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SA85T2 - Être absolument affranchi du désordre
2e causerie
Saanen, Suisse
10 juillet 1985



1:55 May we continue with what we were talking about the other day? I think it is important to realise that this is not a personality cult. The person called K is not important at all. But what is important is what he is saying, not what he looks like, his personality, and all the rest of that nonsense. So please, if one may point out carefully and definitely, that the person who is speaking on the platform is in no way important. So this is not a personal cult with all the nonsense that goes with it. Pouvons-nous poursuivre le sujet de l'autre jour ? Je pense qu'il est important de réaliser qu'il n'y a pas de culte de personnalité. La personne appelée K n'est pas importante. Ce qui importe est ce qu'il dit, pas son apparence ou sa personnalité et toutes ces bêtises. Je me permets de préciser, de façon claire et définitive, que la personne qui parle sur l'estrade n'est absolument pas importante. Il n'y a pas ici de culte personnel avec toute l'absurdité qui s'y rattache.
3:22 We talked the other day about various forms of conflict; what is the cause of it; why does one, from the beginning of mankind, two and a half million years ago or so, why man – including of course the woman – why have they lived in conflict and have never solved that problem at all? And throughout the ages, during this long period of evolution, of many, many many millennia, we are still in conflict with each other, between man and woman, between human beings, between a group of people, between nations, sects, religions, this has been going on for thousands of years. I am sure one is aware of all this. L'autre jour, nous avons parlé des différentes formes que revêt le conflit, et de ses causes. Pourquoi , dès l'origine de l'humanité, deux millions et demi d'années à peu près, pourquoi l'homme – incluant la femme, bien sûr – a-t-il vécu dans le conflit, pourquoi n'a-t-il jamais résolu ce problème ? Et pourquoi, à travers les âges, au cours d'une longue période d'évolution qui a duré des millénaires nous sommes toujours en conflit entre nous, entre l'homme et la femme, entre les êtres humains, entre groupes, entre nations, entre sectes, religions. Cela dure depuis des milliers d'années. Je suis certain que l'on est au courant.
5:04 Either we are utterly indifferent to what is going on: the terrorism, the brutality, the appalling cruelty, all the hideous things that are taking place in the world – who is responsible for all this? As we said the other day, this is a serious gathering – not just spend a good morning under a tent, or listen to somebody, but this is a serious, active, co-operative, definite gathering. Ou bien nous sommes absolument indifférents à ce qui se passe : le terrorisme, la brutalité, l'épouvantable cruauté, toutes les horreurs qui se produisent dans le monde. Qui est responsable de tout cela ? Nous l'avons dit l'autre jour, ceci est une réunion sérieuse, pas seulement une belle matinée sous une tente, à écouter quelqu'un – c'est une réunion sérieuse, active, participante et déterminée.
6:14 We were asking too this morning, who is responsible for all this? The responsibility, which implies care, attention, to what is not only taking place outwardly in the world, but also inwardly in all of us, who is responsible for this? Are the politicians responsible? That is, let them do what they want to do, because we have elected them, in the so-called democratic society. In the totalitarian states they are not elected, they just come to power and dominate the whole – all that is going on in the Communist world. So again, who is responsible? The religions? The Islamic world? The Christian world? The Hindu world? Buddhist and so on? Or are we responsible, each one of us? Please do consider this. Is each one of us, living in this world, in this environment, not only in lovely Switzerland but also all over the world, is each one of us, you, sitting there and the speaker here, are we responsible for all this? When you put that question to yourself – I hope we are doing that – are you responsible for creating this appalling world, dangerous world, the brutal world and the terrifying? If you have gone to various countries you see all this – enormous poverty, and those who are terribly rich, high position, born to it, and for the rest of their life they have got their riches, castles, pensions and so on. There are millions upon millions of poor people, starving. Who is responsible? If you are responsible, because you are, as we are, responsible for creating this society. We have created this society around us: the culture, the religion, the gods, all the rest of that ritualistic repetition and sensation. Because we are angry, greedy, violent, disorderly, hating and only limiting our affection to a very small few, and we, each one of us, have created this society in which we live. Is that so? Is each one of us responsible? Or you say, 'I am sorry, I am not'. Or you are indifferent to the whole thing as long as we are safe in a particular country, protected by frontiers. Nous demandons ce matin : qui est responsable de tout cela ? La responsabilité, qui implique de se soucier, d'être attentif à ce qui se passe, non seulement au-dehors, dans le monde, mais aussi à l'intérieur, en chacun de nous – qui est responsable ? Les politiciens ? Eux qu'on laisse faire tout ce qu'ils veulent parce qu'on les a élus, dans une société dite démocratique ? Dans les états totalitaires ils ne sont pas élus, ils prennent le pouvoir et contrôlent tout – c'est ainsi dans le monde communiste. Alors, à nouveau, qui est responsable ? Les religions ? Le monde islamique, le monde chrétien, le monde hindou, bouddhiste, etc.? Ou bien sommes-nous tous responsables, chacun de nous ? S'il vous plaît, accordez de l'attention à ceci. Chacun de nous, vivant dans ce monde, dans cet environnement, pas seulement dans la belle Suisse, mais partout dans le monde, chacun de nous, vous, assis là-bas, et l'orateur ici, est-il responsable de tout celà ? Quand vous vous posez cette question – j'espère que c'est ce que nous faisons – êtes-vous responsable d'avoir créé ce monde effroyable, ce monde dangereux, ce monde brutal et terrifiant ? En voyageant dans divers pays, vous voyez tout cela : une immense pauvreté, et ceux qui sont extrêmement riches, promis de naissance à une situation élevée, et disposant à vie de leurs richesses, de leurs châteaux, de leurs rentes, etc. Et il y a des millions et des millions de pauvres mourant de faim. Qui est responsable ? Vous êtes responsable, car vous êtes, comme nous, responsable d'avoir créé cette société. Nous avons créé cette société qui nous entoure : la culture, la religion, les dieux, toute cette répétition rituelle et sensorielle. Parce que nous sommes coléreux, avides, violents, en désordre, pleins de haine, limitant notre affection à un tout petit nombre d'élus, nous, chacun de nous, avons créé cette société dans laquelle nous vivons. Est-ce ainsi ? Chacun de nous est-il responsable ? Soit vous dites : 'désolé, pas moi', soit tout ceci nous laisse indifférents tant que nous sommes en sécurité dans un pays particulier protégé par ses frontières.
11:40 So we come to a very serious question: what is order and what is disorder? Please, we are discussing, or going together over this question. We are deliberating over this question. Not that you will accept, or in any way acquiesce to what the speaker is saying, then that would be utterly futile. But if we could together take a very long journey, not only intellectually, verbally, but much more profoundly. Why the society which we have created, each one of us, which is creating such terrible disorder, cruelty and all that, are we responsible for all that? And are we different from society, the thing that we have created? Or must there be order first at the house, at our house? Not only in the outer walls of a house, and garden, or the valley, but also the inward world in which we all live, the subjective world, the psychological world. Is there disorder there? You understand my question? I hope the speaker is making it quite clear. As long as we live, each one of us, in disorder – we will go into the question of what is disorder in detail – as long as we live in disorder psychologically, subjectively, inwardly, whatever we do will create disorder. The totalitarian states have said, by changing the society, the environment, forcing them, compelling them, will change humanity, the human brain. They have not succeeded. There is constant dissent, revolt and all the rest of it. Cela nous amène à une question très sérieuse : qu'est-ce l'ordre et qu'est-ce que le désordre ? Je vous en prie, c'est ensemble que nous discutons, que nous parcourons cette question. Nous réfléchissons à cette question, il ne s'agit pas d'admettre, ni d'acquiescer en rien à ce que dit l'orateur – ce serait totalement futile. Mais si nous pouvions ensemble faire un très long voyage, non seulement avec l'intellect, avec les mots mais bien plus en profondeur. Cette société, que chacun de nous a créée, qui engendre un désordre aussi affreux, de la cruauté et tout cela – en sommes-nous responsables ? Sommes-nous différents de la société, cette chose que nous avons créée ? Ou bien faut-il d'abord de l'ordre dans la maison, dans notre maison ? Pas juste dans l'enclos de la maison, du jardin – ou dans la vallée, mais aussi dans le monde de notre vie intérieure, le monde subjectif, le monde psychologique. Là, y a-t-il du désordre ? Vous comprenez ma question ? J'espère que l'orateur s'exprime clairement. Tant que chacun d'entre nous vit dans le désordre – nous verrons en détail ce qu'est le désordre – tant que nous vivons dans le désordre psychologiquement, subjectivement, à l'intérieur, tout ce que nous ferons créera du désordre. Les états totalitaires ont affirmé que changer la société, l'environnement, par la force et la contrainte, transformera l'humanité, le cerveau humain. Ils n'y ont pas réussi. Il y a dissension permanente, des révoltes et tout le reste.
15:21 So if you see this, that we have created this disorder and this disorder is the society in which we live, then what shall we do? Where do you start? Do you want to change society? The social reform, the do-gooders, the men who want to alter laws, through terrorism, through compulsion, through all the rest of it? Or do you put your own house inwardly in order? Is the question clear? If it is not clear we will go over it again. That would be rather an empty waste of time. Alors, si vous le voyez, que nous avons créé ce désordre, que ce désordre est la société dans laquelle nous vivons, qu'allons-nous faire ? Par où commence-t-on ? Voulez-vous changer la société ? La réforme sociale, les âmes charitables, ceux qui veulent changer les lois, par le terrorisme, par la contrainte, par tout ce que vous voulez ? Ou bien allez-vous mettre votre maison intérieure en ordre ? La question est-elle claire ? Si elle ne l'est pas, nous y reviendrons. Mais ce serait plutôt une perte de temps.
16:48 So how shall I, or you, put our house in order? Because that is the only place I can start, not outward reforms, outward change of laws, form United Nations. There, if I may digress a little bit, we were invited to speak there last year and this year. One of their big shots got up after K had spoken and said, 'At last after forty years of working in this Institution, very hard, I have come to the conclusion that we must not kill each other'. Forty years! And we do the same, hoping something will happen out there, something that will compel us, force us, persuade us, drive us. And we have depended on the outer: outer challenges, outer wars and so on. Comment allons-nous mettre notre maison en ordre ? C'est le seul endroit par où commencer, non pas les réformes extérieures, changer les lois à l'extérieur, instituer les Nations Unies. Ici, si je peux faire une petite digression, nous avons été invité à y parler l'an dernier et cette année. Après le speech de K, une de leurs grosses pointures s'est levée et a dit 'Enfin, après avoir travaillé quarante ans dans cette institution, travaillé dur, j'en suis venu à la conclusion que nous ne devons pas nous entretuer.' Quarante ans ! Nous faisons la même chose, nous espérons que quelque chose va arriver, là, quelque chose qui va nous contraindre, nous forcer, nous persuader, nous porter. Nous avons été dépendants de l'extérieur, des défis extérieurs, des guerres extérieures, etc.
18:58 So what shall we do? It's no good joining little communities, following some guru. That is total irresponsibility. Giving over, surrendering oneself to somebody, who calls himself enlightened, lead you to – whatever he will lead you to, generally money and so on. So how shall we start inwardly and bring about order? Order implies no conflict, doesn’t it? No conflict in oneself, completely no conflict. We went into the question the other day, what is the cause of conflict? Volumes have been written about it. Psychologists, psychiatrists, therapists have explained verbally, millions of words have been spilled over, and yet we remain, all of us, in conflict. Where the brain is in disorder, which is the essence of conflict, that brain can never be orderly, simple, clear. If that is taken for granted – as the law, law of gravity, the law the sun rises in the East and sets in the West – that where there is subjective or inward conflict there must be disorder. Look into it, please, carefully. Alors, qu'allons-nous faire ? Rejoindre de petites communautés, suivre un gourou, cela ne sert à rien, c'est d'une irresponsabilité totale. S'abandonner, se mettre entre les mains de quelqu'un qui se dit illuminé, qui vous dirigera vers... n'importe où, généralement de l'argent. Par où allons-nous commencer pour amener l'ordre à l'intérieur ? L'ordre implique : pas de conflit, n'est-ce pas ? Pas de conflit en soi, absolument aucun conflit. Nous avons abordé cela l'autre jour : quelle est la cause du conflit ? On a écrit des volumes sur le sujet. Des psychologues, des psychiatres, des thérapeutes, ont tout expliqué verbalement, des millions de mots qui se sont répandus partout, et pourtant, tous, nous sommes en conflit. Quand le cerveau est en désordre, ce qui est l'essence du conflit, ce cerveau ne peut jamais être cohérent, simple, clair. S'il est considéré comme un fait acquis, comme une loi – comme la loi de la gravitation la loi du lever du soleil à l'Est et de son coucher à l'Ouest – que là où il y a conflit subjectif ou intérieur, il y a nécessairement désordre. Étudiez cela soigneusement je vous prie.
22:27 And what is the nature of disorder? Not what is order, because a confused mind can invent order and say, 'That is order'. A brain that is caught in illusions, as most people are, then it will create its own order out of confusion – right? So what is the nature of disorder? Why do we say: there must be order and then be in disorder? You understand? Why do we separate the two? You understand? We say we realise we are in disorder, which is fairly simple, and then we are seeking order out of it – right? That is, the politicians know there is disorder, and they are seeking order – right? Is that clear? Of course. Not only the politicians, each one of us, we know our life is in disorder. Go to the office in the morning from nine to five – what a life you lead! Nine to five, or twelve to midnight, and struggle, fight, ambitious, greedy, aggressive, climbing the ladder, and come home and be very docile, right? Or submit to your wife, or husband, whatever it is. So there is disorder in this. When there is disorder all the time the brain is seeking order – all the time, because it cannot live in disorder. It cannot function clearly, beautifully, exquisitely, at its highest capacity, when there is disorder. Therefore there is a slight search for order in all of us. So we are asking: why is there this division? You understand? Order and then living in disorder. I don’t know if you are following all this. Right? Don’t be puzzled, it is very simple. We live in disorder, that is certain. Why bother about order? Right? Let us see if we can clear up disorder. Then if you clear it up, then there is order. There is not this conflict between disorder and order. Et quelle est la nature du désordre ? Pas la nature de l'ordre, car un esprit confus peut inventer un ordre et dire : 'l'ordre, c'est cela'. Un cerveau pris dans les illusions, comme celui de la plupart des gens, va créer son ordre personnel à partir de sa confusion, n'est-ce pas ? Alors, quelle est la nature du désordre ? Pourquoi dire qu'il faut de l'ordre quand on est soi-même en désordre ? Vous comprenez ? Pourquoi séparons-nous les deux choses ? Vous comprenez ? On dit qu'on réalise que l'on est dans le désordre, – c'est assez facile – et, sur cette base, on recherche l'ordre, non ? Par exemple, les politiciens savent qu'il y a désordre et ils cherchent à mettre de l'ordre – n'est-ce pas ? Est-ce clair ? Bien sûr. Pas seulement les politiciens, chacun de nous. Nous savons que notre vie est en désordre. Aller au bureau le matin de neuf à dix-sept heures – quelle vie vous menez ! De neuf à dix-sept heures, ou de midi à minuit, et lutter, vous bagarrer, être ambitieux, avide, agressif, gravir les échelons. Puis rentrer à la maison et être tout docile, non ? Vous soumettre à votre épouse, ou elle à son mari, qu'importe. Il y a du désordre là-dedans. Le désordre existe, pourtant, pendant tout ce temps, le cerveau recherche l'ordre – il ne peut pas vivre dans le désordre, Il ne peut fonctionner dans sa clarté, dans sa beauté, dans son intensité, au summum de sa capacité, quand il y a du désordre. Par conséquent, il y a une fragile recherche d'ordre en chacun de nous. Nous demandons donc : pourquoi cette division ? Vous comprenez ? L'ordre et vivre dans le désordre. Je ne sais pas si vous suivez tout ceci. Ne soyez pas perplexes, c'est très simple. On vit dans le désordre, c'est sûr. Pourquoi se soucier de l'ordre ? Bien ? Voyons si nous pouvons déblayer le désordre. Si vous le dégagez, l'ordre est là. Il n'y a plus ce conflit entre le désordre et l'ordre.
26:31 Look: it is fairly simple this. We are violent people, aggressive, not only physically but also psychologically, inwardly. We want to hurt people. We say things brutally about others. Violence is not merely physical action, activity, but also violence is psychological: aggressive, imitative, comparing oneself against another, all that is a form of violence. Right? We are, by nature, from the animal, violent. And we don’t stay with that, recognising I am violent, but we invent non-violence. We say, ‘I mustn’t be violent’ – you understand? Why bother with not being violent? You are violent. Let’s see, stay with that, hold with that, not move away from that, then we can examine it together and then see how far we can go to dissipate it. But if you are constantly struggling to become non-violent then you can’t solve the problem. Because when you are trying to become non-violent you are all the time sowing the seeds of violence. You understand? Right? I am violent, I hope one day to be without violence, that one day is pretty far away and during that interval I sow, I am still violent – perhaps not so much but still violent. So I say don’t let me bother with not being violent, let’s understand violence – what is its nature, why it exists, is it possible to be free of it completely? Right? That’s much more interesting and vital than pursuing non-violence. Regardez, c'est vraiment tout simple. Nous sommes des gens violents, agressifs, pas seulement physiquement, mais aussi psychologiquement, à l'intérieur. Nous voulons blesser les gens. Nous disons des choses brutales sur les autres. La violence n'est pas seulement l'acte physique, la violence est aussi psychologique : l'agression, l'imitation, la comparaison avec d'autres, etc., tout cela est une forme de violence, n'est-ce pas ? Par nature, issus de l'animal, nous sommes violents. Mais nous ne restons pas avec : 'je suis violent', nous inventons la non-violence, n'est-ce pas ? Nous disons : 'je ne dois pas être violent' – vous comprenez ? Pourquoi vouloir ne pas être violent ? Vous êtes violent. Regardons, restons avec la chose, tenons-nous y, ne nous en éloignons pas. Alors, nous pouvons l'examiner ensemble, puis voir jusqu'où l'on peut aller pour la dissiper. Mais si on lutte constamment pour devenir non-violent, on ne peut pas résoudre le problème. Pendant que vous essayez de devenir non-violent, vous continuez à semer les graines de la violence. Vous comprenez ? Bien ? Je suis violent et j'espère, un jour, être sans violence, mais ce jour-là est bien loin, et en attendant, je suis toujours violent, – plus tout à fait autant, peut-être, mais toujours violent. Alors je me dis : 'plus question de ne pas être violent, comprenons la violence' – quelle est sa nature, pourquoi elle existe, s'il est possible de s'en libérer complètement ? C'est beaucoup plus intéressant et vital que de poursuivre la non-violence, non ?
29:43 So similarly it is important to understand disorder, and forget about order. Because if we understand and move out of that intellectual, verbal understanding, then we can find out how to live a life which is completely non-violent. Right? I hope we are clear on this matter. De la même façon, il est important de comprendre le désordre, et d'oublier l'ordre. Car si nous comprenons, puis dépassons cette compréhension intellectuelle et verbale, alors nous pouvons découvrir comment vivre une vie qui soit complètement non-violente. Bien ? J'espère que nous sommes au clair sur ce sujet.
30:23 So what is disorder? Because the brain is not seeking order, it is now concentrated, attentive to discover what is disorder. This is a dialogue between you and the speaker. Don’t wait for him to answer that question, then you will just repeat. But if you can discover, find the truth of it, it is yours, then you can act. But if you merely listen to what the speaker is saying then you repeat, you don’t know, ‘I don’t understand why, it is so difficult’ and all that nonsense. Right? So what is disorder? To say one thing and think another. To act in one way hiding your own thoughts, feelings, in another way. That is only a very simple matter. That requires great honesty, to say things you mean. Not what others have told you what you mean. Right? Probably all of you have read a great deal so your brains are full of all other people’s knowledge, other people’s concepts, prejudices, added to your own. So you repeat. But you never sit down, or walk in the woods, and find out what is disorder. And to find out one has to have tremendous honesty. Face things as they are. If I am afraid, I am afraid, I don’t pretend I am not afraid. If I have told a lie, I say I have told a lie, not defend it, cause, you know, all the game around it. So if each one can face exactly what one is, not what one should be. Are we together in this? We are walking the same road together, for the time being? So gradually, or instantly, you find out for yourself the causation of disorder. That is, there must be disorder where there is conflict of any kind. Either physical, or subjective, or psychological. And conflict exists when there are two opposing factors in life, the good and the bad – right? Is the good something totally separate from the bad or is the good partly bad? You understand? Am I making myself clear? No. Qu'est-ce que le désordre ? Mon cerveau ne recherche plus l'ordre, il est maintenant concentré, attentif à découvrir ce qu'est le désordre. Ceci est un dialogue entre vous et l'orateur, n'attendez pas qu'il réponde à cette question, sinon vous allez répéter. Mais si vous pouvez trouver la vérité, elle est à vous, vous pouvez agir. Si vous ne faites qu'écouter ce que dit l'orateur, vous répétez, vous ne savez pas – 'je ne comprends pas pourquoi c'est si difficile', et toutes ces bêtises. Alors, qu'est-ce que le désordre ? Dire une chose et en penser une autre, n'est-ce pas ? Agir d'une façon et cacher vos propres pensées, vos sentiments, qui sont différents. Ce n'est pas une affaire compliquée. Il faut une grande honnêteté pour dire ce que l'on pense, – pas ce que d'autres vous ont dit de penser, n'est-ce pas ? Il est probable que vous avez tous beaucoup lu, donc vos cerveaux sont remplis du savoir des autres, des concepts des autres, de leurs préjugés qui s'ajoutent aux vôtres. Donc vous répétez. Jamais vous ne vous asseyez – ou allez marcher dans les bois – pour découvrir ce qu'est le désordre. Pour le découvrir, il faut une formidable honnêteté. Affronter les choses telles qu'elles sont. Si j'ai peur, j'ai peur, je ne fais pas semblant de ne pas avoir peur. Si j'ai dit un mensonge, je dis que j'ai menti, sans me défendre, sans me justifier, vous connaissez tout ce jeu. Alors, si chacun peut affronter exactement ce qu'il est, pas ce qu'il devrait être – sommes-nous ensemble ? Marchons-nous ensemble sur la même route ? Pour l'instant ? Donc graduellement ou instantanément, vous découvrez vous-même, ce qui cause le désordre. Par exemple, qu'il y a forcément du désordre là où il y a un conflit, quel qu'il soit. Ou physique, ou subjectif, ou psychologique. Le conflit existe quand, dans la vie, deux facteurs s'opposent : le bien et le mal – n'est-ce pas ? Le bien est-il totalement séparé du mal ou le bien est-il partiellement mauvais ? Vous comprenez ? Suis-je clair ? Non.
34:58 What is bad? And what is good? Obviously, to kill another is bad, in the name of God, in the name of, etc., another human being. And what is good? To be good. Are you waiting for my description? Probably you have never gone into all this. We will go into this rather interesting subject – is the good separate from the bad? Or does the good have its roots, its beginning in the bad – you understand? I won’t ask if you understand – silly on my part! There are two elements in human beings, the good and the bad. The bad I say is to be angry, the good is not to be angry. But I have known anger – right? And when I say I mustn’t be angry, I will be good, the good is born out of my anger. No? I say, ‘I must be good’ because I have known the bad. Right? If I don’t know the bad, I am the good. Not the goods! I am the good. You understand this? I wonder if you understand. That is, as long as I am violent I don’t know what is the other. If I am not violent, then the other is. So is the good born out of the bad? And if it is born out of the bad, then the good is not good. Right? Are we together in this? It seems rather mystifying, but please, it is not. It is very simple. That is why I said please let us think simply, clearly, without prejudice, without taking a bias. Qu'est-ce qui est mal ? Et qu'est-ce qui est bien ? Évidemment, tuer quelqu'un est mal, au nom de Dieu, etc. – un autre être humain. Et qu'est-ce qui est bien ? Être bon. Vous m'attendez pour une description ? Vous n'avez probablement jamais examiné tout ceci. Nous allons aborder ce sujet plutôt intéressant : le bien est-il séparé du mal ? Ou le bien a-t-il ses racines, son origine dans le mal – vous comprenez ? Je vais cesser de vous demander si vous comprenez, c'est stupide de ma part ! Il y a deux éléments dans l'être humain, le bien et le mal. Je dis qu'être en colère, c'est mal, ce qui est bien, c'est ne pas l'être. Mais, la colère, je connais, n'est-ce pas ? Et quand je dis que je ne dois pas être en colère, que je serai bon, ce bien est né de ma colère. Non ? Je dis 'je dois être bien', parce que j'ai connu le mal. Si je ne connais pas le mal, je suis le bien. – Pas 'les biens' ! Je suis le bien. Vous comprenez cela ? Je me le demande. En d'autres mots, tant que je suis violent, je ne connais pas autre chose. Si je ne suis pas violent, alors l'autre chose existe. Alors le bien est-il né du mal ? Et si le bien est né du mal, ce n'est pas le bien. Non ? Sommes-nous ensemble ? Cela paraît plutôt déroutant, mais ça ne l'est pas. C'est très simple. C'est pourquoi j'ai dit : s'il vous plaît, pensons simplement, clairement, sans préjugés, sans détours.
38:26 So love is not hate, right? If love is born out of hate then it is not love. Is that clear? The speaker does not hate anybody, but suppose he does – then he says, ‘I mustn’t hate, I must love’, that is not love. It is still part of hate. It is a decision, it is an act of thought. And thought is not love. I won’t go into that now, we will go into it. L'amour n'est pas la haine, n'est-ce pas ? Si l'amour est né de la haine, ce n'est pas l'amour. Est-ce clair ? L'orateur ne hait personne, mais supposons qu'il le fasse, il dit alors: 'je ne dois pas haïr, je dois aimer' – mais cela n'est pas l'amour, cela fait encore partie de la haine, c'est une décision, une démarche de la pensée. Et la pensée n'est pas l'amour. Je ne vais pas aborder cela maintenant, nous le verrons.
39:21 So can we, each one of us, feeling the responsibility that we have created this society in which we live, which is monstrous, immoral, beyond imagination what we have done, can each one of us, living in this world, in this society, be utterly free of disorder? That means to be free... complete end of conflict, end of this feeling of duality in us. Duality, the opposing elements in us. So is it not a matter of being tremendously aware – you understand? Aware of every thought! Can we? Alors, ayant ressenti la responsabilité d'avoir créé cette société dans laquelle nous vivons, qui est monstrueuse, immorale – ce que nous avons fait dépasse l'imagination – chacun de nous peut-il, tout en vivant dans ce monde, dans cette société, être absolument affranchi du désordre ? Cela signifie la fin absolue du conflit, la fin de ce sentiment de dualité en nous. La dualité, les éléments contradictoires en nous. La question est d'être formidablement conscient, vous comprenez, conscient de chaque pensée. Le pouvons-nous ?
40:41 So that leads up to a certain point. What is thought? What is thinking? If you are asked what is thinking, what would be your answer? Thinking. You are thinking now because I am asking you, the speaker is asking you: what is thinking? And you begin to think. And all our life is thinking and sensation. Sensation: ‘it is my clock’, the child says, ‘my book’, ‘that’s my swing’ – so what is thinking? By thinking mankind has sent a rocket to the moon. But that thinking also put a flag up there, which is so... you follow? Go all the way up to the moon and put a flag! No, see what thought is doing. Tremendous invention, concentration, cooperation of thousands of people, training, and they go up there and then do the most... And so also thought has created the whole world of technology. Astonishing things they are doing, of which we have very little imagination, or we know very little about it. The computer, the extraordinary submarines, man-of-war, and so on. All that has been done by thinking. And it has built the most extraordinary buildings. So, when you write a letter you have to think, when you drive a car it is almost automatic but you have to think, watchful and so on. Thinking has become extraordinarily important for all of us. Thinking is part of our programme. We have been programmed. I am a Catholic, you are a Protestant, I am a Muslim, you are a Hindu, you are a Communist, I am a Democrat – you follow? It is part of our conditioning, which is, we are being programmed: newspapers, magazines, the politicians, the priests, the archbishop, the pope, you know, the whole thing, we are being programmed. So thinking is what? Why do you think? Why do you think at all? Why don’t you just act? You can’t. First you design very carefully what you are going to do, is it right, or wrong, is it should be, should not be, and then your own emotions, sensations say it is all right, all wrong, and you go and do it. All this is a process of thinking. Right? Should I marry, should I not? That girl is right, that girl is... or the other way round. So thinking has done an extraordinary amount of harm, war – right? – hate, jealousy, wanting to hurt others. So what is thinking? The good, so-called good and so-called bad thinking. Right thinking and wrong thinking, but it is still thinking. Oriental thinking and Western thinking, but it is still thinking. What is thinking? Don’t wait for me. Put yourself that question: what is thinking? Can you think without memory? Sorry. You cannot think without memory. Then what is memory? Go on. Put your brains into it. Remembrance, long association of ideas, long bundle of memories. Then you ask: what is memory? I remember the house I lived in. I remember my childhood. That is what? The past. The past is memory. You don’t know what will happen tomorrow but it can project what it might want, what it might hold. That is still the action of memory in time. Cela nous amène au point suivant : qu'est-ce que la pensée ? Qu'est-ce que penser ? Si l'on vous demandait ce qu'est penser, quelle serait votre réponse ? Penser. Vous pensez à présent, parce que l'orateur vous demande : qu'est-ce que penser ? Et vous commencez à penser. Et toute notre vie est penser et sensation. La sensation : 'c'est "ma" montre', l'enfant dit : 'c'est "mon" livre' 'c'est "ma" balançoire' – alors qu'est-ce que penser ? Grâce à la pensée, l'humanité a envoyé une fusée sur la lune. Mais cette pensée a aussi planté un drapeau là-haut, ce qui est tellement... vous suivez ? Faire tout ce chemin jusqu'à la lune pour y planter un drapeau ! Voyez ce que fait la pensée. Une formidable invention, de la concentration, la coopération de milliers de gens, leur formation, et ils vont là-haut et font la chose la plus... La pensée a aussi créé tout le monde de la technologie, n'est-ce pas ? Ils font des choses stupéfiantes que nous avons peine à imaginer, et dont nous savons très peu de chose. L'ordinateur, les extraordinaires sous-marins, les navires de guerre. Tout cela a été fabriqué en pensant. Et la pensée a construit les plus fabuleux édifices. Donc, pour écrire une lettre, il faut penser, conduire une voiture est presque automatique, mais il faut penser, être vigilant, et ainsi de suite. Penser a pris pour nous une importance extraordinaire. Penser fait partie de notre programme. Nous avons été programmés. Je suis catholique et vous protestant, je suis musulman et vous hindou, vous êtes communiste, je suis démocrate – vous suivez ? Cela fait partie de notre conditionnement, on nous programme : les journaux, les magazines, les politiciens, les prêtres, l'archevêque, le pape, tout le monde – nous sommes programmés. Alors, penser, c'est quoi ? Pourquoi pensez-vous ? Pourquoi penser du tout ? Pourquoi ne vous contentez-vous pas d'agir ? Vous ne pouvez pas. D'abord, vous planifiez avec soin ce que vous allez faire, est-ce juste, est-ce faux, cela devrait-il être, ou pas, et puis vos propres émotions, vos sensations disent que c'est bien ou mal, et vous le faites. Tout cela est un processus de pensée, n'est-ce pas ? Dois-je me marier, ou non ? Cette fille est bien, celle-là est... ou inversement. La pensée a fait énormément de mal, la guerre, la haine, la jalousie, vouloir blesser autrui. Qu'est-ce donc que penser ? La soi-disant bonne et la soi-disant mauvaise pensée, la pensée correcte et la pensée incorrecte – c'est toujours penser. La pensée orientale et la pensée occidentale – c'est toujours penser. Qu'est-ce que penser ? Ne m'attendez pas. Posez-vous cette question à vous-même : qu'est-ce que penser ? Pouvez-vous penser sans mémoire ? Désolé. Vous ne pouvez pas penser sans mémoire. Alors qu'est-ce que la mémoire ? Allez. Faites marcher vos cerveaux. Le souvenir, une longue association d'idées, un long paquet de souvenirs. Puis vous demandez : qu'est-ce que la mémoire ? Je me souviens de la maison où j'ai vécu. Je me souviens de mon enfance. Qu'est-ce que c'est ? Le passé. Le passé est la mémoire. Vous ne savez pas ce qui se passera demain, elle peut projeter ce qu'elle voudrait, ce que demain pourrait lui réserver, c'est toujours la mémoire qui agit dans le temps.
48:33 So what is memory? How does memory come? This is all so simple. Memory... Memory cannot exist without knowledge. Right? If I have no knowledge of my accident in a car which happened yesterday – it didn’t – that accident is remembered. But previous to that remembrance there was the accident, which was the knowledge. The accident becomes a knowledge, then from that knowledge is memory. If I had no accident there would be no memory of an accident. I can imagine other people’s accidents. So knowledge is based on experience – right? So experience is always limited. I can have more experience, more varieties of experience, not only physical, sexual, but also so-called inward, experience of some illusory god and so on. So experience, knowledge, memory, thought. So knowledge, experience being always limited, always, I can’t experience – experience – the immensity of order of the universe. I can’t experience it. But I can imagine it: 'It is marvellous!' So experience is limited and therefore knowledge is limited, whether in the future or now because all knowledge is being added, more and more – right? Scientific knowledge is based on that. From before Galileo they've been added, added. So knowledge is always limited whether now or in the future. Right? So memory is limited. So thought is limited. This is where you’re going to find it difficult. Thought is limited. Thought has invented gods, saviours, rituals, Lenin and Marx and Stalin – limited, their knowledge. So thought, whatever it does, noble or ignoble, religious or non-religious, virtuous or not virtuous, moral or immoral, it is still limited. Whatever thought does! Right? Are we together in this? Alors, qu'est-ce que la mémoire ? Comment vient-elle ? Tout ceci est si simple. La mémoire... La mémoire ne peut exister sans le savoir. N'est-ce pas ? Si je n'ai pas connaissance de mon accident de voiture qui s'est produit hier – ce n'est pas le cas – cet accident est un souvenir. Avant ce souvenir, il y a eu l'accident, qui est un savoir. L'accident devient un savoir, ensuite, à partir de ce savoir, il y a la mémoire. Si je n'avais pas eu d'accident, il n'y en aurait pas le souvenir. Je puis imaginer des accidents d'autres personnes. Le savoir repose sur l'expérience L'expérience est toujours limitée. Je peux avoir plus d'expérience, des expériences plus variées, pas seulement physiques, sexuelles, mais aussi soi-disant intérieures, l'expérience de quelque dieu illusoire, etc. Donc expérience, savoir, mémoire, pensée. Bien ? L'expérience étant toujours limitée, toujours, je ne peux pas faire l'expérience – l'expérience – de l'immensité de l'ordre de l'univers. Je ne peux pas en faire l'expérience. Mais je peux l'imaginer : 'C'est merveilleux !'. Donc l'expérience est limitée, et par conséquent le savoir est limité, que ce soit dans le futur ou maintenant, car tout savoir est une addition, on y ajoute de plus en plus, c'est la base du savoir scientifique. Avant même Galilée et la suite, on ajoutait toujours plus de savoir. Le savoir, actuel ou futur, est donc toujours limité. N'est-ce pas ? Donc la mémoire est limitée. Donc la pensée est limitée. Maintenant vous allez trouver cela difficile. La pensée est limitée. La pensée a inventé les dieux, les sauveurs, les rituels, Lénine, Marx et Staline – leur savoir est limité. Donc la pensée, quoi qu'elle fasse de noble ou d'ignoble, religieuse ou pas, vertueuse ou pas, morale ou immorale, la pensée reste limitée. Quoi qu'elle fasse ! N'est-ce pas ? Sommes-nous ensemble ?
53:08 So can thought bring about order? Because thought itself being limited may be the source of disorder. I wonder if you capture this. You understand my question? Very interesting. Go into it. Anything that is limited must create disorder. If I am a Muslim, which is very limited, I must create disorder. If I am an Israeli, it is limited, I must create disorder. Or a Hindu, Buddhist, Christian, and all the rest of it. Right? So is thought the very root of disorder? Go into it, sir. Please be sceptical, don’t accept a thing that the speaker says. Find out, investigate, not tomorrow, now, sitting there, go into it, find out. Put your passion into it, not your fanaticism. Then you will begin to discover. Alors la pensée peut-elle engendrer l'ordre ? Car la pensée étant limitée pourrait être la source du désordre. Je me demande si vous captez ceci. Vous comprenez ma question ? Très intéressante. Examinez-la. Tout ce qui est limité ne peut que créer du désordre. Si je suis musulman, ce qui est très limité, je vais créer du désordre. Si je suis israélien, c'est limité, je ne peux que créer du désordre. Ou hindou, bouddhiste, chrétien et tout le reste. N'est-ce pas ? Alors la pensée est-elle la racine même du désordre ? Examinez cela, Monsieur. Soyez sceptique, s'il vous plaît, n'admettez pas un mot de ce que dit l'orateur ! Découvrez, cherchez, pas demain, tout de suite, assis là, approfondissez, découvrez. Mettez-y votre passion, pas votre fanatisme. Alors vous allez découvrir.
54:50 So we have lived so far after two and a half million years, or less or more, as human beings, in a state of violence, disorder, conflict, and all that is brought about by thought – right? All of it. So one begins to enquire: is there something else which is as active, as clear, as precise and energetic as thought? You understand? One discovers, say K discovers that thought is very limited – long ago. Nobody told him but he discovered it, or came upon it. And then he begins to ask: is there another instrument like that? Thought is within this brain, within this skull, the brain is the holder of all thought, all memories, all experience. It is also all emotion, sensation, nervous responses. It is the vast memory that is held there, racial, non-racial, personal, all that is there. And the centre of all that is thought. It may say, ‘No, it is something else’ it is still thought! When it says it is seeking super consciousness, it is still thought. Nous avons donc vécu jusqu'ici, depuis deux millions et demi d'années, plus ou moins, en tant qu'êtres humains, en état de violence, de désordre, de conflit, et tout cela est engendré par la pensée – n'est-ce pas ? Le tout. On commence donc à se demander : y a-t-il autre chose d'aussi actif, d'aussi clair, d'aussi précis et plein d'énergie que la pensée ? Vous comprenez ? Mettons que K découvre que la pensée est très limitée – cela fait bien longtemps, personne ne le lui a dit, il l'a trouvé... cela lui est apparu. Il pose alors la question : y a-t-il un autre instrument comme celui-là ? La pensée se trouve dans le cerveau, dans le crâne, le cerveau est l'entrepôt de toutes les pensées, de tous les souvenirs, de toute expérience. Et aussi de toutes les émotions, sensations, réponses nerveuses. Il est la vaste mémoire qui y est entreposée, raciale, non-raciale, personnelle, vous suivez ? Tout cela est là. Et, au centre de tout cela, est la pensée. Elle peut prétendre être autre chose, c'est toujours la pensée ! Quand elle prétend chercher la supra-conscience c'est toujours la pensée.
56:59 So K asks: is there another instrument, not this, – or not an instrument, a wave, a movement which is not of this kind? Are you asking that question? If you are asking it who is going to tell you? Is thought going to tell you? Be careful, please. This is extraordinary, demands great subtlety, skill, because thought can be very deceptive. It says, ‘All right, I have understood thought is limited’ but it is still active. And then it begins to invent. ‘I know thought is limited but God is limitless, and I am seeking God.' Thought is limited but it invents the rituals, the Middle Ages' robes of the monks and the priests. Alors K demande : y a-t-il un autre instrument que celui-ci – pas un instrument, une onde, un mouvement qui n'est pas de cette nature ? Vous posez-vous cette question ? Si vous la posez, qui va vous répondre ? Est-ce la pensée qui va vous répondre ? Attention, je vous prie. Ceci est extraordinaire, cela exige une grande subtilité, du savoir-faire car la pensée peut être très trompeuse. Elle dit : 'Très bien, j'ai compris que la pensée est limitée', mais elle est encore active. Alors elle commence à inventer : 'Je sais que la pensée est limitée, mais Dieu est illimité, alors je cherche Dieu.' La pensée est limitée, mais elle invente les rituels, les robes moyenâgeuses des moines et des prêtres, etc.
58:26 So to find that out, can the brain can the brain use thought, act thoughtfully when it is necessary and otherwise no thought? You understand? Can the brain, when necessary, use thought or live with thought both when you drive a car, when you eat, when you write a letter, when you do this and that, it is all the movement of limited thought. That is, when necessary thought can act. But otherwise why should it chatter all day long? You understand? Alors, pour découvrir cela, le cerveau peut-il se servir de la pensée, agir de manière réfléchie quand c'est nécessaire, et sinon, pas de pensée ? Vous comprenez ? Le cerveau peut-il se servir de la pensée là où c'est nécessaire, vivre avec la pensée quand vous conduisez, quand vous mangez, quand vous écrivez une lettre, quand vous faites ceci ou cela, c'est l'activité de la pensée limitée. Quand c'est nécessaire, la pensée peut agir. Mais sinon, pourquoi devrait-elle bavarder toute la journée ? Vous comprenez ?
59:28 So is there another instrument which is not at all thought? Which is not put together by thought, or conceived by thought, or manufactured subtly by thought? Find out. That requires the understanding of time. May I go into it all? You aren’t tired? Well, you have paid for it so it is up to you! Alors, y a-t-il un autre instrument qui n'est pas du tout la pensée ? Qui n'est pas échafaudé par la pensée, qui n'est pas conçu par la pensée, ou subtilement confectionné par la pensée ? Découvrez. Pour cela il faut comprendre le temps. Puis-je entamer ce sujet ? Vous n'êtes pas fatigués ? Vous avez payé pour cela, à vous de voir !
1:00:18 You have to understand what is time. Not the time of the rising of the sun and the setting, which is also time. The time of the new moon and the full moon. The time of day from morning until evening, twenty four hours. Time is also all that happened in one’s life which are a thousand yesterdays, and all that might happen tomorrow. Time is horizontal and vertical – right? The going up and linear. And time, which is the past, time now, sitting here, and time also is tomorrow. So this is the cycle in which we are caught. A thousand yesterdays, many days in our life, and before I die there will be some more days. So this whole movement, the cyclical movement is time – right? Are we meeting? Time is necessary to evolve from the little seed to the big tree, from the little baby to the grownup man. There is the physical time and also there is psychological time. I am this, but I will be that. To become that, I need time. You are following all this? So the brain lives in time. The brain has been cultivated, grown, evolved through time, from the most primitive, now to the most sophisticated, it took time. So this whole movement of life as we know it, is time. Right? Is that all? Il faut comprendre ce qu'est le temps. Pas le temps qui règle le lever et le coucher du soleil – c'est aussi le temps – le temps de la nouvelle lune et de la pleine lune, le temps d'une journée, du matin jusqu'au soir, vingt-quatre heures. Le temps est aussi tout ce qui s'est passé dans sa vie, c'est-à-dire un millier d'hiers, et tout ce qui peut arriver demain. Le temps est horizontal et vertical – n'est-ce pas ? Celui qui va vers le haut et le linéaire. Et le temps, qui est le passé, qui est maintenant, assis ici, et aussi le temps de demain. Tel est le cycle dans lequel nous sommes pris. Un millier d'hiers, beaucoup de jours dans nos vies, et avant que je meure, il y aura encore des jours. Donc tout ce mouvement, ce mouvement cyclique est le temps, n'est-ce pas ? Nous sommes ensemble ? Le temps est nécessaire pour que la petite graine se développe en un grand arbre, le petit bébé en un adulte. Il y a le temps physique et aussi le temps psychologique. Je suis comme ceci, mais je serai comme cela. Pour devenir cela, il me faut du temps – n'est-ce pas ? Vous suivez ? Par conséquent, le cerveau vit dans le temps. Le cerveau s'est cultivé, a grandi, s'est développé dans le temps, du plus primitif, au plus sophistiqué d'aujourd'hui, cela a pris du temps. Ainsi, tout ce mouvement de vie tel que nous le connaissons, est le temps. Bien ? Est-ce tout ?
1:03:35 Then we know what was yesterday. You may remember your childhood, you may remember your life twenty years ago or ten days ago, which is the past – following? – which is the past. That past is the present, slightly changed, slightly modified by present circumstances. Are you following? Or am I talking to myself? Don’t go to sleep. Another ten minutes, please. Don’t go to sleep or get bored. It is your life we are talking about, not my life. It is your life, your daily life. What it actually is, not what it should be. Your daily, monotonous, lonely, desperate, anxious, uncertain life. And that life is part of the movement of time. Time is also that time coming to an end when I die. So we are concerned with time. I will have a better job if I keep at it. If I get more skilful, I will have more money. All that is time. And yesterdays, many yesterdays, being slightly modified by circumstances, by pressures, is now – right? Do you see that? All that has happened from a thousand yesterdays becomes slightly polished, slightly modified and goes to the future – right? The past modifying itself through the present becomes the future, so the future is now. I wonder if you see this. Right? This requires – please, just give it a little time. That is, I lived in India, with all the cultural, superstitious beliefs, dogmas, tradition, immense tradition of three to five thousand years old, immense tradition, you were brought up on that and you lived there in that little small circle of Brahmanism. And if one wasn’t awake you remained there all the rest of your life until you die. But circumstances, economic circumstances, travel, this and that, makes you drop this. So the past tradition of three to five thousand years is now changed through modification, which is through economy. I have to earn more money. My wife, my children, must have more clothes. But the past is still moving which becomes changed through circumstances. And the change goes on into the future. That is clear. So you ask: what is the future? Ask yourself: what is the future? What is your future? What you are now is your future, modified, but still the future. So there is a continuity from the past, slightly changing, to the future. We have lived on this earth as human beings, homo sapiens, for two and a half million years. And we were savage then and we still are savages, but with clean clothes, shaved, clean, polished, but inwardly we hate each other, we kill each other, we are tribalists, etc. We haven’t changed very much. You understand this? So the future is now. I wonder if... Because what I have been I still am, modified, and I will go on like that. So the future is now. Unless I break the cycle the future will be always the now. I wonder if you understand this. It is not very difficult. Please don’t make it difficult. It is very simple. I have been greedy for the last thirty years and that greed becomes modified because I can’t earn so much, satisfy myself so I am still greedy but it goes on – right? So unless I stop greed now tomorrow will be greedy. It is very simple. Nous savons ce que fut hier. Vous vous rappelez votre enfance, votre vie il y a vingt ans, dix jours, c'est-à-dire le passé – c'est le passé. Ce passé est le présent, avec de petits changements, de légères modifications dues aux circonstances présentes. Suivez-vous ? Ou est-ce que je parle tout seul ? Ne vous endormez pas. Encore dix minutes, s'il vous plaît. Ne sombrez pas dans le sommeil ou l'ennui. C'est de votre vie que nous parlons, pas de la mienne. De votre vie, votre vie de tous les jours. De ce qu'elle est en réalité, pas ce qu'elle devrait être. Votre vie quotidienne, monotone, solitaire, désespérée, anxieuse, incertaine. Et cette vie fait partie du mouvement du temps. Le temps est aussi celui qui prend fin quand je meurs. Nous sommes impliqués dans le temps. 'J'aurai un meilleur poste si je m'accroche, si je deviens plus compétent je gagnerai plus.' N'est-ce pas ? Tout cela est le temps. Et les hiers, tous ces hiers, légèrement modifiés par les circonstances, les pressions, sont le maintenant – n'est-ce pas ? Vous le voyez ? Tout ce qui s'est passé lors d'un millier d'hiers, légèrement lissé, légèrement modifié s'en va vers le futur – n'est-ce pas ? Le passé se modifiant à travers le présent devient le futur, donc le futur est maintenant. Je me demande si vous voyez ceci. Oui ? Accordez-y encore un peu de temps. Voilà, j'ai vécu en Inde, avec toutes les croyances culturelles, superstitions, dogmes, tradition, – une immense tradition vieille de trois à cinq mille ans – une immense tradition, dans laquelle on était élevé, et l'on vivait là, dans ce petit cercle brahmane. Et si l'on ne se réveillait pas on restait là toute sa vie, jusqu'à sa mort. Mais les circonstances, les facteurs économiques, les voyages, etc., vous font l'abandonner. La tradition vieille de trois à cinq mille ans a changé maintenant, elle s'est modifiée pour raisons économiques. Je dois gagner plus d'argent, ma femme, mes enfants doivent être mieux habillés. Le passé est toujours en mouvement, il subit les changements dûs aux circonstances et ce changement se poursuit vers le futur. C'est clair. Alors, vous demandez : qu'est-ce que le futur ? Posez-vous la question : qu'est-ce que le futur ? Quel est votre futur ? Ce que vous êtes maintenant est votre futur, modifié, mais néanmoins le futur. Il y a donc une continuité entre le passé, avec quelques changements, et le futur. Nous autres, êtres humains, homo sapiens, avons vécu sur cette terre depuis deux millions et demi d'années. Nous étions des sauvages alors et nous le sommes encore, mais avec des habits propres, rasés, nets, civilisés, pourtant à l'intérieur, nous nous haïssons, nous nous entretuons, l'esprit tribal, etc. Nous n'avons pas beaucoup changé. Vous comprenez ? Donc le futur est maintenant. Je me demande si... Car ce que j'ai été, je le suis toujours, modifié, et je vais continuer comme cela. Donc le futur est maintenant – à moins que je rompe le cycle, le futur sera le maintenant pour toujours. Je me demande si vous comprenez. Ce n'est pas très difficile. Ne le compliquez pas. C'est très simple. J'ai été avide ces trente dernières années, cette avidité change de forme car je ne gagne plus assez pour me satisfaire mais je suis toujours avide, cela continue – n'est-ce pas ? Si je ne stoppe pas l'avidité maintenant, elle continuera demain. C'est très simple.
1:10:24 So our question then is: can ‘what is’, the past, change, completely end? Then you break the cycle. When you break the cycle the cells in the brain themselves change. We have discussed this matter with brain specialists – don’t bother with all that! You see, sir, I have lived 80 years – the speaker is 90. Don’t sympathise with me, for God’s sake, just 90. All that has happened during these 90 years, or 50 years, or 10 years, or even 10 days, is the past: memory, experiences, talking here, there, audience, small audience, big audience, reputation and all that nonsense, all that is in the past. And he feels important sitting on a platform, his reputation, and he must keep up that reputation, otherwise... So he wants this reputation – sitting on the platform, audience, all that business – to continue. But he may get old – not may, he is old – he may lose the audience because his brain might go gaga – no, listen to it carefully, please listen, it is not a matter of laughter, it is funny but just look at it. His brain may go senile and he will be stuck. So what happens? Unless he is free of the audience now, his reputation now – end it! And he may go gaga next year, all right, but he has ended. You understand? The brain has broken the cycle of time. Which means the brain is composed of millions and millions of cells, those very cells mutate. There is a different species of cells because you have moved away from a certain direction to another direction – you follow? That is, you have been going North all your life. Somebody comes along and says, 'Look, there is nothing in the North, for God’s sake don’t waste your energy on going North, go South or East'. The moment he turns East he has broken the pattern. You understand? The pattern which the brain cells have set, he has broken it and gone East. It is as simple as that, if one does it. But you can play with words endlessly, write books endlessly. But once you see the nature of time, that we have changed through these millions of years very little. We are still killing each other in a more diabolical way. The atom can wipe us out in a second, vaporised. We don’t exist, nothing exists. A man killed another man two million years ago, we are still doing that. Unless we break the pattern we will do that same thing tomorrow. You follow? This is very simple. They killed with a club two thousand years ago, later on they invented the arrow. They thought that would stop all wars. Then there came the Roman Legion and all that. Then we have the present day. Terrible means of destruction. The same thing as two million years ago, we are still doing – killing. That is the pattern the brain has accepted, has lived with, the brain has created the pattern. And if the brain doesn’t realise – for itself, not through pressure, compulsion – doesn’t realise that time has no value in the movement of change. I wonder if you see – right? Then you have broken the pattern. Then there is a totally different way of living. Notre question est donc celle-ci : 'ce qui est', le passé, peut-il changer complètement, finir? Alors vous rompez le cycle. Quand vous rompez le cycle, les cellules cérébrales elles-mêmes changent. Nous en avons discuté avec des spécialistes du cerveau – ne vous embêtez pas avec tout cela. Vous voyez, Monsieur, l'orateur a 90 ans. Pas de sympathie, pour l'amour du ciel, juste 90 ans. Et tout ce qui est arrivé pendant 90 ans ou 50, ou 10 ans, – ou même 10 jours – c'est le passé : les souvenirs,les expériences, parler ici, parler là, à un petit auditoire, à un grand auditoire, la réputation et toutes ces bêtises, tout cela est situé dans le passé. Et il se sent important, assis sur une estrade, il a sa réputation, il doit maintenir sa réputation, sinon... Donc il veut que ce qui fait sa réputation – l'estrade, le public et tout ça – continue, n'est-ce pas ? Mais en vieillissant – il est vieux, en fait – il peut perdre son public, devenir gâteux du cerveau – non, écoutez bien, écoutez, s'il vous plaît il n'y a pas de quoi rire – c'est comique, mais regardez bien quand même. Si son cerveau tourne au sénile, il ne peut plus rien faire. Alors quoi ? Mais s'il est libre de l'auditoire maintenant, libre de sa réputation maintenant – s'il a fini ! Il pourrait devenir gâteux l'an prochain ? Très bien. Mais il a fini ! vous avez compris ? Le cerveau a brisé le cycle du temps. Car le cerveau est fait de millions et de millions de cellules, et ces cellules mutent, d'elles-mêmes, laissant place à des cellules d'une espèce différente parce que vous avez cessé de prendre une direction pour prendre une autre direction – vous suivez ? Mettons que, toute votre vie, vous soyez allé au Nord. Quelqu'un vient vous dire : 'Regardez, il n'y a rien au Nord. Pour l'amour du ciel ne gaspillez pas votre énergie, allez au Sud ou à l'Est.' Dès que vous vous tournez vers l'Est, vous avez cassé le système. Vous comprenez ? Le système que les cellules du cerveau avaient mis en place, il l'a cassé en se dirigeant vers l'Est. C'est aussi simple que cela – si on le fait. Mais vous pouvez indéfiniment jouer avec les mots, écrire des livres à l'infini. Si vous pouviez voir une bonne fois la nature du temps : au cours de ces millions d'années, nous avons très peu changé. Nous continuons à nous entretuer, de manière plus diabolique, n'est-ce pas ? L'atome peut nous éliminer en une seconde, nous vaporiser, et nous n'existons plus, plus rien n'existe. L'homme tuait déjà l'homme il y a deux millions d'années – nous le faisons toujours. Et, à moins de casser le système nous ferons la même chose demain. Vous suivez ? C'est très simple. Il y a deux mille ans, ils tuaient avec une massue, plus tard, ils ont inventé la flèche – pensant que la flèche arrêterait toutes les guerres. Alors arriva la légion romaine et tout cela. Et nous voici aujourd'hui avec de terribles moyens de destruction, n'est-ce pas ? La même chose qu'il y a deux millions d'années, toujours la même chose : tuer. C'est un mode de comportement que le cerveau accepte, il vit avec, c'est lui qui l'a créé. Et si le cerveau réalise – lui-même, pas sous la pression, pas sous la contrainte – que le temps est sans validité dans le mouvement du changement – je me demande si vous voyez cela – alors, vous avez cassé le système. Alors, il y a une toute autre manière de vivre.
1:16:55 May we get up? You can’t sit here for lunch! Pouvons-nous nous lever ? Vous ne pouvez pas rester ici pour déjeuner !