Krishnamurti Subtitles home


SD70T3 - Comprendre la méditation exige l’ordre
3e causerie
San Diego State College, Californie, USA
7 avril 1970



0:20 Krishnamurti: I would like, if I may, this evening, talk about the implications of meditation and what is necessary for a mind that is capable of really true meditation – what is the first step, as it were. S'il m'est permis, j'aimerais ce soir, parler... des implications de la méditation... et des conditions requises pour qu'un esprit... soit capable d'une véritable méditation - quel est le premier pas, pour ainsi dire.
1:08 First of all, I think one has to understand the meaning of the word ‘freedom’. For most of us, freedom implies freedom to express ourselves, or freedom to do what we like in society, or freedom to think what we like, or freedom from a particular tiresome habit, or a particular idiosyncrasy, and so on. To understand what is freedom – because that seems to me absolutely necessary for a mind that is capable without any distortion, to be able to meditate. Avant tout, je pense qu'il faut comprendre... la signification du mot 'liberté'. Pour la plupart d'entre nous, ce mot implique... la liberté de s'exprimer, ou la liberté de faire ce qui nous plaît dans la société; ou la liberté de penser comme il nous plaît; ou la liberté à l'égard d'une certaine habitude fatigante, ou d'un particularisme quelconque, etc. Il faut comprendre ce qu'est la liberté, car cela me paraît une nécessité absolue... pour un esprit qui se veut capable de méditer, sans la moindre déformation.
2:50 For most of us, we demand freedom, politically or religiously, or to think what we like, and there is the freedom of choice. Political freedom is all right and one must have it, but for most of us, we never demand and find out whether it is at all possible to be free inwardly. Our mind is a slave to its own projections, to its own demands, to its own desires and fulfilments. The mind is a slave to its cravings, to its appetites. And apparently we never ask whether it is at all possible to be free inwardly. But we are always wanting freedom outwardly – to go against the society, against a particular structure of society. And this revolt against society, which is taking place all over the world, is a form of violence which indicates that one is concentrating on an outward change without the inward change. Nous avons, pour la plupart, une exigence de liberté, politiquement ou religieusement, ou pour penser comme il nous plaît, et il y a la liberté de choix. La liberté politique ne pose pas de problème, elle est nécessaire, mais pour la plupart, nous n'exigeons jamais et ne cherchons jamais... s'il est tant soit peu possible d'être libre intérieurement. Notre esprit est esclave de ses propres projections, de ses propres exigences, de ses propres désirs et accomplissements. L'esprit est esclave de ses soifs, de ses appétits. Et apparemment, nous ne nous demandons jamais s'il est... tant soit peu possible d'être libre intérieurement. Mais nous voulons toujours la liberté extérieurement - celle de s'opposer à la société, à une certaine structure de la société. Et cette révolte contre la société, qui a lieu dans le monde entier, est une forme de violence qui indique que... l'on se concentre sur un changement extérieur... sans changement intérieur. La violence joue donc un rôle extraordinaire dans notre vie.
5:24 So violence plays an extraordinary part in our life. We never ask whether the mind can be completely and utterly free from violence. We have accepted it as part of life, as we have accepted war as a way of life. And we have our favourite wars – you may not like this particular war, but you don’t mind having other kinds of wars. And there will be always wars – and there have been for 5,000 years wars, because man has accepted violence as the way of life. And we never question whether the mind can be really and truly, deeply, be free of violence. And the permissive society in which we live, the culture which is gradually coming out of this society, to do what one likes or choose what one likes, it is still an indication of violence. Where there is choice there is no freedom. Choice implies confusion, not clarity. When you see something very clearly, there is no choice, there is only action. It is only a confused mind that chooses. And choice is an indication of the lack of freedom and therefore in choice there is resistance, conflict. Nous ne nous demandons jamais si l'esprit peut être... complètement et absolument libre de violence. Nous l'avons admise comme faisant partie de notre vie, de même que nous avons admis la guerre comme mode de vie. Et nous avons nos guerres favorites - vous pourriez ne pas aimer telle guerre, mais telle autre ne vous dérange pas. Et il y aura toujours des guerres : il y a eu cinq mille ans de guerres, car l'homme a admis la violence comme mode de vie. Et nous ne posons jamais la question de savoir si l'esprit... peut être réellement, vraiment, profondément libre de violence. Et la société permissive dans laquelle nous vivons, la culture qui émerge progressivement de cette société, celle de faire ce qui nous plaît, ou de choisir ce qui nous plaît, est encore un signe de violence. Là où il y a choix, il n'y a pas liberté. Le choix implique la confusion, pas la clarté. Quand on voit très clairement quelque chose, il n'y a pas de choix, il n'y a que l'action. Seul un esprit confus choisit. Et le choix indique un manque de liberté, et le choix comporte donc résistance et conflit.
8:09 And so our life as it is now is based on violence. Our life is conditioned by the verb ‘to be’. Please, this is important to understand, how our life is guided and conditioned by the verb ‘to be’: one has been, one is, and one will be. The idea in that verb is to arrive, to succeed, to achieve, to become, gradually attain peace, gradually get rid of the things that hinder us. So the verb ‘to be’ is the conditioning of the mind in time. Right? Do, please, follow this. Ainsi, notre vie actuelle repose sur la violence. Notre vie est conditionnée par le verbe être. Je vous en prie, il est important de comprendre... combien notre vie est orientée et conditionnée par le verbe être : on a été, on est, et on sera. L'idée que traduit ce verbe est : arriver, réussir, accomplir, devenir, parvenir graduellement à la paix, se débarrasser graduellement de ce qui nous gêne. Le verbe être est donc le conditionnement de l'esprit dans le temps. N'est-ce pas? Suivez ceci, je vous prie.
9:47 Because enlightenment is not a matter of time at all. Understanding is not a matter of gradual sensitivity; either one understands it immediately or not at all. As long as the mind is conditioned by that verb, and as most minds are, all our moral structure is based on that. I will be good, I will gradually achieve a certain state of mind, and so on. So one has to be aware of this dangerous word. And find out whether the mind can be free of the word, because the word is never the thing, the description is never the described. And yet we are satisfied with the description, with the explanations. Car l'illumination ne relève nullement du temps. La compréhension n'est pas une affaire de sensibilité graduelle; ou l'on comprend immédiatement, ou pas du tout. Tant que l'esprit est conditionné par ce verbe, comme le sont la plupart des esprits, toute notre structure morale repose là-dessus : je vais être bon, je vais graduellement parvenir à un certain état d'esprit, etc. Il faut donc être conscient de ce mot dangereux, et découvrir si l'esprit peut être libre de ce mot, car le mot n'est jamais la chose, la description n'est jamais la chose décrite. Et pourtant nous nous satisfaisons de la description, des explications.
11:42 So, as I said, we are going to go into this question of not only what is meditation – and I believe that is a new word that you have learnt in this country, brought from the East, and one doesn’t know the full meaning of that word. But before we go into that, which is a very complex and the most important thing, meditation is the most beautiful thing in life, if you know what meditation is. But before one can meditate one must understand what is living, what is love and what is death. If you don’t understand that, your meditation is merely an escape, is a form of self-hypnosis. Right? Donc, comme je l'ai dit, nous allons aborder le sujet... de la nature de la méditation; je crois que c'est un mot nouveau, que vous avez appris... dans ce pays, à sa venue d'orient, et l'on n'en connaît pas toute la signification. Mais avant de nous y pencher, disons que... c'est une chose très complexe et d'une importance capitale, la méditation est ce qu'il y a de plus beau dans la vie, quand on connaît la signification de la méditation. Mais avant de pouvoir méditer, il faut comprendre... ce qu'est vivre, ce qu'est l'amour et ce qu'est la mort. Faute de comprendre cela, votre méditation n'est... qu'une fuite, n'est qu'une forme d'auto-hypnose. N'est-ce pas?
12:59 So you must lay the foundation, not gradually. There must be order before the mind can fully comprehend the significance of what meditation is, there must be complete order, which means the end of all conflict, all disturbance, all disorder within oneself, otherwise your sitting down in a corner by yourself for ten minutes a day and thinking you are going to meditate or achieve enlightenment, is nonsense, if you don’t mind my saying so. Il faut donc poser le fondement, pas graduellement. Il faut de l'ordre... avant que l'esprit puisse pleinement saisir... la signification de la méditation, il faut un ordre complet. Cela signifie la fin de tout conflit, de toute perturbation, de tout désordre en soi, faute de quoi, le fait de s'asseoir seul dans un coin... dix minutes par jour et penser... qu'on va méditer ou parvenir à l'illumination... n'a aucun sens - si vous voulez bien m'excuser de dire cela.
14:07 So one has to understand what living is. And one can understand that only by observing what actually it is, not in opposition to a concept, to a formula, to an ideology, but actually what it is. So one must be free to observe actually what our life is, not what it should be. If you are thinking in terms of what it should be, then you are totally avoiding what actual life is. Il faut donc comprendre ce qu'est vivre. Et on ne peut comprendre cela... qu'en observant la réalité de la chose, non par opposition à un concept, à une formule, une idéologie, mais [en voyant] effectivement ce que c'est. Il faut donc être libre d'observer effectivement... ce qu'est notre vie, pas ce qu'elle devrait être. Si vous pensez en termes de ce qu'elle devrait être, vous évitez alors totalement ce qu'est en réalité votre vie.
15:16 So what is this life that we are living, this life, the actual daily life is disorder, isn’t it? There is conflict, there is driving ambition, there is battle in ourselves, opposing contradictory desires and wills, endless frustrations. And there is frustration because we have never understood what fulfilment is, and if there is such a thing as fulfilment. What is there to fulfil? One’s own particular little ambition, one’s own appetites, envies, ambitions to be somebody? And what is that centre that demands all this? Is not that very centre the cause of disorder? And without bringing about order in that life, complete mathematical order, life has very little meaning – going to the office every day for the rest of the 60 years, or 40 years, living in this constant battle between ‘what is’ and ‘what should be’, between the frustrated ambitions and the simple, clear, beautiful life; the images that one has built about oneself and about others, the self-centred activity that is going on all the time, which is isolating each one, and therefore dividing. Qu'est-ce alors que cette vie que nous menons; cette vie, la vie réelle quotidienne... est désordre, n'est-ce pas? Elle comporte le conflit, l'ambition dévorante, la lutte interne, des désirs et volontés contradictoires, des frustrations sans fin. Et cette frustration s'explique du fait que... nous n'avons jamais compris ce qu'est l'accomplissement, et s'il existe une telle chose que l'accomplissement. Qu'y a-t-il à accomplir? Sa propre petite ambition personnelle, ses propres appétits, envies, ambitions d'être quelqu'un? Et qu'est-ce que ce centre qui demande tout cela? Ce centre n'est-il pas lui-même la cause du désordre? Et faute d'amener de l'ordre dans cette vie, un ordre mathématique total, la vie a bien peu de sens - se rendre tous les jours au bureau pendant les 60... ou 40 années à venir, vivant dans cette lutte continuelle... entre 'ce qui est' et 'ce qui devrait être', entre les ambitions frustrées... et la vie simple, claire, si belle; les images qu'on s'est faites de soi et des autres, l'activité égocentrique qui se poursuit sans cesse, qui isole tout un chacun, et qui par conséquent divise.
18:22 And that’s our life, a life of conflict, a life that has really no meaning as it is, a life that is a battlefield, not only in yourself but also in your relationship, a life of division, contradiction, routine, monotony. And a life that is, when you look at it very deeply, utterly lonely, a life that has no beauty. And that is our life, and we are not exaggerating it, if you observe yourself very carefully, without any prejudice, bias, when you look at every human being, right through the world, the saint, the priest, the specialist, the careerist, the ordinary layman are all caught in this. Et telle est notre vie, une vie de conflit, une vie qui n'a vraiment aucun sens telle qu'elle est, une vie qui est un champ de bataille, non seulement en soi-même, mais aussi dans sa relation, une vie de division, de contradiction, de routine, de monotonie. Et, quand vous la regardez très profondément, une vie totalement solitaire, dépourvue de toute beauté. Et telle est notre vie, sans exagération, si vous vous observez très attentivement, sans aucun préjugé, aucun parti pris, quand vous regardez chaque être humain, partout dans le monde, le saint, le prêtre, le spécialiste, le carriériste, l'homme du commun, tous sont pris dans cela.
20:01 And we want to escape from it. And so you escape through nationalism, through beliefs, through dogmas, through innumerable forms of entertainment, in which is included the religious entertainment. That is our life, comparing ourselves with something that should be, comparing ourselves with the greater, with the nobler, with the more intelligent, with the more spiritual, and so on. And therefore conflict and fear. This is our life, a battle for security, and in the very search for security, psychological as well as physical, we bring about destruction. These are obvious facts. Et nous voulons nous en échapper. Et l'on s'en échappe donc par le nationalisme, par les croyances, par les dogmes, par d'innombrables formes de divertissements, y compris le divertissement religieux. Telle est notre vie, nous nous comparons à ce qui devrait être, nous nous comparons au plus grand, au plus noble, au plus intelligent, au plus spirituel, etc., etc. Avec pour conséquences le conflit et la peur. Telle est notre vie, une lutte pour la sécurité, et cette quête même de sécurité, tant psychologique que physique, fait que nous amenons la destruction. Ce sont là des faits évidents. Et nous voulons échapper à cela,
21:37 And from this we want to escape, because man has lived like this for thousands and thousands of years, with sorrow, confusion and great misery and mischief. And without changing all that, completely, radically, mere outward revolution, changing a particular system for another system, does not solve this aching agony. There is only one revolution, the inward revolution. car cela fait des milliers et des milliers d'années... que l'homme vit ainsi, dans la souffrance, la confusion, dans un malheur et une méchanceté sans nom. Et à defaut de changer tout cela, complètement, radicalement, une simple révolution extérieure, le remplacement d'un système par un autre, ne peut résoudre cette douloureuse angoisse. Il n'y a qu'une révolution : la révolution intérieure.
22:56 So, spitting on society, blaming society for your condition, is obviously blaming something which you have created – it is your society, you have built it, by your greed, envy, ambition, competitiveness, comparison, by one’s own inward hatreds, violence. So that is our life, really quite insane life. Donc le fait de cracher sur la société, de faire grief à la société de votre condition, revient de toute évidence à désavouer une chose que vous avez créée : c'est votre société, vous l'avez bâtie, par votre avidité, votre envie, votre ambition, votre esprit de compétition, de comparaison, par vos haines, votre violence intérieure. Telle est donc notre vie, une vie vraiment tout à fait malsaine.
23:51 Now the question is, how can that life be changed? Not gradually, but immediately. Otherwise you’re sowing the seed of violence, though you may want peace, you are actually sowing the seeds of enmity, misery. La question est désormais celle-ci : comment cette vie peut-elle être changée? Pas graduellement, mais immédiatement. Sinon vous semez les graines de la violence; tout en voulant la paix, vous semez en fait les graines de l'inimitié, du malheur.
24:33 So seeing all this, nonverbally, not as an explanation, not as an idea, but seeing it actually as it is, feeling it, as you feel hunger, therefore being intimately related to it. And you cannot be deeply, beautifully related to this living, which we call life, as long as you have any form of escape from it, any form of distortion. Il s'agit donc voir tout cela non verbalement, non comme une explication, non comme une idée, mais le voir tel quel, le ressentir comme l'on ressent la faim, et par conséquent y être intimement relié. Et on ne peut être profondément, merveilleusement relié... à cette existence qu'on appelle la vie, tant qu'on manifeste à son égard une forme quelconque de fuite, une déformation quelconque.
25:46 So, awareness without choice, to be aware of this whole phenomenon of existence, not someone else’s existence, not being aware of our life according to somebody, some philosopher, some guru, some psychologist, but being aware of it actually, because you yourself see it. If one is so completely aware of it, and one must, because one cannot possibly live as we are living – we are talking inwardly, psychologically, a life that is so torn. And if we want order, and order is virtue, order demands discipline, that is to learn, not to conform, not to imitate, but to learn. And to learn about the disorder, which is our life, to observe it, to learn, and in that observation comes an extraordinary discipline, not imposed by anybody, because the very observation itself has its own discipline. In the very act of observing you are learning, and therefore the learning is the discipline. Please, do see this because we have imposed upon ourselves so many disciplines – the business discipline, the religious discipline, the family discipline – of course, the military discipline is the most absurd kind of discipline. Ainsi, par une lucidité sans choix, il s'agit d'être conscient de tout ce phénomène de l'existence, pas de l'existence de quelqu'un d'autre, pas en étant conscient de notre vie selon quelqu'un - quelque philosophe, quelque gourou, quelque psychologue - mais d'en être effectivement conscient, parce que c'est vous-même qui le voyez. D'en être totalement conscient, et il le faut, car il n'est pas possible de vivre comme nous le faisons - intérieurement, psychologiquement parlant - une vie aussi déchirée. Et nous voulons l'ordre, et l'ordre est vertu, l'ordre requiert la discipline, c'est-à-dire apprendre, ne pas se conformer, ne pas imiter, mais apprendre. Et il s'agit d'apprendre au sujet du désordre dont est faite notre vie, de l'observer, d'apprendre, et de cette observation émane une discipline extraordinaire, non imposée par qui que ce soit, car l'observation elle-même a sa propre discipline. Vous apprenez de l'acte même d'observer, et par conséquent l'apprentissage est la discipline. Voyez cela je vous prie, car... nous nous sommes imposés... tant de disciplines : la discipline des affaires, la discipline religieuse, la discipline de la famille, la discipline militaire - évidemment la plus absurde de toutes.
28:57 But we’ve got so many disciplines – the must and the must-nots, always conforming, imitating, suppressing, and being suppressed, wanting to fulfil – all that is disorder. So to understand order, to learn about order, not what order should be, but to learn about it, one must learn about disorder. Right? Are we following each other or are you slowly being mesmerised by words? Well, if you are, tant pis, it’s up to you. Nous avons tant de disciplines : les 'il faut' et 'il ne faut pas', sans cesse se conformant, imitant, réprimant et étant réprimé, voulant accomplir, tout cela est du désordre. Ainsi, pour comprendre l'ordre, pour apprendre au sujet de l'ordre, non pas ce que l'ordre devrait être, mais apprendre à son sujet, il faut apprendre au sujet du désordre. N'est-ce pas? Nous suivons-nous, ou vous laissez-vous doucement hypnotiser par des mots? Eh bien, s'il en est ainsi, tant pis, c'est votre affaire.
30:10 We said, one must learn about disorder, which is our life, which is our mind, our heart, our... very core of our being, is disorder because if you say, there is a soul, according to the Hindus – the Atman, and so on, they are just theories. Philosophy has nothing to do with living, and we are trying to understand what living is, we are seeing that in living there is utter disorder, the battle, the misery, the confusion, the agony, the guilt, the fear. Nous avons dit qu'il faut apprendre au sujet du désordre, c'est-à-dire, notre vie, notre esprit, notre coeur, le noyau même de notre être est désordre, car si vous dites qu'il y a une âme - l'atman selon les Hindous - et ainsi de suite, ce ne sont là que théories. La philosophie n'a rien à voir avec la vie, et nous essayons de comprendre ce qu'est vivre, nous voyons que ce 'vivre' comporte le désordre absolu, lutte, malheur, confusion, angoisse, culpabilité, peur.
31:08 So one has to observe without any choice, this disorder which is you, which is me – to observe it, not what you want it to be, then you create conflict between ‘what is’ and ‘what should be’. And where there is conflict there is disorder. Please, do understand this thing very simply – once you understand this you will find that by observing disorder in oneself, without any distortion, without wanting to bring about order out of this disorder, trying to impose what you think is order upon disorder, but observe it without any choice, without any distortion. Then out of that observation comes supreme order, the highest good. Il faut donc observer sans aucun choix ce désordre, qui est vous, qui est moi - l'observer, non pas ce que vous voulez qu'il soit, sinon vous créez le conflit entre 'ce qui est' et 'ce qui devrait être'. Et là il y a conflit, il y a désordre. Je vous en prie, comprenez bien cette chose si simple - une fois comprise, vous découvrirez... qu'en observant le désordre en soi, sans aucune déformation, sans vouloir faire surgir l'ordre de ce désordre, sans essayer d'imposer ce que vous pensez être l'ordre sur le désordre, mais en l'observant sans aucun choix, sans aucune déformation, vous verrez que de cette observation naît l'ordre suprême, le bien suprême.
32:28 And in that there is a total revolution. And from that – inward radical change, there comes outward order, not the other way round. We want outward order first and this has never been possible – every revolution including the Communist revolution, said, ‘forget about the inward order, let’s have State order’. And you know what is happening, every revolution has done this, tried to bring about outward order without paying any attention whatsoever to the psychological, supreme order within oneself. And order means also not only virtue but love. Et il y a là une révolution totale. Et de ce changement intérieur radical... émane l'ordre extérieur, et non l'inverse. Nous voulons d'abord l'ordre extérieur, et cela n'a jamais été possible; toutes les révolution, y compris la révolution communiste, ont proclamé : 'oublions l'ordre intérieur, instaurons l'ordre étatique'. Et vous savez ce qu'il en est advenu, chaque révolution a fait cela, s'efforçant d'amener l'ordre extérieur sans prêter la moindre attention... à cet ordre psychologique, cet ordre suprême en soi. Et l'ordre signifie non seulement la vertu, mais aussi l'amour.
33:44 And what is love? I wonder if you have ever asked that question, what love is – have you? What is love, how will you find out? You will find out what it is through what it is not, through negation the positive comes. But if you pursue the positive, then it is the pursuit of the projection of the mind. So when you deny all the projections of the mind, by denying in the sense, setting it aside, negating, then you will find out what it is. Et qu'est-ce que l'amour? Je me demande si vous vous êtes jamais posé cette question... sur la nature de l'amour, vous l'êtes-vous posée? Qu'est-ce que l'amour, comment allez-vous le découvrir? Vous ne le découvrirez que par ce qu'il n'est pas, c'est par la négation que le positif émerge. Mais si vous poursuivez le positif, ce que vous poursuivez est alors une projection de l'esprit . Dès lors, en niant toutes les projections de l'esprit, c'est-à-dire, les écartant, les refusant, vous le découvrirez.
35:02 So that is what we are going to do, find out what it is not, to find out what it is. Can we go on? Right. We said, what is love – you know, that is one of the most important things in life. If one has love, you can do what you like, then there is no conflict, then there is no evil, there is great bliss, but to imagine what bliss is and pursue that, is not love. So we are going to see what it is not, and therefore come upon what it is. Therefore it is not a question of searching out love, nor cultivating love – how can you cultivate love? All cultivation is the product of the mind, product of thought; it is like a mind that pursues humility, it says, I know vanity and I must cultivate humility. And when the mind that is proud and vain, cultivates humility, it is still vain. It is like those saints that are pretending to be humble, because they have cultivated humility. Voilà donc ce que nous allons faire : découvrir ce qu'il n'est pas, pour découvrir ce qu'il est. On continue? Bien. Qu'est-ce que l'amour, avons-nous dit. Vous savez, c'est là une des choses les plus importantes de la vie. S'il y a l'amour, quoi que l'on fasse, il n'y a alors aucun conflit, aucun mal, il y a une grande félicité, mais imaginer ce qu'est la félicité et se mettre à sa recherche... n'est pas l'amour. Nous allons donc voir ce qu'il n'est pas, et, par conséquent, venir à la rencontre de ce qu'il est. Il n'est donc pas question de se mettre à la recherche de l'amour, ni de cultiver l'amour - comment peut-on cultiver l'amour? Toute recherche est le produit de l'esprit, le produit de la pensée; c'est comme un esprit qui recherche l'humilité, disant : je connais la vanité et je dois cultiver l'humilité. Et quand l'esprit, fier et vain, cultive l'humilité, il n'en reste pas moins toujours vain. C'est comme ces saints... qui prétendent être humbles, parce qu'ils ont cultivé l'humilité. Ce que nous allons donc faire, c'est découvrir ce qu'il n'est pas,
37:22 So what we are going to do is to find out what it is not, not through me, not through the speaker at all, but by listening to yourself and finding out what it is not, and if it is not that, wipe it away instantly. If you don’t wipe it, if it doesn’t disappear, then you are caught in time, you are a slave to the word and the verb ‘to be’. And therefore there is no love. non par mon entremise, d'aucune manière par l'orateur, mais par une écoute de vous-même, et ayant... découvert ce qu'il n'est pas, balayer cela instantanément. Si vous ne le balayez pas, si cela ne disparaît pas, vous êtes alors captif du temps, vous êtes esclave du mot et du verbe 'être'. Et par conséquent il n'y a pas d'amour.
38:14 So first we are asking what it is not. Obviously it is not jealousy, it is not envy, and your love is hedged about, a prisoner to jealousy, envy. Right? And when you see that, that what you call love is entangled with the ugly brutality of jealousy – see it, actually observe it, and in that observation jealousy goes, and you will never be jealous again, never envious. Donc pour commencer nous demandons ce qu'il n'est pas. Il n'est évidemment pas la jalousie, il n'est pas l'envie, et votre amour est enclos, il est prisonnier de la jalousie, de l'envie. N'est-ce pas? Et quand vous voyez cela, à savoir que ce que vous appelez amour est empêtré dans... l'affreuse brutalité de la jalousie, quand vous le voyez, l'observez effectivement, cette observation fait que la jalousie s'en va, et vous ne serez jamais plus jaloux, jamais plus envieux.
39:29 Please, do this as we are talking. Envy comes only when there is comparison. And is love comparison? So again, you put aside all comparison, which means all envy. Then, is love pleasure? This is going to be a little more difficult. For most of us, love is pleasure – whether it is love, sexual love or love of God or love of – God knows what else. It is based on pleasure. The love of respectability is the very essence of the bourgeois mind. Faites cela, je vous prie, pendant que nous en parlons. L'envie ne vient que quand il y a comparaison. Et l'amour est-il comparaison? Donc là encore, vous écartez toute comparaison, c'est-à-dire toute envie. Ensuite, l'amour est-il plaisir? Ceci va être un peu plus difficile. Pour la plupart d'entre nous, amour égale plaisir : qu'il s'agisse de l'amour sexuel, de l'amour de Dieu... ou de l'amour de... Dieu sait quoi d'autre. Il est basé sur le plaisir. L'amour de la respectabilité... est l'essence même de l'esprit bourgeois. Alors, l'amour est-il plaisir?
40:52 So is love pleasure? Do observe it, please. We were saying yesterday evening what pleasure is – the product of thought, having had pleasure of different kinds yesterday, you think about it, you have image upon image built and that stimulates you, and that gives you pleasure, sexual or otherwise – and that you call love. And is it love? Because in pleasure there is frustration, there is pain, there is agony, there is dependency. Don’t you depend psychologically on another? And when you do, when you depend on your wife or husband – whatever it is, and you say, ‘I love you’, is that love? And in that dependence, is there not fear? Observez-le bien, je vous prie. Hier soir, nous parlions ce qu'est le plaisir : le produit de la pensée; ayant éprouvé hier des plaisirs variés, vous y pensez, vous construisez image sur image... et cela vous stimule et vous donne du plaisir, sexuel ou autre, et vous appelez cela l'amour. Et est-ce l'amour? Car dans le plaisir il y a de la frustration, de la douleur, de l'angoisse, de la dépendance. Ne dépendez-vous pas psychologiquement d'autrui? Et dans ce cas, quand vous dépendez de votre femme ou de votre mari, ou de qui que ce soit, et dites 'je t'aime', est-ce là l'amour? Et cette dépendance n'inclut-elle pas la peur?
42:30 You are the product of your conditioning, you’re the product of your society, you’re the product of propaganda, religious and otherwise – for 2000 years; as in India, 10,000 or 5,000 years, they have been told what to believe, what to think. You repeat what others have said. All your education is that, the repetition of what you have learnt from a book. And you’re that, you’re conditioned, you are not free, happy, vital, passionate human beings. You are frightened human beings and therefore second-hand, you’re full of authority of others; or your own particular little authority, of your own knowledge – you know something about something and you become an authority. Vous êtes le produit de votre conditionnement, vous êtes le produit de votre société, vous êtes le produit de la propagande, religieuse et autre : cela fait 2.000 ans - 10.000 ou 5.000 ans en Inde - qu'on leur dit... à quoi croire, à quoi penser. Vous répétez ce que d'autres ont dit. Toute votre éducation consiste en cela, la répétition de ce que vous avez appris dans un livre. Et vous êtes cela, vous êtes conditionnés, vous n'êtes pas libres, heureux, vivants, des êtres humains passionnés. Vous êtes des êtres humains apeurés et donc de seconde main, vous êtes emplis de l'autorité des autres, ou de votre propre petite autorité, de votre propre savoir : vous savez quelque chose sur tel sujet et devenez une autorité.
43:50 So you’re not free. And intellectually – look – are you free? Not repeat what others have said, not what you’ve been taught in the university or what you have learnt from a book. And what have you experienced? Go into it, you will see what you have experienced. You have experienced something that you will always recognise, otherwise it is not an experience. Therefore your experience is always old, like thought is always old – thought is never new, because it is the response of memory. Vous n'êtes donc pas libres. Et intellectuellement - regardez bien - êtes-vous libres? Ne répétant ni ce que d'autres ont dit, ni ce que l'on vous a enseigné à l'université, ni ce que vous avez appris dans un livre. Et qu'avez-vous expérimenté? Penchez-vous là-dessus, vous verrez ce que vous avez expérimenté. Vous avez expérimenté quelque chose... que vous reconnaîtrez toujours, autrement, ce n'est pas une expérience. Par conséquent votre expérience est toujours ancienne, de même que la pensée est toujours ancienne, elle n'est jamais neuve, car elle est la réponse de la mémoire.
44:57 So you – if you will forgive my repeating it – you are second-hand human beings, intellectually, emotionally. You go to places to learn how to be sensitive. Lovely idea, isn’t it? Be taught by another how to think. Donc - pardonnez-moi de le répéter - vous êtes des êtres humains de seconde main, intellectuellement, émotionnellement. Vous allez dans des endroits pour apprendre à être sensibles. Quelle belle idée, n'est-ce pas? Apprendre d'un autre comment penser.
45:32 So morally, intellectually, deeply, you are not free, and therefore you are only free in your sexual expression. And that is why it has become so extraordinarily important. There you are full, there you are free, though it has its own problems and its own neurotic attitudes and actions. So sex becomes important when everything else becomes unimportant, when life, the whole of it, not just sex, life includes living, life includes what love is, what death is, the whole movement of living, when that has no meaning, then one fragment, which you call sex, becomes extraordinarily important and vital. When you are not passionate about freedom, inwardly, then you are lustfully passionate about sex, that’s all. And with that you associate love, pleasure. And with that you associate tenderness, gentleness, you may be sexually very tender, very kind, considerate, but outwardly you destroy, you kill everything round you – animals to eat, to hunt. So your love is based on pleasure and therefore is it love? Love, surely, is something none of all this; compassion means passion for everybody, not to your particular little desire. Donc moralement, intellectuellement, profondément, vous n'êtes pas libres, et par conséquent vous n'êtes libres que dans votre expression sexuelle. Et voilà pourquoi celle-ci a pris tant d'importance. Là, vous êtes totalement vous-mêmes, vous êtes libres, bien que cela... comporte des problèmes spécifiques, des attitudes et actes névrotiques spécifiques. La sexualité devient donc importante... quand tout le reste a perdu de son importance : quand la vie dans sa totalité, et non seulement la sexualité, quand la vie, qui inclut le vivant, qui inclut le sens de l'amour, qui inclut le sens de la mort, le mouvement tout entier du vivant, quand tout cela n'a plus de sens, alors un fragment appelé sexualité, prend une importance, une vitalité extraordinaire. Quand vous n'êtes pas passionnés... de liberté, intérieurement, vous êtes alors sensuellement passionnés de sexualité, c'est tout. Et vous associez à cela l'amour, le plaisir. Et vous associez à cela la tendresse, la gentillesse, vous pouvez être sexuellement très tendre, très gentil, plein d'égards, mais extérieurement vous détruisez, vous tuez tout autour de vous, les animaux pour les manger, pour la chasse. Ainsi, votre amour repose sur le plaisir, et par conséquent est-ce de l'amour? L'amour n'est assurément rien de tout cela; la compassion signifie la passion pour tout le monde, pas pour votre propre petit désir.
48:39 So when you understand what disorder is by observing very closely, out of that comes order. And order has its own discipline which is its own virtue, therefore that order is the supreme good and therefore love, which has nothing whatsoever to do with pleasure, because pleasure has pain. Love is enjoyment, love is joy, not the puny thing that man has made it. And to find that out, what love is, you must also understand what death is. Right? Do you really want to understand what death is? Yes? I doubt it, very much, because you are all so scared of death, aren’t you? Ainsi, quand vous comprenez ce qu'est le désordre... par une observation très attentive, il en émane l'ordre. Et l'ordre comporte sa propre discipline, c'est-à-dire, sa propre vertu, par conséquent cet ordre est... le bien suprême et donc l'amour, qui n'a rien à voir avec le plaisir, car le plaisir comporte la douleur. L'amour est un état de joie, l'amour est joie, et non la chose mesquine que l'homme en a faite. Et pour découvrir cela, ce qu'est l'amour, il faut aussi comprendre ce qu'est la mort. N'est-ce pas? Voulez-vous vraiment comprendre ce qu'est la mort? Oui? J'en doute... énormément, parce que vous avez tous tellement peur de la mort, n'est-ce pas?
50:22 Or you have a belief in afterlife, therefore you are not frightened. You have rationalised your life, knowing that it is going to come to an end, the puny, shoddy little life that one lives, and one is frightened of that, therefore you say ‘let’s rationalise it, think about it, clarify it’ – you know, all the rest of it. Or, you have a belief in afterlife. The whole of Asia believes in afterlife, millions believe in reincarnation. But they never question what it is that incarnates. They believe that there is a permanent entity that is going to incarnate, and so on, I won’t go into all that. If you believe in reincarnation, then what matters is how you live today, right? Because you are going to pay for it next life. How you live, what you do, what you think, what your morality is. So, even though you may believe in reincarnation, what matters is how you live now. So you have to face death, not postpone it till old age, some accident, disease, and so on – you have to meet it, you have to understand it, not be afraid of it. Ou vous croyez en l'après-vie, et vous n'avez donc pas peur. Vous avez rationalisé votre vie, sachant qu'elle va prendre fin, la petite vie chétive et mesquine que l'on mène, et l'on a peur de la chose, donc on dit : 'rationalisons la, pensons y, clarifions la' - vous savez et tout le reste. Ou vous croyez en une après vie. Toute l'Asie croit en une après vie, des millions croient en la réincarnation. Mais ils ne se demandent jamais qu'est-ce qui s'incarne. Ils croient qu'il existe une entité permanente... qui va s'incarner, etc., je ne vais pas aborder tout cela. Si vous croyez en la réincarnation, alors ce qui importe est comment vous vivez aujourd'hui, n'est-ce pas? Car vous allez le payer dans la prochaine vie. Comment vous vivez, ce que vous faites, ce que vous pensez, quelle est votre moralité. Alors, même si vous croyez en la réincarnation, ce qui importe, c'est comment vous vivez maintenant. Il vous faut donc confronter la mort, ne pas différer cela jusqu'à l'arrivée de la vieillesse, d'un accident, d'une maladie etc.; il faut la confronter, il faut la comprendre, ne pas en avoir peur.
52:41 So we say, we must understand life and avoid death. But if you see life as a whole, in which there is this living, and this extraordinary thing called love, and death, as a total unit, not three separate things, then what is death? The organism, by usage, disease, and all the rest of it, comes to an end – it comes to an end quicker when there is conflict. All your heart failures and all the business of it, is the result of this extraordinary emotional, contradictory way of living. The organism comes to an end. And either you can say, that is the end of it, finished; or, which we don’t say, the end of the whole structure and the nature of the ‘me’, the ‘me’ which has divided itself as us and they, we and those, we and you, that ‘me’ is the centre of conflict. Nous disons qu'il faut comprendre la vie et éviter la mort. Mais si l'on voit la vie comme un tout... comprenant la dynamique de vie, cette chose extraordinaire... qu'on appelle l'amour, et la mort, comme un tout unitaire, et non comme trois éléments distincts, qu'est-ce alors que la mort? Par usure, par maladie, etc., l'organisme... prend fin; ce processus s'accélère quand il y a conflit : toutes vos crises cardiaques, et toute cette affaire, résultent de... ce mode de vie extraordinairement émotionnel, contradictoire. L'organisme prend fin. Et l'on peu soit dire : 'c'est la fin, c'est terminé', soit - ce qu'on ne dit pas - 'c'est la fin de toute la structure... et de la nature du 'moi' - le 'moi' qui s'est divisé en tant que nous et eux, nous et les autres, nous et vous - ce 'moi' est le centre du conflit.
54:30 Now can that ‘me’ die? Not eventually but every day, then you will know what death is, so that the mind is always... tomorrow it is fresh because you are dead to the past. Are you following all this? No, sir, do it, not follow it. Die to your pleasure, die to your furniture – that’s what you are, your furniture: whether the chair or the furniture that you have accumulated in your mind, which you call knowledge. So that you die every day to everything that you have accumulated. And that’s what is going to happen to you anyhow. That means, to empty the mind of everything known, which means the mind becomes utterly innocent. And it is only such a mind that has this extraordinary religious quality of purity, that can come upon what is called enlightenment. Alors, ce 'moi' peut-il mourir? Pas au bout du compte, mais tous les jours, et vous saurez alors ce qu'est la mort, car demain l'esprit sera... toujours neuf, du fait que vous êtes mort au passé. Suivez-vous tout ceci? Non M., faites-le, ne le suivez pas. Mourez à votre plaisir, mourez à votre mobilier : c'est ce que vous êtes, votre mobilier, qu'il s'agisse de la chaise... ou des meubles que vous avez accumulés dans votre esprit, que vous appelez le savoir. En sorte que vous mourez chaque jour à tout... ce que vous avez accumulé. Et c'est ce qui va vous arriver de toute façon. C'est-à-dire, vider l'esprit de tout ce qui est connu, ce qui signifie que l'esprit devient absolument innocent. Et seul un tel esprit qui possède... cette qualité religieuse extraordinaire de pureté... peut venir à la rencontre de ce qu'on appelle l'illumination.