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SA80Q1 - 1re session de questions/réponses
Saanen, Suisse
23 juillet 1980



0:08 Environ 200 questions ont été posées. Je pense qu'il faudrait près de 2 mois pour répondre à toutes. Et je ne pense pas que vous serez encore ici, ni moi!
0:38 Le mot 'question' vient du latin, 'chercher'. Et quand on pose une question on cherche en fait la réponse dans la question elle-même. J'espère que nous comprenons cette définition. Nous posons une question et attendons que quelqu'un y réponde. Dans la Grèce antique vous vous rendiez chez l'oracle de Delphes et en Inde vous alliez chez un gourou quelque peu déséquilibré. En Occident vous iriez chez le psychologue avec vos problèmes, ou chez le prêtre pour vous confesser. Mais ici nous posons des questions et essayons d'y trouver une réponse mais la réponse est dans la question elle-même. Si nous savons poser la bonne question nous trouverons invariablement nous-mêmes la bonne réponse. Et il est très difficile de poser une bonne question: cela implique que l'on ait énormément réfléchi au problème et suivi le problème par étapes pour voir si le problème comporte une réponse dans le problème lui-même. J'espère que c'est clair.
2:54 Ceci dit, il y a ici beaucoup de questions. Nous les avons choisies avec soin sans préférences mais d'après le sérieux de la question. Et ce questionnement c'est-à-dire cette quête d'une réponse nous implique tous deux. Il ne s'agit pas de poser une question à l'orateur et qu'il y réponde et qu'elle soit acceptée ou rejetée selon l'état romantique dans lequel on se trouve ou selon une certaine idiosyncrasie ou selon sa propre imagination fantasque ou une réponse réconfortante. Mais j'ai bien peur qu'il n'en soit rien. Comme nous allons étudier plusieurs de ces questions, ce matin veuillez, je vous prie, garder à l'esprit que l'orateur ne répond pas à la question mais que nous sommes ensemble en train d'étudier la question ce qui devient bien plus fascinant, bien plus agréable et par conséquent, il n'y a là aucune autorité. Nous étudions ensemble approfondissant la question elle-même - ensemble. J'espère qu'il est clair que vous n'attendez pas de réponse de l'orateur mais comme vous avez posé la question soit vous cherchez la réponse auprès d'un autre soit vous cherchez une réponse dans le problème. C'est-à-dire que vous trouvez la réponse dans l'étude du problème ce qui est bien plus amusant! Je suis heureux que nous ayons enfin une belle journée. Et j'espère qu'il ne va pas faire trop chaud.
6:04 Comment se dirige-t-on vers la connaissance de soi sans qu'opèrent le désir et la volonté? Le sentiment même de l'urgence d'un changement ne fait-il pas partie du désir? Dans l'affirmative, en quoi consiste le premier pas?
6:30 Permettez-moi de la relire. Comment se dirige-t-on vers la connaissance de soi sans qu'opèrent le désir et la volonté? Le sentiment même de l'urgence d'un changement ne fait-il pas partie du désir? Dans l'affirmative, en quoi consiste le premier pas?
7:00 Ainsi, l'auteur de la question demande: le désir et la volonté sont-ils nécessaires ou requis pour comprendre la profondeur de la connaissance de soi? Le désir lui-même n'est-il pas un mouvement vers la connaissance de soi? Telle est la question.
7:36 Tout d'abord, pour comprendre cette question à la fois superficiellement et profondément il faut comprendre la nature du désir et de la volonté ainsi que la structure et la nature de la connaissance de soi. Vous comprenez? D'abord le désir, la volonté, et s'il n'y a pas de désir que signifie le mouvement de la connaissance de soi? S'il n'y a pas de forte incitation laquelle fait partie du désir et de la volonté comment cet épanouissement peut-il émaner de la connaissance de soi? N'est-ce pas? C'est bien la question.
8:39 Oh, qu'il fait chaud!
8:47 L'autre jour, nous avons examiné la nature du désir et du lien existant entre le désir et la volonté. Le désir est... Je vais aborder cela avec beaucoup de précaution vous l'avez probablement entendu une dizaine de fois mais ne succombez pas à l'ennui, je vous prie, regardez-le seulement. Comment le désir naît-il? Les fonctions perceptives sont évidentes: la vision le toucher - la sensation, n'est-ce pas? Puis la pensée entre en jeu créant une image à partir de cette sensation et le désir est né. N'est-ce pas? Je ne suis pas un oracle. Delphes n'existe plus depuis longtemps. Mais vous pouvez voir ceci par vous-même. Vous pouvez vous-même voir de en regardant dans la vitrine une robe, ou une chemise, surtout une bleue (rires) Et la voyant, vous entrez dans la boutique, palpez l'étoffe, d'où la sensation puis la pensée entre en jeu et dit: 'comme il me serait agréable de posséder cette chemise ou cette robe', créant l'image - n'est-ce pas? - de vous possédant la chemise bleue et la revêtant - ou la robe et à cet instant-même naît le désir. Est-ce tant soit peu clair? Non, attention: clair pour vous-même [il ne s'agit] pas de comprendre l'explication. C'est le mouvement de la perception, du contact, de la sensation. C'est naturel, sain.. Ensuite la pensée crée l'image de vous assis dans la voiture et la conduisant. Quand la pensée se saisit de la sensation créant l'image, alors le désir est né. N'est-ce pas? Et la volonté est le summum du désir le renforcement du désir la stabilité du désir la forte incitation à accomplir à exprimer son désir, et à acquérir c'est là le fonctionnement du désir mais renforcé en tant que volonté. N'est-ce pas?
13:02 Donc désir et volonté vont de pair. N'est-ce pas? Et l'auteur de la question demande ceci: s'il n'y a aucun désir, aucune volonté pourquoi rechercherait-on la connaissance de soi?
13:39 Qu'est-ce que la connaissance de soi? Commençons par examiner cela. Qu'est-ce que la connaissance de soi? Les anciens Grecs et les anciens Hindous parlaient de se connaître. Il y a bien longtemps que Socrate et d'autres en Grèce et en Inde parlaient de se connaître soi-même. Que veut dire se connaître soi-même? Peu-on jamais se connaître soi-même? Je vous en prie, c'est ensemble que nous explorons ceci. Qu'est-ce que le soi [la personne]? Vous devez en savoir quelque chose. Vous comprenez ma question? Qu'est-ce que ce soi qu'il faut apparemment connaître? Qu'entendons-nous par le mot 'connaître'? Je m'excuse d'avoir à être si prudent à ce propos autrement, nous pourrions tous deux nous égarer en nous méprenant sur le sens des mots. Qu'entendons-nous par 'connaitre'? Je connais Gstaad car cela fait 22 ans que je m'y rends. Je vous connais car je vous vois ici depuis une vingtaine d'années ou plus. J'ignore pourquoi, mais vous êtes ici, et j'y suis. Et en disant 'je connais' nous entendons par là non seulement la reconnaissance mais encore le souvenir du visage, du nom. N'est-ce pas? Ce qui signifie reconnaissance, souvenir et association. Ou plutôt association souvenir, c'est-à-dire que je vous ai rencontré hier je vous ai reconnu aujourd'hui, c'est la mémoire en fonctionnement. Donc quand je dis 'je connais' il s'agit du passé s'exprimant dans le présent. J'espère que vous suivez tout ceci. Tout ceci vous intéresse-t-il? Donc le passé est le mouvement du savoir. N'est-ce pas? J'étudie - on va à l'école au collège, à l'université, acquierant énormément d'informations. Je me définis alors en tant que chimiste, physicien, etc., etc. Alors, quand on dit qu'il faut se connaître aborde-t-on ce savoir sur soi à neuf ou l'aborde-t-on en en connaissant déjà quelque chose? Vous voyez la différence? Vous comprenez ma question? Oh, pour l'amour du ciel. Est-ce que je rends la chose trop difficile? Non.
18:07 Ainsi, je veux me connaître. Dois-je m'aborder par le savoir que j'ai acquis c'est-à-dire qu'ayant étudié la psychologie m'être rendu chez des psychothérapeutes et avoir beaucoup lu, j'aborde la compréhension du moi à travers le savoir que j'ai acquis? Bien? Ou est-ce que j'y viens en l'absence de toute accumulation préalable de savoir sur soi? N'est-ce pas? Comprenez-vous la question? Nous avons expliqué ce qu'est le désir, la volonté et quand je dis: 'je dois me connaître' j'ai déjà des notions sur moi-même. Et donc ces notions, ce savoir dicte la façon dont je m'observe. N'est-ce pas? Ceci est très important, si vous voulez bien l'approfondir avec soin. Ainsi, partant d'un savoir préexistant sur moi-même je me sers de ce savoir pour me comprendre ce qui devient stupide - n'est-ce pas? C'est absurde. C'est-à-dire que je me suis compris à partir du savoir des autres Freud, Jung, et tout le reste les psychologues modernes et ainsi de suite.
20:15 Alors - écoutez s'il vous plaît puis-je mettre tout ce savoir de côté afin de ne pas m'observer à travers le regard des autres? Puis-je donc écarter tout cela et me regarder à neuf? Avez-vous compris ma question?
20:44 L'auteur de la question demande alors: 'le désir, la volonté sont-ils nécessaires pour m'observer?' N'est-ce pas? Voyez maintenant ce qui se passe. J'ai acquis un savoir sur moi-même à travers les autres et le fait réel est ce que je suis. Voyez-vous la différence? Le savoir que j'ai acquis en m'étudiant et le fait de 'moi-même', de ce qu'il est en réalité. N'est-ce pas? Il y a donc une contradiction entre 'ce qui est' et 'ce que j'ai acquis'. Pour surmonter cette contradiction vous mobilisez la volonté. Je l'ai saisi! Vous avez compris ceci? Comme c'est merveilleux! L'avez-vous compris?
22:08 On a étudié... - pas moi, je n'ai rien étudié de tout cela, dieu merci... - on a étudié, disons, le dernier psychologue en vogue les derniers - comment les appelez-vous? Psychothérapeutes. Et, vous êtes allé en voir un, lui avez parlé et il dispense un certain savoir sur ce 'moi-même' et j'acquiers ce savoir, le ramène chez moi et découvre que ce savoir est différent de moi. Alors commence le conflit: pour adapter 'ce qui est' à 'ce que l'on m'a dit'. Ensuite, pour réprimer ce conflit, pour le surmonter pour l'accepter, le désir et la volonté entrent en jeu. Bien? Sapristi, allons Messieurs! Est-ce clair?
23:32 Voilà donc la question. Nous disons maintenant ceci: la volonté et le désir sont-ils le moins du monde nécessaires? Ils n'entrent en jeu que quand je dois m'adapter à un modèle le modèle du gourou, quel qu'il soit, et tout cela. Et alors la lutte, le conflit pour surmonter, contrôler, tout cela commence. N'est-ce pas?
24:14 Je suis un chercheur - vous comprenez? Je suis un chercheur, c'est-à-dire que je questionne et ce faisant, je rejette tout cela. Je rejette complètement ce que d'autres m'ont dit sur moi. Le ferez-vous? Vous ne le ferez pas. Vous ne le ferez pas, car il est bien plus sécurisant d'accepter l'autorité: vous êtes alors en sécurité. Tandis que si vous rejetez complètement toute autorité de qui que ce soit, vous ne devenez pas un adepte vous ne devenez pas un disciple, vous êtes absolument hors de tout ce champ, tout à fait. Dès lors, comment observez-vous la personne [le moi]? Vous comprenez? Le mouvement de la personne. Elle n'est pas statique, elle bouge, vit, est active. Alors comment observez-vous quelque chose d'extrêmement mouvant, actif - les impulsions, les désirs l'ambition, l'avidité, le romantisme tout cela - comment l'observez-vous? Vous suivez tout ceci? Ce qui signifie, puis-je observer le mouvement de la personne le moi: les désirs, les peurs, vous savez, tout cela puis-je l'observer sans le moindre savoir acquis auprès d'autrui ou le savoir obtenu précédemment par un examen de moi-même? Vous comprenez ce que je dis? Je vais vous montrer quelque chose.
26:38 Une des activités du moi est l'avidité. N'est-ce pas? Ou la comparaison, me comparant à un autre. Voilà ce qu'est l'activité du moi. Maintenant, quand je me sers du mot 'avidité' j'ai déjà associé cette réaction, ou ce réflexe à un souvenir que j'ai eu précédemment de cette réaction. Vous comprenez ce que je dis? Je suis avide. Je me sers du mot 'avide' pour identifier cette sensation. Cette identification, je l'ai déjà connue. Donc je me sers de ce mot pour l'identifier. N'est-ce pas? Alors, puis-je regarder cette réaction sans le mot et par conséquent sans la connaissance que j'en ai déjà eue? Vous suivez ceci? Suis-je clair? Puis-je regarder cette réaction sans le moindre mouvement de reconnaissance? Dès l'instant où cette reconnaissance a lieu j'ai déjà renforcé cette réaction car je la reconnais et la remets en mémoire. Vous suivez?
28:41 Dès lors puis-je m'observer sans aucune direction sans aucune comparaison - ce qui reviendrait à dire 'j'ai déjà éprouvé ceci' - vous suivez? Observer simplement sans direction, donc sans motif c'est apprendre sur soi chaque fois à neuf sans avoir accumulé du savoir sur soi et ainsi se connaître. Si vous approfondissez cette question avec grand sérieux vous découvrirez qu'il n'y a pas à procéder petit à petit passant du premier, au second, puis au troisième échelon de la première à la seconde initiation mais à voir instantanément cette vérité... - vous comprenez? - voir la vérité que dès l'instant où la reconnaissance a lieu vous ne vous connaissez pas le moins du monde. Est-ce clair? Cela demande énormément d'attention. Et la plupart d'entre-nous sommes si négligents si paresseux, nous avons toutes sortes d'idées qu'il faut être comme ceci, comme cela, ou ne pas l'être. Et nous y venons donc avec un énorme fardeau. Et nous ne nous connaissons donc jamais.
31:06 Autrement dit: comme nous l'avons dit l'autre jour nous sommes le reste de l'humanité que cette humanité vive en Asie, ici, en Amérique elle souffre, passe par beaucoup d'anxiété, d'incertitude, de souffrance. Chacun de nous passe donc par cela. Nous faisons donc essentiellement partie de l'espèce humaine ordinaire psychologiquement; vous pourriez être grand ou de petite taille, foncé ce n'est pas de cela que je parle. Psychologiquement, nous sommes comme le reste de l'humanité nous sommes donc l'humanité. Et qu'y a-t-il à connaître de moi? Vous comprenez ma question? Je suis tout cela. C'est un fait.
32:37 Alors se pose le problème suivant: ce contenu de ma conscience peut-il être éliminé? Voilà ce qu'est apprendre sur soi il ne s'agit pas de vous-même, mais de la conscience de l'humanité. Je me demande si vous venez à la rencontre de tout ceci? Non. Vous voyez, nous sommes tellement formés tellement conditionnés à la notion d'individualité: je suis psychologiquement distinct d'autrui ce qui n'est pas un fait. Nous sommes entraînés, conditionnés ainsi, de sorte que nous l'admettons. Et nous disons donc: 'je dois me connaître' nous disons: 'je dois connaître ma petite cellule'. Et quand vous étudiez cette petite cellule, il n'y a rien. Mais concrètement, la vérité est que nous sommes l'humanité. Nous sommes le reste de l'humanité. Et étudier cet esprit humain d'une si grande complexité revient à lire sa propre histoire. Vous êtes l'histoire - vous comprenez? C'est 'l'Historia'. Et là, si vous savez lire le livre, c'en est terminé. Mais nous abordons le livre avec le savoir. Nous ne disons pas: 'je ne sais rien, lisons le livre'. Votre apprentissage est alors immense, sans accumulation de savoir. Vous comprenez ce que je dis? Vous commencez donc à découvrir votre propre nature c'est-à-dire l'humanité et la nature de cette conscience qui est la conscience de tous les êtres humains et qu'il s'agit d'étudier.
35:49 Nous disons donc que la réponse se trouve dans la question elle-même. Le voyez-vous?
36:12 Un mode de vie juste, une base d'austérité... ..de sensibilité, d'intégrité ne sont-ils pas nécessaires pour qu'ait lieu cette transformation?
36:33 Un mode de vie juste, une base d'austérité de sensibilité, d'intégrité ne sont-ils pas nécessaires pour qu'ait lieu cette tansformation?
37:00 L'auteur de la question dit ceci: l'austérité n'est-elle pas nécessaire? La sensibilité, l'intégrité - ces trois choses. Austérité, sensibilité et intégrité sont nécessaires avant que la transformation de la conscience puisse avoir lieu. Le mot 'austère' veut dire la cendre la racine étymologique de ce mot est 'cendre'. Savez-vous ce qu'est la cendre? C'est ce qui reste après que vous ayez brûlé un morceau de bois. La cendre. Voyez ce que cela signifie. C'est-à-dire, ceux qui pratiquent l'austérité finissent en cendre.
38:32 Abordons donc cette question. Partout dans le monde, les moines ont pratiqué l'austérité. En Inde, un moine appelé sannyasi, sannyasin renonce au monde au sexe, à la boisson, aux drogues il devient un mendiant pas un mendiant organisé, - vous comprenez? Il devient un mendiant, ne prend qu'un repas par jour et ne peut jamais rester au même endroit, n'ayant pas de maison. Je ne vais pas aborder toute la nature du sannyasi le sens de ce mot... Restons en là. C'est un moine qui, spécialement en Inde qui vit d'un repas par jour, de mendicité et ne revient jamais deux fois au même endroit et a abandonné le monde, c'est-à-dire les sens le sexe et tout cela. Et naturellement, il va de village en village de ville en ville, et prêche parlant de ce que signifie vivre une bonne vie, etc. N'est-ce pas? Et dans le monde occidental, les moines ont organisé cela avec soin. Ils sont rattachés à un monastère avec un abbé - l'autorité.
41:22 Alors, avant tout l'expression de cette autorité est un signe extérieur... - vous comprenez? revêtir une robe - que vous avez vraiment renoncé au monde. Il y a aujourd'hui toutes sortes de faux sannyasis, ici aussi. Mais ce ne sont pas des sannyasis. C'est une chose très, très sérieuse. Et l'austérité, ce n'est pas la pratique, le refus ou l'acceptation de la sexualité, et tout cela. L'austérité est une forme élevée de discipline selon un modèle établi par les abbés etc., etc ou en Inde, établi par les Brahmanes depuis la nuit des temps. Il y a un modèle établi. Et vous vous conformez à ce modèle reniant tout ce qui est en vous vos désirs, vos ambitions, votre avidité et tout cela. Et en général, cela s'appelle l'austérité. Ainsi, voyez ce qui se passe: vous commencez par une certitude n'est-ce pas? - la certitude que vous avez renoncé au monde aux sens, à la sexualité, etc. Vous commencez par cela. En commençant par la certitude, vous aboutissez à l'incertitude. Je me demande si vous comprenez tout ceci. Si je commence par tout accepter tous les édits religieux, les sanctions et je me mets à les étudier... - pour autant que je le fasse - je finis par dire: 'grands dieux, cela ne rime à rien, je ne crois en rien'. Vous comprenez? En commençant par la certitude, vous aboutissez à l'incertitude pour peu que vous soyez intelligent, il en est ainsi.
44:26 L'austérité a donc un sens très différent. Vous permettez que je m'y penche? Cela vous intéresse-t-il? Ne reniez jamais rien mais observez très attentivement, intensément et par cette observation même l'esprit est délivré des choses de ce monde. Voilà ce qu'est la véritable austérité. Je me demande si vous comprenez ceci.
45:15 Regardez: j'observe que je suis violent. Cela fait partie de la structure, de la nature humaine héritée du passé animal, etc., etc si vous admettez l'évolution. Ou, si vous faites partie de ceux qui croient en la création soudaine alors libre à vous de vous adonner à ce jeu. On est violent. La personne ordinaire voulant être austère lutte contre la violence. N'est-ce pas? Elle ne tuera pas, ne fera pas ceci ou cela elle ne prendra même pas part à la société refusera de s'enroler dans l'armée, sera pacifiste, et ainsi de suite. Elle refuse constamment 'ce qui est' disant 'pas pour moi' - vous suivez tout ceci? Je dis que cela n'est pas l'austérité ce n'est qu'une forme de répression. Mais il s'agit de reconnaître la violence en soi. Ainsi, la violence est la colère, la haine, l'envie, la comparaison l'imitation, la conformité, ce sont tous des schémas de violence. Il faut observer cela en soi sans vouloir le dépasser sans vouloir le réprimer sans vouloir le fuir. Voir le fait et rester avec le fait. Comprenez-vous? Rester avec lui sans le moindre mouvement d'éloignement. C'est là, la profondeur de l'austérité.
47:51 Nous sommes formés à maîtriser: maîtriser ses désirs, maîtriser sa colère, la réprimer et consacrer toute cette énergie à Jésus, à Krishna, etc. Mais nous disons la profondeur de l'austérité ne se trouve pas dans le sacrifice, la conformité l'entraînement à l'acceptation d'un idéal mais dans le fait de voir complètement la nature de la violence. Et pour la voir complètement, ne bougez pas, la pensée ne doit pas intervenir. Ne laissez pas la pensée dériver dans quelque direction que ce soit. Contentez-vous de l'observer. Et si vous le faites, vous verrez apparaître la véritable profondeur de la compréhension et avec elle l'intelligence. Et quand il y a cette intelligence là vous n'avez pas à lutter, c'est fini.
49:29 D'autre part, il y a la sensibilité. Nous sommes pour la plupart sensibles à nos propres sentiments nos propres ambitions, nos propres luttes. Mais nous ne sommes pas sensibles à autrui car nous nous préoccupons tant de nous-mêmes de notre petite cellule. Et quand il y a une très forte concentration sur soi sur ce que l'on fait, sur son apparence... - 'pourquoi ne devrais-je pas faire ceci' - vous suivez? [Avec] cette éternelle préoccupation de soi comment pouvez-vous être sensible à autrui? Pas 'sensible à' - comment pouvez-vous être sensible? Comment quelqu'un d'ambitieux peut-il être sensible? Il faut donc commencer par être sensible physiquement. N'est-ce pas? Il n'existe pas d'école, de collège ou d'université qui vous apprenne à être sensible. N'est-ce pas? Vous vous rendez en Inde pour apprendre à être sensible rendez-vous compte du ridicule de la chose!
51:11 Alors, vos réactions nerveuses votre vivacité d'esprit sont-elles vivantes? Ou les avez-vous anesthésiées? Vous comprenez? Anesthésiées par la croyance. Anesthésiées par l'acceptation d'une autorité. [Vous avez] anesthésié tant votre organisme physique que votre structure psychologique par une lutte continuelle, luttant, luttant, luttant. Je suis romantique, je sais que je le suis mais j'aimerais ne pas l'être car cela contrarie la vision claire, mais cela me plaît. Donc cela m'anesthésie de sorte que je deviens insensible - suivez-vous ceci?
52:28 L'intégrité: le mot 'intégral' signifie être entier. Ce qui signifie aucune contradiction en soi-même. Nous examinons la question elle-même le sens des mots. C'est-à-dire, l'austérité, la sensibilité et l'intégrité. Il ne faut jamais exprimer ce que l'on ne veut pas dire. Et ce que l'on veut dire pourrait être douteux - vous comprenez? Je dis une chose d'après mon ressenti, ma pensée, mes actes mais ce que je pense, ressens et mon action pourrait résulter d'un quelconque conditionnement d'un désir, d'un motif, et n'est donc pas intégral. J'ai envie de faire quelque chose vous savez, c'est la dernière fureur: je dois m'exprimer immédiatement. Qu'est-ce que cela signifie? Que ce besoin n'a nullement été compris en profondeur pas plus que sa signification, son contenu, sa raison d'être mais que vous vous contentez d'agir par ce que vous pensez que c'est de l'intégrité. Le mot 'intégrité' signifie être entier. Et nous autres êtres humains sommes morcelés divisés, opposés, dualistes et nous admettons tout cela, et essayons d'être intègres d'avoir de l'intégrité, ce qui est impossible. Il faut donc aborder la question suivante: qu'est-ce qu'être entier?
55:29 Tout d'abord, toute image que la pensée crée de cette notion d'être entier n'est pas entière. N'est-ce pas? Car la pensée est en elle-même fragmentée, limitée. Par conséquent, aucune projection de sa part ne peut représenter le tout. Alors, l'esprit peut-il découvrir de lui-même ce que signifie être entier, intégral avoir ce sentiment d'une immense intégrité? Pour commencer, vous ne pouvez avoir ce sentiment d'intégrité si vous suivez qui que ce soit... - n'est-ce pas? - si vous êtes disciple de qui que ce soit car alors vous ne faites que vous conformer à ce que quelqu'un a établi. Par votre attitude romantique, vous vous jouez des tours. Avoir de l'intégrité, c'est être sans idéal, sans croyance d'aucune sorte sans aucun sentiment de passé et de futur. Monsieur, ceci est extrêmement difficile ce n'est pas un jeu car le passé dicte, traduit le présent. N'est-ce pas? Et le passé se modifie à travers le présent et continue, mais c'est toujours le passé. Comment un esprit, votre coeur peut-il être entier, intégral, d'une intégrité absolue s'il vit dans le passé? Vous autres, vous ne... L'expérience passée, les souvenirs passés, romantiques vous savez, tout ce fatras.
58:36 Ainsi l'austérité, la sensibilité et l'intégrité ne sont pas le premier pas. Le premier pas est le premier pas. Comprenez-vous? Etes-vous tous endormis?
59:11 Supposons que vous vous dirigiez vers le nord pensant que c'est la bonne direction. Quelqu'un survient et vous dit... 'Regardez ce que vous êtes en train de faire'. Il vous explique tout, et vous lui demandez: 'quel est le premier pas?' Il vous dit 'stop!' Puis il dit: 'après vous être arrêté, allez vers le sud'. Comprenez-vous ceci?
59:54 Deux questions nous ont pris presque une heure. Nous allons donc en voir encore une. Seigneur! Je n'ai pas bien vu ces questions je les ai parcourues, mais ne les ai pas revues.
1:00:31 Il y a maintenant tellement de gourous, tant en Orient qu'en Occident chacun désignant sa propre voie vers l'illumination. Comment peut-on savoir s'ils disent la vérité?
1:00:50 Il y a maintenant tellement de gourous, tant en Orient qu'en Occident chacun désignant sa propre voie vers l'illumination. Comment peut-on savoir s'ils disent la vérité? (rires)
1:01:15 Quand un gourou dit qu'il sait, il ne sait pas. N'est-ce pas? Comprenez-vous ce que je dis? Quand un gourou, un occidental, ou un oriental dit: 'j'ai atteint l'illumintation' l'illumination n'a pas à être atteinte. Ce n'est pas une chose à laquelle on accède en gravissant l'échelle, échelon après échelon. C'est ce qu'il faut d'abord comprendre: l'illumination n'est pas une affaire de temps. Comprenez-vous ce que je dis? Par exemple, je suis ignorant, mais en faisant toutes ces choses, je parviendrai à l'illumination quel que soit le sens de ce mot. N'est-ce pas? En effet, qu'est-ce que le temps? Il faut du temps pour se rendre d'ici à un autre endroit. Psychologiquement, le temps a-t-il la moindre raison d'être? Nous l'avons admis, cela fait partie de notre tradition, formation je suis ceci, mais je serai cela. Ce que vous serez n'aura jamais lieu parce que vous n'avez pas dissout, compris 'ce qui est'. La compréhension de 'ce qui est' est immédiate. Inutile d'analyser, de se torturer de s'exercer - oh seigneur, tout cela est si puéril!
1:03:56 Donc l'illumination... Je n'aime pas me servir de ce mot car il est chargé du sens qu'en donnent tout ces gourous. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Non que je prétende savoir qu'ils ne savent pas ce serait stupide de ma part mais je sais ce qu'implique leur discours sur la façon de parvenir à l'illumination pas à pas, par des exercices. Ainsi votre esprit s'embrume, devient mécanique, stupide.
1:04:48 Alors, la première chose à faire, Monsieur qu'il s'agisse de gourous orientaux ou occidentaux c'est de mettre en doute ce qu'ils disent y compris ce que dit l'orateur d'autant plus que je suis très clair sur tous ces sujets. Ce qui ne signifie pas pour autant que je sois seul [à l'être] ce qui est tout aussi stupide mais l'esprit doit être libre de toute autorité adeptes, disciples, modèles, vous comprenez?
1:05:45 Alors, comment savoir si ces gourous disent la vérité? Comment savez-vous si le prêtre local, les évêques les archevêques, les papes, et tout cela comment savez-vous s'ils disent la vérité? Au lieu de partir en Inde (rires) acceptant de nouveaux gourous comment savez-vous s'ils disent la vérité? Je vous en prie Monsieur, ceci est très important. Ils s'engagent dans une sorte de perfide mascarade impliquant argent, situation, autorité vous dispensant des initiations et tout le reste. Et si vous les mettez en question, leur disant: 'que signifie tout cela?' 'pourquoi vous êtes-vous placé en position d'autorité?' Suivez-vous? Mettez-les en question doutez de tout ce qu'ils disent et vous verrez bientôt qu'ils vous jetteront dehors.
1:07:28 L'anecdote suivante survint à l'orateur: un gourou très connu vint me voir. Je raconte cela en passant. Et il dit: 'vous êtes le gourou des gourous' (rires) 'Vous vivez, vous êtes dans le vrai' 'Ce que vous dites est la vérité, vous le vivez'. Il se prosterna, me toucha vous savez, s'agenouilla et tout le reste. Et il dit: 'je suis un gourou qui a beaucoup d'adeptes. 'J'ai commencé en ayant un seul, et maintenant j'en ai un millier et davantage, tant en Occident qu'en Orient spécialement en Occident. 'Et je ne puis les quitter. 'Ils font partie de moi, et je fais partie d'eux. 'Ils m'ont construit et je les ai construits' - suivez-vous? Ecoutez cela attentivement. Les disciples font le gourou, et le gourou fait les disciples. 'Et je ne puis les laisser partir'. Ainsi donc, progressivement s'érige l'autorité dans le monde spirituel. En saisissez-vous le danger? Là où il y a autorité dans le domaine de l'esprit et du coeur, il n'y a pas d'amour. C'est un amour d'emprunt il n'y a aucun sentiment de profonde affection, d'amour, de sollicitude.
1:09:57 Ainsi, pour pouvoir découvrir qui dit la vérité ne cherchez pas la vérité, mais mettez en question. Car la vérité n'est pas une chose que l'on rencontre. La vérité ne vient que quand l'esprit est totalement, complètement libre de tout ceci. Car alors, vous avez la compassion, l'amour pas envers votre gourou, pas envers votre famille pas envers votre idéal ou votre sauveur, ou votre gourou... - l'amour sans aucun motif et par conséquent quand il agit, il agit à travers l'intelligence. Et la vérité n'est pas une chose qui s'achète à quelqu'un!
1:11:16 Monsieur, tous les gourous se réfèrent, tant en Orient qu'en Occident à ce vieux dicton selon lequel vous devez être votre propre lumière. C'est un dicton très connu en Inde, très ancien. Et ils le reprennent [en disant]... 'Mais vous ne pouvez être votre propre lumière sauf si je vous la donne'. N'est-ce pas? Vous ne savez pas. Vous êtes tous si crédules, voilà ce qui ne va pas dans tout ceci. Vous voulez quelque chose, jeunes et vieux. Les jeunes pour eux, le monde est trop cruel trop effrayant ce monde que les générations précédentes ont fait. Ils n'y trouvent pas leur place... Ils sont perdus alors ils s'adonnent à la drogue à la boisson, à toutes ces choses qui ont lieu dans le monde, chez les jeunes communautés, orgies sexuelles, fuite en Inde à la recherche de quelqu'un qui leur dira quoi faire pour gagner leur confiance. Et ils s'y rendent, jeunes, innocents, ignorants et les gourous leur donnent l'impression que l'on s'occupe d'eux qu'ils sont protégés, guidés, et c'est tout ce qu'ils demandent. Ils ne peuvent obtenir cela de leurs parents, de leurs prêtres de leurs spychologues locaux, etc car les prêtres, les psychologues locaux et les psychothérapeutes sont tout aussi confus. Ils partent donc dans ce pays dangereux qu'est l'Inde et s'y font prendre par milliers. Et ils se mettent en quête de réconfort de quelqu'un qui leur dise: 'je m'occupe de vous je serai responsable de vous faites ceci. Faites cela.' Et c'est là un état très plaisant. Et ils disent aussi: 'faites ce que vous voulez, sexe, boissons, allez-y'.
1:14:27 Et la génération précédente est dans la même situation seulement d'une façon bien plus sophistiquée. Les deux sont dans la même situation, jeunes et vieux. Vous voyez cela se produire continuellement dans le monde. Personne ne peut guider, donner la lumière à autrui vous êtes seul: la lumière ne peut vous être donnée vous devez vous tenir absolument seul. Et c'est cela qui est effrayant tant pour les vieux que pour les jeunes. Car si vous appartenez à quoi que ce soit, suivez qui que ce soit vous trempez déjà dans la corruption. Si vous comprenez cela très profondément les larmes aux yeux - vous comprenez? alors il n'y a ni gourou, ni maître, ni disciple il n'y a que vous, un être humain vivant en ce monde le monde - la société, que vous avez créée. Et si vous ne faites rien en vous-même, la société ne va pas vous aider. Au contraire, la société vous veut tel que vous êtes. Alors vous comprenez tout ceci? N'appartenez donc à rien, ni institution ni organisation ne suivez personne, vous n'êtes le disciple de personne mais vous êtes un être humain vivant dans ce monde terrible. Et il y a vous, un être humain qui est le monde et le monde est vous. Vous devez y vivre, le comprendre, et vous dépasser.
1:17:48 Pouvons-nous partir maintenant? Nous nous reverrons demain.