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OJ82T6 - Y a-t-il quoi que ce soit de sacré dans la vie ?
6ème causerie publique
Ojaï, Californie, USA
Le 16 mai 1982



0:25 I do wonder why you have all come. Is it out of curiosity? Or, it’s a lovely morning, it’s an outing for you. Or, are we serious enough to face all our problems, which are mounting, and find out for ourselves if we can resolve them? And as it is not possible to have a discussion with so many people or have a dialogue, then we can have a conversation together, which is, that you and the speaker are walking along a shady lane full of shadows and running waters, and are talking about their own problems, problems which confront all humanity, not only each one of us, but also what every human being in the world is going through. And as we were pointing out yesterday, we have assumed our consciousness as being something separate, personal, individual. But as one observes deeply, this consciousness, which is the common ground of all humanity, the common suffering, pain, anxiety, loneliness and great uncertainty and the everlasting search for security, is the problem of every human being in the world. It’s not your particular problem, it’s the problem, the issue of all human beings, whether they be Christian, Muslim, Hindu or Buddhist. Je me demande pourquoi vous êtes tous venus. Est-ce par curiosité ? Ou, par cette belle matinée, est-ce pour vous une sortie ? Ou sommes-nous suffisamment sérieux pour faire face à tous les problèmes qui se développent, et découvrir par nous-mêmes s'il nous est possible de les résoudre ? Et comme il est impossible de tenir une discussion avec avec tant de monde ou d'avoir un dialogue, nous pouvons avoir une conversation ensemble, de sorte que vous et l'orateur, cheminant ensemble sur une allée ombragée le long d'un cours d'eau, parliez ensemble de leurs propres problèmes, des problèmes que confronte toute l'humanité, pas seulement ceux de chacun de nous, mais ceux que traverse chaque être humain en ce monde. Et comme nous l'indiquions hier, nous avons admis que notre conscience était une chose distincte, personnelle, individuelle. Mais quand on observe profondément cette conscience, qui est le terrain commun à toute l'humanité, la souffrance commune, la douleur, l'anxiété, la solitude, la vaste incertitude et la recherche permanente de sécurité, c'est bien le problème de chaque être humain en ce monde. Il ne s'agit pas de votre problème particulier, mais de celui de tous les êtres humains, qu'ils soient chrétiens, musulmans, hindous ou bouddhistes.
4:00 So we are talking over together amicably, in a friendly spirit, the issues of our life. And as this is the last talk, we cannot go over all the things we have had a conversation about during the last five talks. But we can summarise the whole thing. Most of us are apt to take one special problem and try to resolve it. Or come here hoping that someone else will help you to overcome or resolve or transcend one’s particular problem. But if one examines more acutely, critically, every problem is related to all problems. They are interrelated; they cannot possibly be separated and, having separated them, try to resolve them individually or separatively. We talked about various things during the last five talks: fear, the nature of human beings who have been hurt all their life, psychologically, inwardly, and the consequences of that hurt. We went into that very, very carefully. Nous parlons donc ensemble amicalement, dans un esprit bienveillant, des sujets relatifs à notre vie. Et comme c'est notre dernière causerie, nous ne pouvons reprendre tout ce dont nous avons conversé lors des cinq dernières causeries. Mais nous pouvons en résumer l'ensemble. La plupart d'entre nous peut essayer de résoudre un problème particulier. Ou de venir ici en espérant que quelqu'un l'aidera à dépasser, résoudre ou transcender un problème particulier. Mais un examen plus précis, plus critique montre que tous les problèmes sont liés entre eux. Ils sont indissociables; il est impossible de les séparer et d'essayer de les résoudre individuellement ou distinctement. Lors des cinq dernières causeries nous avons parlé de choses diverses : de la peur, de la nature des êtres humains qui ont été blessés toute leur vie, psychologiquement, intérieurement, et de toutes les conséquences de cette blessure. Nous avons examiné cela avec grand soin.
6:15 And also we talked about relationship between human beings – man, woman, the neighbour, whether that neighbour be very, very far away. And in that relationship, however intimate, however personal, there is always conflict, there is always a certain sense of uneasiness, fear, domination, possessiveness, attachment. All these breed naturally struggle between two human beings. Conflict arises; and we went into that question whether that conflict can possibly end, or must it everlastingly continue from generation to generation? And also we talked about fear, which is a very, very complex problem. The contributory causes of that fear: conformity, comparison, imitation, trying to be something that you are not, and other factors bring about fear. We went into that very deeply. And also we talked about the continuation and the demand for pleasure, whether it is the religious pleasure or ordinary pleasure of life: sexual, the form of achievement, success, possession, money, prestige, status, and all that. Et nous avons aussi parlé de la relation entre les êtres humains : l'homme, la femme, le voisin – que celui-ci soit proche ou très, très éloigné. Et cette relation, si intime, si personnelle qu'elle soit, comporte toujours du conflit, une certaine impression de malaise, de peur, de domination, de possessivité, d'attachement. Toutes ces choses engendrent naturellement une lutte entre deux êtres humains. Le conflit naît; et nous avons abordé la question de savoir si ce conflit peut prendre fin ou s'il est voué à continuer éternellement de génération en génération ? Et nous avons aussi parlé de la peur qui constitue un problème très, très complexe. Les causes contribuant à cette peur sont : la conformité, la comparaison, l'imitation, le désir d'être autre chose que ce que l'on est, et d'autres facteurs qui engendrent la peur. Nous avons vu cela très à fond. Et nous avons aussi parlé de la continuité et de la quête du plaisir, qu'il s'agisse du plaisir religieux ou d'autres plaisirs ordinaires de la vie : sexuel, des formes de réussite, du succès, de la possession, de l'argent, du prestige, du statut social, et tout cela.
8:19 And yesterday morning we went into the question: what is love. Why do human beings yesterday morning we talked about why human beings have destroyed that one perfume – the absolute necessity in life – without which life has no meaning whatsoever. You may have lots of money, enjoy yourself on the sea, go to various churches, follow various gurus, accept various philosophies as the way of your life, but without that quality and that perfume, that passion – which is different from lust – that comes about when there is love. We went into that sufficiently, extensively yesterday morning. Et hier matin, nous avons abordé la question de la nature de l'amour. Pourquoi les êtres humains nous sommes-nous demandés hier matin ont-ils détruit ce parfum unique, cette nécessité absolue de la vie sans laquelle la vie n'a aucun sens. On aurait beau posséder beaucoup d'argent, profiter des joies de la mer, se rendre dans des tas d'églises, suivre divers gourous, adopter diverses philosophies comme mode de vie, mais sans cette qualité et ce parfum, cette passion – qui n'a rien à voir avec la luxure – cela n'apparaît qu'en présence de l'amour. Nous avons vu cela suffisamment en détail hier matin.
10:21 And also we talked about the ending of suffering: why human beings, so highly educated, in one direction so extraordinarily intelligent – in the technological world – why human beings who have lived on this marvellous earth millennia upon millennia, why they have not understood or ended suffering. Not only personal suffering but the suffering of mankind, where there is starvation, in Africa and in the East, in India, where poverty is destructive, degrading, and other economic problems which separate mankind. And we said without nationalism, a global interrelationship alone will solve all our outward economic social problems. We live on this earth together, it’s our earth, not the American earth, or the Russian earth, or the Hindu or the Buddhist or the Islamic world; it’s our earth, but we have divided it as the American, Russian, Chinese, Japanese, European and Hindu and so on. Where there is division – racial, economic, religious divisions – there must be conflict, there must be wars, and these wars have been going on for millions of years. And our intelligence, which we give to the technological world, we have not applied that intelligence to solve this problem of suffering. And we have the capacity, we have the energy, but apparently we are caught in a mechanistic world. Our culture is becoming more and more mechanical, it’s a mechanistic culture, which is not only where the machine becomes all-important, but also the culture, which is mechanistic, is to live a life of repetitiveness, to repeat over and over the same, with the same problems, with the same issues, with the same conflict. Et nous avons aussi parlé de la fin de la souffrance : pourquoi les êtres humains, qui sont tellement cultivés, tellement intelligents dans un certain sens – dans le monde technique – pourquoi ces êtres humains qui vivent sur cette merveilleuse terre de millénaire en millénaire, pourquoi n'ont-ils pas compris ou mis fin à la souffrance. Pas seulement la souffrance personnelle, mais celle de l'humanité qui est en proie à la famine en Afrique et en Orient, en Inde, où la pauvreté est destructrice, dégradante, et tous les autres problèmes économiques qui divisent l'humanité. Et nous avons dit que sans nationalisme, seul un mode de relation global pourra résoudre tous nos problèmes sociaux-économiques extérieurs. Nous vivons ensemble sur cette terre, c'est notre terre, pas la terre américaine, russe, hindoue, bouddhiste ou islamique; c'est notre terre, mais nous l'avons divisée en tant qu'Américains, Russes, Chinois, Japonais, Européens, Hindous, etc. Là où existe la division raciale, économique, religieuse, il y a inévitablement conflit, inévitablement guerres, et ces guerres se poursuivent depuis des millions d'années. Et cette intelligence que nous appliquons au monde de la technique, nous ne l'avons pas utilisée pour résoudre ce problème de la souffrance. Nous en avons la capacité, l'énergie, mais il semble que nous soyons pris dans un monde mécanique. Notre culture devient de plus en plus mécanique, c'est une culture dans laquelle une importance primordiale a été donnée à la machine, et de plus, son caractère mécanique consiste à mener un mode de vie répétitif, c'est-à-dire à répéter sans cesse la même chose avec les mêmes problèmes, les mêmes questions, le même conflit.
14:01 And we also talked yesterday, and we shall go into it more deeply this morning, why human beings have become what they are: shallow, superficial, having learned a great deal of life, accumulated a great deal of knowledge, and that knowledge apparently has not solved our human, daily conflict. So knowledge may be one of the factors of sorrow, which we talked about yesterday morning. Et nous avons aussi parlé hier, et allons y revenir plus à fond ce matin, de la raison pour laquelle les êtres humains sont devenus tels qu'ils sont, peu profonds, superficiels, ayant acquis beaucoup de connaissances sur la vie, beaucoup de savoir, savoir qui n'a apparemment pas résolu notre conflit humain de chaque jour. Le savoir pourrait donc être un des facteurs de la souffrance, dont nous avons parlé hier matin.
14:57 And we shall go into some other subjects this morning. But first, please, this is not a lecture, as it is generally understood. Lecture being, talking about a particular subject and being concerned with that subject to transmit it as clearly as possible to another. So this is not a lecture but rather a conversation between you and the speaker in which both of us are observing, thinking about the same problem, looking at the same mountain, the same trees, the blue sky, and so we are together, the speaker means that, honestly, together to observe these problems and to find out for ourselves, not according to some philosopher, not according to some priest, not according to authority of a guru and so on. To discard all that completely and observe for ourselves why we human beings have become so deplorably unhealthy psychologically. So please, though the speaker may put certain things into words, but the words are not the actual, the explanation is not that which is explained. As we talked about the other day too, we are caught in a network of words. And words become extraordinarily important: the word ‘American’ has an extraordinary significance to the people who live in this part of the world. Or the word ‘Communist’, ‘Socialist’, ‘Capitalist’, and so on, Baptist and Catholic. So words are not the actuality. The symbol is not the actual. So please, if one may point out most respectfully, what we are explaining, what we are going into, is merely explanation, usage of certain words, but the words, the explanation are not the real. Et nous allons aborder d'autres sujets ce matin. Mais veuillez considérer que ceci n'est pas une conférence, telle qu'on l'entend habituellement. Une conférence consiste à parler d'un sujet particulier, avec pour souci d'en communiquer le propos aussi clairement que possible à autrui. Ceci n'est donc pas une conférence, mais plutôt une conversation entre vous et l'orateur au cours de laquelle tous deux observons, pensons au même problème, regardons la même montagne, les mêmes arbres, le ciel bleu, et sommes donc ensemble; l'orateur l'entend bien ainsi, honnêtement ensemble pour observer ces problèmes et découvrir par nous-mêmes, non selon un certain philosophe, selon un certain prêtre, non selon l'autorité d'un certain gourou, etc. Il s'agit d'écarter complètement cela et d'observer par nous-mêmes pourquoi les êtres humains sont devenus si lamentablement malades psychologiquement. Veuillez donc garder à l'esprit que si l'orateur se sert de certains mots, ces mots ne sont pas la chose réelle, l'explication n'est pas la chose expliquée. Comme nous l'avons aussi dit l'autre jour, on est pris dans un réseau de mots. Et les mots prennent une importance extraordinaire : le mot 'américain' a pris une signification extraordinaire pour les gens qui vivent dans cette partie-ci du monde. De même pour les mots 'communiste', 'socialiste' 'capitaliste' etc., 'baptiste', 'catholique'. Les mots ne sont donc pas la réalité. Le symbole n'est pas le réel. Alors, s'il m'est permis de vous le signaler très respectueusement, ce que nous expliquons, ce que nous approfondissons n'est qu'une simple explication, un usage de certains mots, mais les mots, l'explication ne sont pas la chose réelle.
18:42 We ought to talk over together what is culture. The ordinary meaning of that word is to cultivate, as you cultivate vegetables, a garden, a rose bed. Culture implies, not a repetitive, mechanical existence, but to be free from the known and act from that freedom – that is actually culture. That is, we live always in the known. Please, kindly follow all this if you are interested. It’s a nice morning, and you may treat this gathering as an entertainment, which would be most unfortunate, as a kind of mental stimulation, a drug. But if you treat this as a form of stimulation, then you lose the reality of one’s own life, of one’s own shallowness, one’s own emptiness, one’s own fears, anxieties, and all the travail of life. So please, as the speaker puts it into words, examine that which he says for yourself. Because doubt, scepticism, is a great purifier. Most of us so easily accept things, specially in religious matters and so-called spiritual matters. There, authority assumes it knows and you don’t know. They act as interpreters. But it is necessary to discover what is truth – there must be doubt. And doubt in the Eastern world, in the Eastern religions, has been emphasised. In the Christian world doubt is an anathema, because if you doubt the whole structure of the church, whether it be local or from Rome or any other, if you doubt it then the whole thing collapses. So, in the Western world, doubt has been condemned; they have been burnt, those who doubted – called heresy – they have been tortured; as they are doing now to political prisoners in various parts of the world, it is the same phenomena. So, please don’t accept a thing that the speaker is saying but try to find out for yourself by carefully listening, if you are interested, if you don’t treat this as an entertainment. Then please listen and doubt and question and ask. You are doubting that which you have created yourself, you are doubting your own ideas, your own conclusions, your own experiences, your beliefs, your faiths. You are doubting so that you find out for yourself what is truth. Nous devrions parler ensemble de ce qu'est la culture. Communément, ce mot signifie cultiver, comme on cultive des légumes, un jardin, un parterre de roses. Le mot culture implique non pas une existence répétitive, mécanique, mais le fait d'être libéré du connu et d'agir à partir de cette liberté; voilà ce qu'est réellement la culture. En fait, nous vivons toujours dans le connu. Je vous en prie, suivez tout ceci si vous êtes intéressé. Il fait beau et vous pourriez prendre cette réunion pour un divertissement, ce qui serait bien dommage, comme une sorte de stimulation mentale, une drogue. Mais si l'on procède ainsi, on perd alors la réalité de sa propre vie, de sa propre superficialité, de sa propre vacuité, de ses propres peurs, anxiétés et toute la peine de la vie. Alors je vous en prie, pendant que l'orateur s'exprime, examinez vous-même ce qu'il dit. Car le doute, le scepticisme ont une grande vertu de purification. La plupart admettent si facilement les choses, spécialement en matière religieuse et soi-disant spirituelle. Leur autorité présuppose qu'elle sait et que vous ne savez pas. Ils agissent en tant qu'interprètes. Mais pour découvrir ce qu'est la vérité, le doute est nécessaire. Et dans le monde oriental, dans les religions orientales on a mis l'accent sur le doute. Dans le monde chrétien le doute est maudit, parce que si l'on doute de toute la structure de l'église, que ce soit au niveau local, romain ou autre, si l'on met cela en doute, alors tout s'écroule. Le doute a donc été proscrit dans le monde occidental; ceux qui ont douté ont été brûlés pour hérésie, torturés; comme cela se fait aujourd'hui pour les prisonniers politiques dans diverses parties du monde, c'est le même phénomène. Alors je vous en prie, n'admettez rien de ce que dit l'orateur, mais essayez plutôt de découvrir par vous-même, par une écoute attentive, si cela vous intéresse et si vous ne traitez pas tout ceci comme un divertissement. Alors veuillez écouter, douter, questionner et demander. En mettant en doute ce que vous avez vous-même créé, vous mettez en doute vos propres idées, conclusions, vos propres expériences, vos croyances, vos credos. Vous doutez afin de trouver par vous-même la vérité.
23:49 And that is very important, because truth demands a free mind, a mind that is completely free. And there is no path to truth, so please, as we are going into this very complex problem, let us listen carefully, with a certain quality of doubt. To doubt requires sensitivity. If you doubt everything, then it becomes rather stupid. But to doubt with a light hand, with a quick mind, with subtlety, then that doubt brings about clarity, energy. And we need energy to go into all these problems, to resolve them. Et c'est très important, car la vérité exige un esprit libre, un esprit totalement libre. Et aucun chemin ne mène à la vérité, alors, comme nous allons aborder ce problème très complexe, écoutons attentivement, s'il vous plaît, avec une certaine qualité de doute. Douter demande de la sensibilité. Si vous doutez de tout, cela devient plutôt stupide. Mais il s'agit de douter avec finesse, rapidité d'esprit, subtilité, et alors ce doute engendre clarté, énergie. Et cette énergie nous est nécessaire pour pénétrer et résoudre ces problèmes.
25:16 So we are asking, what is culture? Is it merely the mechanical repetition of the known? Which is, we live in the past, the past is our memory, the past is our knowledge through experience, and we live always in the past, in the known. And when we act from the known, it is repetitive. We must act in certain areas with knowledge; like a scientist, he has to have a great deal of knowledge; or a great surgeon must have experience, he must have operated upon many, accumulated knowledge, skill, and the sensitivity of hand – there knowledge is necessary. And knowledge, which is all our remembrances, all the past incidents, the hurts, the fears, the longings, the despairs, the desperate loneliness – all that is part of our past knowledge. And when we are acting from the past, it must be repetitive. And therefore the mind becomes mechanical. The computer is a repetitive machine, maybe quicker, faster than the human brain, but that machine is repetitive, as we human beings are. And so we are questioning any culture born from the past, from the known – obviously it is mechanical, repetitive. And so we are going to find out what is it that brings about a culture which is totally different from the mechanistic culture which we have accepted for thousands of years. Most of our minds, with some rare exceptions, are mediocre – forgive me if I use that word. One may think one is extraordinarily out of that class, but to think that you are out of that class is also a form of mediocrity. This is not an insult. We are examining together. Nous demandons donc, qu'est-ce que la culture ? N'est-ce qu'une simple répétition machinale du connu ? Ainsi, nous vivons dans le passé, le passé est notre mémoire, le passé est notre savoir acquis par l'expérience, et nous vivons toujours dans le passé, dans le connu. Et quand nous agissons à partir du connu, c'est répétitif. Il faut bien agir dans certains domaines à partir du savoir : comme un scientifique qui doit posséder énormément de savoir; ou un grand chirurgien à qui il faut de l'expérience, il doit avoir beaucoup opéré, accumulé du savoir, de la compétence et une grande sensibilité manuelle – là, le savoir est nécessaire. Et le savoir, c'est-à-dire tous nos souvenirs, tous les incidents passés, – blessures, peurs, aspirations, désespoirs, solitude désespérante – tout cela fait partie de notre savoir passé. Et quand nous agissons à partir du passé, c'est nécessairement répétitif. Et l'esprit devient par conséquent mécanique. L'ordinateur est une machine répétitive, peut-être plus rapide que le cerveau humain, mais cette machine est répétitive, comme nous autres êtres humains. Et donc nous mettons en doute toute culture née du passé, du connu : de toute évidence, elle est mécanique, répétitive. Et nous allons donc découvrir qu'est-ce qui fait naître une culture toute différente de la culture mécanique que nous acceptons depuis des millénaires. Pour la plupart, nos esprits sont médiocres, à quelques exceptions près; excusez-moi d'user de ce mot. On aurait beau se croire totalement hors de cette catégorie, mais le fait même de croire cela est aussi une forme de médiocrité. Ceci n'est pas insultant. Nous examinons la chose ensemble.
29:07 What is it to be mediocre? The word ‘mediocre’ comes from Greek, Latin, ‘climbing halfway up the mountain’. That’s the real meaning of that word, ‘mediocre’, never climbing all the way up, but being satisfied to climb halfway or one-third of the way. That is the meaning of that word ‘mediocre’. And our education, however wide, whatever knowledge one acquires through a particular subject, all these factors of education are limiting the mind. Have you noticed how, specially in this country, which is spreading this fact all over the rest of the world, how specialists, scientific specialists, the doctors, the surgeons, the philosophers, the psychologists and so on, they are ruling each one of us. They are the authority to tell you what to do. They are the experts: how to bring up a baby, how to have sexual relationship properly, how to make up your face. There are these authorities, and we all obey them. Our obedience has at certain times a revolt, but that revolt is merely a reaction and so it’s not complete comprehension of the understanding that all specialised knowledge is limited, as all knowledge is limited. And a culture born out of this limitation is no culture at all. There’s no American culture, or European culture. They can go back to the Renaissance, to the past history, but deep culture of the mind can only come about through freedom from the known. Can there be such freedom? Qu'est-ce qu'être médiocre ? Le mot 'médiocre' vient du grec, du latin : gravir à mi-hauteur la montagne. C'est le véritable sens de ce mot, 'médiocre' : ne jamais grimper jusqu'en haut, mais de se satisfaire d'avoir gravi la moitié ou un tiers du chemin. Tel est le sens de ce mot 'médiocre'. Et notre éducation, si étendue soit-elle, quelle que soit la somme de savoir que l'on acquiert sur tel ou tel sujet, tous ces facteurs éducatifs limitent l'esprit. N'avez-vous jamais remarqué, particulièrement dans ce pays-ci d'où la chose se répand dans le monde entier, à quel point les spécialistes, scientifiques, médecins, chirurgiens, philosophes, psychologues, etc., nous régentent les uns les autres. Eux sont l'autorité qui vous dicte quoi faire. Eux sont les experts : comment élever un bébé, comment avoir de bons rapports sexuels, comment se maquiller le visage. Eux sont les autorités, et nous leur obéissons. Notre obéissance se révolte parfois, mais cette révolte n'est qu'une réaction et ne constitue donc pas une compréhension de la totalité du fait que tout savoir spécialisé est limité, comme l'est d'ailleurs tout savoir. Et une culture née de cette limitation n'en est d'ailleurs pas une. Il n'y a pas de culture américaine ou européenne. Ils auront beau remonter à la renaissance, à l'histoire passée, la profonde culture de l'esprit ne peut que naître de la liberté à l'égard du connu. Une telle liberté peut-elle exister ?
32:28 We are going to talk about it together because only from a religion a new culture can come into being. Religion is not the authoritarian, the accepted form of religion: the state religion, the religion of belief, of faith, of dogma, of rituals, of worship a symbol – that is not religion, obviously. So we are going to enquire into what is religion. Do you understand? We’ve enquired into fear, into the nature of that extraordinary thing called love, whether human beings can ever end their suffering, their misery, their anxiety. And also we should enquire together into what is religion. Nous allons en parler ensemble car ce n'est que d'une religion que peut naître une nouvelle culture. Religion non dans l'acception autoritaire que l'on prête à ce terme, telle que la religion d'état, la religion de croyance, de foi, de dogme, de rituels, de l'adoration d'un symbole, rien de cela n'est la religion, évidemment. Nous allons donc nous pencher sur ce qu'est la religion. Comprenez-vous ? Nous nous sommes penchés sur la peur, sur la nature de cette chose extraordinaire que l'on appelle l'amour, sur la possibilité que les êtres humains puissent mettre fin à leur souffrance, leur malheur, leur anxiété. Et nous devrions aussi nous pencher sur ce qu'est la religion.
34:08 Man worships. there are still those people in the East who worship a tree, who worship a mountain. They give it in India to the Himalayas a special peace, a special name. And they worshipped at one time the earth, the trees, the heavens, the sun – as the Egyptians did. But we consider all that illusion, nonsense. And as we are so terribly sophisticated, we worship a symbol, pray to that symbol, to that saviour or, as in India, it’s another form of the same thing. Worship has been part of human life from the ancient of days. You may not worship a tree, but you go to the church or to a temple or a mosque and there you pray, you worship. There is not much difference between the worship of a tree, which is alone in a marvellous field of green earth, and the symbol that thought has created in the church, in the temple, or in a mosque. There is not much difference between the two because man suffers, he is in trouble, he doesn’t know to whom to turn to, so he invents a comforting god, which is, thought invents a god, and then worships that which he has invented. These are facts, whether you like it or not. You invent the whole rituals of Christianity, as in India, there are complicated rituals. And it is the invention of thought. And then thought says, that is divine revelation. I do not know if you have not noticed, in Asia, which includes India, and here, divine revelation plays an extraordinary part. But that divinity is brought about by thought. The interpreter of that divinity is the priest. He thinks and his thought has created various forms of rituals. L'homme vénère. En Orient, il y a encore ces gens qui vénèrent un arbre, qui vénèrent une montagne. En Inde, ils confèrent à l'Himalaya une paix particulière, un nom particulier. Et à une certaine époque ils vénéraient la terre, les arbres, les cieux, le soleil, comme le faisaient les Egyptiens. Mais pour nous, tout cela est illusoire, dénué de sens. Et comme nous sommes terriblement sophistiqués, nous vénérons un symbole, adressons nos prières à ce symbole, à ce sauveur ou, comme en Inde, à la même chose sous une autre forme. La vénération fait partie de la vie humaine depuis la nuit des temps. Vous n'adorez peut-être pas un arbre, mais vous allez à l'église, au temple, ou à la mosquée, où vous priez, vénérez. Il n'y a pas grande différence entre l'adoration d'un arbre solitaire et magnifique dans un champ verdoyant, et le symbole que la pensée a créé dans l'église, dans le temple ou dans une mosquée. Il n'y a pas grande différence, car l'homme souffre, il est dans l'angoisse, il ne sait vers qui se tourner, alors il invente un dieu réconfortant, c'est-à-dire que la pensée invente un dieu, puis adore le fruit de son invention. Ce sont là des faits, que cela vous plaise ou non. Vous inventez tout le rituel de la chrétienté, de même que l'Inde connaît d'autres rituels compliqués. Et c'est l'invention de la pensée. Puis la pensée dit que c'est la révélation divine. Je ne sais si vous l'avez remarqué. En Asie, y compris l'Inde et ici, la révélation divine joue un rôle extraordinaire. Mais cette divinité est engendrée par la pensée. L'interprète de cette divinité est le prêtre. Il pense, et sa pensée a créé les divers rituels.
38:21 So we are asking, is religion all this? Is religion based upon books, the printed word? Where religion is based on a book, whether it is the Christian, Hindu or Muslim, or the Buddhist, then there is dogma; the authority of the book becomes all-important; there is bigotry, narrowness of mind. Both the Muslim world and the Christian world are based on books: the Koran and the Bible. In India, fortunately for them, they have got a hundred books, hundred gods – no, more than that, three hundred thousand gods. Don’t please laugh. This is very serious. It sounds funny. And there they are tolerant, which means they put up with anything: false gods, true gods, any kind of illusion, any kind of assertions of any so-called religious man. Here in the West, as in the Muslim world, the book plays an extraordinarily important part. And therefore those who believe in the book, deeply convinced by every word in that book, they become bigoted, dogmatic, assertive, aggressive, and if they are not semi-civilised, they will kill. This is happening in the world. So is religion – the word ‘religion’, the etymological meaning of that word, is unknown. It arises from certain Latin words, which we’ll not go into, but it actually means, according to certain dictionaries, the capacity to gather all your energy to discover, to come upon that which is true. That is the root meaning of that word. So we are gathering our energy – all our energy, not a specialised energy, the energy of thought, the energy of emotions, the passionate energy – to enquire into what is truth. Alors nous posons la question : la religion est-elle tout cela ? La religion se base-t-elle sur les livres, sur la parole imprimée ? Là où la religion repose sur un livre, qu'elle soit chrétienne, hindoue, musulmane ou bouddhiste, il y a alors le dogme; l'autorité du livre devient prédominante; il y a bigoterie, étroitesse d'esprit. Les mondes musulman et chrétien sont fondés sur des livres : le Coran et la Bible. En Inde, heureusement pour eux, ils ont des centaines de livres, des centaines de dieux – non, plus que cela, trois cent mille dieux. Ne riez pas. Tout ceci est très sérieux. Cela paraît drôle. Et là, ils sont tolérants, ce qui veut dire qu'ils acceptent n'importe quoi : faux dieux, vrais dieux, toutes sortes d'illusions, toutes sortes d'affirmations proférées par de prétendus religieux. Ici en Occident, de même que dans le monde musulman, le livre joue un rôle extraordinairement important. Et par conséquent, ceux qui croient au livre, profondément convaincus par chaque mot de ce livre, deviennent bigots, dogmatiques, affirmatifs, agressifs, et s'ils ne sont pas un peu civilisés, ils se mettront à tuer. Voilà ce qui a lieu dans le monde. Alors la religion – l'étymologie du mot 'religion' est inconnue. Il vient du latin, mais laissons cela de côté; d'après certains dictionnaires il signifie en fait l'aptitude à rassembler toute son énergie pour découvrir, venir à la rencontre de ce qui est vrai. Tel est le sens originel de ce mot. Nous sommes donc en train de rassembler notre énergie – toute notre énergie et non une énergie spécialisée, l'énergie de la pensée, l'énergie des émotions, une énergie passionnée en vue d'approfondir ce qu'est la vérité.
42:07 And to go into it deeply, we must enquire also into what is thought, which has invented all the religions in the world. All the rituals, all the dogmas, the beliefs, the faiths – it is the result of thought. There is nothing divine about anything. Thought can say what I have invented is divine. But thought is not sacred, is not holy. So it is important to go into this question of what is thought. We have gone into it previously but the more you look at it, the more you enquire into the very nature of thought, the more complicated, the more it demands a subtle mind, it demands a quickness of mind, not a mechanical mind, not a mind that accepts, not a mind that acquiesces, but a mind that is doubtful, questioning, demanding, has this great energy. And when you give this total energy – not an energy which is partial because you are interested in some form of entertainment, or in some form of relief, in some form of comfort, then it is all partial energy. Whereas if you demand totally to understand the nature of human mind, why we live the way we are living, destroying the earth, destroying ourselves, wars, misery, then you have to give all your energy. And where there is this total energy, complete passion to understand, to find out a way of living which is totally different from mechanistic, repetitive way. Et pour aborder cela en profondeur, il faut aussi aborder la question de la nature de la pensée qui a inventé toutes les religions du monde, tous les rituels, tous les dogmes, les croyances, les credos, tout cela résultant de la pensée. Il n'y a rien de divin dans quoi que ce soit. La pensée peut prétendre que ce qu'elle a inventé est divin. Mais la pensée n'est pas sacrée, elle n'est pas sainte. Il est donc important de se pencher sur la question de ce qu'est la pensée. Nous avons déjà abordé cela, mais plus on l'examine, plus on approfondit la nature même de la pensée, plus c'est compliqué, plus il faut disposer d'un esprit subtile, d'une rapidité d'esprit, pas un esprit machinal, ni un esprit qui accepte, un esprit qui acquiesce, mais plutôt un esprit qui doute, questionne, exige, qui possède cette vaste énergie. Et quand vous exercez cette énergie globale – pas une énergie partielle parce que vous êtes en quête d'une sorte de divertissement, une sorte d'appaisement, de réconfort, il ne s'agit alors que d'énergie partielle. Tandis que si vous exigez de comprendre totalement la nature de l'esprit humain, pourquoi l'on vit d'une telle manière, détruisant la terre, nous détruisant nous-mêmes, les guerres, le malheur, il faut alors y appliquer toute son énergie. Et là où il y a ce summum d'énergie, cette passion absolue de comprendre, de découvrir un mode de vie totalement différent de la vie machinale et répétitive,
45:04 So we have to go into this question deeply once again: what is thought, why thought plays such an extraordinary importance in our life, in our relationship. Is thought love? Please enquire with the speaker; really the speaker is putting your question, it is not his question. You are putting this question for yourself. Thought has created the marvellous cathedrals, magnificent structures in Europe and some of them here. And thought also has put all those things inside the cathedrals and the churches and the temples and the mosques. So one asks: is thought sacred? Because it has put all this in these buildings and then you worship it. I wonder if one sees the illusion of this, the ironic, actual deception, that thought has invented the symbol, the ritual, the host, and the different things in India and Asia; thought has been responsible for all this – some of it being copied from the ancient Egyptians, from India, and so on. And then thought, having created this marvellous structure in stone, then inside it is all the symbols, the agony, and in the Asiatic world a different symbol. Then thought says, you must worship that. So we are asking, is thought sacred in itself? Or, it is merely – please listen to it, you may not agree, do not agree but enquire – is thought a material process? If it is not sacred, then it is a material process. But thought has invented these: heaven and hell, the saviours of the world, according to different religions, their rituals – it is all the result of thought. And then thought turns around and says, you must worship it. So we must find out for ourselves, not according to any authority in spiritual, religious matters. There is authority of the surgeon, that’s a totally different matter. But to discover, to come upon that which is eternal, if there is such thing as eternity, your mind must be free in all spiritual matters, in all psychic matters. That is, in the psychological realm, which is you, there must be total freedom to find out. il faut, là encore, aborder en profondeur la nature de la pensée, pourquoi la pensée joue un rôle aussi extraordinairement important dans notre vie, dans notre relation. La pensée est-elle l'amour ? Cherchez avec l'orateur, s'il vous plaît; en vérité, c'est votre question que pose l'orateur, ce n'est pas la sienne. Vous vous posez vous-même cette question. La pensée a créé les merveilleuses cathédrales, ces structures magnifiques en Europe, et ici pour quelques unes. Et la pensée a aussi placé toutes ces choses dans les cathédrales, dans les églises, dans les temples et dans les mosquées. On demande donc : la pensée est-elle sacrée ? Car elle a placé toutes ces choses dans ces constructions et puis vous les vénérez. Je me demande si l'on voit toute l'illusion, l'ironie, la duperie que tout ceci comporte; à savoir que la pensée a inventé le symbole, le rituel, l'hostie, et les autres choses en Inde et en Asie; la pensée a été responsable de tout cela, certaines choses ayant été empruntées aux anciens Egyptiens, à l'Inde, ainsi de suite. Et puis la pensée ayant créé ces merveilleuses structures en pierre, avec à l'intérieur tous les symboles, l'angoisse, et dans le monde asiatique une autre symbolique. La pensée dit alors 'vous devez adorer tout cela'. Notre question est donc : la pensée est-elle en soi sacrée ? Ou n'est-elle que – écoutez je vous prie, peut-être serez-vous en désaccord, ne soyez pas d'accord, mais cherchez – la pensée est-elle un processus matériel ? Si elle n'est pas sacrée, c'est alors un processus matériel. Mais la pensée a inventé ceci : le ciel et l'enfer, les sauveurs du monde, d'après les diverses religions, leurs rituels, tout cela résulte de la pensée. Puis la pensée dit : vous devez adorer cela. Nous devons donc le découvrir par nous-mêmes, pas selon une certaine autorité en matière spirituelle ou religieuse. Il y a l'autorité du chirurgien, là, c'est une toute autre affaire. Mais pour découvrir, venir à la rencontre de ce qui est éternel – pour autant qu'une telle éternité existe – votre esprit doit être libre de tous sujets spirituels, de tous sujets psychiques : ce domaine psychologique qui est vous-même, dont il faut être totalement libre pour pouvoir découvrir.
49:32 So we are going to enquire together the nature of thought. If you have no thought at all, you live in a state of amnesia, blankness, but that is a rare form of disease. But most human beings throughout the world, whether they are Hindus, Buddhists, Christians and so on, communists, the common factor is thought. They all think, whether they are extremely poor, uneducated, or the highly sophisticated, accumulated professor, or the cunning politician, or the highest authority of the church – they all think, as each one of us does, in our daily life. And that thought dominates our life. So it is very, very important, if one may point out, to understand the whole movement of thought. It has created great poetry, great painting, great sculpture, literature, and thought is necessary to do business, to drive a car and so on. What is thought? What is its origin, the beginning of thought? You are asking the question, not the speaker. Please, apply your own minds, brain, to enquire into this question. Because thought dominates every action in our life. Thought is the determining factor in relationship. So what is that thing called thought, the thinking machinery and the origin of it? Nous allons donc étudier ensemble la nature de la pensée. Si vous n'avez pas la moindre pensée, vous vivez en état d'amnésie, de néant, mais c'est là une forme de maladie rare. Mais chez la plupart des êtres humains de par le monde, hindous, bouddhistes, chrétiens, communistes, etc. le facteur commun est la pensée. Tous pensent, qu'il s'agisse de gens extrêment pauvres, ignorants ou hautement sophistiqués, d'un professeur érudit, d'un politicien rusé ou d'une haute autorité ecclésiastique – tous pensent, comme le fait chacun de nous dans sa vie quotidienne. Et cette pensée domine notre vie. Il est donc très important, s'il l'on peut le souligner, de comprendre tout le mouvement de la pensée. Elle est à l'origine des œuvres majeures en poésie, en peinture, en sculpture, en littérature, et la pensée est nécessaire dans les affaires, pour conduire, etc. Qu'est-ce que la pensée ? Quelle est son origine, comment est-elle née ? C'est vous qui posez la question, pas l'orateur. Je vous en prie, appliquez votre esprit, votre cerveau à cette recherche. Car la pensée domine chaque acte de notre vie. La pensée est le facteur déterminant de la relation. Alors, qu'est-ce qu'on appelle la pensée, le mécanisme penseur et son origine ?
52:14 Is not thought born out of memory? You remember where you live, the distance to be covered from here to where you are going, that’s knowledge, and that knowledge has been acquired through experience. So the beginning of thought is experience, knowledge, memory, stored up in the brain. Right? This is a fact, not exotic or absurd illusion. You remember something that happened yesterday, pleasurable or not, and that remembrance is stored in the brain, recorded in the brain, and from that record thought comes into being. So thought, whatever it does, is not sacred. It is a material process. Some of the scientists even agree to what the speaker has been saying for many years. They have experimented on rats, pigeons, and guinea pigs, dogs but they don’t experiment upon themselves. We are also matter, and science is concerned with matter. And if thought is a material process and thought, whatever it does, whether in the religious field or in the business field or in preparing for wars through a gathering of armaments, is the result of thought. Thought has divided people into this type of religious person, this type of human being who lives in certain part of the world, and so on. It’s thought that has divided human beings. And thought, because of its divisive nature, because thought is never complete, because born of knowledge, and knowledge is never total about anything, therefore thought is always limited, and separative, because – I won’t go into all that – it’s separative. Where there is separative action, there must be conflict: between the communists and the socialists, and the capitalists; between the Arab and the Jew, between the Hindu and the Muslim, and so on. These are all the divisive process of thought, and where there is division – that’s a law – there must be conflict. So nothing that thought has put together, whether in a book, in the church, in the cathedrals, in the temples or in the mosques, is sacred. No symbol is sacred. And that is not religion; it’s merely a form of thoughtful, superficial reaction to that which is called sacred. La pensée n'est elle pas née de la mémoire ? Vous vous souvenez du lieu où vous vivez, de la distance entre ici et l'endroit où vous allez; c'est le savoir, lequel a été acquis au moyen de l'expérience. Donc l'origine de la pensée est l'expérience, le savoir, la mémoire stockée dans le cerveau. N'est-ce pas ? C'est là un fait et non une quelconque illusion exotique ou absurde. Vous vous souvenez d'une chose qui a eu lieu hier, agréable ou pas, et ce souvenir est stocké, enregistré dans le cerveau, et la pensée émerge de cet enregistrement. Donc, quoi qu'elle fasse, la pensée n'est pas sacrée. C'est un processus matériel. Certains scientifiques sont même d'accord avec ce que dit l'orateur depuis des années. Ils l'ont expérimenté sur des rats, des pigeons, des cobayes, des chiens, mais pas sur eux-mêmes. Nous sommes aussi de la matière, et la science se préoccupe de la matière. Et si la pensée est un processus matériel quoi qu'elle fasse, que ce soit dans les domaines de la religion, des affaires, ou encore de la préparation à la guerre par le cumul d'armements, tout cela résulte de la pensée. La pensée a divisé les gens en tel type de personne religieuse, tel type d'être humain vivant dans une certaine partie du monde, etc. C'est la pensée qui a divisé les êtres humains. Et la pensée, du fait de son caractère diviseur, du fait de sa nature jamais complète, du fait de son origine issue du savoir, lequel n'est jamais complet sur quoi que ce soit, la pensée est donc toujours limitée et séparatrice, car... – je ne vais pas aborder tout cela – elle est séparatrice. Là où il y a action séparatrice, il y a inévitablement conflit : entre les communistes, les socialistes et les capitalistes; entre l'Arabe et le Juif, entre l'Hindou et le Musulman, etc. Tout ceci résulte du processus de division de la pensée, et là où il y a division – c'est une loi – il y a forcément conflit. Donc rien de ce que la pensée a construit, que ce soit dans un livre, dans l'église, dans les cathédrales, dans les temples ou dans les mosquées, n'est sacré. Aucun symbole n'est sacré. Et ce n'est pas de la religion, ce n'est qu'une sorte de réaction superficielle et réfléchie à ce qui a été appelé le sacré.
56:40 So we are going to find out, if we can this morning, giving our attention, our whole attention, to enquire what is sacred, if there is anything sacred at all. The intellectuals throughout the world deny all this. They are fed up with the religions, with their illusions and all that. They discard; they are rather cynical about the whole affair, because religious organisations throughout the world have great property, enormous wealth, great power – all that is not spiritual, all that is not religious. So, as we said, the word ‘religion’, the etymological meaning is unknown, but also the dictionary makes it clear that to enquire into what is truth one must gather all energy, the capacity to be diligent, to act, not according to a certain pattern, to diligently observe your thoughts, your feelings, your antagonisms, your fears and to go far beyond them, so that the mind is completely free. Nous allons donc découvrir, si possible ce matin, porter toute notre attention sur l'étude de ce qui est sacré, dans la mesure où une telle chose existe. Les intellectuels de par le monde recusent tout cela. Ils sont écœurés par les religions avec leurs illusions, etc. Ils les écartent, faisant preuve d'un certain cynisme sur toute cette affaire, car les religions organisées partout dans le monde ont d'énormes biens, une fortune considérable, un grand pouvoir; rien de cela n'est spirituel, n'est religieux. Comme nous l'avons dit, le mot 'religion', son sens étymologique est inconnu, mais le dictionnaire stipule clairement que pour chercher ce qu'est la vérité il faut rassembler toute l'énergie, toute la capacité nécessaires pour être diligent, agir non selon un certain schéma, mais pour observer avec diligence ses pensées, ses sentiments, ses rivalités, ses peurs et aller bien au delà de tout cela afin que l'esprit soit complètement libre.
58:31 Now we are asking, is there anything sacred in life? Not invented by thought, because man, from time immeasurable, has always asked this question: is there something beyond all this confusion, misery, darkness, illusions, beyond the institutions and reforms; is there something really true, something beyond time, something so immense that thought cannot come to it? Man has enquired into this. And only apparently very, very few people have been free to enter into that world. And the priest from ancient of times comes in between the seeker and that which he is hoping to find. He interprets, he becomes the man who knows, or thinks he knows. And he is side-tracked, diverted, lost. Nous demandons à présent : y a-t-il quelque chose de sacré dans la vie ? Pas inventé par la pensée, car depuis la nuit des temps, l'homme s'est toujourst posé la question suivante : y a-t-il quelque chose au delà de toute cette confusion, de ce malheur, de l'obscurité, des illusions, au delà des institutions et des réformes; y a-t-il quelque chose de fondamentalement vrai, au delà du temps, une chose tellement immense que la pensée ne peut l'aborder ? L'homme s'est penché sur cela. Il semble que très, très peu de gens aient eu la liberté de pénétrer ce monde. Et depuis la nuit des temps le prêtre s'immisce entre le chercheur et la chose que ce dernier espère découvrir. Il interprète, devient celui qui sait ou qui pense savoir. Et il s'égare, se disperse, il est perdu.
1:00:16 So if we want to enquire into that which is most holy, which is nameless, timeless, one must obviously belong to no group, no religion, have no belief, no faith, because belief and faith is accepting as true something which does not or may not exist. That is the nature of belief: taking for granted, accepting something to be true. When your own enquiry, your own vitality, energy has not found out, you believe. Because in belief there is some form of security, comfort. But a man who is seeking merely psychological comfort, such a man will never come upon that which is beyond time. So there must be total freedom. Is that possible? To be free from all our conditioning, not biological conditioning – that’s natural – but the psychological conditioning: the hates, the antagonisms, the pride, all the things that bring about confusion, which is the very nature of the self which is thought? And to find out, there must be attention, not concentration. The word ‘meditation’ has been introduced into the Western world quite recently by some of those people who have accepted certain norms, certain patterns of meditation. There is the Zen meditation, the Tibetan form of meditation which is different from the southern form of Buddhist meditation, there is the meditation of the Hindus, with their special gurus, who again have their own forms of meditation. Then there is the Christian form, which is contemplation. And the meaning of that word, ‘meditation’, implies, the meaning of that word is ‘to ponder over, to think over’. And also, a meditative mind must be free of measurement. Please don’t go to sleep, if you are interested. That is, the mind that’s in meditation we’ll go into that a little later, if we have time. Donc, si nous voulons étudier la chose éminemment sacrée, indiscible, intemporelle, il faut évidemment n'appartenir à aucun groupe, à aucune religion, n'avoir aucune croyance, aucune foi, car la croyance et la foi consistent à admettre en tant que vérité une chose irréelle ou qui pourrait ne pas exister. Telle est la nature de la croyance : admettre une chose comme un fait établi, comme une vérité. Quand votre propre recherche, votre propre vitalité, énergie, n'a pas trouvé, vous croyez. Car la croyance comporte une certaine sécurité, un certain réconfort. Mais celui qui se contente de chercher le réconfort psychologique ne rencontrera jamais ce qui se situe au delà du temps. La liberté totale est donc nécessaire. Est-ce possible d'être libre de tous nos conditionnements, pas du conditionnement biologique – ça, c'est naturel – mais du conditionnement psychologique, les haines, les rivalités, la fierté, toutes ces choses qui causent la confusion, c'est-à-dire la nature même du moi, c'est-à-dire la pensée ? Et pour le découvrir, il faut l'attention, pas la concentration. Le mot méditation a été introduit dans le monde occidental très récemment par ces personnes qui ont accepté certaines normes, certains modèles de méditation. Il y a la méditation zen, la méditation tibétaine qui diffère du modèle de méditation bouddhiste du sud, il y a la méditation des hindous, avec leurs gourous particuliers qui, là encore, ont leur propre forme de méditation. Puis il y a la méditation chrétienne, c'est-à-dire la contemplation. Et la signification de ce mot 'méditation' implique l'acte de peser, réfléchir à. De plus, un esprit méditatif doit être affranchi de la mesure. S'il vous plaît, ne vous endormez pas si ceci vous intéresse. L'esprit qui médite nous y reviendrons un peu plus tard si nous en avons le temps.
1:04:33 So all those people who have brought this word, with their systems, methods and practices, are again put together by careful thought. Perhaps one guru or two – those Asiatic birds – have some kind of experience; immediately that’s translated into some kind of a spiritual status, and they have their meditation. And they come here and you are gullible enough to swallow all that, paying for it – the more you pay, the greater the meditation. Donc tous ces gens ont amené ce mot, avec leurs systèmes, leurs méthodes et pratiques, qui sont là encore élaborés par une pensée attentive. Peut-être qu'un gourou ou deux – ces oiseaux asiatiques – ont une certaine expérience; cela est immédiatement traduit en une sorte de statut spirituel, et ils arrivent ici avec leur méditation; et vous êtes assez crédules pour avaler tout cela, moyennant finances, et plus vous payez, meilleure est la méditation.
1:05:25 So we ought to enquire into what is meditation – to meditate. It’s really important, because a mind that’s merely mechanistic, as thought is, can never come upon that which is totally, supreme order, and therefore a complete freedom. Like the universe is in total order, it is only the human mind that is in disorder. And so one has to have an extraordinarily orderly mind, a mind that has understood disorder – we went into that the other day – and is free completely from disorder, which is contradiction, imitation, conformity, and all the rest of it. Such a mind is an attentive mind, completely attentive to whatever it does, to all its actions, in its relationship, and so on. Attention is not concentration. Concentration is restricted, narrow, limited, whereas attention is limitless. And in that attention there is that quality of silence – not the silence invented by thought, not the silence that comes about after noise, not the silence of one thought waiting for another thought. There must be that silence which is not put together by desire, by will, by thought. And in that meditation there is no controller. And this is one of the factors in all the so-called meditative groups: in the systems they have invented there is always effort, control, discipline. Discipline means to learn – not to conform – to learn so that your mind becomes more and more subtle, not based on knowledge – learning is a constant movement. So meditation is freedom from the known, which is the measure. And in that meditation, there is absolute silence. Then in that silence alone, that which is nameless is. Nous devrions donc nous pencher sur ce qu'est la méditation, méditer. C'est vraiment important, parce qu'un esprit qui n'est que mécanique, comme l'est la pensée, ne peut jamais venir à la rencontre de la totalité, de l'ordre suprême, et par conséquent d'une liberté totale. L'univers est dans un ordre total, seul l'esprit humain est dans le désordre. Il faut donc avoir un esprit extraordinairement ordonné, un esprit qui a compris le désordre – nous avons vu cela l'autre jour – et donc complètement affranchi du désordre, c'est-à-dire de la contradiction, l'imitation, la conformité, etc. Un tel esprit est attentif, complètement attentif à tout ce qu'il fait, à tous ses actes, à ses rapports humains, et ainsi de suite. L'attention n'est pas la concentration. La concentration est restrictive, étroite, limitée, tandis que l'attention est sans limite. Et cette attention comporte une qualité de silence; pas le silence inventé par la pensée, ni le silence qui suit le bruit, ni le silence d'une pensée qui en attend une autre. Il faut que règne ce silence qui n'est pas suscité par le désir, la volonté, la pensée. Il n'y a dans cette méditation aucun organe de contrôle. Or c'est là un des facteurs présents dans les groupes soi-disant méditatifs : les systèmes qu'ils ont inventés comportent toujours l'effort, le contrôle, la discipline. Discipline signifie apprendre – pas se conformer – apprendre de sorte que l'esprit devienne de plus en plus subtil, sans se baser sur le savoir : apprendre est un mouvement. Donc la méditation est libérée du connu, c'est-à-dire de la mesure. Et il y a dans cette méditation un silence absolu. Et ce n'est que dans ce silence que se trouve l'indicible.
1:09:17 May we get up now? Peut-on se lever maintenant ?