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LO82T2 - L'ordre dans la conscience
2ème Causerie Publique
Londres, Royaume-Uni
6 Juin 1982



0:22 Krishnamurti: May we continue with what we were talking about yesterday? We went some length into the question of fear. Whether it is possible at all to be totally and completely free of fear. We pointed out the nature and the structure of fear, the contributory causes of fear. And we said that fear cannot be suppressed or transmuted, or escape from it. It is to be observed, and to discern that the observer is the observed, the observer is not separate from fear. The observer, who is the past, with all the accumulated knowledge, he separates himself, and thereby either suppresses fear, escapes from it or tries to transcend it, go beyond it. All that implies conflict. And as we human beings have lived in conflict for thousands of years, we should consider together whether it is possible to entirely eliminate fear, conflict. And that is possible only when the observer realises he is not separate from that which he is observing, psychologically. Then that division between the observer and the observed disappears entirely. This is not just an idea, a cunning activity of thought. Observation has nothing to do with thought. To observe the whole movement of fear, the complexity of it, not come to it with any kind of motive or try to go beyond it, but just to observe it. And it is very important, it seems, that one has to learn – if we can use that word, and learning is not a matter of time here – to observe without the accumulated remembrances of the past. That requires a great deal of awareness to be aware of the whole contributory causes of fear and the consequences of fear. And observe it as it grows, as it moves. And when there is no conflict, which can only take place when the observer realises that which he is observing is himself, that the observer is the observed, then all energy, which we have been dissipating in conflict, in trying to surmount it, go beyond it, suppress it, totally disappears. Therefore when there is the observer which is the observed, then there is the energy which is not dissipated, which then dissolves fear entirely. This is what we were talking about yesterday. Krishnamurti : pouvons-nous poursuivre le sujet d'hier ? Nous avons longuement parlé de la question de la peur. S'il est vraiment possible d'être totalement et complètement libéré de la peur. Nous avons montré la nature et la structure de la peur, les causes qui favorisent la peur. Et nous avons dit que la peur ne pouvait être refoulée ou transformée, ou fuie. Elle doit être observée, et il faut discerner que l'observateur est l'observé, que l'observateur n'est pas séparé de la peur. L'observateur, qui est le passé avec tout le savoir accumulé, se sépare, et par conséquent, soit il refoule la peur, soit il la fuit ou il essaye de la transcender, d'aller au delà. Tout cela implique le conflit. En tant qu'êtres qui vivent en conflit depuis des milliers d'années, nous devrions considérer ensemble s'il est possible d'éliminer entièrement la peur, le conflit. Et cela n'est seulement possible que lorsque l'observateur réalise qu'il n'est pas séparé de ce qu'il observe, psychologiquement. Alors cette division entre l'observateur et l'observé disparaît entièrement. Ce n'est pas simplement une idée, un mouvement habile de la pensée. L'observation n'a rien à voir avec la pensée. Observer tout le mouvement de la peur, sa complexité, ne pas l'aborder avec des motivations ou essayer de la dépasser, mais simplement l'observer. Il me semble très important que nous apprenions – si nous pouvons employer ce mot, et apprendre n'est pas une question de temps, ici – à observer sans l'accumulation des souvenirs du passé. Cela demande énormément d'attention de prendre conscience de toutes les causes favorisant la peur et des conséquences de la peur. Et l'observer à mesure qu'elle grandit, qu'elle évolue. Lorsqu'il n'y a pas de conflit, et cela ne se produit que si l'observateur réalise que ce qu'il observe n'est autre que lui-même, que l'observateur est l'observé, alors toute l'énergie, que nous avons dispersée dans le conflit, en tentant de le surmonter, de le dépasser, de l'éliminer, disparaît totalement. Donc quand l'observateur est l'observé, l'énergie n'est pas dispersée, elle dissout alors la peur entièrement. C'est cela dont nous parlions hier.
5:13 One listens to a lot of these ideas and draws a conclusion, an abstraction of what one has heard, and that abstraction becomes a principle, an ideal, a thing to be achieved. Whereas if one listens without the abstraction taking place, just listens to the whole psychological movement of fear, not make an idea of it, but actually observe it as one observes a marvellous mountain – you can't do anything about it, it is there. Similarly to observe this whole nature of fear. And in that observation there is no dissipation of energy. And hence, the totality of that energy wipes fear away entirely. On écoute la plupart de ces idées et on en tire une conclusion, une abstraction de ce que l'on a entendu, et cette abstraction devient un principe, un idéal, une chose qu'il faut accomplir. Tandis que si on écoute sans qu'il y ait abstraction, si on écoute simplement tout le mouvement psychologique de la peur, sans en faire une idée, mais en l'observant vraiment comme on observe une montagne merveilleuse – vous ne pouvez rien y faire, elle est là. De la même façon, observer la nature entière de la peur. L'énergie ne se dissipe pas dans cette observation. Et donc, la totalité de cette énergie fait disparaître la peur complètement.
6:43 Either we hear all this, make an abstraction as an idea, and pursue the idea, or without abstraction observe one's own fear, because most of us have all kinds of fears. We may have no fear at the moment sitting here in a rather hot hall but there is this fear, hidden or obvious. And where there is fear there is all kinds of neurotic activity. Is one aware of the whole root of fear, the conscious as well as the hidden fears deeply in the recesses of one's own psyche? Or we just listen to these words totally unrelated to actual fear that one has? Or you listen very carefully, discover for oneself whether it is false or true? And that very denial of the false, in which a great deal of energy is wasted, then you have that accumulated energy to dissipate fear. Soit on écoute tout cela, on en fait une abstraction, une idée, et on poursuit cette idée, soit on observe sa propre peur sans abstraction, parce que la plupart d'entre nous ont toutes sortes de peurs. Nous n'avons peut-être pas peur maintenant assis ici dans un hall où il fait plutôt chaud mais la peur est là, cachée ou en évidence. Et quand la peur est là, cela engendre toute une activité névrotique. Avons-nous pleine conscience de la racine de la peur, des peurs conscientes autant que des peurs profondément enfouies dans les renfoncements de notre psyché ? Ou sommes-nous juste en train d'écouter ces mots complètement déconnectés de notre peur véritable ? Ecoutons-nous avec beaucoup d'attention, afin de discerner soi-même le vrai du faux ? Lorsque l'on rejette le faux, pour lequel énormément d'énergie est gaspillée, alors toute l'énergie accumulée dissipe la peur.
8:37 We said too yesterday that we would talk about pleasure: pleasure in various forms, pleasure of possessions, pleasure in becoming something pleasure in all the sensory responses. But to understand the nature of pleasure one must go into the nature and understand what is love. Because when one loves, if that is possible at all, pleasure has quite a different meaning. It may not be necessary at all. So we ought to, together, as we said yesterday in our conversation with each other, go into this very complex problem of what is love. And please, this is not a sermon. Nous avons dit aussi hier que nous parlerions du plaisir : le plaisir sous différentes formes, le plaisir de posséder, le plaisir de devenir quelqu'un, le plaisir éprouvé dans les réactions sensorielles. Mais pour comprendre la nature du plaisir, il est important de comprendre la nature de l'amour. Parce que lorsque nous aimons, si cela est seulement possible, le plaisir prend alors un tout autre sens. Il n'est peut-être plus nécessaire. Nous devons donc, ensemble, comme nous l'avons dit hier dans notre conversation, approfondir ce problème très complexe qu'est l'amour. Je vous en prie, ceci n'est pas un sermon.
10:14 We have spoiled that word. We use it in so many ways: love of climbing a mountain, sexual love, love of achievement, love of power, position, status, love of something that gives you personal enjoyment, and so on. What is the difference between the thought that has created the pleasure of love and love itself? What is the nature of love which is not desire – which we talked about briefly yesterday – and love that is not pleasure, love that is not a recollection of past incidents. So one asks, is love desire? Is love pleasure? Which is the remembrance of some happy events, sensory or psychological happenings. Is the remembrance of past events, the pleasure that one derives from those events, and the cultivation of desire, is all that love? Nous avons dénaturé ce mot. On l'utilise de toutes les façons : on aime gravir une montagne, on aime le sexe, on aime la réussite, on aime le pouvoir, la position, le statut, on aime ce qui nous procure du plaisir, et ainsi de suite. Quelle est la différence entre la pensée qui a créé le plaisir d'aimer et l'amour lui-même ? Quelle est la nature de l'amour qui n'est pas désir – nous en avons brièvement parlé hier – de l'amour qui n'est pas plaisir, de l'amour qui n'est pas lié au souvenir d'évènements passés. Je vous demande donc : l'amour est-il le désir ? L'amour est-il le plaisir ? C'est à dire le souvenir de moments heureux, d'évènements sensoriels ou psychologiques. Le souvenir de moments passés, le plaisir qu'on en retire, et l'entretien du désir, est-ce tout cela, l'amour ?
12:43 How is one going to find out? Because it seems to us in our conversation together without this quality, what one calls love, and the perfume of it, the reality of it, not the verbal description of it, the actuality of that state of mind, one has to really understand deeply that desire, pleasure and remembrance have no place at all where love is concerned. Is that at all possible? Comment le savoir ? Parce qu'il semble dans notre conversation que sans cette qualité, ce qu'on appelle l'amour, et le parfum de l'amour, sa réalité, non pas sa description verbale, mais la réalité de cet état d'esprit, nous devons vraiment comprendre en profondeur que le désir, le plaisir et le souvenir n'ont absolument rien à voir avec l'amour. Cela est-il seulement possible ?
13:51 In enquiring together into this matter one must also go into the question that the brain records every incident. It is a recording machine like a computer, so it is mechanical. And being mechanical, it is constantly repetitive. And our conditioning is to repeat a pleasure, either it be sexual or other forms of pleasure. Can the brain register what is absolutely necessary and not register any form of psychological events? Please, this is a very serious question, because all our conditioning, the content of our consciousness, is the mechanical process of the brain which records. And so one's life becomes mechanical. In that mechanical field, one may invent, but it is still born out of knowledge and knowledge is always incomplete, about anything. So, thought is born of knowledge, and so thought is always incomplete. Knowledge always lives within the shadow of ignorance. So we are always functioning within the field of knowledge, which is our conditioning. Si nous approfondissons ce sujet ensemble, nous devons aussi considérer le fait que le cerveau enregistre chaque incident. C'est une machine qui enregistre comme un ordinateur, donc il est mécanique. Si c'est mécanique, c'est constamment répétitif. Nous sommes conditionnés pour répéter le plaisir, qu'il s'agisse d'un plaisir d'ordre sexuel ou autre. Le cerveau peut-il enregistrer ce qui est absolument nécessaire et non pas les évènements psychologiques ? Je vous en prie, c'est une question très sérieuse, parce que tout notre conditionnement, le contenu de notre conscience, est le processus mécanique d'enregistrement du cerveau. C'est ainsi que nos vies deviennent mécaniques. Dans ce champ mécanique on est capable d'inventer, mais on invente toujours à partir de notre savoir et le savoir est toujours incomplet, dans tous les domaines. La pensée est donc générée par le savoir, donc la pensée est incomplète. Le savoir vit toujours dans l'ombre de l'ignorance. Nous fonctionnons toujours dans le champ du savoir, c'est notre conditionnement.
16:27 Please, if one may point out, and one hesitates to point out, please don't just listen to all this as words, as ideas, but enquire with the speaker into the nature of one's repetitive mechanical mind, neither accepting or denying it, but closely, tentatively observing it. Observing your own quality of brain, how terribly conditioned it is, as the British, as the French and so on, and also conditioned by the religious concepts, conditioned by the climate and so on, by tradition. And when one is enquiring into a very deep subject like love, it behoves us not to come to it with our conditioning. So can we bring order in the confused, messy consciousness? Can there be order in this disorder: of our whole way of life, our society, our culture, the language which we use, our reactions, so contradictory, and observe our consciousness with its content? Because when one observes it, there is such deep contradiction in it: wanting peace, to live a happy life, creative life, and yet doing everything opposite to that. So our consciousness is in perpetual conflict, and rather messy. Je vous en prie, si je peux me permettre de le faire remarquer, j'hésite pourtant à le faire, n'écoutez pas cela simplement comme des mots, des idées, mais examinez avec l'orateur la nature de l'esprit mécanique qui répète, ne l'acceptez pas, ne le rejetez pas, observez-le de près, avec prudence. Observez votre cerveau dans sa qualité, son conditionnement extrême, qu'il soit britannique, français ou autre, qu'il soit conditionné par des concepts religieux, conditionné par le climat et ainsi de suite, par la tradition. Quand on examine un sujet aussi profond que l'amour, il nous incombe de le faire en dehors de tout conditionnement. Pouvons-nous donc remettre de l'ordre dans la confusion, le désordre de la conscience ? Est-il possible de mettre de l'ordre dans ce désordre : celui de notre façon de vivre, de notre société, de notre culture, de la langue que nous utilisons, de nos réactions, tellement contradictoires, et d'observer le contenu de notre conscience ? Parce que dès lors qu'on l'observe, on y voit une grande contradiction : on veut la paix, une vie heureuse, une vie créative, et pourtant on fait tout le contraire. Notre conscience est donc en conflit permanent, et plutôt désordonnée.
19:22 And is it possible to bring about order? Because order is supreme virtue. Order is totally unrelated to disorder. Having a disordered brain, consciousness, seeking order from that disorder is still disorder. Right? Are we meeting each other, I hope. If I am confused, disorderly and messy, and I try to find order out of this confusion, that order is still disorder. Order exists only when there is total ending of disorder. That is, disorder expresses itself in conflict, in contradiction, saying one thing and doing another, thinking one thing and act totally differently. We are such – if one may use without creating irritation – we are such hypocrites. And out of this disorder, we try to find order. So can disorder end, because when there is an ending to total disorder, there is supreme order. So one has to enquire into what is disorder, how it arises. Est-il possible d'y mettre de l'ordre ? Parce que l'ordre est l'ultime vertu. L'ordre est totalement dissocié du désordre. Lorsque le cerveau, la conscience, est en désordre, chercher de l'ordre à partir de ce désordre est toujours le désordre. D'accord ? J'espère que nous nous comprenons. Si je vis dans la confusion, le désordre, l'encombrement, et que j'essaie de mettre de l'ordre dans toute cette confusion, cet ordre sera toujours le désordre. L'ordre n'existe que si l'on met totalement fin au désordre. Car le désordre se manifeste dans le conflit, dans la contradiction, dans le fait de dire une chose et d'en faire une autre, de penser d'une façon et d'agir tout à fait différemment. Nous sommes de tels – si je peux le dire sans provoquer de contrariété – nous sommes de tels hypocrites. Et dans tout ce désordre, nous essayons de trouver l'ordre. Pouvons-nous mettre fin au désordre ? Car lorsque le désordre total cesse, il y a l'ordre suprême. Il faut donc savoir ce qu'est le désordre, comment il naît.
21:48 I hope you are all interested in all this. Since you are here, probably you are slightly interested in all this, not too deeply, probably it is such a lovely morning you would like to go out and play golf. But since you are here, sitting in a hot place, uncomfortable and so on, please do consider seriously all that the speaker is saying, don't brush it off. Because the world is in complete disorder, the world is in a state of insanity: talking about peace and killing each other, talking about peace and selling armaments. All that is going on, which we talked about briefly yesterday. It is a very serious matter, not an entertainment, and our minds are used to entertainments. So please give your serious attention to all this, if you will. J'espère que tout ceci vous intéresse. Puisque vous êtes ici, vous y trouvez sûrement un peu d'intérêt, pas trop, c'est une si belle matinée que vous aimeriez sortir et jouer au golf. Mais puisque vous êtes ici, assis dans un hall où il fait chaud, où c'est inconfortable, veuillez considérer sérieusement tout ce que vous dit l'orateur, ne le négligez pas. Parce que le monde est dans un désordre total, le monde est dans un état de démence : on parle de paix et on s'entretue, on parle de paix et on vend des armes. C'est en train de se passer, nous en avons parlé rapidement hier. C'est un problème très sérieux, ce n'est pas un divertissement, et nos esprits sont habitués aux divertissements. Alors je vous en prie, soyez très attentifs à tout ceci, si vous le voulez bien.
23:35 What is disorder? Because where there is disorder, there can be no love, where there is fear there is no love, where there is the mere search for the continuity of pleasure, love cannot possibly exist. So one has to enquire – if you are at all serious and very, very honest – what is the nature of disorder, why we live in such disorder. Qu'est-ce que le désordre ? Parce que là où il y a le désordre, Il ne peut y avoir d'amour, là où il y a la peur, il n'y a pas d'amour, là où il n'y a guère que la recherche d'un plaisir continu, l'amour ne peut pas exister. Il faut donc se demander – si vous êtes tout à fait sérieux et très, très honnêtes – quelle est la nature du désordre, pourquoi nous vivons dans un tel désordre.
24:30 Is not disorder a contradiction? Is not disorder that which expresses itself in conflict, psychologically, inwardly or outwardly? Is not disorder the pursuit of an ideal, when one is confronted with the actual? Is there not disorder when the future is more enticing than the present? – and so on. So, disorder essentially is a contradiction. That is, as we went into it yesterday, human beings are violent, that is a fact, that is a reality. At the least possible challenge or hurt or considered honour, we are willing to kill another. We have had two terrible wars and we are still pursuing wars, and we are still talking about peace, that is a contradiction, utter dishonesty. And where there is conflict in relationship with each other: man, woman, with neighbour, or a neighbour who is thousands of miles away, where there is conflict in our relationship, there must be disorder. To perceive that instantly, not rationalise it, discuss it, be clever about it, but to see the truth of it, immediately, that there is only the fact, which is, we are violent, and not try to become non-violent. While you are trying to become non-violent, you are being violent. Whereas, if we face the fact that we are violent, inherited through various centuries, and inherited from the animal and so on, so on. Le désordre n'est-il pas une contradiction ? Le désordre n'est-il pas ce qui est exprimé dans le conflit, psychologiquement, en soi ou en dehors ? Le désordre n'est-il pas la poursuite d'un idéal, lorsque l'on est confronté à la réalité ? N'y a-t-il pas de désordre lorsque le futur est plus attirant que le présent ? – et ainsi de suite. Donc, le désordre est essentiellement une contradiction. Cela signifie que, comme nous l'avons vu hier, les humains sont violents, c'est un fait, c'est une réalité. À la moindre attaque, blessure ou atteinte à l'honneur, nous sommes prêts à nous entretuer. Après deux guerres terribles nous continuons toujours la guerre, et nous parlons toujours de paix, c'est une contradiction, une malhonnêteté absolue. Et lorsqu'il y a un conflit dans la relation : entre l'homme et la femme, avec le voisin, ou avec un voisin qui est à des milliers de kilomètres, quand il y a un conflit dans la relation, le désordre est inévitable. Percevoir cela dans l'immédiat, sans le rationaliser, sans en parler ni l'intellectualiser, mais en voir toute la vérité, dans l'immédiat, voir qu'il n'y a qu'un fait, – nous sommes violents, et ne pas essayer de devenir non-violents. Si vous essayez de devenir non-violent, vous êtes dans la violence. Au contraire, faisons face au fait que nous sommes violents, que c'est un héritage vieux de plusieurs siècles, qui nous vient de l'animal, et ainsi de suite.
27:57 You know, to see the false, see our illusions, and move away from the false, then that which is, is truth. But we have so many illusions, and these are the contributory factors of our disorder. To be aware of this whole movement of disorder, not to say I must dissolve them in order to have order, but to observe it very closely, with all your energy, then that state of disorder in oneself disappears entirely. That is to put one's house in order. There is order then, and there is no contradiction. You mean what you say, exactly. There is no double talk. That means one has to be a light to oneself, not follow anybody. In the realm of the spirit there is no authority, no intermediary between you and that reality, that truth. But we have allowed ourselves to have intermediaries, leaders and so on. So if we understand this nature of disorder, then out of that comes, naturally, easily and sweetly, order, which is the highest form of virtue in our action, in our thinking and so on. Lorsque nous voyons ce qui est faux, nos illusions, et que nous nous en écartons, alors, la vérité est. Mais nous avons tant d'illusions, qui sont les facteurs contribuant à notre désordre. Être conscient de tout ce mouvement de désordre, ne pas se dire : je dois dissoudre cela pour atteindre l'ordre, mais l'observer de très près, avec toute votre énergie, permet à cet état de désordre intérieur de disparaitre totalement. C'est cela, mettre de l'ordre dans sa maison. Et là où il y a de l'ordre, il n'y a pas de contradiction. Ce que vous dites, vous le pensez exactement. Il n'y a pas de double discours. Cela signifie qu'on doit être sa propre lumière, et ne suivre personne. Au royaume de l'esprit il n'y a pas d'autorité, pas d'intermédiaire entre vous et cette réalité, cette vérité. Or nous faisons appel à des intermédiaires, à des leaders et ainsi de suite. Donc si nous comprenons cette nature du désordre, alors en découle naturellement, facilement et délicatement, l'ordre, qui est la plus grande forme de vertu dans nos actes, nos pensées et ainsi de suite.
30:35 And as we said, where there is disorder in ourselves and contradiction, love is not possible. I may tell my wife – if I have a wife or a girlfriend – I love you. But that is just a pleasurable expression. But love demands a great deal of enquiry. One cannot love another if you belong to any kind of group, nationality, religious adherents. There must be freedom, totally, to love. That very word freedom is the expression of love. The word itself means love: freedom. And without love there is no compassion, social service, doing good, being kind, tender, generous, has nothing to do with compassion, that is only part of sympathy, natural expression and so on. But compassion demands a great deal of intelligence. The intelligence of thought, which is cleverness, is not intelligence. That supreme intelligence exists only where there is compassion, love and order. Et comme nous l'avons dit, lorsqu'il y a en nous du désordre et de la contradiction, il n'y a pas de place pour l'amour. Je peux dire à ma femme – si j'ai une femme ou une petite amie – je t'aime. Mais il s'agit juste d'une expression liée au plaisir. Or l'amour exige que l'on se pose beaucoup de questions. On ne peut pas aimer quelqu'un si on appartient à un groupe, une nationalité, une religion. Il faut être libre, totalement, pour aimer. Le mot liberté est en soi l'expression de l'amour. le mot lui-même signifie l'amour : liberté. Sans amour il n'y a pas de compassion, la charité, la bonté, la gentillesse, la douceur, la générosité, n'ont rien à voir avec la compassion, ce n'est qu'une forme de sympathie, une façon naturelle de s'exprimer. Mais la compassion exige beaucoup d'intelligence. L'intelligence de la pensée, qui est une forme d'ingéniosité, n'est pas l'intelligence. Cette intelligence suprême n'existe que lorsqu'il y a compassion, amour et ordre.
32:42 Then we can go to the next subject. There can be no love if there is jealousy, hatred. No sense of antagonism. How can you kill another if you really love, whether for your country, for your interest, for God or whatever it is, how can you kill another if you love? Please, this is all very serious, do consider all this because we are living in a world which is terribly dangerous, which has become dangerous, totally insecure, and without this quality of intelligence born of compassion and love, we cannot bring about a totally different social order. Après cela nous pouvons aborder le prochain sujet. Là où il y a de la jalousie, de la haine, il ne peut pas y avoir d'amour. Il n'y a pas de place pour l'antagonisme. Comment peut-on tuer quand on aime vraiment, que ce soit pour son pays, pour ses intérêts, pour Dieu ou quoi que ce soit, comment peut-on tuer quand on aime ? Je vous en prie, ceci est très sérieux, réfléchissez à tout cela car nous vivons dans un monde terriblement dangereux, qui est devenu dangereux, totalement incertain, et sans cette qualité d'intelligence née de la compassion et de l'amour, nous ne pourrons pas établir un nouvel ordre social.
34:04 We all also should talk over whether sorrow can end, and what is the relationship between love and sorrow. Can there be love where there is suffering, both inwardly and outwardly? So we ought to talk over together whether it is possible to end suffering, this terrible burden that man has carried for millennia upon millennia. There is not only personal suffering, but the suffering of the world. Those who have been brought up without any clothes, food, or just one meal a day, living in degradation, poverty, and these terrible wars. How many people have shed tears. And apparently we don't seem to learn from all this, we are still carrying on like primitive people, barbarians killing each other. So we ought to consider what is the relationship between love and sorrow. If one loses one's brother, wife and children, and one is attached, and is attachment love? Where there is attachment there must be suffering. Attachment breeds fear, anxiety, pain, grief, sense of utter loss – and that breeds sorrow. Is it possible to love another without complete attachment, without any kind of attachment? Nous devrions aussi débattre ensemble de la possibilité de mettre un terme à la peine, et voir quelle est la relation entre l'amour et la peine. Y a-t-il de la place pour l'amour là où il y a souffrance, que ce soit en son for intérieur ou en dehors ? Il est donc important de débattre ensemble de la possibilité de mettre fin à la souffrance, ce fardeau terrible que l'homme porte depuis des millénaires. Non seulement il y a la souffrance individuelle, mais aussi la souffrance du monde. Ceux qui ont grandi sans vêtements, sans nourriture, ou avec juste un repas par jour, ceux qui vivent dans l'humiliation, la pauvreté, et dans ces guerres épouvantables. Tant de personnes ont versé des larmes. Nous semblons n'en tirer aucune leçon, nous nous comportons toujours comme des primitifs, des barbares qui s'entretuent. Alors réfléchissons au sens de la relation entre l'amour et la peine. Lorsque nous perdons un frère, une femme, des enfants, auxquels nous sommes attachés, cet attachement est-il l'amour ? Lorsqu'il y a attachement il y a souffrance. L'attachement engendre la peur, l'anxiété, la douleur, le chagrin, un sens de perte extrême – et cela engendre la peine. Peut-on aimer quelqu'un sans l'attachement total, sans aucun attachement ?
37:29 And if we do not go into this matter deeply for ourselves, talking about love has very little meaning. Perhaps some of you have heard the speaker for the last 60 years or more, and we are still caught in the old tradition and the old habits of attachment and attempting to become detached, trying to struggle to be detached. Detachment leads to cynicism, cruelty, whereas if one understands the nature of attachment and goes into it deeply and sees the consequences of it then seeing that which is false, then the false drops away. One hasn't time to go more into this, because we have something more to talk over together, if you are not too tired. Et si nous n'approfondissons pas nous-mêmes ce problème, parler de l'amour n'a plus beaucoup de sens. Certains d'entre vous ont sans doute écouté l'orateur au cours des soixante dernières années ou davantage, et nous sommes toujours prisonniers des vieilles traditions et habitudes de l'attachement, tentant de devenir détachés, luttant pour être détachés. Le détachement mène au cynisme, à la cruauté, mais lorsque l'on comprend la nature de l'attachement que l'on y entre profondément et que l'on en voit les conséquences et toute la fausseté, alors le faux s'évanouit. Nous n'avons pas le temps de nous y attarder, car nous avons un autre sujet à aborder ensemble, si vous n'êtes pas trop fatigués.
38:48 We ought talk over together a very complex problem, of what is death. Why human beings throughout the world – of whatever colour, whatever nationality, whatever race, whatever religion – are so scared of death, so frightened of it. Or you treat life as a jolly good experience, and you die, you say, I have had a jolly good life. But those who are really quite serious in their intent to find out the whole meaning of death must enquire not only into the fear, which we went into, but also what is death – the ending. What is ending? Why is one frightened so much if things end? I will lose my brother, he is dead, he is dying. And I am attached to him, I like him, companionship and all the rest of it, or my wife or my sister or my girlfriend. And I am afraid of losing, afraid of being utterly lonely, facing old age without any companionship. Or being young, the same pattern is repeated, if one thinks, looks at it at all. Il nous faut parler ensemble d'un problème très complexe, celui de la mort. Pourquoi les êtres humains du monde entier – quelque soit leur couleur, leur nationalité, leur race, leur religion – ont-ils si peur de la mort, en sont-ils si effrayés. Certains considèrent la vie comme une bonne expérience, ils meurent en disant 'j'ai drôlement bien vécu'. Mais ceux qui sont vraiment très sérieux et déterminés à découvrir toute la signification de la mort doivent non seulement questionner la peur, ce que nous avons fait, mais aussi le sens de la mort – en tant que fin. Qu'est-ce que la fin ? Pourquoi a-t-on tellement peur lorsque quelque chose prend fin ? Je vais perdre mon frère, il est mort ou en train de mourir. Et je suis attaché à lui, je l'aime beaucoup, j'aime sa compagnie et tout le reste, ou bien ma femme, ma sœur ou ma petite amie. Et j'ai peur de les perdre, j'ai peur d'être totalement seul, de vieillir sans compagnie. Même étant jeune, le même schéma se répète, quand on y pense, quand on observe tout cela.
41:09 So what is death, what is the meaning of death, which means the ending, the ending of everything: ending of your possessions, ending of all your remembrances, ending all your attachments, ending of all the pleasurable or unhappy habits. So we ought to enquire, not into what is death, but rather into what is the ending of the known. Because our minds, our brain, has always functioned within the known. And when it is challenged, which is the ending of the known, which is death, it is scared, it is frightened, it shrivels up. Donc qu'est-ce que la mort, que signifie la mort, qui veut dire la fin, la fin de tout : la fin de vos possessions, la fin de tous vos souvenirs, la fin de tous vos attachements, la fin de toutes nos habitudes, heureuses ou malheureuses. Nous devons donc nous enquérir, non pas de ce qu'est la mort, mais plutôt de ce qu'est la fin du connu. Parce que nos esprits, nos cerveaux, ont toujours fonctionné dans le connu. Et lorsqu'on le remet en question, qu'on met fin au connu, ce qui est la mort, le connu a peur, il est effrayé, il se recroqueville.
42:36 So is it possible to end while living, not commit suicide, I am not talking about that, the ending. Say, for example, the ending of attachment, attachment to one's work, to one's name, to one's family, to one's ideas and beliefs and doctrines, the ending of one's god, if one has God. The total denial – which is the essence of death – of all the known. That is death. So while living with all our energy, clarity, the ending of the known is death, so can we live with death all the time? I wonder if you understand what I am talking about. Est-ce donc possible d'y mettre fin quand on vit, non pas de se suicider, je ne parle pas de ça, y mettre fin. Disons, par exemple, mettre fin à l'attachement, l'attachement à son travail, à son nom, à sa famille, à ses idées, ses croyances et ses doctrines, mettre fin à son dieu, si on en a un. Le déni complet – qui est l'essence de la mort – de tout le connu. C'est cela la mort. Alors vivre, être rempli d'énergie, de clarté, et mettre fin au connu, c'est mourir, pouvons-nous donc vivre avec la mort constamment ? Je me demande si vous comprenez ce que je suis en train de dire.
44:01 I am living, plenty of vitality, energy, drive, clear, but I am attached to something. I am attached to my reputation, sitting here and talking to you. I am attached to that – if I am, I am not, but suppose I am. To end that attachment of addressing large audiences right over the world to completely, totally, without any effort, to end that sense of dependence, because that is death. So while living, to live with this constant ending of accumulation, constant ending of every record. That requires a great deal of attention, awareness, energy. When once you perceive that, then it becomes like a river full of water that is flowing. Je suis en vie, plein de vitalité, d'énergie, de motivation, de clarté, mais je suis attaché à quelque chose. Je suis attaché à ma réputation, assis là, en train de vous parler. J'y suis attaché – supposons que je le sois. Mettre fin à cet attachement de m'adresser à de vastes audiences partout dans le monde complètement, totalement, sans aucun effort, mettre fin à ce sentiment de dépendance, parce que c'est cela mourir. Alors vivre, en mettant constamment fin à cette accumulation, en mettant constamment fin à tout ce que l'on enregistre. Cela exige énormément d'attention, de conscience, d'énergie. Une fois que vous avez compris cela, cela devient comme l'eau d'une rivière qui coule à flot.
45:33 I don't know what time it is. Je ne sais pas l'heure qu'il est.
45:43 Also we should discuss, talk over together, if you are not too tired, into the question of religion, meditation, and if there is anything sacred. The speaker puts meditation and religion at the end of the talk, because if you talk about religion and meditation and so on at the beginning, a mind that is confused, disorderly, cannot possibly meditate – it has no meaning. It may practice all kinds of silly theories. Please don't be offended by what the speaker is saying. Nous devrions aussi discuter, parler ensemble, si vous n'êtes pas trop fatigués, de la question de la religion, de la méditation, et se demander si le sacré existe. L'orateur garde la méditation et la religion pour la fin de la causerie, car si on parle de ces sujets au début, l'esprit qui est confus, en désordre, ne peut pas méditer – cela n'a pas de sens. Il peut pratiquer toutes sortes de théories stupides. Je vous en prie ne soyez pas vexés par ce que dit l'orateur.
46:51 So, we should consider what is a religious mind. Religions throughout the world have played an extraordinary part in one's life, seriously or superficially. It has become an entertainment. All the words and the symbols and the processions and all the things that go on in the name of religion are put together by thought. And thought – as we talked about the other day, yesterday and previously – is not sacred at all, it is merely a material process born of knowledge, memory, stored in the brain. So, first to find out what is truly a religious mind, one must be free of all religious dogma, whether the Hindu, Buddhist, Christian or whatever it is, Muslim, Islamic world, entirely, totally, completely free of all that. Because that is part of our conditioning. We have been programmed for 2000 years as Christians, 3 to 5000 years as Hindus, Buddhists and so on. Because to find out for oneself what is a religious mind, there must be complete freedom from all orthodoxy, tradition, and all the amusements in this name of religion that goes on. Because in those ideas, in those concepts, in the symbols, saviours, we have found security for a complex, miserable, confusing life. That is our safety escape from this. But when we have put order in our lives here now, then there is no fear, and the mind that is absolutely without a shadow of fear psychologically, has that quality of a religious mind. And beliefs, whether Christian belief or Buddhist, or Hindu, or the belief of the Muslim, why should we have beliefs at all? Belief in God – God is the invention of thought, because God is the ultimate security. And in the name of God we have done terrible things, burnt people, tortured people. So one has to be free entirely of all belief and faith and dogma. Nous devons donc examiner ce qu'est un esprit religieux. Les religions partout dans le monde ont joué un rôle extraordinaire dans la vie des êtres humains, sérieusement ou superficiellement. C'est devenu un divertissement. Tous les mots et les symboles, les processions et tout ce qui se fait au nom de la religion sont élaborés par la pensée. Et la pensée – comme nous l'avons dit l'autre jour, hier et avant cela – n'est pas du tout sacrée, ce n'est qu'un processus matériel issu de la connaissance, de la mémoire, enregistré dans le cerveau. Donc, pour découvrir d'abord ce qu'est un vrai esprit religieux, il faut se libérer de tout dogme religieux, qu'il s'agisse du dogme hindouiste, bouddhique, chrétien ou autre, musulman, du monde Islamique, entièrement, totalement, se libérer complètement de tout cela. Cela fait partie de notre conditionnement. Voilà 2000 ans que nous sommes programmés pour être chrétiens, 3 à 5000 ans pour les hindous, les bouddhistes et tous les autres. Parce que pour découvrir par soi-même ce qu'est un esprit religieux, on doit être complètement libre de toute orthodoxie, tradition, et de tous les divertissements qui se font au nom de la religion. Parce que dans ces idées, ces concepts, dans les symboles, les sauveurs, nous avons trouvé la sécurité pour une vie complexe, misérable, déroutante. C'est notre issue de secours. Mais dès lors que l'on met de l'ordre dans sa vie ici et maintenant, alors il n'y a plus de peur, et l'esprit qui est absolument dénué de toute peur psychologiquement, possède cette qualité de l'esprit religieux. Et les croyances, qu'elles soient chrétiennes, bouddhistes ou hindoues, la croyance des musulmans, pourquoi devons-nous avoir des croyances ? Croire en Dieu – Dieu est une invention de la pensée, parce que Dieu est la sécurité suprême. Et on a fait des choses terribles au nom de Dieu, on a brûlé des gens, torturé des gens. Il faut donc se libérer entièrement de toute croyance, foi et dogme.
51:23 Why is it that when we talk about religious matters, we are so gullible? We don't exercise, apparently, our reason, sanity, common sense. We accept everything. And scepticism and doubt is denied in the Christian world. In the Hindu and the Buddhist organisation of religion, doubt is encouraged, doubt is a part of virtue. So the mind can only understand that which is religion in the sense, to find out or to come upon that which is sacred – if there is something sacred. Because technological culture cannot possibly bring about a totally global culture, religion, and that is impossible – a global interrelationship of humanity, which is the only goal of all politics. Pourquoi, quand nous parlons de sujets religieux, sommes-nous si crédules ? A croire que nous ne faisons pas preuve de raison, de bon sens. Nous acceptons tout. Le monde chrétien renie le scepticisme et le doute. Dans les religions hindoue et bouddhiste on encourage le doute, le doute fait partie de la vertu. L'esprit ne peut donc comprendre ce qu'est la religion que s'il découvre ou s'il rencontre ce qui est sacré – si le sacré existe. Parce que la culture technologique ne peut absolument pas apporter une culture ni une religion totalement universelle, c'est impossible – une interdépendance universelle de l'humanité, c'est le but unique de tous les politiciens.
53:25 And to come upon this: if there is anything sacred which thought has not invented, meditation is necessary. India, unfortunately, has brought this word into this western world recently. The Christian world had its own contemplative order, contemplative state of mind. But the gurus and others have brought this idea of meditation. And these people have invented or brought their old tradition from Tibet, from Zen in Japan, from Burma, from India, the mischief began in India first: that meditation means you must practise something, practise a method, practise to be silent, practise to be aware, practise the moment, which is the present and so on, so on – practise. En venir à cette découverte : s'il existe quelque chose de sacré que la pensée n'a pas inventé, la méditation est nécessaire. L'Inde, hélas, a importé récemment ce mot dans le monde occidental. Le monde chrétien avait sa propre forme de contemplation, un état d'esprit contemplatif. Mais les gurus et les autres ont apporté ce concept de méditation. Et ces gens ont inventé ou apporté leur tradition ancestrale depuis le Tibet, depuis le Zen au Japon, depuis la Birmanie, l'Inde, cette bêtise a d'abord commencé en Inde : méditer veut dire pratiquer quelque chose, pratiquer une méthode, pratiquer le silence, pratiquer la conscience, pratiquer le moment, qui est le présent, et ainsi de suite – pratiquer.
55:17 When you are practising something, you are being repetitive. If you are playing the piano and you are practising, you may be practising the wrong note. But here you think it is necessary to practise day after day, take a vow, being a monk, you know the whole business of it – there is no time to go into that. So we practise. The more you practise the more your brain will become dull, obviously. Whether you are practising various systems of meditation, which means your brain is becoming more and more mechanical, it is never free. And to find out or come upon that which is nameless, timeless, sacred, there must be complete freedom not brought about by desire, by thought, but by ending that which is not free like attachment, like pursuit of pleasure, the self-fulfilment, self-centred activity and so on. This demands a great deal of enquiry, a great deal of energy, perception, not only knowing oneself – knowing oneself not through any form of analysis, but knowing oneself through observation of one's reactions in our relationship with each other. Those reactions reveal what we are. And when it reveals what we are, that revelation becomes knowledge to us and so we accumulate more and more knowledge of ourselves. And that knowledge becomes a hindrance to freedom. Please, I haven't time to go into it, just see the truth of it quickly. Quand on pratique quelque chose, on est dans la répétition. Si vous êtes au piano en train de pratiquer, vous pratiquez peut-être la mauvaise note. Mais ici vous pensez qu'il est nécessaire de pratiquer jour après jour, prêter serment, devenir moine, vous connaissez toutes ces histoires – on n'a pas le temps d'aborder cela. Alors on pratique. Plus vous pratiquez plus votre cerveau devient obtus, c'est évident. Même si vous pratiquez différents systèmes de méditation, votre cerveau devient de plus en plus mécanique, il n'est jamais libre. Pour découvrir ou rencontrer ce qui est sans nom, intemporel, sacré, il faut une liberté totale qui ne vient pas du désir, de la pensée, mais de la fin de ce qui n'est pas libre comme l'attachement, la recherche du plaisir, l'épanouissement personnel, l'égocentrisme et ainsi de suite. Cela exige énormément de questionnement, énormément d'énergie, de perception, pas seulement la connaissance de soi – se connaitre soi-même sans aucune forme d'analyse, mais se connaitre soi-même par l'observation de ses réactions dans les relations aux autres. Ces réactions révèlent ce que nous sommes. et quand elles révèlent ce que nous sommes, cette révélation devient pour nous une connaissance alors on accumule de plus en plus de connaissance de soi. Et cette connaissance devient une entrave à notre liberté. Je vous en prie, j'ai peu de temps, voyez juste cette vérité.
57:55 So one asks, is there a stop to thought and time? Because if there is time, that is if there is thought, – this perpetual occupation, as most of us are perpetually occupied thinking about various things, chattering – the brain is never quiet but always groping, searching, remembering, hoping. Such a mind, obviously, is never quiet. But to perceive that it is not quiet – without any direction, not say it must be quiet – to perceive it, to observe it is not quiet, then it becomes extraordinarily quiet without any compulsion, without any practice, which means one requires great sensitivity, attention, awareness. Only in that absolute silence of the mind, a silence which is not cultivated by thought, it isn't a silence between noise, between two noises, or between two thoughts – this silence is not that. Silence demands total freedom from all self-centred activity and pursuit of pleasure and fear and so on. Only in that silence completely, can there be that which is nameless. Je vous demande donc, peut-on arrêter la pensée et le temps ? Parce que s'il y a le temps, c'est à dire, s'il y a la pensée, – cette occupation perpétuelle, car la plupart d'entre nous sont perpétuellement occupés à penser à des tas de choses, à bavarder – le cerveau n'est jamais tranquille, toujours en train de tâtonner, de chercher, de se souvenir, d'espérer. Un tel esprit, évidemment, n'est jamais tranquille. Mais percevoir qu'il ne l'est pas – sans aucune directive, sans dire qu'il doit être tranquille – le percevoir, l'observer, alors il devient extraordinairement tranquille sans aucune contrainte, sans aucune pratique, ce qui demande une grande sensibilité, attention et conscience. Il n'y a que dans ce silence absolu de l'esprit, un silence qui n'est pas cultivé par la pensée, ce n'est pas un silence entre le bruit, entre deux bruits ou deux pensées, – ce silence est différent. Le silence exige d'être totalement libre de toute activité égocentrique et de la recherche du plaisir, de la peur, et ainsi de suite. Il n'y a que dans ce silence total qu'il peut y avoir ce qui n'a pas de nom.
1:00:44 May I get up? Please don't clap. It only makes noise. Puis-je me lever ? S'il vous plait, n'applaudissez pas. Cela ne fera que du bruit.