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OJ82T3 - Nos esprits désordonnés peuvent-ils créer l’ordre ?
3ème causerie publique
Ojaï, Californie, USA
Le 8 mai 1982



1:22 May we continue where we left off last Sunday? We were talking about right kind of relationship. In most of our relationship, there is a great deal of conflict, struggle, lack of understanding each other and so on. We went into it very carefully. If you do not mind, we won’t go into it again today. That’s where we left off last Sunday when we met here. We pointed out how important it is to have right kind of relationship: man, woman, or with people who are far away from us. Because life is a relationship, is a movement in relationship; and apparently we have never been able to solve the problem of not having conflict in relationship. And we went carefully into that problem. And this morning we ought to talk about two things, order and fear. Pouvons-nous poursuivre là où nous en étions restés dimanche dernier ? Nous parlions de la relation juste. La plupart du temps notre relation comporte énormément de conflit, de lutte, de manque de compréhension mutuelle, etc. Nous avons approfondi cela avec grand soin. Si cela ne vous fait rien, nous n'y reviendrons pas. C'est là que nous en étions restés dimanche dernier. Nous avons indiqué combien il importe d'avoir une bonne relation : entre homme et femme, ou avec des gens qui nous sont éloignés. Car la vie est relation, un mouvement dans la relation; et il semble que nous n'ayons jamais été capables de résoudre le problème consistant à ne pas avoir de conflit dans la relation. Nous nous y sommes penchés avec soin. Et ce matin, nous devrions parler de l'ordre et de la peur.
3:24 What is order? That word has a great deal of significance – order from a general to his soldiers, order, ecclesiastic order, monastic order, order in one’s house, order in the garden and so on. That word has extraordinary meaning. We have tried to establish order in society, by laws, by authority, by policemen and so on. Society, the thing in which we are caught, is created by each one of us, by our parents, past generations, and that society is in disorder, confused. That society has almost become immoral, that society is breeding wars; enormous sums are spent on armaments. In that society there is division, conflict. There is the totalitarian society, and the so-called democratic society; whether it is the totalitarian or democratic there is still disorder, confusion, each individual asserting himself aggressively against others, and so there is general disorder. That disorder is created by all of us because we live in disorder. Our house is in disorder – not the physical house, but the psychological house, which is our consciousness – is in disarray, disturbed, broken up, contradictory. Qu'est-ce que l'ordre ? Ce mot a un sens très large – l'ordre d'un général à ses soldats, l'ordre ecclésiastique, l'ordre monastique, l'ordre dans sa maison, l'ordre dans le jardin, etc. Ce mot a un sens extraordinaire. On a essayé d'établir l'ordre dans la société, par des lois, par l'autorité, par le policier et ainsi de suite. La société, cette chose dans laquelle on est pris est créée par nous tous, nos parents, les générations précédentes, et cette société est dans le désordre, la confusion. Cette société est devenue quasiment immorale, elle engendre des guerres, des sommes énormes partent en armements. Cette société comporte la division, le conflit. Il y a la société totalitaire et la société soi-disant démocratique. Qu'elle soit totalitaire ou démocratique, il y règne toujours le désordre, la confusion, chaque individu s'affirmant agressivement contre les autres, d'où un désordre généralisé. Ce désordre est généré par nous tous, car nous vivons dans le désordre. Notre maison est en désordre – pas la maison physique, mais la maison psychologique, c'est-à-dire notre conscience – est dans le désarroi, perturbée, morcelée, contradictoire.
6:29 If one may point out, this is not an entertainment, intellectual or otherwise. We are talking about human problems. And this is – if I may again point out – this is not a lecture, a lecture being, giving certain information, having a discourse on a particular subject, with in view either to convince, or to do some kind of propaganda, and so on. This is not a lecture in that sense. But together we are investigating, we are exploring into the question of order and disorder. Our minds are in disorder – can such a mind create order, bring about order? That’s the first problem we have to face. Most of us, in our daily life, are in confusion, uncertain, contradictory, psychologically deeply wounded, psychologically having no right relationship with another. And in that relationship there is contradiction, disorder, disharmony, and so our life, probably from the moment we are born till we die, we live in disorder. One wonders if one is aware of it. S'il nous est permis de le souligner, ceci n'est pas un divertissement, intellectuel ou autre. Nous parlons de problèmes humains. Et, si je puis encore le rappeler, ceci n'est pas une conférence; l'objet d'une conférence étant de fournir certaines informations, de discourir sur un sujet particulier en vue soit de convaincre, soit de se livrer à une certaine propagande, etc. Dans ce sens là, ceci n'est pas une conférence. Mais ensemble, nous étudions, nous explorons la question de l'ordre et du désordre. Nos esprits sont dans le désordre; un tel esprit peut-il créer l'ordre, amener l'ordre ? C'est le premier problème auquel nous avons à faire face. Pour la plupart d'entre nous, la vie quotidienne est confuse, incertaine, contradictoire, nous sommes profondément blessés psychologiquement, n'avons pas de bons rapports avec autrui sur le plan psychologique. Et cette relation inclut la contradiction, le désordre, le manque d'harmonie, et ainsi va notre vie; probablement de notre naissance à notre mort, nous vivons dans le désordre. On se demande si l'on en est conscient.
8:57 We went into the question of what is to be aware, to be conscious, to recognise the fact that one is in disorder. If one is at all aware of that fact, and if one is, do we escape from it, seeking a solution, or accept a pattern of order, a design of order and therefore conform to a particular norm? Are we aware of all these psychological movements born out of disorder? And how does this disorder come about? Why, after so many millennia upon millennia, we live psychologically in disorder, and therefore outwardly in disorder. Outwardly our disorder is expressed in multiple forms, as nationality, division among people, religious divisions, wars and so on. Nous avons abordé la question de qu'est-ce qu'être lucide, être conscient du fait, reconnaître le fait qu'on est en désordre. Si l'on est tant soit peu conscient de ce fait, tentons-nous de le fuir en recherchant une solution, ou en acceptant un modèle d'ordre, un ordre établi afin de nous conformer à une certaine norme ? Sommes-nous conscients de tous ces mouvements psychologiques nés du désordre ? Et comment ce désordre survient-il ? Pourquoi, après tant de millénaires, vivons-nous psychologiquement dans le désordre, et donc extérieurement dans le désordre ? Extérieurement, notre désordre s'exprime sous de multiples formes, comme la nationalité, la division entre les peuples, les divisions religieuses, les guerres, etc.
10:48 So, we are asking: is it possible to be free of this disorder – the ending of disorder – and therefore the very ending is order. Order is virtue. You cannot possibly discipline a mind to become orderly. Because the entity who desires order, that entity himself is the result of confusion, and therefore whatever order it creates must bring about disorder. I hope we are all serious this morning, as we have pointed out over and over again, this is a serious affair. Life is becoming so terribly dangerous, uncertain. It is an actuality. And any serious person concerned with the whole problem of living must question all this: how does disorder come about, what is the root of it? When we ask a question of this kind, you are asking the question, not the speaker. You are asking the question of yourself and trying to find out the root of this disorder. Is it desire? Is it that the very nature and the structure of thought itself is disorder? That is, thought itself is disorder. We are asking that question. Does disorder arise out of desire? Does disorder arise out of the very act of thinking? That is, is thought the source of disorder? Probably most of us have not even asked such a question. We accept and live in disorder; we say that is our condition, and we must accept that condition. And so we become used to disorder, accept it and try to modify it. But we never ask of ourselves why we live in disorder psychologically,inwardly, within the skin as it were, and what is the root of it, the very substance that brings about disorder. Is it desire? Desire in itself is contradictory: wanting one thing and resisting something else, desire for happiness and doing everything that brings about unhappiness. Pursuing pleasure, the desire for pleasure and that very desire creates disharmony. Nous demandons donc s'il est possible d'être délivrés de ce désordre – la fin du désordre – et par conséquent la fin même du désordre est l'ordre. L'ordre est vertu. Il est impossible de discipliner l'esprit pour qu'il devienne ordonné, car l'entité qui désire l'ordre résulte elle-même de la confusion; tout ordre émanant d'elle ne peut qu'engendrer le désordre. J'espère que nous sommes tous sérieux ce matin, car, comme nous l'avons sans cesse indiqué, ceci est une affaire sérieuse. La vie devient si terriblement dangereuse, incertaine. C'est une réalité. Et toute personne sérieuse qui se préoccupe de tout le problème de la vie doit s'interroger sur tout cela : comment naît le désordre, quelle est sa racine ? Quand nous posons une telle question, c'est vous qui la posez et non l'orateur. Vous vous la posez à vous-même, essayant de découvrir la racine de ce désordre. Est-ce le désir ? La nature même et la structure de la pensée seraient-elles le désordre ? Impliquant que la pensée elle-même est désordre. Nous posons cette question. Le désordre émane-t-il du désir ? Le désordre émane-t-il de l'acte même de penser ? C'est-à-dire, la pensée est-elle la source du désordre ? Pour la plupart, on ne s'est peut-être même pas posé une telle question. On accepte de vivre dans le désordre; on dit que c'est notre condition et qu'il faut l'accepter. Et on s'y habitue donc, l'admettant et essayant de le modifier. Mais on ne se demande jamais pourquoi l'on vit dans le désordre, psychologiquement, intérieurement, sous la peau pour ainsi dire et quelle en est la racine, quelle est la substance même qui amène le désordre. Est-ce le désir ? Le désir en lui-même est contradictoire : vouloir telle chose et résister à telle autre, désirer le bonheur, et faire tout ce qui amène le malheur. Rechercher le plaisir – le désir du plaisir – et ce désir lui-même crée un manque d'harmonie.
15:43 So we are asking, seriously: is desire itself the root, the origin, the beginning of disorder? And then – if it is, we are not saying it is, because we are enquiring, we are going deeply into this very, very complex problem of desire. Desire has great energy, drive – desire for so many things: for power, position, for wealth, for freedom, for heaven, desire to live happily, comfortably, and this desire accumulates itself into will. Will is the essence of desire. So we must enquire what is desire, which may bring about disorder. We desire to have food, that is quite natural. We desire to have a house, a shelter, that’s also quite natural; to be clothed, that is quite natural. But psychological desires – for power, position, to become something beyond what one actually is, to achieve some idealistic state – there are so many kinds of desire, contradicting each other, and sometimes working together. So we should very carefully go into the question of why and what is the origin of desire. And whether it brings about disorder. Nous demandons donc sérieusement : le désir est-il lui-même la racine, l'origine, le commencement du désordre ? Alors, s'il l'est, – nous n'affirmons pas qu'il l'est car nous cherchons, nous pénétrons très profondément ce problème très complexe du désir. Le désir a beaucoup d'énergie, d'allant : on désire tant de choses : le pouvoir, la situation, la fortune, la liberté, le paradis, le désir de vivre heureux, confortablement, et ce désir s'accumule sous forme de volonté. La volonté est l'essence du désir. Il faut donc chercher ce qu'est le désir, qui pourrait engendrer le désordre. Nous désirons avoir de quoi manger, c'est très naturel. Nous désirons une maison, un abri, cela aussi est très naturel; d'avoir des vêtements, c'est très naturel. Mais les désirs psychologiques – de pouvoir, de situation, d'aller au delà de sa situation du moment, de parvenir à un certain état idéaliste – il y a tant de formes de désirs, parfois se contredisant, parfois se complétant l'un l'autre. Il faut donc aborder très prudemment la question de la raison d'être et de l'origine du désir. Et voir s'il engendre le désordre.
18:51 Please, we are not telling you what desire is, and then with which you agree or disagree; we are having a conversation together, we are as two friends talking over together the very, very complex problem of desire. So you are enquiring, not the speaker. The speaker is only verbalising, putting into words the enquiry which you are making. And if your brain is not active, merely listening to what is being said, then, it’s a verbal communication which has very little meaning. Explanations are not the actuality. The speaker may explain very carefully, as we go into it in detail, but those explanations are verbal, have no meaning. But the verbal explanations are a means of your own discovery which the speaker is putting into words. I hope this is perfectly clear, that the speaker is not conveying certain ideas, certain conclusions, but rather together we are observing the whole movement of desire, the nature of it, the inwardness of it, the origin of the beginning of desire. Nous ne somme pas en train de vous décrire la nature du désir, pour que vous soyez en accord ou en désaccord; nous menons ensemble une conversation, comme deux amis parlant ensemble du problème très complexe du désir. C'est donc vous qui faites la recherche, pas l'orateur. L'orateur ne fait que verbaliser, que formuler la recherche que vous êtes en train de mener. Et si votre cerveau est inactif, se contentant d'écouter ce qui est dit, c'est alors une communication verbale qui ne signifie pas grand chose. Les explications ne sont pas la réalité. L'orateur peut bien prendre la peine de vous en expliquer tous les détails, ces explications sont verbales et n'ont aucun sens. Mais les explications verbales sont les outils de votre propre découverte, que l'orateur formule en paroles. J'espère qu'il est parfaitement clair que l'orateur n'est pas en train de dispenser certaines idées, certaines conclusions, mais plutôt qu'ensemble nous observons tout le mouvement du désir, sa nature, son intériorité, l'origine et le commencement du désir.
21:25 In all religions throughout the world – organised religions, the accepted, authoritarian, orthodox religions – they have all said, suppress or transmute desire, identify your desire with that which is great, with that which is the Saviour, with that which is something you want to achieve, identify yourself with it. And so gradually suppress any contradictory, any sensual desires. This has been the edict of all religions, monasteries are based on it, the monks pursue it and the Asiatic monks, the sanyasis, do it in their own way. So desire has been condemned. We are not condemning it. We are not saying it must be suppressed or transmuted, or play around with it. We are together going into this very complex problem, observing, without motive – that is the whole point, without motive – just what is desire, which drives most of us, both commercially and psychologically. Please, don’t wait for me to think it out, to explain, if you are serious, you are going to go into this. Because we have to find out, if we can, whether it is possible to live an orderly, sane, rational, a holy life; not this conflicting, destructive, warlike existence. So what is desire? Why has it such enormous power in our lives? As we said, order is virtue. To become virtuous is desire; to have values established is a form of desire. You may have values, patterns, ideas, and so on, but if we do not understand the very movement of desire, whether it’s contradictory, whether it’s the origin of disorder, we must enquire very, very deeply what is desire. Is not desire born out of sensation? Sensory responses are part of desire. Sensation. That is, through observation, through optical perception, seeing, then contact, then sensation. Right? One sees a beautiful house with a lovely garden, and that very seeing brings about a sensation, from that sensation, the desire to own that house. Right? That is, the seeing, then the contact, then from that physical contact – sensation. This is obvious. Right? Can we go on from there? You see a woman or a man who is nice, nice-looking, especially as it is advertised in this country; and there is the very seeing, then the contact, then the sensation. Then – please watch carefully yourself – then thought creates the image. When thought creates the image, then desire arises. Right? That is, one sees a shirt, a robe in the window of a shop, goes inside, touches the material, then the very contact of it creates a sensation, then thought says, how nice that shirt or robe would look on me. At that moment desire begins. Have you understood this? Les religions du monde entier – les religions organisées, consacrées, orthodoxes et autoritaires – ont toutes dit qu'il faut réprimer ou transmuer le désir, identifier son désir à ce qui est vaste, à ce qui se rapporte au Sauveur, à la chose que l'on veut accomplir, à laquelle on s'identifie. Et ainsi progressivement réprimer tout désir contradictoire, sensuel. Tel a été l'édit promulgué par toutes les religions; des monastères se fondent là-dessus, les moines aspirent à cela et les moines asiatiques, les sannyasis, font cela à leur manière. Donc le désir a été condamné. Nous ne le condamnons pas. Nous ne disons pas qu'il doit être réprimé ou transmué, ni n'agissons dessus. Nous allons ensemble creuser ce problème très complexe, l'observer sans motif – c'est bien là toute la question, sans motif – voir tout simplement ce qu'est le désir qui mène la plupart d'entre nous, tant commercialement que psychologiquement. N'attendez pas que je l'énonce, que je l'explique, si vous êtes sérieux, vous allez vous y atteler. Car nous devons découvrir, si nous le pouvons, s'il est possible de vivre une vie ordonnée, saine, rationnelle, sainte; pas cette existence conflictuelle, destructrice, guerrière. Qu'est-ce alors que le désir ? Pourquoi exerce-t-il tant de pouvoir dans nos vies ? Comme nous l'avons dit, l'ordre est une vertu. Devenir vertueux relève du désir; avoir des valeurs établies est une forme de désir. Vous aurez beau avoir des valeurs, des schémas, des idées, etc., si le mouvement du désir n'est pas spécifiquement compris, qu'il soit contradictoire, qu'il soit à l'origine du désordre, nous devons chercher très, très en profondeur ce qu'est le désir. Le désir n'est-il pas issu de la sensation ? Les réponses sensorielles font partie du désir. La sensation : c'est-à-dire par l'observation, par la perception optique, vision, puis contact, et enfin sensation. N'est-ce pas ? On voit une belle maison avec un ravissant jardin; cette vision provoque d'elle-même une sensation; de cette sensation naît un désir de posséder cette maison. Bien ? C'est-à-dire la vision, puis le contact, et de ce contact physique, la sensation. C'est évident. N'est-ce pas ? Pouvons-nous poursuivre à partir de là? Vous voyez une femme ou un homme de belle allure, tels qu'ils apparaissent dans la publicité de ce pays; il y a la vision de la chose, puis le contact, puis la sensation. Ensuite – observez-vous avec soin, je vous prie – ensuite la pensée crée l'image. Quand la pensée crée l'image, le désir apparaît. N'est-ce pas ? Ainsi, on voit une belle chemise, une robe dans la devanture d'un magasin, on entre, on palpe le tissu; ce contact crée de lui-même une sensation; la pensée dit alors : comme cette chemise ou cette robe m'irait bien. Le désir naît à c'est instant. Avez-vous compris ?
29:05 Have we understood this clearly, that thought with its image creates desire when there is sensation. Right, sir? Are we together in this? And, if this is clear – don’t please accept what the speaker is saying, it may be totally wrong – but carefully look at this movement of desire, so that you yourself discover for yourself the whole nature of desire: how it begins, and whether disciplining desire is not the very act of confusion, disorder. Do you understand all this? Because in this there is the entity who controls desire, the entity who is separate from desire. Is desire itself not the observer, who wishes to change what he observes? I wonder if you see all this? May I go on with this? Please, sirs, don’t look at me. That’s not important. Find out for yourself the actuality of the beginning of desire. Not how to discipline desire – we’ll come to that presently. But we are just observing the whole movement of desire – the seeing, the contact, then the sensation, then thought creating the image which is the beginning of desire. I see your beautiful shirt, good material, well-made, then, if you’ll allow me to touch it, there is a certain sensation out of my sensory responses. Then I want that shirt. Thought says, how nice it would look on me, that shirt. That thought creating the image of me in that shirt is the beginning of desire. Clear? Avons-nous clairement compris que la pensée avec son image crée le désir lorsqu'il y a sensation. Bien Monsieur ? Sommes-nous ensemble ici ? Et si c'est clair – n'admettez pas ce que dit l'orateur, ce pourrait être totalement faux – regardez attentivement ce mouvement du désir pour que vous-même découvriez pour vous-même toute la nature du désir : comment il apparaît, et si le fait de discipliner le désir n'est pas précisemment l'acte de la confusion, du désordre. Comprenez-vous tout cela ? Car c'est là qu'est l'entité qui contrôle le désir, l'entité qui est distincte du désir. Est-ce le désir lui-même, pas l'observateur, qui souhaite changer ce qu'il observe ? Je me demande si vous voyez tout cela ? Puis-je poursuivre là-dessus ? Je vous en prie, ne me regardez pas. Ce n'est pas important. Découvrez par vous-même la réalité du commencement du désir. Pas comment discipliner le désir, nous y viendrons sous peu. Nous nous contentons d'observer tout le mouvement du désir – la vision, le contact, puis la sensation, puis la pensée créant l'image c'est-à-dire le début du désir. Je vois votre belle chemise, elle est faite d'un bon tissu, bien coupée, puis, si vous me permettez de la toucher, il y a une sensation qui émerge de mes réponses sensorielles. Puis je veux posséder cette chemise. La pensée dit, comme elle m'irait bien, cette chemise. Cette pensée qui crée l'image de moi portant cette chemise est le commencement du désir. C'est clair ?
33:04 Now, the question is, if that is so, which is logically so, there is no question of refuting that, that is a fact, not because the speaker says so, it is so. If you observe it, it is a movement. And then the question arises: why does thought interfere with sensation? You follow? I see you have got a marvellous car – that, I am quite sure, will appeal to all of you – a highly polished car. You see it on the road as you pass by, look at it, go round it, touch it; there is that sensation out of it. Then you imagine you sitting in the car and driving it. Then the imagination is the action of desire. Right? Is this clear? Now the question is: is it possible for thought not to interfere with its imagination? See that car, the sensation, and no thought creating the image of you being in there. You understand? That requires intense alertness, watchfulness. So there is no discipline, to control desire, but on the contrary, the intelligent observation of desire is in itself an act which frees the mind from the urgency of desire. A présent, la question est : s'il en est ainsi, ce qui est logique, il n'y a pas lieu de le réfuter, c'est un fait, non parce que l'orateur l'a dit, c'est ainsi. Si vous l'observez, c'est un mouvement. Et la question est alors : pourquoi la pensée se mêle-t-elle de la sensation ? Vous suivez ? Je vois que vous avez une superbe voiture, je suis sûr qu'elle vous plairait à tous : une voiture bien astiquée. Vous la voyez dans la rue, vous la regardez, en faites le tour, la touchez; Il en découle une sensation. Puis vous vous imaginez assis au volant, la conduisant. L'imagination est alors l'action du désir. N'est-ce pas ? Est-ce clair ? La question est donc celle-ci : la pensée est-elle capable de ne pas intervenir avec son imagination ? Percevoir cette voiture, la sensation, sans que la pensée ne crée l'image de vous assis au volant. Vous comprenez ? Ceci demande une grande lucidité, vigilence. Il n'est donc pas question de discipliner, de maîtriser le désir, mais au contraire, l'observation intelligente du désir est en elle-même un acte qui libère l'esprit de l'urgence du désir.
35:30 I hope you understand all this, because we have got to talk about something much more complex. If this is understood, then we should go on to ask: what is fear? What is the origin of fear, whether the mind, the psychological state, can ever be free totally, completely, from fear. Not say, it is possible or it is not possible. If you say either one or the other, that conditions your own state of enquiry. But, if there is the intelligent demand whether the mind of a human being, his psyche, his consciousness, can ever be free, completely, not partially, not one day be free of fear, the next day full of fear, but the entire movement of fear, conscious as well as deeply-rooted fear: whether it is possible for the human mind to be utterly free of it. Because fear is one of the factors of disorder, not only desire, but also fear. Most human beings are afraid: either physical fears or psychological, complicated fears. Fears of not fulfilling, fears of not becoming, fears in their relationship, fears of not having jobs – especially now, in this country there are ten million people unemployed – fear of darkness, fear of death, fear of the very act of living. There are so many, many forms of fear. Naturally, as one observes fear, the state of fear as one goes into it, you can see how fear creates disorder – fear of being secure and not being secure, fear of the past, fear of the present, fear of the future, which we all know. Most of us have experienced some kind of fear, urgently, very deeply, or superficially. When one is afraid, the whole psychological state becomes tightened, strained, you know all that. And where there is fear there is darkness and escape from that darkness. Then the escape becomes far more important than the fear itself. But fear always remains. J'espère que vous comprenez tout ceci, car nous devons parler de quelque chose de bien plus complexe. Si ceci est compris, nous devrions poursuivre et demander qu'est-ce que la peur ? Quelle est l'origine de la peur, et si l'esprit, l'état psychologique, peut jamais être totalement, complètement libre de la peur. Il ne s'agit pas de dire que c'est possible ou non. Si vous répondez d'une façon ou de l'autre, cela conditionne l'état de votre propre recherche. Mais si la demande porte intelligemment sur le fait de savoir si l'esprit d'un être humain, son psychisme, sa conscience, peut jamais être libre, complètement – pas partiellement, pas libre un jour et plein de peur le lendemain, c'est du mouvement global de la peur, qu'il s'agit, tant des peur conscientes que des peurs profondément enracinées – s'il est possible que l'esprit humain en soit totalement délivré ? Car la peur est un des facteurs du désordre, pas seulement le désir, mais aussi la peur. Les êtres humains, pour la plupart, ont peur : qu'il s'agisse de peurs physiques ou psychologiques, de peurs compliquées. Peur de ne pas accomplir, peur de ne pas devenir, peur en matière de relation, peur de ne pas avoir d'emploi – surtout aujourd'hui dans ce pays-ci où dix millions de personnes sont sans emploi – peur de l'obscurité, peur de la mort, peur de l'acte même de vivre. Il y a tant et tant de formes de peur. Naturellement, au fur et à mesure que l'on observe la peur, cet état de peur, on peut voir comme la peur crée le désordre : peur d'être en sécurité ou dans l'insécurité, peur du passé, peur du présent, peur du futur, nous les connaissons toutes. Nous avons, pour la plupart, éprouvé une peur ou l'autre, dans l'urgence, très profondément ou superficiellement. Quand on a peur, tout l'état psychologique se contracte, se crispe, vous connaissez tout cela. Et quand la peur se manifeste, tout s'obscurcit et l'on cherche à fuir cette obscurité. La fuite prédomine alors sur la peur proprement dite. Mais la peur demeure toujours.
40:04 So one asks, why human beings, who have lived on this earth for millions of years, who are technologically intelligent, why they have not applied their intelligence to be free from this very complex problem of fear. That may be one of the reasons for war, for killing each other. And religions throughout the world have not solved the problem, neither the gurus, nor the saviours, nor ideals. So if this is very clear: no outside agency, however elevated, however made popular by propaganda, no outside agency can ever possibly solve this problem of human fear. Alors on demande pourquoi les êtres humains, qui ont vécu sur cette terre pendant des millions d'années, qui sont techniquement intelligents, pourquoi n'ont-ils pas utilisé cette intelligence pour se libérer de ce problème très complexe de la peur. Ce pourrait être là une des raisons de la guerre, de ce qu'ils s'entretuent. Et les religions du monde entier n'ont pas résolu le problème, pas plus que les gourous, les sauveurs, les idéaux. Donc si ceci est très clair, aucun agent extérieur, si élevé soit-il, quelle que soit la popularité de sa propagande, ne pourra jamais résoudre ce problème de la peur humaine.
41:36 So we must find out – again, if one may repeat, you are enquiring, you are investigating, you are delving into the whole problem of fear. The speaker may only explain, but the explanation has no value unless you yourself go deeply into this question. And perhaps we have so accepted the pattern of fear that we don’t want even to move away from it. So, what is fear? What are the contributory factors that bring about fear? Like many small streams, rivulets that make the tremendous volume of a river, so what are the small streams that bring about fear, that have such tremendous vitality of fear? Is one of the causes of fear comparison? Comparing oneself with somebody else, psychologically. Obviously it is. So, can one live a life comparing yourself with nobody? You understand? When you compare yourself with another, ideologically, psychologically or even physically, there is the striving to become that, and there is the fear that you may not. It is the desire to fulfil and you may not be able to fulfil. You understand? Where there is comparison there must be fear. Nous nous permettons à nouveau de répéter ceci : c'est vous qui êtes en train de chercher, d'étudier, de creuser tout le problème de la peur. L'orateur ne peut qu'expliquer, mais l'explication n'a aucune valeur si vous n'approfondissez pas vous-même cette question. Peut-être avons-nous tellement admis le schéma de la peur que nous ne voulons même pas nous en écarter. Qu'est-ce alors que la peur ? Quels sont les facteurs qui contribuent à amener la peur ? C'est comme un réseau de petits torrents, de petits ruisseaux qui forment l'énorme volume d'eau d'un fleuve, alors quels sont ces petits ruisseaux qui amènent la peur, qui ont la formidable vitalité de la peur ? Une des causes de la peur serait-elle la comparaison ? Se comparer à quelqu'un d'autre, psychologiquement. C'est évidemment le cas. Alors peut-on vivre une vie en ne se comparant à personne ? Vous comprenez ? Quand on se compare à un autre, idéologiquement, psychologiquement ou même physiquement, on se démène pour l'égaler, d'où la peur de ne pas y arriver. Il y a le désir d'accomplir et la peur d'en être incapable. Vous comprenez ? Là où il y a comparaison, la peur est inévitable.
44:50 And so one enquires, asks whether it is possible to live without a single comparison, never comparing. Whether you are beautiful or ugly, fair or not fair, physically psychologically approximating yourself to some ideal, to some pattern of values, there is this constant comparison going on. We are asking: is that one of the causes of fear? Obviously. And where there is comparison there must be conformity, there must be imitation, inwardly. So we are asking: comparison, conformity, imitation – are they contributory causes of fear? And can one live without comparing, imitating, conforming psychologically? Obviously, one can. If those are the contributory factors of fear, and you are concerned with the ending of fear, then inwardly there is no comparison, which means there is no becoming. Right? Comparison entails – the very meaning of the comparison is to become that which you think is better, or higher, nobler and so on. So, comparison, imitation, conformity, which is becoming, is that one of the factors, or the factor of fear? We are not saying it is. But you have to discover it for yourself. Then if those are the factors, then if the mind is seeing those factors as bringing about fear, the very perception of those ends the contributory causes. Where there is a cause, there is an end. I hope you understand this. If there is physically a cause which gives you a tummy-ache, there is an ending of that tummy-ache by discovering what’s the cause of the pain. Similarly, where there is a cause there is an ending of that cause. Et l'on se demande alors s'il est possible de vivre sans la moindre comparaison, sans jamais comparer. Que l'on soit beau ou laid, blond ou pas, physiquement, se rapprochant psychologiquement d'un idéal quelconque, d'un modèle de valeur, cela implique cette incessante comparaison. Nous demandons : est-ce là une des causes de la peur ? Evidemment. Et là où il y a comparaison, il y a forcément conformité, il y a forcément imitation, intérieurement. Nous demandons donc : ces facteurs de comparaison, conformité, imitation contribuent-ils à la peur ? Et peut-on vivre sans comparer, sans imiter, sans se conformer psychologiquement ? Bien sûr qu'on le peut. Si ce sont là des facteurs contribuant à la peur, et si vous vous préoccupez de mettre fin à la peur, il n'y a alors intérieurement aucune comparaison, ce qui signifie qu'il n'y a aucun devenir. Bien ? La comparaison – le sens même du mot comparaison est devenir ce que vous pensez être préférable, plus élevé, plus noble, etc. Alors la comparaison, l'imitation, la conformité, c'est-à-dire devenir, est-ce là un des facteurs, ou le facteur de la peur ? Nous ne disons pas que ce l'est. Vous devez le découvrir par vous-même. Si ce sont bien là les facteurs, si l'esprit voit que ces facteurs engendrent bien la peur, la perception même de cela met fin aux causes qui y contribuent. Là où il y a une cause, il y a une fin. J'espère que vous le comprenez. S'il y a une cause physique qui vous donne mal au ventre, ce mal au ventre prend fin par la découverte de la cause de la douleur. De même, là où il y a une cause, il y a une fin à cette cause.
49:04 And, is time a factor of fear? That is, time as of the things or incidents or happenings that have taken place in the past, or that might happen in the future, and the present. Time is a movement, physically from here to that place, from one point to another point, a movement from one point to another point requires time. To learn a language requires time. To learn any form of technique requires time. But when we think about the future, what might happen – I have a job, I might lose it; my wife might run away, leave me – future. So is time – we are not talking of physical time, sunrise, sunset, movement of the watch, clock, chronological time – we are talking about psychological time. I am, I shall be and I might not be. So, is time a factor of fear? Not how to stop time, you can’t stop time, but to observe it first – we will go into it – but first observe the fact that one of the factors of fear is time. Let’s say I’m afraid of death – that’s in the future. So is time a factor of fear? Obviously it is. Then is thought a factor of fear? Do you understand all this? We said there are various contributory causes of fear – comparison, imitation, identification and this act of becoming something else – I am this, I must be that, and I may not be that, ever. And is time a factor in the movement of fear? Obviously it is. There is a distance between now, the living, and the dying, a distance from this point to that point. To move from this point to that point is fear. Right? Time is fear. Et le temps est-il un facteur de la peur ? Le temps étant constitué des choses ou des incidents ou événements qui ont eu lieu dans le passé, ou qui pourraient se produire dans l'avenir, et le présent. Le temps est un mouvement, physiquement d'ici à cet autre endroit, d'un point à un autre; un mouvement d'un point à un autre demande du temps. Il faut du temps pour apprendre une langue. Il faut du temps pour apprendre une technique quelconque. Mais quand on pense au futur, à ce qui pourrait arriver – j'ai un emploi, je pourrais le perdre; ma femme pourrait me quitter – le futur, c'est aussi le temps. Il ne s'agit pas du temps physique, le lever et le coucher du soleil, le mouvement de la pendule, le temps chronologique; nous parlons du temps psychologique : je suis, je serai et je pourrais ne pas être. Alors le temps est-il un facteur de la peur ? Pas comment le suspendre, on ne peut l'arrêter, – on va voir cela – mais commençons par observer le fait qu'un des facteurs de la peur est le temps. Disons que j'ai peur de la mort. Cela se situe dans le futur. Alors le temps est-il un facteur de la peur ? Il l'est évidemment. Alors la pensée est-elle un facteur de la peur ? Comprenez-vous tout ceci ? Nous avons dit que diverses causes contribuent à la peur : la comparaison, l'imitation, l'identification et cet acte de devenir autre chose – je suis ceci, je dois être cela, et je pourrais ne jamais l'être. Alors le temps est-il un facteur intervenant dans le mouvement de la peur ? Il l'est évidemment. Il y a une distance entre maintenant, le fait de vivre, et de mourir, une distance de ce point-ci à ce point-là. Se déplacer de ce point-ci à ce point-là est la peur. Bien ? Le temps est la peur.
53:33 So, next we are asking: is thought fear? It’s very important to find out. Is thought the root of fear? Time is the root of fear, obviously, as comparison and so on. And is thought also the root of fear? So, time and thought, are they not together? Are you following all this? Is this getting too complicated? Are you getting tired? It’s up to you. We are not trying to convince you of anything. We are not trying to ask you to follow the speaker. The speaker is you, the speaker is only pointing out the nature of fear. If you don’t see it for yourself, either your mind is dull because you have drunk too much last night, smoked too much, indulged in various forms of entertainment, sexual or otherwise; so your mind, your capacity, your energy is lacking, and therefore you’ll just listen, as a form of verbal entertainment, which will not affect your life. But if you are serious, if your brain is active, not just romantically watching the trees and, you know, playing with words. If you are really demanding to find out then you have to apply! Application means looking at it actually, now. Probably sitting here quietly under the trees you may not be afraid. But fear is going on unconsciously, deeply, whether you are aware of it or not now. Nous demandons ceci : la pensée est-elle la peur ? Il est très important de le découvrir. La pensée est-elle la racine de la peur ? Le temps est bien la racine de la peur, évidemment, comme la comparaison, etc. Et la pensée l'est-elle aussi ? Alors le temps et la pensée ne vont-ils pas de pair ? Suivez-vous tout ceci ? Cela devient-il trop compliqué ? Etes-vous fatigués ? Cela vous regarde. Nous ne cherchons à vous convaincre de rien. Nous n'essayons pas de vous demander de suivre l'orateur. L'orateur est vous-même, il ne fait qu'indiquer la nature de la peur. Si vous ne le voyez pas vous-même, soit votre esprit est vague car vous avez trop bu hier soir, trop fumé, soit que vous vous êtes complu dans des divertissements, sexuels ou autres, donc votre esprit, votre aptitude, votre énergie sont déficients, et vous vous contenterez d'écouter comme s'il s'agissait d'un divertissement, qui n'affectera pas votre vie. Mais si vous êtes sérieux, si votre cerveau est actif, ne se borne pas à fantasmer devant les arbres et jouer avec les mots, si la nécessité de le découvrir vous tenaille, il faut alors vous y appliquer ! S'appliquer signifie regarder la chose maintenant. Il se peut qu'assis tranquillement sous ces arbres vous n'ayez pas peur. Mais la peur chemine dans l'inconscient, profondément, que vous en soyez actuellement conscient ou non.
56:33 So we have said time, becoming, comparison with all the implications of that, are the factors of fear. And we are asking now whether thought itself is not one of the factors or perhaps the very major factor of fear. What is then thought? Thought compares, thought imitates, thought says, I am this, I must be that. I must fulfil, I must identify myself, I must be something. It’s all the movement of thought. And thought itself may be disorder. We are enquiring, please, go into it. We are not trying to point out that thought must be controlled. See that thought may be probably the major factor of fear. I was healthy last year, and I am not this year but I hope to be in perfect health next year. There is in that movement the thinking about the pain of last year, hoping not to be this in the future, is the movement of fear – thought. Right? So what is thought? Not, can thought ever stop and let nature take its own course, but we are enquiring into what is thought, what is thinking. There are several factors in that too. Just look at it simply. When you are asked your name, you respond immediately. Why? Because you have repeated your name so often there is no thinking about it. You may have thought about it at one time, but the constant repetition of your name is without thinking. If you are asked a complicated question, then you are searching, thought is looking all over the place, enquiring till it finds an answer. And when you are asked a very, very complex question, or a question of which you have never even thought about, you say, I don’t know. Right? Very few people say, I don’t know. You understand? That requires a great sense of humility not to know, – we’ll go into it some other time, that’s not important now. Nous avons donc dit que le temps, le devenir, la comparaison avec tout ce qui s'y implique, sont les facteurs de la peur. Et nous demandons à présent si la pensée elle-même en serait un des facteurs, peut-être même le facteur majeur de la peur. Qu'est-ce alors que la pensée ? La pensée compare, la pensée imite, la pensée dit je suis ceci et je dois être cela. Je dois accomplir, m'identifier, je dois être quelque chose. Tout cela est le mouvement de la pensée. Et la pensée elle-même pourrait être désordre. Nous cherchons, approfondissez cela, je vous prie. Nous n'essayons pas de souligner que la pensée doit être maîtrisée, mais de voir que la pensée pourrait être le facteur principal de la peur. L'année dernière j'étais en bonne santé, et ne le suis plus, mais j'espère être en parfaite santé l'année prochaine. Le fait de penser à la douleur de l'année dernière en espérant que cela n'ait pas lieu dans le futur est le mouvement de la peur – la pensée. Bien ? Alors qu'est-ce que la pensée ? Pas 'la pensée peut-elle jamais cesser, laissant la nature suivre son cours', mais nous cherchons ce qu'est la pensée, qu'est-ce que penser ? Ceci comporte également divers facteurs. Voyez le simplement. Quand on vous demande votre nom, vous répondez aussitôt. Pourquoi ? Parce que vous avez tant de fois répété votre nom, qu'il n'y a pas lieu d'y réfléchir. Vous y avez peut-être pensé à une certaine époque, mais la répétition continuelle de votre nom se fait sans réfléchir. Si l'on vous pose une question compliquée, vous vous mettez alors à chercher, la pensée se tourne dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle ait trouvé une réponse. Et quand on vous pose une question très compliquée, ou une question à laquelle vous n'avez jamais pensé, vous répondez 'je ne sais pas'. N'est-ce pas ? Très peu de gens disent je ne sais pas. Vous comprenez ? Ne pas savoir requiert une grande humilité – nous le verrons une autre fois, pas maintenant.
1:00:39 So what is thinking? Thought has created the extraordinary beautiful pictures, paintings, out of stone created something exquisite – the Pieta of Michelangelo, the great cathedrals. And also it created the submarines, the missiles, the atom bomb; thought has created the wars, the nationalities; thought has created all the rituals, religious rituals; thought has invented the Saviour; whether the Hindu saviour or the Christian saviour. So thought has done the most extraordinary things. The computer, which may take the place of human brain, and what’s going to happen to your brain when the computer does it? Which is again a different matter. Alors, qu'est-ce que penser ? La pensée a créé les plus merveilleux tableaux, les oeuvres picturales, elle a créé des choses exquises tirées de la pierre : la Pietà de Michel Ange, les grandes cathédrales. Et elle a aussi créé les sous-marins, les missiles, la bombe atomique; la pensée a créé les guerres, les nationalités; la pensée a créé tous les rituels, rituels religieux; la pensée a inventé le Sauveur; qu'il s'agisse du sauveur hindou ou du sauveur chrétien. La pensée a donc fait les choses les plus extraordinaires. L'ordinateur, qui pourrait remplacer le cerveau humain, et que va-t-il advenir de votre cerveau quand l'ordinateur y parviendra ? Là encore c'est une autre affaire.
1:02:16 So we must find out what is thinking. Wether that thought itself may be the origin of disorder and fear. We give such extraordinary importance to thought, to the intellectuals, to the scientists, to the people who create marvellous technological things. But those very people who have invented all this, the great scientists, they themselves live in disorder. They have never possibly enquired into why thought is given such an extraordinarily important place and thought may be in itself the origin of disorder and fear. We are going to enquire. You are going to enquire, not the speaker. He may explain – I must repeat this over and over again; he may repeat but if you yourself don’t apply, go into it, your sitting there listening to the speaker is utterly meaningless. It is a waste of time and your energy. From the ancient of days man has experienced an accident, a sensation, a danger, a pleasure, and this experience has left knowledge. He derives from that experience knowledge. Right? That knowledge is stored in the brain as memory. And from that memory thought arises. Right? So, thought is limited because experience is limited, knowledge is limited. So thought is limited. Thought is a material process because experience is a material process. There is an accident in a car, and that experience is remembered, which is knowledge, the remembrance of it is pain, which is thought. Right? So thought is a movement, from experience, knowledge, memory, thought. Again there is no question of anybody disputing that fact. If you have no experience, if you have no knowledge, no memory, then you are not thinking, you are just in a state of amnesia. But we are supposed to be thinking human beings. Nous devons donc découvrir ce qu'est penser. Si la pensée elle-même pourrait être à l'origine du désordre et de la peur. Nous avons accordé tant d'importance à la pensée, aux intellectuels, aux savants, à ceux qui créent ces merveilleux objets technologiques. Mais ceux mêmes qui ont inventé tout cela, les grands savants, vivent eux-mêmes dans le désordre. Il ne leur est jamais venu à l'esprit de se demander pourquoi une place tellement importante est faite à la pensée, la pensée qui pourrait elle-même être à l'origine du désordre et de la peur. Nous allons explorer. Vous allez explorer, pas l'orateur. Il peut expliquer – je dois répéter cela encore et toujours; il peut bien répéter, mais si vous ne vous y appliquez pas vous-même, l'approfondissant, le fait de rester assis là à écouter l'orateur n'a aucun sens. Vous y perdez votre temps et votre énergie. Depuis la nuit des temps, l'homme a fait l'expérience de l'accident, de la sensation, du danger, du plaisir, et cette expérience lui a laissé un savoir. Il retire un savoir de cette expérience. N'est-ce pas ? Ce savoir est emmagasiné dans le cerveau en tant que mémoire. Et de cette mémoire découle la pensée. N'est-ce pas ? La pensée est donc limitée, car l'expérience est limitée, le savoir est limité. Par conséquent la pensée est limitée. La pensée est un processus matériel, car l'expérience est un processus matériel. Il se produit un accident d'automobile, et cette expérience est remémorée, ce qui est le savoir, le souvenir en est douloureux, ce qui est la pensée. N'est-ce pas ? La pensée est donc un mouvement issu de l'expérience, du savoir, de la mémoire, de la pensée. Là encore, il n'est pas question de contester ce fait. Si vous n'avez aucune expérience, aucun savoir, aucune mémoire, vous ne pouvez alors penser, vous êtes dans un état d'amnésie. Mais nous sommes sensés être des êtres humains pensants.
1:06:32 So, knowledge is always limited – about anything. That is so. Thought has created the things in the cathedral, in the church, the rituals, and then thought worships them. You follow all this? Thought has created all the things that you call religious activity, thought has invented it. And then thought says, you must worship it. So one asks, thought is never sacred. It can never be sacred! But we have made certain things of thought sacred. Like God is an invention of thought. I know you won’t like this, but there it is. Donc le savoir est toujours limité – sur quoi que ce soit. Il en est ainsi. La pensée a créé les objets situés dans la cathédrale, l'église, les rituels, puis la pensée les vénère. Vous suivez tout cela ? La pensée a créé toutes les choses relevant de l'activité religieuse, la pensée a inventé cela. Et alors la pensée dit, il faut vénérer cela. On se demande alors si la pensée est jamais sacrée. Elle ne peut jamais l'être ! Pourtant nous avons sacralisé certaines choses de la pensée. De même, Dieu est une invention de la pensée. Je sais que cela ne vous plaira pas, mais voilà.
1:08:05 And so, is thought the beginning, the origin of fear? Thinking about the future, thinking about some happiness which I have not, thinking about death, thinking I might become – paralysed, etc. I might have cancer. So thought, time, are the same. Time and thought are the same. And the contributory causes of all this is thought. Now, the question then is, if thought is the origin of all fear, and therefore all disorder, if thought is the origin of disorder, fear, then what is one to do? You cannot stop thinking, thinking has its place. When you leave here you go to your house, that movement from here to there is an action of time and thought. Thought and knowledge are necessary when you are writing a letter, speaking a language, driving a car, any technological business, thought and knowledge are absolutely necessary. But we are asking: the accumulation of knowledge about the psyche, about yourself, and thinking from that knowledge, is that necessary? You understand this question? Please give your thought a little bit, your attention a little bit. Is it necessary to record psychological events? The insult, the flattery, the hurts, the contents of your consciousness, which is nationality, fear, belief, faith, rituals, habits – you know, the content of your consciousness, which is the psyche, which is you. Alors la pensée est-elle à l'origine de la peur ? Penser au futur, penser à un bonheur qui m'échappe, penser à la mort, penser que je pourrais être paralysé, etc., avoir un cancer. Donc pensée et temps sont une seule et même chose. Et les causes contribuant à tout ceci relèvent de la pensée. La question est alors : si la pensée est à l'origine de toute peur, et donc de tout désordre, si la pensée est l'origine du désordre, de la peur, alors que faut-il faire ? On ne peut arrêter la pensée, la pensée a sa place. Quand vous partirez pour aller chez vous, ce mouvement d'ici à là est l'action du temps et de la pensée. Pensée et savoir vous sont nécessaires pour écrire une lettre, apprendre une langue, conduire, mener des affaires techniques, là, la pensée et le savoir sont absolument nécessaires. Mais nous demandons : l'accumulation de savoir sur le psychisme, sur vous, et penser à partir de ce savoir, est-ce nécessaire ? Vous comprenez cette question ? Prêtez y un peu d'attention, je vous prie. Est-il nécessaire d'enregistrer des événements psychologiques ? L'insulte, la flatterie, les blessures, le contenu de votre conscience, à savoir à savoir : nationalité, peur, croyance, foi, rituels, habitudes, – vous savez, le contenu de votre conscience, c'est-à-dire le psychisme, qui est vous.
1:11:45 Can there be no psychological recording? Please ask yourself this question. Perhaps you have never asked it, because we record. You record an insult, you record a flattery. You record the hurts that one has received from childhood. You record your pleasurable activities, you record your fears. So is it possible for a brain to record what is necessary – that is, learning a language, doing business, being a good carpenter, engineer and so on – there you need to record everything very clearly, scientifically, and so on. But is it necessary to record psychological events, do you understand? That is, to carry psychological burdens all your life, psychological problems all your life: the conflicts, the misery, the confusion, the agony, the loneliness, the despair. Is it necessary to carry all that – which are the activity of thought? To find that out, whether it is possible not to record at all psychologically, that means to have no problem, you understand, sir? Fear is a problem to us. Order is a problem to us. Not to be something is a problem to us. Our life is a bundle of problems, both psychosomatic, physical, psychological, the whole thing, living is a problem to us. Which is the recording of everything, pleasure, pain, the loneliness, the fears and so on. We are asking: can the brain not record the incidents of fear? That is, to be aware of the whole pattern of fear, which is very complex, as we pointed out, it is very complex and intricate and one has to observe it very subtly, tentatively, sensitively. Peut-il n'y avoir aucun enregistrement psychologique ? Posez-vous cette question s'il vous plaît. Peut-être ne vous l'êtes-vous jamais posée, parce que nous enregistrons. Vous enregistrez une insulte, vous enregistrez une flatterie. Vous enregistrez les blessures reçues depuis l'enfance. Vous enregistrez vos activités agréables, vous enregistrez vos peurs. Alors, un cerveau peut-il n'enregistrer que ce qui est nécessaire, c'est-à-dire apprendre une langue, faire des affaires, être un bon menuisier, un bon ingénieur, etc.; là, il est nécessaire de tout enregistrer très clairement, scientifiquement, etc. Mais est-il nécessaire d'enregistrer les événements psychologiques, comprenez-vous ? C'est-à-dire, porter toute sa vie les fardeaux psychologiques, porter les problèmes psychologiques toute sa vie : le conflit, le malheur, la confusion, l'angoisse, la solitude, le désespoir. Est-il nécessaire de porter toutes ces choses qui sont l'activité de la pensée ? Découvrir cela, c'est-à-dire s'il est possible de ne rien enregistrer psychologiquement, signifie n'avoir aucun problème, vous comprenez, M. ? La peur est un problème pour nous. L'ordre est un problème pour nous. Ne pas être quelque chose est pour nous un problème. Notre vie est un paquet de problèmes, tant psychosomatiques, que physiques, que psychologiques, tout cet ensemble, vivre est pour nous un problème. C'est-à-dire l'enregistrement de tout, plaisir, douleur, solitude, peurs, et ainsi de suite. Nous demandons : le cerveau peut-il ne pas enregistrer les incidents liés à la peur ? C'est-à-dire être attentif à tout le schéma de la peur qui est très complexe; comme nous l'avons souligné, il est très complexe et confus, et il faut l'observer avec une grande subtilité, sensibilité.
1:15:35 Then if you observe it carefully, is the observer different from that which he observes? What he observes is himself, the observer is the observed. Where there is a division between the observer and the observed, there is conflict. Now, with the observer, which is the past accumulation of knowledge observing the present fear, there is a division, and then the past tries to overcome the present, control it. Whereas the thing that is observed is the observer. When that is absolutely clear conflict ceases. Therefore where there is the observation of fear as me – I am fear, obviously, there is no division between me and fear, I am totally fear, not that there is part of me which is not fear, I am that. And when there is total perception of that, which means giving all your energy to that, there is complete cessation of fear. There is the total ending of psychological fears – completely, not for a day. But that which is ended has a new beginning. Quand vous l'observez ainsi, avec soin, l'observateur est-il distinct de ce qu'il observe ? Quand il s'observe lui-même, l'observateur est l'observé. Quand il y a division entre l'observateur et l'observé, il y a conflit. Si l'observateur, qui est l'accumulation du savoir passé, observe la peur existante, il y a une division, de sorte que le passé cherche à dominer le présent, à le maîtriser. Tandis que la chose observée est l'observateur. Quand ceci est absolument clair, le conflit cesse. Donc quand on observe que la peur et moi ne faisons qu'un – je suis la peur, évidemment – il n'y a pas de division entre moi et la peur, je suis totalement la peur, aucune partie de moi n'est exempte de peur, je suis cela. Et quand il y a une perception totale de cela, ce qui signifie que l'on y consacre toute son énergie, une cessation complète de la peur a lieu. Les peurs psychologiques ont totalement pris fin – complètement, pas pour un seul jour. Mais ce qui a pris fin connaît un nouveau commencement.
1:17:36 Right, sir! May I get up now? Bien Messieurs ! Puis-je me lever maintenant ?