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WA85T2 - La fin de la souffrance voit naître la passion
2e causerie
Washington DC, USA
21 avril 1985



0:23 May we continue where we left off yesterday? We were talking about fear and the ending of fear. And also we were talking about the responsibility of each one of us facing what is happening in the world, the appalling, frightening mess we are in. And for that we are all responsible, individually, collectively, nationally, religiously, and all the affairs of the world we have made after millennia upon millennia, long evolution, we have still remained barbarians, hurting each other, killing each other, destroying each other. We have had freedom to do exactly what we liked and that has created havoc in the world. Freedom is not to do what one likes but rather to be free from all the travail of life, from the problems which we went into yesterday morning, from our anxieties, from our psychological wounds, from all the conflict that we have put up with for many many millennia. And also to be free from fear. We talked about all these things yesterday afternoon. Pourrions-nous reprendre là où nous en étions restés hier? Nous parlions de la peur et de la fin de la peur. Egalement, nous parlions de la responsabilité qu’a chacun de nous face à ce qui a lieu dans le monde le gâchis effrayant dans lequel nous sommes. Et nous sommes tous responsables de cela individuellement, collectivement, nationalement religieusement, et de tout ce que nous avons produit dans le monde après des milliers d'années d'une longue évolution, nous demeurons toujours des barbares nous nuisant mutuellement, nous entre-tuant, entre-détruisant. Nous avons eu la liberté de faire exactement ce qui nous plaît et cela a créé le chaos dans le monde. La liberté ne consiste pas à faire ce qui nous plaît mais plutôt à être libre de tout le labeur de la vie, des problèmes comme nous l’avons vu hier matin de nos anxiétés, de nos blessures psychologiques de tout le conflit qu’il nous a fallu supporter pendant bien des millénaires. En outre, il s’agit d’être délivré de la peur. Nous avons parlé de toutes ces choses hier après-midi.
3:00 And also we said these gatherings, this meeting, is not a lecture on any particular subject, to inform, to instruct, to put into a certain pattern. But rather it is our responsibility, together to investigate, to explore into all the problems of our life, our daily life. Not some speculative concepts or philosophies but to understand the daily pain, the boredom, the loneliness, the despair, the depression, and the endless conflict which man has lived with. And this morning we have to cover a great deal of ground. And also we pointed out yesterday this is not a meeting in which the speaker stimulates you intellectually, emotionally, or in any other way. We depend a great deal on stimulation; it’s a form of commercialism: drugs, alcohol, and all the various means of sensation. And we want also not only sensation but excitement, stimulation. So this is not that kind of meeting. We are together to investigate our life, our daily life; that is, to understand oneself, what one is actually, not theoretically, not according to some philosopher or some psychiatrist, and so on. If you can put aside all that and look at ourselves actually what we are, and not get depressed or elated but to observe, which is to understand the whole psychological structure of our being, of our existence. Nous avons aussi dit que ces réunions, cette rencontre n’est pas une conférence traitant d’un sujet particulier, en vue d’informer, d’instruire d'inscrire dans un certain schéma. Il s’agit plutôt d’une responsabilité collective de recherche, d'exploration de tous les problèmes de notre vie, de notre vie quotidienne. Il ne s’agit pas de quelque concept spéculatif ou de philosophies... mais de comprendre la douleur quotidienne, l’ennui, la solitude, le désespoir la dépression, et le conflit sans fin dans lequel l’homme a vécu. Et ce matin, il nous faut couvrir un grand nombre de sujets. Nous avons également souligné hier que ceci n’est pas une réunion au cours de laquelle l’orateur vous stimule intellectuellement émotionnellement ou de toute autre manière. Nous dépendons énormément de la stimulation; c’est une forme de mercantilisme: les drogues, l’alcool, et tous les autres moyens d'accès à la sensation. Et nous voulons non seulement la sensation, mais aussi l’excitation, la stimulation. Il ne s’agit donc pas ici d’une réunion de cette nature. Ensemble, nous examinons notre vie, notre vie quotidienne; c’est-à-dire se comprendre soi-même, ce que l’on est effectivement, non théoriquement non selon quelque philosophe, psychiatre, etc. Si tout cela pouvait être écarté afin d’observer effectivement ce que l’on est sans se laisser déprimer ou exalter mais d’observer c’est-à-dire de comprendre toute la structure psychologique de notre être, de notre existence.
6:46 And we talked about it yesterday as one of the things that human beings go through all their life, is a form of fear. And we went into it very carefully: that time and thought are the root of fear. We went into that, what time and thought is. Time is not only the past, the present and the future, but in the now, in the present, all time is contained. Because what we are now we will be tomorrow unless there is a great, fundamental mutation in the very psyche itself, in the very brain cells themselves. We talked about it. Et nous en parlions hier, l'une des choses que les êtres humains traversent tout au long de leur vie, est une forme de peur. Et nous avons approfondi cela avec beaucoup de soin: à savoir que le temps et la pensée sont à la racine de la peur. Nous avons approfondi la nature du temps et de la pensée. Le temps, c’est non seulement le passé, le présent et le futur mais tout le temps est inclus dans le maintenant, dans le présent. Car ce que nous sommes maintenant, nous le serons demain, à moins que se produise une mutation vaste et fondamentale dans le psychisme lui-même dans les cellules cérébrales elles-mêmes. Nous en avons parlé.
7:58 And we also should talk this morning, talk over this morning together – please, one may point out, you and the speaker are taking a journey together, a long, complicated journey. And to take that journey one mustn’t be attached to any particular form of belief. Then that journey is not possible. Or to any faith, or to some conclusion or ideology, or concepts. It’s like climbing the Everest or some of the great, marvellous mountains of the world; one has to leave a great deal behind, not carry all your burdens up the steep hills, mountains. So in taking the journey together – and the speaker means together, not that he is merely talking and you agreeing or disagreeing; if we could put those two words aside completely, then we can take the journey together. Some may want to walk very rapidly or the others may lag behind but it is a journey all the same together. Et nous devrions également parler, discuter ensemble ce matin- je vous en prie, si l’on peut se permettre de le souligner, vous et l’orateur entreprenons ensemble un voyage, un voyage long et compliqué. Et ce voyage demande que l'on ne soitattaché à aucune forme particulière de croyance. Autrement, ce voyage est impossible. Ni à quelque foi, à quelque conclusion, idéologie ou concepts que ce soit. C’est comme gravir l’Everest ou une des grandes et merveilleuses montagnes du monde; il faut laisser énormément de choses derrière soi sans transporter tous ces fardeaux à travers collines et montagnes escarpées. Dans ce voyage que nous entreprenons ensemble - et l’orateur l’entend bien ainsi non qu’il se contente de parler et que vous soyez d’accord ou en désaccord; si nous écartons complètement ces deux mots nous pouvons alors entreprendre le voyage ensemble. Certains voudront marcher très rapidement et d’autres traîneront derrière mais c’est néanmoins un voyage que nous faisons ensemble.
10:00 We ought also to talk over together why human beings have always pursued pleasure as opposed to fear. We’ve never investigated what is pleasure, why we want everlasting pleasure in different ways: sexual, sensory, intellectual, the pleasure of possessions, the pleasure of acquiring a great skill, the pleasure that one derives from having a great deal of information, knowledge. And the ultimate gratification is what we call god. As we said, please don’t get angry or irritated or want to throw something at the speaker. This is a violent world. If you don’t agree they’ll kill you. This is what is happening. And here we’re not trying to kill each other, we’re not doing any kind of propaganda or convincing you of anything. Nous devrions également examiner ensemble pourquoi les êtres humains ont toujours été à la poursuite du plaisir par opposition à la peur. Nous n’avons jamais cherché ce qu’est le plaisir pourquoi voulons-nous éternellement le plaisir sous diverses formes: sexuel, sensoriel, intellectuel le plaisir des possessions, le plaisir d’acquérir une grande compétence le plaisir découlant de l’acquisition de beaucoup d’informations, de savoir. Et l’ultime gratification est ce que nous appelons dieu. Et comme nous l’avons dit, ne soyez pas fâché ou irrité, je vous prie retenez vous de jeter quelque chose à l’orateur. (rires) Nous vivons dans un monde violent. Si vous n’êtes pas d’accord, ils vous tueront. C’est ce qui a lieu. Et ici, nous ne cherchons pas à nous entre tuer nous ne nous livrons à une aucune propagande ni ne voulons vous convaincre de quoi que ce soit.
11:47 But we are going to face the truth of things, not live in delusions. And with delusions it’s very difficult to observe. If you are deluding yourself and not facing actualities, then it becomes impossible to look at oneself as one is. But we like delusions, illusions, every form of deception because we are frightened to look at ourselves. As we said, to look at ourselves very clearly, accurately, precisely it’s only possible in a mirror of relationship; that’s the only mirror that we have. When you look at yourself when you’re combing your hair or shaving or doing whatever you are doing to your face – sorry. You look at your mirror – sorry – I’m sorry! I’m glad you approve. When you are shaving you look at your face or comb your hair; that mirror reflects exactly what you are, your face is, how you look. Mais, nous allons confronter la vérité des choses, et non vivre en s'illusionnant. Et, il est très difficile d’observer sans s’illusionner. Si vous vous illusionnez sans confronter les réalités il devient alors impossible de se regarder tel que l’on est. Mais nous aimons les illusions, les leurres et toutes les formes de chimères car nous avons peur de nous regarder. Comme nous l’avons dit, se regarder très clairement, avec précision n’est possible qu’au moyen du miroir de la relation; c’est le seul miroir dont nous disposons. Quand vous vous regardez en train de vous coiffer ou de vous raser, ou de vous soigner le visage - pardon. (Rires) vous vous regardez dans votre miroir - pardon (K rit - encore des rires) (longs rires et applaudissements) (K rit) Je vous demande pardon! (Rires et applaudissements) Je suis heureux que vous approuviez. (Rires) quand vous vous rasez, examinez votre visage, ou vous coiffez; ce miroir reflète exactement ce que vous êtes, votre visage, votre apparence.
14:24 And psychologically is there such a mirror in which you can see exactly, precisely, actually what you are? As we said, there is such a mirror which is one’s relationship however intimate it be, whether it’s man, woman; in that relationship you see what you are if you allow yourself to see what you are. You see how you get angry, your possession, all the rest of it. Et psychologiquement, existe-t-il un tel miroir dans lequel vous pouvez voir exactement, avec précision ce que vous êtes réellement? Comme nous l’avons dit, il y a bien un tel miroir: c’est notre relation si intime soit-elle, par exemple entre homme et femme; dans cette relation on voit ce que l’on est, pour autant qu’on veuille le voir. Vous vous voyez céder à la colère, votre désir de possession et tout le reste.
15:12 So pleasure man has pursued endlessly in the name of god, in the name of peace, and in the name of ideology and the pleasure of power, having power over others, political power. Have you noticed power is an ugly thing, when one dominates another, in any form: when a wife dominates the husband or the husband dominates the woman. Power is one of the evil things in life. And pleasure is the other side of the coin of fear. When one understands deeply, profoundly, seriously the nature of fear (as we went into it yesterday and we won’t go into it again), then pleasure, that is delight, seeing something beautiful, seeing the sunset or the morning light, the dawn, the marvellous colours, the reflection of the sun on the waters, that’s a delight. But we make that as a memory and cultivate that memory as pleasure. Donc le plaisir, l’homme l’a poursuivi sans fin, au nom de dieu au nom de la paix, au nom de l’idéologie et du plaisir du pouvoir avoir du pouvoir sur les autres, le pouvoir politique. Avez-vous remarqué que le pouvoir n’est pas une belle chose quand on domine autrui, sous quelle que forme que ce soit: quand la femme domine le mari, ou que le mari domine la femme. Le pouvoir est un des maux de la vie. Et l’autre face de la médaille de la peur est le plaisir. Quand on comprend en profondeur, sérieusement, la nature de la peur... (comme nous avons vu hier, et nous n’y reviendrons pas aujourd’hui) le plaisir, c'est alors l'enchantement, voir quelque chose de beau le coucher de soleil, la lumière du matin, l’aube, les couleurs merveilleuses le reflet du soleil sur l’eau, tout cela est un enchantement. Mais nous en faisons un souvenir que nous cultivons en tant que plaisir.
17:34 And also, as we said – but just look at it, not do something about it. I don’t know if you have gone into that question of action. What is action? We’re all so active from morning ’til night, not only physically but psychologically, the brain everlastingly chattering, going from one thing to another endlessly during the day and during the night, the dreams, the brain is never at rest, it’s perpetually in motion. I do not know if you have gone into that question of action. What is action, the doing? The very word ‘doing’ is the present, it’s not having done or will do. Action means the doing now, correctly, accurately, completely, holistically – if I can use that word – action that is whole, complete, not partial. When action is based on some ideology, it’s not action, is it? It’s a conformity to a certain pattern which you have established and therefore it’s incomplete action, or according to some memory, some conclusion. If you act according to certain ideology, pattern or conclusion, it is still incomplete; there is a contradiction in all this. So one has to inquire into this very complex problem of action. Comme nous l’avons aussi dit... - mais contentez - vous de le regarder sans en faire quoi que ce soit. Je ne sais si vous vous êtes penché sur la question de l’action. Qu'est-ce que l'action? Nous sommes tous si actifs du matin jusqu’au soir, non seulement physiquement mais psychologiquement, le cerveau bavardant sans arrêt allant d’une chose à l’autre, sans fin pendant le jour et pendant la nuit les rêves, le cerveau n’est jamais au repos, il est perpétuellement en mouvement. Je ne sais si vous avez abordé cette question de l’action. Qu’est-ce que l’action, le faire? Par définition le mot “faire” est au présent il ne s'agit pas d'avoir fait ou de devoir faire. L’action signifie le “faire” maintenant, correctement avec précision, de façon complète, holistique - si je puis me permettre ce mot - une action totale, complète, non partielle. Quand l’action repose sur une idéologie, ce n’est pas de l’action, n’est-ce pas ? C’est se conformer à un certain modèle que l’on a établi et par conséquent c’est une action incomplète ou fondée sur un souvenir, une conclusion. Si vous agissez selon une certaine idéologie, un modèle ou une conclusion c’est encore incomplet; il y a en tout cela une contradiction. Il faut donc se pencher sur ce problème très complexe de l’action.
20:15 Is action related to disorder or to order? You understand? We live in disorder, our life is disorderly, confused; contradictory: saying one thing, doing another; thinking one thing and quite the opposite in our actions. So what is order and disorder? Perhaps you have not thought about all these matters, so let us think together about all this and look, please don’t let me talk to myself. It’s still early in the morning and you have a whole day in front of you; so let us be aware together of this question: what is order and what is disorder and what is the relationship of action to order and disorder? L’action est-elle liée au désordre ou à l’ordre ? Comprenez-vous? Nous vivons dans le désordre, notre vie est désordonnée, confuse; contradictoire : le fait de dire une chose et d’en faire une autre; de penser à une chose et d’agir tout à l’opposé. Alors qu’est-ce que l’ordre et le désordre? Peut-être n’avez-vous pas réfléchi à tous ces sujets, alors réfléchissons y ensemble et observez, je vous en prie ne me laissez pas parler tout seul. Il est encore tôt ce matin et vous avez devant vous toute une journée; alors prenons conscience ensemble de la question suivante: qu’est-ce que l’ordre et qu’est-ce que le désordre et quel lien l’action a-t-elle avec l’ordre et le désordre ?
21:55 We more or less explained what is action; the very word ‘to act’ means the present, acting: you are sitting there. And what is the relationship to disorder? What is disorder? Look at the world if you will; the world is in disorder. Terrible things are happening. Very few of us know actually what is happening in the scientific world, in the world of the art of war and all the terrible things that are happening in Russia; and the poverty in all countries, the rich and the terribly poor; always the threat of war, one political group against another political group. So there is this tremendous disorder. That’s an actuality, it’s not an invention or an illusion. And we have created this disorder, because our very life, living, is disorderly. And we are trying socially to bring about order through all the social reforms and so on, so on. Without understanding and bringing about the end of disorder, we try to find order. It’s like a confused mind trying to find clarity. A confused mind is a confused mind, it can never find clarity. So can there be an end to disorder in our life, our daily life? Not order in heaven or in another place, but in our daily life can there be order? The end of disorder, and when there is the end of disorder there is naturally order. That order is living, it’s not according to a certain pattern or a mould. Nous avons plus ou moins expliqué ce qu’est l’action; ce mot “agir” dénote l'acte dans le présent: vous êtes assis là. Quel rapport cela a-t-il avec le désordre? Qu’est-ce que le désordre? Regardez le monde si vous le voulez bien; le monde est dans le désordre. Des choses terribles ont lieu. Bien peu d’entre nous savent réellement ce qui se passe dans le monde scientifique dans le monde de l’art de la guerre et les choses terribles qui ont lieu en Russie; et la pauvreté dans tous les pays, les riches et les très pauvres; et la constante menace de guerre, un groupe politique s’opposant à un autre. Il y a donc ce terrible désordre. C’est une réalité et non une invention ou une illusion. Et nous avons créé ce désordre, car notre vie elle-même est désordonnée. Et nous essayons d’amener de l’ordre socialement à travers toutes les réformes sociales et ainsi de suite. Nous essayons de trouver l’ordre sans comprendre et amener la fin du désordre. C'est comme un esprit confus cherchant la clarté. Un esprit confus est un esprit confus, il ne peut jamais trouver la clarté. Alors, peut-il y avoir une fin au désordre de nos vies, de notre vie quotidienne? Un ordre non dans les cieux ou ailleurs, mais dans notre vie quotidienne? La fin du désordre, et quand cette fin a lieu, l’ordre règne naturellement. Cet ordre là est vivant, il n’est pas figé dans un certain modèle, un moule.
25:25 So we are investigating, looking at ourselves and learning about ourselves. Learning is different from acquiring knowledge. Please this is rather – if you will kindly give your attention to this a little bit – that learning is an infinite process, limitless process, whereas knowledge is always limited. And learning implies not only observing visually, optically but also observing without any distortion, seeing things exactly as they are. Donc nous cherchons en nous observant nous-mêmes et en apprenant sur nous-mêmes. Apprendre est autre chose qu’acquérir du savoir. Je vous prie, ceci est plutôt... - si vous voulez bien prêter votre attention un petit peu à ceci - apprendre est un processus sans fin un processus illimité, tandis que le savoir est toujours limité. Et apprendre implique non seulement d’observer visuellement mais également d’observer sans aucune déformation de voir les choses exactement telles qu’elles sont.
26:46 That requires that discipline – please, the word ‘discipline’ as we said yesterday, means – the word comes from the word ‘disciple’. ‘Disciple’ is one who is learning, not the terrible discipline of orthodoxy, tradition or following certain rules, dictates, and so on, it’s learning; learning through clear observation without distortion. Hearing things exactly what the other fellow is saying without any distortion. And learning is not accumulative because you’re moving. You understand all this? So in learning what is disorder in ourselves then order comes about very naturally, easily, unexpectedly. And when there is order, order is virtue. There is no other virtue except complete order that is complete morality, not some imposed or dictated morality. Cela requiert de la discipline - attention, le mot “discipline” comme nous l’avons dit hier, - ce mot vient de “disciple”. Le disciple est celui qui apprend pas la terrible discipline de l’orthodoxie, de la tradition ou du fait de suivre certaines règles, dicta, etc., c’est apprendre; apprendre par une observation claire, sans déformation. Entendre exactement ce que dit l’autre sans aucune déformation. Et, apprendre n’est pas cumulatif, parce que vous êtes en mouvement. Vous comprenez tout ceci? Donc, quand on apprend la nature de notre désordre intérieur l’ordre vient alors très naturellement, facilement, sans que l’on s’y attende. Et quand il y a ordre, l’ordre est vertu. Il n’y a d’autre vertu que l’ordre complet c’est-à-dire la moralité complète, et non une moralité imposée ou dictée.
28:50 Then we ought also talk over together this whole question of sorrow. You don’t mind? Because man and woman, children throughout the world, whether they live behind the Iron Curtain (which is most unfortunate for them), whether they live in Asia or India or Europe or here, every human being, whether rich or poor, intellectual or just ordinary layman like us, we all go through every form of suffering. Have you ever looked at people that have cried through centuries? Through thousands of wars? The husband, the wife, the children. There is immense sorrow in the world. Not that there is not also pleasure, joy, and so on, but in understanding and perhaps ending sorrow we’ll find something much greater. Nous devrions alors également parler ensemble de toute cette question de la souffrance. Cela ne vous dérange pas? Car l’homme et la femme, les enfants du monde entier, qu’ils vivent qu’ils vivent derrière le rideau de fer (ce qui est bien triste pour eux) qu’ils vivent en Asie, en Inde, en Europe ou ici, chaque être humain qu’il soit riche ou pauvre, intellectuel ou l’homme du commun que nous sommes passons tous par les multiples formes de la souffrance. Avez-vous jamais pris conscience de ces larmes versées depuis des siècles ? Au cours de milliers de guerres? Le mari, la femme, les enfants. Il y dans le monde une immense souffrance. Non qu’il n’y ait pas également du plaisir, de la joie et ainsi de suite mais la compréhension de la souffrance et la possibilité d'y mettre fin pourraient nous faire découvrir quelque chose de bien plus vaste.
30:43 So we must go into this complex question of sorrow. And whether it can ever end or man is doomed forever to suffer; suffer not only physically, which depends how orderly a life one leads, whether your body is drugged, or tobacco, nicotine, alcohol and all that, whether the body has been destroyed. Psychologically, inwardly we have suffered enormously without perhaps not saying a word about it. Or crying your heart out. And during all this long evolution, evolution of man from the beginning of time ’til now, every human being on this earth has suffered. Suffering is not merely the loss of someone you think you like or love but also the suffering of the very poor, the illiterate. If you go to India or other parts of the world, you see people walking miles and miles to go to a school, little girls and little boys. They’ll never be rich, they will never ride in a car, probably never have a hot bath. They have one sari or one dress, whatever they wear and that’s all they have. And that is sorrow. Not for the man who goes by in a car, but the man in the car looks at this and he’s in sorrow if he’s at all sensitive, aware. And the sorrow of ignorance; not ignorance of writing, literature and all the rest of it, but the sorrow of a man who doesn’t know himself. There are multiple ways of sorrow. Il nous faut donc approfondir cette question complexe de la souffrance. Et peut-elle jamais prendre fin, ou l’homme est-il à jamais condamné à souffrir? Non seulement physiquement, ce qui dépend de l’ordre que l’on met dans sa vie si le corps est drogué: par l’alcool, le tabac, la nicotine et tout cela, si le corps a été détruit. Psychologiquement, intérieurement, nous avons souffert énormément sans peut-être en avoir dit un mot. ou en pleurant toutes les larmes de son coeur. Et tout au long de cette évolution l’évolution de l’homme, de la nuit des temps à ce jour chaque être humain sur cette terre a souffert. Souffrir n’est pas seulement pleurer la perte de quelqu’un que vous croyez aimer Il y a aussi la souffrance du pauvre, de l’illettré. Si vous vous rendez en Inde ou dans d’autres parties du monde vous y voyez des gens faire des kilomètres à pied pour se rendre à l’école des petites filles, des petits garçons. Ils ne seront jamais riches, n’iront jamais en voiture ne prendrons probablement jamais un bain chaud. Ils n'ont qu'un sari, qu'un vêtement, peu importe, et c’est tout ce qu’ils ont. C’est là de la souffrance. Pas pour celui qui passe en voiture, mais il voit tout cela de sa voiture et en ressent du chagrin, s’il est le moins du monde sensible, conscient. Et la souffrance de l’ignorance; pas celle de l’écriture, de la littérature et tout cela, mais la souffrance de celui qui ne se connaît pas lui-même. La souffrance revêt de multiples aspects.
34:01 And we are asking, can this sorrow end with each one? There is the sorrow of oneself, in oneself, and the sorrow of the world. Thousands of wars, people maimed, hurt, appalling cruelty: not a particular form of cruelty of which you are talking a great deal, a particular form, and you are rebelling against that particular form but you never ask: is there an end to cruelty? Every nation on earth has committed cruelties, appalling. And we’re still perpetuating that cruelty. And cruelty brings enormous sorrow. Seeing all this – not from a book, not from a traveller, not from a tourist (tourists go abroad just to amuse themselves, see sights and having a good time, a holiday) – but if you are travelling as a human being, just observing, being aware sensitively to all this, sorrow is a terrible thing. And can that sorrow end? Et nous demandons si cette souffrance peut prendre fin en chacun de nous? Il y a notre propre souffrance intérieure, et la souffrance du monde. Des milliers de guerres, des gens mutilés, blessés, une épouvantable cruauté: pas une forme de cruauté particulière, dont vous parlez beaucoup une forme particulière et contre laquelle vous vous rebellez mais vous ne demandez jamais si la cruauté peut prendre fin. Chaque nation sur cette terre a commis d’affreuses cruautés. Et nous continuons à perpétrer cette cruauté. La cruauté amène énormément de souffrance. Voyant tout cela - non dans un livre, non d’un voyageur non d’un touriste (les touristes vont à l’étranger seulement pour s’amuser voir des choses intéressantes, et passer du bon temps, des vacances) mais si vous voyagez en tant qu’être humain, vous contentant d’observer d’être conscient d’une façon sensible à tout cela vous voyez que la souffrance est une chose terrible. Et cette souffrance peut-elle prendre fin?
36:18 Please, ask yourself that question. The speaker is not stimulating you to feel sorrow, the speaker is not telling you what sorrow is; it’s right in front of us, right inside of you. Nobody needs to point it out, if you keep your eyes open, if you are sensitive, aware of what is happening in this monstrous world. So please ask yourself this question: whether sorrow can ever end. Because like hatred, when there is sorrow there is no love. When you are suffering, concerned with your own suffering, how can there be love? So one must ask this question however difficult it is to find – not the answer, but the ending of sorrow. Je vous en prie, posez-vous cette question. L’orateur ne vous stimule pas pour vous faire ressentir la souffrance l’orateur ne vous dit pas ce qu’est la souffrance elle est là devant nous, au-dedans de vous. Personne n’a besoin de la désigner, si vous gardez les yeux ouverts si vous êtes sensible, conscient de ce qui se passe dans ce monde monstrueux. Alors, je vous prie, posez-vous cette question: la souffrance peut-elle jamais prendre fin? Parce que, comme pour la haine, quand il y a souffrance, il n’y a point d’amour. Quand vous souffrez, étant préoccupé de votre propre souffrance comment peut-il avoir amour? Il faut donc se poser cette question si difficile que soit la découverte... - non de la réponse, mais de la fin de la souffrance.
37:59 What is sorrow? Not only the physical pain and the enduring pain, a person who is paralysed or maimed or diseased, but also the sorrow of losing someone: death. We’ll talk about death presently. Is sorrow self-pity? Please, investigate. We’re not saying it is or it is not, we’re asking is sorrow brought about by self-pity, one of the factors? Sorrow brought about by loneliness? Feeling desperately alone, lonely; Not alone: the word ‘alone’ means ‘all one’. But feeling isolated, having in that loneliness no relationship with anything. Qu’est-ce que la souffrance? Non seulement la souffrance physique, persistante, de la personne paralysée mutilée, malade, mais aussi la souffrance due à la perte de quelqu’un: la mort. Nous parlerons de la mort dans un instant. La souffrance est-elle la pitié de soi? Cherchez, je vous prie. Nous ne disons pas qu’elle l’est ou ne l’est pas, nous posons la question la souffrance est-elle engendrée par la pitié de soi, l’un de ses facteurs? La souffrance est-elle engendrée par la solitude? Le fait de se sentir désespérément seul, dans la solitude; pas seul: le mot “alone” signifie “all one” : tout un. Mais se sentir isolé, n’avoir dans cette solitude aucune relation avec quoi que ce soit.
39:44 Is sorrow merely an intellectual affair? To be rationalized, explained away? Or to live with it without any desire for comfort. You understand? To live with sorrow, not escape from it, not rationalize it, not find some illusive or exclusive comfort: religious or some illusory romantic escapes but to live with something that has tremendous significance. Sorrow is not only a physical shock when one loses one’s son or husband, wife or girl, whatever it is, it’s a tremendous biological shock. One is almost paralysed with it. Don’t you know all this? La souffrance n’est-elle qu’une affaire intellectuelle? Qui se rationalise, s’explique? Ou il s’agit-il de vivre avec elle sans aucun désir de réconfort? Vous comprenez? Vivre avec la souffrance, sans la fuir, sans la rationaliser sans se trouver un réconfort illusoire ou exclusif: religieux ou quelque échappatoire illusoire, romantique mais vivre avec quelque chose de profondément signifiant. La souffrance n’est pas seulement un choc physique quand on perd son fils, son mari, sa femme, son amie, ou qui vous voudrez c’est un choc biologique terrible. On en est presque paralysé. Ne connaissez-vous pas tout cela?
41:29 There is also the sense of desperate loneliness. Can one look at sorrow as it is actually in us and remain with it, hold it, and not move away from it. Sorrow is not different from the one who suffers. The person who suffers wants to run away, escape, all kinds of things. But to look at it as you look at a child, a beautiful child, to hold it, never escape from it. Then you will see for yourself, if you really look deeply, that there is an end to sorrow. And when there is an end to sorrow there is passion; not lust, not sensory stimulation, but passion. Il y a aussi le sentiment de solitude désespérée. Peut-on examiner la souffrance telle qu’elle existe effectivement en nous et rester avec elle, la tenir dans la main et ne pas s’en écarter? La souffrance n’est pas distincte de celui qui souffre. La personne qui souffre veut fuir, échapper, faire toutes sortes de choses. Mais il s’agit de la regarder comme on regarde un enfant, un bel enfant de la tenir, sans jamais la fuir. Vous verrez alors par vous-mêmes, si vous regardez vraiment profondément qu’il y a une fin à la souffrance. Et quand il y a une fin à la souffrance, il y a alors la passion; il ne s’agit pas de luxure, ni de stimulation sensorielle, mais de passion.
43:18 Very few have this passion, because we are so consumed with our own griefs, with our own pains, with our own pity and vanity and all the rest of it. We have a great deal of energy – look what is happening in the world – tremendous energy to invent new things, new gadgets, new ways of killing others. To go to the moon needs tremendous energy and concentration both intellectual and actual. We’ve got tremendous energy, but we dissipate it by conflict, through fear, through endless chattering about nothing. And passion has tremendous energy. That passion is not stimulated, it doesn’t seek stimulation, it’s there, like a burning fire. It only comes when there is the end of sorrow. Bien peu ont cette passion, parce que nous sommes tellement consumés par nos propres afflictions par nos propres douleurs, pitié, vanité et tout le reste. Nous avons énormément d’énergie - voyez ce qui se passe dans le monde - une énorme énergie pour inventer des nouveautés de nouveaux gadgets, de nouvelles façons de tuer les autres. Il faut une énorme énergie et concentration pour aller sur la lune à la fois intellectuelle et factuelle. Nous avons énormément d’énergie, mais la dissipons par le conflit, la peur dans des bavardages sans fin à propos de rien. Et la passion a énormément d’énergie. Cette passion n’est pas stimulée, elle ne recherche pas la stimulation elle est là, comme un feu ardent. Elle ne vient que quand la souffrance a pris fin.
44:55 And when you have this sorrow, the ending of it, it’s not personal because you are the rest of humanity, as we said yesterday afternoon. We all suffer. We all go through loneliness, every human being on this earth, rich or poor, learned or ignorant, everybody goes through tremendous anxieties, conscious or unconscious. Our consciousness is not yours, it’s human consciousness. In the content of that consciousness is all your beliefs, your sorrows, your pities, your vanities, your arrogance, your search for power, position, and all that. All that is your consciousness, which is shared by all human beings. Therefore it’s not your particular consciousness. And when one really realizes that, not verbally or intellectually or theoretically or as a concept, but as an actuality, then you’ll not only not kill another, hurt another, but you’ll have some other thing which is totally different, of a different dimension altogether. Et, quand vous avez cette souffrance, sa fin n’est pas personnelle car vous êtes le restant de l’humanité, comme nous l’avons dit hier après-midi. Nous souffrons tous. Nous passons tous par la solitude, chaque être humain sur cette terre qu’il soit riche ou pauvre, érudit ou ignorant chacun passe par énormément d’anxiété, consciente ou inconsciente. Notre conscience n’est pas partagée elle n’est pas à vous, c’est la conscience humaine. Le contenu de cette conscience est constitué de toutes vos croyances vos souffrances, vos pitiés, vos vanités, votre arrogance votre recherche de pouvoir, de situation, et tout cela. Tout cela est votre conscience, laquelle est partagée par tous les êtres humains. Il ne s’agit donc pas de votre conscience personnelle. Et quand on se rend vraiment compte de cela, non verbalement, intellectuellement théoriquement, ou en tant que concept, mais en tant que réalité alors non seulement vous ne tuerez ni ne blesserez plus autrui mais vous aurez quelque chose d’une toute autre nature d'une dimension entièrement différente.
46:52 We ought to talk over together too what is love. I hope all this is not boring you. If you want to take a breather, it’s all right. As the speaker said, we ought to go into this great question of what is love. We use the word ‘love’ so loosely, it has become merely sensuous, sexual; love is identified with pleasure. And to find that perfume one must go into the question what is not love. Through negation you come to the positive, not the other way around. Am I making myself clear? Through negation of what is not love then you come to that which is immensely true, which is love. Nous devrions parler aussi ensemble de ce qu’est l’amour. J’espère que tout cela ne vous ennuie pas. (Rires) Si vous voulez respirer un peu , c'est bon. Comme l’a dit l’orateur, nous devrions nous pencher sur cette vaste question de la nature de l’amour. Nous nous servons si légèrement du mot “amour” il est devenu uniquement sensuel, sexuel; l’amour est identifié au plaisir. Et pour découvrir ce parfum, il faut examiner ce que l’amour n'est pas. On en vient au positif par la négation, et non vice versa. Suis-je clair? Par la négation de ce que l’amour n’est pas on en vient alors à ce qui est immensément vrai, c’est-à-dire l’amour.
48:37 So love is not hate: that’s obvious. Love is not vanity, arrogance. Love is not in the hands of power. The people who are in power, wanting power; it doesn’t matter if it’s over a small child or wanting power over a whole group of people or a nation, that surely is not love. Love is not pleasure, love is not desire. I don’t know if you have time to go into the question of desire. Perhaps we may. Love is certainly not thought. So can you put aside all that: your vanity, the sense of power, however small, however little it is, it’s like a worm. And the more power you have, the more ugly – and therefore in that there is no love. When one is ambitious, aggressive, on which you are all brought up: to be aggressive, to be successful, to be famous, to be known which is all so utterly childish – from the speaker’s point of view. How can there be love? Donc l’amour n’est pas la haine: c’est évident. L’amour n’est pas vanité, arrogance. - L’amour n’est pas dans les mains du pouvoir. Les gens qui détiennent le pouvoir, qui veulent le pouvoir peu importe que ce soit sur un petit enfant sur un groupe entier de gens ou sur une nation, tout cela n'est certainement pas de l’amour. L’amour n’est pas le plaisir, l’amour n’est pas le désir. Je ne sais si nous avons le temps d’aborder la question du désir. Peut-être le devrions-nous. L’amour n’est certainement pas la pensée. Alors peut-on écarter tout cela: votre vanité, le sens du pouvoir si petit soit-il, c’est comme un vers. Plus vous avez de pouvoir, plus c’est laid - et en cela il n’y a donc aucun amour. Quand on est ambitieux, agressif... - c'est dans ce sens que vous êtes tous élevés: à être agressif, à réussir, à être connu tout cela est absolument enfantin, du point de vue de l’orateur, (rires)... - comment peut-il y avoir amour?
51:06 So love is something that cannot be invited or cultivated. It comes about naturally, easily, when the other things are not. And in learning about oneself one comes upon this: where there is love, there is compassion; and compassion has its own intelligence. That is the supreme form of intelligence, not the intelligence of thought, intelligence of cunning, deceptions and all the rest of it. It’s only when there is complete love and compassion there is that excellence of intelligence which is not mechanical. L’amour est donc quelque chose qui ne peut être ni invité, ni cultivé. Il vient naturellement, facilement, quand le reste n’est pas. Et quand on apprend sur soi on arrive à ceci: là où il y a amour, il y a compassion; et la compassion comporte sa propre intelligence. C’est la forme suprême de l’intelligence, pas l’intelligence de la pensée l’intelligence rusée des illusions et tout le reste. Ce n’est que là où existent l’amour total et la compassion qu’il y a cette quintessence de l’intelligence qui n’est pas mécanique.
52:22 Then we ought to talk about death. Shall we? Are you interested in finding out what death is? What’s the meaning of that word; the dying, death, the ending. Not only the ending, what happens after death? Does one carry the memories of one’s own life? The whole Asiatic world believes in reincarnation. That is, I die, I’ve led a miserable life, perhaps done a little good here and there, and next life I’ll be better, I’ll do more good. It’s based on reward and punishment, like everything else in life. I will do good this life, and I will be better next life. It’s based on the word ‘karma’, probably you have heard of it. The word ‘karma’ means in Sanskrit ‘action’ – I won’t go into it. So there is this whole belief that when one has lived this life next life you have a better chance, depending what kind of life you have led now: the reward and punishment. And in Christianity there is this whole sense of resurrection and so on. Nous devrions maintenant parler de la mort. Le ferons-nous? Cela vous intéresse-t-il de découvrir - (rires) - ce qu’est la mort? Quelle est la signification de ce mot? Mourir; la mort; la fin. Non seulement la fin, mais que se passe-t-il après la mort? Emporte-t-on avec soi les souvenirs de sa vie? Tout le monde asiatique croit en la réincarnation. C’est-à-dire, je meurs, j’ai mené une vie malheureuse.. peut-être ai-je fait un peu de bien ici ou là et dans la prochaine vie je serai meilleur, je ferai davantage de bien. C’est basé sur la récompense et la punition, comme tout dans la vie. Je ferai du bien pendant cette vie ci, et je serai meilleur dans la prochaine. C’est basé sur le mot “karma” dont vous avez peut-être entendu parler. Le mot “karma” signifie en sanskrit “action” - je ne vais pas aborder cela. Il y a donc toute cette croyance selon laquelle après la vie présente la prochaine vie offrira une meilleure chance selon le type de vie que l’on a vécu dans celle-ci: la récompense et la punition. Et, dans le christianisme il y a toute cette notion de résurrection etc.
54:45 So if we can put aside for the moment all that, really put aside, not cling to one thing or the other, then what is death? What does it mean to die? Not only biologically, physically, but also psychologically: all the accumulation of memories, one’s tendencies, the skills, the idiosyncrasies, the things that one has gathered, whether it be money, knowledge, friendship, whatever you will; all that you have acquired. And death comes and says, ‘Sorry, you can’t take anything with you’. Donc si l’on peut écarter tout cela pour l'instant l’écarter vraiment, sans se cramponner à une chose ou une autre, qu’est-ce alors que la mort? Que signifie mourir? Non seulement biologiquement, physiquement mais encore psychologiquement: toute l’accumulation des souvenirs, nos tendances, compétences idiosyncrasies, tout ce que l’on a accumulé, qu’il s’agisse d’argent de savoir, d’amitié, tout ce que vous voulez; tout ce que vous avez acquis. Et la mort survient et dit : “je regrette, tu peux rien prendre avec toi”.
56:00 So what does it mean to die? Can we go into this question? Or are you frightened? So what is death? How do we inquire into it? You understand my question? I’m living – I’m taking myself as an example – I’m living, I go along every day, routine, mechanical, miserable, happy, unhappy, you know the whole business. And death comes, through accident, through disease, through old age, senile – what is senility? Is it only for the old? Is it not senility when we’re just repeating, repeating, repeating? When we act mechanically, thoughtlessly? Isn’t that also a form of senility? Alors que signifie mourir? Pouvons-nous aborder cette question? Ou avez-vous peur? Donc, qu’est-ce que la mort? Comment examiner cela? Vous comprenez ma question? Je vis - je me prends comme exemple - je vis, chaque jour je poursuis ma routine, mécanique, triste, heureuse, malheureuse, vous savez tout cela. Et la mort survient, par accident par maladie, par vieillesse, sénilité - qu’est-ce que la sénilité? Ne concerne-t-elle que les vieux? La sénilité, n’est-ce pas le fait de répéter, répéter, répéter? D’agir mécaniquement, sans réfléchir? N’est-ce pas là aussi une forme de sénilité?
57:52 So death – because we are frightened of it, we never see the greatness of it, the extraordinary thing, like a child, baby being born: a new human being has come into being. That’s an extraordinary event. And that child grows and becomes whatever you have all become. And then it dies. Death is also something, most extraordinary it must be. And you won’t see the depth and the greatness of it if one is frightened. Donc la mort - nous en avons peur et n’en voyons donc jamais la grandeur le côté extraordinaire de l’événement, comme la naissance d’un enfant: l’apparition d’un nouvel être humain. C’est là un événement extraordinaire. Et cet enfant grandit et devient ce que vous êtes tous devenus. Et puis il meurt. La mort est aussi quelque chose d’extraordinaire, inévitablement. Et vous n’en verrez pas la profondeur et la grandeur si vous en avez peur.
59:08 So what is death? I want to find out what it means to die while I am living. I’m not senile, I’ve all my wits about me, I’m capable of thinking very clearly, perhaps occasionally go off the beam, but I’m active, clear, all the rest of it. So I’m asking myself – I’m not asking you – I’m only observing; if you will observe also what is death. Death means surely the ending of everything: the ending of my relationship, the ending of all the things I’ve put together in my life; all the knowledge, all the experience, the idiotic life I’ve led, a meaningless life, or trying to find a meaning intellectually to life; I’ve lived that way (not personally, but I’m taking that example). And death comes and says, ‘That’s the end’. But I am frightened. It can’t be the end. I’ve got so much, I’ve collected so much, not only furniture or pictures – when I identify myself with the furniture or the pictures or the bank account I am the bank account, I am the picture, I am the furniture. Right? When you identify with something so completely, you are that. Perhaps you don’t like all this, but please kindly listen. So I’ve established roots, I’ve established a great many things round me, so death comes and makes a clean sweep of all that. So I ask myself, is it possible to live with death all the time, not at the end of 90 years or 100 years – the speaker is 90 – sorry. Not at the end of one’s life but can I, with all my energy, vitality and all the things that go on, can I live with death all the time? Not commit suicide, don’t mean – that’s too silly. But live with death which means ending every day of every thing I’ve collected; the ending. Alors qu’est-ce que la mort? Je veux découvrir ce que mourir signifie pendant que je suis vivant. Je ne suis pas sénile, je suis en pleine possession de mes moyens je suis capable de penser très clairement déraillant peut-être de temps en temps... (Rires) mais je suis actif, clair, et tout le reste. Je me demande donc - je ne vous le demande pas - je me contente d’observer et vous voudrez bien observer aussi ce qu’est la mort. Assurément, la mort signifie la fin de toute chose: la fin de ma relation la fin de tout ce que j’ai construit dans ma vie; tout le savoir, toute l’expérience, la vie stupide que j’ai menée une vie insensée à laquelle j’essaie de donner intellectuellement un sens; j’ai vécu ainsi (pas personnellement, mais je prends cet exemple). Et la mort vient et dit : “c’est la fin”. Mais j’ai peur. Ce ne peut pas être la fin. J’ai tant de choses, j’ai tant accumulé, pas seulement du mobilier - (Rires) ou des tableaux - quand je m’identifie au mobilier ou aux tableaux, ou au compte en banque je suis le compte en banque, je suis le tableau, je suis le mobilier. N’est-ce pas? Quand vous vous identifier à quelque chose si totalement, vous êtes cette chose. Peut-être n’aimerez-vous pas tout ceci, mais écoutez, je vous prie. J’ai donc établi des racines, j’ai établi des tas de choses autour de moi et la mort vient et balaie proprement tout cela. Donc je me demande, est-il possible de vivre tout le temps avec la mort pas au bout de 90 ans ou 100 ans - l’orateur a 90 ans - pardon. (Rires) Pas à la fin de la vie, mais puis-je avec toute mon énergie, toute ma vitalité et pendant que tout continue, puis-je vivre tout le temps avec la mort? Pas en se suicidant, cela n’aurait pas de sens. Mais vivre avec la mort ce qui signifie mettre chaque jour fin à tout ce que j’ai accumulé; la fin.
1:03:35 I do not know if you have gone into the question of what is continuity and what is ending. That which continues can never renew itself, reborn, clear. It can revive itself, that which is continuous, like you are doing in this country, the revival of religion. As we said the word ‘revive’ means something that has withered, dying and you revive it. Which is happening in this country, religious revival, they are shouting about it. And, I don’t know if you have noticed, organized religions and the gurus and all the rest of them are tremendously rich people. Great property. You can do – religious. There is a temple in the south of India: every third day they have one million dollars. You understand? God is very profitable. This is not cynicism, this is actuality. We are facing actuality, and you can’t be cynical or despairing, it is so; neither be optimistic or pessimistic. You have to look at these things. Je ne sais si vous avez approfondi la question de ce qu’est la continuité, et de ce que finir signifie. Ce qui continue ne peut jamais se renouveler, renaître. Cela peut se revivifier, ce qui est continu comme ce que vous faites dans ce pays, revivifiant la religion. Comme nous l’avons dit le mot “revivifier” s’applique à ce qui s’est étiolé qui est en train de mourir, et vous le revivifiez. C’est ce qui a lieu dans ce pays-ci une renaissance religieuse, et l’on claironne la chose. Je ne sais si vous avez remarqué combien les religions organisées, les gourous et tout le reste, ce sont des gens d'une immense richesse. (Rires) Des biens considérables. Cela se fait - religieusement. Il y a dans le sud de l’Inde un temple: tous les trois jours, ils y récoltent un million de dollars. Vous comprenez? Dieu engendre de gros profits. (Rires) Ce n’est pas du cynisme, c’est la réalité. Nous confrontons la réalité, il ne s’agit pas de céder au cynisme ou au désespoir, il en est ainsi; ni à l'optimisme, ni au pessimisme. Il faut regarder ces choses.
1:05:38 So can I live with death, which means every thing that I have done, collected – pain, sorrow – end. Ending is more important than continuity. The ending means the beginning of something new. If you merely continue, it is the same pattern being repeated in a different mould. Have you noticed another strange thing? We have made a great deal of mess in the world, tremendous mess, and we organize to clear up that mess politically, religiously, socially and economically. And when that organization or institution doesn’t work we invent another organization. And never clearing up the mess but bringing about new organizations, new institutions – and this is called progress. I don’t know if you have not noticed all this. This is what we are doing – thousands of institutions. Alors, puis je vivre avec la mort, ce qui signifie... que tout ce que j’ai fait, rassemblé - la douleur, la souffrance - prend fin. La fin est plus importante que la continuité. La fin signifie le commencement de quelque chose de nouveau. Si vous vous bornez à continuer, c’est le même modèle qui se répète dans un moule différent. Avez-vous jamais remarqué autre chose d’étrange? Nous avons créé énormément de gâchis dans ce monde un gâchis terrible, et nous organisons le nettoyage de ce gâchis politiquement, religieusement, socialement et économiquement. Et quand cette organisation ou institution ne fonctionne pas nous inventons une autre organisation. sans jamais résoudre ce gâchis, mais créant de nouvelles organisations de nouvelles institutions - et cela s’appelle le progrès. (Rires) Je ne sais si vous avez remarqué tout cela. Voilà ce que nous faisons - des milliers d’institutions.
1:07:22 The other day we talked at the United Nations. War is going on, they’ve never stopped it, but they are reorganizing it. You are also doing exactly the same thing in this country. We never clear up the mess. And we depend on organizations to clear that up; or new leaders, new gurus, new priests, new faiths and all that rubbish that’s going on. So can I live with death – that means freedom, complete, total, holistic freedom. And therefore in that freedom there is great love and compassion and that intelligence which has not an end, which has immense. And also we ought to talk over together what is religion. May we go on? You are not too tired? The speaker is not trying to convince you of anything, please believe me: nothing! He’s not trying to force you through stimulation, through some other means. We are both looking at the world, your personal world and the world about you. You are the world, the world is not different from you. You have created this world and you are responsible for it, completely, totally whether you are a politician or an ordinary man in the street like us. L’autre jour nous parlions aux Nations Unies. La guerre se poursuit, ils ne l’ont jamais arrêtée mais ils la réorganisent. (Rires) Vous en faites exactement de même dans ce pays-ci. Nous ne dissipons jamais le gâchis. Et, nous dépendons d’organisations pour faire ce nettoyage; ou de nouveaux leaders, de nouveaux gourous de nouveaux prêtres, de nouvelles fois et tout ce fatras qui se poursuit. Alors, puis-je vivre avec la mort - ce qui signifie liberté une liberté totale, holistique. Et il y a donc, dans cette liberté, un grand amour, une grande compassion et cette intelligence qui n’a pas de fin, qui est immense. Nous devrions aussi parler ensemble de ce qu’est la religion. Pouvons-nous poursuivre? Vous n’êtes pas trop fatigués? L’orateur ne cherche à vous convaincre de rien, il faut me croire : rien ! Il ne cherche à vous forcer ni par la stimulation, ni par tout autre moyen. Vous et moi regardons le monde, votre monde personnel et le monde autour de vous. Vous êtes le monde, le monde n’est pas différent de vous. Vous avez créé ce monde et vous en êtes responsables, complètement, totalement que vous soyez politicien ou un homme ordinaire dans la rue comme nous.
1:10:17 We also ought to talk over together what is religion. Man has always sought something beyond all this pain and anxiety, sorrow. Is there something that is sacred, eternal, that’s beyond all the reaches of thought. This has been one of the questions from ancient of times. What is sacred? What is that which has no time, that which is incorruptible, that which is nameless; that which has no quality, no limitation, the timeless, the eternal? Is there such a thing? Man has asked this thousands and thousands of years ago. So he has worshipped the sun, the earth, nature, the trees, the birds; everything that’s living on this earth man has worshipped since ancient times. If you have heard of the Vedas and the Upanishads and so on, they never mention god. That which is supreme, they said, is not manifested and so on, I won’t go into all that. Nous devrions également parler ensemble de ce qu’est la religion. L’homme a toujours été à la recherche de quelque chose d’au-delà de toute cette douleur, anxiété et souffrance. Y a-t-il quelque chose de sacré, d’éternel qui soit hors d’atteinte de la pensée? Telle a été l’une des questions qui se pose depuis la nuit des temps. Qu’est-ce qui est sacré? Qu’est-ce qui est intemporel, incorruptible, sans nom; qui n’a aucune qualité, aucune limite, l’intemporel, l’éternel ? Existe-t-il une telle chose? L’homme s’est posé cette question il y a des milliers et des milliers d’années. Ainsi, il a adoré le soleil, la terre, la nature, les arbres, les oiseaux; depuis la nuit des temps, l'homme a adoré tout ce qui vit sur cette terre. Si vous avez entendu parler des Vedas des Upanishads etc., dieu n’y est jamais mentionné. Ce qui est suprême, disaient-ils, n’est pas manifesté etc., je ne vais pas aborder tout cela.
1:12:30 So are you asking that question too? Are you asking the question, is there something sacred? Is there something that is not put together by thought as all religions are, organized, whether it’s Christianity, Hinduism, Buddhism, and so on. In Buddhism there is no god. Among the Hindus, as I said, there are about 300,000 gods. It’s great fun to have so many. You can play with them all. And there are the gods of books, the god according to the Bible, the gods according to the Koran, the Islamic world. I don’t know if you have noticed when religions are based on books like the Bible or the Koran, then you have Fundamentalists, then you have people who are bigoted, narrow, intolerant, because the book says so. Haven’t you noticed all this? This country is having the Fundamentalists, go back to the book. Don’t get angry please, just look at it. Vous posez vous donc également cette question? Demandez-vous s’il existe quelque chose de sacré? Existe-t-il quelque chose qui ne soit pas construit par la pensée comme le sont toutes les religions organisées qu’il s’agisse du Chritianisme, de l’Hindouisme, du Bouddhisme etc. Il n’y a pas de dieu dans le Bouddhisme. Comme je l’ai dit, il y a chez les Hindous environ 300.000 dieux. C’est très amusant d’en avoir autant. (Rires) Vous pouvez jouer avec eux. Et il y a les dieux des livres, le dieu selon la Bible le dieu selon le Coran pour le monde islamique. Avez vous remarqué que quand les religions se fondent sur des livres tels la Bible ou le Coran, vous avez alors des fondamentalistes vous avez des gens bigots, étroits, intolérants, parce que le livre le dit. N’avez-vous pas remarqué tout cela? Ce pays-ci a ses fondamentalistes qui reviennent aux livres. Ne vous fâchez pas, je vous prie, regardez simplement.
1:14:30 So we are asking, what is religion? Not only what is religion, but the religious brain, religious mind. To inquire into that deeply, not superficially, there must be total freedom, complete freedom. Not freedom from one thing or the other, but freedom as a whole, per se. Then we have to ask also – sorry – the world ‘religion’ etymologically: they can’t explain that word. It had different meanings at different times and different ages. So we are asking, when there is that freedom, is it possible living in this ugly world, is it possible to be so free from pain, sorrow, anxiety, loneliness and all the rest of it. Alors, nous demandons, qu’est-ce que la religion? Pas seulement qu’est-ce que la religion mais qu'est-ce que le cerveau religieux, l’esprit religieux. Il faut pour étudier cela en profondeur, et non superficiellement qu’il y ait une liberté totale, une liberté complète. Non pas une liberté à l’égard d’une chose ou l'autre mais la liberté globale, en soi. Il faut alors aussi se demander - pardon - le mot “religion” n’a pas d’étymologie, on ne lui trouve pas d'explication. Sa signification a changé au cours du temps. Nous demandons donc, quand il y a cette liberté, est-il possible vivant en ce monde de laideur, est-il possible d’être ainsi délivré de la douleur, de la souffrance, de l’anxiété, de la solitude, etc?
1:16:05 Then you have to find out also what is meditation: contemplation in the Christian sense, and meditation in the Asiatic sense. Probably meditation has been brought to this country by the yogis, gurus and all those superstitious people, traditional people; and therefore they’re mechanical. So we’ll have to find out what is meditation. Do you want to go into it? Does it amuse you, or do you want to do it really? Is it a form of entertainment, meditation? First let me learn meditation, find out, and then I’ll act properly. You understand the game one plays? Or, if there is order in one’s life, real order, as we explained, then what is meditation? Is it following certain systems, methods: the Zen method, the Buddhist meditation, the Hindu meditation, and the latest guru with his meditation? They’re always bearded, full of money, all the rest of that business. Il vous faut alors découvrir aussi ce qu’est la méditation: contemplation dans le monde chrétien, et méditation dans le monde asiatique. La médiation a probablement été importée dans ce pays-ci par les yogis, les gourous et tous ces gens superstitieux, traditionnels; qui sont par conséquent mécaniques. Il nous faudra donc découvrir ce qu’est la méditation. Vous voulez bien que nous abordions cela ? Cela vous amuse-t-il, ou voulez-vous le faire réellement? Est-ce une forme de divertissement, que la méditation ? Que j'apprenne, découvre d'abord la méditation, et j'agirai alors convenablement. Vous comprenez ce jeu auquel on se livre? Ou bien, s’il y a de l’ordre dans sa vie un véritablement ordre, comme nous l’avons expliqué qu’est-ce alors que la méditation? Est-ce le fait de suivre certains systèmes, certaines méthodes: la méthode zen, la méditation bouddhiste la méditation hindoue et le dernier venu des gourous avec sa propre méditation ? Ils sont toujours barbus, plein d’argent, vous savez bien tout ce qui sen suit.
1:18:02 So what is meditation? If it is determined, if it is following a system, a method, practising day after day, day after day, what happens to the human brain? It becomes more and more dull. Haven’t you noticed this? When you repeat, repeat, repeat – it may be the wrong note, but you’ll repeat it. Like a pianist, if he repeats by himself and he plays the wrong note, he’ll keep on playing the wrong note all the time. So is meditation something entirely different? It’s nothing whatsoever to do with method, system, practices; therefore it can never be mechanical. It can never be conscious meditation. You understand what I am saying? Do please understand this. It’s like a man consciously wanting money and pursuing money; what’s the difference between the two? Consciously you meditate, wanting to achieve peace, silence, and all that. Therefore they are both the same, the man who pursues money, success, power and the man who pursues so-called spiritually. So is there a meditation which is not determined, practised? There is, but that requires enormous attention. That attention is a flame and that attention is not something that you come to much later, but attention now to everything, every word, every gesture, every thought: to pay complete attention, not partial. If you are listening partially now, you are not giving complete attention. When you are so completely attentive there is no self, there is no limitation. Alors qu’est-ce que la méditation? Si elle est prédéterminée, si elle consiste à suivre un système, une méthode en la pratiquant jour après jour, qu’advient-il du cerveau humain? Il s’abrutit de plus en plus. Ne l’avez-vous pas remarqué? Quand vous répétez, répétez sans cesse... - ce pourrait - être une fausse note, mais vous la répéterez. Comme un pianiste, s’il répète tout seul et qu’il joue une fausse note il continuera sans arrêt à jouer la fausse note. La méditation est-elle donc quelque chose de totalement différent? N’ayant rien à voir avec une méthode, un système, des pratiques; et ne pouvant donc jamais être mécanique. Ce ne peut être jamais être une méditation consciente. Vous comprenez ce que je dis? Comprenez le s’il vous plaît. C’est comme celui qui veut consciemment de l’argent et le recherche; quelle différence y a-t-il entre les deux? Vous méditez consciemment, voulant parvenir à la paix, au silence et tout cela. Il s’agit donc de deux choses semblables l'homme en quête d'argent, de succès, de pouvoir et l'homme en quête d’une soi-disante spiritualité. Y a-t-il donc une méditation qui ne soit pas prédéterminée, objet de pratiques? Elle existe, mais cela demande une attention énorme. Cette attention là est une flamme et cette attention là n’est pas une chose à laquelle vous parvenez beaucoup plus tard c’est une attention dans le présent à toutes choses à chaque mot, chaque geste, chaque pensée : prêter une attention complète et non partielle. Si vous écoutez en ce moment partiellement vous ne prêtez pas une attention complète. Quand vous êtes si totalement attentif il n’y a pas de moi, il n’y a pas de limites.
1:21:12 And – briefly, I must stop – the brain now is full of information, cluttered up, there is no space in it; and one must have space, there must be space. Space means energy; when there is no space your energy is very, very limited. And the brain – the speaker is not a specialist on the brain, though he has talked about it a great deal with other scientists and so on; not that that’s a recommendation – they experiment on animals, on theories, on the accumulation of knowledge; but we are not scientists, we are laymen, ordinary people, humble, wanting to find out. There is a meditation which is not determined, put into a mould; I won’t go into it. So the brain, which is now so heavily laden with knowledge, with theories, with power, position, everlastingly in conflict, cluttered up; it has no space. And freedom, complete freedom, is to have that limitless space. The brain is extraordinarily capable, infinite capacity, but we have made it so small and petty. So when there is that space and emptiness and therefore immense energy – energy is passion, love and compassion and intelligence – then there is that truth which is most holy, most sacred; that which man has sought from time immemorial. And that truth doesn’t lie in any temple, any mosque, in any church. And it has no path to it except through one’s own understanding of oneself, inquiring, studying, learning. Then there is that which is eternal. May I get up? Or will you get up? Et - en bref, je dois m’arrêter - le cerveau est maintenant plein d’informations encombré, il n’a en lui aucun espace et il nous faut de l’espace, l’espace est nécessaire. L’espace signifie énergie; quand il n’y a pas d’espace, votre énergie est très, très limitée. Et le cerveau - l’orateur n’est pas un spécialiste du cerveau bien qu’il en ait beaucoup parlé avec des scientifiques et ainsi de suite... - ce n’est pas là une recommandation - ils font des expériences sur des animaux, basées sur des théories sur l’accumulation du savoir; cependant, nous ne sommes pas des scientifiques, mais des hommes du commun, des gens ordinaires, humbles, qui veulent découvrir. Il existe une méditation non déterminée, non inscrite dans un moule je ne vais pas aborder cela. Donc le cerveau est en ce moment si surchargé de savoir, de théories,de pouvoir, de situation, et tout le reste éternellement en conflit, encombré, dépourvu d’espace. Et la liberté, la liberté totale consiste à avoir cet espace illimité. Le cerveau est extraordinairement capable, il a une capacité infinie mais nous en avons fait quelque chose de si petit, si mesquin. Donc quand il y a cet espace et ce vide, et par conséquent cette immense énergie... - l'énergie est passion, amour, compassion et intelligence - il y a alors cette vérité, suprêmement sainte, suprêmement sacrée; celle que l’homme a recherché depuis les temps immémoriaux. Et cette vérité ne repose en aucun temple, aucune mosquée, aucune église. Aucun chemin n’y conduit si ce n’est sa propre compréhension de soi, par la recherche, l’étude, l’apprentissage. Ce qui est éternel est alors présent. Puis-je me lever? Ou vous lèverez-vous? (Applaudissements)