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OJ80Q4 - 4e session de questions/réponses
Ojai, Californie, USA
15 mai 1980



0:24 In talking over together these questions we are sharing not only with the question but also with the answers with the exploration of the answer. So it is not just I answer and you listen and you all agree or disagree, but together we are trying to find the right answer to these questions. En discutant ensemble de ces questions, nous partageons non seulement la question mais aussi les réponses tout en explorant celles-ci. Ce n'est donc pas seulement moi qui répond et vous qui écoutez, approuvant ou désapprouvant, mais ensemble, nous tâchons d'y trouver la bonne réponse.
1:04 First question: 'I am not asking how fear arises, that you have already explained. Rather, what is the actual substance of fear? What is fear itself? Is it a pattern of physiologic reactions and sensations, tightening of muscles, surge of adrenaline and so forth or is something more? What am I to look at whenI look at fear itself? Can this looking take place when fear is not immediately present?' 1ère question: 'Je ne demande pas comment survient la peur, cela, vous l'avez déja expliqué. Mais plutôt, quelle est la vraie substance de la peur? Qu'est-ce que la peur en soi? Est-ce un type de réactions physiologiques et de sensations, contraction des muscles, afflux d'adrénaline, etc., ou plus que cela? Que dois-je regarder quand j'observe la peur? Ce regard peut-il avoir lieu hors de la présence immédiate de la peur?'
1:58 'I am not asking how fear arises, that you have already explained. Rather, what is the actual substance of fear? What is fear itself? Is it a pattern of physiologic reactions and sensations, tightening of muscles, surge of adrenaline and so forth or is something more? What am I to look at when I look at fear itself? Can this looking take place when fear is not immediately present?' 'Je ne demande pas comment survient la peur, cela vous l'avez déja expliqué. Mais plutôt, quelle est la vraie substance de la peur? Qu'est-ce que la peur en soi? Est-ce un type de réactions physiologiques et de sensations, une contraction des muscles, un afflux d'adrénaline, etc., ou plus que cela? Que dois-je regarder quand j'observe la peur? Ce regard peut-il avoir lieu hors de la présence immédiate de la peur?'
2:48 Rather a long question. The questioner, as far as I can make out from this question, wants to know what is the substance of fear, what is actual fear and how can one observe fear present or past. Right? That's the question. Do we understand the question? Une assez longue question. L'auteur de la question, si j'ai bien compris celle-ci, veut savoir quelle est la substance de la peur, ce qu'est la vraie peur et comment on peut observer la peur présente ou passée. N'est-ce pas? C'est la question. Comprenons-nous la question?
3:30 What is fear itself, apart from the physiologic reactions, tightening and so on, what is the actual moment of fear? What is the nature, the inward structure of fear, the substance? Right? Can we go on with that? We have all understood this rather long question? What is fear itself? We are generally afraid of something. Right? Or a remembrance of something that has happened or a projection of the reaction into the future. Right? But that is not what the questioner asks, only. He asks also what is the actual nature of fear. I really don't know, we'regoing to find out. Qu'est-ce que la peur en soi, hormis les réactions physiologiques, crispation, etc., quel est le mouvement réel de la peur? Quelle est la nature, la stucture interne de la peur, sa substance? Bien? Pouvons-nous poursuivre avec cela? Avons-nous tous compris cette assez longue question? Qu'est-ce, en soi, que la peur? Nous avons généralement peur de quelque chose. N'est-ce pas? Ou du souvenir d'une chose qui a eu lieu, ou d'une projection de la réaction dans le futur. N'est-ce pas? Mais l'auteur de la question ne demande pas que cela. Il demande aussi quelle est la nature réelle de la peur. Je ne le sais vraiment pas , nous allons le découvrir.
5:12 When one is afraid both physiologically as well as psychologically it is, is it not, something that one has a feeling of danger. A feeling of total isolation called loneliness, deep, abiding, lasting loneliness. Those are all reactions to something: one is afraid of the snake or one has had pain and is afraid of that pain and so on. So it is either a remembrance and therefore something that has happened in the past and recalled when any dangerous moment arrives, the remembrance of the past identifying, and say, that is fear. The questioners says - and I think there is something which we have to go into it together - which is: apart from all this physical, psychological reactions which we know as fear, apart from it, is there fear in itself, not fear of something? You understand? Am I making it clear? Is there fear per se? Or we only know fear in relation to something else. If it is not in relation to something else, is it fear? We only know fear in relation to something, from something or towards something. But if you eliminate all that, is there actual fear? Which you can examine? You understand my question? Or is fear, deep-rooted fear, in the mind which has always wanted total security and, not finding it, it's afraid? You understand? Quand on a peur, tant physiologiquement que psychologiquement, c'est qu'on éprouve, n'est-ce-pas, comme une sensation de danger. Une sensation d'isolement total, autrement dit une solitude profonde, tenace, durable. Ce sont autant de réactions à quelque chose : on a peur d'un serpent ou l'on a eu mal et l'on a peur de cette douleur, et ainsi de suite. Ainsi, ce peut être le souvenir de quelque chose qui a eu lieu dans le passé, dont on se remémore quand survient un danger quelconque; s'identifiant au souvenir du passé, on se dit : voilà la peur. L'auteur de la question dit - et je pense qu'il y a là quelque chose que nous devons explorer ensemble, à savoir : hormis toutes ces réactions physiques, psychologiques, que nous connaissons en tant que peur, la peur existe-t-elle en soi? - pas la peur de quelque chose. Vous comprenez? Est-ce plus clair? La peur existe-t-elle 'per se' (en soi)? Ou nous ne connaissons la peur qu'en relation à autre chose. Si ce n'est pas en relation à autre chose, est-ce la peur? Nous ne connaissons la peur qu'en relation à quelque chose, de quelque chose ou vers quelque chose. Mais si vous éliminez tout cela, y a-t-il une peur réelle? Que vous pouvez examiner? Vous comprenez ma question? Ou la peur, une peur profondément enracinée, est-elle le fait d'un esprit qui a toujours voulu une complète sécurité et qui, ne la trouvant pas, est effrayé? Vous comprenez?
8:37 Please, we are examining it together, you are not just playing games with me. The ball is not in your court or in my court. We are looking at it together. The mind, the brain needs complete security to function well, healthily, sanely. Not finding it in anything, in a relationship, in an idea in a belief, in an image, an intelligent mind rejects all that. But yet it must have complete security. And lacking that, fear comes into being. Right? That is, is there something totally, completely secure, certain? Not the certainty of belief, dogma, rituals and ideas which can be abolished and new ideas, dogmas, theories can replace them, but if we put aside all that, is the mind, the brain, seeking a security that is imperishable? And not finding it it has deep-rooted fear. I don't know if you... Are we meeting together? Je vous en prie, nous examinons cela ensemble, il ne s'agit pas d'un jeu entre nous. La balle n'est ni dans votre camp, ni dans le mien. Nous regardons cela ensemble. L'esprit, le cerveau a besoin d'une sécurité complète pour fonctionner correctement, sainement, de manière sensée. Ne la trouvant nulle part, ni dans une relation, ni dans une idée, une croyance ou une image, un esprit intelligent rejette tout cela. Mais il doit pourtant avoir une sécurité complète. Et ne l'ayant pas, la peur apparaît. N'est-ce pas? Alors, existe-t-il une chose totalement, complètement sûre, certaine? Pas la certitude de la croyance, du dogme, des rituels et des idées, qui peuvent être abolis et remplacés par d'autre idées, dogmes et théories, mais si nous écartons tout cela, l'esprit, le cerveau est-il en quête d'une sécurité qui soit impérissable? Et ne la trouvant pas il a une peur profondément enracinée. Sommes-nous ensemble?
10:41 So I am asking, one is asking oneself: apart from the ordinary kind of fears, is the mind, brain, creating the fear itself? You follow? Because there is nothing valid nothing that is whole and is that the substance of fear? That is, can the brain - and the mind includes the brain, reactions and all that - can that total mind have complete security, certainty not about something - you understand what I'm saying? Not about God, belief, all that, but in itself completely whole? Right? Am I conveying something? That is, can the mind in itself have no fear? Am I conveying something, are we meeting each other? Thought, which is part of the mind and brain, desiring security, has created various illusions, philosophical and so on, theological, and not finding it there it either creates something beyond itself in which it can find total security, or the mind is so totally complete it has no need for fear. Are we meeting? This is rather difficult. Alors je me demande, on se demande : hormis les peurs ordinaires, l'esprit, le cerveau crée-t-il la peur elle-même, vous suivez? Du fait qu'il n'y a rien de valide, rien qui soit complet, est-ce donc là la substance de la peur? c'est-à-dire, le cerveau - et l'esprit inclut le cerveau, les réactions et tout cela - cet esprit global peut-il avoir la sécurité complète, la certitude, non à propos de quelque chose - vous comprenez? - de Dieu, d'une croyance, etc., mais être en lui-même complètement unifié? Bien? Je vous transmets quelque chose? C'est-à-dire, l'esprit peut-il en lui-même n'avoir aucune peur? Je vous transmets quelque chose, sommes-nous ensemble? La pensée, qui fait partie de l'esprit et du cerveau, désirant la sécurité a créé diverses illusions, philosophique, théologique et ainsi de suite, et ne la trouvant pas là, elle crée quelque chose au-delà d'elle-même où elle peut trouver une sécurité totale, à moins que l'esprit ne soit dans une telle unicité qu'il ignore la peur. Sommes-nous ensemble? Ceci est assez difficile.
13:38 We are not talking of getting rid of fear, or suppressing fear, what is the cause of fear - we went into all that the other day - but we are asking something totally different, which is: can the mind in itself have no cause or substance or reaction which brings fear? Sir, please, this is rather a difficult question to find this out, that is, can the mind... can it ever be in a state... - again that word 'state' implies static, I don't mean that. Can it ever be in a quality, in a state where it has no movement reaching out or going - you follow? Completely whole in itself? Il ne s'agit pas de se débarasser de la peur, ou de la refouler, ou de voir quelle en est la cause - nous avons vu tout cela l'autre jour - mais ce que nous demandons est toute autre chose, à savoir : l'esprit peut-il n'avoir en lui-même ni cause, ni contenu, ni réaction pouvant susciter la peur? Monsieur, s'il vous plaît, c'est là une question assez difficile à explorer, c'est-à-dire, l'esprit peut-il... peut-il jamais être dans un état... - là encore, pour moi ce mot 'état' n'implique pas une chose statique. Peut-il jamais être dans une qualité, un état dépourvu de tout de mouvement visant à chercher à atteindre - vous suivez? Complètement unifié en soi?
15:18 You see this implies going into understanding what is meditation, if you are interested in it. Meditation isn't all this nonsense that is going on but to be free from fear - you follow? - both physiological as well as psychological, be free from it. Otherwise one can't love there is no love, there is no compassion, you know? As long as there is fear the other cannot exist. And to meditate, not to reach something, to understand the nature of fear, and to go beyond it which is to find out whether the mind has no memory or remembrance of something which has caused fear so that it is completely whole. Voyez-vous, cela implique d'explorer, de comprendre ce qu'est la méditation, si cela vous intéresse. La méditation n'a rien à voir avec toutes ces sottises qui ont cours, mais il s'agit d'être libre de la peur - vous suivez? - tant physiologique que psychologique, en être libre. Sans quoi on ne peut aimer, il n'y a ni amour, ni compassion, vous savez? Tant qu'il y a la peur, le reste ne peut exister. Et méditer, non pour atteindre quelque chose, mais pour comprendre la nature de la peur et aller au-delà, cela veut dire découvrir si l'esprit n'a ni mémoire ni souvenir de ce qui a causé la peur, afin qu'il soit dans un état totalement unifié.
16:49 I think I have more or less answered that question. Oh yes, except: 'Can this looking take place when fear is not immediately present?' One can recall fear, can't one? And the recalling of that fear can be observed, can't it? You are sitting here quietly, probably you have no fear now. But you have had fear in the past and you can summon it, but it is not actually the same. Right? Because, at the moment when there is... No. Fear exists a moment after, not at the actual moment. I don't know if you... You have given it a name, a reaction and so on and that you call fear. But at the actual moment of great danger the moment of facing something that may cause fear, at that second there is no fear, there is nothing. Then there is a recollection of the past and then the naming of it and you say, 'By Jove, I am afraid'. All the tightening of the muscles, the adrenaline and so on and so on. So one can, I think, recall the past fears and look at them. The observing of that fear is important because either you put it outside of you or you say, 'I am that fear'. There is not you observing that fear, you are that reaction. Then when there is no division as you and fear but only the state of that reaction, if you have noticed it, something entirely new takes place. Right? Je pense avoir plus ou moins répondu à cette question. Oh oui, sauf : 'Ce regard peut-il avoir lieu hors de la présence immédiate de la peur?' On peut se souvenir de la peur, non? Et le fait de s'en souvenir peut-être observé, n'est-ce pas? Assis ici tranquillement, vous n'avez probablement pas peur. Mais, vous avez connu la peur dans le passé et vous pouvez la convoquer, mais en fait, ce n'est pas la même. N'est-ce pas? Parce que sur le moment quand il y a... Non. La peur existe un moment après, pas au moment même. Je ne sais si vous... Vous l'avez nommée, - la réaction , etc. - et vous appelez cela la peur. Mais au moment même où surgit un grand danger, au moment de confronter une chose pouvant causer la peur, à cet instant il n'y a pas de peur, il n'y a rien. Puis, il y a remémoration du passé, et alors que vous la nommez, vous dites : 'Ciel, j'ai peur'. Tous les muscles se contractent, l'adrénaline etc., etc. Il est possible, je pense, d'évoquer les peurs passées et de les regarder. L'observation de cette peur est importante, car ou vous en faites quelque chose d'extérieur à vous, ou bien vous dites : 'je suis cette peur'. Il n'y a pas de vous en train d'observer cette peur, vous êtes cette réaction. Alors, quand il n'y a plus de division en tant que vous et la peur, mais seulement l'état de cette réaction, si vous l'avez remarqué, quelque chose d'entièrement neuf a lieu. N'est-ce pas?
19:49 Second question: 'When one sees in the world about us no demonstrable universal principle of justice, I feel no compelling reason to change myself or the chaotic society outside. I see no rational criteria by which to measure the consequences of action and their accountability. Can you share your perception on this matter with us?' 2ème question : 'Quand on constate dans le monde qui nous entoure l'absence manifeste de tout principe universel de justice, je ne vois aucune raison impérieuse de changer, qu'il s'agisse de moi ou de la société chaotique au dehors. Je ne vois aucun critère rationnel pouvant servir à mesurer les conséquences de l'action en termes de responsabilité. Pourriez-vous partager avec nous la façon dont vous percevez cela?'
20:29 'When one sees in the world about us one cannot demonstrate universal principle of justice, I feel no compelling reason to change myself or the chaotic society outside. I see no rational criteria by which to measure the consequences of action and their accountability. Can you share your perception on this matter with us?' 'Quand on constate dans le monde qui nous entoure l'absence manifeste de tout principe universel de justice, je ne vois aucune raison impérieuse de changer, qu'il s'agisse de moi ou de la société chaotique au dehors. Je ne vois aucun critère rationnel pouvant servir à mesurer les conséquences de l'action en termes de responsabilité. Pourriez-vous partager avec nous la façon dont vous percevez cela?'
21:07 Is there justice in the world? This has been a question which all the philosophers have gone into, spinning a lot of words about it. Now is there justice in the world, rational, sane, justice? You are clever, I am not. Right? You have money, I have not. You have capacity and another has not. You have talent, you can enjoy all that, another is born poor. One has crippling disease and the other has not. The criminal, what we call criminal, he is judged and sent to prison, or whatever takes place. So we consider that there must be justice. Right? Seeing all this we say, 'There must be somewhere justice'. So we move from lack of justice to an idea of justice. I don't know if you are following this? God is just and so on. But the fact remains that there is terrible injustice in the world. Right? And the questioner wants to know: If there is no justice why should I change? You understand? There is no point in it. Why should I change this chaotic world where the dictators are so supreme. Their very life is injustice, terrorising millions of people. And seeing all that there is no rational cause for me to change. I think that is a rather... not rational question - if I may say so. Do you change for some cause, because you are under pressure? Or you are rewarded? You follow? Is change brought about by reward and punishment? Or you see human beings are so irrational right through the world and all the things they have made are also irrational, and you, as a human being, you as a human are the rest of humanity. I don't know if you see that Right? We went into it the other day. And if you are the rest of mankind, you are responsible! Not because you find you are rewarded or you see so much injustice in the world, how the crooks get away with everything, they build marvellous churches and all the rest, a lot of money and there are millions and millions and millions starving. Y a-t-il une justice dans le monde? Voilà une question que tous les philosophes ont explorée, déversant des flots de paroles à ce sujet. Alors, y a-t-il une justice dans le monde, une justice sensée, rationnelle? Vous êtes malin, moi pas. N'est-ce pas? Vous avez de l'argent, moi pas. Vous êtes capable et un autre ne l'est pas. Vous avez du talent, vous profitez de tout cela, un autre est né pauvre. L'un a une maladie invalidante et pas l'autre. Le criminel, comme nous l'appelons, est jugé et emprisonné, c'est selon. Nous considérons donc qu'il faut une justice. N'est-ce pas? Voyant tout cela nous disons : 'il doit y avoir une justice quelque part'. Nous passons donc d'un manque de justice à une idée de la justice. Je ne sais si vous suivez cela? Dieu est juste, etc. Mais demeure le fait qu'il y a une terrible injustice dans le monde. N'est-ce pas? Et l'auteur de la question veut savoir ceci : s'il n'y a pas de justice, pourquoi devrais-je changer? Vous comprenez? Cela n'a pas de sens. Pourquoi devrais-je changer ce monde chaotique où triomphent les dictateurs. Leur vie même est injustice, ils terrorisent des millions de gens. Au vu de tout cela, il n'y a pas de cause rationnelle à ce que je change. Je pense que c'est une question plutôt irrationnelle, si je puis dire. Changez-vous pour une cause, parce que vous êtes sous pression? Ou pour une récompense? Vous suivez? La récompense et la punition appellent-elles le changement? Ou bien vous voyez à quel point les êtres humains sont irrationnels, partout dans le monde, et que toutes les choses qu'ils ont faites sont tout aussi irrationnelles, et que l'être humain que vous êtes est le reste de l'humanité. Je ne sais si vous le voyez. Bien? Nous avons vu cela l'autre jour. Et si vous êtes le reste de l'humanité, vous êtes responsable ! Pas parce que c'est gratifiant, pas pour une récompense, ou parce que vous voyez tant d'injustice dans le monde, comment les escrocs s'en tirent toujours; ils construisent de merveilleuses églises, etc., beaucoup d'argent, alors que des millions et des millions meurent de faim.
26:09 So change is not brought about through compulsion, through reward or punishment. The mind itself sees the absurdity of all this and says: I will... You follow? It's per se, it sees the necessity of change in itself not because you tell me to change or God or the priest or somebody tells me to change. I see the chaos around me and that chaos has been created by human beings and I am that human being, and I have to act, it is my responsibility, a global responsibility! Donc le changement ne survient pas par la contrainte, la récompense ou la punition. L'esprit lui-même voit l'absurdité de tout ceci et dit : 'Je vais...' Vous suivez? Il voit intrinsèquement la nécessité du changement, non parce que vous me dites de changer, ou parce que Dieu, le prêtre ou quelqu'un me dit de changer. Je vois le chaos autour de moi et ce chaos a été créé par les êtres humains, je suis cet être humain, et je dois agir, c'est ma responsabilité, une responsabilité globale !
27:19 Third question: 'Can we die psychologically to the self? To find out is a process of choiceless awareness' - I wish you wouldn't quote me - (Laughter) 'However in order to observe choicelessly it seems we must have ended, or died to the ego, 'me'. So my question is, how can I observe in my current state of fragmentation? Is it like the 'eye' trying to see the 'I'? 3ème question : 'Pouvons-nous mourir psychologiquement au moi? Découvrir est un processus de conscience sans choix' - j'aimerais bien que vous ne me citiez pas - (Rires) 'néanmoins, pour pouvoir observer sans choix il faut, semble-t-il, avoir mis fin ou être mort à l'ego, au 'moi'. D'où ma question : comment puis-je observer vu mon état actuel de fragmentation? C'est comme si l'oeil essayait d'observer le 'je'?
28:00 As you have said, we must be free of fear in order to observe fear. This is an impossible paradox. It is driving me mad. (Laughter) Please clarify this issue'. Comme vous l'avez dit, il faut être libre de la peur pour observer la peur. C'est un impossible paradoxe. Cela me rend fou. (Rires) Merci de clarifier ce point'.
28:18 I will clarify the issue: don't quote me. Or anybody, because then it is not yours, you become second-hand human beings, which we are. So please, that is the first thing to do because that distorts our thinking. You understand? We are the result of a million years of pressure of other people's thinking, propaganda, all that. And if one is not free of all that you can never find out the origin of all things. You understand? Je vais clarifier ce point : ne me citez pas, ni quiconque, car alors cela ne vous appartient pas, vous devenez des êtres humains de seconde main, ce qui est le cas. Voilà donc la première chose à faire, car cela déforme notre pensée. Vous comprenez? Nous résultons d'une pression d'un million d'années exercée par la pensée des autres, la propagande, tout cela. Et si l'on n'est pas libre de tout cela on ne peut découvrir l'origine de toutes choses. Vous comprenez?
29:30 So my question is: how can I observe in my current state of fragmentation? You cannot. Right? But you can observe your fragmentation. I don't know if you follow this. I am observing myself. In observing I discover that I am looking at myself with certain prejudice so I forget looking at myself, I go into the question of prejudice. I am aware, I become aware of my prejudice and can I look at it without any sense of distortion, without choice, and all the rest of it, just to observe the prejudice I have. Let the story of prejudice tell me not I tell the story about prejudice but let prejudice unroll itself. You understand what I am saying? What is the cause of prejudice: the image, conclusions, opinions - you follow? Donc ma question est : comment puis-je observer vu mon état actuel de fragmentation? C'est impossible. N'est-ce pas? Mais vous pouvez observer votre fragmentation. Je ne sais si vous suivez cela. Je m'observe. En m'observant je découvre que je me regarde avec un certain préjugé, alors je cesse de me regarder pour explorer la question du préjugé. Je deviens conscient de mon préjugé, et puis-je le regarder sans la moindre déformation, sans choix ni tout le reste, simplement observer mon préjugé? Laisser le préjugé me dire son histoire, et pas l'inverse, mais laisser le préjugé se dévoiler. Vous comprenez ce que je veux dire? Quelle est la cause du préjugé : l'image, les conclusions, les opinions - vous suivez?
30:56 So I begin to discover, one begins to discover, in looking at fear I realise that I am fragmented, that fragmentation is brought about by thought - naturally - and therefore I begin to be aware of the movement of thought. So what is important is not: observe fear when my mind itself is clouded, confused, so I enquire into my confusion. Why are human beings confused? Why are you all confused? If you are very clear you wouldn't be here and I wouldn't be here - thank God! Because we are confused, our question is, what is this confusion, who has created this confusion, in us and outside of us? Right? So in enquiring, or observing confusion the movement is to be aware of the movement of thought, the contradictory nature of thought. You follow? The whole thing unrolls itself if you watch. The story is there, but we don't read the story. We are telling the book what it should say. You understand? We are not saying yes, there is the history of myself, the history of mankind is myself. So in enquiring into, reading that book, I read the book, chapter by chapter, or I understand the whole book instantly. That implies one has to have a deep insight, I don't want to enter into all that. I don't know if you want me to go on into that. On commence ainsi à découvrir; en regardant la peur, je réalise que je suis fragmenté, que cette fragmentation est produite par la pensée - naturellement - et par conséquent je deviens conscient du mouvement de la pensée. Donc l'important n'est pas d'observer la peur quand mon esprit est embrumé, confus, mais d'explorer ma confusion. Pourquoi les êtres humains sont-ils confus? Pourquoi êtes-vous tous confus? Si vous étiez très clairs, vous ne seriez pas ici et je ne serais pas ici - Dieu merci ! Du fait que nous sommes confus, notre question est : qu'est-ce cette confusion, qui a créé cette confusion en nous et au dehors de nous? N'est-ce pas? Donc dans notre recherche, ou en observant la confusion, nous devenons conscients du mouvement de la pensée, de la nature contradictoire de la pensée. Vous suivez? Toute la chose se dévoile si vous regardez. L'histoire est là, mais nous ne lisons pas l'histoire. Nous dictons au livre ce qu'il est censé nous dire. Vous comprenez? Nous ne disons pas, oui, voilà mon histoire, l'histoire de l'humanité c'est moi. Alors, en explorant, en lisant ce livre, je le lis chapitre par chapitre, ou bien je comprends tout le livre instantanément. Ce qui implique que l'on ait un profond 'insight' [vision globale immédiate] - je ne veux pas aborder tout cela. Je ne sais si vous voulez que je m'y penche.
33:57 Sir, look: there is confusion in all of us and if we say, 'I am not confused', that would be too silly. Or, 'I have perfect relationship with another' that's equally silly. So one is confused. Now either you analyse it, the cause of it, - you understand, please follow this a little bit. The cause of it, which is thought, thought in its very nature contradictory, thought in its movement is divisive, as national... - divisive - thought in itself must be limited because it is based on knowledge and knowledge can never be complete. Never! Right? So that is the way we go into analytically or let thought move in a particular direction to examine, which means he remembrance, the memory, the experience is observing. Right? You are following all this? No? All right. Monsieur, regardez : il y a en nous tous de la confusion et il serait trop stupide de dire 'je ne suis pas confus'. Ou : 'j'ai d'excellents rapports avec untel', ce qui est tout aussi stupide. On est donc dans la confusion. Dès lors, vous en analysez la cause - vous comprenez, suivez un peu, je vous prie. La cause est la pensée, laquelle est par nature contradictoire, son mouvement est facteur de division - division nationale - donc la pensée est forcément limitée en soi, puisqu'elle se fonde sur le savoir, et le savoir ne peut jamais être complet. Jamais ! N'est-ce pas? Ainsi, nous suivons un mode analytique, ou laissons la pensée examiner dans une certaine direction, ce qui signifie que ce sont le souvenir, la mémoire, l'expérience qui observent. N'est-ce pas? Vous suivez tout cela? Non? Bien.
35:45 When you observe somebody, your friend or whoever it is, you are observing what? Not the face, not the figure, not how she looks, or he looks, long hair, short hair, you are observing the image that you have built about her, or him. So we are saying all that is a movement of thought based on remembrances, conclusions, ideas. All that is a movement of thought. I mean this is an obvious fact. You don't have to prove it to anybody that thought in itself is divisive, fragmentary, partial. It can never be complete therefore it must create confusion. Now, I have explained it. Now can you look at this sense of confusion in oneself - please follow this a little bit - without going through all that process? You understand? Without explanation, without remembrance, just to look at it and see, to have an insight into it, then you can explain it. Vous avez compris? I mean, have I explained it? I'll get it, I'll get it. Have I explained this? Insight, the very word means to have sight in the thing - insight. But you cannot have insight if it is merely the response of memory. Look sir, organised religion is not religion - right? - with all the nonsense that goes on with it: rituals, dogmas, theories, theologians spinning out new theories about - and so on, so on, so on, so on. That is not religion! Now what makes you say, that is not religion? Is it merely a thoughtful examination of all the religions, their dogmas, their superstitions, their ignorance, their rituals, and saying at the end of it, 'This is nonsense'? Or you see immediately that any form of propaganda, pressure, and so on, that is never religion? Either you see it immediately and therefore you are out of it. I don't know if you see. But if you are merely examining various religions and then coming to a conclusion then that conclusion will be limited, can be broken down by argument, by superior knowledge and so on. But if you get an insight into the nature of this religious structure which man has invented, the mind is immediately free of it. I don't know if you are following all this. It's like - I'll take another example. If you understand the tyranny of one guru - right? Tyranny. They are tyrants because they want power position and all the rest of it, they know, others don't know. So if you see the tyranny of one guru you have seen the tyranny of all gurus. You understand? So you don't go from one guru to another. I am afraid you are doing that. (Laughter) Quand vous observez quelqu'un, votre ami, ou qui que ce soit, vous observez quoi? Pas son visage, ni sa silhouette, pas son apparence, ni ses cheveux, longs ou courts, vous observez l'image que vous vous êtes faite d'elle ou de lui. Nous disons donc : tout cela est un mouvement de la pensée fondé sur des souvenirs, des conclusions, des idées. Tout cela est un mouvement de la pensée. C'est un fait évident. Inutile de prouver à qui que ce soit que la pensée en soi divise, qu'elle est fragmentaire, partielle. Ne pouvant jamais être complète, elle ne peut donc que créér la confusion. Voilà, je l'ai expliqué. Dès lors, pouvez-vous regarder en vous ce sentiment de confusion. - suivez un peu cela, je vous prie - sans passer par tout ce processus? Vous comprenez? Sans explication, sans souvenir, simplement le regarder et le voir, avoir un 'insight' dans tout cela, alors vous pouvez l'expliquer. Vous avez compris? Je veux dire, l'ai-je bien expliqué? L'ai-je expliqué? 'Insight', ce mot même veut dire avoir une vision au sein de la chose. Mais on ne peut avoir un 'insight' s'il ne s'agit que d'une réponse de la mémoire. Monsieur, une religion organisée n'est pas la religion - n'est-ce pas? avec toute l'ineptie qui va avec : les rituels, les dogmes, les théories, les théologiens qui échafaudent de nouvelles théories, etc., etc., etc. Cela n'est pas la religion ! Or qu'est-ce qui vous fait dire que ce n'est pas la religion? N'est-ce qu'un examen réfléchi de toutes les religions, de leurs dogmes, superstitions, ignorance, rituels qui vous fait dire en fin de compte 'c'est de l'ineptie'? Ou voyez-vous immédiatement que toute forme de propagande, de pression, etc., n'est en aucun cas la religion? Vous le voyez alors d'un coup et vous en êtes sorti. Je ne sais si vous le voyez. Mais si vous ne faites qu'examiner diverses religions pour en venir à une conclusion, cette conclusion sera alors limitée, pouvant être démontée par argumentation, par un savoir supérieur, etc. Mais si vous avez un 'insight' dans la nature de cette structure religieuse que l'homme a inventée, l'esprit en est immédiatement délivré. Je ne sais si vous suivez tout cela. Je prends un autre exemple. Si vous comprenez la tyrannie d'un seul gourou - la tyrannie, ce sont des tyrans parce qu'ils veulent le pouvoir, une situation et tout le reste, ils savent, pas les autres. Donc, si vous voyez la tyrannie d'un seul gourou, vous avez vu la tyrannie de tous les gourous. Vous comprenez? Dès lors, vous n'allez pas d'un gourou à l'autre. Je crains que c'est ce que vous faites. (Rires)
41:07 Fourth question: 'In observation without the observer is there a transformation from staying with the fact that leads to an increase of attention? Does the energy created have a direction?' - Good lord! I don't know what's all this - 'What is the relationship of attention to thought, to the centre, the self? Is there a gap between attention and thought that leads to freedom?' 4ème question : 'Dans l'observation sans l'observateur, 'une transformation a-t-elle lieu si l'on reste avec le fait, qui conduit à toujours plus d'attention? L'énergie ainsi créée a-t-elle une direction?' - Seigneur ! J'ignore tout cela - 'Quel rapport y a-t-il entre l'attention d'une part et la pensée, le centre, le moi, d'autre part? Y a-t-il un intervalle entre l'attention et la pensée conduisant à la liberté?'
41:41 Look sir, these questions unfortunately don't relate to your actual life. Right? I am not saying you should not put these questions but I am only asking you most respectfully all these questions, actually, have not touched the living, daily life. You understand? Right? Is that so, or not? So all these questions become theoretical, something abstract, something that you have heard and you then say well, who is the observer and the observer is the observed and so on. But if you say, look, my life is this. Let us find out why I live this way. You understand, sir? Why I am worried, why my mind is eternally chattering, why I have no right relationship with another, why am I cruel. You understand? Why is my mind so narrow? Why am I neurotic? A neurotic person never says, 'I am neurotic'. But one can observe the person who is neurotic it may be my wife, or my husband who is neurotic, but we never apparently deal with questions that affect our daily existence. I wonder why. You understand my question? Monsieur, ces questions sont malheureusement sans lien avec votre vie réelle. N'est-ce pas? Je ne dis pas que vous ne devriez pas les poser, mais je vous prie très respectueusement de noter qu'en fait, toutes ces questions n'affectent pas votre vécu quotidien. Vous comprenez? N'est-ce pas? En est-il ainsi, ou non? Donc toutes ces questions deviennent théoriques, quelque chose d'abstrait, que vous avez entendu et vous dites alors, 'eh bien, qui est l'observateur', et 'l'observateur est l'observé', et ainsi de suite. Mais si vous dites, voyons, voilà ma vie. Découvrons pourquoi je vis de cette façon. Vous comprenez, Monsieur? Pourquoi suis-je anxieux, pourquoi mon esprit ne cesse-t-il de bavarder, pourquoi n'ai-je pas de relation juste avec un autre, pourquoi suis-je cruel. Vous comprenez? Pourquoi mon esprit est-il si mesquin? Pourquoi suis-je névrotique? Quelqu'un de névrotique ne dit jamais : 'je suis névrotique'. Mais on peut observer la personne qui est névrotique, c'est peut-être ma femme ou mon mari qui l'est; mais apparemment, nous ne traitons jamais les questions qui affectent notre vie quotidienne. Je me demande pourquoi. Vous comprenez ma question?
44:06 All these questions are that. I think there are about 250 questions, we went through them. Please, I am not scolding, or impatient, or preaching but I am just asking myself after reading all those questions I say, why isn't there one question that affects psychologically the inward - you understand? Why I am unhappy, why am I in conflict with my neighbour, with my husband? You follow? So why is this happening? I will answer these questions, if I must, but why are we so timid, or so enclosed, or we are afraid to expose ourselves to another which doesn't mean that you must expose. If we ask a really, a genuine, a question that affects deeply our life it has much more vitality than this. Right? Toutes ces questions sont ainsi. Je pense qu'il y a environ 250 questions, nous les avons parcourues. Je ne suis pas en train de gronder, ni de m'impatienter, ou de sermoner, mais me borne à me demander, après les avoir toutes lues, pourquoi pas une seule question ne touche psychologiquement l'intérieur - vous comprenez? Pourquoi suis-je malheureux, pourquoi suis-je en conflit avec mon voisin, avec mon mari? Vous suivez? Alors, pourquoi en est-il ainsi? Je répondrai à ces questions, si il le faut, mais pourquoi sommes-nous si timides, ou si renfermés, ou effrayés de nous exposer au regard de l'autre, ce qui ne veut pas dire qu'il faille s'exposer. Si nous posons vraiment, sincèrement, une question affectant profondément notre vie, cela a beaucoup plus de vitalité que tout ceci. N'est-ce pas?
45:48 So I'll ask the question. (Laughter) Why do we, each one of us, live the way we are doing? Taking drugs, pot, drinking, smoking, pursuing pleasure and aggression, why? You understand? Why? Why are we like this? Please sir, go into it with me. Why are we aggressive? The whole society in which we live, in this society of the West, aggression is one of the most important things. And competition, they both go together. Why? You can see in the animals how aggressive they are in mating, in a certain season. They don't compete, do they? You know when a lion has killed a zebra, other lions share it. You have seen this on television and so on. But apparently with us aggression is the most deep-rooted thing and competition. Why are we like this? Is it the fault of the society? Our education? But the society is what we have made of it. So don't say, 'society', blame the society for this or some education but apparently we are deeply aggressive and competitive. And if you are not competitive, if you are not aggressive in this society you are trodden down. Right? You are discarded, you are looked down upon. Why are we aggressive? Go on sir, examine it. Is it that this emphasis on individual freedom - you understand? - individual freedom and that freedom demands that he must express himself at any cost? Is that it? Especially in this country, in the West this sense of freedom, you know. If you have an instinct to do something, if you want to do something, do it. Don't restrain, don't examine it, it doesn't matter, if you have this feeling, act. Je vais donc poser la question. (Rires) Pourquoi vivons-nous tous comme nous le faisons? Prenant de la drogue, de l'herbe, buvant, fumant, en quête de plaisir et d'agession, pourquoi? Vous comprenez? Pourquoi? Pourquoi sommes-nous ainsi? Je vousen prie Monsieur, explorez cela avec moi. Pourquoi sommes- nous agressifs? Cette société occidentale dans laquelle nous vivons valorise au plus haut degré l'agressivité, et la compétition, elles vont de pair. Pourquoi? On peut voir chez les animaux à quel point ils sont agressifs, pendant la saison d'accouplement. Ils ne se font pas concurrence, n'est-ce pas? Vous savez, quand un lion a tué un zèbre, les autres lions ont leur part. Vous avez vu cela à la télévision, etc. Mais chez nous, l'agressivité semble être l'élément le plus enraciné, comme la compétition. Pourquoi sommes-nous ainsi? Est-ce la faute de la société? Ou de notre éducation? Mais la société est ce que nous en avons fait. Alors, ne dites pas : 'la société', blâmant la société ou un certain mode d'éducation, car apparemment, nous sommes profondément agressifs et compétitifs. Et si vous n'êtes pas compétitif, si vous n'êtes pas agressif dans cette société, on vous marche dessus. N'est-ce pas? On vous ignore, on vous méprise. Pourquoi sommes-nous agressifs? Penchez-vous là-dessus. Serait-ce dû à cette emphase mise sur la liberté individuelle - vous comprenez? - liberté individuelle qui demande que l'on s'exprime à tout prix? Est-ce cela? Spécialement dans ce pays-ci, à l'Ouest, vous connaissez ce sentiment de liberté. Si votre instinct vous pousse à faire quelque chose, si vous le voulez vraiment, faites-le. Ne vous restreignez pas, n'hésitez pas, peu importe, si c'est votre sentiment, allez-y.
50:02 Q: Is there no difference between aggression and competition? Q: N'y a-t-il aucune différence entre l'agression et la compétition?
50:06 K: Madame, please, I'll go into it, don't bother about that. K: Madame, de grâce, j'y viens, soyez sans inquiétude.
50:11 Q: They look different to me right now. Q: Je vois une différence pour l'instant.
50:16 K: Either you write the questions, I'll answer them, or let me talk a little about this. K: Soit vous posez les questions par écrit et j'y répondrai, soit vous me laissez en parler un peu.
50:27 You can see what aggression does. Right? You are aggressive, I am aggressive for the same job, for the same this, that, the other. And so we are fighting each other all along the way - right? Both psychologically and physically. And we carry on. That's part of our pattern, part of our social education, and to break that pattern we say we must exercise our will. Right? Which is another aggression. I don't know if you follow this. Right? Right? Are you following this, sir? When I exercise my will, will is another form of 'I must' - you understand - that's another form of aggression. So can you have an insight into aggression? You have understood my question, or is it too difficult? You understand my question, sir? That is, I am aggressive - thank God I am not I have never been, I don't want to be. (laughs) Suppose I am aggressive and that's the pattern from childhood that is the education, the mother, the father and the society, the boys around me, are all aggressive and I see, and I like that, it gives me pleasure. And I accept it and I also become aggressive. Right? Then as I grow up somebody shows me the nature of aggression, what it does in society, how competition is destroying human beings. It is not only the speaker is saying this, scientists are beginning to say this so perhaps you will accept the scientists. So you explain it very carefully, all the reason, the cause and the destructive nature of competition which is to compare, always comparing. You understand? On peut voir ce que produit l'agression. N'est-ce pas? En prétendant au même emploi, vous et moi devenons agressifs, brigant tout deux une même chose. Et nous nous confrontons donc tout du long - n'est-ce pas? - tant psychologiquement que physiquement. Et nous continuons. Cela fait partie de notre mode d'action, de notre éducation sociale, et pour briser ce mode, nous disons qu'il faut faire acte de volonté. N'est-ce pas? Ce qui est une autre forme d'agression. Je ne sais si vous suivez cela. Oui? Oui? Vous suivez cela, Monsieur? Quand je fais acte de volonté, la volonté est une autre forme de 'je dois' - vous comprenez - c'est de l'agression sous une autre forme. Alors, pouvez-vous avoir un 'insight' dans l'agressivité? Avez-vous compris ma question, ou est-ce trop difficile? Vous comprenez ma question, Monsieur? Ainsi, je suis agressif - Dieu merci, je ne le suis pas, je ne l'ai jamais été, je ne veux pas l'être. (Rires) Supposons que je sois agressif, tel est le schéma depuis l'enfance, c'est l'éducation, la mère, le père, et la société, les garçons de mon entourage, tous sont agressifs, je le vois et j'aime cela, j'en retire du plaisir. Et je l'accepte et à mon tour, devenant agressif. N'est-ce pas? Puis, alors que je grandis, quelqu'un m'explique la nature de l'agression, ce que cela donne dans la société, la manière dont la compétition détruit les êtres humains. L'orateur n'est pas le seul à le dire, les scientifiques commencent à le dire, alors peut-être admettrez- vous leurs propos. Vous expliquez donc cela très soigneusement, les raisons, la cause et la nature destructrice de la compétition qui consiste à comparer, toujours comparer. Vous comprenez?
53:36 Now a mind that doesn't compare at all - you understand? - is a totally different kind of mind. It has got much more vitality. So one explains all this, and yet we go on being aggressive, competitive, comparing ourselves with somebody, always something much greater, not with the poorer, but always something greater. So there is this pattern established, this cadre, this framework and in which the mind is caught. And listening to it you say, 'I must get out of it I must do something about it', which is what? Another form of aggression. You understand? I wonder if you see that. So can you, can we have an insight into aggression? You follow? Not explanations, not the remembrance of all the implications of it and so on and so on, which is constant examination, then coming to a conclusion and acting according to that conclusion. That's not insight. Whereas if you have immediate insight into it - you understand? - then you have broken the whole pattern of aggression. Maintenant, un esprit qui ne compare pas du tout est un esprit d'une toute autre nature. Il a beaucoup plus de vitalité. Tout cela est donc expliqué, et pourtant on continue à être agressif, compétitif, à se comparer à quelqu'un, toujours à ce qu'il y a de plus grand, pas au plus humble, mais toujours au plus grand. Voilà donc établis ce schéma, ce cadre, cette structure dans lesquels l'esprit s'est fait prendre. Et, écoutant cela, vous dites : 'je dois m'en extirper, faire quelque chose à ce sujet', ce qui veut dire quoi? Une autre forme d'agressivité. Vous comprenez? Je me demande si vous le voyez. Alors pouvons-nous avoir un 'insight' dans l'agressivité? Pas d'explications, pas le souvenir de toutes ses implications etc., etc. ce qui revient à examiner en continu pour aboutir à une conclusion et agir en fonction de cette conclusion. Ce n'est pas là un 'insight'. Tandis que si vous en avez un 'insight' immédiat - vous comprenez? - vous avez alors brisé tout le schéma de l'agression.
55:26 That is, sir, we compare - don't we? - both physically Or psychologically, there is constant comparison. Which means what? I don't know if you have gone into this. To compare oneself with somebody else, greater, more intelligent, bright, and so on, is to what? Deny what you are and change what you are. I wonder if you understand this. Am I making this clear? Look, I compare myself with you and I say you are awfully clever, all that, and in that comparison I say, by Jove, I realise I am very dull. Right? You are following this? But if I have no comparison, am I dull? I begin then to discover the thing is 'as is'. I wonder if you see. Ainsi, Monsieur, nous comparons, n'est-ce pas? Tant physiquement - vous avez de longs... j'aimerais être aussi beau que vous - que psychologiquement; il y a continuellement comparaison. Ce qui veut dire quoi? Je ne sais si vous avez exploré cela. Se comparer à quelqu'un d'autre, de supérieur, de plus intelligent, de plus brillant etc., cela revient à quoi? A refuser et vouloir changer ce que vous êtes. Je me demande si vous le comprenez. Suis-je clair là-dessus? Voyons, je me compare à vous et me dis que vous êtes redoutablement malin, tout cela, et par comparaison je me dis, Dieu que je suis ennuyeux. N'est-ce pas? Vous suivez? Mais en l'absence de toute comparaison, suis-je ennuyeux? Je commence alors à découvrir que la chose est 'telle quelle'. Je me demande si vous voyez.
56:57 So what shall we do with the way we are living? Sorry to bring it home. What shall we do? You will attend meetings, other forms of other kinds of meetings, discussions, philosophers explaining their philosophy, the latest psychologist non-Freudian, non-this, and non-that but the latest, he will explain to you. You understand? We are doing this all the time, moving from one thing to another and that's called an open mind. But we never say look, this is so, I am like this, let me find out why am I like this. Why I have wounds, psychological bruises - you understand? - why? Why do I live with them? I don't know if you are following all this. But reading somebody like... books of... or attending Krishnamurti's talks, and then quoting back, 'It is so, I know all this by heart!' (Laughter) I have been at this for sixty years and more so you don't have to quote to me. But if you don't quote, and find out for yourself - you understand, sir? - there is greater energy, more fun, more alive, you become much more alive. Alors, qu'allons-nous faire de notre mode de vie? Désolé de 'revenir à nos moutons'. Qu'allons-nous faire? Vous irez participer à des rencontres de diverses sortes, des discussions - des philosophes exposant leur philosophie, le dernier psychologue non-freudien, non-ceci, non-cela, mais le dernier en date, et il vous expliquera tout. Vous comprenez? Nous faisons cela tout le temps, allant d'une chose à l'autre, et c'est ce qu'on appelle un esprit ouvert. Mais jamais nous ne disons : c'est vrai, je suis ainsi, alors découvrons. pourquoi je suis ainsi. Pourquoi ai-je des blessures, des traumas psychologiques. Pourquoi? Pourquoi devrais-je vivre avec cela? Je ne sais si vous suivez tout cela. Mais lire quelqu'un comme... des livres... ou assister à des causeries de Krishnamurti pour ensuite le citer : 'c'est ainsi, je sais tout cela par coeur !' (Rires) Je m'y consacre depuis soixante ans ou plus, donc inutile de me citer. Mais si vous ne citez pas et découvrez par vous-même, vous comprenez, il y a davantage d'énergie, c'est plus amusant, plus vivant, vous devenez beaucoup plus vivant.
59:27 'What is the relationship of attention to thought? Is there a gap between attention and thought?' Right? 'Quel rapport y a-t-il entre l'attention et la pensée? Y a-t-il un intervalle entre l'attention et la pensée?' Bien?
59:40 This is a good question because it affects us. That is, what is attention. What is the relationship of thought to attention. Is there, in attention, freedom? Right? Is this a question that affects us? That is, we know what concentration is. Right? Most of us do; from childhood we are trained to concentrate and the implications of that concentration is narrowing down all energy to a particular point, and holding to that point. Right? A boy in a school is looking out of the window, looking at all the birds and the trees and the movement of the leaves or the squirrel climbing up the tree and the educator says 'Look, you are not paying attention, concentrate on the book.' Right? 'Listen to what I am saying', and so on and so on. Which is what? Go into it, sir. Which is what? You are making concentration far more important than attention. That is, if the boy is looking out of the window watching that squirrel, I would help him to watch - if I am the educator - I would help him to watch that squirrel completely. You follow? Watch it. Watch the movement of the tail, the mouth, the nozzle, how its claws are, everything, watch it. Then if he learns to watch that attentively he will pay attention to the beastly book! (Laughter) You follow what I am saying? So there is no contradiction. C'est une bonne question car elle nous affecte. C'est-à-dire, qu'est-ce que l'attention. Quel rapport y a-t-il entre la pensée et l'attention. L'attention inclut-elle la liberté? Bien? Est-ce une question qui nous affecte? Nous savons ce qu'est la concentration. N'est-ce pas? Oui, pour la plupart; dès l'enfance nous sommes entraînés à nous concentrer et cette concentration consiste à rassembler toute l'énergie sur un certain point, et rester focalisé sur ce point. N'est-ce pas? Un écolier regarde par la fenêtre, il contemple les oiseaux et les arbres et le mouvement des feuilles ou l'écureuil grimpant le long du tronc, et l'éducateur dit : 'Voyons, vous ne faites pas attention, concentrez-vous sur le livre.' N'est-ce pas? 'Ecoutez ce que je dis', etc. Ce qui veut dire quoi? Cherchez, Monsieur. Cela veut dire quoi? Que vous donnez à la concentration bien plus d'importance qu'à l'attention. Ainsi, si le garçon regarde par la fenêtre, observant cet écureuil, je l'aiderais à observer - si j'étais l'éducateur - je l'aiderais à observer cet écureuil, complètement. Vous suivez? A l'observer. Observer le mouvement de sa queue, son museau, comment sont ses griffes, tout observer. Dès lors, s'il apprend à observer cela attentivement, il prêtera attention à ce sacré bouquin ! (Rires) Vous suivez ce que je veux dire? Il n'y a donc pas de contradiction.
1:02:02 So attention is a state of mind in which there is no contradiction. Right? There is no entity, or a centre, or a point which says, 'I must attend'. In that state there is no wastage of energy. Whereas in concentration there is always the controlling process going on: I want to concentrate on that page but thought wanders off and then you pull it back, the constant battle going on. Whereas in attention, if you go into it, it is very simple really. When somebody says, 'I love you' and he means it, you are attending! You don't say, do you love me because I look nice or I have money, or sexual, or this or that. You follow what I am saying? So attention is something totally different from concentration. Ainsi, l'attention est un état d'esprit qui ne comporte aucune contradiction. N'est-ce pas? Aucune entité, ni centre, ni point fixe pour dire : 'je dois être attentif'. Dans cet état, il n'y a pas de gaspillage d'énergie. Tandis que dans la concentration, le processus de contrôle est toujours en activité : je veux me concentrer sur cette page, mais la pensée vagabonde, et il faut la rappeler à l'ordre, une lutte de chaque instant. Tandis qu'avec l'attention, si vous l'examinez, c'est vraiment très simple. Quand quelqu'un dit : 'je vous aime', et qu'il est sincère, vous êtes attentif ! Vous n'irez pas dire : 'm'aimez-vous pour mon physique, ou pour mon argent, ou sexuellement, ou ceci ou cela. Suivez-vous ce que je dis? Donc l'attention est tout autre chose que la concentration.
1:03:33 And this attention, the questioner asks, what is the relationship of this attention to thought? Right? None, obviously. I don't know if you follow this. Concentration has a relationship to thought because thought directs: 'I must learn, I must concentrate in order to control myself'. Right? Thought then gives a direction from one point to another point. Whereas in attention thought has no place - you attend. Et cette attention, demande l'auteur de la question, quel rapport y a-t-il entre cette attention et la pensée? N'est-ce pas? Aucun, évidemment. Je ne sais si vous suivez cela. La concentration a un rapport avec la pensée, parce que la pensée dirige : 'Je dois apprendre, je dois me concentrer afin de me contrôler'. N'est-ce pas? Ainsi, la pensée dirige d'un point à un autre. Tandis que dans l'attention, la pensée n'a pas sa place : - vous êtes attentif.
1:04:37 'And is there a gap between attention and thought?' Good Lord. Sir, as we explained the other day if you once understand if one once has a grasp of the whole movement of thought you wouldn't put this question. You understand sir? I am not... - I'll answer it but first, one has to understand what thought is. You understand? Not somebody telling you what thought is. But to see what thought is, how it comes into being. And if you will go... I will do it again, we will go into it. 'Et y a-t-il un intervalle entre l'attention et la pensée?' Seigneur ! Monsieur, comme nous l'avons expliqué l'autre jour, si vous comprenez une fois pour toute, si vous saisissiez une bonne fois tout le mouvement de la pensée, vous ne poseriez pas cette question. Vous comprenez? Je vais y répondre, mais il faut d'abord comprendre ce qu'est la pensée. Vous comprenez? Non pas que quelqu'un vous dise ce qu'est la pensée, mais voir ce qu'elle est, comment elle apparaît. Et si vous voulez bien, je vais y revenir, nous allons l'explorer.
1:05:34 There can be no thought if there is total amnesia. Right? But unfortunately, or fortunately we are not in a state of amnesia. And one wants to find out what thought is what place it has in life. You understand? So one begins to examine thinking - right? So what is thinking? Thinking takes place as a reaction to memory. Obviously. Memory responds to a challenge, to a question, to an action, or responds in relationship to something or to an idea, to a person. Right? You see all this in life. So what is thinking, what is thought? How does thought exist in the human mind? So one asks then, what is memory? You understand? What is memory? Memory is: you have trodden on some insect that has bitten you. That memory, that pain is registered and stored in the brain, that pain, which becomes a memory, it is not actual pain. That pain is over but the memory remains. So next time you are careful. So there is experience as pain, which has become knowledge and that knowledge, experience, is memory, that memory responds as thought. Right? That memory is thought. And knowledge, however wide, however deep, however extensive, must always be limited. Right? There is no complete knowledge. I don't know if you are following all this. Il ne peut y avoir de pensée en cas d'amnésie totale. N'est-ce pas? Mais malheureusement, ou heureusement, nous ne sommes pas amnésiques. Et l'on veut découvrir ce qu'est la pensée, quelle est sa place dans la vie. Vous comprenez? On commence donc à examiner l'acte de penser - n'est-ce pas? Alors, qu'est-ce que penser? L'acte de penser a lieu en réaction à la mémoire. C'est évident. La mémoire répond à un défi, à une question, à une action, ou par rapport à quelque chose, ou à une idée, à une personne. N'est-ce pas? Vous voyez tout cela dans la vie. Qu'est-ce donc que penser, que la pensée? Comment la pensée existe-t-elle dans l'esprit humain? De là on demande, qu'est-ce que la mémoire? Vous comprenez? Qu'est-ce que la mémoire? La mémoire c'est : vous avez marché sur un insecte qui vous a piqué. Ce souvenir, cette douleur est inscrite, rangée dans le cerveau; cette douleur, qui devient un souvenir, n'est pas une vraie douleur. Cette douleur est finie, mais le souvenir persiste. Alors la prochaine fois vous faites attention. Ainsi, l'expérience de la douleur est devenue du savoir, et ce savoir, cette expérience est de la mémoire, laquelle répond sous forme de pensée. N'est-ce pas? Cette mémoire est la pensée. Et le savoir, si vaste, si profond, si étendu soit-il, est forcément toujours limité. N'est-ce pas? Il n'y a pas de savoir complet. Je ne sais si vous suivez tout cela.
1:08:25 So thought is always partial, limited, divisive because in itself it isn't complete. In itself it can never be complete, it can think about completeness. - you understand? - it can think about totality, whole, but it's not... thought itself is not whole. So whatever it creates philosophically, religiously, it is still partial, limited, fragmentary because knowledge is part of ignorance. You understand, sir? I don't know if you understand this. As knowledge can never be complete it must always go hand in hand with ignorance. Right? That's logical, rational. And if one understands the nature of thought and understands what concentration is then thought cannot attend, because attention is: giving all energy - you understand? - without any restraint. I wonder if you understand this. If you are listening now, I hope you are, if you are listening and attending, what takes place? There is no 'you' attending. Right? There is no centre that says, 'I must attend'. You are attending because it is your life, your interest. If you are not interested, lying down in the sun, saying, 'Well I'll listen partly, that's a different matter. But if you are serious and giving attention you will soon find out all your problems, all that is gone - at least for the moment. La pensée est donc toujours partielle, limitée, elle divise, parce qu'en soi elle est incomplète. Intrinsèquement, elle ne peut jamais être complète, elle peut penser qu'elle est compléte, - vous comprenez? - elle peut penser à la totalité, au tout, mais en elle-même la pensée n'est pas entière. Donc tout ce qu'elle crée, philosophiquement, religieusement, est toujours partiel, limité, fragmentaire, parce que le savoir fait partie de l'ignorance. Vous comprenez, Monsieur? Je ne sais si vous comprenez cela. Comme le savoir ne peut jamais être complet, il va toujours de pair avec l'ignorance. N'est-ce pas? C'est logique, rationnel. Et si l'on comprend la nature de la pensée et que l'on comprend ce qu'est la concentration, alors la pensée ne peut agir, car l'attention, c'est donner toute son énergie - vous comprenez? - sans la moindre réserve. Je me demande si vous comprenez cela. Si vous écoutez en ce moment, j'espère que c'est le cas, si vous écoutez avec attention, que se passe-t-il? Il n'y a pas de 'vous' qui soit attentif. N'est-ce pas? Il n' y a pas de centre disant 'je dois être attentif'. Vous êtes attentif parce que c'est votre vie, votre intérêt. Si vous n'êtes pas intéressé, préférant profiter du soleil, disant,'bon je vais vaguement écouter', c'est une autre affaire. Mais si vous êtes sérieux et prêtez attention, vous verrez bientôt que tous vos problèmes, que tout cela a disparu - du moins pour l'instant.
1:10:54 So to resolve problems is to attend. I wonder if you have got it. You understand this? It's not a trick! (Laughs) Donc résoudre les problèmes c'est être attentif. Je me demande si vous le saisissez. Vous le comprenez? Ce n'est pas un tour de passe-passe ! (Rires)
1:11:17 What time is it sir? Quelle heure est-il, Monsieur?
1:11:21 Q: Seventeen minutes to one. Q: Une heure moins dix-sept.
1:11:24 K: I am so sorry, it is 17 minutes to one. K: Désolé, il est une heure moins dix-sept.
1:11:35 So sir, other questions are of the same kind. As this is the last question and answer meeting we shall perhaps some of us meet again on Saturday and Sunday and after that we close the shop! (Laughter) Voilà Monsieur, les autres questions sont du même ordre. Comme ceci est la denière séance de questions et réponses peut-être allons-nous, pour certains, nous retrouver samedi et dimanche après quoi nous fermons boutique ! (Rires)
1:11:54 So all these questions, 250 questions of them and more are always somehow not dealing with the facts of oneself. You understand sir? Donc, toutes ces questions, il y en a 250 et plus, sont toujours quelque peu sans rapport avec les faits de notre vie. Vous comprenez Monsieur?
1:12:17 Why is my mind chattering, so restless? You follow? Pourquoi mon esprit bavarde-t-il sans fin? Vous suivez?
1:12:23 You don't ask such a question! Have you ever asked that question to yourself, why are you so restless, specially in this country, the mind so chattering, restless, moving, going from one thing to another, constant entertainment. Right? Why is your mind chattering? And what will you do about it. Right? Your immediate response is to control it. Right? Say, 'I must not chatter' which means what? The very controller is chattering. I don't know if you see that. Do you see that? There is a controller who says, 'I mustn't chatter' is in himself part of chattering. See the beauty of it? So what will you do? Go on sir. Vous ne posez pas une telle question ! Vous êtes-vous jamais posé la question de savoir pourquoi vous êtes si agités, particulièrement dans ce pays, l'esprit étant si bavard, remuant, mobile, passant d'une chose à l'autre, ne pensant qu'à se divertir. N'est-ce pas? Pourquoi votre esprit bavarde-t-il? Et qu'allez-vous faire à ce sujet. N'est-ce pas? Votre réaction immédiate est de le maîtriser, non? disant' je ne dois pas bavarder', ce qui veut dire quoi? Que celui qui maîtrise bavarde. Je ne sais si vous le voyez. Le voyez-vous? L'entité qui maîtrise et dit 'je ne dois pas bavarder' fait elle-même partie du bavardage. Voyez-vous la beauté de la chose? Alors, qu'allez-vous faire? Allez-y Monsieur.
1:13:58 Q: Watch it. Q: L'observer.
1:14:00 K: If you observe it, if you say, look, my mind is chattering and I can examine the causes of chattering because chattering is part of the mind being occupied. Right? I don't know if you have noticed, the mind, the whole structure of the brain must be occupied with something. Right? With sex, with problems, with television, with going to football, going to church - it must be occupied. Right? Why? Why must it be occupied? If it is not occupied, aren't you rather uncertain, won't you fear not being occupied? You follow? You feel empty, don't you? K: Si vous l'observez, si vous dites, voyons, mon esprit bavarde, et je peux examiner les causes du bavardage, voyez que bavarder est le propre d'un esprit occupé. N'est-ce pas? Je ne sais si vous avez remarqué que l'esprit, toute la structure du cerveau doit s'occuper de quelque chose. N'est-ce pas? De sexe, de problèmes, de télévision, d'aller au football, à l'église - il doit être occupé. N'est-ce pas? Pourquoi? Pourquoi doit-il être occupé? Si il n'est pas occupé, n'êtes-vous pas un peu incertain, ne craignez-vous pas d'être inoccupé? Vous suivez? Vous vous sentez vide, n'est-ce pas?
1:15:07 No? You feel lost. You feel - then you begin to realise what you are, that there is tremendous loneliness inside. Right? And so to avoid that deep loneliness with all its agony, the mind chatters, is occupied about everything else except that. And then that becomes the occupation. You follow? If I am not occupied with all the outward things, like cooking, washing up, cleaning the house, and so on then it says, I am lonely, that's my concern. You follow? How am I to get over it, let me talk about it, how miserable I am - back to chattering. But if you say, 'Why is the mind chattering?' Ask the question sir, go on with me. Why is your mind chattering? Never a moment it is quiet - you understand? - never a moment when there is complete freedom from any problem. Right? Non? Vous vous sentez perdu. Vous commencez alors à réaliser ce que vous êtes, qu'il y a en vous une terrible solitude. N'est-ce pas? Alors, pour éviter cette profonde solitude avec toutes ses angoisses, l'esprit bavarde, s'occupe de tout sauf de cela. Ce qui devient alors l'occupation. Vous suivez? A défaut d'être occupé par toutes les choses extérieures, comme la cuisine, la vaisselle, le ménage, etc., je réalise alors que je suis esseulé, c'est mon souci. Vous suivez? Comment vais-je surmonter cela, il faut que j'en parle : 'comme je suis malheureux' - retour au bavardage. Mais si vous dites : 'Pourquoi l'esprit bavarde-t-il?' Posez la question, Monsieur, accompagnez-moi. Pourquoi votre esprit bavarde-t-il? Jamais un moment de répit - vous comprenez? - jamais un moment de complète liberté à l'égard de tout problème. N'est ce pas?
1:16:51 So again is that occupation the result of our education of the social nature of our life? Those are all excuses obviously. But when one realises, if one does, your mind is chattering and look at it - you follow? - wait with it, stay with it - I don't know if I am explaining. My mind is chattering. All right, I'll watch it. I say, 'All right, chatter'. I am attending to it. You follow? I wonder if you understand this. I am attending, which means I am not trying not to chatter, I am not saying, I must suppress it, or any of it. I am just attending to chattering. If you do, you will see what happens. Then your mind is so clear, free of all this. And probably that is the state of a normal, healthy human being. Right? That's enough I think, sirs. Encore une fois, cette occupation résulte-t-elle de notre éducation, de la nature sociale de notre vie? Ce sont autant d'excuses, c'est évident. Mais quand on réalise, si tel est le cas, que son esprit bavarde et qu'on l'observe - vous suivez? - il faut attendre, rester avec - je ne sais si j'arrive à l'expliquer. Mon esprit bavarde. Bien, je vais l'observer. Je dis : 'd'accord, bavarde'. Je lui donne mon attention. Vous suivez? Je me demande si vous comprenez cela. Je fais attention, ce qui signifie que je n'essaie pas d'arrêter de bavarder, je ne dis pas : 'il faut le réprimer', ni rien de tout cela. Je ne fais que donner mon attention au bavardage. Si vous le faites, vous verrez ce qui se passe. Votre esprit est alors très clair, libéré de tout cela. Et c'est probablement l'état d'un être humain normal, sain. N'est-ce pas? Je pense que cela suffit, messieurs.