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OJ82T2 - Quelle place occupe le savoir dans nos vies ?
2ème causerie publique
Ojaï, Californie, USA
Le 2 mai 1982



1:10 May we continue with what we were talking about yesterday morning? For those who were not here yesterday, may we repeat something of what we said? We were saying yesterday morning how the world is broken up, divided through nationalism, which is really a form of tribalism. How religions have divided man, with their dogmas, with their beliefs, with their superstitions, illusions; how human beings have created sects, each one believing that they are going to lead mankind to a different kind of physical world and a so-called spiritual world. There have been various gurus, both in the West and in the East, with their peculiar beliefs and meditations and all that business. It is really a good business! And also how man has created armies and all the implements of war to destroy each other in the name of their country, honour, prestige, freedom – anything, an idea – to destroy each other. And also ideologically man again has divided himself as the totalitarians and the democratic group. While in one country there is absolutely no freedom – it is like living in a prison – and the others are free to do what they want to do. And also man had divided himself with his beliefs. Take in this little valley, if you observe, or if you have gone around, there are so many little sects, so many different congregations, different beliefs, different ideals, different prejudices, bias, and so on. They represent the world, which is similar, with their bias, conclusions, ideals, faiths, following this person and worshipping that person, that symbol or another kind of symbol in the East or in the West. Wherever you go you see this extraordinary phenomenon, that man, throughout his life, not only has broken the earth – the American earth, the English earth, the French and the Russian and the Asiatic world – but whatever he has touched has brought about misery. And also technologically, he has brought about great benefits. Technologically also, he has created wars. Pouvons-nous poursuivre ce dont nous parlions hier matin ? Pour ceux qui n'étaient pas ici hier, pouvons-nous répéter un peu de ce que nous disions ? Nous disions hier matin combien le monde est morcelé, divisé par le nationalisme, qui est en réalité une forme de tribalisme. Combien les religions ont divisé l'homme, avec leurs dogmes, leurs croyances, leurs superstitions, leurs illusions; la façon dont les êtres humains ont créé des sectes, chacun croyant qu'elles vont mener l'humanité à un monde physique différent, soi-disant spirituel. Il y a eu divers gourous, tant en Occident qu'en Orient, avec leurs propres croyances et méditations, et toute cette affaire. C'est vraiment une bonne affaire ! Nous avons aussi vu comment l'homme a créé des armées avec tous l'attirail de guerre pour s'entre détruire au nom de la patrie, de l'honneur, du prestige, de la liberté – n'importe quoi, une idée – pour s'entre détruire. L'homme s'est aussi idéologiquement divisé en groupes totalitaires et démocratiques. Tandis qu'un pays est totalement dépourvu de liberté – comme si l'on y vivait en prison – les autres sont libres de faire tout ce qu'ils veulent. Et l'homme s'est aussi divisé par ses croyances. Prenez par exemple cette petite vallée : si vous observez ou si vous l'avez parcourue, il y a tant de petites sectes, tant de congrégations, de croyances diverses, d'idéaux différents, de préjugés, de partis pris, etc. Tout cela reflète le reste du monde, qui est semblable, avec ses mêmes partis pris, conclusions, idéaux, credos, suivant telle personne, vénérant telle personne, tel ou tel symbole de l'Orient ou de l'Occident. Où que vous alliez, vous constatez ce phénomène extraordinaire, à savoir que tout au long de sa vie, l'homme n'a pas seulement morcelé la terre en terre américaine, terre anglaise, le monde français, russe, asiatique, mais tout ce qu'il a touché a engendré le malheur. Il a aussi généré de grands bienfaits dans le domaine technologique, mais a aussi usé de cette technologie pour créer des guerre.
6:11 And so we were saying yesterday the scientists have not helped man; he has helped him technologically but also he has helped to bring further wars – the atomic bomb and the conventional war. So the scientists have not basically, fundamentally brought about a mutation in man’s conditioning. Nor the politicians, nor the religious leaders, the organised belief, the organised faith, the organised, conventional worship of a symbol, of a person, of a saviour. None of those people have helped man to end his sorrow, his loneliness, his despair and anxiety, nor local priests nor the gurus. Apparently throughout the ages man has been led. There have always been political leaders, religious leaders, and of course national heroes – who kill the most. Et nous dision aussi hier que les scientifiques n'ont pas aidé l'homme; s'ils l'ont aidé technologiquement, ils l'ont aussi aidé à développer les guerres, – la bombe atomique et la guerre conventionnelle. Les scientifiques n'ont donc pas fondamentalement amené une mutation dans le conditionnement de l'homme. Pas plus que les politiciens, que les chefs religieux, que la croyance organisée, que la foi organisée, que l'idolâtrie conventionnelle organisée d'un symbole, d'une personne, ou d'un sauveur. Aucune de ces personnes n'a aidé l'homme à mettre fin à sa souffrance, à sa solitude, à son désespoir et son anxiété, pas plus que les prêtres ou les gourous. Il semble que l'homme se soit laissé guider à travers les âges. Il y a toujours eu des leaders politiques, religieux, et bien sûr des héros nationaux – les plus meurtriers de tous.
8:10 And observing all this, which is not a Western phenomenon, but also in the Asiatic world, observing all this, if one is at all serious, if one is at all concerned with man’s mind, his heart, his whole existence, he must either escape from it all through another form of isolation, commune, or become a monk or escape through some form of entertainment, amusement. Or, if he is at all serious, he has to answer for all this, he is responsible for all this. I do not know how serious the listeners are, but if you are serious, what is your responsibility towards all this? How far will you go in your responsibility, how deeply, how widely? Or limit oneself to one’s own little life, one’s own little experience, pleasures, and forget the vast human suffering, poverty – not be concerned or be concerned with one particular type of war, or be concerned with the ending of all wars, not only outward war but also the inward struggle of man, his eternal conflict within himself and with his fellow man. This has been the history of man. Thousands and thousands of years of evolution, man still remains as he was, probably a little modified, but basically he is cruel, violent, antagonistic, competitive, and so on. Quand on observe tout cela, et c'est un phénomène qui affecte autant l'Occident que le monde asiatique, quand on observe tout cela, pour autant que l'on soit un peu sérieux, que l'on se préoccupe tant soit peu de l'esprit de l'homme, de son coeur, de toute son existence, on voit qu'il lui faut soit fuir tout cela en adoptant une autre forme d'isolement, dans une communauté, soit devenir moine, soit fuir à travers diverses sortes de divertissements, d'amusements. Ou s'il est tant soit peu sérieux, il lui faut répondre de tout ceci, il en est responsable. J'ignore dans quelle mesure les auditeurs le sont, mais si vous êtes sérieux, quelle est votre responsabilité à cet égard ? Jusqu'où vous mènera votre responsabilité, à quelle profondeur, de quelle amplitude ? Ou se limitera-t-on à sa propre petite vie, à sa propre petite expérience, à ses plaisirs, oubliant l'immense souffrance humaine, la pauvreté, – sans se préoccuper ou se préoccupant de telle ou telle guerre, de la fin de toutes les guerres, non seulement de la guerre extérieure, mais aussi de la lutte interne de l'homme, du conflit incessant qui l'oppose à lui-même et à son prochain. Telle a été l'histoire de l'homme. Malgré des milliers et des milliers d'années d'évolution, l'homme demeure tel qu'il était, probablement un peu modifié, mais fondamentalement cruel, violent, antagoniste, compétitif, et ainsi de suite.
11:40 And, as we were saying yesterday also, each one of us thinks we are independent individuals with his own narrow problems and limited points of view. But when one begins to enquire deeply, as we are doing now, and I hope we can do this together, when we are enquiring deeply why human beings, after so many million years, why have we become like this – divided, fragmented, contradictory, confused, everlastingly seeking pleasure, never ending his sorrow, never comprehending his relationship to the world and to each other – why there is this infinite conflict between man and man. Et comme nous le disions aussi hier, chacun de nous se croit un individu indépendant, avec ses propres problèmes étriqués et points de vue limités. Mais quand on entreprend une recherche profonde comme nous le faisons maintenant, et j'espère que nous pouvons le faire ensemble, nous cherchons en profondeur la raison pour laquelle, après tant de millions d'années, les êtres humains sont devenus ainsi : divisés, fragmentés, contradictoires, confus, éternellement en quête de plaisir, ne mettant jamais fin à leur souffrance, ne comprenant jamais la nature de leur rapport au monde et entre eux, pourquoi il y a ce conflit sans fin entre homme et homme.
13:23 We were saying also yesterday morning that our consciousness – that is, what you are, what you think, what you feel, your reactions, your beliefs, your conclusions, your experiences, your knowledge, your fears, anxieties, loneliness, despair and sorrow and the fear of death – is common to all mankind. Wherever you go, man is conditioned to this state. Wherever you live, whether in the affluent society or in some poor village, in a hamlet far from civilisation, there too, man suffers, is desperately lonely, anxious, insecure, like the rest of the mankind. As we were saying also, seeing this, one begins to question whether there is individuality at all. Or, there is only humanity and you are humanity. Essentially, deeply, you are the rest of mankind. But unfortunately we have been educated, conditioned, both religiously and environmentally, educated to the idea that we are separate individuals, each one seeking his own particular salvation, particular happiness, particular enjoyment of life. And this has given a great sense of freedom, each one doing what he wants to do. That is choice. He thinks he is free, because he can choose. But the movement of choice is in the same field from one corner to another. This is not freedom. So we were saying yesterday our consciousness, which is our human, daily existence is the rest of humanity. And that consciousness in itself is contradictory, in itself broken up, fragmented. Nous disions aussi hier matin que notre conscience – c'est-à-dire ce que vous êtes, ce que vous pensez, ressentez, vos réactions, vos croyances, vos conclusions, vos expériences, votre savoir, vos peurs, anxiétés, votre solitude, désespoir, souffrance et la peur de la mort – est commune à toute l'humanité. Où que l'on aille, l'homme est conditionné à cet état. Où que l'on vive, que ce soit dans une société nantie ou dans un pauvre village, un hameau loin de toute civilisation, là aussi l'homme souffre, vit dans une solitude désespérée, dans l'anxiété, l'insécurité, comme le reste de l'humanité. Et nous disions aussi qu'au vu de tout ceci, on commence à se demander si l'individualité existe le moins du monde. Ou il n'y a que l'humanité, et vous êtes cette humanité. Essentiellement, profondément, vous êtes le reste de l'humanité. Mais malheureusement nous avons été éduqués, conditionnés, tant religieusement qu'environnementalement à l'idée que nous sommes des individus distincts, chacun recherchant son propre salut, son propre bonheur, son propre plaisir de vie. Et ceci a procuré un grand sentiment de liberté, chacun faisant ce qu'il veut. C'est le choix. Il pense qu'il est libre parce qu'il peut choisir. Mais le mouvement du choix se situe dans un même champ, d'un coin à l'autre. Ceci n'est pas la liberté. Nous disions donc hier que notre conscience, c'est-à-dire notre existence humaine quotidienne, est celle du restant de l'humanité. Et cette conscience est contradictoire, intrinsèquement morcelée, fragmentée.
17:22 As we were saying also, this is not a lecture. Lecture being: talking about a particular subject in view of giving further information about that subject. In that sense this is not a lecture. But we are thinking together, if that is at all possible. Thinking together, observing together this extraordinary phenomena, of what man has become, and what he has done with the world, with his own life, and with the life of the world around him. So we are observing very closely, impartially, dispassionately, what we are and what we have made of the world. So please, if you are at all serious, and one must be serious because the world is in a terrible state, there is tremendous danger for each of us. And so we are thinking together, observing together, not agreeing together, not seeing things as I see it or as you see it, with our own particular bias, our own prejudices, our own nationalistic, idiotic points of view, but rather be free to observe. Free to observe implies not to have any bias, to see exactly what is going on outwardly. If we do not see that accurately, then we will not be able to relate ourselves to that, accurately, precisely. If one observes clearly, without any motive, without any direction, just to observe as you would observe a mountain – it is there, majestic, silent, immovable. In the same way, to observe this extraordinary phenomena of man. Comme nous le disions aussi, ceci n'est pas une conférence. Une conférence a pour but de traiter un sujet particulier en vue de fournir davantage d'informations sur ce sujet. Dans ce sens là, il ne s'agit pas ici d'une conférence. Mais nous pensons ensemble, pour autant que ce soit possible. Nous pensons ensemble, observons ensemble ce phénomène extraordinaire qu'est devenu l'homme et ce qu'il a fait du monde, de sa propre vie, et de la vie autour de lui. Nous observons donc très attentivement, impartialement, sans passion, ce que nous sommes et ce que nous avons fait du monde. Alors, je vous en prie, si vous êtes tant soit peu sérieux – et il faut l'être, car le monde est dans un état terrible, nous courons, chacun de nous, un terrible danger – il nous faut donc penser ensemble, observer ensemble, sans être d'accord ensemble, sans voir les choses telles que vous et moi les voyons, avec nos propres préventions nos propres préjugés, notre propre point de vue stupidement nationaliste, mais plutôt être libres d'observer. Etre libre d'observer implique de ne pas avoir la moindre prévention, de voir exactement ce qui a lieu extérieurement. Si l'on ne voit pas précisément cela, on sera alors incapable de se relier à la chose avec justesse, précision. Si l'on observe clairement, sans aucun motif, sans aucune direction, on se contente d'observer comme on observerait une montagne : elle est là, majestueuse, silencieuse, immuable. De la même façon, il faut observer ce phénomène extraordinaire qu'est l'homme.
21:34 So we are together observing closely, hesitantly, attentively, this movement, this tide that goes out and comes in, which is: what we are, we create the world, and then by the world we are trapped. We have created this society, not each one of us, but our past generations, those and us have created this present immoral, destructive society. And we are trapped by that society. That society is made by each one of us. So we are responsible for that society. Whether it is possible, not to change society, but is it possible to radically, deeply, transform our conditioning, which is understand deeply our consciousness, which is what we are. Is it possible to transform, not into something, but to change, to bring about a mutation in the very structure and nature of our consciousness? That is the problem. That is the crisis. It is not a political crisis, economic crisis, or the crisis of war, but the crisis is in ourselves. And we apparently cannot face that crisis, or are unwilling to face it. And so we try to escape from that fact through various forms of entertainment – religious, political, football, and all the rest of it. Nous observons donc ensemble de près, avec hésitation, attentivement ce mouvement de flux et de reflux, c'est-à-dire : ce que nous sommes, nous créons le monde et puis nous sommes piégés par ce monde. Nous avons créé cette société, non pas vous et moi, mais nos générations précédentes qui, avec nous, ont créé cette société actuelle immorale, destructrice. Et nous sommes piégés par cette société. Cette société est l'œuvre de chacun de nous. Nous en sommes donc responsables. Il s'agit de savoir s'il est possible non pas de changer la société, mais de transformer profondément, radicalement notre conditionnement, autrement dit de comprendre en profondeur notre conscience, c'est-à-dire ce que nous sommes. Est-il possible non pas de la transformer en quelque chose, mais de changer, de susciter une mutation dans la structure même et la nature de notre conscience ? Tel est le problème. Telle est la crise. Ce n'est pas une crise politique, économique, ou une crise de guerre, mais une crise en nous-mêmes. Et nous ne pouvons apparemment pas faire face à cette crise, ou nous ne voulons pas la confronter. Et nous essayons ainsi d'esquiver ce fait à travers diverses formes de divertissements – religieux, politiques, du football et tout le reste.
24:31 Also, as we were saying yesterday morning, the content of our consciousness, the content being what you think, what you feel, your reactions, your longings, your despairs, your pleasures, your depressions, your faith, your dogmas, your sorrow, your beliefs, your desperate loneliness, and the fear of ultimate death, all that is your consciousness. That is what you are. And we are asking together whether the content can end. That is, the conditioning of human mind, human existence, can that be transformed? So we took yesterday the whole question of belief, which is part of our consciousness – the ideals, the faiths that divide man against man, the totalitarian ideology and the democratic ideology, the Catholic ideology and the Protestant ideology, their belief, their dogmas, their violence – the same in the Asiatic world. That’s part of our consciousness, as nationalism is part of our tribal consciousness. Whether that belief can end totally, completely, having no belief, ideals at all, but actually face facts as they are, not as they should be. Like each one of us seeing the fact of it, the truth of it, the reality of it, the logic of it, whether we can be free totally from belief, from ideals, ideology. This requires a great deal of investigation, attention, energy to find out how our minds are crippled with beliefs and ideologies, which is an actual escape from 'that which is’. And being incapable of meeting ‘what is’, we try to escape into some ideal; which we will go into more in detail as we go along. Et comme nous le disions aussi hier matin, le contenu de notre conscience, ce contenu étant ce que vous pensez, ressentez, vos réactions, vos aspirations, vos désespoirs, vos plaisirs, vos dépressions, votre foi, vos dogmes, votre souffrance, vos croyances, votre solitude désespérée, et la peur ultime de la mort, tout cela est votre conscience. C'est ce que vous êtes. Et nous demandons ensemble si le contenu peut cesser d'exister. C'est-à-dire, le conditionnement de l'esprit humain, de l'existence humaine, peut-il être transformé ? Nous avons donc traité hier de toute la question de la croyance, laquelle fait partie de notre conscience : les idéaux, les credos qui opposent l'homme à l'homme, l'idéologie totalitaire et l'idéologie démocratique, l'idéologie catholique et l'idéologie protestante, leur croyance, leurs dogmes, leur violence de même que dans le monde asiatique. Cela fait partie de notre conscience, de même que le nationalisme fait partie de notre conscience tribale. Il s'agit de voir si cette croyance peut totalement, complètement finir, que l'on n'ait plus la moindre croyance, le moindre idéal, mais de confronter les faits tels qu'ils sont, pas tels qu'ils devraient être. Que chacun de nous, voit le fait de la chose, sa vérité, sa réalité, sa logique, voit si l'on peut être totalement délivré de toute croyance, idéaux, idéologies. Ceci requiert énormément d'investigation, d'attention, d'énergie pour découvrir si nos esprits sont altérés par les croyances et idéologies qui constituent en fait une fuite devant 'ce qui est'. Et étant incapable de confronter 'ce qui est', on essaie de se réfugier dans un idéal quelconque, ce que nous verrons plus en détail quand nous avancerons.
28:25 And also we took yesterday this question of hurt, psychological, inward hurt of human beings; how each one of us from childhood till we die, we are always hurt by something or other. If you are aware of it as you are sitting there – I hope comfortably – whether one is aware that one is hurt, deeply hurt: by the parents, by the school, through comparison, through some kind of harsh word, through a gesture. And as we grow older we carry that hurt, consciously or unconsciously, deeply. And the consequences of that hurt are incredibly complex because when one is hurt, one is afraid of getting more hurt, and the action from that hurt, either neurotic, defensive, and to defend oneself further from being hurt and therefore fear involved in that hurt. That’s part of our consciousness. Et nous avons aussi abordé hier la question de la blessure, la blessure psychologique interne des êtres humains; comment chacun d'entre nous, de la naissance à la mort, est toujours blessé par une chose ou l'autre. Tout en étant assis là, confortablement j'espère, est-on conscient que l'on est blessé, profondément, par les parents, par l'école, pour cause de comparaison, d'une parole désobligeante, d'un geste. Et alors que l'on vieillit, on porte cette blessure, consciemment ou inconsciemment, profondément. Et les conséquences de cette blessure sont incroyablement complexes, car quand on est blessé, on a peur de l'être encore davantage, et il en découle des actes névrotiques, défensifs, pour tenter de se préserver d'autres blessures et cette blessure comporte donc de la peur. Cela fait partie de notre conscience.
30:39 As we said, that hurt is the image we have built about oneself. Each one has an image about himself: various types of masks, various qualities and variety of images he has built himself or society has given him the images, because it is one of these images that gets hurt. The image is me, the image is not different from me. We went into that yesterday. So whether it is possible to be totally, completely free from all hurts, never to be hurt. Then only the mind can flower, then only there can be proper human relationship with each other. So it is very important to find out whether it is possible to be entirely free of an image about oneself; and it is that image that gets hurt. We went into it somewhat in detail yesterday. Comme nous l'avons dit, cette peur est l'image que nous avons bâtie de soi. Chacun a une image de soi : une variété de masques, diverses qualités et images qu'il s'est bâties ou que la société lui a attribuées, et c'est une de ces images qui est blessée. L'image est moi, l'image n'est pas distincte de moi. Nous avons abordé cela hier. Il s'agit de savoir si l'on peut être totalement, complètement délivré de toute blessure, sans jamais être blessé. Alors seulement l'esprit peut-il fleurir, peut-il y avoir une relation humaine valable entre les uns et les autres. Il est donc très important de découvrir s'il est possible d'être entièrement délivré de l'image de soi; et c'est cette image qui se blesse. Nous avons quelque peu vu cela en détail hier.
32:29 So we should also go into the examination of the further content of one’s consciousness. That is, relationship with our fellow man, relationship with another, relationship with the most intimate person. In that relationship, as one observes in daily life, there is a great deal of conflict. There is a great deal of struggle, unhappiness, ultimately ending in divorce and finding another and beginning the same song again. This perpetual conflict between man and man, between man and woman; why? We accept this conflict, or, if we do not accept it and want to find a solution for it, we go to the professionals to help us: the psychologists, the priest, some authority, some specialist that will help us to get over our particular conflict with another. And apparently, as one observes, if you have also observed, this conflict doesn’t end. You may cover it over, you may run away from it, you may somehow forget it and accept it, but there is the conflict inwardly, in our relationship with all human beings, however intimate, however distant. We have never asked why. Whether that conflict between human beings, intimate or otherwise, can ever end. This is an important question to ask, because all life is relationship, whether you live in a monastery or in a commune or live by yourself in a little flat, you are still related. Life is a movement in relationship. And in that movement there is apparently a great deal of conflict and misery. This is part of our consciousness, submerged or on the surface. Why, after a million years with all the information that we have, all the information which has become our knowledge, has it not prevented us from this sorrow, conflict of this relationship? Nous devrions aussi aborder l'examen du reste du contenu de sa propre conscience, c'est-à-dire la relation que nous avons avec notre prochain, avec autrui, avec la personne qui nous est la plus intime. Cette relation, comme on peut l'observer dans la vie quotidienne, comporte énormément de conflit. Il y a énormément de lutte, de malheur pouvant mener au divorce et à la recherche d'un autre partenaire, pour reprendre le même schéma. Ce conflit perpétuel entre homme et homme, entre homme et femme; pourquoi ? Nous admettons ce conflit, ou si nous ne l'admettons pas et voulons le résoudre, nous nous adressons aux professionnels pour de l'aide : au psychologue, au prêtre, à une autorité quelconque, un spécialiste qui nous aidera à résoudre le conflit qui nous oppose à autrui. Et comme vous l'avez peut-être vous-même observé, ce conflit ne prend pas fin. On aura beau le dissimuler, le fuir, l'avoir peut-être oublié et accepté, il y a ce conflit intérieur dans nos rapports avec tous les êtres humains, si intimes ou distants soient-ils. On se s'est jamais demandé pourquoi. Si ce conflit entre êtres humains intimes ou non, peut jamais prendre fin. C'est une question qu'il importe de poser, parce que toute vie est relation; que l'on vive dans un monastère, dans une communauté ou seul dans un petit appartement, on est toujours en relation. La vie est un mouvement dans la relation. Et ce mouvement semble comporter énormément de conflit et de malheur. Ceci fait partie de notre conscience, que ce soit caché ou en surface. Pourquoi, après des millions d'années, avec toute l'information que nous avons, toute l'information qui est devenue notre savoir, cela ne nous a-t-il pas protégés de cette souffrance, du conflit dans la relation ?
36:34 Please ask yourself this question. I am not asking you to ask this question, it is a natural question. We have to face this problem and resolve it. If it is not resolved, if we live in conflict, we’ll inevitably create a society that will perpetuate this conflict. So please be serious, if you will, with regard to this question, because it is very important. We are facing wars; war is this ultimate result of our endless conflict within ourselves, conflict with our most intimate persons. So this a very serious question which one must find an answer to and resolve it. It is not an academic question, a theoretical question. It’s a human question, in which we are all involved, every day of our life. Why we live in conflict with our neighbour, whether that neighbour be far away or close by. Why we have this struggle, this conflict between man and woman, various forms of struggle – sexual, the struggle of each one pursuing his own desire, his own ambition, his own fulfilment or her fulfilment, each one trying to become something different from each other. This is an obvious, daily fact. You may meet in bed, but each one is pursuing different lives, that’s like two parallel lines never meeting – and this is called relationship, in which there is no actual sense of love, which we’ll go into. Posez-vous cette question s'il vous plaît. Je ne vous demande pas de vous poser cette question, c'est une question naturelle. Nous devons confronter ce problème et le résoudre. S'il n'est pas résolu, si nous vivons dans le conflit, nous créerons inévitablement une société qui perpétuera ce conflit. Alors soyez sérieux s'il vous plaît, au regard de cette question, car elle est très importante. Nous confrontons des guerres; la guerre est le produit ultime de notre conflit qui perdure intérieurement, du conflit avec nos intimes. C'est donc une question très sérieuse à laquelle il faut trouver une réponse, et la résoudre. Ce n'est pas une question académique, une question théorique. C'est une question humaine qui nous implique tous, chaque jour de notre vie. Pourquoi vivons-nous en conflit avec notre voisin, que celui-ci soit éloigné ou proche. Pourquoi avons-nous cette lutte, ce conflit entre homme et femme, luttes de nature diverses, – sexuelles, luttes de chacun ou chacune poursuivant ses propres désirs, sa propre ambition, son propre accomplissement, chacun s'efforçant d'être différent des autres. C'est un fait quotidien évident. Vous aurez beau vous retrouver au lit, chacun poursuit des modes de vie différents, comme deux lignes parallèles qui ne se rencontrent jamais et c'est ce qu'on appelle la relation, dans laquelle il n'y a pas de véritable amour, ce que nous allons voir.
40:05 Love is not pleasure, love is not desire, love is not seeking fulfilment, but we have made our relationship with each other a sense of fulfilment, pleasure, something to be desired. So why do human beings so technologically intelligent, such extraordinary capacity and energy, why human beings have not solved this most essential question, problem. You may meditate, you may seek enlightenment, you may follow the latest guru, the latest expression of whatever you are following, but if you have not solved this problem, all your spiritual attainments and technological achievements have no value at all. Because our life is relationship, our life is something that cannot be lived by yourself in isolation, and because we live or attempt to live in isolation, we are bringing about great catastrophe. As a group, as nations which are isolating themselves – the American, the British, the French, the Russian, the Indian, and so on. This is a form of isolation, and in that isolation they are trying to find security. There is no security whatsoever in isolation. Because ultimately human beings are being destroyed. Similarly, if we have not resolved this essential, basic question of relationship, which is at present isolating us from each other, this isolation must inevitably breed all kinds of misery, confusion, hatred, anger. So is it possible to have a relationship in which there is no conflict whatsoever? L'amour n'est pas le plaisir, l'amour n'est pas le désir, l'amour n'est pas une quête d'accomplissement, mais nous avons fait de notre relation réciproque un sentiment d'accomplissement, de plaisir, de désir. Pourquoi les êtres humains qui sont si techniquement intelligents, qui ont une aptitude et une énergie si extraordinaires, n'ont-ils pas résolu cette question si essentielle, ce problème. Vous aurez beau méditer, chercher l'illumination, suivre le gourou dernier cru, ou l'expression ultime de votre recherche, si vous n'avez pas résolu ce problème, tous vos aboutissements techniques et réalisations spirituelles n'ont pas la moindre valeur. Du fait que notre vie est relation, elle ne peut par nature se vivre dans l'isolement, et du fait que nous vivons ou tentons de vivre dans l'isolement, nous préparons une grande catastrophe : en tant que groupe, en tant que nations qui s'isolent – l'Américain, l'Anglais, le Français, le Russe, l'Indien, et ainsi de suite. C'est là une forme d'isolement, dans laquelle chacun essaye de trouver sa sécurité. Il n'y a aucune sécurité dans l'isolement, car les êtres humains sont en train de se détruire. De même, si l'on n'a pas résolu cette question essentielle, fondamentale de la relation qui nous isole à présent les uns des autres, cet isolement engendre inévitablement toute sorte de malheur, de confusion, de haine, de colère. Alors est-il possible d'avoir une relation qui ne comporte pas le moindre conflit ?
43:55 What is relationship? What does it mean to be related to another, not physically only, but much more psychologically, deeply, which conditions our physical activity. We always forget that: that we want to improve the environment as society, and we do all kind of legislative laws and so on. We never realise that psychologically if we are not clear what we do, we’ll bring about a rotten society. Psychologically it is more important to transform our own conflicts, not end merely the outward conflicts. I hope we understand this deeply. The psychological conflicts will inevitably produce world conflict. But we are trying to change the outward structure without fundamentally, psychologically, if I may use that word which is so abused, spiritually – if there is no fundamental basic transformation of the psyche, do what you will outwardly, what you have done outwardly will always be overcome by the psyche. As you see in the recent revolution of the Communists. They hoped through changing of the outward structure of society they would change man. And it has been totally the other way, which is so observable and known. Qu'est-ce que la relation ? Que signifie être relié à autrui, non seulement physiquement, mais bien plus, psychologiquement, profondément, ce qui conditionne notre activité physique. Nous oublions toujours ceci : nous voulons améliorer l'environnement de la société, et nous promulguons toutes sortes de textes législatifs, de lois, etc. Nous ne réalisons jamais que si nous ne sommes pas psychologiquement clairs dans nos actes, nous engendrerons une société pourrie. Psychologiquement, il est plus important de transformer nos propres conflits, que de se borner à mettre fin aux conflits extérieurs. J'espère que nous comprenons ceci en profondeur. Les conflits psychologiques produiront inévitablement un conflit mondial. Mais nous tachons de changer la structure extérieurement, pas fondamentalement, psychologiquement, spirituellement, si je puis me permettre ce terme tellement galvaudé – disons qu'en l'absence de toute transformation fondamentale du psychisme, faites ce que vous pouvez extérieurement, ce que vous aurez fait sera toujours dominé par le psychisme, comme cela se constate dans la récente révolution communiste. Ils espéraient qu'en changeant la structure extérieure de la société ils changeraient l'homme. Et c'est tout le contraire qui a eu lieu, de toute évidence.
46:38 So relationship is extraordinarily important. And why is there this division between man and woman, within himself, and with his neighbour; the whole process of relationship? Are you waiting for the speaker to explain it away? Why we live in conflict with each other, man, woman, and so on. Or, we are together observing this phenomena, observing, not trying to resolve it. To observe first and to understand how to observe, not how to resolve the problem, you understand? There is the problem: I am not married, suppose I am married, I have a wife, I am pursing my own desires, my own ambition, my own success and so on, and she is also doing the same thing, in a different form, and we may have sex, and all that, children, but we two are separate entities, pursuing our own goals, our own ways, our own fulfilment, doing our own thing, as you call it. And naturally, my wife and I are in contradiction, quarrel, irritation, not able to adjust, or not wanting to adjust. Because really, where there is love there is no adjustment. So what shall I do? What is my action, or non-action – please listen carefully – action or non-action, because non-action will be far more important than action. The negation is the most positive action. That is, to see the false and see the truth in the false, is to end the false. Just to observe. But we are all so eager to act, to do something about it. My wife and I quarrel, we disagree – you know all the rest of the ugly business that goes on; you are probably much more aware of it than I am. The terrible tension, the loneliness, the ugliness of it all! La relation est donc extraordinairement importante. Et pourquoi y a-t-il cette division entre l'homme, la femme, en lui-même et avec son voisin, tout ce processus de la relation ? Attendez-vous de l'orateur qu'il vous donne l'explication ? Pourquoi vit-on en conflit les uns avec les autres, l'homme, la femme, etc. Ou sommes-nous ensemble en train d'observer ce phénomène, l'observant sans essayer de le résoudre. D'observer d'abord et de comprendre comment observer, pas comment résoudre le problème, vous comprenez ? Voici le problème : je ne suis pas marié, mais supposons que j'ai une épouse, je poursuis mes propres désirs, ma propre ambition, ma propre réussite etc., et elle en fait de même, sous une autre forme, tout en étant liés sexuellement et tout cela, avoir des enfants, mais nous n'en sommes pas moins deux entités distinctes, poursuivant nos propres buts, nos propres voies, notre propre accomplissement, chacun étant à sa propre affaire, comme on dit. Et bien sûr ma femme et moi sommes en contradiction, d'où disputes, irritation, incapacité de nous adapter, ou ne le voulant pas. Car en vérité, là où il y a amour il n'a pas à s'adapter. Alors que vais-je faire ? Comment vais-je agir, ou ne pas agir – veuillez écouter attentivement – l'agir ou le non agir, car le non agir sera bien plus important que l'agir. La négation est l'action la plus positive qui soit. C'est-à-dire voir le faux, et voir le vrai dans le faux, c'est mettre fin au faux. Se contenter d'observer. Mais nous sommes tous si désireux d'agir, de faire quelque chose à ce propos. Ma femme et moi nous disputons, sommes en désaccord – et toute la suite de cette vilaine affaire qui se poursuit. Vous en êtes probablement bien plus conscients que moi-même. La terrible tension, la solitude, la laideur que tout cela implique !
50:56 Now, together, we are going to observe, not to resolve the problem – please listen carefully – not to resolve, not to end it, or try to find a solution for this; but together we will observe. That is, how you approach the problem, that is, how you look at the problem. The approach is far more important than the problem itself; isn’t it? If I am frightened of losing my wife, or – you know all that business, I don’t have to go into details of all that – my approach then is conditioned by my fear. And the solution then of the problem is conditioned by my fear, so it’s not resolved. You understand? So, the approach matters far more than the problem itself. If we could understand this one simple thing! So we are always concerned with the problem, the complexity of it, the analysis of the problem. Our mind is directed to the solution of the problem. The speaker is saying, don’t bother with the solution, but how you approach, how you come close to the problem, how you observe the problem is much more important than the problem itself. Have you got this? Even intellectually see this, verbally, that the solution is not important, what is important is how you come to the problem, how you look at the problem. Is the problem out there and you are approaching it, or – please listen – or, the problem is you. You understand? A présent, nous allons ensemble observer, non pas résoudre le problème – écoutez attentivement – pas le résoudre, pas le terminer, ni essayer d'y trouver une solution; mais nous allons observer ensemble. A savoir, comment vous abordez le problème, c'est-à-dire comment vous le regardez. L'approche est bien plus importante que le problème lui-même, n'est-ce pas ? Si j'ai peur de perdre ma femme, – vous connaissez tout cela, inutile d'entrer dans les détails – mon approche est alors conditionnée par ma peur. Et la solution du problème est alors conditionnée par ma peur, il n'y a donc pas de solution. Vous comprenez ? Donc l'approche est bien plus importante que le problème lui-même. Si nous pouvions seulement comprendre cette chose si simple ! Nous nous préoccupons toujours du problème, de sa complexité, de son analyse. Notre esprit est orienté vers la solution du problème. L'orateur dit, ne vous souciez pas de la solution; la façon dont vous abordez le problème, dont vous l'observez, importe bien plus que le problème lui-même. L'avez-vous saisi ? Voyez-le même intellectuellement, verbalement, à savoir que peu importe la solution, l'important est comment vous abordez le problème, comment vous le regardez. Le problème se situe-t-il là-bas, et vous vous en approchez, ou bien – écoutez je vous prie – ou bien le problème est vous. Vous comprenez ?
53:52 I won’t go into that for the moment, for that leads us somewhere else. So, as we are saying, the approach to the problem is all important. Right? Can we move from there? You are moving, I am not moving. We are saying, how you come to the problem, how you look at the problem, how you gather your energy to look at the problem. Is your approach directed, which means trying to resolve the problem, or have you a motive, and if you have a motive, you approach with that motive? So, when you approach with a motive, the motive is going to decide how you will deal with the problem. Whereas, if you have no motive – please, this demands accurate observation – when you have no motive and therefore no direction, then you are observing the problem purely, without any bias, without any discoloration. You are just observing it. Right? Are we doing this now as we go along? Please, this is not a game we are playing. It’s not an intellectual amusement on Sunday morning. This is very, very serious, because life is relationship. If we don’t understand that relationship, then we create havoc in the world, we destroy our children, we destroy each other – which we are doing now, through competition, through wars, through all the horror that man is doing. Laissons cela pour l'instant, car cela nous mènerait ailleurs. Donc, comme nous le disons, l'approche du problème est essentielle. Bien ? Peut-on procéder à partir de là ? C'est vous qui procédez, pas moi. Nous disons : comment abordez-vous le problème, comment le regardez-vous, comment rassemblez-vous votre énergie pour l'examiner. Votre approche est-elle orientée, ce qui signifie que vous essayez de le résoudre, ou vous avez un motif, et si c'est le cas, l'abordez-vous avec ce motif ? Ainsi, quand vous abordez avec un motif, celui-ci va décider de la façon dont vous traiterez le problème. Tandis que si vous n'avez aucun motif – attention je vous prie ceci demande une observation précise – quand vous n'avez aucun motif, et donc aucune direction, vous observez alors purement le problème, sans aucun détour, sans aucune décoloration. Vous l'observez simplement. Bien ? Est-ce ce que nous faisons en ce moment ? Je vous en prie, il ne s'agit pas pour nous d'un jeu. Ce n'est pas un amusement intellectuel du dimanche matin. C'est très, très sérieux, car la vie est relation. Si nous ne comprenons pas cette relation, nous provoquons alors des ravages dans le monde, nous détruisons nos enfants, nous nous détruisons mutuellement, – ce que nous sommes en train de faire, par la compétition, par les guerres, par toutes les horreurs que l'homme commet.
56:29 So together we are observing, why human beings cannot live at peace with each other. That is the fact, that’s an actual statement, not exaggerated, and our approach to it is either pure, non-personal objective observation or you are approaching it with a personal reaction. If you are approaching with a personal reaction, it will go on forever – the conflict. But if you approach it objectively, dispassionately, without any direction, you understand, what is then the state of your mind – please follow this – what is then the state of your mind which looks at the problem? You have understood this? Have you understood, somebody? All right, let’s put it the other way. Why is there conflict between man and woman, between man and man, you know, the whole relationship – why? Look at it please. Answer it to yourself, go into it yourself; don’t depend on me, on the speaker, he’s not worth it. He has no value. He is just a verbal entity, a telephone. But you have to find the answer, why. Is it – we are observing together, so you are not learning it from the speaker, he is not teaching you anything. Please understand this, he is not teaching you a thing! Therefore you are not his followers; he is not your authority, he is not your guru. They have all led you astray. Because they have never been able to solve this problem, or never tackled this problem. Nous observons donc ensemble la raison pour laquelle les êtres humain ne peuvent vivre en paix les uns avec les autres. Tel est le fait, c'est une affirmation véridique non exagérée, et notre façon de l'aborder découle soit d'une observation pure, objective, impersonnelle, soit vous l'abordez avec une réaction personnelle. Si vous l'abordez avec une réaction personnelle, le conflit se poursuivra à jamais. Mais si vous l'abordez objectivement, sans passion, sans direction aucune, vous comprenez, quel est alors votre état d'esprit – suivez ceci, je vous prie – quel est alors l'état de votre esprit qui examine le problème ? Vous avez compris cela ? Quelqu'un a-t-il compris ? Bien, exprimons cela autrement. Pourquoi y a-t-il conflit entre homme et femme, homme et homme, vous savez, tout le sujet de la relation, pourquoi ? Regardez la chose je vous prie, répondez-y, creusez-la vous-même, ne dépendez pas de l'orateur, il n'en vaut pas la peine. Il n'a pas de valeur. Il n'est qu'une entité verbale, un téléphone. Mais il vous faut découvrir la réponse, pourquoi. Nous observons ensemble, donc vous ne l'apprenez pas de l'orateur, il ne vous enseigne rien. Comprenez cela, je vous prie, il ne vous enseigne strictement rien ! Par conséquent vous n'êtes pas ses disciples, il n'est pas votre autorité, il n'est pas votre gourou. Ils vous ont tous égarés. Car ils n'ont jamais été capables de résoudre ce problème, ils ne s'y sont même pas attaqués.
59:40 So, in observing together, we are going to discover why this conflict exists, whether it is possible to end it completely, not theoretically, not for a day – end it. This conflict exists, must exist – I don’t want to tell you, because it becomes so silly. If I tell you, you will say, yes, that’s quite right, and then you are back. It isn’t something that you yourself have discovered. You know what happens when you discover something for yourself, psychologically? You have immense energy. And you need energy to free the mind of its conditioning. I quarrel with my wife, if I have one, or the girl, whatever it is – I quarrel with her because I am a lonely man. I want to possess her, I want to depend on her, I want her comfort, her encouragement, her companionship. I want to have somebody who will tell me that I’m marvellous. So I am building an image about her. And she also wants to be possessed, wants to fulfil in me, sexually, wants me to be something different from what I am. So, there is this, each one, living it may be for a week, or a day, or years, has built an image which becomes knowledge. Follow this, please follow this! Knowledge about each other. Knowledge – may I go into it a little bit? This is serious. Knowledge is destructive in relationship. Right? If you once understand this! I say, 'I know my wife' because I have lived with her, I know all her tendencies, her irritations, impetuosity, her jealousy, which becomes my knowledge about her: how she walks, how she does her hair, how she moves – you follow? I have collected a lot of information and knowledge about her. And she has collected a lot of knowledge about me. So the past – you follow? Knowledge is always the past, right? There is no knowledge about the future, predictable. So, we have knowledge about each other. Right? Nous allons donc, en observant ensemble, découvrir pourquoi ce conflit existe et s'il est possible d'y mettre totalement fin, pas théoriquement, pas pour un jour – y mettre fin. Ce conflit existe, inévitablement – je ne veux pas vous le dire, ce serait trop stupide. Si je vous le dis, vous direz : oui, c'est exact, et vous voilà de retour à la case départ. Ce n'est pas une chose que vous avez découverte par vous-mêmes. Savez-vous ce qui se passe quand vous découvrez une chose par vous-mêmes, psychologiquement ? Vous avez une immense énergie. Et il vous faut cette énergie pour libérer l'esprit de son conditionnement. Je me dispute avec ma femme, si j'en ai une, ou avec une petite amie, peu importe qui – je me dispute avec elle parce qu'étant seul je veux la posséder. je veux dépendre d'elle, je veux son réconfort, ses encouragements, sa compagnie. Je veux quelqu'un qui me dise que je suis merveilleux. Donc je me fabrique une image d'elle. Et elle aussi veut être possédée, veut s'accomplir en moi, sexuellement, me voulant différent de ce que je suis. Nous avons donc la chose suivante : chacun, pour une semaine peut-être, ou un jour, ou des années, s'est construit une image qui devient du savoir. Suivez bien ceci , je vous prie ! Un savoir réciproque. Le savoir – puis-je approfondir un peu cela ? C'est un sujet sérieux. Le savoir est destructeur dans la relation. N'est-ce pas ? Si vous compreniez au moins ceci ! Je dis 'je connais ma femme' parce que j'ai vécu avec elle, je connais toutes ses tendances, ses irritations, son impétuosité, sa jalousie, tout cela devient mon savoir : comment elle marche, comment elle se coiffe, comment elle se meut - vous suivez ? J'ai rassemblé énormément d'informations et de savoir sur elle. Et elle en a rassemblé autant sur moi. Ainsi, le passé – vous suivez ? – le savoir est toujours le passé, non ? Il n'y a pas de savoir prévisible sur l'avenir. Nous avons donc du savoir l'un sur l'autre n'est-ce pas ?
1:04:23 So we have to enquire a great deal into the question of knowledge: what place has knowledge in life? Are we together in this observation? Will knowledge transform man? What place has knowledge in the mutation or in the ending of conditioning? This is conditioning: I have conditioned her through knowledge, and she has conditioned me through knowledge. You are following all this? We are together in this? We are observing together? Please, I am not teaching you. You are observing with all your energy, with capacity to see this fact: that where there is knowledge in relationship, there must be conflict. I must have knowledge how to drive a car, how to write a sentence, how to speak English, or French, or Italian, whatever language it is. Or I must have technological knowledge; if I am a good carpenter, I must have knowledge about the wood, the tools I use and so on. But in relationship with my wife, or with a friend, whatever it is, that knowledge which I have gathered together, put together through constant irritation, constant separation, ambitions, this knowledge which I have acquired, that knowledge is going to prevent actual relationship with another. Right? Is this a fact, or is this merely a supposition, a theory, an idea? An idea is an abstraction of a fact. Right? The word ‘idea’ in Greek means to observe, to see, to come very close to perception, not make an abstraction which becomes an idea. So we are not dealing with ideas. But we are dealing with the actual relationship, which is in conflict, and that conflict arises when I have accumulated lots of information about her and she has acquired a lot about me. So, our relationship then is based on knowledge, and knowledge can never be complete, about anything in life. Please realise this. Knowledge must always go with the shadow of ignorance. Right? You can’t know about the universe. Astrophysicists may describe, but to be aware of that immensity, no knowledge is required through information; you have to have that mind that is so vast, so completely orderly, as the universe is, then that’s a different matter. Il faut donc se pencher avec soin sur la question du savoir : quelle est la place du savoir dans la vie ? Sommes-nous ensemble dans cette observation ? Le savoir va-t-il transformer l'homme ? Quelle place a le savoir dans la mutation, ou dans la fin du conditionnement ? Voici ce qu'est le conditionnement : je l'ai conditionnée par le savoir, et elle m'a conditionné par le savoir. Vous suivez tout cela ? Sommes-nous ensemble ici ? Nous observons ensemble. Je vous en prie, je ne vous instruis pas. Vous observez avec toute votre énergie, votre aptitude à voir ce fait que là où la relation repose sur le savoir, il y a inévitablement conflit. Le savoir nous est nécessaire pour conduire une auto, pour écrire une phrase, pour parler l'anglais, le français, ou toute autre langue. Ou il me faut du savoir technique; si je suis un bon menuisier, il me faut du savoir sur le bois, sur les outils dont je me sers, etc. Mais dans ma relation avec ma femme ou avec un ami, ou avec qui que ce soit, ce savoir que nous avons mutuellement accumulé, construit à travers des irritations continuelles, des séparations persistantes, des ambitions, ce savoir que j'ai acquis va empêcher que se noue une véritable relation avec l'autre. N'est-ce pas ? Est-ce là un fait, ou n'est-ce qu'une supposition, une théorie, une idée ? Une idée est une abstraction du fait. Bien ? Le mot idée en grec signifie observer, voir, venir très près de la perception, pas de faire une abstraction ce qui devient une idée. Nous ne nous occupons pas d'idées. Mais nous nous occupons du fait de la relation, laquelle est en conflit, et ce conflit surgit quand j'ai accumulé beaucoup d'informations sur son compte et qu'elle en a acquis beaucoup sur moi. Donc notre relation repose alors sur le savoir, et le savoir ne peut jamais être complet sur quoi que ce soit de la vie. Réalisez-le, je vous prie. Le savoir s'accompagne toujours de l'ombre de l'ignorance. N'est-ce pas ? Vous ne pouvez connaître l'univers. Les astrophysiciens peuvent bien le décrire, mais pour prendre conscience de cette immensité, aucun savoir n'est requis au moyen de l'information; il vous faut avoir cet esprit aussi vaste, aussi parfaitement ordonné que l'est l'univers, mais c'est là une autre histoire.
1:08:58 So similarly, knowledge in relationship brings about conflict. See the fact. Not accept the fact. See the fact that knowledge has importance in one direction, in the other it has not. The negation is the most positive – you understand? Right? Can we go from there a little more? That is: do we exercise will to end conflict? That is, to enquire whether will, which is positive action – ‘I want to end this conflict’ – whether that will will bring about the cessation of conflict, – we have done this before. Alors de même, le savoir dans la relation engendre le conflit. Voyez le fait. Ne l'acceptez pas. Voyez le fait que dans un sens le savoir a son importance, et dans l'autre il n'en a pas. La négation est ce qu'il y a de plus positif – vous comprenez ? N'est-ce pas ? Pouvons-nous avancer un peu plus là-dessus ? A savoir : nous faut-il un acte de volonté pour mettre fin au conflit ? Cela revient à chercher si la volonté, c'est-à-dire l'action positive – 'je veux mettre fin à ce conflit' – si cette volonté amènera la cessation du conflit – on l'a déjà fait.
1:10:20 So, it’s very important to understand the place of knowledge and knowledge as an impediment in relationship. Love is not knowledge, love is not remembrance. When there is no knowledge about her, I look upon her as a fresh, new human being, each day new. You know what it does? You are too learned, you are full of book knowledge, what other people have said. And that’s why this becomes awfully difficult to comprehend – a very simple thing like this. Il est donc très important de comprendre quelle est la place du savoir, et l'obstacle qu'il constitue dans la relation. L'amour n'est pas le savoir, l'amour n'est pas le souvenir. En l'absence de savoir sur son compte, je la regarde à neuf, comme un nouvel être humain, chaque jour renouvelé. Savez-vous ce que cela fait ? Vous êtes trop érudits, trop pleins de savoir livresque, de ce que d'autres ont dit. Et c'est pourquoi ceci devient si difficile à comprendre – une chose aussi simple que cela.
1:11:41 Again quarter to one. I’m sorry. We’ll continue next Saturday and Sunday, because we are dealing with a very complex problem of living. And that living is the understanding of the content of our consciousness. As long as we have not comprehended the totality of that consciousness we’ll always be in disorder. And disorder is the very nature of our consciousness. And that’s why we took faith, belief, hurt, relationship: it’s part of our consciousness. And out of this disorder order can be brought about, which we’ll talk about next Saturday and Sunday. Il est une heure moins le quart. Pardon. Nous continuerons samedi et dimanche prochains, car nous avons affaire à un problème très complexe de la vie. Et cette vie englobe la compréhension du contenu de notre conscience. Tant que nous n'avons pas saisi la totalité de cette conscience, nous serons perpétuellement en désordre. Et ce désordre est la nature même de notre conscience. Et c'est pourquoi nous avons traité de la foi, de la croyance, de la blessure, de la relation : cela fait partie de notre conscience. Et de ce désordre peut naître l'ordre, ce dont nous parlerons samedi et dimanche prochains.
1:12:59 May I get up now? Puis-je me lever à présent ?