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SA80T6 - La fin de la souffrance voit naître l’amour et la compassion
6e causerie
Saanen, Suisse
17 juillet 1980



0:26 Il nous reste une causerie, dimanche prochain. Ensuite nous aurons cinq sessions de questions réponses.
0:52 Comme je l'ai dit, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ici nous devrions parler de la mort pardon, par une si belle matinée de la fin de la souffrance et de ce que l'on pourrait rencontrer, à savoir, l'amour et la compassion. Nous avons dit que c'est de cela que nous parlerons aujourd'hui et dimanche, de ce qu'est la méditation, d'accord?
1:49 Nous avons largement traité des divers aspects de la vie de notre existence quotidienne de combien il importe de se comprendre soi-même et de comprendre la structure et la nature du cerveau et de l'esprit. Certains d'entre vous ont peut-être écouté et bien approfondi la question d'autres, peut-être rapidement, superficiellement et le restant dira peut-être 'nous savons tout cela, nous avons lu des choses là-dessus nous avons été en Asie, en Inde et dans d'autres pays amassant beaucoup d'informations. Et puis nous venons ici pour écouter ce que vous avez à dire'. (Bruit d'avion) Le temps est clair, aussi allons-nous avoir beaucoup de bruit!
3:42 Nous avons parlé de l'art de voir de l'art d'écouter et de l'art d'apprendre. (Bruit d'avion) Vais-je continuer quand même? Quel monde merveilleusement paisible! (rires) Et s'il m'est permis j'aimerais commencer par l'art d'écouter.
4:50 Le mot art signifie mettre chaque chose à sa juste place. Tel est le sens étymologique de ce mot. Cela veut dire être en ordre non seulement l'ordre physique, là où l'on habite, dans sa chambre mais aussi l'ordre en soi-même. Nous avons aussi parlé de cet ordre là, l'autre jour. Mais il y a un ordre dans l'écoute. On entend non seulement par l'oreille mais il y a une écoute encore bien plus profonde, au-delà de l'oreille. C'est-à-dire que l'on comprend les mots si l'on parle anglais, français, allemand ou italien et les mots sont transmis au cerveau et leur sens est évalué et soit accepté soit rejeté, selon notre conditionnement. Voilà ce que nous faisons en général. Voilà ce que l'on signifie par entendre entendre avec ses oreilles qui transmettent ce qui est dit au cerveau par les nerfs, etc puis il y a interprétation des mots utilisés qui sont acceptés ou refusés. Mais il existe un autre art d'écouter à savoir, entendre non seulement par les oreilles, mais encore si l'on peut dire, inconsciemment, profondément. Je ne sais si vous vous y êtes jamais essayé. Cela consiste à écouter les mots et à découvrir la vérité que comporte toute déclaration que fait l'orateur non seulement intellectuellement, non seulement avec beaucoup de doute mais également écouter sans aucune résistance ce qui ne veut pas dire accepter. Mais écouter si profondément, avec tant d'attention que l'acte même d'écouter provoque une rupture complète du schéma opérationnel du cerveau. Je ne sais si je suis clair là-dessus. Car notre cerveau fonctionne selon des schémas que le schéma soit moderne ou ancien traditionnel ou non traditionnel pris dans une sorte d'ornière, religieuse, politique, économique, sociale mais sans jamais se rassembler. Cela signifie écouter avec une attention complète qui rompt d'elle-même le schéma du cerveau. Vous suivez ceci?
9:46 Supposons que l'on écoute la déclaration suivante: le passé - écoutez un instant, je vous prie le passé donne un sens au présent et par conséquent le présent n'a pas de sens. Le passé donne un sens au présent et par conséquent le présent n'a aucun sens. On entend cette déclaration, non seulement par les oreilles mais on écoute également pour en découvrir la vérité ou la fausseté, sa signification, sa profondeur. Et cela n'est pas possible .si l'on se contente de comprendre intellectuellement... - n'est-ce pas - si l'on se contente de permettre à l'intellect de dominer afin qu'il raisonne, logiquement ou non et d'en tirer une conclusion. Tandis que si l'on veut bien écouter cette déclaration qui vient d'être faite on l'écoute si complètement que soit elle sonne juste à l'intérieur de soi de par sa vérité soit l'intellect commence à interpréter ce qui a été dit. Alors (...) ai-je clarifié la chose? Voilà ce qu'est l'art d'écouter, qui pourrait constituer en lui-même la réponse globale au sujet de toute la structure de l'esprit et du cerveau la réponse totale, harmonieuse sans aucune orientation ou interprétation le simple acte d'écouter. Pouvons-nous poursuivre à partir de là?
12:56 Tout d'abord, parlons ensemble de la question de savoir si la souffrance peut jamais prendre fin. Ceci a été un problème pour l'homme... - pas seulement la prétendue souffrance personnelle mais la souffrance universelle de l'humanité. La souffrance, du soi-disant individu et celle de l'humanité sont identiques. La souffrance est la même, qu'il s'agisse de la vôtre, de la mienne ou de celle d'autrui. Nous pourrions interpréter différemment cette souffrance nous pourrions attribuer à cette souffrance une cause différente mais essentiellement, la souffrance est commune à tout homme. Ce n'est donc pas votre souffrance, mais la souffrance humaine. Je me demande si nous pouvons tolérer cette déclaration car la plupart d'entre nous est individualiste. Notre formation, notre éducation, notre culture font de nous des individus distincts les uns des autres non seulement biologiquement, physiquement, mais aussi intérieurement. Nos soucis diffèrent de ceux d'autrui, nos anxiétés nos peurs, nos chagrins, nos désespoirs nous sont personnels et n'ont rien à voir avec ceux d'un autre. Et cette individualité a été accentuée par les religions la rédemption des âmes individuelles, etc et dans le monde asiatique, l'individu mener séparément des autres sa lutte pour parvenir au nirvana, paradis moksha, ou ce que vous voudrez. C'est donc ce conditionnement qui a prévalu de siècle en siècle, à savoir que nous sommes des être humains distincts.
16:08 Mais en est-il ainsi? Et du fait que nous sommes des êtres humains individuels distincts nous pensons être libres de faire ce que nous voulons de suivre tel ou tel chemin, tel ou tel gourou de suivre certains idéaux, etc., etc. Alors, il faut d'abord mettre en doute - comme indiqué l'autre jour - le fait qu'on soit vraiment un individu. Ou c'est une illusion qui a été continuellement entretenue par l'éducation, par l'idée selon laquelle vous êtes essentiellement distinct d'un autre. Nous allons mettre en doute cette croyance selon laquelle nous sommes des individus.
17:29 Le mot 'individu' signifie sans division, indivisible. Mais nous ne sommes pas indivisibles, nous sommes divisibles nous sommes morcelés, fragmentés constamment en conflit. Et quand on examine la structure psychologique de chaque être humain il est un facteur commun - que l'on vive en Orient, en Occident où ailleurs - le facteur commun est que tous les êtres humains passent par de grandes difficultés: misère, confusion, angoisse, désespoir, dépression vous savez, tout le reste qu'ils vivent en Inde, en Amérique ou dans ce pays-ci. Tel est le facteur psychologique commun. Votre structure psychologique est donc commune avec celle de toute l'humanité. Par conséquent, vous n'êtes pas une entité psychologique distincte. Il est très difficile pour la plupart des gens de voir cela ou même de l'entendre dire, car ils sont tellement conditionnés toute leur culture repose là-dessus... - le salut individuel, la rédemption par un sauveur l'effort individuel pour devenir quelque chose par opposition au reste, et ainsi de suite.
19:31 Alors, si vous écoutez ceci, soit vous en voyez la vérité, soit vous le rejetez, comme le feront probablement la plupart d'entre vous ou bien vous découvrez de vous-même par l'observation... - non par l'analyse, mais bien par l'observation - votre propre conditionnement et découvrez ainsi combien il est psychologiquement commun à tous. Ainsi, si vous vous servez de votre capacité d'observation sans préjugé, sans votre conditionnement nous pouvons alors cheminer ensemble parler ensemble de la souffrance de l'humanité. L'humanité est vous. Le monde est vous et vous êtes le monde. Vous pouvez différer physiquement, être grand, petit, avoir les cheveux bruns ou blonds et la peau foncée, noire ou blanche, vous savez la peau pourpre ou jaune, etc.
21:18 Nous parlons donc de la souffrance... - la souffrance de l'homme, la souffrance universelle - de la souffrance de chaque être humain vivant sur cette terre. Personne ne semble y échapper. Cette souffrance est provoquée soit par la mort d'un autre soit par le fait d'avoir échoué dans une entreprise comme gravir l'échelle du succés qu'il s'agisse du monde religieux du monde spirituel ou soit-disant tel, ou du monde physique soit par la perte d'un emploi, ou la peur du risque d'une solitude totale. Tous ces facteurs contribuent à la souffrance mort, maladie, grand âge infirmité - vous savez, tout le reste: infirmité, tant physique que psychologique le névrosé et le saint. Et en général, les saints sont névrosés. Je sais qu'il est difficile dans les mondes chrétien et asiatique d'admettre une telle affirmation, mais il faut examiner de prés sans aucun préjugé, cette quête incessante d'un devenir tant dans le monde physique que dans le monde psychologique. Devenir quelque chose. Ce 'quelque chose' est projeté par l'esprit sous forme d'idée ou de concept que l'on s'efforce d'accomplir. Mais ce qui est projeté, l'idéal, est construit assemblé par la pensée et la pensée est elle-même éternellement limitée. Et celui qui fait des efforts dans le domaine limité est soit un idiot soit un inattentif ou quelqu'un d'assez déséquilibré. (Bruit de train) Voici le 1er train, il y en aura trois autres! (rires)
24:42 Nous parlons donc ensemble, si vous le voulez bien de ce sujet de la souffrance de l'humanité, dont vous faites partie. Et l'homme a vécu avec cette souffrance. Il y a eu 5000 guerres pendant la période historique et vous pouvez imaginer toutes les larmes versées les blessures, douleurs, angoisses, brutalités, cruautés endurées pendant toute cette période - et cela continue. Nous continuons encore nos guerres tribales: tout au long de ces millénaires nous n'avons jamais été capables de résoudre ce problème d'y mettre si absolument fin, qu'apparaisse une nouvelle énergie totalement différente de l'énergie de la pensée, de la douleur, de la souffrance. Si vous voulez bien, nous allons donc aborder cela ensemble.
26:25 Qu'est-ce que la souffrance? Et pourquoi l'homme s'en est-il accommodé? Peut-il y être mis fin par la volonté? Ou bien a-t-elle une cause? Si elle a une cause il peut y être mis fin: ce qui a une cause à une fin. Nous avons approfondi cela lors de nos précédentes causeries. Telle est la loi: s'il y a une cause celle-ci a une fin. Nous commençons donc, en tant qu'êtres humains pas en tant qu'individus par nous demander pourquoi l'humanité, vous et un autre vivons ainsi, avec la peur, comme avec le conflit extérieurement et intérieurement, n'en étant jamais libres. Il s'agit d'en être conscient conscient dans le sens où l'on observe la souffrance que l'on subit. Pas une souffrance inventée mais le désespoir, la véritable terrible solitude le sentiment de dépossession la désespérance d'une vie dénuée de sens. Peut-être lui trouvrez-vous des sens mais si vous l'observez vraiment, la vie telle qu'elle est vécue n'a aucun sens: se rendre au bureau, à l'usine pour le restant de ses jours, un congé occasionnel avec du mauvais temps, et voilà ce qu'est notre mode d'existence.
29:18 Qu'est-ce que la souffrance? Le mot 'souffrance' s'apparente au mot 'passion'. Ces deux mots vont de pair la passion, pas la luxure pas les désirs sexuels, mais passion et souffrance vont de pair. Quand vous souffrez énormément notamment quand vous perdez quelqu'un que vous avez aimé 'aimé' entre guillemets et vous vous retrouvez totalement seul sans lien, isolé parce que vous dépendiez de cette personne, étiez attaché à elle ou à autre chose, et ce sentiment d'attachement à une personne a subitement pris fin. Vous avez vécu ensemble, parlé ensemble, ri ensemble parcouru ensemble champs et montagnes, longé les rivières et tout à coup, vous êtes abandonné. Je suis sûr que vous connaissez tous cela. Alors l'esprit qui est incapable de comprendre cet événement soudain cette dépossession, cherche un réconfort... - vous suivez tout ceci? - un réconfort psychologique se rendant à l'église, chez les gourous, lisant des livres assistant à des matchs de foot - vous savez, cela revient au même qu'il s'agisse d'une cérémonie religieuse ou de foot. Je sais que serez tous en désaccord là dessus mais tout cela est de l'excitation émotionnelle et nous fuyons ce sujet central qu'est la perte d'une chose qui nous était chère.
32:18 Et pris dans cet isolement, on commence à se retirer... Vous suivez tout ceci? Pensez-vous ensemble? Le fait-on? Se retirer, devenir amère ou perdre l'esprit en cas de choc vraiment très violent ou retomber dans la réincarnation, vous savez, tout le reste. Et les prêtres et les gourous sont trop heureux d'offrir leur aide. Et pris là-dedans, vous êtes à jamais perdus. Mais vous n'avez pas saisi ou compris la racine de la souffrance. N'est-ce pas? Nous rencontrons-nous? Vraiment? D'accord?
33:36 La souffrance est-elle un concentré de toutes les activités isolantes de notre vie? Vous comprenez ce que je dis? Vous suivez? Tout au long de notre vie nous avons par nos actes, nos désirs etc réduit cette énergie tellement complexe de la vie à une sorte d'étroite ornière cette étroite ornière étant le 'moi' mes luttes, mon bonheur, ma souffrance. Et cette immense énergie de vie à été réduite à une toute petite entité, vous suivez? Monsieur Smith, Monsieur quelque chose, Signore et ainsi de suite. Et l'on n'est jamais conscient de tout cela de ce processus isolant de la vie quotidienne qui passe par l'ambition par l'agression agissant pour soi, à la poursuite de ses propres désirs tout cela a réduit cette formidable énergie à ce tout petit point. Et la souffrance est-elle un indice - écoutez, je vous prie - soulignant cet extraordinaire sensation de séparation? Vous suivez ceci? Est-ce trop difficile? Nous ne parlons pas sous forme d'abstractions de théories, théologique ou théorique. Nous parlons ensemble de la façon pratique de mettre un terme à cette affaire à cette énorme fardeau qui a pesé sur l'homme. Et la souffrance pourrait être un indice reliant la dépendance, l'attachement à la corruption. Et la mort aussi est une forme de corruption. Je me demande si vous suivez tout ceci! Non, non. Vous êtes tous... Avancez Monsieur. (Rires) Pardon!
37:35 Nous sommes en train de découvrir lentement petit à petit, la cause de la souffrance. Quand quelqu'un meurt, il y a d'abord, un choc physique. N'est ce pas? Et quand ce choc est passé, il y a sur le plan mental, émotionnel psychologique, ce sentiment de solitude absolue, désespérée. Je n'invente rien, telle est notre vie. Et dans la mesure où l'on ne chercher pas à le fuir, à l'éviter il s'agit de rester entièrement avec le fait de ce sentiment d'isolement au lieu de le fuir dans les larmes, le désespoir - vous suivez - tout ce qui en résulte et d'être complètement attentif au fait que par toutes ces diverses activités on a provoqué cet isolement. (Bruit de train) C'est le second train!
39:38 Ainsi, la fin de la souffrance n'est pas de mise au moment où l'on perd quelqu'un vous comprenez? ou devant une incapacité d'accomplir quelque chose ou en ne réusssissant pas à devenir quelque chose en gravissant l'échelle du succés, soit spirituellement ou matériellement ni au moment de la mort de quelqu'un que l'on estimait ou aimait, ou d'un compagnon la souffrance ne date pas de là, elle a commencé il y a longtemps. Vous avez compris ce que je dis? Elle a commencé il y a longtemps dans le sens ou tous vos actes ont conduit à cet isolement dont vous êtes inconscient, qui est considéré comme normal. Et la souffrance pourrait être une indication de ce que vous avez fait. Vous suivez Messieurs?
41:09 Ce processus d'isolement peut-il donc prendre fin pas au moment de la mort, et en comprenant la mort et tout le reste - la cause de ce mouvement d'isolement? La cause de ce mouvement d'isolement est-elle l'idée que 'je suis un individu je ne suis pas le reste de l'humanité je suis séparé, mon salut dépend de mon propre effort de ma propre recherche isolante de mon activité isolante? Cela commence là. Cette cause qui en est le commencement peut-elle prendre fin là? Je me demande si vous comprenez tout ceci? Cheminons-nous ensemble? Pas verbalement, je vous prie n'importe qui peut voir ceci très clairement verbalement mais il s'agit d'aller jusqu'au fond de la chose d'y investir son cœur et son esprit.
42:48 Existe-t-il une action qui n'isole point? Vous comprenez ce que je dis? Quelle qu'elle soit? Cette action ne peut avoir lieu que lorsqu'on comprend la nature de l'amour - vous suivez ceci? Pas l'amour pour un gourou, un dieu, ou des livres, pour sa femme - l'amour. Qui ne comporte aucun sentiment de jalousie. N'est-ce pas? Comment quelqu'un d'agressif peut-il savoir ce qu'est l'amour? N'est-ce pas? Quelqu'un d'ambitieux préoccupé par lui-même, par son progrès, sa douleur, ses peurs vous suivez - préoccupé par lui-même - comment peut-il aimer? Et il y a cette idée asiatique et peut-être existe-elle aussi ici - en effet qui consiste à s'abandonner à Dieu - vous comprenez? ou abandonnez-vous au gourou à la vanité du gourou - vous comprenez? Vous suivez tout ceci? Ce qui signifie que la vérité n'importe pas autant que votre abandon à une image crée par l'esprit. Votre gourou - peu importe comment il se définit, etc est un concept de votre esprit une image que vous vous êtes faite de ce que devrait être un gourou. N'est-ce pas? Et le gourou tire naturellement parti de cette image. Oh, vous êtes tous si puérils!
45:45 Existe-il alors une action qui ne soit pas née du désir? Je me suis penché sur cela l'autre jour sur tout le mouvement du désir, a savoir, l'amour est-il désir? Non, ne dites pas non - il est facile de dire non. Mais il s'agit de le découvrir, de comprendre la nature du désir avec toutes ses images et la fin des images autrement dit, de voir que le désir n'est pas l'amour. Et le plaisir que ce plaisir se trouve dans la quête de Dieu, dans les œuvres sociales ou dans l'aide apportée à autrui, etc donc fondamentalement, profondément, la poursuite du plaisir ce plaisir là n'est pas l'amour. N'est-ce pas? Etes-vous d'accord d'aller jusque là? Ou votre plaisir sexuel le plaisir d'être quelqu'un en ce monde le plaisir de pouvoir accomplir quelque chose intérieurement de s'accrocher à quelque expérience au moyen de drogues, de l'alcool d'une certaine présence hypnotique de votre gourou et d'éprouver une expérience et s'accrocher à cette expérience ce qui vous procure du plaisir - tout cela, est-ce l'amour? Allons-nous approfondir cela ensemble? C'est votre problème. Vous êtes assis là, en train d'écouter, d'opiner, d'en voir la logique d'en voir le bien fondé, son côté raisonnable son intelligibilité, mais en quittant ce lieu cette tente, vous voilà repris dans le même vieux jeu. Alors, êtes-vous désireux en tant qu'être humain de continuer à porter ce fardeau de la souffrance? N'est-ce pas? Et un esprit vivant dans la souffrance ne peut jamais être libre. Vous comprenez? Et seul un esprit totalement affranchi de la souffrance connaîtra la compassion.
49:34 L'acte de compassion est l'acte d'intelligence. Par ce mot, nous n'entendons pas l'aptitude intellectuelle de discernement de distinguer, de raisonner de juger, d'évaluer - tout cela relève des aptitudes de l'intellect. L'intellect a donc sa propre intelligence. Vous suivez? Mais nous parlons d'un type d'intelligence totalement différent. L'intelligence intellectuelle ordinaire, nous l'avons tous, plus ou moins car nous sommes censés être cultivés, lisons des livres sommes habiles dans l'argumentation, opposant une opinion à une autre, etc. Mais là où il y a compassion, l'intellect tient bien peu de place. Quant à la compassion, celle-ci survient sans qu'on l'invite, elle survient lors de la fin de la souffrance. La fin de la souffrance est le commencement de la sagesse et donc de l'intelligence. Vous comprenez tout ceci? Non, (rires) vous ne le faites pas! Probablement êtes-vous - j'espère que non - persuadés par l'orateur dominés par sa présence, ce qui est absurde. Mais si vous allez vraiment très au fond de tout cela vous découvrirez que votre énergie est actuellement dissipée en actes idéalistes en action individuelle réductrice tout ce gaspillage d'énergie rendant l'esprit superficiel inhibant l'immense capacité du cerveau psychologiquement, rendant cette structure psychologique de plus en plus étroite, superficielle.
52:59 La compassion va donc de pair avec l'intelligence et la sagesse qui est la nature même de l'intelligence. En présence de cette intelligence, on peut discuter logiquement, sainement mais avec cette qualité de compassion - vous comprenez? Non, évidemment pas.
53:29 Donc amour, compassion, et la fin qui est la mort. Vous saisissez ceci? Non. Voyez-vous, vos esprits ne sont pas assez rapides. Il vous faut toujours des explications. On ne voit pas immédiatement la beauté de cette affirmation. Nous allons maintenant voir ce qu'est la mort. J'ignore on ignore si cette recherche vous intéresse. Certains disent: 'je hais la mort'. 'J'abhorre la pauvreté ' - les gourous le disent. Et à présent, alors qu'il n'y a pas trop de bruit en l'air nous pouvons maintenant examiner ce qu'est la mort.... Car nous devons tous l'affronter que l'on soit vieux, jeune ou infirme ou vivant dans un grand luxe, avec de l'argent et tout le reste les saints et l'homme du commun le pape et le petit prêtre paroissial de village tous doivent affronter la chose. Même Marx doit l'affronter. Les communistes doivent l'affronter. Les psychologues doivent l'affronter. Nous sommes donc des êtres humains ordinaires pas des professionnels car ces gens là qui sont des professionnels, sont déjà engagés: les gourous professionnels, les prêtres professionnels les psychologues professionnels sont déjà engagés, et quand on est engagé lié, on est déjà corrompu.
56:08 Mettons-nous donc à l'étude: qu'est-ce que la mort? C'est-à-dire, qu'est-ce que la mort dont l'humanité à peur depuis la nuit des temps? Qu'est-ce qu'une fin? Vous comprenez ma question? Une fin. La fin de l'acte de fumer, de se droguer de boire des boissons alcoolisées la fin d'une chose ou une autre - la fin. Vous comprenez ma question? Mettons-nous jamais fin à quoi que ce soit? Ou continue-t-on le modèle sous d'autres couleurs? Je renonce à ce modèle-ci et en prends un autre. Je renonce à ce conditionnement-ci et en prends un autre. Je vais d'un psychologue à un autre. le dernier en vogue, avec son nouveau vocable. Alors, y a-t-il jamais une fin à quoique ce soit dans notre vie? Cherchez avec moi, je vous prie ne vous bornez pas à rester assis là, à écouter: découvrez. Ou y a-t-il une continuité permanente d'une même chose dans d'autres directions? Mettez-vous jamais fin à quoi que ce soit sans aucun motif? Vous comprenez ce que je demande? Sans un acte de volonté qui dit 'je vais mettre fin'. Cherchez. Avez-vous naturellement mis fin à une chose qui vous enchantait? Vous comprenez ma question? Vous mettrez très facilement fin à une chose pénible mais en ferez-vous de même pour ce qui vous procure un grand plaisir sans aucun motif, sans aucun acte de volonté sans projection et acceptation de cette projection - vous suivez? La fin. Et la mort est la fin.
59:37 Mettons par exemple que vous soyez attaché à quelque chose à votre femme, à votre petite amie à un petit ami, etc., etc., etc. A une croyance, un dogme, un rituel, une théorie à une expérience - vous êtes y attaché, accroché, cramponné. Y aura-t-il une fin naturelle, facile à cet attachement? sans conflit, sans que l'on se demande 'pourquoi faire'? sans le rationaliser, mais simplement y renoncer, l'abandonner? Le ferez-vous? Non. Bien sûr que non. Si vous disiez à votre femme ou à votre petite amie: 'je regrette, je ne te suis plus attaché' elle vous répondrait: 'à qui es-tu attaché?' 'As-tu une autre petite amie?' - vous suivez?
1:00:56 Alors découvrez, tout en étant vivant, - soit-disant vivant avec toute la peine de la vie - si vous pouvez cesser quelque chose avec bonheur, facilité, sans le moindre conflit. Si vous en êtes incapable et ceci n'est pas une menace, ce serait absurde vous serez naturellement effrayé par la mort. Et qu'est-ce que la mort? Vous suivez ma question? Qu'est-ce que cette mort dont les êtres humains ont si peur? Tout le monde à peur de cette chose même Brejnev, j'en suis persuadé. Tout le monde veut continuer. La continuité est ce qui a été, n'est-ce pas, modifié. Mais il s'agit du même mouvement d'une continuité perpétuelle de ce qui a été, modifié. N'est-ce pas? Telle est notre vie: les emplois, les conflits, les guerres le malheur, la confusion, c'est là notre façon de vivre. Et nous nous cramponnons à cela. Ce qui signifie se cramponner à sa conscience... - vous suivez ceci? cette conscience que chacun de nous croit totalement distincte. N'est-ce pas, vous suivez? Cette conscience est faite de son contenu. N'est-ce pas? Vous suivez tout ceci? Son contenu est votre croyance, vos dogmes, vos rituels votre culture, votre savoir, vos désespoirs, dépression votre incertitude, lesquels sont communs à toute l'humanité. N'est-ce pas? Votre conscience est donc la conscience de l'humanité psychologiquement. Et l'esprit, ou le cerveau se cramponne à cela car il s'y trouve en sécurité. Il a peur de lâcher prise car on ne sait pas ce qui se passerait.
1:04:17 Nous disons donc qu'un des éléments du contenu de notre conscience de la conscience humaine, est l'attachement. Je regrette d'avoir à le répéter. Car tel est notre conflit fondamental. Le communiste est attaché à ses idéaux marxistes le catholique aux siens, et ainsi de suite. Les idéalistes, les croyants, les gens qui éprouvent des expériences y tiennent. Tel est le contenu de notre conscience que l'on soit savant, psychologue gourou, ou le dernier pape.
1:05:18 Et si vous prenez un des éléments composant cette conscience tel que l'attachement ou quoique ce soit d'aigu vous touchant de près découvrez alors s'il peut y être mis fin. Sans lutter - vous suivez? Pas 'je dois y mettre fin pour obtenir autre chose' et tout ce fatras. Mettez-y fin. On ne peut argumenter avec la mort c'est à dire la fin. Il y a une merveilleuse histoire tirée des Upanishads en Inde je ne m'y arrêterai pas, bien que ce soit une très bonne histoire il nous reste peu de temps. Vous voulez que je vous la raconte? Evidemment, évidemment (Rires). N'importe quoi pour se divertir et se détourner de soi même.
1:06:52 Un brahmane - vous savez bien sûr ce qu'est un brahmane, en Inde dans les temps anciens, il renonçait à tout ce qu'il avait. Selon une tradition ancienne quand vous aviez accumulé des choses pendant cinq ans par votre travail, etc au bout de cinq ans vous deviez faire don de tout, vous comprenez? Faites-le! (Rires) Ce qui signifie ne jamais accumuler quoi que ce soit n'est-ce pas? - afin de ne rien avoir à céder. Il fait don de son bétail, de sa maison et de divers objets et il a un fils. Le fils vient le voir et dit... 'Père, tu es en train de tout donner et à qui vas-tu me donner?' Et le père répond... 'Je t'en prie, va-t-en, ne sois pas puéril, ne poses pas une telle question'. 'Mais le fils revient plusieurs fois à la charge, et dit enfin... 'Père, dis moi à qui tu vas me donner'. Le père qui finit par être très fâché dit 'je vais t'envoyer à la mort'. Et en tant que Brahmane il se doit de tenir parole. Il renvoie donc le garçon. (Bruit de train) Voilà le quatrième train - ou le troisième. (Rires). Le garçon va donc d'un maître à l'autre, en route vers la mort. Un gourou, un maître dit: on vit après la mort... 'De vie en vie, on atteint finalement le principe suprême'. Puis il va voir un autre maître et lui dit... 'Je vais à la maison de la mort, qu'y a-t-il après?' 'Rien, c'est l'anéantissement'. Il continue donc et arrive finalement à la maison de la mort. Et à son arrivée, la mort est absente. Vous comprenez cela? Voyez-en la beauté, Monsieur. Vous comprenez? La mort étant absente, il attend donc pendant trois jours. Le troisième jour, la mort arrive et dit... 'Comme tu es un Brahmane, je m'excuse de t'avoir fait attendre'. Et comme tu viens de si loin je t'offre tout ce que tu voudras: 'des femmes, des palais, la fortune - tout ce que tu veux'. Et le garçon répond... 'Je veux bien de tout cela, mais en fin compte, je vous retrouverai'. N'est-ce pas? 'Vous serez toujours là quels que soient vos cadeaux, vous serez toujours là'. Et la mort dit 'tu es quelqu'un de merveilleux pour vouloir éviter tout cela et chercher la vérité'. Il approfondit alors la question.... - je n'ai pas moi-même lu l'histoire, mais on me l'a racontée - il étudie alors, la question du temps, du moi, et de la fin du moi. Vous comprenez? Voilà l'histoire. Je regrette qu'elle tombe en panne! (Rires) Mais voilà l'histoire.
1:11:20 On demande donc: peut-on renoncer à quoi que ce soit auquel on tient? Et, existe-t-il une continuité? Voulez-vous bien m'accompagner un peu, vous n'êtes pas trop fatigués? Existe-t-il une continuité du moi, de l'ego? Vous comprenez? Le moi. Je meurs d'une maladie, de vieillesse, d'un accident des médecins... (Rires) des professeurs de yoga. Au bout du compte, je meurs. Et les hindous ont pensé que - les gens de l'Inde ancienne disent qu'il y a 'vous' qui allez continuer, vie après vie, vie après vie passant par diverses étapes de souffrance, etc pour finalement atteindre le principe suprême. N'est-ce pas? C'est ce qui s'appelle la réincarnation s'incarner de nombreuses fois. Mais nous demandons ceci: qu'est-ce qui va continuer? Vous comprenez, ma question? Qu'est-ce que cette chose, ce 'vous' qu'est ce que le 'vous'? Est-ce une réalité? Ou est-ce le produit d'un assemblage? Votre nom, votre apparence, votre culture, votre caractère votre dépendance, votre souffrance - vous suivez? - un assemblage. Ce qui a été assemblé peut être défait. Vous comprenez? Je me demande si vous le comprenez. Ce qui a été assemblé par la pensée. N'est ce pas? Je suis K. J'ai ceci. Je suis cela, je suis populaire, etc., etc. Vous suivez? Tout cela est assemblé par la pensée. N'est ce pas? La pensée qui a créé l'image du moi. Le moi est l'image, opposée à votre image. Suivez logiquement, c'est ainsi.
1:14:59 Cette chose a donc été assemblée par la pensée et quand la pensée prend fin ce qu'elle a assemblé se dissout naturellement. Alors, puis-je dissoudre cette chose, de mon vivant? Vous avez compris? Pas à la fin, cela ne vaut pas grand chose. Cela nous est commun à tous - la mort. C'est donc très, très courant 'vulgus', (rires) courant. Tandis que cette chose qui a été assemblée par la pensée en tant que culture, par la pensée en tant que nom par la pensée en tant que caractère, l'image que la pensée a construite pendant 80, 90, 50, 30 ou 100 ans cette image est la conscience. N'est ce pas? Vous suivez cela? Il peut être mis fin à cette conscience avec son contenu de mon vivant. Ce qui veut dire que tout en vivant je meurs. Je me demande si vous le voyez? Vous comprenez, Monsieur? Il ne s'agit pas d'attendre que la mort survienne à la fin de notre temps mais de vivre avec la mort, qui est la fin. Alors, à ce moment là... (Bruit de train) Cette fin s'accompagne d'une formidable énergie.
1:17:30 qu'essayez-vous de...
1:17:49 Voyez-vous, quand cela finit la cause de la souffrance - est ceci. Et de sa fin naît la compassion qui s'accompagne de l'intelligence. Et si vous voulez aller bien plus loin... - pas vous - ...pénétrer bien d'avantage c'est le commencement de la méditation que nous aborderons dimanche. D'accord? Puis-je me lever et m'en aller?