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OJ82Q3 - 3rd Question & Answer Meeting
3ème session de questions & réponses
Ojaï, Californie, USA
Le 11 mai 1982



1:14 Many questions have been put. Some rather extravagant and others, if I may point out, rather absurd. Like why don’t I grow a beard. Those we have set aside and taken some of the more serious questions. It’s quite funny, isn’t it, all this. De nombreuses questions ont été posées. Certaines plutôt extravagantes et d'autres assez absurdes. Comme 'pourquoi ne pas m'autoriser la barbe'. Nous avons écarté celles-là et choisi de plus sérieuses. Tout ceci est assez drôle, n'est-ce pas.
2:17 May I again remind you, if I may, you are putting these questions to yourself, and trying to find an answer, or to see the implications of the questions. As we also pointed out, it is important how you approach these questions, any question, any problem of life. Whether we approach it personally or with some definite or unconscious motive, or with a desire only to find an answer, thereby we never understand the problem itself. As we said the other day, ‘problem’ means something thrown at you, something that you have to meet, a challenge that you have to respond. But if one responds to it obliquely or in a certain direction, then one is not meeting that challenge completely. So it matters very much, if I may point out, we are not instructing you, we are not teaching you, just pointing out how important it is how you approach a question, a problem. And one has to learn the approach, rather than the solution of the problem. Puis-je me permettre encore de vous le rappeler, c'est vous qui vous posez ces questions et essayez de leur trouver une réponse, ou d'en voir les implications. Comme nous l'avons aussi souligné, la manière dont vous abordez toute question est importante, n'importe quel problème de la vie, que nous l'abordions personnellement ou avec un motif précis ou inconscient, ou mû par le seul désir de trouver une réponse, ce qui fait que nous ne comprenons jamais le problème lui-même. Comme nous l'avons déjà dit, un problème est une chose qui vous est lancée, qu'il faut confronter, un défi auquel il faut répondre. Mais si l'on y répond de manière oblique ou orientée, on ne confronte alors pas totalement ce défi. Il est donc très important de souligner que nous ne vous instruisons pas, ne vous éduquons pas, mais nous bornons à vous indiquer combien importe la manière d'aborder une question, un problème. Et il faut apprendre la manière de l'aborder au lieu de rechercher la solution du problème.
4:24 First Question: 'How do you feel about one million dollars going to educate a small, somewhat select group of children that do not appear to be from the suffering or destitute?' 1ère question : 'que vous inspire le fait qu'un million de dollars soit consacré à l'éducation d'un petit groupe d'enfants qui ne paraissent ni souffrants, ni défavorisés ?'
4:41 'How do you feel about one million dollars going to educate a small, somewhat select group of children that do not appear to be from the suffering or destitute?' 'que vous inspire le fait qu'un million de dollars soit consacré à l'éducation d'un petit groupe d'enfants qui ne paraissent ni souffrants, ni défavorisés ?'
5:05 What do you think? This school, Oak Grove School, as far as I understand, has a scholarship fund for poorer people, for the so-called destitute, for children who are not from the well-to-do class. I wonder why there is a general antagonism or feeling against a group of people who are elite? And why do we object to a school of this kind, which has really a scholarship; why do you object to it – not knowing all the intricacies of the school, problems of the school, and so on? And why don’t you, if I may point out, object to the enormous sums of money being spent on war? Why don’t you object to that? War – not any particular war, nuclear war, but the whole idea of killing people for one’s country. Isn’t that much more important to object to that than to this? This is also important, we are replying to it. That is, this school, Oak Grove School, they are spending money, a million dollars – if they can get it; I think they will get at least half of it – having a secondary school. And there is a scholarship fund for those who cannot possibly afford the full pay. If you feel this strongly, then what will you do about it? Burn up the place? Or, go into the question why, in an affluent society as in America – as in this country, as in this part of the world – why there are people who are starving, who have very little, who are uneducated, who are submitting to all kinds of horrors, why this country is spending millions and millions and millions on armament and so on. Why? Do we object merely verbally or do we take action about all this? And what can one do when a country, like all over the world, even the most primitive societies in the world are accumulating materials for war. Each country, like France, England, America, and other countries, are selling armaments to other countries, poorer countries, who are also spending millions on all kinds of horrible means of destruction of humanity. What do we feel about all this? And what can one do about all this? Qu'en pensez-vous ? L'école de Oak Grove dispose, si je comprends bien, d'un fonds de bourses d'études destiné aux plus pauvres, aux défavirisés, aux enfants n'appartenant pas à la classe aisée. Je me demande pourquoi il y a une opposition générale ou un sentiment d'hostilité à l'égard d'un groupe défini en tant qu'élite ? Et pourquoi objectons-nous à une école de cette nature, qui dispose vraiment d'un fonds de bourse ? Pourquoi vous y objectez-vous sans connaître toutes les complexités de l'école, tous ses problèmes, etc. ? Et si je puis me permettre, pourquoi ne pas objecter les sommes énormes dépensées pour la guerre ? Pourquoi n'objectez-vous pas cela ? La guerre – pas une certaine guerre, la guerre nucléaire, mais toute l'idée de tuer des gens au nom de son pays. N'est-t-il pas bien important d'objecter cela plutôt que ceci ? Ceci aussi est important, nous y répondons. A savoir que l'école d'Oak Grove dépense environ un million de dollars, si elle peut les trouver; je pense qu'elle en trouvera au moins la moitié, en tant qu'école secondaire. Une bourse d'études existe pour ceux qui ne peuvent couvrir la totalité de leur dû. Si votre ressenti est fort, alors que ferez-vous à cet égard ? Y mettrez-vous le feu ? Ou vous pencherez-vous sur la question de savoir pourquoi, dans une société nantie comme en Amérique – comme dans ce pays-ci, cette partie-ci du monde où des gens meurent de faim, ont très peu de biens, n'ont aucune instruction, se plient à toutes sortes d'horreurs - pourquoi ce pays dépense-t-il des mille et des cents en armements et ainsi de suite ? Pourquoi ? Notre objection à cela n'est-elle que verbale, ou agissons-nous à ce propos ? Et que peut-on faire quand un pays, – comme partout dans le monde, même chez les sociétés les plus primitives – accumule du matériel de guerre. Chaque pays, la France, l'Angleterre, l'Amérique et ainsi de suite, vend des armes à d'autres pays plus pauvres, lesquels dépensent aussi des millions sur toutes sortes d'horribles moyens de détruire l'humanité. Que ressentons-nous au vu de tout cela ? Et que pouvons-nous faire à ce sujet ?
9:30 It seems almost impossible to stop this destruction of man. So do we go to the root of all this or merely consider not to have certain type of nuclear bombs and so on – superficially. Or, do we go into all these matters deeply? That is, what is the cause of all this? What is the cause of poverty, not only in this country, which is so affluent compared to the rest of the world? What do we do about it? When we go to the Asiatic world, India and so on, the population is increasing every year. In India, 15 or 13 million people are added every year. And a very, very poor country like that is spending billions on armaments, buying Mirage from France, to oppose another country, a neighbour. We are all doing this. What shall we do? What is the cause of all this destitution, poverty, orphans. In the Asiatic world, people have starved, are starving. The speaker was part of it – not enough food as a boy, as a child. So we all know what poverty is. Perhaps not you. I am glad you don’t know it. And what is the root of all this? Il semble presque impossible d'arrêter cette destruction de l'homme. Alors, allons-nous à la racine de tout ceci, ou se bornera-t-on à refuser un certain type de bombes nucléaires, etc. – superficiellement. Ou abordons-nous tous ces sujets en profondeur ? A savoir, quelle est la cause de tout ceci ? Quelle est la cause de la pauvreté, non seulement dans ce pays-ci où règne une telle opulence par rapport au reste du monde ? Que faisons-nous à ce sujet ? Quand on se rend dans le monde asiatique, en Inde, etc., on voit que la population y augmente chaque année. La population de l'Inde augmente de 15 à 30 millions de personnes par an. Et un pays aussi pauvre que celui-là dépense des milliards en armements, achetant des Mirages à la France pour s'opposer à un pays voisin. Nous le faisons tous. Alors que faire ? Qu'est-ce qui cause tout ce dénuement, cette pauvreté, ces orphelins. En Asie, les gens ont connu la famine et ont encore faim. L'orateur en faisait partie : enfant, il n'avait pas assez à manger. Nous savons donc tous ce qu'est la pauvreté. Peut-être pas vous. Et j'en suis heureux. Alors, quelle est la racine de tout ceci ?
12:13 Is it national pride? Is it some kind of peculiar honour, to fight for one’s own country and kill millions of people in that, for that honour? What is the cause of this destitution, the increasing poverty in the world? Is it that the nationalism has divided people and therefore one country is enormously well-to-do, and the other countries are not? Is it possible to have a global relationship, interrelationship, so that economically, socially, as politics, everything, it is a global problem, not American problem or Asiatic problem. Can we consider that to stop wars, which is part of destitution, part of this enormous destruction of another human being, who is like you. He may call himself a Turk or an Argentine or a British or Russian, but that human being is like you and me. Going through all kinds of misery, hoping for security in nationalism, which is isolation, and in that isolation there is no security. So could we, or some group of people, be free of all nationalism, who are absolutely, totally against war, killing other human beings? I am not telling you to do it, please. Est-ce de la fierté nationale ? Est-ce une sorte de sens de l'honneur qui fait qu'on lutte pour son propre pays, tuant des millions de personnes pour cet honneur ? Quelle est la cause de ce dénuement, de la pauvreté croissante dans le monde ? Est-ce le nationalisme qui a divisé les gens, ce qui fait qu'un pays est particulièrement nanti alors que d'autres ne le sont pas ? Pourrait-on envisager un mode de relation globale et réciproque, de sorte qu'une action économique, sociale, politique, tout cela serait un problème global et pas seulement américain ou asiatique ? Peut-on envisager un arrêt des guerres qui contribuent au dénuement, à cette énorme destruction d'un autre être humain, qui vous est semblable. Il aurait beau se considérer comme Turc, Argentin, Britannique, ou Russe, cet être humain est pourtant comme vous et moi : il passe par toutes sortes de malheurs, espérant trouver la sécurité dans le nationalisme, qui est en fait de l'isolement, et il n'y a aucune sécurité dans cet isolement. Alors pourrait-on - ou un groupe de gens - être libéré de tout nationalisme, être absolument, totalement opposé à la guerre, à tuer d'autres êtres humains ? Je ne vous dis pas de le faire, s'il vous plaît.
15:04 There were in ancient societies a group of people who refused to kill under all circumstances. It was their religious deep conviction that to kill was an evil, and if you kill you would pay for it next life, therefore don’t kill – reward and punishment, maybe, but the idea of not killing something, because life is sacred. So if one feels that deeply, one puts aside all tribalism. And can governments in the world not accumulate armaments? It seems almost impossible. The world has gone insane. If you don’t pay tax, you are sent to prison because you are an objector to all this. And if you buy a stamp you are sustaining war. If you pay for petrol – or gas as it’s called in this country – part of it goes to war. Dans d'anciennes sociétés il y avait un groupe de gens qui refusait de tuer sous aucune circonstance. Selon leur profonde conviction religieuse, tuer était un mal, et si l'on tuait, on le paierait à la prochaine vie, par conséquent, ne tue pas – récompense-punition, peut-être, mais l'idée est de ne rien tuer, car la vie est sacrée. Si l'on ressent cela profondément, on écarte tout tribalisme. Les gouvernements du monde peuvent-ils ne pas accumuler des armes ? Cela paraît presque impossible. Le monde est devenu fou. Si l'on ne paye pas ses impôts, on est emprisonné pour être un objecteur à tout cela. Et si l'on achète un timbre on soutient la guerre. Si l'on achète de l'essence – ou de la gazoline comme on dit ici – une partie finance la guerre.
16:41 So, seeing all this, what is a human being to do? Not only in the school – that’s a small affair. What is a human being, confronted with all these problems, what is he to do? Who is responsible for all this? Governments? Politicians? The group of terribly rich people who are controlling governments, big corporations? Who is responsible for all this horror? Please answer these questions. Isn’t each one of us responsible? Because we dislike a foreigner, hate people who are not of the same colour as we are, and so on. Isn’t each one of us responsible for all this? So, if we are responsible, it’s our duty, our intense feeling that will bring about a new society, a new group of people. That’s the function of education. At least we are trying in this school to bring about good human beings, whether they are rich or poor – children are children. Good, integrated, honest human beings. They may fail, but it is good to attempt to do something of that kind. So it’s our responsibility, it seems to us; that each one of us deeply understands this enormous problem for which each one of us is responsible. Alors, au vu de tout ceci, que doit faire un être humain ? Pas seulement dans cette école, - c'est bien peu de chose. Que doit faire un être humain confronté à tous ces problèmes, que doit-il faire ? Qui est responsable de tout cela ? Les gouvernements ? Les politiciens ? Le groupe de gens terriblement riches qui contrôle les gouvernements, de grandes entreprises ? Qui porte la responsabilité de toute cette horreur ? Répondez à ces questions, je vous prie. Chacun de nous n'en est-il pas responsable ? Du fait que nous n'aimons pas l'étranger, que nous haïssons ceux qui ne sont pas de la même couleur que nous, etc. Chacun de nous n'en est-il pas responsable ? Donc si nous en sommes responsables, notre devoir, notre intime conviction fera naître une nouvelle société, un nouveau groupe de gens. Telle est la fonction de l'éducation. Dans cette école au moins, nous tâchons d'oeuvrer à l'apparition de bons êtres humains, qu'ils soient riches ou pauvres, les enfants sont des enfants. Des êtres humains bons, complets, honnêtes. Cela pourrait échouer, mais il est bon de tenter quelque chose de la sorte. Il est donc de notre responsabilité, nous semble-t-il, que chacun de nous comprenne en profondeur cet énorme problème dont chacun de nous est responsable.
19:38 You have heard the speaker saying all this. He has said it all over India, Europe, in this country, in Australia and so on. You listen to all this, and apparently we don’t seem to apply it. And that is really the most terrible thing to do. If you hear something that is true and not apply it, it acts as a poison. Do you understand? It’s a very destructive thing to hear something true, natural, healthy, and not profoundly apply it. Then what you have heard and what you are brings about a contradiction and then there is conflict, perpetual conflict. Far better not to hear any of this, and not apply. Vous avez entendu l'orateur dire tout cela. Il l'a dit partout en Inde, en Europe, dans ce pays-ci, en Australie, etc. Vous écoutez tout cela et il semble que nous ne l'appliquions pas. Et c'est bien la pire des choses que l'on puisse faire. Si vous entendez dire une vérité et ne la mettez pas en pratique, c'est comme un poison. Vous comprenez ? Il est très destructeur d'entendre quelque chose de vrai, de naturel, de sain, et ne pas le mettre profondément en pratique. Car alors ce que vous avez entendu contredit ce que vous êtes, d'où l'apparition de conflit, de conflit perpétuel. Il vaut beaucoup mieux ne rien entendre de tout cela et ne pas l'appliquer.
21:15 The speaker has a passport, an Indian passport, diplomatic passport. But that paper does not identify himself with the country. That paper is merely for the convenience of travelling. L'orateur dispose d'un passeport, un passeport indien, diplomatique. Mais ce bout de papier ne l'identifie pas au pays en cause. Ce n'est qu'un bout de papier destiné à lui permettre de voyager.
21:47 Second Question: 'Why do we confuse function with role? For instance, we may teach or do some work, but why do we make personal these functions, claiming them as attributes of ourselves, thereby introducing will, position, power, and consequently tremendous harm?' 2ème question : 'pourquoi confondons-nous la fonction et le rôle ? On peut enseigner ou faire un certain travail, mais pourquoi s'approprier ces fonctions, prétendant que ce sont des attributs personnels, et y introduisant une notion de volonté, de statut, de pouvoir, et causant par là beaucoup de mal ?'
22:14 'Why do we confuse function with role? For instance, we may teach or do some work, but why do we make personal these functions, claiming them as attributes of ourselves, thereby introducing will, position, power, and consequently tremendous harm?' 'Pourquoi confondons-nous la fonction et le rôle ? On peut enseigner ou faire un certain travail, mais pourquoi s'approprier ces fonctions, prétendant que ce sont des attributs personnels, et y introduisant une notion de volonté, de statut, de pouvoir et causant par là beaucoup de mal ?'
22:53 I think the question is fairly clear. Why are we always so personal, about almost everything? Please answer this question to yourself. Why is it that we cannot look at the world impersonally, dispassionately? Why do we, through function, use that function for status? Why can we not keep function as, say for instance, the speaker has something to say, but why does he – if he does, which he doesn’t – why does he, through this function want a status, a position, power, all that business – why? Is it that power is worshipped by human beings? Status is far more important than function? – a prime minister far more important than the cook, a professor is far more important than a man who is learning something or other, master carpenter and so on, you follow? We don’t apparently see that function has its own importance, but if you are using function for a status, your function becomes brittle, it has lost its energy. You know, nowadays – it’s an old problem – functions, as that of a teacher or a great scientist or great statesman, a teacher throughout the world is considered rather not quite, quite. Whereas a scientist, a doctor, we all kind of look up to. But the teacher is far more important than any other profession, because a teacher is bringing about a new generation of people. He should be paid the highest. But we don’t do that. For us, in this peculiar society that we have created the teacher is the least respected, least considered important. Haven’t you noticed all this? The teacher can’t have a Cadillac, or a Lincoln or a Rolls-Royce, but big businessmen can have it, and you respect the Cadillacs, Lincolns and Rolls-Royces, which shows status is far more important than function. La question me semble assez claire. Pourquoi sommes-nous toujours si personnels sur à peu près tout ? Veuillez répondre vous-même à cette question. Pourquoi ne peut-on regarder le monde de façon impersonnelle, dépassionnée ? Pourquoi se sert-on de la fonction pour assurer un certain statut ? Pourquoi ne peut-on se limiter à la fonction ? Par exemple, mettons que l'orateur ait quelque chose à dire, alors pourquoi – ce n'est qu'une supposition sans fondement – pourquoi veut-il par cette fonction un statut, une situation, du pouvoir, et toute cette affaire, pourquoi ? Le pouvoir serait-il adulé par les êtres humains ? Le statut importe-t-il bien plus que la fonction ? Un premier ministre bien plus que le cuisinier, un professeur est-il bien plus important que celui qui apprend une chose ou une autre, un maître charpentier, etc. ? Vous suivez ? Nous ne voyons apparemment pas que la fonction a son importance, mais que si vous usez de la fonction pour avoir un statut, celle-ci se délite, elle a perdu son énergie. Vous savez, de nos jours – et ce n'est pas nouveau – les fonctions de professeur, de grand scientifique, ou grand homme d'Etat, sont telles que dans le monde un professeur ne jouit pas d'une considération identique à celle d'un scientifique, d'un médecin, que l'on a tendance à vénérer. Mais le rôle du professeur dépasse de loin celui de toute autre profession, car il œuvre à l'apparition d'une nouvelle génération. C'est lui qui devrait recevoir le meilleur salaire, mais ce n'est pas le cas. Pour nous qui avons créé et appartenons à cette curieuse société le professeur ne reçoit que peu de respect et de considération. Ne l'avez-vous pas remarqué ? Le professeur ne peut se procurer de Cadillac, de Lincoln ou de Rolls-Royce, alors que les grands hommes d'affaires le peuvent, et vous respectez les Cadillac, les Lincoln et les Rolls-Royce qui dénotent un statut social bien plus important que la fonction.
27:23 Now, we all know this. Why? Why do we do this? That is the question. The questioner wants to know, why we human beings use function as a means to achieve a status – why? Is it not one of the reasons, that we worship success? That goddess of success. We are all trained. Every television and so on says you must succeed, succeed, succeed. Success means achieving a certain status. Not function, the honourable state of function in something for itself, but use the function to become something, which is, to be famous, to have a great – or whatever it is. Why do we do all this? You are doing it, sir, don’t... We are all doing it, except perhaps a few. Why do we do this? Is it we all want power, domination over others, more comfort through money? Nous savons tous cela. Pourquoi faisons-nous cela ? C'est la question. L'auteur de la question veut savoir pourquoi nous autres êtres humains usons de la fonction comme d'un moyen pour acquérir un statut, pourquoi ? N'est-ce pas une des raisons pour laquelle nous vénérons la réussite ? Cette déesse de la réussite. Nous y sommes tous entraînés. Chaque chaîne de télévision nous dit qu'il faut réussir, réussir. Réussir signifie parvenir à un certain statut. Pas à une fonction, qui a sa propre honorabilité, mais se servir de la fonction pour devenir quelque chose, c'est-à-dire être célèbre, obtenir… quoi que ce soit. Pourquoi faisons-nous tout cela ? Vous le faites, Monsieur. Nous le faisons tous, sauf peut-être quelques uns. Pourquoi faisons-nous cela ? Serait-ce que nous voulons tous le pouvoir, la domination sur les autres, plus de confort par l'argent ?
29:20 By the way, I don’t know if you have noticed, the world is becoming more and more, if I may use that word, materialistic. They all want to be more comfortable, more clothes, more houses, more money, do the same thing over and over again, the more of it, and that’s called culture. You follow all this, I wonder… It’s all becoming so terribly tragic. And why do we do all these things? Why do we want power? Because you see people in great power, what they are doing, influencing people, their name in the papers every morning, and we’d like to have our names in the paper every morning? Is it a form of deep frustrated urge to have a position, a status of respect, of looking up to, of authority? We all want that. So we use everything as a steppingstone to something else. A propos, je me demande si vous l'avez remarqué, le monde devient de plus en plus matérialiste, si vous me passez ce terme. Tous veulent de plus en plus de confort, de vêtements, de maisons, d'argent, faire sans cesse la même chose, toujours plus, et cela s'appelle la culture. Vous suivez tout cela ? Je me demande... Tout cela devient si terriblement tragique. Et pourquoi fait-on tout cela ? Pourquoi veut-on le pouvoir ? Est-ce que, voyant des gens en situation de grand pouvoir, leurs agissements, leur influence sur les gens, leur nom chaque matin dans les journaux, on aimerait aussi voir nos noms chaque matin dans le journal ? Est-ce une sorte de frustration, d'où un profond besoin de jouir d'une situation, d'un statut d'autorité inspirant le respect, la considération ? Nous voulons tous cela. Alors nous usons de tout moyen en guise de tremplin vers autre chose.
31:20 You know, it is one of the most difficult things to be nothing. Because to be a successful person is the most respectable person. He is respected. But a human being who says, I don’t want any of these things, I’ll just live. I’ll be nothing in this world. That requires a great deal of inward stability, a light to oneself, capacity to stand completely alone. Vous savez, une des choses les plus difficiles qui soit est de n'être rien. Car la personne qui a réussi est la plus respectable qui soit. On la respecte. Mais un être humain qui dit 'je ne veux rien de tout cela, je veux seulement vivre, je ne serai rien dans ce monde', doit disposer d'une énorme stabilité intérieure, doit être sa propre lumière, être capable de ne compter que sur soi.
32:19 Third Question: 'Is not political action necessary to bring about social change?' 3ème question : l'action politique n'est-elle pas nécessaire pour amener un changement total ?'
32:28 'Is not political action necessary to bring about total change?' 'L'action politique n'est-elle pas nécessaire pour amener un changement total ?'
32:39 Lots of things are implied in this question, as in every question. What are politics, what does the word mean? This art of government, science of government. That is, to govern people, because people are so dishonest, so wanting to do their own thing, each one wanting his own desires fulfilled, he wants to compete with others. You follow? All that. So people, ordinary human beings like all of us, are striving to express their own personal individual desires, which go against other people’s desires, ambitions, and so on. So we are, each one of us, is in opposition to another. And so the art of government is to rule the people, because the people are corrupt, people left to themselves are dangerous animals, therefore they must be controlled, they must be ruled, there must be law, and so on. This is what is happening in the world. Please see it for yourself. More laws, more policemen, greater armies, greater materials of war. So what does government mean? What is the art of government? Cette question comporte beaucoup d'éléments, comme toutes les questions. Qu'est-ce que la politique ? Que signifie ce mot ? L'art de gouverner, la science de gouverner. C'est-à-dire diriger les gens, car les gens sont si malhonnêtes, voulant agir à leur guise, chacun voulant réaliser ses propres désirs, voulant concurrencer les autres. Vous suivez ? Tout cela. Alors des gens, des êtres humains ordinaires, comme nous tous, luttent pour exprimer leurs propres désirs individuels, lesquels s'opposent aux désirs, aux ambitions des autres, etc. Donc chacun de nous s'oppose à autrui. Et ainsi, l'art de gouverner consiste à diriger les gens, car les gens sont corrompus, livrés à eux-mêmes, ce sont de dangereux animaux, qui doivent donc être contrôlés, gouvernés, d'où la nécessité des lois, et ainsi de suite. Voilà ce qui a lieu dans le monde. Voyez-le par vous-même. Davantage de lois, davantage de policiers, de meilleures armées, de meilleurs équipements de guerre. Alors, que veut dire gouverner ? Qu'est-ce que l'art de gouverner ?
35:13 You know the meaning of the word ‘art’? Not the writing of poems, painting pictures, writing novels – art, the word, not the expression of that word. Art means to put everything in its right place. You understand? To put everything – every action, every thought, every human being has its own place. So, when we human beings have not this art in ourselves – you understand? No, sir, I don’t know if you do, please don’t agree. Art in the sense to put my house, my house which is me, in order. Then somebody else has to put that house in order. We have created this society, and we leave it to politicians to alter the society. We have created the monster called society, and to control that society we have to have politicians. Politicians may be either good or supported by the very, very rich people, of a small group of rich people supporting – you know all the game that goes on in the world among politicians. The speaker knows a considerable lot of them. And this is going on right throughout the world. That is, we want political leaders. This leader during this period is not good, but, when this election is over, we’ll have a new president, a new leader – I won’t call them presidents, sorry – new leader, and he too, or she too might fail, but we wait – another election. You follow? We have done this throughout the world, waiting for new leaders. The present leader is no good, but we hope the next leader will be better, and so on and on. This has been the game in all political world. Our desires are that. That is, we are always wanting somebody else to lead us, to tell us what to do. And there is no leader, no saviour, no guru, no book is going to help us. I think if one really deeply realises this – no outside agency, no change of environment, changing of certain structure of society is going to change the human condition. The human condition is what we are, and if we don’t apply ourselves to bring about a radical change, radical mutation, transformation, in ourselves, no leader, nobody in the world is going to do it. And we may search in vain for a new political leader, new statesman, new world leader. We’re waiting, creating a world still most chaotic, more than it is now. It is so terribly obvious to anybody who looks, thinks about all this, looks at all this. But apparently we are always wanting somebody to do something for us, psychologically, which is far more important. Because what the psychological state is, the outward state is. Vous connaissez le sens du mot 'art' ? Pas l'écriture de poèmes, la peinture de tableaux, l'écriture de romans; l'art, le mot, pas l'expression de ce mot. 'Art' signifie mettre chaque chose à sa juste place. Vous comprenez ? Mettre toute chose... Chaque acte, chaque pensée, chaque être humain a sa propre place. Ainsi, quand nous autres êtres humains n'ont pas en eux cet art, - non M. quoi qu'il en soit, ne soyez pas d'accord - l'art dans le sens de mettre ma maison, c'est-à-dire moi, en ordre, quelqu'un d'autre devra mettre cette maison en ordre. Nous avons créé cette société et nous laissons aux politiciens le soin de la modifier. Nous avons créé le monstre que l'on appelle société, et il nous faut des politiciens pour la contrôler. Les politiciens peuvent soit être bons, soit être soutenus par des gens très, très riches ou par un petit groupe de gens riches – vous savez, ce jeu qui a lieu dans le monde parmi les politiciens. L'orateur en connaît beaucoup. Et ceci se poursuit dans le monde entier. C'est que nous voulons des leaders politiques. Ce leader-ci n'est pas bon, mais au terme de cette élection, nous aurons un nouveau président, – non, pas de président, pardon – un nouveau leader, et lui ou elle aussi pourrait échouer, mais on attend... l'élection suivante. Cela s'est fait dans le monde entier, l'attente de nouveaux leaders. Le leader actuel n'est pas bon, mais on espère que le suivant sera meilleur, et ainsi de suite. Tel a été le jeu de tout le monde politique. C'est ce qu'on désire. Ainsi, nous voulons toujours que quelqu'un d'autre nous dirige, nous dise quoi faire. Or aucun leader, aucun sauveur, aucun gourou, aucun livre ne va nous aider. Je pense qu'il faut vraiment, profondément réaliser cela : aucun agent extérieur, aucun changement d'environnement modifiant une certaine structure de la société ne va transformer la condition humaine. La condition humaine est ce que nous sommes, et si l'on ne s'applique pas soi-même à amener un changement radical, une mutation, une transformation radicale en soi-même, aucun leader, personne au monde ne va le faire. Et toute quête de nouveau leader politique, de nouvel homme d'Etat, de nouveau leader mondial, serait vaine. En attendant, nous créons un monde toujours plus chaotique. Tout cela est tellement évident pour qui veut bien regarder, observer, penser à tout cela. Il semble pourtant que nous voulions toujours que quelqu'un agisse pour nous, psychologiquement, ce qui importe bien plus, car l'état psychologique est le reflet de l'état extérieur.
41:00 So, having heard that, what are you going to do about it? Just listen? And say, very good, good idea. But it’s terribly difficult for me to change. Because I have not the energy, whatever is demanded I haven’t got it. So each one of us is so negligent, indifferent, accepting things as they are, and carrying on. So if we realise the world, the society, the wars, the nuclear bomb, all the horrible threats of the destructive thing called war, and if we realise that we are responsible for this, each one of us – a burning responsibility, not a verbal idealistic responsibility, a burning responsibility, a responsibility that demands an intense action in ourselves, not over somebody. Then perhaps there will be a possibility of a new society, a new group of human beings might bring about a different world. Alors, ayant entendu tout cela, qu'allez-vous en faire ? Vous contenter d'écouter et dire, très bonne, excellente idée ? Mais il m'est terriblement difficile de changer. Car je n'en ai pas l'énergie, ce que cela exige, je ne l'ai pas. Ainsi, chacun de nous est tellement négligent, indifférent, acceptant les choses telles qu'elles sont et poursuivant son chemin. Si l'on prend conscience du monde, de la société, des guerres, de la bombe nucléaire, de toutes les horribles menaces, de la destruction qui s'appelle la guerre, et si l'on réalise qu'on en est responsable, chacun de nous – une responsabilité brûlante, pas une responsabilité idéaliste verbale, une responsabilité brûlant qui exige une action intense, en soi-même, pas par l'intermédiaire de quelqu'un, alors peut-être y aura-t-il la possibilité d'une nouvelle société, qu'un nouveau groupe d'êtres humains donne naissance à un autre monde.
43:04 Fourth Question: 'Won’t we find the truth you speak of through loving service to humanity, through acts of love and compassion?' 4ème question : 'ne pourra-t-on découvrir la vérité dont vous parlez par la pratique d'oeuvres humanitaires, d'actes d'amour et de compassion ?'
43:17 Oh, this is a lovely question! 'Won’t we find the truth you speak of through loving service to humanity, through acts of love and compassion?' Oh, quelle belle question ! 'Ne pourra-t-on découvrir la vérité dont vous parlez par la pratique d'oeuvres humanitaires, d'actes d'amour et de compassion ?'
43:35 The do-gooders are always helping society, the poor, devoting their life to poverty and helping others to accept the poverty or to move out of that poverty. This is going on, recognised by religious people as a great act, making them into saints. You know all this, you read about it almost every day in the papers. The missionaries that go out. It’s all so ridiculous! Les bonnes âmes aident toujours la société, les pauvres, se dévouant à la lutte contre la pauvreté et aidant les autres à l'accepter ou à s'extraire de celle-ci. Cela continue, c'est reconnu par les religieux en tant qu'actes éminents, menant à la sainteté. Vous le savez, cela se lit dans les journaux presque chaque jour. Les actes des missionnaires. Tout cela est si ridicule !
44:29 Now, the questioner says, through acts of love, compassion, service, do we find that truth which is not yours or mine or doesn’t belong to any religion? Now, do you love? Do you have compassion? Do you want to help or serve another? When you set out to serve another, to help another, it means you know much better than the other fellow does. I think there is a great deal of vanity in all this, in the name of service, in the name of love. Don’t you think so? A great deal of self-expression. I want to fulfil myself through various activities, maybe service, maybe that which is called love, or through what we call love and compassion. Isn’t it natural and a healthy indication to help another? That’s natural. Why do we make a dance and a song about it? L'auteur de la question demande s'il est possible, par des actes d'amour, de compassion, de service, de découvrir cette vérité qui n'est ni mienne ni vôtre, ou qui ne relève d'aucune religion ? Alors, aimez-vous ? Eprouvez-vous de la compassion ? Voulez-vous aider ou servir autrui ? Quand vous partez servir autrui, aider un autre, cela implique que vous en savez bien plus que cet autre. Je pense qu'il y a en tout cela énormément de vanité, au nom du service, au nom de l'amour. Ne le pensez-vous pas ? Enormément d'expression de soi. Je veux m'accomplir dans diverses activités, peut-être de services, ou de ce que l'on appelle l'amour, ou par ce que l'on appelle amour et compassion. N'est-il pas naturel et sain d'aider autrui ? C'est naturel. Pourquoi en faire tout un plat ?
46:34 And compassion, what is it, what does that mean? The meaning of that word: passion for all, feeling deep passion for all. That means that feeling of great intensity, not to kill another human being, not to kill a living thing. Then you will say, when you kill a cabbage, that’s to kill something. So, where do you draw the line? To kill a human being? To kill a baby seal? To kill your enemy, who is aggressive, as you yourself have been aggressive last year? Et la compassion, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que cela signifie ? La signification de ce mot est : passion pour tout, ressentir une profonde passion pour tout. Ce qui signifie cette sensation de grande intensité, ne pas tuer un autre être humain, ne pas tuer ce qui vit. Vous direz : quand on tue un choux, c'est bien tuer quelque chose. Alors, où tracez-vous la limite ? Tuer un être humain ? Tuer un bébé phoque ? Tuer votre ennemi qui est agressif, comme vous-même l'avez été l'année dernière ?
48:14 So, can compassion exist, love exist when there is no… when there is antagonism, when there is competition, when each one of us is seeking success? Go into all this, sirs. Alors, la compassion, l'amour peuvent-ils exister là où il y a antagonisme, compétition, quand chacun est en quête de réussite ? Voyez tout cela Messieurs.
48:48 So, in having self-knowing – let’s put it this way – in knowing myself, which is knowing the content of my consciousness, which is myself, the content: the beliefs, the antagonisms, the agony, the loneliness, the suffering, the pain, desire to be secure – all that and more is my consciousness. Without knowing that, understanding the whole conflicting, destructive combination which is my consciousness, how can I love? How can I have that thing called compassion? So to know, to understand oneself – not the improvement of the self which is merely the improvement of my selfishness, which can be marvellous if you want that kind of thing – the understanding of myself, the understanding of my reactions, the way I think, why do I, you know, the whole movement of myself. The Greeks, the ancient Greeks, and the ancient Hindus, talked about ‘know thyself’. But very few people have really studied themselves. They have studied the animals: rats, guinea pigs, dogs, monkeys, vivisection – you know all that, what is happening – and through them they hope to understand themselves. They talk about behaviour but they never study themselves. We are the greatest experimenters, if we are, in ourselves. Ainsi, la connaissance de soi – mettons-le ainsi – en me connaissant moi-même, cela revient à connaître le contenu de ma conscience, qui est moi-même, le contenu : croyances, antagonistes, angoisse, solitude, souffrance, douleur, désir d'être en sécurité, tout cela et davantage se trouve dans ma conscience. Sans connaître cela, sans comprendre tout le mélange d'éléments conflictuels et destructeurs qui constituent ma conscience, comment puis-je aimer ? Comment puis-je avoir ce qu'on appelle la compassion ? Il faut donc se connaître, se comprendre – non par l'amélioration de soi, qui n'est que l'amélioration de mon égoïsme, ce qui peut être merveilleux si c'est cela que vous voulez – la compréhension de moi-même, de mes réactions, de la façon dont je pense et pourquoi , vous savez, tout ce mouvement de moi. Les Grecs anciens et les anciens Hindous parlaient du 'connais-toi toi-même'. Mais bien peu de gens se sont vraiment étudiés. Ils ont étudié les animaux : rats, cochons d'Inde, chiens, singes, la vivisection, vous savez tout ce qui se passe, et par tout cela ils espèrent se connaître eux-mêmes. Ils parlent de comportement, mais ne se sont jamais étudiés eux-mêmes. Nous sommes, si c'est le cas, les plus grands expérimentateurs de nous-mêmes.
51:25 And to know oneself is to understand, look in the mirror of our relationship. I can’t know myself just by thinking about myself, whether I am this, whether I am that. But understanding myself is revealed in my relationship to my wife, to my children, to my neighbour, to governments, to everything. I see myself as I am, not as I would like to be, but actually as I am. Then, there is a possibility of seeing what actually is, there is a possibility of changing that, of bringing about transformation in that. But we never study ourselves. We are always studying books, and the books tell us what we are, and trying to adjust ourselves to what others have told us. What others have told us is what we are, so why do we have to be told by others what we are? Do you understand all this? Because we want to be quite certain that what we study is accurate. So we turn to others. We make mistakes, we say, this is right, this is wrong, I did this, but there is this constant alert… awareness of one’s reaction in one’s relationship. That requires attention, a great deal of sensitivity. And to be physically sensitive, not be drugged, not take alcohol, smoke – how can you be sensitive? So, compassion, love can only exist when the self is not. As we said the other day, when you are not, that which is immense is. Et se connaître, c'est comprendre, se regarder dans le miroir de nos relations. Je ne puis me connaître en pensant simplement à moi, pour savoir si je suis ceci ou cela. Mais la compréhension de moi-même se révèle dans mes relations avec ma femme, mes enfants, mon voisin, au gouvernement, à tout. Non pas tel que j'aimerais être, mais tel que je suis effectivement. Il existe alors une possibilité de voir ce qui est en réalité, une possibilité d'y apporter un changement, d'y apporter une transformation. Mais nous ne nous étudions jamais. On étudie toujours les livres qui nous disent ce que nous sommes, en essayant de s'adapter à ce que d'autres nous ont dit. Nous sommes bien ce que d'autres nous ont dit, alors pourquoi d'autres devraient-ils nous dire ce que nous sommes ? Comprenez-vous tout cela ? Parce que nous voulons être tout-à-fait certains de la justesse de notre étude. Alors nous nous tournons vers d'autres. Nous errons, nous disons c'est juste, c'est faux, je l'ai fait, mais il y a cette lucidité persistante... cette conscience de ses réactions dans ses relations. Cela demande de l'attention, énormément de sensibilité. Et pour être physiquement sensible, il ne faut pas se droguer, prendre d'alcool, fumer [sinon] comment peut-on être sensible ? Donc la compassion, l'amour ne peuvent exister qu'en l'absence du moi. Comme nous l'avons dit, quand 'vous' n'êtes pas, l'immensité est.
54:08 Do you want to go on? I can go on, but can you? Voulez-vous poursuivre ? Je le puis, mais vous ?
54:25 Fifth Question: 'Do levels of spirituality or consciousness exist? What part do psychic healing, astral projection, the ability to see auras and entities, etc., play in all this? And can these interfere with relationship and our abilities to see clearly?' Good God! 5ème question : 'les niveaux de spiritualité ou de conscience existent-ils ? Quel rôle la guérison psychique, la projection astrale, l'aptitude à voir les auras et les entités, etc., jouent-ils dans tout ceci ? Et peuvent-ils s'interposer dans la relation et notre capacité à voir clairement ?' Grands dieux !
55:11 'Do levels of spirituality or consciousness exist? What part do psychic healing, astral projection, the ability to see auras and entities, etc., play in all this? And can these interfere with relationship and our abilities to see clearly?' 'Les niveaux de spiritualité ou de conscience existent-ils ? Quel rôle la guérison psychique, la projection astrale, l'aptitude à voir les auras et les entités, etc., jouent-ils dans tout ceci ? Et peuvent-ils s'interposer dans la relation et notre capacité à voir clairement ?'
55:51 I don’t know quite how to answer this. First of all, the first question in this is, do levels of spirituality or levels in consciousness exist? That is, is one more spiritual than the other? You understand? The more. That is, is one nearer truth than the other fellow? Now, what is the meaning of the word ‘more’? ‘The more’ is a measurement, isn’t it? I am this, I will be more rich tomorrow. Or I am violent now, but I will not be violent in another week’s time. So the mind is always measuring – I am tall, you are short, you are fair, somebody is black, somebody is yellow, somebody is pink – measurement. That is, measurement is comparison. And the word ‘measure’ also plays part in meditation. Measurement and meditation are related. Please, this is very important if you want to understand this. Why do human beings measure? Not for clothes, I’m not talking about that. Psychologically, inwardly, why do we want to measure ourselves with somebody? That is, the measurement of ‘what is’ towards ‘what should be’. You follow this? I am not good today, but give me time, I will be good. Which is, the allowing of a time interval is the measure. You follow this? Are we together in this? When I have the concept of psychological time, that time implies measurement. You get this? Je ne sais pas très bien comment répondre à cela. La première partie de la question est celle-ci : les niveaux de spiritualité ou de conscience existent-ils ? C'est-à-dire, l'un est-il plus spirituel que l'autre ? Vous comprenez ? Le plus. C'est-à-dire, l'un est-il plus près de la vérité que l'autre ? Alors, quel est le sens du mot 'plus' ? Le 'plus' définit une mesure, n'est-ce pas ? Je suis ceci, je serai plus riche demain. Ou maintenant je suis violent, mais ne le serai plus dans une semaine. Ainsi, mon esprit mesure sans cesse : je suis grand de taille, vous êtes petit, blond, tel autre est noir, tel autre jaune, rose; c'est la mesure. Mesure égale comparaison. Et le mot 'mesure' joue aussi un rôle dans la méditation. Mesure et méditation sont liées. Attention, c'est très important si vous voulez le comprendre. Pourquoi les êtres humains mesurent-ils ? Il ne s'agit pas de vêtements, je ne parle pas de cela. Psychologiquement, intérieurement, pourquoi veut-on se mesurer à quelqu'un d'autre ? C'est-à-dire mesurer 'ce qui est' à 'ce qui devrait être'. Vous suivez ? Je ne suis pas bon aujourd'hui, mais donnez moi du temps et je le serai. C'est-à-dire, l'admission d'un intervalle de temps est la mesure. Vous suivez ? Sommes-nous ensemble ici ? Quand j'ai recours au concept de temps psychologique, ce temps implique la mesure. Vous le saisissez ?
59:10 So, the questioner says, is there in spirituality – whatever that word may mean, for the moment we are using the ordinary sense of that word, the accepted sense of that word – is there in spirituality a measurement? Where there is measurement, there is no spirituality. Right? A guru, a bishop and so on and so on, there is this concept, this idea that someone is nearer god, nearer truth – I don’t mean god, nearer truth. And he has achieved something, and I have to achieve that, and to achieve that I must have time and I must measure myself every day. Right? And this is obviously so utterly mundane, utterly physical. That is, I am a clerk in an office, and perhaps next year I’ll be a superior clerk and ten years later I will be executive. It is the same movement carried over into the psychological area. And so there is the nearest disciple and the noviciate right there. There is a monastery in Italy – the speaker used to go and visit it – where the noviciate waited for nine years. You understand? After nine years he was allowed to go into the inner sanctuary. There is a perfect measurement. And that is called spiritual growth. Puis l'auteur de la question dit : dans la spiritualité – quel que soit le sens donné à ce mot, pour l'instant nous l'utilisons dans son sens ordinaire, dans son acception habituelle – y a-t-il une mesure dans la spiritualité ? Là où il y a mesure, il n'y a pas de spiritualité. N'est-ce pas ? Chez un gourou, un évêque et ainsi de suite, ce concept a cours, cette idée que quelqu'un est plus près de dieu, de la vérité – ne parlons pas de dieu, plus près de la vérité. Et il a accompli quelque chose et je dois l'accomplir, et pour pouvoir l'accomplir il me faut du temps, et je dois me mesurer chaque jour. N'est-ce pas ? Tout ceci est évidemment totalement matériel, totalement physique. Par exemple, je suis un employé de bureau, et dans un an je serai peut-être cadre supérieur, et 10 ans plus tard, directeur. Cela procède du même mouvement transposé dans le domaine psychologique. Et il y a ainsi le premier disciple et le novice. En Italie, il y a un monastère auquel l'orateur aimait se rendre, où le novice devait patienter 9 ans. Vous comprenez ? Au bout de 9 ans, il avait le droit de se rendre dans le sanctuaire. Voilà une mesure parfaite. Et cela s'appelle le progrès spirituel.
1:01:53 And the questioner asks also, are there levels in consciousness? That is, there is unconscious and the conscious. Right? This is how we have divided consciousness – the hidden and the obvious, the thing that is dark and the thing that is light. We have divided consciousness that way. And in that consciousness there are several divisions. Now, to the speaker, consciousness is whole. It cannot be divided. Please see why. If there is consciousness, which is to be fully awake, then there is nothing hidden. You understand? I wonder if – no please, don’t agree to this so quickly! Go into it carefully. Freud and all those gentlemen, professionals, have divided this, our consciousness, into various categories. And we poor laymen, not knowing, we accept all this. But as the speaker and many people do not read all this, perhaps they have studied their own states, one can see very clearly when one is conscious of something, either you are conscious fully or very, very partially, as most of us are. When you look at this marvellous country – the hills, the trees, the light and the shadows – when you are completely aware of all this, there is no hidden shadows in your own mind. So if one is completely aware of oneself, there is no division between higher consciousness and lower consciousness. It is consciousness with all its content. One can divide: belief in some sacred thing is higher than my sexual or sensory responses, but it’s part of my consciousness, which I have divided for some pleasurable reasons or for some desire to achieve something. Or it’s a pattern which I have accepted as measurement, and I measure myself. This is better than this, this is nobler than this. But it is part of this consciousness. Now, is there... No, sorry. Can my unconscious, that is the deep – please listen to this – the deep undiscovered traces of fear exist when I have gone into the whole movement of fear? You understand my question? I have examined fear, and the causes of fear, because the mind has realised that any form of fear, hidden, secret, personal or physical and so on, any form of fear is destructive. The mind has realised this, not verbally, but actually. So, it is concerned completely with the freedom of fear, freedom from total fear, not partial fear. So, it is willing, it is open to all the hidden movements of fear to reveal itself through dreams, through acts, through various forms of... You know, when you are walking by yourself in a wood or on the road, suddenly you realise there is a movement of fear, unconscious, which you have not realised before, which means your mind is open to the revelation of your own fears. That requires a great deal of enquiry into the nature of fear, which we did last few days ago. So the hidden dark fears that are in the deep recesses of one’s consciousness, in the mind, can come out, expose naturally if one is insistent, urgent, that there must be freedom from total fear. You are following all this? The very necessity of being free of fear brings about the total exposure of all fear. That demands watchfulness, sensitivity to be alert to every kind of feeling, nuances of feeling, the subtleties of reactions. Et l'auteur de la question demande aussi s'il y a des niveaux de conscience. C'est-à-dire l'inconscient et le conscient, n'est-ce pas ? C'est ainsi que l'on a divisé la conscience : le caché et l'évident, la part obscure et la part lumineuse. La conscience a été divisée ainsi. Et cette conscience comporte plusieurs divisions. Cependant, pour l'orateur la conscience est un tout. Elle ne peut être divisée. Voyons pourquoi. S'il y a conscience, ce qui consiste à être pleinement éveillé, il n'y a alors rien de caché. Vous comprenez ? Je me le demande... non, ne l'acceptez pas si vite ! Approfondissez-le soigneusement. Freud et tous ces messieurs, ces professionnels, ont divisé notre conscience en diverses catégories. Et nous, pauvres hommes ordinaires et ignorants, acceptons tout cela. Mais comme l'orateur et bien d'autres personnes ne lisent pas tout cela, peut-être ont-ils étudié leur propres états; on peut voir très clairement quand on est conscient de quelque chose, soit on est pleinement conscient, soit seulement très partiellement, comme l'est la plupart d'entre nous. Quand vous observez ce merveilleux paysage, les collines, les arbres, les ombres et les lumières, quand vous en êtes complètement conscient, il n'y a aucune ombre dans votre esprit. Ainsi, si l'on est complètement conscient de soi, il n'y a aucune division entre conscience supérieure et inférieure. C'est la conscience avec tout son contenu. Il est possible de diviser : la croyance en une chose sacrée est supérieure à mes réponses sexuelles ou sensorielles, mais cela fait partie de ma conscience que j'ai divisée pour mon propre plaisir ou pour le désir d'accomplir quelque chose. Ou c'est un schéma que j'ai accepté en tant que mesure, et je me mesure. Ceci est préférable à cela, ceci vaut plus que cela. Mais cela fait partie de cette conscience. Alors, mon inconscient – écoutez attentivement ceci – les traces profondes de peur existent-elles quand j'ai approfondi tout le mouvement de la peur ? Vous comprenez ma question ? J'ai examiné la peur et les causes de la peur, car l'esprit s'est rendu compte que toute forme de peur, qu'elle soit cachée, secrète, personnelle ou physique, etc., que toute forme de peur est destructrice. L'esprit s'est rendu compte de cela, pas verbalement, mais en réalité. Il se préoccupe alors totalement de se libérer de la peur, de la totalité et non d'une partie de la peur. Il est alors désireux, il est ouvert à ce que tout mouvement caché de peur se révèle de lui même, par les rêves, les actes, par toutes formes de... Vous savez, quand vous marchez seul dans un bois ou sur la route, vous vous rendez tout à coup compte d'un mouvement de peur, inconscient, dont vous n'aviez pas pris conscience, ce qui signifie que votre esprit s'ouvre à la révélation de vos propres peurs. Cela demande une grande recherche au sein de la nature de la peur, comme nous l'avons fait il y a quelques jours. Ainsi, les peurs obscures qui se cachent dans les profonds replis de la conscience, dans l'esprit, peuvent sortir et se révéler naturellement si l'on ressent l'urgence de la nécessité d'être totalement délivré de la peur. Vous suivez tout ceci ? La nécessité même d'être délivré de la peur amène la révélation complète de toute peur. Ceci demande une lucidité, une sensibilité menant à un éveil à toutes les sensations, à leurs nuances, aux subtilités des réactions.
1:09:11 So, as long as there is measurement, there must be division, both in consciousness and in so-called spirituality. Alors, tant qu'il y a mesure, il y a inévitablement division, à la fois dans la conscience et dans la soi-disante spiritualité.
1:09:24 What part do psychic healing, astral projection, the ability to see – blah, blah – play in all this and can these interfere with relationship and our abilities to see clearly? Quel rôle la guérison psychique, la projection astrale, la capacité de voir, bla, bla, bla, jouent-elles dans tout cela et peuvent-elles s'interposer dans la relation et notre capacité à voir clairement ?
1:09:47 How does one answer this question? What prevents a human being from seeing clearly? Seeing not optically – inward, seeing things as they are, very clearly, without any distortion. Outside agency, astral projections, imagination, prejudice, bias, conclusions which you hold on to, experiences which you think are important – aren’t these obvious facts that prevent clarity of perception? Why don’t we go into those rather than into astral projections? Comment répondre à une telle question ? Qu'est-ce qui empêche un être humain de voir clairement ? Voir non pas optiquement, mais intérieurement les choses telles qu'elles sont, très clairement, sans aucune déformation. L'agent extérieur, les projections astrales, l'imagination, les préjugés, les partis pris, les conclusions auxquels on tient, les expériences que l'on pense être importantes, ne sont-ce pas là des faits évidents qui empêchent la clarté de perception ? Pourquoi ne pas approfondir ceux-ci plutôt que des projections astrales ?
1:11:06 You know that word, ‘astral projection’ is – I won’t go into that, sorry. Vous savez, ce terme 'projections astrales'... je ne vais pas aborder cela, excusez moi.
1:11:17 Psychic healing. One can heal only when there is no self. You understand this? But self is so deceptive, so cunning, that it hides behind all kinds of manner. Suppose I am a devout religious person attached to some form of symbol or idea, a projection. And that projection is me, greater, nobler, is the highest form, I am still selfish, I am still me, only glorified. As long as there is any sense of the self, healing becomes rather tawdry. But when there is no self at all there is a possibility of healing. La guérison psychique. On ne peut pratiquer la guérison que quand il n'y a pas de moi. Le comprenez-vous ? Mais le moi est si trompeur, si rusé, qu'il se cache derrière toutes sortes de comportements. Supposons que je sois une personne religieuse dévote, attachée à un symbole, à une idée ou à une projection quelconques. Cette projection est moi, plus grand, plus noble, élevé au plus haut point. Mais je suis encore égoïste, je suis toujours moi, seulement glorifié. Tant que subsiste le moindre sentiment de moi, l'acte de pratiquer laguérison présente un caractère plutôt factice. Mais en l'absence de tout moi, il existe une possibilité de soigner.
1:13:00 It’s an hour and a quarter we have talked. Is that enough? Cela fait une heure et quart que nous parlons, est-ce suffisant ?
1:13:07 Q: No. Q: Non.
1:13:23 K: One more question, that’ll be enough, I think. Encore une question et cela suffira, je pense.
1:13:27 Sixth Question: 'What is it in humanity that has always moved towards something called religion or God? Is it only a projection as a result of fear and suffering, a seeking for help, or is it something deeply real, necessary, intelligent?' 6ème question : 'quel est le facteur qui fait que l'humanité s'est toujours mue vers une chose appelée religion ou Dieu ? N'est-ce qu'une projection résultant de la peur, de la souffrance, de la quête d'une aide, ou est-ce une chose profondément réelle, nécessaire, intelligente ?'
1:13:54 'What is it in humanity that has always moved towards something called religion or God? Is it only a projection as a result of fear and suffering, a seeking for help, or is it something deeply real, necessary, intelligent?' 'Quel est le facteur qui fait que l'humanité s'est toujours mue vers une chose appelée religion ou Dieu ? N'est-ce qu'une projection résultant de la peur, de la souffrance, de la quête d'une aide, ou est-ce une chose profondément réelle, nécessaire, intelligente ?'
1:14:38 As the questioner points out, historically and actually man has always sought something beyond himself. Man has always said, this is not enough. I have my food, clothes, shelter, I live in this world, I die, but there must be something more. I am sure every human being, at least who is alert, who is fairly intelligent, must have asked this question. Even the committed Communist must have asked, is this all? Is this suffering, pain, and nothing more? And as the questioner says, does fear make us invent something, an outside agency that will protect us, guard us. So we want to go into this question very deeply. Comme le souligne l'auteur de la question, historiquement et effectivement l'homme a toujours été en quête de quelque chose le dépassant. L'homme a toujours dit : ceci n'est pas suffisant. J'ai des aliments, des habits, un abri, je vis en ce monde, je meurs, mais il doit bien exister autre chose. Je suis sûr que tout être humain, tant soit peu éveillé, assez intelligent, doit s'être posé cette question. Même les communistes engagés doivent s'être demandés : est-ce tout ? N'y a-t-il que souffrance, douleur et rien d'autre ? Et l'auteur de la question demande : la peur nous fait-elle inventer quelque chose, un agent extérieur qui nous protégera, veillera sur nous ? Nous voulons donc sonder très à fond cette question.
1:16:21 When there is no fear whatsoever psychologically – whatsoever – what is the state of your mind? Please go, enquire together – what is the state of mind that is totally, completely free from all fear? Will it seek any… will it have any desire to protect itself? Will it have any need or necessity to seek something to which it can pray, worship, or ask help? You understand? When you are perfectly healthy, physically, would you go near a doctor? Would you study all the diet books? See every morning the expert doing exercises on the television? Similarly, a very, tremendously healthy mind – healthy in the sense, having no fear, completely no fear, end to sorrow. The understanding of the whole movement of pleasure – you follow? Healthy, sane, rational mind. Will it need to go to any church? Go on, sir, answer it for yourself. It’s only the mind that is crippled, conditioned, unhealthy, fearful, aching, lonely, deeply sorrowful, wants naturally some help. And so it projects gods, saviours, the whole religious circle. But that suffering, that loneliness, that fear, he has not been able to solve, he hasn’t gone into it. And we have had saviours, we have had leaders, we have had every kind of help in the world – all the evangelists, all the preachers, you know what goes on. They have not freed man from this ache. En l'absence de toute peur, psychologiquement, quel est alors l'état de votre esprit ? Cherchons ensemble, je vous prie. Dans quel état se trouve l'esprit totalement, complètement délivré de toute peur ? Eprouvera-t-il un quelconque désir de se protéger ? Eprouvera-t-il le moindre besoin, la moindre nécessité de chercher à qui adresser sa prière, son adoration, ou à qui demander de l'aide ? Vous comprenez? Quand vous êtes en parfaite santé, physiquement, iriez-vous voir le médecin ? Consulteriez-vous les livres diététiques ? Regarderiez-vous chaque matin la séance d'exercices à la télévision ? De même, un esprit en parfaite santé mentale, dans le sens où il n'éprouve pas la moindre peur, a mis fin à souffrance, a compris la totalité du mouvement du plaisir – vous suivez – un esprit en bonne santé, sain, rationnel, aura-t-il besoin de se rendre dans une église ? Allons Messieurs, répondez vous-mêmes à cela. Seul un esprit estropié, conditionné, malsain, apeuré, solitaire, souffrant profondément, désire naturellement de l'aide. Et alors il projette des dieux, des sauveurs, tout le cercle religieux. Mais cette souffrance, cette solitude, cette peur, il n'a pas été capable de les résoudre, il ne les a pas approfondies. Et nous avons eu des sauveurs, des leaders, nous avons eu toute l'aide du monde, tous les évangélistes, tous les prédicateurs, vous savez ce qui se passe. Ils n'ont pas débarrassé l'homme de cette douleur.
1:20:08 So, the question is really, can we be a light to ourselves? Not depend psychologically on anyone. Action that will not breed conflict, regret, sorrow, pain, inwardly. You understand? Can we understand ourselves so completely? Or is that not possible. We have never tried. We have tried everything else, we have gone to the moon, invented most marvellous machines, extraordinary surgical instruments. The brain has got extraordinary capacity, but that capacity we have never applied to ourselves. Because we have always asked for someone else to help us – that’s what you are doing here, now. The speaker is not helping you, he is not teaching you. We are saying look at yourself. En réalité, la question est celle-ci : peut-on être sa propre lumière ? Ne dépendre psychologiquement de personne ? Une action qui n'engendrera pas le conflit, le regret, la souffrance, la douleur, intérieurement ? Vous comprenez ? Peut-on se comprendre si complètement ? Ou est-ce impossible ? On n'a jamais essayé. On a essayé tout le reste, on s'est rendu sur la lune, inventé les plus merveilleuses machines, les instruments chirurgicaux les plus extraordinaires. Le cerveau est extraordinairement capable, mais on n'a jamais appliqué cette capacité à soi-même, car on a toujours eu recours à l'aide d'autrui : c'est ce que vous faites ici, maintenant. L'orateur ne vous aide pas, il ne vous instruit pas. Nous disons : observez-vous.
1:22:06 We have got the capacity, the energy, sufficient intelligence to go into ourselves, look at ourselves, face ourselves – never escaping from ourselves. We have got all the energy to do that. Think what energy is needed to go to the moon – you understand, sir? – enormous co-operative energy, drive. But apparently when it comes to us we kind of become slack, we wither, and we hope somebody will give us water that will bring us again to health. Nobody is going to give it to you. That’s one absolute fact, irrefutable fact. Because we have had leaders, we have had teachers, we have had saviours, we have had every kind of outside agency, infinite information about ourselves from others. And all that has not freed us from fear. And so, out of our laziness, out of our indifference, out of our callousness, we invent gods and all the rest of it. And the misfortune is, because we don’t know ourselves we are destroying other human beings. We’re destroying this marvellous earth. Nous avons l'aptitude, l'énergie nécessaires, et assez d'intelligence pour entrer en nous-mêmes, pour nous regarder, pour faire face à nous-mêmes sans jamais nous fuir. Nous avons toute l'énergie qu'il faut pour cela. Pensez à l'énergie qu'il faut pour se rendre sur la lune, une énergie, un élan coopératif énormes. Mais il semble que s'agissant de nous-mêmes, l'esprit se relâche, nous nous étiolons et espérons que quelqu'un nous fournira l'eau qui nous ramènera à la santé. Personne ne va vous l'apporter. C'est un fait absolu, irréfutable. Car nous avons eu des leaders, des instructeurs, des sauveurs, nous avons eu toutes sortes d'agents extérieurs, une masse infinie d'informations sur nous-mêmes en provenance d'autrui. Et rien de cela ne nous a délivrés de la peur. Et ainsi, par paresse, indifférence, insensibilité, nous avons inventé les dieux et tout le reste. Et le malheur est qu'à cause de notre ignorance sur nous-mêmes nous détruisons les autres êtres humains. Nous détruisons cette merveilleuse terre.
1:24:15 Right, sir. Bien Messieurs.
1:24:28 May I get up now? Puis-je me lever maintenant ?