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OJ80T5 - Nous ne sommes qu'un seul et unique mouvement psychologique
5e causerie
Ojai, Californe, USA
17 mai 1980



0:37 May we go on with what we were talking about last Saturday and Sunday? If I may point out, this is not an entertainment, to be amused, or intellectually, or emotionally stimulated. Please don't take notes because you can't pay attention to both. I hope you don't mind. Pouvons-nous poursuivre ce dont nous parlions samedi et dimanche derniers? Permettez-moi de souligner que ceci n'est pas un divertissement destiné à vous amuser, à vous stimuler intellectuellement ou émotionnellement. Ne prenez pas de notes, sinon vous ne pouvez être totalement attentif. J'espère que cela ne vous fait rien.
1:35 Human beings right throughout the world have been tyrannised over by institutions, organisations, by priests, by gurus, by every form of authoritarian aggressive assertions, either by the philosophers or by the theologians or by one's own idiosyncrasy, greed and anxiety. And we have been saying during these talks - and tomorrow will be the last one and the questions and answers - and it becomes more and more imperative that human beings, whether they live in far away Asia or in the Western world, or here, should bring about in themselves a radical transformation, a mutation. And that is necessary because society, as it is organised, upheld, has become extraordinary complex, corrupt, immoral and such a society is very destructive, leading to wars, oppression, every form of dishonest action. And to bring about a change there, in the society, it is necessary that human beings change themselves. And most of us are unwilling to do that. Most of us rely either on an institution, organisation to change society, or some leader and these leaders generally become tyrannical. We look to others to bring about the necessary change in society. And we, human beings, are responsible for it. We have created it, we have put it together. We, those in America, Europe, India or wherever they live, we have made this society. Dans le monde entier, les êtres humains ont subi la tyrannie d'institutions, d'organisations, de prêtres, de gourous, de toutes les formes d'assertions doctrinaires émanant des philosophes ou des théologiens, ou de leurs propres particularismes, de leur avidité et anxiété. Et nous avons dit, durant ces entretiens - et celui de demain sera le dernier avec les questions-réponses - qu'il devient toujours plus impératif, pour les êtres humains, qu'ils vivent dans la lointaine Asie, dans le monde occidental ou ici même, de susciter en eux-mêmes une transformation radicale, une mutation. Et ceci est nécessaire, car la société telle qu'elle est organisée, maintenue, est devenue extraordinairement complexe, corrompue, immorale, et une telle société est très destructrice, conduisant aux guerres, à l'oppression, à toutes formes d'actes malhonnêtes. Et pour amener un changement dans la société, il est nécessaire que les êtres humains se transforment. Et la plupart d'entre nous s'y refuse. La plupart d'entre nous s'en remet à une institution, à une organisation ou à un leader pour changer la société, et ces leaders deviennent généralement tyranniques. Nous attendons des autres qu'ils amènent le changement nécessaire à la société. Et c'est nous, êtres humains, qui en sommes responsables. Nous l'avons créée, l'avons construite. Que nous vivions en Amérique, en Europe, en Inde ou ailleurs, c'est nous qui avons fait cette société.
5:29 And we seem to not realise the central fact that we, each one of us, are responsible for what is going on in the world. The terror, violence, wars, and all the rest of it. And to bring about that change in ourselves we have to look at ourselves. We have to see exactly what we are and not depend on anyone, including the speaker. We have all been led by others and that is one of the great calamities so we become utterly irresponsible: irresponsible for our own acts, for our own behaviour, for our own vulgarity, and so on. Et nous ne semblons pas réaliser le fait capital que c'est nous, chacun de nous, qui sommes responsables de ce qui se passe dans le monde. La terreur, la violence, les guerres et tout le reste. Et pour amener ce changement en nous-mêmes, nous devons nous regarder. Nous regarder exactement tels que nous sommes et ne dépendre de personne, y compris de l'orateur. Nous avons tous été menés par d'autres, - une des pires calamités qui soit - devenant par là totalement irresponsables : irresponsables quant à nos propres actes, notre comportement, notre vulgarité, etc.
7:15 Many of us, and most people - at least thoughtful people - are aware that they are conditioned by society, by education, by all the various pressures and incidents, and accidents and ideas; we are conditioned by religious beliefs by philosophers with their theories, whether it be communism or other kinds of ideas spun out by philosophers. The word 'philosophy' means actually the love of life love of truth. Not love of ideas. Not love of theological concepts. But the actual understanding of life and the loving that takes place when one understands the deep meaning of living. That is the real meaning of a philosopher. La plupart d'entre-nous, tout au moins ceux qui réfléchissent, sont conscients d'être conditionnés, par la société, l'éducation, les pressions de tous ordres, par les incidents et accidents de la vie et par les idées, conditionnés par les croyances religieuses, par les philosophes et leurs théories, qu'il s'agisse de communisme ou de toutes sortes d'idées tissées par les philosophes. Le mot 'philosophie' désigne en réalité l'amour de la vie, l'amour de la vérité; pas l'amour des idées. Pas l'amour de concepts théologiques, mais la compréhension réelle de la vie, et l'amour qui se manifeste quand on comprend le sens profond de la vie. Voilà ce qu'est vraiment un philosophe.
8:48 And we have been conditioned by our own beliefs and the beliefs imposed on us and the desire to be certain, the desire to have no fear, all that has brought about our conditioning, the American, the Russian, the Hindu, the Muslim, the Arab, the Jew and so on. We are conditioned. And as most of us are aware that we are conditioned we say, 'We cannot possibly change it, it is impossible for the mind, for the brain, to uncondition itself, so put up with it, modify it and carry on'. If you observe yourself, that's what we are doing. Please, I would like - if the speaker may point out that we are not doing any kind of propaganda. We are not instituting one belief against another belief, one dependence against another dependence. There is nothing to prove because we are, both of us, thinking over together. All of us, if you are serious here, are giving our attention to this fact: that we are conditioned and, out of this conditioning, we are creating more and more havoc in the world, more and more misery, confusion. And we are asking, talking over together, thinking together, whether it is possible that this conditioning can be totally freed, eradicated, broken down, changed, mutated and so on. So we are thinking over together. You are not - if I may point out - not listening to the speaker and agreeing or disagreeing. There is nothing to disagree, or agree. We are thinking together and seeing the necessity of bringing about a radical change in society, and that change can only be brought about completely, wholly, when we, human beings, transform ourselves. That's a fact, not a concept. Et nous avons été conditionnés par nos propres croyances, comme par celles qu'on nous a imposées, et par le désir d'être certain, le désir d'être sans peur; tout cela a engendré notre conditionnement : l'Américain, le Russe, l'Hindou, le Musulman, l'Arabe, le Juif et ainsi de suite. Nous sommes conditionnés. Et, comme nous sommes presque tous conscients d'êtres conditionnés, nous disons qu'on ne peut changer cela, que l'esprit, le cerveau ne peut se déconditionner, alors, autant s'y faire, le modifier, et continuer ainsi. Si vous vous observez, c'est ce que nous faisons. L'orateur peut-il se permettre de souligner que nous ne faisons aucune propagande. Nous n'instituons pas une croyance s'opposant à une autre, ni une dépendance s'opposant à une autre. Il n'y a rien à prouver du fait que nous pensons tous deux ensemble. Nous tous, ici présents, si nous sommes sérieux, sommes entièrement attentifs au fait que nous sommes conditionnés, et qu'à partir de ce conditionnement nous créons toujours plus de ravages dans le monde, toujours plus de malheur, de confusion. Et, discutant, pensant ensemble, nous demandons si ce conditionnement peut être complètement évacué, éradiqué mis en pièces, changé, muté, et ainsi de suite. Nous réfléchissons donc ensemble. Vous n'êtes pas, si je puis le souligner, en train d'écouter l'orateur, en accord ou non avec lui. Il n'y a pas lieu d'être d'accord ou pas. Nous pensons ensemble et voyons la nécessité qu'il y a de susciter un changement radical dans la société, et ce changement ne peut être complet, abouti, que si les êtres humains que nous sommes se transforment. C'est un fait, pas un concept.
12:36 A concept is merely a conclusion, opposing one opinion against another opinion, one belief against another belief and wrangling, or quarrelling about those concepts and ideas and ideals. Here we are merely investigating, looking, observing our conditioning. Un concept n'est jamais qu'une conclusion, une opinion opposée à une autre, une croyance opposée à une autre, le prétexte à se chamailler ou se quereller à propos de ces concepts, idées et idéaux. Ici, nous ne faisons qu'examiner, regarder, observer notre conditionnement.
13:16 Our consciousness is made up of its content. Which again is a fact. Our anxieties, our beliefs, our ideals, by our experiences, the content, the suffering, the pain, the remembrances of things that are past, all that, the doubt, the faith, the uncertainty, the confusion, all that makes our consciousness. Please, as we are talking, look, observe, if we will, our own consciousness: the beauty of the trees, the mountains, the lovely skies - if there is no smog - all that is part of our consciousness. The hatred, the disappointments, the success, the travail that one goes through life, all that makes up our consciousness. Your belief in God, or disbelief in God, your acceptance of a guru or the non-acceptance of a guru, and so on, all that is the content that makes our consciousness. You can expand that consciousness, limit it, but it is still part of that consciousness, its content. Notre conscience est faite de son contenu. Ce qui est encore un fait. Nos anxiétés, nos croyances, nos idéaux, nos expériences. Un contenu fait de souffrance, de douleur, de souvenirs des choses passées, de tout cela; le doute, la foi, l'incertitude, la confusion, tout cela constitue notre conscience. Regardez je vous prie, à mesure que nous parlons, observons notre propre conscience : la beauté des arbres, les montagnes, le joli ciel - en l'absence de brouillard - tout cela fait partie de notre conscience. La haine, les déceptions, la réussite, le dur labeur tout au long de la vie, tout cela constitue notre conscience. Votre croyance en Dieu ou votre athéisme, le fait que vous soyez adepte d'un gourou ou non, etc., tout cela est le contenu qui fait notre conscience. Vous pouvez étendre cette conscience, la limiter, mais cela fait toujours partie de cette conscience, de son contenu.
15:48 And we are asking, as we have said during the past talks, whether it is possible for a human being to be totally psychologically free of fear. Last Saturday, or Sunday, we went into that very carefully. And if one may briefly repeat it: is fear, of which all of us know, of various kinds, is fear 'of things' with regard to that or that, or is fear the very structure of the mind? Or thought has put fear there? Please, I am not asserting, we are talking over together. The mind, which is all the movement of the brain, the reactions, the responses of our nerves and all that, that mind, in itself, has it fear? Or thought, which is part of the mind, has brought about fear? Right? We are asking this question. And we said, to find that out you must examine the nature of thought. Our whole process of thinking which is born as a reaction out of knowledge, experience, stored up in the brain. As knowledge is always incomplete, whether scientific knowledge or the knowledge that one has acquired through experience or the knowledge through books, study, research, must always be incomplete. That's a fact. And thought therefore is incomplete, fragmented, broken up, divisive. And we are asking: has thought introduced the fact of fear? Et nous demandons, comme nous l'avons dit précédemment, s'il est possible à un être humain d'être, psychologiquement, totalement libre de la peur. Samedi ou dimanche dernier, nous avons vu cela avec grand soin. Et s'il est permis de le répéter brièvement : la peur que nous connaissons tous, sous une forme ou une autre, est-elle la peur de telle ou telle chose, ou la peur est-elle la structure même de l'esprit? Ou encore, est-ce la pensée qui l'y a mise? S'il vous plaît, je n'affirme rien, nous en discutons ensemble. L'esprit, qui est la totalité du mouvement du cerveau, avec les réactions, les réponses nerveuses et tout cela, cet esprit a-t-il intrinséquement peur? Ou la pensée, qui fait partie de l'esprit, a-t-elle suscité la peur? N'est-ce pas? Nous posons cette question. Et nous avons dit que, pour y répondre, il nous faut examiner la nature de la pensée. Tout notre processus de pensée résulte d'une réaction au savoir, à l'expérience emmagasinés dans le cerveau. Et le savoir est toujours incomplet, qu'il s'agisse du savoir scientifique ou du savoir acquis par l'expérience, par les livres, l'étude, la recherche, il est toujours forcément incomplet. C'est un fait. Et la pensée est donc incomplète, fragmentée, éparse, créant des divisions. Et nous demandons : la pensée a-t-elle introduit le fait de la peur? Nous avons dit que la pensée est le temps
19:15 We said thought is time because thought is movement, and time is movement. That is, from here physically to go there, to cover the distance. And that same movement has been introduced into the psychological world: 'I am this, I shall be that' or 'I want to be that'. So there is not only physical time, but also psychological time. And that is the pattern in which we live, that is part of our conditioning. And we are asking, talking over together, thinking over together, whether thought is the factor of fear. And if so, can that thought observe itself bringing about fear and so find out... for the mind to discover that the mind itself has no fear - which we went into, which we can go into again if necessary. parce que la pensée est mouvement et que le temps est mouvement. Soit, physiquement, pour aller d'ici à là, pour couvrir la distance. Et ce même mouvement a été introduit dans le monde psychologique : 'Je suis ceci, mais je serai cela' ou, 'je veux être cela'. Il y a donc, le temps physique et aussi le temps psychologique. Et tel est le schéma dans lequel nous vivons, qui fait partie de notre conditionnement. Et nous demandons, discutant et pensant ensemble, si la pensée n'est pas le facteur de la peur. Et si oui, cette pensée peut-elle s'observer engendrant la peur, pour que l'esprit découvre qu'il n'a lui-même pas de peur ? Nous avons vu cela et pouvons encore l'explorer si nécessaire. C'est donc le temps, ces millions d'années et plus
21:10 So that is, time, achievement, this million years and more of our brain being conditioned, evolved. And that brain, that mind - the mind is part of that - is conditioned. And we are saying, asking each other, thinking together, whether such a mutation can take place. And that mutation can only take place psychologically when one can look at oneself very carefully without any distortion, because that is the central fact. Without any distortion - is that possible? It is only possible when there is no motive: to become something, to change something and so on. To observe without distortion actually what we are, not what we should be, or what we have been but what is going on now. qu'il a fallu pour aboutir à notre cerveau conditionné, évolué. Et ce cerveau, cet esprit qui fait partie du cerveau, est conditionné. Et nous nous demandons, réfléchissant ensemble, si une telle mutation peut avoir lieu. Et cette mutation est forcément d'ordre psychologique, pourvu qu'on se regarde très attentivement, sans déformation, ce qui est essentiel. Sans la moindre déformation - est-ce possible? Cela n'est possible que s'il n'y a pas de motif : devenir quelque chose, changer les choses, etc. Il s'agit d'observer sans déformation ce que nous sommes en fait, pas ce que nous devrions être ou ce que nous avons été, mais ce qui a lieu maintenant. Et la déformation survient
22:57 And distortion takes place when there is any fear in our observation - which we went into the other day - and if there is any form of pleasure. This is one of the central factors one has to understand, look at. Pleasure is one of our driving forces: pleasure of possession, pleasure of knowledge, pleasure of achievement, pleasure of power, pleasure of status and the pleasure of sex, the pleasure of following somebody and the pleasure of achieving enlightenment - whatever that may be. That's one of our central activities, like fear. They go together, unfortunately. I hope we are observing ourselves as we are, observing these two factors in life. It's not that the speaker is telling you you know all about this. And we say, as long as there is fear with all its anxiety, hatred, antagonism and so on and so on, comparison, conformity, imitation and the tremendous drive to have more and more pleasure and the pursuit of it is a distorting factor, in the observation of what is actually going on. quand notre observation comporte de la peur - comme nous l'avons vu l'autre jour - ou une forme quelconque de plaisir. Voilà un des points cruciaux qu'il nous faut comprendre, regarder. Le plaisir est une de nos forces motrices : le plaisir que procure la possession, le savoir, la réussite, le pouvoir, le prestige, le sexe, le plaisir d'être le disciple de quelqu'un et le plaisir d'atteindre l'illumination - quoique cela puisse vouloir dire. Le plaisir est au coeur de nos activités, comme la peur. Ils vont de pair, malheureusement. J'espère que nous nous observons tels que nous sommes, observant ces deux facteurs de l'existence. Pas parce que l'orateur vous le dit, vous connaissez tout ceci. Et nous disons que tant qu'il y a la peur avec toute son anxiété, la haine, l'antagonisme etc., etc., la comparaison, l'obéissance, l'imitation, et la formidable aspiration à toujours plus de plaisir, et la poursuite de celui-ci, ces facteurs déforment l'observation de ce qui est en train d'avoir lieu. Si nous observons d'après les vues de quelque psychologue, philosophe,
26:06 If we observe according to some psychologist, some philosopher, some guru, some priest, some authority, then we are not observing. We are observing according to their knowledge, according to their investigation. And our minds have become so accustomed to accept others' research, investigation and conclusion and with that knowledge in our mind we try to look at ourselves. Therefore we are not looking at ourselves. We are looking through the eyes of another. And this has been the tyranny with which human beings have put up for a million years and more. gourou, prêtre ou tout autre autorité, alors, nous n'observons pas. Nous observons selon leur savoir, leur façon d'enquêter. Et nos esprits ont pris l'habitude d'accepter les recherches, les questions et les conclusions d'autrui, et avec ce savoir à l'esprit, nous essayons de nous regarder. Par conséquent, nous ne nous regardons pas. Nous voyons à travers les yeux d'un autre. Et c'est bien la tyrannie que les êtres humains supportent depuis un million d'années ou plus. Nous ne disons pas qu'il faille refouler le plaisir,
27:33 We are not saying you must suppress pleasure or transform pleasure, or run away from pleasure. That's what the priests have done. That pattern, that idea of suppression, escape through identifying with some idol, person, or concept. That hasn't solved the problem. So we have to go together, investigate, think together, what is the nature of pleasure. le sublimer ou le fuir. C'est ce qu'ont fait les prêtres. Ce schéma, cette idée de refoulement, de fuite par le biais de l'identification à une idole, une personne ou un concept. Cela n'a pas résolu le problème. Il nous faut donc chercher ensemble, penser ensemble pour découvrir la nature du plaisir. Comme nous l'avons dit, ceci n'a rien d'un divertissement,
28:27 As we said, this is not an entertainment, this is very serious. If you are not serious, if you want to have a sun bath or sit under a beautiful tree, do so, but you are not paying attention to what is being said and this is a serious matter that affects our whole life. c'est très sérieux. Si vous n'êtes pas sérieux et préférez prendre un bain de soleil ou vous asseoir au dessous d'un bel arbre, faites-le, mais vous ne prêtez pas attention à ce qui est dit, et c'est une chose sérieuse qui affecte toute notre vie. Alors, comme nous avons examiné l'autre jour
29:08 So as we went over the other day the nature and the structure of fear together again let us observe the nature of pleasure. Why human beings all over the world are condemned to this thing. Why human beings everlastingly follow it, in different ways. Right? So what is pleasure? Why sex has become important? In this country volumes and volumes are written about it. Is it a reaction to the Victorian era? It is as though for the first time one has discovered it. And here, without any restraint, without any modesty, - we are not condemning, we are observing - it is going on, sex in different forms. That's part of pleasure. The remembrance, the picture, the desire and so on. We went into the question, the other day, the nature of desire. I won't go into it now because we have limited time. la nature et la structure de la peur, observons à nouveau, ensemble, la nature du plaisir. Pourquoi les êtres humains, partout dans le monde, sont assujettis à ce facteur. Pourquoi les êtres humains le poursuivent-ils sans fin, de diverses façons. Bien? Alors qu'est-ce que le plaisir? Pourquoi la sexualité a-t-elle pris tant d'importance? Dans ce pays-ci, on écrit des volumes à son sujet. Est-ce en réaction à l'ère victorienne? C'est comme si on la découvrait pour la première fois. Et ici, sans la moindre retenue, sans aucune modération - nous ne condamnons pas, nous observons - on pratique la sexualité sous diverses formes. Cela fait partie du plaisir. Le souvenir, l'image, le désir et ainsi de suite. Nous avons vu cette question l'autre jour, la nature du désir. Laissons cela de côté pour l'instant, car notre temps est limité. Et il y a toujours le souvenir :
31:23 And it is always the remembrance: remembering the pleasure, an incident which has passed, that incident has left a mark in the brain, from that mark which is the remembrance of that incident which has gone and that incident has given at that moment, at that second, great delight. Then the remembrance of it and the pursuing of it. So our brain, our mind, is a bundle of past remembrances. And these remembrances of various kinds have brought about this desire, this pursuit of pleasure. So, if you want to go very deeply into it - which we shall just now - the mind, including the brain - we are using the word 'mind', please bear in mind if I may explain, the mind is the brain with all its convolutions and all its experience stored up as knowledge, the mind is the reaction, physical sensations, all that, the totality of all that is the mind. The mind is part of this consciousness with all its content. se souvenir du plaisir éprouvé lors d'un incident passé, cet incident a laissé une trace dans le cerveau, qui est la remémoration de cet incident passé, lequel incident a procuré à l'instant, à la seconde où il s'est produit, une grande jouissance. D'où le souvenir et sa poursuite. Donc notre cerveau, notre esprit est un amas de souvenirs passés. Et ces divers souvenirs ont engendré ce désir, cette recherche du plaisir. Peut-être voulez-vous explorer cela très profondément, ce que nous allons faire tout de suite : l'esprit comprend le cerveau - veuillez, je vous prie, garder à l'esprit que notre usage de ce mot inclut le cerveau avec toutes ses circonvolutions et toute son expérience stockée sous forme de savoir. L'esprit est la réaction, les sensations physiques, tout cela, dont la totalité constitue l'esprit. L'esprit fait partie de la conscience avec tout son contenu. La pensée est donc l'artisan du souvenir
33:48 So can thought, which is the factor of remembrance, remembrance is the recording of an incident that for a second, for a minute, has given you sensation which has been transformed as pleasure can the mind not record? You understand what we are saying? You haven't gone into it probably, and we are going into it now. Our brain is a recording machine. Recording all the past experiences, pleasures, pain, anxiety, the wounds, the bruises psychologically one has received, all that is put together by thought. That is, the remembrance, and acting and pursuing according to that remembrance. We are saying, can the brain, can the whole totality of the mind not continue in registration? That is, if you have an incident: over, finished, not record it. I'll go into it a little bit. - souvenir qui est l'enregistrement d'un incident qui, pour une seconde, une minute, a procuré une sensation qui a été changée en plaisir - l'esprit peut-il ne pas enregistrer? Vous comprenez ce que nous disons? Peut-être n'avez-vous pas creusé cela, alors, faisons-le faire maintenant. Notre cerveau est une machine à enregistrer. Enregistrant toutes les expériences passées, les plaisirs, la douleur, l'anxiété, les blessures, les chocs psychologiques, que l'on a reçus, tout cela est assemblé par la pensée. C'est-à-dire, le souvenir, puis l'action et la poursuite qui découlent de ce souvenir. Nous disons, est-ce que le cerveau, la totalité de l'esprit peut ne pas continuer à enregister? S'il survient un incident : terminé, fini, pas d'enregistrement Je vais explorer cela un peu plus. Nous enregistrons depuis l'enfance
35:58 We record from childhood the wounds, psychological wounds that we have received. The pain that has been imposed by our parents, by education through comparison, that is: you must be like your brother or you must achieve certain position and so on. So we are, human beings, psychologically wounded. And if you are questioned now about the way you live, your beliefs, your confusions, your desire for power, questioned, you will get hurt - why you follow anybody, you get hurt. Now to listen to what is being said, asked, and not to register. I wonder if you follow all this. No, no, madam, this is quite difficult. No, no, don't say so easily. les blessures psychologiques, que nous avons reçues. La douleur que nous ont infligée nos parents, lors de l'éducation par la comparaison, c'est-à-dire : tu dois être comme ton frère, tu dois décrocher une bonne situation etc. Ainsi, nous autres, êtres humains, sommes blessés psychologiquement. Et si l'on met maintenant en doute votre façon de vivre, vos croyances, votre confusion, votre soif de pouvoir, votre manie de suivre n'importe qui, vous êtes blessé. Il s'agit donc d'écouter ce qui est dit, demandé, et ne pas enregistrer. Je me demande si vous suivez tout cela. Non, non, Madame, ceci est très difficile. Non, non, ne vous prononcez pas si facilement. Ne pas enregistrer la flatterie,
37:34 Not to register flattery that you receive or the wound, the insult. And that registration is almost instantaneous. If somebody tells you what a marvellous person you are, there is immediate registration. 'Oh, what a marvellous speech you made the other day'! That is registered, and from that registration there is pleasure or 'That was rather a stupid talk', immediately that is registered, that becomes the wound, and you carry it for the rest of your life, psychologically. We are saying, asking, looking at the mirror which is being presented, in that mirror we see ourselves without any distortion. That is, to be so attentive at the moment of flattery, at the moment of insult, at the second when somebody says a cruel word or points out your neurotic activities, to see it as fact and not register it. Tthat requires attention at that moment. Attention implies that, in that attention there is no centre from which you are attending. I won't go into all that because we did the other day. la blessure ou l'insulte. Et cet enregistrement est presque instantané. Si quelqu'un vous dit que vous êtes merveilleux, l'enregistrement est immédiat. 'Oh, quel merveilleux discours vous avez fait l'autre jour' ! Vous enregistrez et vous retirez du plaisir de cet enregistrement. Ou : 'Ce discours était plutôt stupide', c'est immédiatement enregistré, et cela devient la blessure que vous portez pour le restant de vos jours, psychologiquement. Nous disons qu'il faut s'interroger en se regardant dans le miroir qui nous est présenté, dans lequel nous nous voyons sans la moindre déformation. C'est-à-dire, être si attentif au moment de la flatterie, au moment de l'insulte, à l'instant où quelqu'un vous dit une parole cruelle, ou vous signale votre comportement névrotique, que vous en voyez le fait sans l'enregistrer. Cela nécessite d'être attentif à cet instant. C'est ce qu'implique l'attention, et dans cette attention il n'y a pas de centre à partir duquel vous êtes attentif. Laissons cela de côté, nous l'avons vu l'autre jour. Nous voyons donc la nature du plaisir.
40:03 So we see the nature of pleasure. I can't go more into it, briefly that is enough. Because we have a lot of things to talk over together. Je n'irai pas plus loin, c'est suffisant. Parce que nous avons beaucoup de choses à voir ensemble. Donc peur et plaisir, et poursuivons : l'amour est-il plaisir?
40:23 So fear and pleasure, and we are asking further: is love pleasure? Go into it, sirs, and ladies. Is love desire? Is love something you remember? An image you have created about the other person and you love that image? Is that love? Can there be love when there is conflict, ambition, the drive for success? Please enquire into all this, look at it in your own lives. We know the love of nature, the love of books, the love of poetry, love of this and that, but we are talking psychologically which is far more important because that distorts our lives and so distorts our activities and our actions. And without love there is nothing. Allons-y, mesdames et messieurs. L'amour est-il désir? L'amour est-il une chose dont on se souvient? Une image créée de l'autre, et vous aimez cette image, est-ce cela l'amour? Peut-il y avoir amour quand il y a conflit, ambition, soif de succès? Explorez tout cela, je vous prie, regardez le dans vos propres vies. Nous connaissons l'amour de la nature, des livres, de la poésie, l'amour de ceci ou de cela, mais psychologiquement parlant, c'est tellement plus important, car cela déforme nos vies, et par conséquent nos activités, nos actes. Et sans amour, il n'y a rien. Alors, si nous sommes sérieux, nous nous préoccupons du fait
42:19 So if we are serious, concerned about this fact that human beings have created this society and that human beings, unless they bring about a radical transformation psychologically in themselves, they will go on century after century suffering, creating misery for others, and pursuing this everlasting illusion called God and so all the rest of it. que les êtres humains, qui ont créé cette société, s'ils n'amènent pas en eux-mêmes une transformation psychologique radicale, ils continueront à souffrir siècle après siècle, à semer le malheur chez autrui, et à poursuivre sans fin cette illusion appelée Dieu et tout ce qui s'ensuit. Il s'agit donc de découvrir ou de rencontrer cette fleur étrange
43:07 So to find out, or to come upon that strange flower which is called love which cannot come about through institutions, through organisations, through belief. And is love pleasure, desire, jealousy? If it is not, then is it possible to wipe out all that effortlessly, naturally, easily? That is, can hatred, violence, which certainly is not love, end? Not at some future time, not tomorrow. End. As you are listening, end it. And we went into the question that attachment is not love. Because attachment breeds every form of antagonism, dependency, fear and so on. You all see that, you all know that, you are all fully aware of all this. And seeing is the ending of it! Not merely logically, analytically see it, but to see the fact, the total consequences of attachment. It is very clear. But for most of us seeing is intellectually analysing, verbally explaining, and being satisfied with explanations. Whether philosophical, psychological and so on. To see what attachment implies actually! The pain of it, the jealousy, the antagonism, you know, the whole sequence of that movement. The very seeing, in the sense not only visual seeing - optical observation - but also the art of listening to this movement. And when you listen to it completely it is the ending of it. appelée amour, qui ne peut émaner d'institutions, d'organisations, de croyance. Et l'amour est-il plaisir, désir, jalousie? Et s'il ne l'est pas, est-il possible de balayer tout cela sans effort, naturellement, facilement? Ainsi la haine, la violence, qui ne sont vraiment pas l'amour, peuvent-elles prendre fin? Pas dans un futur incertain, pas demain. Tout de suite. A mesure que vous écoutez, mettez-y fin. Et nous avons également vu que l'attachement n'est pas l'amour. Parce que l'attachement engendre toutes les formes d'antagonisme, de dépendance, de peur et ainsi de suite. Vous le voyez tous, vous le savez tous, vous êtes pleinement conscients de tout cela. Et le voir, c'est y mettre fin ! Le voir, non seulement de manière logique, analytique, mais voir le fait, toutes les conséquences de l'attachement. C'est très clair. Mais, pour beaucoup, voir c'est analyser intellectuellement, expliquer verbalement et se satisfaire d'explications philosophiques, psychologiques, etc. Voir vraiment ce qu'implique l'attachement ! La douleur, la jalousie, l'antagonisme qu'il engendre, vous savez, ce mouvement et tout son enchaînement. Voir effectivement, non seulement au sens de voir, d'observer visuellement, mais aussi l'art d'être à l'écoute de ce mouvement, et quand vous êtes complètement à son écoute, celui-ci prend fin. D'où la fin du contenu de notre conscience
47:08 So the ending of the content of our consciousness which is the very essence of the 'me', the self, the 'I'. Because that is that, the 'I'. The ancient Hindus in India said, the 'I', the centre, source, the very essence is there, reality, God, truth, is there, and round that there are many layers of ignorance and to free the mind of these various layers you must have many lives. You know, reincarnation, and all that stuff. We are not saying that. We are saying, as you see danger, hear danger, observe danger, there is instant response. When you see the danger of a bus coming towards you you move away instantly, unless you are neurotic. Perhaps most of us are! But we don't see the danger, the tremendous danger of attachment, of nationalism, of our separate beliefs, our separate ideas, ideals and so on. We don't see the great danger of that because it divides man against man, one guru against another guru, one part of religious organisation against another religious organisation. This is happening right through this country and all over the world. When you see danger you act. But unfortunately we don't see the psychological dangers: the danger of comparison, the danger of attachment, the danger of isolated individual demands. Because we are not individuals if you observe, we are not; the word 'individual' means indivisible, not broken up, not fragmented. Because our minds, our brains - if you observe it carefully - which has evolved through millennia upon millennia, millions and millions of years old, our brain is not your brain it is the brain of mankind, the brain of humanity. Psychologically you suffer, you are anxious, you are uncertain, confused, seeking security. That's exactly what they do in India, in Asia, all over the world. So psychologically we are one, one unitary movement. And through our education, through all our personal desires and so on, we have narrowed all this vast immense mind to our petty little quarrels and jealousies and anxieties. qui est l'essence même du 'moi', du 'je'. Car c'est bien cela, le 'je'. Les anciens hindous disaient que le 'je', le centre, la source, l'essence même est là, que la réalité, Dieu, la vérité est là, enfouie sous de nombreuses couches d'ignorance et pour libérer l'esprit de ces diverses couches, il faut passer par de nombreuses vies, vous savez, la réincarnation et tout cela. Ce n'est pas ce que nous disons. Nous disons qu'au moment de voir le danger, d'être à son écoute, de l'observer, la réponse est instantanée. Quand vous voyez le danger de l'autobus qui vient sur vous, vous vous en écartez aussitôt, à moins d'être névrotique. Peut-être le sommes-nous, pour la plupart. Mais nous ne voyons pas le formidable danger de l'attachement, du nationalisme, de nos croyances séparatrices, de nos idées, de nos idéaux séparateurs, etc. Nous n'en voyons pas l'immense danger qui dresse l'homme contre l'homme, un gourou contre un autre, une certaine organisation religieuse s'opposant à une autre. C'est ce qui arrive partout dans ce pays et dans le monde entier. Quand vous voyez le danger, vous agissez. Mais malheureusement, on ne voit pas les dangers psychologiques : le danger de la comparaison, de l'attachement, le danger d'exigences individuelles isolées. Car nous ne sommes pas des individus, si vous observez, il n'en est rien; le mot 'individu' signifie indivisible, d'une seule pièce, non fragmenté. Car si vous observez attentivement, nos esprits, nos cerveaux qui ont évolué à travers des millénaires, qui datent de plusieurs millions d'années, ne nous appartiennent pas en propre, c'est le cerveau de l'humanité. Psychologiquement, vous souffrez, vous êtes anxieux, incertain, confus, en quête de sécurité. C'est exactement ce qui se fait en Inde, en Asie, dans le monde entier. Or psychologiquement, nous sommes un, un seul mouvement unitaire. Et du fait de notre éducation, de tous nos désirs personnels, etc., nous avons réduit ce vaste, cet immense esprit à nos mesquines petites querelles, jalousies et anxiétés. Et si le temps le permet, nous devons nous pencher
52:25 And also, if time allows us, we have to go into the question of death, suffering, pain. I do not know if you want to go into all this because it is part of life. You can't say, 'Well, I am not interested in death, I am not interested in suffering'. That will be lopsided, unrealistic and such a mind which refuses is an infantile mind. We have to investigate the whole complex problem of life. Either one understands it immediately, the whole structure, or you take part by part and hope thereby to understand the whole. sur la question de la mort, de la souffrance, de la douleur. J'ignore si vous voulez aborder tout cela, car c'est une partie de la vie. Vous ne pouvez dire, 'Eh bien, la mort ne m'intéresse pas, la souffrance ne m'intéresse pas'. Ce serait bancal, irréaliste, et l'esprit qui s'y refuse est un esprit infantile. Il nous faut explorer tout la problème complexe de la vie. Ou l'on comprend immédiatement l'ensemble de la structure, ou l'on prend la chose bout par bout dans l'espoir d'en comprendre la totalité. Sil vous plaît Monsieur, ceci n'est pas une séance de questions-réponses.
53:56 Sir, please, this is not a question and answer meeting. Il faut donc aussi considérer, discuter ensemble, de ce qu'est la souffrance,
54:15 So we have to also consider, talk over together, what is suffering, why human beings throughout the world go through this torture. If you are sensitive, if you are alert, watchful, one suffers a great deal. Not only in your own little backyard but you suffer for human beings who have no opportunity, who have no food, who have no education who will never ride in a car, who only have one piece of cloth. And the suffering man has imposed on animals. All that, this immense global suffering, through wars, the tyranny imposed by the dictators, the tyranny, the sorrow imposed by various doctrines and so on. So what is this, why has mankind, human beings, you and everyone, why are we not completely free of that thing? de la raison pour laquelle les êtres humains, dans le monde entier, subissent cette torture. Si vous êtes sensible, alerte, vigilant, vous souffrez beaucoup. Pas seulement à votre sujet, mais au sujet de tous les êtres humains qui n'ont pas la moindre opportunité, qui n'ont pas de quoi se nourrir, pas d'accès à l'éducation, qui n'irons jamais en voiture, qui n'ont qu'un unique vêtement. Et la souffrance que l'homme fait endurer à l'animal. Tout cela, cette immense souffrance globale, due aux guerres, à la tyrannie imposée par les dictateurs, la souffrance imposée par diverses doctrines, etc. Qu'est-ce que c'est, pourquoi l'humanité, les êtres humains, vous, nous tous, ne sommes-nous pas complètement libérés de cet état de choses? Là où règne la souffrance, il n'y a pas d'amour.
56:31 Where there is suffering there is no love. How can you? So where there is desire, pleasure, fear, conflict, suffering, there can be no love. So it becomes very important to understand why human beings go through this, year after year, century after century. Don't let's reduce it to some kind of romantic nonsense. It is an actual fact. When you lose somebody whom you think you love what agonies you go through. When you have failed in something. All that is a tremendous weight carried by human beings which they have not put off. Comment cela se pourrait-il ? Ainsi, là où il y a désir, plaisir, peur, conflit, souffrance, il ne peut y avoir amour. Il importe donc de comprendre pourquoi les êtres humains endurent cela, année après année, siècle après siècle. Ne le réduisons pas à quelque absurdité romantique. Il s'agit d'un fait réel. Quand vous perdez quelqu'un que vous pensez aimer, quelle souffrance ! De même, quand vous échouez dans quelque chose. Tout cet énorme fardeau qui pèse sur les êtres humains et dont ils ne se sont jamais défait. Peut-il être mis fin à la souffrance par un acte de volonté?
58:10 Is suffering to end by an act of will? Do you understand? You can't say, 'I will not suffer'. That very act of will is also part of suffering. You cannot run away from it - you do run away to church. Every form of escape we have from this tremendous burden. In the Christian world you have escaped through your own image. The Hindus, being a little more clever at this kind of game, they say, suffering comes because of your past life, for your misdeeds and so on and so on. First of all, why we have not resolved it? Why human beings, very clever in things technological, in killing each other, why we have not solved this question. First thing is, never to escape from this. You understand? Never to escape from suffering, psychologically. We have pain physically you do something about it, take a pill, doctor and so on and so on. But psychologically, when you lose somebody, when there is deep attachment to something or other, a person, and when that attachment is broken there are tears, anxieties, fear, sorrow. And when there is sorrow, the natural or unnatural response is to seek comfort. Comfort in drink, in drugs, in some ritualistic religious activity. The sense of great sorrow, tears, shock, at that moment it is not possible, you are in a state of shock. Haven't you noticed all this? But, as you come out of it - it may last a day, it may last a few hours, and I hope it won't last more than a couple of days - when you come out of it the immediate response is to find the cause of this suffering, analyse it which is another form of escape. Because you are running away from this central fact of looking at it, being with it. And when you come out of that shock thought begins: the remembrance of what we did together, what we didn't do, the remorse, the pain of the past, the loneliness which is now asserting itself, it's coming out - all that. To look at it without any movement of thought. Because thought is the central factor of fear. Thought is also that factor of pleasure and this sorrow which mankind has carried for a million years. It is part of this whole structure of the 'me', the 'I'. Comprenez-vous? On ne peut pas dire 'je ne veux pas souffrir'. Un tel acte de volonté fait aussi partie de la souffrance. On ne peut la fuir - bien qu'on puisse se précipiter à l'église. Toutes ces tentatives pour fuir cet énorme fardeau... Dans le monde chrétien, vous l'avez fui à travers votre propre image. Les hindous, un peu plus astucieux à ce genre de jeu, disent : la souffrance est due à votre vie passée, à vos mauvaises actions et ainsi de suite. Tout d'abord, pourquoi n'avons-nous pas résolu cela? Pourquoi les êtres humains, si habiles en technologie, et pour s'entretuer, n'ont-ils pas résolu cette question? La première chose est de ne jamais chercher à s'en échapper. Vous comprenez? Ne jamais fuir la souffrance psychologique. En cas de douleur physique, vous agissez en conséquence, prenez un médicament, allez chez le médecin, etc. Mais psychologiquement, quand vous perdez un proche, en cas de profond attachement à quelque chose ou à quelqu'un, et que cet attachement est rompu, vous êtes en larmes, anxieux, effrayé, vous souffrez. Et quand la souffrance est là, la réaction, naturelle ou non, est de chercher un réconfort, dans la boisson, dans la drogue, ou dans quelque rituel religieux. Lors d'une telle souffrance, - les larmes, le choc - vous ne pouvez faire autrement, vous êtes en état de choc. Ne l'avez-vous pas remarqué? Mais, à mesure que cela s'estompe - cela peut durer un jour, quelques heures, pas plus d'un jour ou deux, j'espère - vous vous en sortez, la réaction immédiate est de découvrir la cause de cette souffrance, de l'analyser, ce qui est une autre forme de fuite. Car vous tentez d'échapper au fait capital consistant à la regarder tout en demeurant avec elle. Et quand vous sortez de ce choc, commence la pensée : le souvenir de ce que nous faisions ensemble, de ce que nous n'avons pas fait, le remords, la douleur du passé, la solitude qui émerge, qui s'affirme - tout cela. La regarder sans un seul mouvement de la pensée. Parce que la pensée est le principal artisan de la peur. La pensée est aussi l'artisan du plaisir et de cette souffrance dont l'homme porte le fardeau depuis des millions d'années. Elle fait partie de toute cette structure du 'moi', du 'je'. Et nous disons avec précaution, à dessein,
1:04:24 And we are saying carefully, advisedly, that there is an ending to sorrow, completely. And it is only then there is the passion of compassion, love. qu'il y a une fin à la souffrance, une fin complète. Et c'est là seulement, qu'il y a la passion de la compassion, l'amour. Avons-nous le temps ce matin d'aborder la question de la mort?
1:04:57 And have we time this morning to go into the question of death? Quelle heure est-il, Monsieur?

Q:Une heure moins vingt-cinq.
1:05:10 What time is it, sir?

Q:Twenty five to one.
K:Une heure moins vingt-cinq.
1:05:14 K:Twenty five to one. You see we have the last talk tomorrow. We have to talk about death, which is a very complex business and the nature of meditation, which is part of life. Not the meditation of five minutes every morning and afternoon and evening but meditation as the whole movement of life, not separate from action, from our daily action. So we have to investigate the nature of death, action and meditation. Voyez, demain c'est notre dernier entretien. Il nous faut parler de la mort, qui est une affaire très complexe, et de la nature de la méditation, qui fait partie de la vie. Pas la méditation à laquelle on consacre cinq minutes le matin, l'après-midi et le soir, mais la méditation en tant que totalité du mouvement de la vie, indissociable de l'action, de notre action quotidienne. Donc nous devons explorer la nature de la mort, de l'action et de la méditation. Vous savez, mesdames et messieurs,
1:06:20 You know, sirs, and ladies, you may listen to all this, be stimulated by the speaker or be antagonistic to him because he is disturbing you, breaking down one's own vanities, showing one's own rather shoddy little pleasures, seeing yourself in the mirror which the speaker is putting before you: but all that has very little meaning unless you act. But action is very, very complex. It isn't just, 'I will do what I feel like'. That's what you have come to now: instant response to your desires, instant meditation and instant illumination. What nonsense all that is! That's what some of the psychologists, others are saying: do what you want. And what you want, what you have done is brought about this terrible society in which we live. That is the beginning of degeneration. With this lovely climate, beautiful country, there is rapid degeneration going on of which few of us are aware. We haven't even matured before we degenerate. We haven't even come to that. vous pouvez écouter tout cela, trouver l'orateur stimulant ou éprouver à son égard de l'antagonisme parce qu'il vous dérange et démolit votre propre vanité; il vous montre vos petits plaisirs plutôt mesquins et vous vous voyez dans le miroir qu'il tient devant vous. Mais tout cela a très peu de sens si vous n'agissez pas. L'action est quelque chose de très, très complexe. Ce n'est pas seulement 'je ferai ce dont j'ai envie'. Voilà où vous en êtes maintenant : satisfaction imméditate de vos désirs, méditation imméditate, illumination imméditate. Quelle absurdité ! Voilà ce que certains psychologues et d'autres disent : faites ce que vous voulez. Et ce que vous voulez a eu pour effet d'engendrer cette terrible société dans laquelle nous vivons. C'est le début de la dégénérescence. Ce beau pays au climat merveilleux est en voie de dégénérescence rapide, ce dont peu d'entre nous se rendent compte. Nous n'avons même pas mûri avant de dégénérer. Nous n'avons même pas atteint ce stade. Donc tous ces entretiens, ces discussions et séances de questions-réponses
1:08:56 So all these talks and discussions and question and answers have very little meaning unless one learns the art of listening, listening to oneself without any quiver, without any distortion, without any false response, just to listen to yourself. And also the art of seeing, observing yourself. You cannot observe yourself with your past experience. You have to observe yourself as you are, moving. Then there is an art of learning which is not the accumulation of knowledge and information. This whole business of living is so complex, one has to observe the whole movement of life. Perhaps we shall go into death and action and meditation tomorrow. ont très peu de sens, sauf si l'on apprend l'art d'écouter, de s'écouter sans faiblir, sans la moindre déformation, sans la moindre fausse réponse, simplement de s'écouter. De même pour l'art de vous voir, de vous observer. Vous ne pouvez vous observer à l'aide de votre expérience passée. Vous devez vous observer tel que vous êtes, en mouvement. Vient ensuite un art d'apprendre qui n'est pas l'accumulation de savoir et d'informations. Vivre est une affaire tellement complexe que l'on doit observer tout le mouvement de la vie. Peut-être explorerons-nous la mort, l'action et la méditation demain.