sud et dans le monde communiste, le totalitarisme absolu où l'on est contraint à penser selon certaines lignes les deux côtés se préparant à la guerre. avec au bout du compte la bombe atomique. Et voilà ce qui a lieu. Des millions et des millions de gens ont été massacrés au nom de Dieu de la paix, de la patrie, de quelque concept idéologique, de théories. Tel a été notre lot, et nous avons enduré tout cela pendant des millions d'années. Et tout au long d'une évolution autrefois nous étions des barbares, des sauvages quand on examine tout cela, ce qui se passe maintenant on voit que l'on est toujours barbare, violent intérieurement intérieurement préoccupé par nous-mêmes et par personne d'autre préoccupés par nos propres plaisirs, problèmes et ainsi de suite. Nous ne paraissons jamais nous rendre compte que nous sommes le monde, et que le monde est nous. Il ne s'agit pas là d'une théorie ni d'une chose à laquelle on réfléchit pour en venir à une conclusion idéologique ni d'une idée utopique, mais d'une réalité de la vie quotidienne. Vous êtes le monde, et le monde est vous. On se demande combien d'entre nous se rendent compte de ce fait, aussi nettement que l'on se rend compte d'une douleur physique, de la sensation d'être affectueux, tendre, calme. Il est un fait évident que vous souffrez et que le reste de l'humanité souffre. Vous êtes violent et le reste de l'humanité souffre, est violent. Quand vous avez l'intention de faire quelque chose pour vous-même et que vous voulez le réaliser vous devenez violent, comme le reste du monde. Nous avons approfondi tout cela pendant toutes ces dernières causeries, non seulement au cours des 70 ans écoulés - je regrette de devoir le mentionner - mais aussi maintenant. En fait nous ne ressentons pas ne réalisons pas dans notre coeur et notre cerveau que nous sommes le restant de l'humanité. Quand on se rend réellement compte de ce fait qui n'est ni une théorie, ni une idée, mais un fait concret quotidien, il y a alors une façon de vivre totalement différente. On n'appartient à aucun pays, aucun groupe religieux, aucune autorité spirituelle, pas plus qu'à ceux qui veulent interpréter ce que dit K. Et quand vous sentez vraiment que vous êtes effectivement le reste de l'humanité vous ne tuerez jamais un autre vous ne voudrez jamais consciemment ou inconsciemment ou délibérément blesser autrui psychologiquement.
11:05 Please, this is all very, very serious, it is not just for a Sunday gathering, a sermon, or a lecture. We are together in the same boat. We are together understanding the world and ourselves and our relationship to the world – not our responsibility, our relationship to the rest of mankind. You all may be well-fed, well-clothed, houses, flats, and a nice garden, or live in a slum, but there are millions and millions of people who are starving, deliberately races are being killed, tribes are being killed. And as long as we don’t feel all this, but merely accept it as an idea, a conclusion, we are going to create a monstrous world, which we are creating already. And we are that which is happening. Je vous en prie, tout ceci est très, très sérieux ce n'est pas un simple sujet de conférence ou de sermon dominical. Nous sommes ensemble dans le même bateau. Nous sommes ensemble en train de comprendre le monde et nous-mêmes et ce qui nous lie au monde; il ne s'agit pas de notre responsabilité mais de notre relation à l'égard du reste de l'humanité. Il se peut que vous soyez bien nourris, bien habillés bien logés, avec un beau jardin ou que vous viviez dans un bidonville, mais il y a des millions et des millions de gens qui meurent de faim, des races qui sont délibéremment détruites, des tribus massacrées. Aussi longtemps que nous ne ressentirons pas tout cela mais nous contenterons de l'admettre comme une idée une conclusion, nous continuerons à créer un monde monstrueux que nous sommes d'ailleurs déjà en train de créer. Et nous sommes ce qui est en train de se passer. Et nous devrions aussi parler d'autres choses ce matin
13:05 And this morning we ought to talk about other things, too, concerned with our life. We talked about compassion, love, and that compassion has its own intelligence, love has its own intelligence, not the intelligence of clever thought, calculation, remembrance, but when there is compassion, which can only come, or be, when suffering ends. We talked about that a great deal. Unfortunately the speaker has published books about it all, and it is not merely remembering what he has said, or what he wants to say, but the actuality of that feeling of compassion. And that can only come when there is the end of sorrow, and when one actually, in one’s being, in one’s heart, mind feels that he is the rest of the world, doesn’t belong to any sect, any group, any guru, any church, mosque or temple. One will listen to all this, or read about all this, which K has talked about for so long, and you say, ‘Yes, marvellous ideas. He has very good reasoning, logical, but...’ and you can add many buts to that. We carry on and thereby lies more conflict. Hear one thing, you agree or disagree, or see the truth of it, and wanting to live up to it, and so begin again conflict. concernant notre vie. Nous avons parlé de la compassion, de l'amour, et cette compassion comporte sa propre intelligence. L'amour a sa propre intelligence pas l'intelligence d'une pensée habile, du calcul, du souvenir mais celle qui prévaut quand il y a compassion laquelle ne survient ou n'existe que quand la souffrance prend fin. Nous avons beaucoup parlé de cela. Malheureusement, l'orateur a publié des livres sur tout cela et il ne s'agit pas seulement de se souvenir de ce qu'il a dit ou de ce qu'il veut dire, mais de la réalité de ce sentiment de compassion. Et cela ne peut survenir que quand la souffrance prend fin et, quand on ressent concrètement dans son être, son coeur, son esprit qu'on est le restant du monde, que l'on n'appartient à aucune secte à aucun groupe, aucun gourou aucune église, aucune mosquée, aucun temple. On écoutera tout cela, ou on lira à ce sujet -dont K a parlé pendant si longtemps, et l'on dira: 'oui, quelle merveilleuse idée. Son raisonnement est excellent, très logique, mais...' et l'on peut y ajouter beaucoup de «mais». On poursuit son chemin, d'où la perpétuation du conflit. On entend une chose avec laquelle on est en accord ou en désaccord, ou l'on en voit la vérité et l'on veut se montrer à la hauteur, et donc le conflit recommence.
15:46 So we went into conflict a great deal during these talks here. And we said as long as conflict exists love cannot be between man and woman, between people, nations, communities, enclave, and so on. Our brain which has evolved through long years and time, that brain has extraordinary capacity, each one’s brain has extraordinary capacity. We have used it in the world of technology, the world of computers, and we have never looked at the psychological world, which is far more important, the subjective, the whole psychological process that goes on inwardly. We have never looked at it, we have never gone into it, not according to others, even including K, but we have never, or superficially scratched on the surface. And therefore we never put to ourself fundamental questions. And we are now talking over things together, not the speaker is saying something and you just listen, and when you leave the tent forget all about it and pick it up ten years later. This is your life and our life, and if one wants to treat one’s life seriously, or flippantly, or casually, it is up to you. Nous avons beaucoup approfondi le conflit pendant ces causerie. Et nous avons dit que l'amour ne peut exister tant qu'il y a conflit entre l'homme et la femme, entre personnes nations, communautés, enclaves, et ainsi de suite. Notre cerveau, qui a évolué tout au long de tant d'années et si longtemps, ce cerveau a une capacité extraordinaire, le cerveau de chacun d'entre-nous a une capacité extraordinaire. Nous nous en sommes servis dans le monde de la technologie, dans le monde des ordinateurs et nous n'avons jamais examiné le monde psychologique qui est bien plus important, le subjectif tout le processus psychologique qui se poursuit intérieurement. Nous ne l'avons jamais regardé, nous ne l'avons jamais approfondi sans recourir aux autres, K inclus nous n'en avons jamais gratté la surface, même superficiellement. Et par conséquent nous ne nous posons jamais de questions fondamentales. Et maintenant nous discutons de ces choses ensemble sans que ce soit l'orateur qui dise quelque chose et que vous vous contentez d'écouter pour ensuite quitter la tente et tout oublier et reprendre la chose dix ans plus tard. Il s'agit de votre vie, de notre vie, et vouloir traiter sa vie sérieusement ou superficiellement, avec légèreté, est l'affaire de chacun.
18:34 And we talked a great deal about freedom, too, freedom from anxiety, sorrow, pain, and all the travail of life. And also there is another kind of freedom. A freedom which is per se, for itself, not because you want to be free from something – that is only very partial freedom. There is a freedom which is completely whole, not partial. Et nous avons aussi énormément parlé de la liberté liberté à l'égard de l'anxiété, de la souffrance de la douleur et de tout le labeur de la vie. Et il y a aussi une autre sorte de liberté une liberté en soi, pour elle-même non parce que vous voulez être libre de quelque chose - ce n'est là qu'une liberté très partielle. Il existe une liberté totale, non partielle. Et ce matin, nous devrions aussi parler de la mort.
19:26 And this morning we should also talk about death. Right? We have talked about so many other things. Death is not a morbid subject on a dark morning or a dark night. People have written books about how to die happily, how to accept it naturally, how to let the body go, you know, they have been talking about it, writing about it endlessly. And we are now, you and the speaker, together, please, together, he is not talking to himself, he is not lecturing, he is not talking about something which you have to understand and therefore have interpreters who will tell you what K talks about. And that is going on in this place, too, which seems so absurd. N'est-ce pas? Nous avons parlé de tant d'autres choses. La mort n'est pas un sujet morbide par une sombre matinée ou une nuit obscure. On a écrit des livres sur comment mourir joyeusement comment l'admettre naturellement, comment laisser partir le corps... Vous savez, on en parle, on écrit sans fin à ce sujet. Et maintenant, vous et l'orateur sommes ensemble, s'il vous plaît ensemble il ne parle pas tout seul, il ne donne pas une conférence il ne parle pas d'une chose qu'il vous faut comprendre d'où le besoin d'interprètes pour vous expliquer ce que dit K. Et voilà ce qui a lieu ici même, cela semble tellement absurde.
21:03 We ought to talk over together this very important, serious, very, very great thing called death. All right, shall we go on? Please, bear in mind, he is not talking to you, we are talking to each other. He has no authority – and I mean it. He has no sense of superiority, he will tell you all about it. But together we are going into it. If you will. If you don’t want to, it is all right. That is all right, too. Nobody is imposing anything on you, directing you, telling you what to do or what to think. Right? Nous devrions parler ensemble de ce sujet si important si sérieux, si vaste, que l'on nomme la mort. Bien, allons-nous poursuivre? Veuillez considérer que ce n'est pas lui qui vous parle mais que nous nous parlons les uns aux autres. Il n'a aucune autorité, et j'insiste là-dessus. Il ne prétend pas à la supériorité de celui qui vous ferait la leçon à ce sujet. Mais ensemble, nous allons approfondir la chose. Si vous voulez bien. Si vous ne voulez pas, très bien. C'est aussi très bien. Personne ne vous impose quoi que ce soit, ni ne vous donne de directives en vous disant quoi faire ou quoi penser. D'accord?
22:26 What is death? And when we ask that question we ought also to consider what is continuity, and also what is ending, something that comes to finality. The ending, continuity, time and death, or thought – right? All these are involved when we ask that question: what is death? Time, thought, the urge, the demand of continuity, and also when we are wanting continuity we also should enquire together into what is ending. And is there a beginning? All these are involved in this question of what is death, not just oxygen, lack of oxygen to the brain and pops off, or kicking the bucket, or whatever you like to call it. It is the whole concern of man: the way he lives and the way he dies. Qu'est-ce que la mort? Et en posant cette question il faudrait également examiner ce qu'est la continuité et aussi ce qu'est 'finir', la finalité de quelque chose. La fin, la continuité, le temps et la mort, ou la pensée, n'est-ce pas? Tout cela est inclus dans la question posée: qu'est-ce que la mort? Le temps, la pensée, le besoin de continuité, et en formulant ce besoin de continuité, il faudrait aussi voir ensemble ce que veut finir signifie. Et y-a-t-il un commencement? Cette question 'qu'est-ce que la mort' inclut tout cela ce n'est pas seulement un manque d'oxygénation du cerveau qui tire alors sa révérence ou passe l'arme à gauche, comme vous voudrez. C'est là le grand sujet de préoccupation de l'homme: la façon dont il vit, et la façon dont il meurt.
24:18 So we are enquiring together what is death, why death is associated with sorrow. You are following all this? The speaker is not leading you, he is not persuading you. I am bored with telling you that! So what is death? You must take the whole of it, not just dying. You must take the being born, living 50, 40 or 60, 70, 90, or going a little further on – you have to take the whole of it, not just: what is death? That is rather a silly question to say: what is death? And then weep about it, or frightened about it, or worship it, as Christians do. The Indians, the former ancient Hindus, exploded all over Asia as Greece exploded over the Western world, and they had their theories, including Pythagoras and others, of reincarnation which we will talk about presently. Nous nous interrogeons donc ensemble sur ce qu'est la mort pourquoi la mort est-elle associée à la souffrance. Vous suivez tout ceci? L'orateur n'est pas en train de vous mener, ni de vous convaincre. Je m'ennuie à force de vous dire cela! Qu'est-ce donc que la mort? Il faut considérer le tout et non le seul fait de mourir. Considérer la naissance, la durée de vie: 40, 50, 60, 70 ans, 90 ans ou même un peu plus il faut considérer l'ensemble, pas seulement 'qu'est-ce que la mort?' Il est assez simpliste de demander qu'est-ce que la mort, et puis d'en pleurer, d'en avoir peur ou d'en faire un culte, comme chez les Chrétiens. Les Indiens, les anciens Hindous, explosèrent dans toute l'Asie de même que les Grecs dans le monde occidental ils avaient leurs théories, y compris Pythagore et les autres sur la réincarnation, dont nous parlerons dans un instant.
26:12 So we have to consider not only what is continuity, what is ending, what is time and thought involved in this process, which means we have to enquire what is living, first, not what is dying – right? We are together in this. I won’t repeat that again. So what is living? What do we call living? From the moment we are born through the long period which we call life, living, what takes place there? Not just part of it, but the length of it. From childhood we have problems. The children sent to school, have a problem immediately: how to read, write, how to learn mathematics and later on chemistry, biology – that all becomes a problem. They are educated in problems. These are all facts, not the speaker’s imagination. So our life from the beginning is a continuous problem, struggle, pain, anxiety, uncertainty, confusion, faith, belief, gods and the perpetual repetition of rituals – what is called religion, the worship of a symbol, and faith, belief, success, failure, sorrow, pain. All that is our living. An actual fact in which is included pleasure, sex, and all the rest of it. This is what we call living. Go to the office from 9 to 5, or factory 9 to 5, or enter a shop and sell books, clothes, food, and so on. This is our daily monotonous, so-called disciplined life. Would you and I disagree about that? Or do we see it as a fact, not as descriptively accepting, but it is the actual fact of our life. Right, sirs? And we have not understood that. We have not gone into it and see if one can live totally differently. Nous devons donc examiner tout à la fois qu'est-ce que la continuité, qu'est-ce que finir qu'est-ce que le temps et la pensée qu'implique ce processus, c'est-à-dire que nous devons commencer par chercher 'qu'est-ce que vivre' et non 'qu'est-ce que mourir', n'est-ce pas? Nous sommes ensemble ici. Je ne le répèterai pas. Alors, qu'est-ce que vivre? Qu'entendons-nous par vivre? Dès l'instant de notre naissance tout au long de la période que nous appelons la vie le vivre, qu'est-ce qui s'y passe? - pas seulement en partie, mais pendant toute sa durée Dès l'enfance, nous avons des problèmes. Les enfants que l'on envoie à l'école ont aussitôt un problème: comment lire, écrire, comment apprendre les mathématiques et plus tard la chimie, la biologie, tout cela devient un problème. Ils sont éduqués dans les problèmes. Ce sont là des faits et non des produits de l'imagination de l'orateur. Ainsi, dès le début notre vie est un problème continuel: lutte douleur, anxiété, incertitude, confusion, foi, croyance Dieu, répétition perpétuelle de rituels sous le nom de religion culte d'un symbole, foi, croyance réussite, échec, souffrance, douleur. C'est tout cela que nous appelons vivre. C'est là un fait réel qui inclut le plaisir, le sexe et tout le reste. Voilà ce que nous appelons vivre. Se rendre au bureau de 9h à 17h, à l'usine de 9h à 17h ou se rendre dans un magasin pour y vendre des livres des vêtements, de la nourriture, et ainsi de suite. Telle est notre vie quotidienne, monotone, prétendument disciplinée. Serions-nous, vous et moi, en désaccord là-dessus? Ou le voyons-nous comme un fait? Il ne s'agit pas d'en admettre la description alors que c'est le fait réel de notre vie. D'accord, Messieurs? Et nous n'avons pas compris cela. Nous ne l'avons pas approfondi pour voir si l'on peut vivre d'une façon totalement différente.
30:19 But there is always death. There is a very good Italian proverb but I won’t go into it, which says, ‘Everybody will die, I know. Perhaps I will too!’ Mais il y a toujours la mort. Il y a un très bon proverbe italien, mais je ne vais pas l'aborder. Il dit: 'tout le monde va mourir, je sais. Moi aussi, peut-être' (rires) Alors, que nous faut-il d'abord saisir, comprendre, approfondir, résoudre
30:50 So first, what is it we have to grasp, understand, go into, resolve – life, the daily living, or the dying? And besides, why are we so terribly concerned about death? The speaker was walking once in the shaded road in India, and he heard a chant behind him as he was walking towards the sea. And there was a dead body being carried by two men, and his eldest son carrying the fire in front of him, in front of the body. That’s all, not all the fuss, and hearses, and flowers, and you know. It was a simple thing and it was really rather beautiful. The son crying, and chanting in Sanskrit, walking towards the sea where he was going to be cremated. And the fuss the Western world makes about death, Rolls Royces, enormous amount of flowers, and so on. So what are we concerned with? Living or dying? Please, we are talking to each other. Which is most important for us to grapple with, put our teeth and our whole energy into it? vivre, la vie quotidienne, ou mourir? Et d’ailleurs, pourquoi sommes-nous si terriblement préoccupés par la mort? Un jour, l'orateur marchait sur une route ombragée, en Inde. Alors qu'il se dirigeait vers la mer, il entendit derrière lui un chant. Un corps sans vie était porté par deux hommes et son fils ainé portait le feu devant lui, devant le corps. Rien de plus, pas toute cette mise en scène, les fleurs, vous savez. C'était une chose très simple et vraiment belle. Le fils pleurait, et chantait en sanscrit marchant vers la mer, où l'incinération aurait lieu. Tout ce bruit que le monde occidental fait autour de la mort des Rolls, des montagnes de fleurs, et ainsi de suite. Alors, de quoi nous préoccupons-nous? De vivre ou de mourir? Je vous en prie, nous parlons l'un à l'autre. Qu'est-ce qui nous importe le plus que nous devons prendre à bras le corps à pleines dents, y consacrer toute notre énergie?
33:18 Talking about energy, there are those people who want to release energy – right? Part of it is acupuncture, part of it is various attempts to increase the energy that we have, and so on. What is energy? It took energy to come here, a great deal of energy – put up a tent, come in a car on a rainy, windy day, get all the things together to come here. That took a lot of energy. You may brush it off and say, ‘I will go’, but to decide to go, to come, to drive a car, to put up a tent, to sit here and listen. That requires a great deal of energy. And we want more energy. We don’t know how to use our own energy. You have got plenty of energy when you want to do something. They have been to the Moon, all the technological energy that is demanded of everyone. It takes energy to talk, to think, to have sex, everything – life is energy – but we, through our self-interest, our specialisation, through our demand for success and fears and all that, we have restricted that energy. We have made it so small, so particular, so minuscule. Sorry! And our brains have been narrowed down by specialisation – you know all the rest of it. So there is energy. When we understand ourselves that energy explodes, then you have tremendous passion, not just passion for something – the flower of passion which never withers. And that can only come when there is compassion. A propos d'énergie il y a ceux qui veulent libérer l'énergie, n'est-ce pas? D'une part, il y a l'acupuncture, de l'autre, diverses tentatives visant à accroitre son énergie, et ainsi de suite. Qu'est-ce que l'énergie? Il a fallu de l'énergie pour venir ici, énormément d'énergie pour dresser une tente, venir en voiture par un jour pluvieux, venteux rassembler tout ce qu'il faut pour venir ici. Cela a nécessité beaucoup d'énergie. Peut-être balaierez-vous tout cela et direz-vous 'je vais y aller', mais pour décider de venir conduire une voiture, ériger une tente, s'asseoir ici et écouter tout cela demande énormément d'énergie. Et nous voulons davantage d'énergie. Nous ne savons pas comment utiliser notre propre énergie. Vous avez plein d'énergie quand vous voulez faire quelque chose. Ils sont allés sur la lune toute cette énergie technologique qu'il a fallu de la part de tous. Il faut de l'énergie pour parler, pour penser, pour le sexe, pour tout la vie est énergie, mais nous, par notre intérêt pour soi notre spécialisation, notre besoin de réussite nos peurs et tout cela, nous avons restreint cette énergie. Nous l'avons rendue si petite, si particulière, si minuscule... Pardon! Et nos cerveaux ont été restreints par la spécialisation, par vous savez, tout ce qui s'en suit. Il y a donc l'énergie. Quand nous nous comprenons, nous-mêmes, cette énergie explose. Vous avez alors une passion formidable pas seulement la passion de quelque chose mais la fleur de la passion qui ne se fane jamais. Et cela ne peut venir que quand il y a compassion.
36:54 So what are we concerned most about – death or living? Living is, as we said, a series, a succession of conflict, struggle, pain, sorrow, and all the rest of it. This is not a gloomy picture. You can paint it more beautifully in colours, descriptively make it more attractive, but this is a fact. So shouldn’t we understand life first, the living, and then come to understand what is death? You understand? Not the other way round. What will you give, not financially, what will you give to find out how, in what manner, one can live totally differently? not pursue some other quacky nonsense: a new painting, new poems, new dances, and all the rest of that immature, childish stuff. And the speaker is not intolerant, he just sees all this going on. So can we, realising what our life is, the actual life of existence on this earth, bring about a mutation – not a change – complete change, reversal, whatever it is, the thing that one has lived, is living, is completely ended and something new can take place? Alors, qu'est-ce qui nous préoccupe le plus: la mort ou le vivant? Nous l'avons dit, vivre consiste en une série, une succession de conflits de luttes, douleurs, souffrances et tout le reste. Ce n'est pas là un sombre tableau. Vous pouvez l'embellir en le colorant en rendre la description plus agréable, mais c'est là un fait. Alors ne faudrait-il pas d'abord comprendre la vie pour ensuite en venir à comprendre ce qu'est la mort? Vous comprenez? Et non l'inverse. Que donnerez-vous, pas financièrement que donnerez-vous pour découvrir comment de quelle manière on peut vivre de façon totalement différente? Il ne s'agit pas de se mettre à suivre quelque autre absurdité une nouvelle peinture, de nouveaux poèmes de nouvelles danses et tout ce fatras immature et puéril. L'orateur n'est pas intolérant, il ne fait que voir tout ce qui se passe. Alors, prenant conscience de ce qu'est notre vie de la réalité de l'existence sur cette terre pouvons-nous susciter une mutation pas un simple changement, un changement complet un renversement, ou ce que vous voudrez de sorte que ce que l'on a vécu, ce que l'on vit soit complètement terminé et que. quelque chose de neuf puisse advenir?
39:19 Therefore we have to enquire together into what is continuity, what is it that continues in our life, living? Memory, is it? Continuity, a series of successions of events, experiences, the ‘me’, the persona, the ego, is a bundle of memories. One mightn’t like that idea. One wants something more than mere memories, and wanting more, something beyond memories, is another formation of memories – right? One is not satisfied with this memory but wants some other memory. So this continuation, which we call living, is a series and successions of events, memories, experience – all that bundle is me, is you. And continuity is that which is known. How scared we are of something ending you to all that! One has lived a long life of experience, knowledge, one has travelled all over the place – God knows why, but one has – and you talk, judge, evaluate, you know – all that. And we never enquire what is continuity and what is ending. Ending voluntarily something that you hold dear – you understand my question? Are we asking each other that question? Suppose, one is greatly attached to a person, to a conclusion, that conclusion, however historical, dialectical, Marxist, Leninist, blah, blah, all that, one is attached to all that like a limpet. Can one voluntarily, easily, let go? That is what death means. You don’t argue with death. You don’t say, ‘Please, give me another couple of days, so that I can do everything orderly’. It is there at your door. Il nous faut donc chercher, étudier ensemble ce qu'est la continuité... Qu'est-ce qui continue dans le cours de notre vie? La mémoire, est-ce cela? La continuité, une série d'événements qui se succèdent, d'expériences le 'moi', la 'persona', l'ego, tout cela est un ramassis de souvenirs. Cette idée ne plaira peut-être pas. On voudrait plus que de simples souvenirs, et vouloir cela n'est qu'une fabrication de souvenirs de plus, n'est-ce pas? On n'est pas satisfait de ce souvenir-ci, mais on en veut un autre. Ainsi cette continuation que nous appelons 'vivre' est une série une succession d'événements, de souvenirs, d'expérience et ce paquet est moi, est vous. Et la continuité est ce qui est connu. Comme nous sommes effrayés par ce qui mettra fin à tout cela! On a vécu une longue vie d'expérience, de savoir on a voyagé partout, Dieu sait pourquoi, mais on l'a fait et vous parlez, jugez, évaluez, vous savez tout cela. Et nous ne cherchons jamais à savoir ce qu'est la continuité et qu'est-ce que finir. Finir volontairement une chose que l'on chérit. Comprenez-vous ma question? Nous posons-nous mutuellement cette question? Supposons que l'on soit très attaché à une personne, à une conclusion que cette conclusion soit historique, dialectique, marxiste, léniniste bla, bla, bla, tout cela, on y est attaché comme une sangsue. Peut-on volontairement, facilement lâcher prise? Voilà ce que signifie la mort. Vous ne discutez pas avec la mort. Vous ne dites pas: 'accorde-moi encore deux ou trois jours pour que je puisse tout mettre en ordre'. Elle est là, à votre porte.
42:50 So can one understand continuity and give to that continuity an end? You understand my question? To us attachment means a great deal. It is the most satisfying common experience – to be attached to the earth, to certain beliefs, certain dogmas, certain rituals, certain habits, and so on. One is greatly attached to a house, to furniture, to a habit. Can one become aware of it and end it completely in that awareness? Not the day after tomorrow, but now as we are sitting here, becoming aware of all that: the explanations, the reality, not the description, but the fact of this constant demand for continuity. Sexual continuity, the continuity of possessions, continuity of family, continuity of one’s deep experiences, all that coming to an instant end. That is death. So not wait for death when you are sixty, eighty, ninety, but end it each day, live with death. Don’t be... Sir, the speaker is saying something tremendous involved in this, not just a lot of words put together. To live with something, a life that is constantly ending every day, every minute, so there is no continuity of the past, or the future. There is only this ending which is death. And to live that way. Go on, sirs. Don’t think about it, see the truth of it. Thought is not – it can create, put together a lot of things, but thought cannot deceive death. So if one realises the immense significance of living with that ending, which is called death, in our daily life, then there is real transformation, real mutation even in the brain cells because the brain cells carry all our memories, all the past, and all the rest of it. So can we live that way? Not pretend, not ‘I must make an effort’ – you don’t make an effort to die! Unless you jump out of the 18th floor and you say, ‘So far, so good’. Alors, peut-on comprendre la continuité et y mettre un terme? Comprenez-vous ma question? Pour nous l'attachement a une grande signification. C'est l'expérience commune la plus satisfaisante être attaché à la terre, à certaines croyances à certains dogmes, rituels, habitudes et ainsi de suite. On est très attaché à une maison, à un mobilier, à une habitude. Peut-on devenir conscient de cela et y mettre fin complètement, dans cet état de lucidité? Pas après-demain, mais maintenant, tout en étant assis ici devenant conscient de tout cela: des explications de la réalité pas de la description, mais du fait de ce besoin constant de continuité. Continuité sexuelle, continuité des possessions, continuité familiale continuité de ses propres expériences profondes pour que tout cela finisse instantanément. Voilà ce qu'est la mort. Alors, sans attendre la mort à 60, 80, ou 100 ans il faut y mettre fin chaque jour, en vivant avec la mort. Ne soyez pas... Monsieur, l'orateur s'implique terriblement dans ce qu'il dit ici il ne s'agit pas d'une simple suite de mots mais de vivre une vie qui prend continuellement fin, tous les jours à chaque instant, de sorte qu'il n'y ait aucune continuité du passé ou du futur. Il n'y a que cette fin, qui est la mort. Et il s'agit de vivre ainsi. Allons, Messieurs. N'y réfléchissez pas, voyez-en la vérité. La pensée...peut créer construire un tas de choses, mais la pensée ne peut tromper la mort. Donc si l'on prend conscience de l'immensité de ce que signifie vivre avec cette fin que l'on appelle la mort, dans notre vie quotidienne, alors il y a une vraie transformation, une vraie mutation même dans les cellules cérébrales car les cellules cérébrales portent tous nos souvenirs tout le passé et tout le reste. Alors, pouvons-nous vivre ainsi? Sans faire semblant, sans dire: 'je dois faire un effort' vous ne faites pas d'effort pour mourir! à moins de sauter du 18ème étage et vous dites: 'pour l'instant çà va, pourvu que ça dure' (rires)
47:32 And also we should talk about together what is religion, what is the nature of the brain that lives religiously. Religion has become very important in our lives. You may be atheists, you may say, ‘Well, it is all nonsense, some stupid priest preaching about some nonsense’. You may shun all that, but yet, there is this inward demand, inward saying: ‘After all, what is all this about – this living and dying, this pain, this anxiety – what is it all about?’ ‘Who created it? God? Nature? The first cell?’ and so on. So religion is concerned not with all the rubbish, circus that is going on, whether in Rome, or in England, or in Benares in India, or in the Buddhist countries; it is all put together by thought and therefore very, very, very limited. So we have to ask: what is religion and creation? What is creation? Is there a difference between creation and invention? We were talking the other day with an excellent doctor, really first-class doctor, not a doctor who makes money, but good doctor with a good brain. He was saying there is a certain part of the brain that can always be activated. I may be misrepresenting – careful, don’t accept entirely what the speaker is saying about that. There is a certain part of the brain – he mentioned some technical word which I didn’t know – that, as one gets ill, that gets a little bit dull, as one gets older, that gets still more dull. And whether that inner part of the brain can be revived, made alive – right? Don’t accept it. Don’t go to sleep. We were talking about it – I won’t go into it now because this is too complex. So what is invention and what is creation? Religion is concerned with this. And can the brain, which is conditioned, shaped, moulded by all kinds of things: community, what you read, what you hear, all the priests that have been promulgating some ideas, some worship, some gods – all that has conditioned our brain. Can our brain, yours and our brain, can that brain ever understand what is creation? Or it is based fundamentally on knowledge, which is experience, gathering, learning, memorising, and so on. Can that brain understand that which is not measurable? You understand? Are we somewhat together in this? Et nous devrions aussi parler ensemble de ce qu'est la religion et de la nature d'un cerveau qui vit religieusement. La religion a pris beaucoup d'importance dans nos vies. Si vous êtes athées, vous direz peut-être: 'tout cela n'a aucun sens voilà un prêtre stupide qui prêche des absurdités'. Vous aurez beau vous fermer à tout cela, il y a pourtant ce besoin intérieur, ce commentaire intérieur qui dit: 'En fin de compte, que signifie tout cela cette vie, cette mort, cette douleur cette anxiété, quel est le sens de tout cela?' 'Qui l'a créé? Dieu? La nature? La cellule originelle?' Et ainsi de suite. La religion n'a donc rien à voir avec toute cette ineptie, ce cirque qui se poursuit que ce soit à Rome, en Angleterre ou à Bénarès en Inde ou dans les pays boudhistes, tout cela est construit par la pensée et c'est donc très, très limité. Il vous faut donc demander: qu'est-ce que la religion et la création? Qu'est-ce que la création? Y a-t-il une différence entre la création et l'invention? Nous parlions l'autre jour avec un excellent médecin, de tout premier ordre pas un de ces médecins tournés vers l'argent mais un bon médecin avec un bon cerveau. Il disait qu'il y a une certaine partie du cerveau qui peut toujours être activée. Je déforme peut-être ce qu'il dit, attention n'admettez pas intégralement ce que dit l'orateur à ce sujet. Il y a une certaine partie du cerveau - il se servit d'un terme technique que j’ignorais - qui, lorsqu'on tombe malade, s'amollit un peu et quand on vieillit, elle s'amollit encore davantage. Et il s'agit de savoir si cette partie interne du cerveau peut être réactivée, ranimée, n'est-ce pas? Ne l'admettez pas. Ne vous endormez pas. Nous parlions de cela. Je ne vais pas m'étendre là-dessus maintenant, car c'est trop complexe. Alors, qu'est-ce que l'invention, et qu'est-ce que la création? Cela concerne la religion. Et le cerveau est conditionné, moulé modelé par toutes sortes de choses: par la communauté par ce que vous lisez, ce que vous entendez par tous les prêtres qui ont promulgé certaines idées certains cultes, Dieu, tout cela a conditionné notre cerveau. Notre cerveau, le vôtre et le nôtre ce cerveau peut-il jamais comprendre ce qu'est la création? Ou se base-t-il fondamentalement sur le savoir c'est-à-dire l'expérience, accumulant, apprenant, mémorisant, etc. Ce cerveau peut-il comprendre ce qui n'est pas mesurable? Vous comprenez? Sommes-nous tant soit peu ensemble ici?
52:59 We measure. Right? We measure, which means compare, judge, evaluate; we are always comparing ourself with something else. Comparing one painter against another painter, one poem against another poem, or Beethoven against Bach, and so on, Mozart – let me include Mozart in it. So is invention – is not invention based on knowledge? Please, we are talking about it together. If there is no knowledge, there is no invention. We must have a background of knowledge to find something new – is that creation? Or is creation something totally out of time and thought? This has been one of the problems, probably the greatest problem of a religious brain, religious quality. We will never use the word ‘meditation’ any more. I hope you don’t mind. That word implies also measurement in Sanskrit as well as in acknowledged dictionaries. Measurement. Not only measurement of cloth and all the material things, but also measuring ourselves against something. Measurement was invented by the Greeks and probably before them, and without measurement there is no technological world. And we carry on that same principle in ourselves, we are always measuring how we are today, and hope tomorrow will be the same or wish it to be different. It is always comparing, judging, evaluating. And the word, that word which has become so mutilated by the gurus who have brought various forms of meditation, we won’t discuss that word any more because it has become a stupid word. Sitting in a certain posture, breathing in a certain way, concentrating, and all that – making tremendous effort to achieve what? Some carrot before the donkey? Nous mesurons, n'est-ce pas? Nous mesurons, ce qui signifie comparer, juger, évaluer. Nous sommes toujours en train de nous comparer à autre chose comparant un peintre à un autre un poème à un autre ou Beethoven à Bach et ainsi de suite, Mozart, incluons Mozart. Donc, l'invention n'est-elle pas basée sur le savoir? S'il vous plaît, nous en discutons ensemble. Il n'y a pas d'invention sans savoir. Il faut un fond de savoir pour découvrir quelque chose de neuf est-ce cela la création? Ou la création est-elle totalement hors du temps et de la pensée? Ceci a été un des problèmes, peut-être le plus important problème qui se pose à un cerveau religieux, de qualité religieuse. Nous ne nous servirons jamais plus du mot 'méditation'. J'espère que cela ne vous fait rien. Ce mot implique aussi la mesure, tant en sanscrit que dans les dictionnaires étymologiques. La mesure. Non seulement la mesure d'un tissu et de toutes les choses matérielles mais encore le fait de se mesurer soi-même à quelque chose. La mesure fut inventée par les Grecs, et probablement même avant eux. Sans mesure, il n'est pas de monde technologique possible. Et nous transposons ce même principe à nous-mêmes nous sommes toujours en train de mesure ce que nous sommes aujourd'hui espérant que demain sera pareil, ou qu'il sera différent. Cela revient toujours à comparer, juger, évaluer. Et ce mot qui a été tellement mutilé par les gourous qui ont introduit diverses formes de méditation nous n'allons pas discuter de ce mot qui est devenu tout à fait insensé. S'asseoir dans une certaine posture, respirer d'une certaine façon se concentrer, etc., déployant d'énormes efforts pour parvenir à quoi? Une carotte devant l'âne? Alors, il faudrait s'intéresser
56:51 So we should be concerned with not how to make the brain still – that is fairly easy. But to be concerned with total attention, not attention to or about something; the quality of attention, which is different from concentration, entirely different. Concentration is effort, focusing on one thing or several things, which becomes a habit like the pilots in the air. So is it possible to be attentive? And then in that there is no hypocrisy, no pretensions – you are attentive. And in attention there is complete silence, when you attend. And in that attention there is no border, it is attending. There is not, ‘I am attending’, there is only attention. Please, consider, take counsels together about this. non pas à la façon de tranquilliser le cerveau ce qui est assez facile mais s'intéresser à l'attention totale. Pas l'attention à quelque chose, mais la qualité de l'attention ce qui différe totalement de la concentration. La concentration est de l'effort, se focaliser sur une chose ou sur plusieurs choses, ce qui devient une habitude comme chez les pilotes, là-haut. Est-il donc possible d'être attentif? Et alors, en cela il n'y a aucune hypocrisie aucune prétention: vous êtes attentif. Et dans l'attention il y a un silence total, quand vous êtes attentif. Et cette attention n'a aucune frontière: 'cela' est attentif. Il n'y a pas de 'moi qui suis attentif', il n'y a qu'attention. Je vous en prie, considérons, prenons conseil ensemble à ce sujet.
59:05 So what is creation? Not the first cell, nor how we’ve evolved, and all that. We have said God created all this. On the contrary, we have made God our image out of what we are, we have made that poor chap up there! We have given him all the qualities which we lack – mercy, charity, love, omnipresence, intelligence, and all the rest of that business. What is creation? Can the brain, which is the centre of all our nerves, all our activity, all our existence, however small it is, can that brain understand the immensity of creation? Or there is something beyond the brain. Now, careful, please, don’t accept anything the speaker is saying. That is the first thing one has to learn – never accept anything so-called spiritual. That’s sheer nonsense. There is no spiritual authority. The authority of a doctor, scientist – that is a different matter. The policeman has authority, especially in Switzerland! Tremendous! We were caught in it once! Is the brain capable of really seeing that which is not measurable? We can talk about it, we can invent it, we can say there is the immeasurable – all that means a lot of words. But we are asking a different question altogether: can the brain, which is made up of time, memory, thought, experience, all the rest of it, can that brain ever understand that which is limitless? You understand my question? It is really... Or there is something else, which is the mind, not the brain. Don’t invent, then we are lost. We are asking each other: is there something which we will call the mind for the moment – we may change the word – is there a mind which is not the brain? Is there such a thing which alone can see that which is immense? And then that mind can communicate to the brain, but the brain cannot communicate to it? You have understood? We are asking each other. The brain as we know has been made very small, though it has got immense capacity. The computer is something extraordinary. It is going to probably take over our lives, that is probably the new industry. The computer will shape our lives. It is already doing it quietly, slowly, we are unaware of it. We have talked to a great many of these experts, computer experts who are building it. They are not concerned with what happens to the human brain. You understand my question? They are concerned with creating it. Ah, not creating, building it – that’s a better word. When the computer takes over our lives what happens to our brains? They are better, far quicker, so rapid, in a second they will tell you a thousand memories. So when they take over what is going to happen to our brains? Gradually wither? Or be thoroughly employed in amusement? In entertainment? Please, face all this, for God’s sake, this is happening! All the long sports record on the television, it is getting longer and longer. They spend ten minutes over cricket and two minutes over what is happening in South Africa. So the entertainment industry is taking over. Please, face all this. And religious entertainment that has taken over, too. So we are being entertained all the time. And we treat meeting here as part of that. I assure you it is not. It is terribly serious, all this. Dès lors, qu'est-ce que la création? Il ne s'agit pas de la cellule primordiale, ni de comment nous avons évolué, et tout cela. On a dit que Dieu avait créé tout cela. Au contraire, nous avons fait Dieu à notre image partant de ce que nous sommes nous avons fait ce pauvre diable, là-haut! Nous lui avons attribué toutes les qualités qui nous manquent, la miséricorde, la charité l'amour, l'omniprésence, l'intelligence et tout le reste. Qu'est-ce que la création? Le cerveau, qui est le centre de tous nos nerfs de toute notre activité, de toute notre existence si petite soit-elle ce cerveau peut-il comprendre l'immensité de la création? Ou bien y a-t-il quelque chose au delà du cerveau? Attention ici, n'admettez rien de ce que dit l'orateur. C'est la première chose qu'il faut apprendre ne jamais rien accepter de prétendument spirituel. C'est de la pure ineptie. Il n'y a aucune autorité spirituelle. L'autorité d'un médecin, d'un scientifique, c'est autre chose. Le policier a de l'autorité, spécialement en Suisse! (rires) Terriblement! Une fois, nous nous y sommes fait prendre! Le cerveau est-il capable de vraiment voir ce qui n'est pas mesurable? On peut en parler, on peut l'inventer on peut bien dire que l'incommensurable existe tout cela, n'est qu'un tas de mots. Mais nous posons une question tout à fait différente: le cerveau qui est fait de temps, de mémoire, de pensée, d'expérience, etc ce cerveau peut-il jamais comprendre ce qui est sans limite? Vous comprenez ma question? Elle est réellement... Ou bien y a-t-il autre chose que le cerveau, c'est-à-dire l'esprit? N'inventez pas, car alors, nous sommes perdus. Nous nous demandons l'un l'autre: existe-t-il quelque chose que l'on nommera pour l'instant l'esprit (on pourra changer de mot) y a-t-il un esprit qui ne soit pas le cerveau? Existe-t-il une telle chose qui seule peut voir ce qui est immense? Et cet esprit peut alors communiquer avec le cerveau mais le cerveau ne peut pas communiquer avec lui. Avez-vous compris? Nous nous posons cette question l'un à l'autre. Le cerveau, tel que nous le connaissons a été considérablement rapetissé bien qu'il ait une capacité immense. L'ordinateur est quelque chose d'extraordinaire. Il va probablement prendre le contrôle de nos vies voilà probablement la nouvelle industrie. L'ordinateur va modèler nos vies. Il est déjà en train de le faire, silencieusement lentement, nous n'en sommes pas conscients. Nous avons parlé à beaucoup de ces experts en ordinateurs, ceux qui les construisent. Ils ne se soucient pas de ce qui arrive au cerveau humain. Vous comprenez? Ce qui les intéresse, c'est de les créer ah, pas de les créér, de les construire, ce mot est plus approprié. Quand l'ordinateur prend en charge nos vies, qu'advient-il de nos cerveaux? Ils sont meilleurs, bien plus rapides, si prompts ils vous sortiront des milliers de souvenirs à la seconde. Alors, quand ils prendront la relève, qu'adviendra-t-il de nos cerveaux? Vont-il graduellement s'étioler? ou se laisseront-ils complètement absorber par les amusements? Par le divertissement? Faites face à tout cela, je vous prie, c'est en train d'arriver. Toute ces reportages sportifs à la télévision, qui sont de plus en plus longs. Ils consacrent dix minutes au cricket et deux minutes à ce qui se passe en Afrique du Sud. L'industrie du divertissement est donc en train de prendre le dessus. Il faut faire face à tout cela. Et le divertissement religieux a aussi pris le dessus. Ainsi, nous nous faisons constamment divertir. Et nous estimons que notre réunion ici fait partie de cela. Je vous assure qu'il n'en est rien. Tout ceci est terriblement sérieux.
1:06:37 So can the brain ever understand the universe? They can say Venus is so much gas, so much metal, etc., etc., etc., but the description, the quality, the taste of it is not Venus, the beauty of it, the extraordinary quietness of it. And can our brain, to understand all that immensity, be quiet? not everlastingly chattering, chattering, chattering. Can that brain become extraordinarily simple and therefore extraordinarily subtle? And if that brain is capable of that subtleness, that immense sense of great simplicity of time and thought, and all the rest of it, then perhaps that mind, which is not the brain, can communicate to it. Then the brain cannot communicate to that, obviously. And we are doing our very best to communicate with that, doing all kinds of tricks, all forms of control, sacrifice, taking vows, taking... Right? And that thing can never – one can never touch it. And the religious mind, religious brain always has the background of great silence and solitude. Alors, le cerveau peut-il jamais comprendre l'univers? On peut affirmer que Vénus a tel gaz, tel métal, etc., etc mais la description, la qualité, la saveur de la chose n'est pas Vénus sa beauté, son extraordinaire quiétude. Et pour comprendre toute cette immensité le cerveau peut-il être tranquille sans bavarder, bavarder, bavarder sans cesse? Ce cerveau peut-il devenir extraordinairement simple et par conséquent extraordinairement subtil? Et, si ce cerveau est capable de subtilité, de cet immense sentiment de la grande simplicité du temps et de la pensée, et tout le reste alors peut-être cet esprit, qui n'est pas le cerveau, peut-il communiquer avec ce dernier. Alors que le cerveau ne peut communiquer avec 'cela', c'est évident. Et nous faisons de notre mieux pour. communiquer avec 'cela', nous livrant à toutes sortes de stratagèmes, à toutes sortes de maîtrise de sacrifices, prononçant des voeux, n'est-ce pas? Et cette chose, on ne peut jamais y toucher. Et l'esprit religieux, ou plutôt le cerveau religieux a toujours ce fond de grand silence et de solitude.
1:08:55 We have finished. Will you kindly get up so that I can get up too? Nous en avons fini. Voulez-vous bien vous lever, de sorte que je puisse me lever aussi?