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SA79T5 - Le désir et le temps sont-ils responsables de la peur?
5e causerie
Saanen, Suisse
17 juillet 1979



1:02 Krishnamurti: Before we go on to talk over what we have been talking the last four talks, one has been wondering, and you must also have been asking yourself, why we, who have gathered here, who have listened for so many years, why don’t we change? What is the root cause of it? Is there one cause, or many causes? We know what the world has become outwardly, more and more fragmented, more and more violent, more insane, one group fighting another group, where one cannot share all the energy of the world for all people, you know what is happening. And what is our relationship to that, to the world and to oneself? Are we separate from all that? If we are, which I question, if we are, are we so very radically different from the world about us? The competing gurus, the competing religions, the contradictory opposing ideas, and so on, what shall we do together to change ourselves? I am asking this in all seriousness: why we lead our lives as we live: our petty little ideals, vanities, and all the stupidities that we have accumulated, why is it we go on this way? K:Avant de poursuivre le propos de nos quatre derniers entretiens, nous nous sommes demandé - et vous aussi, peut-être - pourquoi, après tant d'années de réunion ici et d'écoute, pourquoi nous ne changeons pas. Quelle en est la vraie raison? Y a-t-il une cause ou plusieurs? Nous savons ce que le monde est devenu extérieurement, de plus en plus fragmenté, de plus en plus violent, plus insensé, clan contre clan, où l'énergie du monde n'est pas partagée avec tous, vous savez ce qui se passe. Quelle relation avons-nous avec cela, avec le monde et avec nous-mêmes? En sommes-nous distincts? Si c’est le cas - ce dont je doute - sommes-nous si radicalement différents de ce monde qui nous entoure? La rivalité des gourous, la rivalité des religions, la lutte et la contradiction des idées, etc. Qu'allons-nous faire, ensemble, pour nous transformer? C'est le plus sérieusement du monde que je demande pourquoi nous menons nos vies comme nous le faisons. Nos petits idéaux mesquins, nos orgueils, et toutes les stupidités que nous avons accumulées, pourquoi continuons-nous ainsi?
4:09 Is it we are frightened to change? Is it we have no desire or intention or urge to find a different way of living? Please, ask yourself these questions. I am asking these questions for you, I am not asking for myself. Why? What is the essence of this deterioration of the human mind and therefore the disintegration in action? You understand? Why is there this mind that has become so small, inclusive, not bringing everything and operating from the whole, but living in a small little courtyard? What is the root of it? Go on, sirs, think it, let us talk it over a little bit. Est-ce parce que nous avons peur de changer? Est-ce parce que nous n’avons ni le désir, ni l'intention, ni le besoin pressant de trouver une autre façon de vivre? Posez-vous ces questions, je vous prie. C'est pour vous que je les pose, pas pour moi. Pourquoi? Quelle est l'essence de cette détérioration de l'esprit humain et par conséquent de la désintégration dans l'action? Vous comprenez? Pourquoi cet esprit est-il devenu si étriqué, si fermé, n'englobant pas la totalité pour agir à partir de là, mais vivant en vase clos? Quelle est la racine de tout ceci? Allons Messieurs, réfléchissez-y, discutons-en un peu.
5:54 The other day you were asking: why is it that I have heard you for 52 or 40 years and I have not changed at all? There have been little changes, modifications, perhaps I am no longer a nationalist, no longer belong to any particular organised group of religious thinking, don’t superficially belong to any sect or to any guru, to all that circus that goes on. But deeply one remains more or less the same. Perhaps more refined, the self-centredness is a little less active, less aggressive, more refined, more yielding, a little more considerate, but the root remains. Have you noticed this? Why? We are talking about the eradication of that root, not the peripheral frills and the peripheral clipping. We are talking about the very root of one’s active, conscious or unconscious egocentricism. L'autre jour, vous demandiez : pourquoi, après vous avoir entendu pendant 52 ou 40 ans, n'ai-je pas changé du tout? Il y a bien eu des petits changements, des modifications. Il se peut que je ne sois plus nationaliste, je ne fasse plus partie d'un groupe organisé de pensée religieuse, que je ne m'engage plus à la légère dans une secte ou auprès d'un gourou, dans tout ce cirque-là. Mais au tréfonds de soi, on reste plus ou moins le même. Peut-être un peu amélioré, l’égocentrisme est un peu moins actif, moins agressif, plus raffiné, plus souple, un peu plus attentionné, mais la racine subsiste. L'avez-vous remarqué? Pourquoi? Nous parlons de l'extirpation de cette racine, pas de ses excroissances, ou d'épluchures de surface. Nous parlons de la racine même de notre égocentrisme actif, conscient ou inconscient.
8:05 Is it because we need time? Please, go into it. Time, that is, give me time. Man has existed for millions and millions of years, that root has not been uprooted and put aside. Time has not solved it. Right? Please, give your mind to this. Evolution, which is the movement of time, has not solved this. We have better bathrooms, better communications, and so on, but man, the human being is essentially what he has been a million years ago. It is a tragic thing if one realises it. And if one is serious, not just while you are here in this tent, serious right through your life, your daily life, don’t you ever ask: can this self-centred activity with all its problems, can it ever end? If you asked it seriously, and if one realises: time, thought – we went into it the other day – time and thought are similar, they are the same movement, and thought and time have not solved this problem. And that is the only instrument we have. And we never seem to realise that instrument, which is the movement of thought, however limited, that movement cannot solve the problems. And yet we hold on to that. We hold on to the old instrument. Right? Est-ce faute de temps? Approfondissez, je vous prie. Le temps : 'donnez-moi du temps'. L'homme a beau exister depuis des millions et des millions d'années, cette racine n'a pas été déterrée et jetée. Le temps n'a rien résolu. N'est-ce pas? Réfléchissez-y, je vous prie. L'évolution - qui est le mouvement du temps - ne l'a pas résolu. Nous avons de meilleures salles de bains, de meilleures communications, mais l'être humain est essentiellement ce qu'il était il y a un million d'années. C'est tragique, si l’on en prend conscience. Et pour peu que vous soyez sérieux, pas seulement ici sous la tente, sérieux tout au long de votre vie quotidienne, ne vous demandez-vous jamais si cette activité centrée sur soi, avec tous ses problèmes, pourrait un jour prendre fin? Si l'on s'est sérieusement posé cette question et si l'on se rend compte que le temps et la pensée - nous l'avons vu l'autre jour - temps et pensée sont similaires, c'est le même mouvement. Et la pensée et le temps n'ont pas résolu ce problème. Or, c'est le seul instrument dont nous disposons. Et il semble que nous ne nous rendions jamais compte que cet instrument - qui est le mouvement de la pensée - si limité soit-il, ce mouvement ne peut résoudre les problèmes. Et cependant nous nous y accrochons. Nous nous accrochons au vieil instrument. N’est-ce pas?
11:02 Thought has created all these problems. Right? That is obvious. The problems of nationality, problems which war creates, problems of religions, all that is the movement of thought which is limited. And that very thought has created this centre. Right? Obviously. And yet we don’t seem to be able to find a new instrument. Right? We don’t find a new instrument but, as we cannot let go the old instrument, and holding on to it, we hope to find the new. You follow? You must let go something to find the new. Right? If you see a path leading up to the top of the mountain and it doesn’t lead you up there, you investigate. You don’t stick to that path. So one asks: what is it, why is it that human beings are so incredibly stupid? They have wars, they have this fragmentation of nationalities, of religions, all the rest of it, and yet they live in this, miserable, unhappy, quarrelling, conflicts, strife – you follow? La pensée a créé tous ces problèmes. N'est-ce pas? Bien sûr. Problèmes de nationalité, problèmes créés par la guerre, problèmes de religion, tout est mouvement de la pensée, qui est limitée. Et c'est cette pensée même qui a créé ce centre. N'est-ce pas? Evidemment. Et pourtant, nous semblons incapables de trouver un nouvel instrument. N'est-ce pas? Nous ne découvrons pas le nouvel instrument : comme nous ne pouvons pas lâcher le vieil instrument, nous y restons accrochés, tout en souhaitant trouver le nouveau. Vous suivez? Il faut lâcher quelque chose pour trouver du nouveau. N'est-ce pas? Si vous voyez qu'un sentier menant au sommet de la montagne ne vous y conduit pas, vous cherchez. Vous ne restez pas sur ce sentier là. Aussi, nous demandons : pourquoi les êtres humains sont-ils si incroyablement stupides? Ils font la guerre, ils ont cette fragmentation de nationalités, de religions, etc., et pourtant ils vivent là-dedans, malheureux, misérables, en dispute, en conflit, en lutte - vous suivez?
13:17 Now, what will make a human being let go the old instrument and look for the new? You understand? Look for the new. Is it that we are lazy? Is it that we are frightened? Is it, if I let go this, will you guarantee the other? You understand? Which means, one has lived with this limited thought, and one thinks one has found security in there, and is afraid to let that go, and it is only when there is abandonment of the old, you can find the new. Obviously. Alors, qu'est-ce qui amènera un être humain à lâcher le vieil instrument et à chercher le nouveau? Vous comprenez? Chercher ce qui est neuf. Sommes-nous paresseux? Avons-nous peur? 'Si j'abandonne ceci, me garantissez-vous cet autre?' Vous comprenez? Ce qui signifie qu'on a passé sa vie avec cette pensée limitée, on a pensé y trouver la sécurité, et on a peur d'y renoncer. Ce n’est qu'en renonçant au vieux qu'on peut trouver le neuf. C'est évident.
14:34 So is it, we are asking, is it fear? Because you observe the multiplication of gurus all over the world, guaranteeing security: ‘Do this, follow this, practise this, and you will have something at the end of it’. That is, reward. The promise of a reward has a certain fascination and the hope you will find in that – security. But when you examine it a little more closely, and are not so gullible, not swallow the whole thing the other fellow says, then you find very clearly that the reward is the reaction of punishment, you understand? Because we are trained to the idea of reward and punishment. Right? This is obvious. So to escape from punishment, which means pain, grief, and all that, we search for a reward and hope thereby in that to find some kind of security, some kind of peace, some kind of happiness. But when you go into it, you don’t find it. The gurus and the priests may promise it, but they are just words. Right? Nous demandons donc : est-ce la peur? Vous constatez dans le monde entier la multiplication des gourous qui vous garantissent la sécurité : 'faites ceci, suivez cela, pratiquez ceci et vous aurez quelque chose au bout du compte'. C'est-à-dire, une récompense. La promesse d'une récompense exerce une certaine fascination et l'espoir d'y trouver cette sécurité. Mais si vous examinez d'un peu plus près et n'êtes pas crédules au point d'avaler tout ce qu'un autre dit, vous verrez alors clairement que la récompense est la réaction à la punition, vous comprenez? Car nous sommes dressés à l'idée de récompense et punition. N'est-ce pas? C'est évident. Aussi, pour échapper à la punition, qui signifie douleur, chagrin, etc., on se met en quête d'une récompense, espérant y trouver une sorte de sécurité, de paix, un certain bonheur. Mais cela ne résiste pas à l'examen. Les gourous et les prêtres peuvent bien le promettre mais ce ne sont que des mots. Non? Dès lors, comment nous autres, êtres humains, allons-nous
16:48 So how do we, human beings, go into this question together whether it is possible to eradicate totally this poisonous self-interest, self-centred activity? Right? I do not know if you have ever asked even that question. When you do ask that question you have already begun to be a little more intelligent. Naturally. So we are going this morning, together, to think this problem over, together. Thinking together, not I tell you and you accept, or reject, but together find out if this movement of the ego, the self, can ever end. Right? Are you interested in this? No, no, don’t say it’s… nod your heads. This is a very serious problem. You may be stimulated while you are in the tent by the speaker, and I hope you are not. But you may be stimulated and therefore rather excited and say, ‘Yes, I agree with you. We must do this’ – and when you leave the tent, you forget all about it and carry on in your old ways. So together, you putting aside your particular prejudice, your particular gurus, your particular conclusions, together we are going to investigate this question. aborder ensemble la question de savoir s'il est possible d'éradiquer totalement ce poison de l'intérêt pour soi, cette activité égocentrique? N'est-ce pas? Je ne sais si vous avez seulement posé cette question. En la posant, vous avez déjà commencé à être un peu plus intelligent. Naturellement. Alors, ce matin, nous allons réfléchir à ce problème, ensemble. Réfléchir ensemble - ce n'est pas moi qui vous dit et vous acceptez ou rejetez, mais découvrir ensemble si ce mouvement de l'ego, du 'moi', peut un jour finir. Bien? Ceci vous intéresse-t-il? Non, non... ne hochez pas la tête. C'est un problème très sérieux. Vous pourriez être stimulé par l'orateur pendant que vous êtes sous la tente, et j'espère que ce n'est pas le cas. Mais si vous l'êtes, votre enthousiasme vous fait dire : 'oui, je suis d'accord, il faut faire cela'. Et, quand vous quittez la tente, vous oubliez tout et reprenez vos vieilles habitudes. Ensemble, mettant de côté vos préjugés, vos gourous, vos conclusions personnelles, nous allons ensemble examiner cette question.
19:27 To investigate you must be free. Right? It is obvious, isn’t it? You must be free to examine, you must be free from those blocks which impede your examination. The impediments are your prejudice, your experience, your own knowledge or other people’s knowledge – all those act as impediments, and then you cannot possibly have the capacity to examine or think together. Right? At least intellectually see this. The speaker has none of these problems: he has no prejudice, no belief either. Finished. Only then we can meet together if you are also in that same position. Pour examiner, il faut être libre. N'est-ce pas? C'est évident, non? Il faut être libre pour examiner, il vous faut être libre de ces blocages qui empêchent votre examen. Les obstacles sont vos préjugés, votre expérience, votre propre savoir ou celui d'un autre, tout cela agit comme autant d'obstacles et nous prive de toute capacité d'examiner ou de penser ensemble. N'est-ce pas? Voyez cela, ne fut-ce qu’intellectuellement. L'orateur n'a aucun de ces problèmes. Il n'a ni préjugé, ni croyance. Terminé. Nous ne pouvons nous retrouver ensemble que si vous êtes dans cette même situation.
20:50 So let us examine, think over, think together. To think together over this question why human beings right throughout the world, have remained self-centred, knowing all the problems it entails, knowing all the confusion, misery, sorrow it involves, they hold on to it. Right? Now we are asking: is it desire? You know what desire is. We are asking, is it, the root of this self-centred activity, desire? What is desire? We all desire so many things: desire for enlightenment, desire for happiness, desire for good looks, desire for what... a world that will be peaceful, desire to fulfil and avoid frustration – you understand? – desire, by which all human beings are driven. Do you follow this? We are asking, is that one of the root causes of this self-centred existence with all its confusion and misery? Alors, examinons, réfléchissons, pensons ensemble. Réfléchissons ensemble à la raison pour laquelle les êtres humains, partout dans le monde, persistent à être centrés sur eux-mêmes. Ils savent que cela entraîne tous les problèmes, la confusion, les malheurs, la souffrance, mais ils y tiennent. N'est-ce pas? A présent, nous demandons : est-ce le désir? Vous savez ce qu'est le désir. Nous demandons : la racine de cette activité égocentrique, est-elle le désir? Qu'est-ce que le désir? Nous désirons tous tant de choses : l'illumination, le bonheur, une belle apparence physique, le désir désir d'un monde paisible, désir de s’accomplir, et d'éviter la frustration, - vous comprenez? - le désir qui pousse tous les êtres humains. Suivez-vous? Nous demandons : est-ce là une des causes fondamentales de cette existence égocentrique, avec son cortège de confusion et de malheur? Les religions du monde entier disent qu'il faut réprimer le désir.
23:19 And religions throughout the world have said you must suppress desire. Right? You must become a monk, in the service of God, and to attain that supreme thing you must have no desire. You understand? This has been the constant repetition of all the so-called religious people in the world. And without understanding what is the structure and nature of desire they have had this ideal that to serve the highest principle, Brahman in India, God or Christ in this world, in the Christian world, or other forms of religious sectarian nonsense, suppress, control, dominate desire. Right? N'est-ce pas? Vous devez devenir un moine au service de Dieu, et pour atteindre cette fin suprême, vous devez n'avoir aucun désir. Vous comprenez? C'est ce que n'ont cessé de répéter tous ceux qui se disent religieux dans le monde. Et sans comprendre la structure et la nature du désir, ils ont eu cet idéal de servir le principe le plus élevé, Brahman en Inde, Dieu ou le Christ dans le monde chrétien ou toutes autres inepties religieuses sectaires, réprimant, maîtrisant, dominant le désir. N'est-ce pas?
24:53 Now we together are going to look into what is desire. Now when you examine what is desire – please, listen carefully – when you examine what is desire or analyse, you are using thought as a means of analysis. That is, going into the past. You are following this? And so you are using the old instrument, which is limited thought, and looking into the past, step by step, which is the whole psychoanalytical process. You are following all this? But to examine desire, you must see the actuality of it, not step it back. You understand what I am saying? Please, come with me a little bit. You must be very clear on this point. The psychoanalytical introspective self-examination process is going backwards, and thereby hoping to find the cause. Right? To do that, you employ thought. Right? And thought is limited, the old instrument, and you are using the old instrument to find the root of desire. Nous allons maintenant, ensemble, voir ce qu'est le désir. Alors, quand vous examinez la nature du désir - écoutez bien, je vous prie - quand vous analysez ce qu'est le désir, vous vous servez de la pensée comme outil d'analyse. C'est-à-dire, en allant voir dans le passé. Vous suivez? Vous vous servez donc du vieil instrument, la pensée limitée, et vous examinez le passé pas à pas, c'est tout le processus psychanalytique. Suivez-vous tout ceci? Mais pour examiner le désir, il faut voir sa réalité présente, sans remonter en arrière. Vous comprenez ce que je dis? Accompagnez-moi un peu, je vous prie. Il vous faut être très clair sur ce point. Le processus introspectif de l'examen psychanalytique consiste à revenir en arrière, espérant ainsi découvrir la cause. N'est-ce pas? Pour ce faire, vous vous servez de la pensée. N'est-ce pas? Et la pensée est limitée, c'est le vieil instrument, et vous vous en servez pour découvrir la racine du désir.
27:17 Now we are saying something entirely different. Please, give a little attention to this. We are saying analysis by oneself or by the professional, doesn’t lead anywhere, unless you are slightly neurotic, and all the rest of it – that may be a little helpful. Perhaps we are all slightly neurotic! We are saying: observe the nature of desire. Don’t analyse, just observe. You understand the difference? Is this clear? I am going to show it to you. You see, must everything be explained, which is too bad. You don’t jump to it and say, ‘Yes, I have got it!’. All that you say is, ‘Explain, and I will get it. Explain the whole movement of desire, employ the words, correct words, describe it precisely and I’ll get it’. What you get is the clarity of explanation, clarity of words, but that doesn’t give you the total observation of the movement of desire. You have got this? Or, nous disons tout autre chose. Prêtez-y un peu d'attention, je vous prie. Nous disons que l'analyse par soi-même ou par un professionnel ne mène nulle part, sauf si vous êtes plutôt névrosé, là elle pourrait aider un peu. Peut-être sommes-nous tous un peu névrosés ! Nous disons : observez la nature du désir. N'analysez pas, observez simplement. Vous voyez la différence? Est-ce clair? Je vais vous le montrer. Enfin, faut-il vraiment expliquer chaque chose? Dommage. Vous ne le saisissez pas au vol pour dire : 'oui, j'ai compris !' Tout ce que vous dites, c'est : 'expliquez et je comprendrai. Expliquez tout le mouvement du désir, utilisez les mots justes, décrivez la chose avec précision et je saisirai'. Ce que vous saisissez, c'est la clarté de l'explication, des mots, mais cela ne vous fait pas observer totalement le mouvement du désir. Vous avez compris?
29:50 So can you stop analysing but just observe? You understand? Have you got it? Are we meeting each other? One can describe the beauty of the mountain, the white snow, the blue sky, the marvellous dignity and the glory of it, the valleys, the rivers, the streams, flowers, and most of us are satisfied with the explanations. We don’t say, ‘I’ll go, get up, climb and find out’. Pouvez-vous donc cesser d'analyser et simplement observer? Avez-vous compris? L'avez-vous saisi? Nous rencontrons-nous? On peut décrire la beauté de la montagne, la neige blanche, le ciel bleu, sa splendide dignité et sa gloire, les vallées, les rivières, les ruisseaux, les fleurs, et la plupart d'entre nous se contente des explications. Nous ne disons pas : 'je vais y aller, je vais grimper et découvrir'.
30:53 We are going into this question of desire very carefully, not the movement of tracing it back and thereby hoping to find the nature of desire. You understand? But actively together look at it. What is desire? Look at it yourself. Together we are doing it. What is desire? You desire a dress, which you see in the window, and there is the response. You like the colour, the shape, the fashion, and desire says, ‘Let me go and buy it’. So what has taken place actually at that moment? Which is not analysis, but actually observing the reaction to the seeing of that dress in the window, and the response to that. You are following this? Yes? You are following this? Don’t go to sleep, please! You see that dress, you like the colour, you like the fashion – what has taken place there? You observe, there is the sensation. Right? There is contact, you touch it, then desire arises through the image which thought has built: you putting on that dress. Right? You understand this? Seeing, sensation, contact, then thought imagining that dress on you, and then desire. You follow this? No, not follow me, the fact of it. I have only given an explanation, the words, but the actual response – we are talking of the actual response: the seeing, contact, sensation, thought imagining that dress on you, and desire is born. You understand? Have you got this? No, no, yours, not mine. Nous allons examiner cette question du désir, très attentivement, pas en remontant en arrière dans le but d'en découvrir la nature. Vous comprenez? Mais nous allons activement, ensemble, le regarder. Qu'est-ce que le désir? Regardez-le vous-même. Nous faisons cela ensemble. Qu'est-ce que le désir? Vous désirez une robe que vous voyez dans la vitrine, et il y a la réaction : vous en aimez la couleur, la ligne, la coupe, et le désir dit : 'allons l'acheter'. Que s'est-il réellement passé à cet instant? Il ne s'agit pas d'analyser, mais d'observer vraiment la réaction au fait de voir cette robe dans la vitrine et la réponse à cela. Vous suivez ceci? Oui? Vous suivez? Ne vous endormez pas s'il vous plaît ! Vous voyez la robe, vous en aimez la couleur, la coupe - que s'est-il passé? Vous observez, il y a sensation. N'est-ce pas? Il y a contact, vous la touchez, puis apparaît le désir à travers l'image que la pensée se fait de vous en train de mettre cette robe. N'est-ce pas? Vous comprenez ceci? Vision, sensation, contact, puis la pensée imaginant cette robe sur vous, et donc le désir. Vous suivez ceci? Non, ne me suivez pas, moi. Suivez le fait. J'ai seulement fourni une explication, des mots, mais c'est en fait de la réaction elle-même que nous parlons; vision, contact, sensation, la pensée imaginant la robe sur vous, et le désir est né. Vous comprenez? Avez-vous saisi? Non, non, la vôtre, pas de la mienne.
34:39 Q: I don’t get it. Q:Je ne saisis pas.
34:42 K: Now, wait, follow this carefully. The moment thought creates the image, from that image desire is born. Right? You understand this? Please, understand this. Oh, I am tired. I am bored with explanations! I will stick to that dress, or the shirt. You see, there is perception of that in the window, the seeing, the visual optic response, then go inside, touch the material, then thought says, ‘How nice it would be if I had it’. And imagine that you are wearing it. That is the moment of desire. Right? Do you see this, actually, not my explanation and through the explanations you see? Is that clear, that you yourself observe the happening? K:Attendez, suivez attentivement ceci : à l’instant où la pensée crée l’image, de cette image, naît le désir. N'est-ce pas? Vous comprenez? Comprenez-le, je vous prie. Oh, je suis fatigué. Je en ai assez des explications ! Je vais m’en tenir à cette robe ou à cette chemise. Il y a d'abord perception de la chose dans la vitrine, la vision, la réponse visuelle, optique, puis vous entrez, palpez le tissu et alors la pensée dit : 'comme il serait agréable de l'avoir'. Et vous vous imaginez en train de la porter. C'est l'instant du désir. N'est-ce pas? Le voyez-vous? Effectivement, pas à travers mes explications? Est-il clair que vous voyez vous-même ce qui se passe?
36:29 Now the question is – please, go into it carefully – why does thought create the image: you having that shirt, that dress, and then pursuing it? Watch it. Think it out. Go into it. Exercise your brains. One sees a blue shirt. Then you see it, go and touch it, feel the material, then thought comes and says, ‘How nice’. Now, the question is: can thought abstain itself from creating the image? You understand my question? I will explain, take time, I will go into it. Dès lors se pose la question - soyez attentifs, svp - pourquoi la pensée crée-t-elle l'image de vous possédant cette robe, et la poursuit-elle? Observez cela. Réfléchissez-y. Examinez-le. Faites travailler vos cerveaux. On voit une chemise bleue. Vous la voyez, vous allez la toucher, vous palpez le tissu, alors arrive la pensée qui dit : 'comme elle est jolie'. Alors se pose la question suivante : la pensée peut-elle s'abstenir de créer l'image? Comprenez-vous ma question? Je vais expliquer, prendre le temps, approfondir.
37:46 We are examining the whole movement of desire, because we are asking: is desire the very root of this self-centred, egotistic existence? And from that we are asking: is it desire? And then we say: what is desire? And the speaker is totally opposed to suppression because that doesn’t solve the problem. Totally he says: don’t run away from it into a monastery, into taking vows, and all kinds of things – that is merely avoidance. But what we are saying is: examine it, look at it, not analytically, but as it is taking place – observe. The observation shows, the optic response to the blue dress, blue shirt, the contact, inside, going into the shop, touching the material, then thought creates the image and desire is born. It is only when thought creates the image, desire comes into being. Otherwise it does not. Are you now together in this? Right? Nous examinons tout le mouvement du désir, nous demandant : le désir est-il la racine même de cette existence égocentrique, égoïste? Et de là, nous demandons : est-ce le désir? Et nous disons alors : qu'est-ce que le désir? Et l'orateur est totalement opposé au fait de réprimer, cela ne résout pas le problème. Formellement il dit : ne le fuyez pas en vous réfugiant dans un monastère, prononçant des voeux, etc. - ce ne sont que des échappatoires. Nous disons plutôt ceci : examinez-le, observez-le, non pas analytiquement, mais observez-le pendant qu'il a lieu. L'observation montre la réaction optique à la robe bleue, à la chemise, puis, une fois dans le magasin, le contact quand vous touchez le tissu, et alors la pensée crée l'image et le désir est né. C'est seulement quand la pensée crée l'image que naît le désir. Autrement, il ne naît pas. Sommes-nous à l'unisson là-dessus? Bien?
39:56 So desire comes into being and flowers the moment you create the image, thought creates the image. You have had a pleasant experience, sexual or whatever you have. And it has created an image, a picture, and you pursue it. One is a form of pleasure, the other is the movement of contradictory desires. Right? You desire that dress – or desire great success, and so on and on. Now, can you observe this fact that the moment when thought creates the image, desire is born? Are you aware of this? Do you see actually as it happens, how thought creates through its imagination the desire to pursue the very end. Right? Do you actually now sitting there, observe this fact for yourself? Obviously, it is very simple. Right? Donc, le désir apparaît et se déploie dès l’instant où vous créez l'image, où la pensée crée l'image. Vous avez eu une expérience agréable, sexuelle ou autre, et cela a créé une image que vous voulez reproduire. L'une est une forme de plaisir, l'autre est le mouvement de désirs contradictoires. N'est-ce pas? Vous désirez ce vêtement, ou une grande réussite, etc. Pouvez-vous observer ce fait qu'à l’instant où la pensée crée l'image, le désir naît? En êtes-vous conscient? Voyez-vous vraiment, au moment où cela a lieu, comment la pensée crée, par l'imagination, le désir d'aller jusqu'à son achèvement. N'est-ce pas? Assis ici, êtes-vous effectivement en train d'observer ce fait? Evidemment, c'est très simple. N'est-ce pas?
41:57 The question arises then: can thought not create the image? That is the whole point. You understand? Am I making this terribly difficult? Alors se pose la question suivante : la pensée peut-elle ne pas créer l'image? C'est tout le problème. Vous comprenez? Je rends la chose terriblement difficile?
42:14 Questioner: May I suggest that the new instrument is the object? Q:Se pourrait-il que le nouvel instrument soit l'objet?
42:19 K: Just a minute, sir, let me finish and then we can carry on. May I finish? May I finish what I am saying? And then you can ask questions if there is time, and we have five discussions after the talks are over. Then you can bully me! So till then have patience. K:Un instant, Monsieur. Laissez-moi terminer, puis nous pourrons poursuivre. Puis-je finir ce que je dis? Vous pourrez alors poser des questions s'il nous reste du temps. Nous aurons cinq discussions après ces entretiens. Vous pourrez alors me malmener ! Mais veuillez patienter jusque là.
43:00 We have come to the point when you yourself observe the springing of desire. Right? Perception, seeing, contact, sensation. Up to there, there is no desire. It is just a reaction. You follow? But the moment thought creates the image the whole cycle begins. Do you see this? If you see it clearly, then the question arises: why does thought always create this image? You understand my question? Why? You see a shirt, red, blue, white, whatever it is, instantly like and dislike, which is, thought has its previous experiences, liking, and so on. So can you observe the blue shirt, dress in the window, and realise the nature of thought, and see that the moment when thought comes in, the problem begins? Not only the blue shirt or dress, your sex, your sexual experiences, the image, the pictures, the thinking over. Or the image that you have of a position, a status, a function. Do you follow? So desire is that. So can you observe without the inflaming desire coming into being? You understand my question? Go into it, you will see it. You can do it. That is the new instrument, which is to observe. Nous en sommes arrivés au point où vous observez vous-même le jaillissement du désir. N'est-ce pas? Perception, vision, contact, sensation. Jusque là, il n'y a pas de désir. Ce n'est que réaction. Vous suivez? Mais dès l’instant où la pensée crée l'image, tout le cycle commence. Le voyez-vous? Si vous le voyez clairement, alors se pose la question : pourquoi la pensée crée-t-elle toujours cette image? Vous comprenez ma question? Pourquoi? Vous voyez une chemise rouge, bleue, blanche, aussitôt vous l'aimez, ou pas, ce qui indique que la pensée a déjà eu des expériences, des préférences, etc. Alors, pouvez-vous observer la chemise bleue, la robe dans la vitrine et prendre conscience de la nature de la pensée, et voir qu'à l’instant où intervient la pensée, le problème commence? Pas seulement la chemise bleue ou la robe, votre sexe, vos expériences sexuelles, les images, les représentations, la rumination. Ou l'image que vous avez d'une situation, d'un statut social, d'une fonction. Suivez-vous? Donc, le désir c'est cela. Alors, pouvez-vous observer, sans que le désir s'enflamme? Comprenez-vous ma question? Approfondissez et vous verrez. Vous pouvez le faire! C'est cela le nouvel instrument, qui est d'observer ! Ensuite, le désir de sécurité... c'est pareil : sécurité
46:00 Then does desire for security – follow: same thing – security in terms of big house, little house, bank account, which may be necessary, and also security desire has created about oneself, the image that you have about yourself, and the fulfilment of that image in action, in that is involved many kinds of frustrations, and in spite of the frustrations, in spite of conflicts, misery, desire pursues, because thought is always creating the image where there is sensation involved. Right? I wonder if you see this! sous forme d'une grande maison ou d'une petite, d'un compte en banque - qui peuvent être nécessaires - sécurité, les désirs qui se créent autour de soi-même, l'image que vous avez de vous-mêmes, la réalisation de cette image dans l'action, ce qui comporte toutes sortes de frustrations. Malgré les frustrations, les conflits et le malheur, le désir persiste, car la pensée crée toujours une image quand la sensation entre en jeu. N'est-ce pas? Je me demande si vous le voyez !
47:11 So we’re asking then, the next question is: is desire responsible for fear? We have sought security through desire and the fulfilment of that desire in God, psychologically – I don’t want to go on and on about this beastly stuff – and unconsciously, deeply, one may be aware that the things in which you have invested, desire has invested, have no value at all. And having no value, you are frightened. You understand? Are you following this? Because, again, we are not analysing fear. That is a stupid old game. We are observing the actual fact of fear. And as it arises, to observe, ask, what is the root of it? Not analytically discover the root of it, but in the very observation of it you discover the root. You get it? Are you following all this? You seem rather doubtful. I am going to go into this. Nous posons maintenant la question suivante : le désir est-il responsable de la peur? Nous avons recherché la sécurité dans le désir et sa satisfaction, en Dieu, psychologiquement, - je ne veux pas m'étendre là-dessus - et il se peut qu'inconsciemment, au fond, on se rende compte que les choses dans lesquelles le désir s'est investi n'ont aucune valeur. Et, comme elles n'ont pas de valeur, vous prenez peur. Comprenez-vous? Suivez-vous tout ceci? Car encore une fois, nous n'analysons pas la peur. C’est un vieux jeu stupide. Nous observons le fait concret de la peur. Quand elle surgit, observer, se demander quelle en est la racine? Pas en découvrir la racine par l'analyse mais la découvrir par l'observation même. Vous saisissez? Suivez-vous tout ceci? Vous semblez plutôt perplexes. Je vais approfondir cela.
49:23 Man has accepted and lived with fear, both outwardly and inwardly: fear of violence, fear of physically getting hurt, and so on, outwardly. Psychologically, fear of not conforming to a pattern, fear of public opinion, fear of not achieving, not fulfilling, and so on, you know, psychologically. We are asking – which is a fact – can you observe that fact without the analytical mind operating on the fact, and observe the whole movement of fear as it exists? You understand? L'homme a accepté de vivre avec la peur, au-dehors et en-dedans. Peur de la violence, peur d'être blessé physiquement, etc., au-dehors. Psychologiquement, peur de ne pas se conformer à un modèle, peur du qu'en dira-t-on, peur de l'échec, peur de ne pas accomplir, etc. - vous savez, psychologiquement. C'est là un fait et nous demandons : pouvez-vous observer ce fait sans que l'esprit analytique opère sur le fait, et observer l'entier mouvement de la peur, pendant qu'elle est là? Vous comprenez?
50:33 Are you getting tired? Ten minutes more. Bear up with it! Because, you see, it is possible to be absolutely psychologically free of fear, absolutely. Don’t accept my word for it, it is your life, it’s not mine, it is yours, you have to find this out. Etes-vous fatigués? Encore dix minutes. Tâchez de les supporter ! Car voyez-vous, il est possible d'être psychologiquement tout à fait libre de la peur, absolument libre. Ne me croyez pas, il s'agit de votre vie, pas de la mienne, vous devez vous-même le découvrir,
51:13 So you have to ask: what is fear? Has it its roots in desire? Go into it slowly, don’t say no. Go into it. Desire being what we have said: thought creating the image and then pursuing that image and might fulfil, might not. You follow? If it fulfils, there is no fear, or at least there are other calamities involved in it. But when there is no fulfilment, there is frustration and the fear of not being able to fulfil. You understand? I mean, this whole complex sexual fulfilment, which apparently the world is now just discovering it and making a lot of noise about it – promiscuous, and all the rest of it. So we are asking: is fear the product of desire? Desire being the image-formation and the fulfilment of that image in action. Right? Or is fear – please, follow this carefully – part of time? You understand? Is fear the movement of time? So are desire and time responsible for fear? You understand? Oh, my Lord! I will explain, I will explain. Go slowly. et donc vous demander : qu'est-ce que la peur? A-t-elle sa racine dans le désir? Abordez cela lentement, ne dites pas non. Approfondissez. Le désir étant ce que nous avons dit : la pensée crée l'image puis poursuit cette image qui pourra se réaliser ou non. Vous suivez? Si elle se réalise, il n'y a pas de peur, bien que cela puisse comporter d'autres calamités. Mais quand elle ne se réalise pas, il y a de la frustration et la peur d'être incapable de s'accomplir. Vous comprenez? Je veux dire, toute cette complexe satisfaction sexuelle que, semble-t-il, le monde est tout juste en train de découvrir en faisant grand bruit à ce sujet - promiscuité et tout le reste. Alors nous demandons : la peur est-elle le produit du désir? Le désir étant la formation d'images et la réalisation de ces images dans l'action. N'est-ce pas? Ou bien - suivez attentivement, je vous prie - la peur fait-elle partie du temps? Vous comprenez? La peur est-elle le mouvement du temps? Donc, le désir et le temps sont-ils responsables de la peur? Vous comprenez? Oh, Seigneur ! Je vais expliquer. Allons lentement.
53:52 Desire is the movement of thought with its imagery. That is, the movement of thought creating the image and the movement of that image, which is time – right? Le désir est le mouvement de la pensée avec son imagerie. C'est le mouvement de la pensée créant l'image, et le mouvement de cette image est le temps - n'est-ce pas?
54:18 No? Not chronological time, psychological time. And we are asking: is time responsible also for fear? The time of desire – ah, I am getting it! You get it? The time which desire creates and thought, which has created the desire, and thought being also time, so thought and desire are responsible for fear. You see that? I am afraid what you might do to me. I am afraid you might hurt me, psychologically. I am afraid that dog will bite me. But at the moment of biting time has come to an end. You understand? It is only: the dog might bite me. I have created the image, thought has created the image that dog biting, which is time, in the future. You are following all this? So desire has its future, and time is naturally future, the past, present and future. Non? Pas le temps chronologique, mais le temps psychologique. Et nous demandons : le temps est-il aussi responsable de la peur? Le temps du désir - ah, cela me vient ! Vous saisissez? - Le désir crée le temps, et la pensée a créé le désir, et la pensée étant aussi le temps, pensée et désir sont donc responsables de la peur. Vous le voyez? J'ai peur de ce que vous pourriez me faire. J'ai peur que vous me blessiez psychologiquement. J'ai peur que ce chien me morde. Mais à l'instant de la morsure le temps a cessé. Vous comprenez? Ce n'est que : le chien 'pourrait' me mordre. J'ai créé l'image, la pensée a créé l'image de ce chien en train de mordre, c'est-à-dire le temps, dans le futur. Suivez-vous tout ceci? Donc le désir a son futur, et bien sûr, le temps est le futur, le passé, le présent et le futur.
56:13 So the question is: can thought realise its own movement creating fear? You understand? Thought realising its own nature. When it realises its own nature, as the active principle in fear, what takes place? There is only then what is actually happening. I wonder if you see that. Do, please, come! Because it would be worthwhile if we could think together about this matter. Then you will leave the tent having understood the movement of fear and realising the nature of desire and the nature of limited thought creating time, which is fear. You understand? Do you realise it? Or have you merely accepted the words? You understand? If you realise it, the thing is over. There are no gurus, no God, all that nonsense. Dès lors se pose la question : la pensée peut-elle prendre conscience que son propre mouvement crée la peur? Vous comprenez? La pensée prenant conscience de sa propre nature. Quand elle se rend compte de sa nature comme principe actif de la peur, que se passe-t-il? Il n'y a alors que ce qui se passe en réalité. Je me demande si vous voyez cela. Allons, je vous en prie ! Car il serait utile de réfléchir ensemble à cette question. Alors, vous quitteriez la tente ayant compris le mouvement de la peur et réalisé la nature du désir et la nature de la pensée limitée, qui créent le temps, c'est-à-dire la peur. Comprenez-vous? Le réalisez-vous? Ou n'avez-vous fait qu'accepter les mots? Vous comprenez? Si vous le réalisez, alors c'est fini. Il n'y a plus ni gourous, ni Dieu, toutes ces absurdités.
58:11 Q: My thought does not stop. I have been listening... Q:Ma pensée ne s'arrête pas. J'ai écouté...
58:17 K: No, no, thought, it is not a question of thought stopping. No, no, don’t say thought – we will discuss that a little later when we talk about meditation, if you are interested. But that is not the point. I am saying: does thought itself realise what it is doing? That it has created the desire, and the fulfilment of that desire is time. And in that is involved fear. And also thought has created what might happen. There has been pain – I hope there won’t be pain again, which is in the future. So thought has created the future. Right? And the future is the very nature of fear. I wonder if you get it! K:Non, non, il n'est pas question d'un arrêt de la pensée. Non, nous discuterons de cela un peu plus tard en parlant de la méditation. Mais là n'est pas la question. Je dis ceci : la pensée elle-même réalise-t-elle ce qu'elle fait? Qu'elle a créé le désir et qu'accomplir ce désir est le temps. Et que cela implique la peur. La pensée a aussi créé ce qui 'pourrait' arriver. Il y a eu de la douleur, et j'espère qu'elle ne reviendra pas, c'est-à-dire dans le futur. Ainsi, la pensée a créé le futur. N'est-ce pas? Et le futur est la nature même de la peur. Je me demande si vous le saisissez !
59:31 Look, sir: if I die instantly, there is no fear. If I have an immediate heart attack – phht, gone, there is no fear. But, my heart is weak, I might die, which is the future. The future is the movement of fear. Get it? See the truth of it, not your conclusion, not your saying ‘Yes, I see it’. – the truth of it. Regardez, Monsieur : si je meurs subitement, il n'y a pas de peur. Si j'ai une crise cardiaque instantanée, pfuit, parti, il n'y a pas de peur. Mais mon coeur est faible, je 'pourrais' mourir : c'est le futur. Le futur est le mouvement de la peur. Saisi? Voyez-en la vérité, pas votre conclusion, pas en disant : 'oui, je vois'. La vérité de la chose !
1:00:16 Then that very truth operates. You don’t have to do a thing. If you see that truth, and that truth being a fact, then thought says, ‘All right, I have finished’. Thought cannot operate on a fact. It can operate on something which is non-fact. So can you, after having listened to this verbiage, have you realised the nature of fear? See the truth of it. If you really see the truth of it, fear has gone. It is not that you control thought. You are the thought. You understand? This is one of our peculiar conditioning that you are different from thought, and therefore you say, ‘I will control thought’. Alors cette vérité agit d’elle-même. Vous n'avez rien à faire. Si vous voyez cette vérité, comme cette vérité est un fait, la pensée dit alors : 'très bien, j'ai fini'. La pensée n'a pas d'action sur un fait. Elle peut agir sur le non-fait. Alors, après avoir écouté ce verbiage, avez-vous réalisé la nature de la peur? Voyez-en la vérité. Si vous en voyez réellement la vérité, la peur a disparu. Ce n'est pas vous qui contrôlez la pensée, vous êtes la pensée. Comprenez-vous? Voilà un de nos étranges conditionnements : se voir distinct de la pensée, et donc dire : 'je vais contrôler la pensée'.
1:01:53 Q: If we are different from thought... Q:Si l'on est distinct de la pensée...
1:01:57 K: But when you realise that thought itself is the ‘me’ and that thought has created this future, which is fear, and see the truth of it, not intellectually see the truth, you can’t see the truth intellectually. You can see intellectually the clear verbal explanation, but that is not the truth. The truth is the fact that the future, the whole movement of the future, is giving birth to fear. K:Mais quand on se rend compte que la pensée elle-même est le 'moi' et que la pensée a créé ce futur, donc la peur, on voit cette vérité, pas intellectuellement, la vérité ne peut se voir intellectuellement. On peut voir intellectuellement une explication verbale claire, mais cela n'est pas la vérité. La vérité est le fait que le futur, tout le mouvement du futur, donne naissance à la peur.
1:02:45 Now, you have listened to this, perhaps in different ways and different explanations on different occasions, and you are gathered here again, and you have listened this morning to a very clear explanation, which is not analysis, and are you free of fear? That is the test. If you are still carrying on, you say, ‘I am afraid of...’ – you know, all the rest of that business, then you haven’t really listened. Vous avez entendu tout cela, peut-être de différentes façons et à diverses occasions, différentes explications, et vous êtes à nouveau réunis ici, vous avez écouté ce matin une explication très claire, qui n'est pas une analyse, alors, êtes-vous délivrés de la peur? C'est cela le test ! Si vous en êtes encore à dire : 'j'ai peur de...' - tout ça - c'est que vous n'avez pas vraiment écouté.
1:03:42 May we continue with this on Thursday, the day after tomorrow morning? May we? Pouvons-nous poursuivre jeudi, après demain matin, voulez-vous?