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SA85T5 - Le silence, terrain de l'éternel
5e causerie
Saanen, Suisse
21 juillet 1985



1:50 This will be the last talk at Saanen. We will continue at Brockwood, in England. Ceci sera le dernier entretien à Saanen. Nous continuerons à Brockwood, en Angleterre.
2:14 May we continue what we were talking about last time that we met here? We were saying among other things that this is not a lecture. A lecture is meant to inform, to instruct on a particular subject. This is not a lecture, nor is it an entertainment. Entertainment means amusing yourself, or going to a cinema, or going to a ritual in a church, or in a temple, or a mosque. This is not an entertainment. Nor is it a mere matter of intellectual, theoretical, psychological – what word shall we use? Psychological pursuit. Philosophical pursuit, rather. Philosophy means love of truth, not talking about what has already been talked about. And we are not discussing, or concerned with what others have said. We are together, you and the speaker, as two human beings. You, not this large audience but you as a person, and the speaker are having a conversation together, about their life, about their problems, about all the travail of life. Their confusion, their fears, their aspirations, their desires to achieve success, either in the business world or in the so-called religious world, or in the spiritual world. That is, success. To reach Nirvana, Heaven, or Enlightenment is the same as success in the business world. I hope we understand each other. It is not much difference. A man who is successful in life, making pots of money, then grows, expands, changes and continues in the line of success. There is not much difference between that person or the so-called – the man who is seeking truth, achieving something of a success in that direction. Both are seeking success. One you call worldly, the other you call non-worldly, spiritual, religious. We are not dealing with either of those two. We are concerned, you, as a human being, single, or double, and the speaker, are having a conversation together. He means together, you sitting there and unfortunately the speaker sitting up here. So it is between you and the speaker. Pouvons-nous poursuivre ce dont nous parlions la dernière fois ? Entre autres choses nous disions que ceci n'est pas une conférence. Une conférence est censée informer, instruire sur un sujet particulier. Ceci n'est pas une conférence, pas plus qu'un divertissement : le divertissement c'est se distraire en allant au cinéma, aller à une cérémonie dans une église, un temple ou une mosquée. Ceci n'est pas une distraction. Ce n'est pas non plus une affaire intellectuelle, théorique, psychologique – quel mot employer ? – une recherche psychologique – philosophique, plutôt. Philosophie veut dire amour de la vérité, et non parler de ce dont on a déjà parlé. Ce n'est pas une discussion, un débat : ce que d'autres ont dit ne nous intéresse pas. Nous sommes ensemble, vous et l'orateur, comme deux êtres humains. Vous – pas ce grand auditoire, mais vous en tant que personne – et l'orateur, nous sommes en conversation, à propos de notre vie, de nos problèmes, de toutes les vicissitudes de la vie. De notre confusion, de nos peurs, de nos aspirations, de nos désirs de réussite, dans le monde des affaires ou dans le soi-disant monde religieux, ou dans le monde spirituel. La réussite. Atteindre le nirvana, le paradis ou l'illumination, c'est la même chose que réussir dans les affaires. J'espère que nous nous comprenons. Il n'y a pas grande différence. Un homme qui réussit dans la vie, fait des tas d'argent, l'affaire grossit, se développe, est remaniée, mais toujours sur la voie de la réussite. Il n'y a pas grande différence entre cette personne et l'homme qui dit être en quête de vérité et qui arrive à un certain succés dans cette voie. Les deux cherchent la réussite. L'une est appelée mondaine, l'autre non-mondaine, spirituelle ou religieuse. Nous n'avons à faire avec aucune des deux. Ce qui nous intéresse, c'est vous en tant qu'être humain – célibataire ou en couple – et l'orateur, ensemble, en conversation. Je dis bien : ensemble, vous assis là et l'orateur, hélas, assis ici en hauteur. C'est entre vous et l'orateur.
7:26 You and the speaker have been talking about relationship, between man and woman, boy and girl and so on. We have been also talking about fear, whether it is at all possible, ever, in life, living in the modern world, to be utterly free, psychologically, of all fear. We went into that very, very carefully. And also we talked about time, time by which we live, the cycle of time, which is – the cycle of time which is the past being processed in the present and continues in the future. The past being our whole background: racial, communal, religious, experiences, memories, all this is that background of all of us, whether we are born in the distant East or in Europe, or in America. That civilisation, that culture is the background of all of us. That background goes through changes, it is processed in the present and continues to the future. Human beings, you and another, are caught in this cycle. That has been going on for millions and millions of years. So the past going through the present, modifying itself, is the future. And that has been our evolution. Though we biologically have changed from a million years ago until now, but psychologically, inwardly, subjectively we are more or less what we were a million years ago – barbarous, cruel, violent, competitive, self-centred, egocentric. That is a fact. So the future is the present. Right? Is this clear to you and to the speaker? The future. That is the past modifying itself which becomes the future, that future is now, unless there is a fundamental, psychological change. Are we together? And that is what we are concerned about: whether it is possible for human beings, you and another, to bring about psychological mutation, psychological total revolution in oneself, knowing if we are hurt now, wounded psychologically, as most people are, modifying itself in the present but goes on in the future. So the future hurt is now. Is that clear? Nous sommes d’accord? Vous et moi. Vous et l'orateur, nous avons parlé de la relation, entre homme et femme, ami et amie, etc. Nous avons aussi parlé de la peur, s'il est vraiment possible dans la vie – la vie du monde moderne – d'être jamais totalement libre, psychologiquement, de toute peur. Nous avons examiné cela très, très attentivement. Et nous avons aussi parlé du temps, le temps selon lequel nous vivons, le cycle du temps le cycle du temps, c'est-à-dire le passé remanié dans le présent et continuant dans le futur. Le passé est tout ce qui nous fonde : racial, communautaire, religieux, les expériences, les souvenirs, tout cela est notre terre commune, à tous, que nous soyons nés en Extrême-Orient en Europe ou en Amérique. Cette civilisation, cette culture est notre substrat, à nous tous. Ce substrat subit des changements, des remaniements dans le présent et se perpétue dans le futur. Les humains, vous et les autres, sont pris dans ce cycle. Cela dure depuis des millions d'années. Donc le passé, qui traverse le présent et s'y modifie, est le futur. Cela a été notre évolution. Bien que nous ayons changé biologiquement au cours de ce million d'années, psychologiquement, intérieurement, subjectivement, nous sommes plus ou moins les mêmes qu'il y a un million d'années, barbares, cruels, violents, en compétition, égoïstes, égocentriques. C'est un fait. Donc le futur est le présent, n'est-ce pas ? Est-ce clair pour vous et l'orateur ? Le futur. C'est-à-dire le passé qui se modifie et devient le futur. Ce futur est maintenant, à moins d'un changement psychologique fondamental. Nous nous suivons ? C'est cela qui nous intéresse : s'il est possible aux êtres humains, vous et un autre, de provoquer en soi une mutation psychologique, une révolution psychologique totale, en soi-même, sachant que, si nous sommes blessés maintenant, blessés psychologiquement, comme la plupart des gens, la blessure se modifie dans le présent, mais se poursuit dans le futur. Donc la prochaine blessure est maintenant. Est-ce clair ? Nous sommes d’accord ? Vous et moi.
12:49 So is it possible for human beings, for you, to completely bring about a mutation? That mutation changes the brain cells themselves. That is, if one has been going North all one’s life, some person comes along and says, 'Going North has no importance at all, no value, there is nothing there. Go East, or West, or South.' And because you listen, because you are concerned, because you are deliberate, you go East. That very moment when you turn and go East there is a mutation in the brain cells altogether because going North has become the pattern, the mould, and when you go East you break the pattern – right? It is as simple as that. But that requires not only listening, not merely to words, not merely with the hearing of the ear, but also listening without any interpretation, without any comparison, listening directly, then that very listening breaks down that conditioning. Not bring up all your traditions, your background, your interpretation, none of that, but like when a child listens to a good story, he puts all his naughtiness aside and listens. Est-il donc possible à des êtres humains, à vous, de provoquer une mutation complète ? Cette mutation change les cellules mêmes du cerveau. Disons qu'on a marché vers le Nord toute sa vie, et quelqu'un vient nous dire : 'Aller au Nord est sans intérêt, cela ne vaut rien, il n'y a rien là-bas. Allez à l'Est.' – ou à l'Ouest ou au Sud. Et parce que vous écoutez, parce que cela vous concerne, parce que vous êtes réfléchi, vous allez à l'Est. À l'instant même où vous vous tournez vers l'Est une mutation se produit dans les cellules cérébrales, car aller au Nord était devenu le modèle, le moule, et en allant à l'Est, vous cassez le moule – d'accord ? C'est aussi simple que cela. Mais cela demande qu'on écoute non seulement les mots, qu'on écoute non seulement par l'oreille, mais encore qu'on écoute sans aucune interprétation, sans aucune comparaison : une écoute directe. Alors cette écoute même démolit le conditionnement – pas ramener toutes vos traditions, tout votre connu, vos interprétations, rien de tout cela. Comme un enfant qui écoute une bonne histoire : il oublie toutes ses bêtises et il écoute.
15:19 And also we talked about seeing. Seeing very clearly what is, what is happening in the present world: wars in Afghanistan, the most appalling things are going on there. In Lebanon, in South America, the Far East. Man from a million years or two million years ago killed with a club, then he invented an arrow. He thought that would stop all wars. Now you can vaporise millions and millions of people with one bomb. We have progressed tremendously outwardly, technologically. The computer is going to take over probably all our thinking. It will do better, far better than we can, in a second. And I do not know if you have gone into this question, but you should. What is going to happen to the human brain when the computer can do almost anything that you can do, except of course sex, it can’t look at the stars and say, 'What a marvellous evening it is!' It cannot possibly appreciate what beauty is. So what is going to happen to the human brain? Will it wither when the laser, computer, can take all that over from you? It will save a lot of labour. So either we turn to entertainment, the tremendous weight of the entertaining industry, sport. Or another form of it: go to a church, temple, mosque, to be entertained – sensation. Or turn in a totally different direction. Because psychologically, inwardly, you can go limitlessly. The brain has an extraordinary capacity, each one’s brain. Look what technology has done. But psychologically, subjectively, we remain what we are, year after year, century after century: conflict, struggle, pain, anxiety and all the rest of it. That’s what we talked about over the last four talks, three talks – wasn’t it three talks? Nous avons aussi parlé de voir. De voir très clairement ce qui est, ce qui se passe dans le monde actuel : les guerres en Afghanistan, les horreurs qui ont lieu là-bas, au Liban, en Amérique du Sud, en Extrême-Orient. L'homme d'il y a un ou deux millions d'années tuait avec une massue, puis il a inventé la flèche – pensant que cela arrêterait toutes les guerres. A présent, vous pouvez vaporiser des millions et des millions de gens avec une seule bombe. Nous avons fait d'immenses progrès extérieurs, technologiques L'ordinateur va probablement remplacer toute notre pensée. Il fera mieux, beaucoup mieux que nous, en une seconde. Je ne sais pas si vous avez examiné cette question, mais vous le devriez. Que va-t-il arriver au cerveau humain quand l'ordinateur pourra faire presque tout ce que vous faites, sauf bien sûr le sexe, – et il ne peut pas contempler les étoiles et dire : 'magnifique soirée !' Il lui est impossible d'apprécier ce qu'est la beauté. Que va-t-il donc arriver au cerveau humain ? Va-t-il dépérir quand le laser, l'ordinateur, se substitueront à vous ? Cela économisera beaucoup de travail. Alors, soit nous nous tournerons vers le pur divertissement – le poids formidable de l'industrie du spectacle, du sport – ou vers une autre forme : en allant à l'église, au temple, à la mosquée, pour se distraire, avoir des sensations, soit nous prenons une toute autre direction. Car psychologiquement, intérieurement, il n'y a pas de limite. Le cerveau a des capacités extraordinaires, le cerveau de chacun de nous. Voyez ce qu'a fait la technologie. Mais notre psychologie, notre subjectivité restent les mêmes au cours des ans, au cours des siècles : le conflit, la lutte, la douleur, l'anxiété et tout le reste. C'est ce dont nous avons parlé lors des quatre derniers entretiens, – trois entretiens – c'était trois ?
19:29 Audience: Four talks.

K: Right, thank you.
Auditoire : Quatre.

K: Bien, merci.
19:36 And we also talked about thought. What is the nature of thinking, what is thinking. We went into that very carefully. All thought is memory, based on knowledge. Knowledge is always limited, whether now or in the past or in the future. Knowledge is always, perpetually, eternally limited because it is based on experience. Experience, which is always limited, so knowledge is limited, memory, thought – that is the process of our thinking. And thought has invented all the rituals in all the religious places. It has invented gods through our fear, and so on. We talked about that at considerable length and in detail. Et nous avons aussi parlé de la pensée. Quelle est la nature de la pensée, qu'est-ce que penser. Nous avons examiné cela très attentivement. Toute pensée est mémoire, basée sur le savoir. Le savoir est toujours limité, qu'il se situe maintenant, dans le passé ou dans le futur. Le savoir est toujours, perpétuellement, éternellement limité, parce qu'il repose sur l'expérience. L'expérience est toujours limitée, donc le savoir est limité, et la mémoire, et la pensée – tel est le processus lorsque nous pensons. Et la pensée a inventé tous les rituels de tous les lieux religieux. Elle a inventé les dieux à cause de notre peur, etc. Nous avons parlé de cela très longuement et en détail.
21:06 This morning we ought to talk over together, you and the speaker together, not the whole audience. There is no whole audience, there is only you and the speaker. We ought to talk over together, you and the speaker, about love, death, what is religion, what is meditation, is there anything beyond all the human endeavour, or is man the only measure? Is there something beyond all structure of thought, is there something that is timeless? This is what we have to be concerned with, you and the speaker this morning. Is that all right? Ce matin, nous devrions parler ensemble, vous et l'orateur, ensemble, pas tout l'auditoire – il n'y a pas 'tout l'auditoire' il n'y a que vous et l'orateur. Nous devrions parler ensemble, vous et l'orateur, de l'amour, de la mort, de ce qu'est la religion, ce qu'est la méditation, s'il y a quoi que ce soit au delà de tout l'effort humain, ou l'homme est-il la seule mesure ? Y a-t-il quelque chose au delà de toute structure de pensée, y a-t-il quelque chose hors du temps ? C'est ce qui va nous intéresser ce matin, vous et l'orateur. Cela vous convient ?
22:41 We live by sensation. We talked about that. Our whole structure is based on sensation – sexual, imaginative, romantic, fanciful and so on. And also, as we said, self-interest is the greatest corruption. And is sensation, that is the stimulation of the senses, is that love? We are investigating this thing, you and the speaker together. We are taking a very long journey. It is a long lane, you and the speaker are walking together. Not that he is ahead and you follow, but together, step in step. Perhaps holding hands together, friendly, not dominating either each other, trying to impress each other. So we are, you and the speaker, walking quietly, exploring, investigating, watching, listening, observing. Nous vivons par la sensation. Nous en avons parlé. Toute notre structure repose sur la sensation – sexuelle, imaginative, romantique, chimérique, etc. Et aussi, comme nous l'avons dit, l'égocentrisme est la pire des corruptions. Et la sensation, c'est-à-dire la stimulation des sens, est-ce l'amour ? Nous examinons la chose, vous et l'orateur, ensemble. Nous faisons un très long voyage. Elle est longue, l'allée que vous et l'orateur remontez ensemble. Il n'est pas devant et vous derrière. Ensemble, du même pas, peut-être main dans la main, ensemble, amicalement, sans que l'un domine l'autre, sans que l'un essaie d'impressionner l'autre, nous voici, vous et l'orateur, marchant tranquillement, explorant, enquêtant, regardant, écoutant, observant.
24:53 So we are asking each other: what is love? That word has been spoilt, spat upon, degraded. So we must be very alert to the abuse of that word. So what is love? Is it mere sensation? I love you and I depend on you, you depend on me. Perhaps I sell you and you sell me. I use you, you use me. If the speaker says, ‘I love you’ because you are there, and you feed my vanity, because you are a very large audience and I feel happy, pleased, gratified. So is gratification, fulfilment, attachment, is that love? Is love put together by thought? So you and the speaker are investigating together, so don’t go to sleep. It's a nice, lovely morning. Et nous nous demandons : qu'est-ce que l'amour ? Ce mot est frelaté, on l'a dégradé, on l'a déshonoré. Il faut faire très attention à l'abus de ce mot. Alors, qu'est-ce que l'amour ? Est-ce une simple sensation ? Je vous aime et je dépends de vous, vous dépendez de moi. Peut-être que je vous trahis, et que vous me trahissez. Je me sers de vous, vous vous servez de moi. Si l'orateur dit ‘Je vous aime’ parce que vous êtes là, ma vanité est flattée parce que vous êtes très nombreux et je me sens heureux, content, très honoré : la jouissance, la satisfaction, l'attachement, est-ce l'amour ? L'amour est-il une fabrication de la pensée ? Nous cherchons ensemble, vous et l'orateur, ne vous endormez pas. C'est une très jolie matinée.
27:00 So is love sensation? Is love gratification? Is love fulfilment? Dependence? And is love desire? Please, investigate it together, don’t, please, agree or disagree. We went into that thing – we always approach anything by either we agree or disagree. If we could put aside altogether from our vocabulary, from our brain, saying ‘I agree’ and ‘I don’t agree’. ‘My opinion is this and your opinion is that’ – judgements. If we could put aside all that and just face facts as they are, not only in the world, but also in ourselves. Things as they are. That demands great honesty, the urgency of honesty. Can we do that this morning and face things as they are, not imagine romantically, or sentimentally, or it is our tradition – putting aside all that? Then we can begin to question, enquire into what is love. L'amour est-il une sensation ? L'amour est-il une satisfaction ? L'amour est-il un accomplissement ? La dépendance ? Et l'amour est-il du désir ? Je vous en prie, cherchons ensemble, n'approuvez ni ne désapprouvez, s'il vous plaît. Nous l'avons vu, nous abordons toute chose par 'd'accord-pas d'accord'. Si l'on pouvait exclure complètement de notre vocabulaire, de notre cerveau, ‘je suis d'accord’ et ‘je ne suis pas d'accord', 'c'est mon opinion' et 'c'est votre opinion’ – nos jugements. Si nous pouvions dégager tout cela simplement faire face aux faits tels qu'ils sont, non seulement dans le monde, mais aussi en nous-mêmes. Les choses telles qu'elles sont. Cela demande une grande honnêteté – l'urgence de l'honnêteté. Pouvons-nous le faire ce matin, affronter les choses telles qu'elles sont, sans imagination romantique ou sentimentale, ou selon notre tradition – en excluant tout cela ? Ensuite, on peut commencer à sonder, à examiner ce qu'est l'amour.
29:07 We said, is it sensation? Desire? As we said previously in these talks, we went into the question very deeply, into the whole structure of desire. We haven’t time to go into that all over again. To make it very brief, desire is the result of sensation, and to that sensation, thought gives a shape, an image – you understand? That is, sensation, then thought gives an image to that sensation, and at that second when thought moulds the sensation, at that second desire is born. We have gone into that. Nous disions, est-ce de la sensation ? Est-ce du désir ? Comme nous l'avons dit précédemment, nous avons bien approfondi la question de toute la structure du désir. Nous n'avons pas le temps d'y revenir. Pour être bref, le désir résulte d'une sensation. À cette sensation, la pensée donne une forme, une image – vous comprenez ? Il y a une sensation, puis la pensée met cette sensation en image et, à la seconde où la pensée dessine la sensation, à cette seconde, naît le désir Nous avons vu cela.
30:29 So we are asking: is love desire? Is love thought? Please go into it. It is your life we are concerned, each one of us, our lives, our daily lives, not some spiritual life, following some guru with his inanities, putting on special robes and all the rest of it, the robes of Middle Ages – that is, in the churches – or the robes of recent gurus. It is very important, this question. Is love merely the structure of thought? In our relationship with each other, man, woman, boy and girl and so on, apart from sexual sensations, when one says to another, ‘I love you’, is it dependence? One is fulfilling himself, or herself in another and therefore in that relationship thought comes in, and then the thought creates the image, and that image we call love. Or call that image love. So we are asking: is love – it is unfortunate to use that word – is love put together by thought? Is love antagonism? Can there be love when there is ambition? When we are competing with each other? Is there love when there is self-interest? Please don’t merely listen to the speaker. Listen to yourself. Listen, find out for yourself. When you discover through what actually is you can go very far. But if you merely depend on another, his words, his books, his reputation, that is meaningless. Throw all this away and one has to look at oneself. One has to have passion. Passion can exist only, as we said the other day, when suffering ends. Passion without fanaticism, which then becomes terrorism – all the fanatical movements in the world they have got tremendous passion. Fanaticism breeds passion. That passion is not the passion which comes into being when there is the ending of sorrow. We went into that. So we are asking: is love all this? Jealousy? Which is, in hate, anger, desire, pleasure and so on, is it all love? Dare we face all this? Are you, and the speaker, honest enough to discover for ourselves the perfume of that word? Nous demandons : l'amour est-il du désir ? L'amour est-il la pensée ? Approfondissez-le, je vous prie. C'est de votre vie qu'il est question, pour chacun de nous de nos vies quotidiennes, non pas de quelque vie spirituelle, à suivre quelque gourou et ses inanités, à s'habiller d'un costume spécial, – les habits moyenâgeux des églises, ou les costumes des derniers gourous. Cette question est très importante : l'amour n'est-il que la structure de la pensée ? Dans notre relation mutuelle – homme et femme, ami et amie, etc. – hormis les sensations sexuelles, quand l'un dit à l'autre : ‘je t'aime’, est-ce de la dépendance ? L'un ou l'une trouve sa satisfaction en l'autre et par conséquent cette relation est infiltrée par la pensée, et la pensée crée l'image, et cette image nous l'appelons l'amour. Nous appelons cette image 'amour'. Nous demandons donc : l'amour... – quel dommage d'utiliser ce mot – l'amour est-il un arrangement de la pensée ? L'amour, est-ce l'antagonisme ? Peut-il y avoir amour quand il y a ambition ? Quand l'un et l'autre sont en compétition ? Y a-t-il de l'amour s'il y a de l'intérêt personnel ? S'il vous plaît, n'écoutez pas seulement l'orateur, écoutez-vous vous même. Écoutez, découvrez vous-même. Quand on découvre dans le réel, dans ce qui est, on peut aller très loin. Mais si vous ne faites que dépendre d'un autre, de ses paroles, de ses livres, de sa réputation, cela n'a aucun sens. Il faut déblayer tout cela et s'observer soi-même. Il faut avoir de la passion. Nous l'avons dit l'autre jour, la passion ne peut exister que lorsque la souffrance prend fin. La passion – sans le fanatisme, qui tourne au terrorisme : toutes les organisations fanatiques du monde, sont portées par une formidable passion, le fanatisme engendre la passion. Cette passion n'est pas la passion qui se manifeste quand la souffrance prend fin. Nous avons vu cela. Nous demandons : l'amour est-il tout cela ? La jalousie ? C'est-à-dire la haine, la colère, le désir, le plaisir, etc., tout cela est-il l'amour ? Osons-nous regarder tout cela en face ? Êtes-vous, et l'orateur, suffisamment honnêtes pour découvrir seuls le parfum de ce mot ?
36:04 And from that we ought to consider what place has death in our life. Death, talking about it, is not morbid. It is part of our life. It may be from childhood until we actually die, there is always this dreadful fear of dying. Aren’t you afraid of death? We have put it as far away as possible. So let us enquire together; what is that extraordinary thing that we call death. It must be extraordinary. So without any kind of romantic, comforting, believing in reincarnation, life after death, which is an excellent idea, marvellously comforting. The origin of it probably began with the very ancient Hindus. And the Egyptians talked about it, then Pythagoras the Greek talked about it. If there is a continuity of each one of us, that is, live now, the same thing will be a better opportunity next life, if one believes in that sincerely, deeply, as millions do, then what you do now matters. Right? What you are now. What’s your conduct, what your daily life is. Because if there is a continuity then next life, of course you will have a better castle, better refrigerator, better cars, better wife, or husband. Those who ardently believe in it, they don’t behave properly, they are not concerned about the future any more than you or another. Et partant de là, nous devrions considérer la place que prend la mort dans notre vie. Parler de la mort n'est pas morbide – c'est un élément de notre vie. Probablement, de l'enfance à la mort, il y a toujours cette affreuse peur de mourir. N'avez-vous pas peur de la mort ? Nous l'avons placée aussi loin que possible. Alors, explorons ensemble cette chose extraordinaire que nous appelons la mort – elle doit être extraordinaire. Sans croire à la romance ou au réconfort, comme croire en la réincarnation, une vie après la mort – voilà une excellente idée, merveilleusement réconfortante, dont l'origine remonte probablement aux très anciens hindous. Les Egyptiens en ont parlé, puis Pythagore le Grec en a parlé. S'il y a pour chacun de nous une continuité – ce qui est vécu maintenant continue, avec de meilleures chances, dans la prochaine vie – si l'on croit sincèrement en cela, comme des millions de gens alors c'est ce que vous faites maintenant qui importe, n'est-ce pas ? Ce que vous êtes maintenant, votre conduite, votre vie quotidienne. Car s'il y a une continuité, dans la prochaine vie, vous aurez un plus beau château, bien sûr, un plus beau frigo, de plus belles autos, une meilleure épouse, un meilleur mari. Ceux qui y croient ardemment, ne se comportent pas bien, ils ne sont pas plus inquiets du futur que vous ou un autre.
39:32 So could we also put that comforting idea aside? Not that one Christian world believes: you go straight up to Heaven – your soul – or down below. The speaker would like to tell you a joke about it but he won’t. This is a quite funny joke, but it would take too long, our time is limited. Alors, pourrions-nous aussi mettre cette idée réconfortante au rebut ? Le monde chrétien ne croit pas à la même chose, vous montez tout droit au paradis – votre âme – ou vous tombez tout en bas. L'orateur aimerait vous raconter une blague à ce propos, mais il ne le fera pas. C'est une blague très drôle, mais ce serait trop long, et notre temps est limité.
40:18 So what is death? What is living? What is living – daily life – and what is death. If we don’t understand our daily living, what relationship has death to that? You understand? So first we must enquire what is living. What do we mean by living? What do we mean by good life? Is good life having a lot of money, cars, changes of wives, or girls, or going from one guru to another, and getting caught up in his concentration camp? Please don’t laugh, this is actually what is going on. Is good life enjoyment, tremendous pleasure, excitement, a series of sensations, going to the office from morning until night, for sixty years? For God’s sake, face all this! Working, working, and then dying. This is what we call living. I am sorry, you and I can’t compete. Sorry. Is this what we call living? – constant conflict, constant problems, one after the other. This life to which we cling, of which we know, we have acquired tremendous information, knowledge, about practically everything, and that knowledge we cling to. To those memories which we have, we are deeply attached. All this is called living – sorrow, pain, anxiety, uncertainty, endless sorrow and conflict. And death comes through accident, old age, senility. That is a good word. What is senility? Why do you attribute it to old age? Why do you say, ‘Oh, he is a senile old man’? – I may be. Are you senile? Senility is forgetfulness, repeating, going back to the old memories, half alive – right? And so on. That is generally called senile. I am asking you, the speaker has asked this question very often of himself, so we are both in the same camp. Is senility an old age problem? Or senility begins when you are repeating, repeating. You follow? When you are traditional, go on, go to the churches, temples, mosques, repeat, repeat. Kneel, and the other fellow touches his forehead to the ground, and the Hindus prostrate. So senility can be at any age – right? So ask yourself that question. Donc, qu'est-ce que la mort ? Qu'est-ce que vivre ? Qu'est-ce que vivre sa vie quotidienne et qu'est-ce que la mort ? Si nous ne comprenons pas notre vie quotidienne, quel rapport a la mort avec elle ? Vous comprenez ? Donc, en premier, examinons ce qu'est vivre. Qu'entendons-nous par vivre ? Qu'est-ce que nous appelons 'une bonne vie' ? Une bonne vie, est-ce beaucoup d'argent, des voitures, changer d'épouse ou de petite amie, ou passer d'un gourou à l'autre, et aller s'enfermer dans son camp de concentration ? Je vous en prie, ne riez pas, c'est ce qui se passe réellement. La bonne vie, est-ce la jouissance, énormément de plaisir, l'excitation, une suite de sensations, et aller au bureau du matin au soir, pendant soixante ans ! Pour l'amour du ciel, regardez tout cela en face ! Travailler, travailler et puis mourir. Voilà ce que nous appelons vivre. Pardon, vous et moi ne pouvons pas nous faire concurrence. Je suis désolé ! Est-ce cela que nous appelons vivre ? Des conflits sans arrêt, des problèmes sans arrêt, l'un après l'autre. Cette vie à laquelle nous nous accrochons, que nous connaissons : nous avons acquis énormément d'information, de savoir, pratiquement sur tout, et nous nous cramponnons à ce savoir. Ces souvenirs que nous avons, nous y sommes profondément attachés. C'est tout cela que l'on appelle vivre : chagrin, douleur, anxiété, incertitude, souffrance et conflit sans fin. Et la mort vient, par accident, la vieillesse, la sénilité. Voilà un bon mot. Qu'est-ce que la sénilité ? Pourquoi l'attribuez-vous à la vieillesse ? Pourquoi dites-vous, 'oh, c'est un vieillard sénile’ ? – je le suis peut-être. Êtes-vous sénile ? La sénilité, c'est oublier, répéter, revenir sur les anciens souvenirs, être à moitié vivant – non ? En général, c'est ce qu'on appelle sénile. Je vous pose la question – l'orateur se l'est très souvent posée lui-même, donc nous sommes tous deux dans le même camp. La sénilité est-elle un problème de vieillesse ? Ou la sénilité commence-t-elle quand vous répétez, répétez. Vous suivez ? Quand on est traditionnel, le train-train, on va à l'église, au temple, à la mosquée, on répéte, on répéte, on s'agenouille, un autre touche le sol du front, et l'hindou se prosterne... Il y a donc sénilité à tout âge – n'est-ce pas ? Posez-vous la question.
46:41 So death can happen through old age, through an accident, through terrible pain, disease. And when it comes there is an end to all your continuity – right? To all your memories, to all your attachments, to your bank account, to your fame. You may be the central figure of entertainment, that too comes to an end. La mort peut survenir pour cause de vieillesse, d'accident, dans de terribles douleurs, de maladie. Et quand elle survient, il y a une fin à toute votre continuité – n'est-ce pas ? – à tous vos souvenirs, à tous vos attachements, à votre compte en banque, à votre célébrité. Vous pouvez bien être une grande vedette du spectacle, cela aussi prend fin.
47:31 So we ought to consider what is continuity – you understand? – and what is ending. May we go into that? What is it that continues? That is, a series of movements which becomes a continuity. And what is the meaning of that word 'ending'? You understand? Something that ends. Why are we so frightened of ending something whether it be tradition, a habit, a memory, an experience? Can all that end? Not calculated ending, an ending which is not effort, determination. I end something to achieve something else. Death, you can’t argue with death – right? There is a marvellous story of ancient India. It is too long again. It is really a marvellous story. I don’t know if we have time because we have to talk about religion, meditation, if there is something beyond all this human endeavour. All right, I will repeat that story very briefly. Il faut donc examiner ce qu'est la continuité – vous comprenez ? – et ce qu'est finir. Pouvons-nous y aller ? Qu'est-ce qui continue ? Une succession de mouvements qui forme une continuité. Et quel est le sens de ce mot 'finir' ? Vous comprenez ? Quelque chose qui prend fin. Pourquoi avons-nous si peur de mettre fin à quelque chose, que ce soit une tradition, une habitude, un souvenir, une expérience ? Tout cela peut-il prendre fin ? Pas une fin calculée, mais une fin sans effort, sans détermination. Je mets fin à une chose pour obtenir autre chose. Mais on ne discute pas avec la mort, n'est-ce pas ? Il y a une merveilleuse histoire datant de l'Inde ancienne. Là encore, elle est trop longue. C'est vraiment une histoire merveilleuse. Je ne sais pas si nous avons le temps, car il faut parler de religion, de méditation, voir s'il y a quelque chose au delà de tout l'effort de l'homme. Bon, je vais répéter cette histoire, très brièvement.
49:46 A Brahmana boy – a Brahmana, you understand? A Brahmin of ancient India – he has collected a lot of things, cows and all the rest of it. And he decides to give them away, one by one. And his son comes to him and says, ‘Why are you giving away all this?’ He explains it why: when you collect a lot of things you must give them away, begin again. You understand the meaning of it, the significance? You collect and then give away everything that you have collected. I am not asking you to do this. So the boy keeps on asking that question. And the father gets angry with him and says, 'I will send you to death if you ask me any more questions'. And the boy says, ‘Why are you sending me to death?’ So as the Brahmana when he speaks, says something he must stick to it, so he sends the boy to death. And the boy arrives at the house of death after talking to all the teachers, philosophers, gurus and all the rest of it, he arrives at the house of death. – I am making it very, very brief. And there he waits for three days. Follow the significance of all this, the subtlety of all this. He waits there for three days. Death comes along and apologises for keeping him waiting because after all he is a Brahmana. So he apologises and says, 'I will give you anything you want, riches, women, cows, property, anything you want'. And the boys says, 'But you will be at the end of it. You will always be at the end of every thing'. And death then talks about various things which the boy can’t understand – right? It is really a marvellous story. Un jeune brahmane – vous comprenez ? brahmane, de l'Inde ancienne – il a amassé un tas de choses, des vaches et tout le reste. Et il décide de s'en défaire, une à une. Et son fils vient à lui et dit : ‘pourquoi donnez-vous tout cela ?’ Il explique que lorsqu'on a amassé beaucoup il faut tout donner, pour tout recommencer. Vous comprenez ce que cela signifie, le sens de cela ? On amasse et ensuite on donne tout ce que l'on a amassé. Je ne vous demande pas d'en faire autant. Comme le garçon s'entête à poser cette question, le père se fâche et dit : 'Je t'enverrai à la mort si tu me poses encore une question.' Mais garçon demande : ‘Pourquoi m'envoyer à la mort' ? Or la parole d'un brahmane l'oblige à se tenir à ce qu'il dit, il envoie donc le garçon à la mort. Le garçon se rend à la maison de la mort, après avoir parlé à tous les instructeurs, philosophes, gourous et toute la bande. Il arrive à la maison de la mort. – j'abrège beaucoup. Et une fois là, il attend trois jours. Remarquez la signification, la subtilité de tout cela. Il attend trois jours. Et la mort arrive et s'excuse de l'avoir fait attendre, car après tout c'est un brahmane. Elle s'excuse donc et dit : 'Je t'offre tout ce que tu veux, richesses, femmes, vaches, propriétés, tout ce que tu veux.' Le garçon répond : 'Mais on vous trouvera toujours au bout, vous serez toujours au bout de toute chose.' Et la mort parle ensuite de divers sujets que le garçon ne peut pas comprendre – bien ? C'est vraiment une merveilleuse histoire.
52:44 So let’s come back to realities. Probably you like a lot of stories to be told. I have got quantities, I am not going to. Alors, revenons aux réalités. Vous aimeriez entendre plein d'histoires, j'en ai des quantités, mais j'en resterai là.
52:57 So, what is death? Is time involved in it? Time. Is time death? I am asking you, please consider it. Time, not only by the watch, by the sunset and sunrise, but also psychologically, inwardly. As long as there is the self-interest of time – right? You are following this? As long as there is the self-interest, which is the wheel of time, then there must be death. So is time related to death? Oh, come on, sirs. If there is no time, is there death? Are we together? Please this requires – this is real meditation, not all the phoney stuff. Time, psychological time, not the time of the big clock, or the watch on your wrist. For us time is very important. Time to succeed, time to grow in that success, and bring about a change in that success. Time means continuity: I have been, I am, I will be. There is this constant continuity in us, which is time. Right? If there is no tomorrow – may I enter into all this? This is a dangerous subject. Please pay your attention if you are interested in it, otherwise yawn, and rest and ease. If there is no tomorrow, would you be afraid of death? If death is now, instant, there is no fear, is there? There is no time. You are capturing what I am saying? So is time, is death? As long as thought functions in the field of time – which we are doing all day long – then there is inevitably the ending of it, saying, 'It might end, therefore I am afraid'. So time may be the enemy of death. Or the time is death. Donc, qu'est-ce que la mort ? Est-ce que le temps y est impliqué ? Le temps. Le temps est-il la mort ? C'est ma question, considérez-la s'il vous plaît. Le temps, non selon la montre, le coucher et le lever du soleil, mais psychologiquement, intérieurement. Tant qu'il y a l'égocentrisme du temps – c'est bon ? vous suivez ? – tant qu'il y a l'égocentrisme qui est la roue du temps, il doit y avoir la mort. Alors, le temps est-il lié à la mort ? Oh, allons Messieurs. S'il n'y a pas de temps, y a-t-il la mort ? Sommes-nous ensemble ? Je vous en prie, ceci est la vraie méditation, non toutes ces balivernes. Le temps psychologique, pas le temps de la grande horloge, ou de la montre à votre poignet. Pour nous, le temps est très important. Le temps de réussir, le temps de développer cette réussite, et d'apporter des changements dans cette réussite. Temps veut dire continuité : j'ai été, je suis, je serai. En nous, cette continuité est permanente, c'est cela le temps. Bien ? S'il n'y a pas de demain – puis-je aborder tout cela ? C'est un sujet dangereux, prêtez-y attention, je vous prie – si cela vous intéresse, sinon bâillez, reposez-vous et prenez vos aises. S'il n'y a pas de demain, auriez-vous peur de la mort ? Si la mort est là, instantanée, il n'y a pas de peur, n'est-ce pas ? Il n'y a pas de temps. Vous avez saisi ? Donc le temps est-il la mort ? Tant que la pensée fonctionne dans le domaine du temps – ce que nous faisons toute la journée – il est inévitable qu'elle ait une fin et elle dit : 'je risque de finir, j'ai peur'. Donc le temps pourrait être l'ennemi de la mort. Ou bien le temps est la mort !
57:27 That means, if the speaker is attached to his audience, attached to this, because out of that attachment he derives a great deal of excitement, sensation, importance, self-interest, envious of a person who has a larger audience – right? If the speaker is attached, whether to an audience, to a book, to an experience, to a title, to a fame, then he is frightened of death. Attachment means time. I wonder if you understand all this? Attachment means time. So can I, you, be completely free of attachment, which is time – right? I am attached to you, I depend on you, I cry for you. And you do exactly the same to me. We are attached to each other. And death comes and ends that. So can I end that attachment now? Not wait for death, but be free of that attachment completely? Yes, sir. Face that fact. Autrement dit : si l'orateur est attaché à son auditoire, attaché à tout ceci, car de cet attachement il retire beaucoup d'excitation, de sensations, d'importance, de nombrilisme. Il envie la personne qui attire un plus large public – n'est-ce pas ? Si l'orateur est attaché, à un auditoire, à un livre, à une expérience, à un titre, à une célébrité, alors il a peur de la mort. Attachement veut dire temps. Je me demande si vous comprenez tout cela ? Attachement veut dire temps. Pouvez-vous être complètement libre d'attachement, c'est-à-dire du temps – bien ? Je vous suis attaché, je dépends de vous, je pleure pour vous, et vous en faites exactement autant pour moi. Nous sommes attachés l'un à l'autre. Et la mort vient faucher tout cela. Alors, puis-je mettre fin à cet attachement maintenant ? Sans attendre la mort, être complètement libre de cet attachement ? Oui, Monsieur. Regardez ce fait en face.
59:53 So living is dying and therefore living is death. Together. You understand what I am saying? Oh, come on, sirs. That is why one has to lay the foundation of understanding oneself not according to philosophers, psychiatrists and so on. To understand oneself, not through books, but to see, watch one’s behaviour, one’s conduct, the habit, the accumulation that we have collected through millennia upon millennia. Know all that inside you – the racial, communal, traditional, personal. And the knowledge, the awareness of that is not of time, it can be instant. And the mirror in which you see this is the relationship between you and another, between you and your wife, to see in that relationship all the past, the present, habits, future, everything is there. To know how to look, how to observe, how to hear every word, every movement of thought, that requires great attention, watchfulness. Donc vivre c'est mourir et donc vivre c'est la mort. Ensemble. Vous comprenez ce que je dis ? Oh, allons Messieurs. C'est pourquoi il faut établir les fondations de la compréhension de soi, non selon les philosophes, les psychiatres, et toute la suite. Se comprendre, soi, non par les livres, mais voir, observer son comportement, sa conduite, l'habitude, l'accumulation de ce que l'on a collecté au cours des millénaires. Connaître tout cela en vous – le racial, le communautaire, le traditionnel, le personnel. Et la conscience de cela ne dépend pas du temps, cela vient instantanément. Et le miroir dans lequel vous voyez tout ceci est la relation entre vous et autrui, entre vous et votre épouse, voir dans cette relation tout le passé, le présent, les habitudes, le futur, tout est là. Savoir comment regarder, comment observer, comment écouter chaque mot, chaque mouvement de pensée. Cela exige une grande attention, une vigilance.
1:01:56 So death is not in the future. Death is now when there is no time. When there is no ‘me’ becoming something, when there is no self-interest, egotistic activity, which is all the process of time. Donc la mort n'est pas dans le futur. La mort est maintenant quand il n'y a pas de temps, quand il n'y a pas ‘moi’ devenant quelque chose, pas d'intérêt personnel, d'activité égoïste, tout cela étant les procédés du temps.
1:02:26 So living and dying are together always. And you don’t know the beauty of it. There is great energy in it. We live by energy. You take sufficient food, and right diet and so on, and it gives a certain quality of energy. That energy is distorted when you smoke, drink and all the rest of it. The brain has extraordinary energy. And that extraordinary energy is required to find out for oneself, not be directed by another, to discover, or for that thing to happen. Donc vivre et mourir vont toujours de pair – et vous n'en connaissez pas la beauté. Il y a là une énorme énergie. Nous vivons d'énergie. Vous mangez suffisamment et correctement, etc., et cela donne une certaine qualité d'énergie. Cette énergie est détournée si vous fumez, buvez et tout le reste. Le cerveau a une énergie extraordinaire. Et cette extraordinaire énergie est indispensable pour trouver soi-même, sans être guidé par un autre, pour découvrir – pour que cette chose arrive.
1:03:37 So we are going to enquire into that. That is, what is religion? Please understand, we have talked about fear, we talked about psychological wounds, not to carry for the rest of one’s life. We talked and have gone into it together, what is relationship, the significance of relationship. Nothing can exist on earth without relationship, and that relationship is destroyed when each one of us pursues his own ambition, his own greed, his own fulfilment, and so on. We talked about fear. We went into it together, into the question of thought, time, sorrow and the ending of sorrow. And we have talked this morning also about death. Now we are capable, alive to find out what is religion. Because we have got the energy. You understand? Because we have put all that human conflict, self-interest aside – if you have done it. Which then gives you immense passion and energy, incalculable energy. And what is religion? Nous allons voir cela. Qu'est-ce que la religion ? Comprenez bien : nous avons parlé de la peur, nous avons parlé des blessures psychologiques à ne pas traîner tout le reste de sa vie. Nous avons parlé et approfondi ensemble ce qu'est la relation, le sens de la relation. Rien ne peut exister sur terre sans relation, et cette relation est détruite quand chacun poursuit son ambition, son avidité, sa propre satisfaction, etc. Nous avons parlé de la peur. Nous avons examiné ensemble la question de la pensée, du temps, de la souffrance et de la fin de la souffrance. Et nous aussi avons parlé ce matin de la mort. Maintenant, nous sommes éveillés, capables de découvrir ce qu'est la religion. Car nous en avons l'énergie, vous comprenez ? Nous avons écarté tout le conflit humain, tout l'égocentrisme – si vous l'avez fait. Cela vous donne alors une immense passion et une énergie, une énergie incalculable. Alors, qu'est-ce que la religion ?
1:05:49 Is religion all the things that thought has put together? The rituals, the robes, the gurus, the perpetual repetition, prayers and the whole thing, is that religion? Or is it a big business concern? There is a temple in South India that makes a million dollars every third day. You understand what I am saying? Every third day that temple gathers one million dollars – every third day. And that is called religion. They spend the money in different ways. And Christianity, look what it has done, tremendous riches. The Vatican, the churches all over the world. Go down the Fifth Avenue of New York, there they are, richest pomp. Is that religion? Going every Sunday morning to some – to hear some preacher and repeat the ritual, is that religion? Or religion has nothing whatever to do with all that business? Because it can only ask this question when it is free from all that, not caught in the entanglement, in the performance, in the power, position, hierarchy of all that. Then only you can ask the question: what is religion? Is God created by thought, by fear? Or is man the image of God? Or God is the image of man? Right? If one can put all that aside to find out that which is not put together by thought, by sensation, by repetition, by rituals – all that is not religion, at least for the speaker. It has nothing whatever to do with that which is sacred. La religion est-elle toutes les combinaisons de la pensée ? Les cérémonies, les habits, les gourous, la perpétuelle répétition, les prières, toute la chose, est-ce la religion ? Ou est-ce une grande entreprise commerciale ? Il existe un temple en Inde du Sud qui fait un million de dollars tous les trois jours. Vous comprenez ce que je dis ? Tous les trois jours ce temple recueille un million de dollars – tous les trois jours. On appelle cela la religion. Ils dépensent l'argent de toutes les façons. Et la chrétienté, regardez ce qu'elle a fait, d'immenses richesses. Le Vatican, les églises du monde entier. Descendez la Cinquième Avenue à New York, ils y sont, le plus riche apparat qui soit. Est-ce cela, la religion ? Aller tous les dimanches matin écouter un prêche et répéter un rituel, est-ce la religion ? Ou bien la religion n'a-t-elle rien à voir avec toute cette affaire ? Car on ne peut poser cette question que lorsque l'on est libre de tout cela, dégagé de tout cet imbroglio de la mise en scène, du pouvoir, du rang, de la hiérarchie de tout cela. Alors seulement peut-on poser la question : qu'est-ce que la religion ? Dieu est-il créé par la pensée, par la peur ? L'homme est-il à l'image de Dieu ? Ou Dieu à l'image de l'homme ? Si l'on pouvait mettre tout cela au rebut, pour découvrir ce qui n'est pas confectionné par la pensée, par la sensation, par la répétition, les rituels – tout cela n'est pas la religion, du moins pour l'orateur. Cela n'a strictement rien à voir avec ce qui est sacré.
1:09:10 So what is, then... what is truth? Is there such a thing as truth? Is there such a thing: an absolute, irrevocable truth, not dependent on time, environment, tradition, knowledge, what the Buddha said, or what somebody said? The word is not the truth. The symbol is not the truth. The person is not the truth. Therefore there is no personal worship. K is not important at all. So we are seeking what is truth – if there is any – and if there is something that is beyond time. The ending of all time. And they have said that meditation is necessary to come upon this. Right? To have a quiet mind. We are going to go into that, if you will allow me. We have got a very short time. Sorry. By the clock. Alors, qu'est-ce que la vérité ? Existe-t-il une telle chose que la vérité ? Y a-t-il une vérité absolue, irrévocable, qui ne dépende pas du temps, de l'environnement, de la tradition, du savoir, de ce que le Bouddha a dit, ou de ce que quelqu'un a dit ? Le mot n'est pas la vérité. Le symbole n'est pas la vérité. La personne n'est pas la vérité. Par conséquent, il n'y a pas de culte de la personne. K n'a aucune importance, aucune ! Nous cherchons ce qu'est la vérité – s'il y en a une – et s'il y a quelque chose au delà du temps. La fin de tout temps. On a dit que la méditation est nécessaire pour déboucher sur cela, n'est-ce pas ? Avoir un esprit silencieux. Nous allons examiner cela, si vous le permettez. Nous avons très peu de temps – désolé, d'après la montre.
1:11:08 What is meditation? The word means 'ponder over' – according to the dictionary – to think over. And also it has a different meaning, which is 'to measure', both in Sanskrit and in Latin and so on, meditate means not only to ponder, to think, but also to be able to measure – right? Which means comparison – of course. There is no measurement without comparison. So can the brain be free of measurement? Not the measurement by the rule, by the yardstick, kilometres, miles, but the brain be free of all measurement: the becoming, not becoming, comparing, not comparing. You understand? Can the brain be free of this system of measurement? I need to measure to get a suit made. I need measurement to go from here to another place, distance is measurement, time is measurement. Oh, come on. You understand? So can the brain – not the mind, we will go into quickly what the mind and the brain are – can the brain be free of measurement? That is comparison. No comparison whatsoever. This is real meditation. So that the brain is totally free. Is that possible, living in the modern world, making money, breeding children, sex, all the noise, the vulgarity, the circus that is going on in the name of religion. Can one be free of all that? Not in order to get something. You understand? To be free. Qu'est-ce que la méditation ? Ce mot signifie 'considérer' – selon le dictionnaire – réfléchir. Il a aussi une autre signification, 'mesurer', tant en sanscrit qu'en latin. Méditer signifie non seulement réfléchir, penser, mais aussi être capable de mesurer, ce qui suppose la comparaison – bien sûr. Il n'y a pas de mesure sans comparaison. Le cerveau peut-il se libérer de la mesure ? Pas la mesure des unités de mesure, le mètre étalon, les kilomètres, les miles, le cerveau doit être libre de toute mesure : devenir, ne pas devenir, comparer, ne pas comparer. Vous comprenez ? Le cerveau peut-il être libre de ce système de mesurage ? J'ai besoin de mesures pour la confection d'un costume. J'ai besoin de mesures pour aller d'ici à là, la distance est une mesure, le temps est une mesure. Oh, allons ! Vous comprenez ? Le cerveau peut-il – pas l'esprit, nous allons brièvement voir ce que sont l'esprit et le cerveau – le cerveau peut-il être libre de toute mesure ? C'est-à-dire de la comparaison. Aucune comparaison, jamais. C'est la vraie méditation. De sorte que ce cerveau soit totalement libre. Est-ce possible, tout en vivant dans le monde moderne, gagnant de l'argent, élevant des enfants, la sexualité, tout le bruit, la vulgarité, tout le cirque qui a lieu au nom de la religion. Peut-on être libre de tout cela ? Pas afin d'obtenir quelque chose. Vous comprenez ? Être libre.
1:14:02 So meditation is not conscious meditation, you understand this? It cannot be conscious meditation, following a system, a guru, collective meditation, group meditation, single meditation, according to Zen, Buddhist, Hindu, you know, it can’t be a system because then you practise, and your brain gets more and more dull, more and more mechanical. So is there a meditation which has no direction, which is not conscious, deliberate? Find out. Donc la méditation n'est pas une méditation consciente, vous comprenez ? Ce ne peut pas être une méditation consciente, suivant un système, un gourou, une méditation collective, de groupe, une méditation solitaire, selon le zen, le bouddhisme, l'hindouisme, vous savez – cela ne peut pas être un système, car alors vous pratiquez, pratiquez, pratiquez et votre cerveau devient de moins en moins sensible, de plus en plus mécanique. Y a-t-il donc une méditation qui n'ait pas de direction, qui ne soit pas consciente, délibérée ? Découvrez-le.
1:14:58 That requires great energy, attention, passion. Not lust, that is just... Then that very passion, energy, the intensity of it is silence. Not contrived silence. It is the immense silence in which time, space is not. Then there is that which is unnameable, which is holy, eternal. Cela demande une grande énergie, de l'attention, de la passion. Pas la passion amoureuse, c'est... Alors cette passion même, cette énergie, son intensité est silence. Pas un silence forcé. C'est l'immense silence dans lequel le temps, l'espace n'est pas. Alors il y a ce qui ne peut être nommé, ce qui est sacré, éternel.
1:16:28 May we get up? Pouvons-nous nous lever ?